Transfuge, étranger, stranger, outsider...
Ecrit par Richard Wright au début des années cinquante, le Transfuge (The Outsider) est construit autour de Cross Damon : un personnage d'une grande complexité, très dostoïevskien.
Cross Damon est le cousin américain et noir du Meursault de Camus. A première vue, il n'y a pas de points communs et fort peu de ressemblances entre les deux personnages et les deux romans.
J'avoue que L'étranger m'a rebuté pendant longtemps : la première fois que je l'ai lu - par obligation scolaire, c'était je crois en classe de cinquième ou de quatrième, en tout cas bien avant la terminale - je n'y ai pas trouvé le moindre intérêt.
Quant à la première lecture du Transfuge, en 1979, elle m'a laissé l'impression d'un texte exagérément long (c'est en effet un vrai paveton de plus de 600 pages, environ quatre fois plus volumineux que L'étranger), verbeux et affligé d'une quantité de défauts narratifs.
Pourtant depuis plus de trente ans je suis indéfectiblement attaché à ces deux romans. Ils se répondent et se complètent. Le Français continue à me fasciner par sa perfection formelle et sa précision glacée. L'Américain continue à me toucher par son amour désespéré du réel et sa maladresse typiquement anglo-saxonne.
Je n'ai pas voulu faire ici un compte-rendu de lecture : l'Etranger est trop connu, et le Transfuge pas assez.
Je voulais juste témoigner de leur fidèle présence à mes côtés.
Je reviens toujours à eux dès que je me sens un peu trop envahi par ma radicale étrangeté au monde.
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