Les "images" les plus anciennes connues à ce jour datent d'environ 30 000 ans et relèvent des traces humaines découvertes dans des grottes préhistoriques. Quand ces premières images se transformaient en signes, donnant naissance à l'écriture d'hiéroglyphes et de pictogrammes, on se situe à 2 000 ans avant notre ère. Il a fallu attendre le Moyen-Age pour voir apparaître du texte s'associant aux images dans les enluminures. Le concept " écrire avec la lumière " voit le jour avec l'invention de la photographie il y a 175 ans. Le procédé argentique a largement dominé les différents procédés photographiques analogiques inventés durant cette période. La naissance de l'informatique de la fin du 20ième siècle a fait apparaître l'appareil photo numérique qui, aujourd'hui, n'est plus qu'un gadget de plus des téléphones portables. Quelques milliards d'images en couleurs circulent sur l'internet tous les jours.
Depuis les années 1980, avant la naissance de la photographie numérique, Roger Kockaerts, photographe créatif et pionnier de l'art informatique en Belgique crée, également sous le pseudonyme de Roger Coqart, une série de diptyques dans lesquels un tirage photographique argentique et un graphisme généré à l'ordinateur sont en symbiose ou en paradoxe afin de constituer des travaux à caractère poético-conceptuels. A ce jour, afin de se distancier du concept de la photo numérique ‘photoshopée’, il continue à employer le tirage argentique monochrome comme la partie image de ses diptyques.
Dans ces pièces des combinaisons des symboles mathématiques, lettres et chiffres, disponibles sur le clavier infographique, sont utilisés de façon sémantique en regard d'une image photographique. Dans ces pièces la complicité et l'analyse de la part du spectateur sont parfois d'une importance vitale.
De la citation " une image vaut mieux que mille mots " on pourrait supposer que la compréhension de l'image par un individu est quasi instantanée, en opposition avec une lecture plutôt linéaire d'un texte. Il semblerait que l'individu sélectionne, selon ses aptitudes, des éléments de l'image afin de s'en former une opinion définitive. D'autre part la présence d'une pluralité de possibilités de compréhension présentes dans certaines images nécessite un contexte ou un texte sous la forme d'un titre, légende, explication, ou autre.
On peut utiliser le terme " image-texte " pour parler des relations entre les deux entités, qu'elles soient construites en terme de différence ou de similitude. Dans notre projet " diptyques ", cette relation "image-texte" est donc un lieu où différents aspects des composantes de la vie de société sont en conflit ou en accord avec la représentation d'une réalité concrète sous la forme d'un tirage photographique argentique.
Quoique chaque diptyque possède un titre et que les éléments des images soient relativement simples, le spectateur doit parfois faire un effort intellectuel afin de pénétrer les implications visuelles et les interactions des créations poético-conceptuelles.
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