Daniel Bastié : Edgar Allan Poe revisité par le cinéma de Roger Corman
Malgré des efforts répétés, le septième art a rarement bénéficié à Poe, n’ajoutant peu ou prou de lustre à sa réputation d’enfant terrible et de chrétien non pratiquant, perverti par des addictions dangereuses. A sa manière, Roger Corman a enclavé l’écrivain dans une série de poncifs pour engendrer des chocs visuels, passant de personnages décadents à la matérialisation d’angoisses métaphysiques, sans omettre le motif iconique du chat noir. D’une façon réductrice, on peut également retenir que le cinéaste a joué avec le thème de la culpabilité pour justifier les agissements de ses protagonistes, ramenant du coup le récit à un niveau de compréhension beaucoup plus accessible que l’apparition de Morella ou de Ligeia dont on-ne-sait-pas-trop-où ?
Avec son cycle de sept longs métrages, Roger Corman s’est targué de devenir l’ambassadeur de l’écrivain et il est vrai qu’il a réussi à sceller d’une pierre blanche le souvenir de ce dernier dans la mémoire collective, en poussant le public à découvrir chacune de ses réalisations et à attendre la suivante. Ni mieux réalisés ni moins bien mis en chantier que la production ordinaire des sixties, « La chute de la maison Usher », « La chambre des tortures », « L’enterré vivant », « L’empire de la terreur », « Le corbeau », « Le masque de la Mort rouge » et « La tombe de Ligeia » s’inscrivent dans le circuit commercial, ayant tout un temps réussi à épouser les attentes des spectateurs avant de resserrer son périmètre. Au demeurant, des longs métrages qu’on revoit avec nostalgie. Ah, le cinéma de papa !
Editions Ménadès - 238 pages
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