LA VIEILLE POUPEE (2006)
Elle dormait dans une boîte
Bien à l’abri loin des enfants
Avec sa petite main droite
Qu’elle a perdu en s’élevant
Elle a cru oublier son âge
Mais dans sa tête c’était cassé
Ses mots sont partis en voyage
Vers l’avenir ou le passé
La vieille poupée sur l’étagère
Est là qui dort est là qui dort
Elle est couverte de poussière
Où est son corps où est son corps
Elle est devenue quelque part
Une amazone une fille de rien
Une qui vous laisse des regards
Et vous la suivez pauvres chiens
Elle a peut-être simplement
Changé de nom changé d’adresse
Dévorée par le sentiment
Qu’il ne reste plus de tendresse
Plus de tendresse à l’horizon
Même chez tous ces chevaliers
Qui lui font perdre la raison
Mais lui gardent les poings liés
Quand la petite fille arrive
Et prend le jouet dans ses bras
Elle aperçoit sur l’autre rive
Quelqu’un qui lui parle tout bas
La vieille poupée sur l’étagère
C’est moi qui dors c’est moi qui dors
Sous mon vêtement la poussière
Se change en or se change en or
La vieille poupée sur l’étagère
N’avait pas tort n’avait pas tort
La belle petite grand-mère
En rit encore en rit encore !
IL LES VEUT TOUTES (2010)
La brune / Qui l'éclabousse
La rousse / Qui mange des prunes
La blonde / Dès le matin
Châtain / La toute ronde
La joie / En aparté
Beauté / Donne l'émoi
La nuit / Couvrant le coeur
Douceur / Pleure d'ennui
Toutes toutes il les veut toutes !
La main / Disant peut-être
Fenêtre / Ongles carmin
Saison / Remplie de fleurs
Couleurs / En sa maison
La lune / Qui le repousse
La mousse / Prête à la brune
La ronde / Qui tourne en vain
La fin / De ce vieux monde
Toutes toutes il les veut toutes !
La verte / Plus rien ne bouge
La rouge / Déjà ouverte
La blanche / Fièvre du soir
La noire / Son corps étanche
La libre / Ouvre la gueule
La seule / Envie de vivre
La perle / Se met en boule
La foule / Mais où sont-elles ?
Toutes toutes il les veut toutes !
MES GESTES SONT ECRITS (2004)
Je pose dès le matin
Mes lèvres endolories
Sur un désir mal éteint,
Et les couleurs endormies
Sont ravivées, printanières :
Personne ne les a salies.
Comme toutes les rivières,
Tu quittes parfois ton lit.
Tu arrives, c’est une fleur !
Pour mes sens, c’est une vie
Sans pareille. J’ai dans le coeur
Une flèche, un beau défi.
Nouveau pour mon âme en fête,
Est-elle grande, est-il petit,
Est-il fort, est-elle fluette ?
Je ne lui ai jamais dit
Il faut réchauffer le temps
Quand il a froid, c’est ainsi.
Il est passé, je l’attends.
Je le vois encore transi.
Alors je garde la main
De la saison qui s’enfuit.
De son corps lourd de chagrin,
Je prends des mots je construis
Une maison de langage
Où le ciel n’est plus tout gris.
Je fais soleil, je m’engage,
Car mes gestes sont écrits,
Une maison de langage
Où le ciel n’est plus tout gris.
Je fais soleil ! je m’engage,
Car tes gestes sont mes cris
ANNE DAVID
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