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Delirium - extrait nocturnes 4

 

I. L’écrivain est un esclave,

Un masochiste, une tour de garde

Qui lance la clé de sa porte

A l’ennemi quand il approche.

 

Il offre son cou au billot,

Sa tête à la guillotine,

A la fière police des mots

Il tend ses fins poignets fébriles.

 

Et quand la muse s’empare de lui

Ô firmament, ô frénésie,

Il se soumet, soudain dompté

Lui qu’on médit se fait objet

 

On lui reproche ses libertés

Et son comportement d’artiste

Quand il est pieds et poings liés

Sur l’autel du verbe et du rythme.

 

Car a-t-il seulement le choix,

Lui qui est né réceptacle ?

A-t-on vu rien qu’une seule fois

Démissionner un oracle ?

 

Par lui la muse lie deux mondes

En lui l’irréel s’entend

Il traduit dans une langue immonde

Le parler aérien des anges.

 

A bout de force il s’abandonne

A la plume et ses farandoles

Et il s’épuise pour sa survie

S’il n’écrit pas il dépérit.

 

Ainsi attaché aux syllabes

Comme le chanteur aux octaves

Comme le peintre à ses couleurs

 

L’écrivain est un esclave

Volontairement otage,

Il livre son âme aux lecteurs.

 

 

 

II. Et s’il sombre dans les vices

Jusqu’à en perdre la raison

C’est que la peine s’est faite complice de sa passion.

 

Il écrit nu sur son lit de mort

S’il expire il écrit encore

Rien ne le libère du serment fait à son don grandissant.

 

Plus conscient même que la conscience

Il voit ce qu’on dit invisible

Et dépèce d’une plume acide le meurtre autant que la naissance.

 

Face aux mots, ses frères, impuissant,

Il dirige lui-même ses tyrans

Qu’il soit vicieux ou vertueux ce cercle le fait roi et gueux

 

Recroquevillé dans un coin

Les mains crispées sur la tête

Il ne peut calmer la tempête s’il veut écrire et ne peut point.

 

Indicible sentiment

Jouissance vomitive

Parfois le texte est testament et l’encre se fait parricide.

 

Il peut fuir mais pas se cacher

Il peut mentir  mais pas tromper

Il sait si bien être vivant qu’il croit mourir en respirant.

 

Sa sensibilité est son alliée et son ennemie,

Son âme sœur et sa moitié

Le poing et le fard qui maquille.

 

Jusqu’au plus profond de la nuit

Il nourrit de sang l’insomnie

Pour autant que la muse l’appelle

 

Quand les mots planent dans son esprit

Il se fait douceur ou furie

Pour pouvoir chanter avec elle.

 

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Commentaires

  • Invitation à une auto-analyse : suis-je comme çà ? Peut-être, la certitude, j'ai apprécié ce que je viens de lire.  Félicitations.

     

  • J'aime beaucoup ce que je viens de lire...

    Serge

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