Statistiques google analytics du réseau arts et lettres: 8 403 746 pages vues depuis Le 10 octobre 2009

12272991077?profile=original350 ans après sa mort, la Belgique rend hommage à l’un des principaux peintres baroque de l’âge d’or espagnol. Avec 50 tableaux majeurs provenant de musées internationaux et de collections privées, il s’agit d’une première dans la tentative de reconstituer l’œuvre intégrale de celui qui fut considéré comme "Le Caravage espagnol ».

Organisé en collaboration avec la Fondation Ferrrara Arte, l’évènement récupère et prolonge l’exposition qui vient de fermer ses portes en Italie au « Palazzo dei diamanti », un édifice d’architecture Renaissance au cœur du centre historique de Ferrare. Pour Bruxelles, la sélection proposée par le Musée des Beaux-Arts de Séville et le Musée national du Prado de Madrid a tenu compte de l’architecture Horta du Palais dans l’organisation de la chronologique du langage pictural de Zurbarán. Depuis ses œuvres de jeunesse inscrites dans le mouvement des grands courants picturaux du XVIIème jusqu’à ses dernières productions plus personnelles et poétiques (après la grande peste noire et la nécessité de trouver une clientèle durant la période de famine qui suivit), la peinture de Zurbarán est traversée par la fulgurance de la lumière, compositions contrastées d’un effet cinématographique saisissant. Peintre à succès de son vivant, il fut très apprécié à partir du XVIIIème siècle jusqu’à la seconde moitié du XIXème et a inspiré les Romantiques jusqu’à Manet et même Morandi, Dali et Picasso. Cees Nottebaum, auteur néerlandais, a contribué à restaurer la popularité de ce maître de la peinture mystique.

On a souvent reproché au Bozar de passer à côté des œuvres majeures des artistes exposés. Ce n’est certes pas le cas ici. Ne possédant aucune collection propre, le Bozar n’a rien à offrir en échange de prêts par les grands musées internationaux. Cependant, la qualité de ses manifestations et leur fréquentation par un public international ont gagné la confiance des grandes institutions. La rétrospective offre ainsi l’opportunité rare d’admirer pour la première fois quatre œuvres récemment découvertes et restaurées : L’apparition de la Vierge à Saint Pierre Nolasque , Le mariage mystique de sainte Catherine d’Alexandrie , Saint Nicolas de Bari , L’Archange Gabriel et Saint François . Fidèle à sa vocation, le Bozar inscrit l’événement dans une aventure sensible pluridisciplinaire à laquelle s’associent Bozar Cinema et Bozar Musique. Bozar Cinema propose de voyager dans l’œuvre d’Albert Sera, un artiste mystique choisi pour son rendu des paysages, son goût pour les contrastes et la réduction des dialogues.

12272991479?profile=originalCôté musique, le Bozar s’est livré à un travail de recherche en collaboration avec Paul Van Novel pour dénicher des musiques anonymes inconnues. Un CD sera mondialement distribué sous le label Cypres et le Huelgas Ensemble. En point d’orgue, des concerts nocturnes durant toute la période de l’exposition sous le titre L’Intime et le sacré avec notamment des œuvres de Byrd et Haëndel. Un spécial live est prévu le 26 mai lors de la clôture de l’exposition. Trois pauses musiques offrent un décor sonore au parcours pictural avec un Agnus Dei de Diego de Pontac (1603-1654) (en réponse à l’agneau aux pattes entravées de Zurbarán provenant du Musée de San Diego), un Miserere mei Deus (psaume) de Andrés Barea (1610-16870) et Dos estrellas le seguen , une romance de Manuel Machado (1590-1646), compositeur d’origine portugaise. Les artistes contemporains traditionnellement associés sont Craigie Horsfield pour ses peintures s’inscrivant dans le contexte de la renaissance de la tapisserie flamande et Cristina Iglesias, sculptrice espagnole, pour ses inscriptions d’oeuvres monumentales dans l’environnement.

«  L’art a été fait pour la religion et la religion pour l’art  », ce serait une formule de Zurbarán dont la plupart des œuvres étaient destinées à des ordres religieux dominicains ou franciscains. Grand mystique lui-même, il passe maître dans l’art d’interpréter et saisir l’extase religieuse au quotidien. Sa modernité s’exprime dans le naturel et la simplicité des scènes dépourvues de toute transcendance où les sujets et les saints se côtoient d’égal à égal. Dans le contexte de la Contre-Reforme, l’objectif de la représentation est de toucher le spectateur (Dieu est dans vos casseroles) et de l’inciter à l’imitation et à la dévotion. Dans ce cadre, il développe un style personnel qui inclut le miracle et la spiritualité dans la vie de tous les jours. Il trouve une source d’inspiration personnelle dans ses visions de la vierge enfant. Fils d’un marchand de tissus, sa minutie dans la reproduction des textures et des tissus est exploitée en tant que ressource théâtrale pour détourner la perspective dans la mise en espace ou en tant que simple support de mise en scène comme dans la toile représentant le voile de Véronique.

Peintre de son temps, il ne peut échapper aux commandes de la Cour et est appelé à participer à la décoration du Salon des Royaumes au Palais du Buen Retiro à Madrid. L’exposition a pu en récupérer des fragments avec Hercule affrontant le lion de Némée et La Mort d’Hercule . La mythologie herculéenne, on s’en doute, était associée à la famille royale.

L’influence du Nouveau Monde draine un regain d’intérêt pour la matérialité des choses. Une clientèle marchande demandeuse d’effets décoratifs lance la mode du bodegón ou natures mortes à la mode des Vanitas des Pays-Bas. La nature morte espagnole se distingue par une mise en espace dans un éclat lumineux sur toile sombre. Zurbarán produira quelques toiles où les pots et cruches à anses ont une allure étrangement altière. La tradition sera perpétuée par son fils Juan de Zurbarán dans un style beaucoup plus baroque. Les alignements étudiés de Francisco rappellent les arrangements de Morandi vus il y a peu dans ces mêmes salles.

12272991860?profile=original

Palmina Di Meo

12272991287?profile=original

Envoyez-moi un e-mail lorsque des commentaires sont laissés –

Vous devez être membre de Arts et Lettres pour ajouter des commentaires !

Join Arts et Lettres

Commentaires

  • Quel modelé dans ces peintures, ces corps sculpturaux, ces noirs vibrants et puis ces blancs... ces blancs subtils et crémeux, certes moins audacieux qu'un carré blanc sur fond blanc mais  si profonds. Pas audacieux ? je ne sais pas moi, mais on se damnerait pour sa sainte Marguerite !

    Merci pour ce très bel article qui mérite d'être signalé.

This reply was deleted.

Sujets de blog par étiquettes

  • de (143)

Archives mensuelles