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Lettre ouverte à une Voix orphique humaniste enchanteresse,

vibrant Passeur de sens,

Orfèvre- ciseleur de sonorités polychromes

 Deuxième Partie

 

«  La normalité est une route pavée :

On y marche aisément mais les fleurs n’y poussent pas. »

                                                                                                                                         Vincent Van Gogh

 

             Oui,  « Il est des nuits de doute, où l'angoisse vous tord/Et, ces nuits-là, je suis dans l'ombre comme un mort. »[1]

             Seulement voilà, quitte à me répéter en dévoilant l’humeur dans laquelle je baignais, «méandres un peu lassants que la vie met sous nos pas »[2] ou pire, « Mal de vivre » barbaresque ne m’accordant que fort peu de trêve, confions que je n’étais guère disposée à prendre le risque d’assombrir davantage « l’Ombre des Jours » [3] de ma trajectoire pesante, fors quelques figures solaires, bons apôtres de l’Art d’aimer qui n’hésitèrent pas à proclamer en dépit de leurs déchirures, de leur âme en lambeaux, de leur « Nuit et Brouillard »[4], « que c’est beau, c’est beau la vie »[5], ni à déclarer leur sentiment au « deuxième sexe »[6], en s’interrogeant sur le sens de leur devenir sans lui : « Que serais-je sans toi  qui vins à ma rencontre/ Que serais-je sans toi qu’un cœur au bois dormant»[7], complétant, clairvoyant, en accord avec le « Fou d’Elsa »[8], que « la femme est l’avenir de l’homme » [9] ou plutôt, afin d’être précis en rendant à César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui appartient à Dieu :

 «  [...] L'avenir de l'homme est la femme.

Elle est la couleur de son âme [...] »[10].

                Quête d’un « frémir d'aimer qui n'a pas de mots » et qui, par cette prière brûlante, contemplative, appelle à la transcendance des  simples communs des mortels imparfaits que nous ne cesserons d’être :

Donne-moi tes mains que mon cœur s'y forme

S'y taise le monde au moins un moment.

Donne-moi tes mains que mon âme y dorme

Que mon âme y dorme éternellement.[11]

                  Non, cartésienne et pragmatique, assoiffée de recouvrer, ne serait-ce qu’un millième d’une énergie ayant pris la poudre d’escampette, j’étais tout simplement encline à quelque échappatoire délectable, à cueillir de rares instants d’émotion subtilisés à l’obscure monotonie du quotidien, pour ne pas dire d’ivresse, de volupté convoitées, intellect infusant l’affect, si ce n’est point l’inverse, déterminée en cela à épouser l’esprit d’Anna de Noailles qui profère l’adage suivant : « Plaisir, vous qui toujours, remplacez le bonheur, » tandis que le Marcel Proust des « Plaisirs et des jours » [12] nous distille ce sage conseil :

                « Soyons reconnaissants aux personnes qui nous donnent du bonheur, elles sont les charmants jardiniers par qui nos âmes sont fleuries. »

                  C’est la raison pour laquelle, je décidais de manière opportune, d’aller quérir quelque réconfort thérapeutique en me tournant alors vers « un Cœur innombrable »[13] pénétré d’une hauteur d’aspiration à nulle autre pareille, regard bienveillant sublimant notre parcours de pauvre quidam, enrôlé à combler nos vœux de ferveur…

                « Visage émerveillé » d’amant épanoui, puis de père fortuné, qui, célébrant « l’accord parfait » avec l’élue de son giardino segreto [14] fleurissant son itinéraire, pourrait indéniablement épouser cette maxime du Lai du Chèvrefeuille [15] :

« Belle amie, ainsi en est-il de nous:

Ni vous sans moi, ni moi sans vous ! »

                 Mais vous inquièterez-vous : À quoi rêve t- il, ce noble « Cuer d’amour espris » [16] au souffle intarissable, à la sensibilité à fleur de peau, fine fleur de nos chansonniers ?

                 « Il rêve à une île dont le littoral/A le pur profil de l'amour total »[17] .

                Oui, il n’a cure de s’abandonner, altruiste et visionnaire en artisan de la Paix, à une bien douce et prodigue songerie, notre éternel fiancé enfiévré, en dépit de l’état fusionnel le reliant avec la bien–aimée, dépassant son bien être personnel conquis, et à conquérir sans cesse étant donné que « Rien n’est jamais acquis à l’homme Ni sa force/Ni sa faiblesse ni son coeur» [18], croyant en faveur des générations futures à une société meilleure où les dissonances s’estomperaient, où l’indignation porterait enfin ses fruits en engendrant une nouvelle civilisation plus équitable, à défaut d’intégrité pure…, un monde où les « Justes » de demain s’illustreraient à l’infini dans une saine émulation, relayant ceux de l’histoire (devoir de mémoire qui faisait soutenir à Paul Eluard la prophétie suivante: « Si l’écho de leurs voix faiblit, nous périrons »…) dans une recherche inlassable de sens véritable à donner à l’existence, alors que le règne des sanguinaires et des traitres, une malédiction, reculerait, réduisant à une peau de chagrin « l’orgue de nos barbaries »[19]

               En outre, l’avez-vous sans doute déjà discerné, « l'éternel bohème » rebelle au tréfonds de son âme, aux normes sclérosantes préétablies, hostile aux codes stéréotypés que notre société impose, mêlant ombre et lumière, entrelaçant les couleurs de l’existence à l’aide de tonalités empreintes d’une jubilation enracinée dans son intériorité, à l’écoute de son « Chant intime »[20], est aussi authentiquement féru d’humanisme, la marque distinctive des Seigneurs, de ces nouveaux héros des « Temps modernes » riches de convictions concrètement appliquées, actes valeureux à l’appui, et aux antipodes de « L’indifférence, cette paralysie de l’âme, cette mort prématurée » [21] .

               Humaniste prônant la fraternité, la tolérance, la compassion envers l’innocence assiégée, brisée, les opprimés et autres sacrifiés sans voix, sans logis, martyrisés à l'envi, « ces oubliés du toit du monde »[22] représentant une forme d’esclaves actuels asservis par le joug de la Tyrannie et de la Misère, souvent filles naturelles d’autocrates carnassiers (pléonasme !), avec en filigrane la constante aspiration revendiquée de tendre vers toujours plus de probité et de non violence au sein de notre Alma mater, la Terre, que nous avons confisqué aux espèces dites inférieures, nous autres arrogants « Frères humains » revendiquant leur suprématie, nous comportant parfois comme des prédateurs éhontés, comme une sorte de loups à l’égard de nos congénères (Homo homini lupus est [23]), nuisance qu’il nous faudrait désormais combattre de concert en « Hommes de bonne volonté » affectionnés de Jules Romains, si nous ne voulons pas que l’extinction de notre race en partie autodestructrice se profile avec une célérité foudroyante…irréversible, genre humain  tellement prompt à produire une cohorte de « bombes à retardement, à croiser le fer et le feu »[24], « Qui jamais n´enterre ses haches de guerre / Ou si peu si guère que c´est faire semblant » constatait « de la pointe de son accent Et du sommet de son Montblanc » [25]  l’enivré de la « Note bleue »…) !!!

               Penché sur son  Écritoire, l’un de ses plus sûrs confidents et alliés, de son encre indélébile dont la coulée n’a de cesse de croitre en qualité d’étoffe au fur et à mesure des millésimes présentés, ne pourrait-il pas faire sienne cette requête bouleversante de partage, lui, notre signataire de « Ma Terre humaine » [26] ?

              « Profondeur de chant » [27] reflet d’une destinée dont les contrastes n’ont point pour autant refroidi la pensée[28] et qui nous laisse deviner, en analogie de notre jardinier des « Heures claires » [29], une fraction de ses « Flammes hautes »[30] , tant par la force vitale, que les fêlures, remous et effervescence intérieurs, caractéristiques de la fameuse Mélancholia des poètes…et dépourvu de faux semblant, imposteur se jouant de Vérité en se faisant passer, le traitre, pour un « ami », il nous découvre un pan de sa «( Fr) agilité »[31] poignante, dénuée de mièvrerie ou de pathos, souffrant de nous livrer des éléments ouvrant un tant soit peu la clé de ses songes de « Rêveur éveillé »[32]… 

12272907099?profile=originalOrphée d'Odilon Redon

Fin de la Deuxième Partie

de la "Lettre Ouverte à une Voix Orphique"


[1] : Fragments du poème d’Albert Samain « Il est d’étranges soirs », recueil « Au jardin de l’Infante » (http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/albert_samain/il_est_d_etranges_soirs.html)

[2] : Citation extraite du titre « Il me manquait toujours », album « La Tarentelle » signé Yves Duteil, 1977

[3] : « Pillage » provenant d’un titre de recueil poétique d’Anna de Noailles.

[4] : Évocation du titre de la chanson de Jean Ferrat dont il a signé paroles et musique.

[5] : Vers issus du texte de la Chanson portant ce titre interprétée par Jean Ferrat, paroles dues à Claude Delecluse, Michelle Senlis,  J. Ferrat pour la musique.

[6] : En référence à l’essai existentialiste et féministe en deux tomes, paru en 1949 de Simone de Beauvoir.

[7] : Poème de Louis Aragon in « le Roman inachevé » mis en musique par Jean Ferrat.

[8] : Célèbre recueil poétique de Louis Aragon publié en 1963 et faisant référence à Elsa Triolet, muse éclairant cette œuvre.

[9] : Citation de Jean Ferrat provenant de son illustre chanson, inspirée d’un vers de Louis Aragon.

[10] : Deux vers extraits du « Fou d’Elsa » de Louis Aragon situé au  chapitre IV intitulé « Débat de l'Avenir » dans un passage versifié baptisé « Zadjal de l'avenir, http://lieucommun.canalblog.com/archives/2008/03/01/15840112.html

[11] : Derniers vers  du poème de Louis Aragon, « Les mains d'Elsa » issu du recueil « Le Fou d'Elsa »,

http://www.poesie-francaise.fr/louis-aragon/poeme-les-mains-d-elsa.php

[12] : Pour apprécier la citation dans son ensemble, dans sa tonalité d’origine, voir le contexte du chapitre au sein duquel elle est prélevée et qui porte le sous-titre : Éphémère Efficacité Du Chagrin… (http://www.inlibroveritas.net/lire/oeuvre2682-chapitre6221.html)

[13] : Détournement d’un titre de corpus poétique de Madame de Noailles, tout comme l’expression « Visage émerveillé » tirée de son roman.

[14] : Jardin secret en italien

[15] : Œuvre tirée d’un manuscrit de la fin du XIIIème siècle dû à la poétesse Marie de France. (B.N)

[16] : Emprunt au roman médiéval célébrant l’amour courtois de René Ier d’Anjou dit le Bon Roi René.

[17] : Vers issus du texte de la chanson « l’Ile Hélène » de Claude Nougaro, album « Embarquement immédiat »

[18] : Premiers vers du poème de Louis Aragon « Il n'y a pas d'amour heureux », (La Diane Francaise, Seghers 1946)

[19] : Expression due à la plume d’Yves Duteil extraite d’un entretien pour « la Croix.com » titré « Au Cabaret du Bon Dieu, soit dit…en chantant » par Robert Migliorini.

[20] : En référence à un titre poétique de la « Fée d’Auxerre », Marie Noël.

[21] : Emprunt à Anton Tchekov.

[22] : Titre entre-autres du roman de Gilles Van Grasdorff publié en 2001, et expression d’Yves Duteil au sein de sa chanson extraite de l’album « Touché », 1997 (Paroles et Musique signées Yves Duteil ), « la Tibétaine », écrite en hommage à Ngawang Sangdrol, jeune moniale Bouddhiste tibétaine qui a combattu pour un Tibet libre et a été emprisonnée enfant, dès ses 11ans pour avoir osé manifesté. Incarcérée, elle fit montre de pugnacité, en enregistrant des chants de résistance avec ses compagnes de cellules, n’ayant cure des humiliations, privations et actes de tortures perpétrés à son encontre…

[23]  Locution latine signifiant : « l'Homme est un loup pour l'Homme », ce qui veut dire : “l'Homme est le pire ennemi de son semblable ».

[24] : Expression issue du texte d’Yves Duteil, « Ma Terre Humaine », album « Fra giles ».

[25] : Détournement de vers empruntés à Yves Duteil au cœur de sa chanson hommage au jongleur de mots occitan, Claude Nougaro surnommée « La Note bleue »…

[26] : Chanson d’Yves Duteil extrait de l’album de 2008 « Fra giles », Musique : Jean-Pierre et Charles Marcellesi, Yves Duteil/Paroles : Yves Duteil)

[27] : En référence au livre-biographie consacré à Yves Duteil « Profondeur de chant » (édition de l’Archipel), écrit à quatre mains, soit à deux plumes par Alain Wodrascka et Yves Duteil.

28] : Allusion à l’œuvre testamentaire d’Émile Verhaeren nommée « la Vie ardente » issue du corpus poétique « les Flammes hautes » (pour consulter la pièce, voir le lien suivant : http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/mile_verhaeren/la_vie_ardente.html).

[29] : Titre du recueil  poétique d’É. Verhaeren célébrant l’espérance retrouvée grâce à la rencontre avec sa muse éclairant son existence, ouvrage pétri d’odes à la vie sous forme de Cantiques amoureux solaires, semblables à  « Comme aux âges naïfs, je t'ai donné mon cœur » (http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/mile_verhaeren/comme_aux_ages_naifs_je_t_ai_donne_mon_coeur.html), « Le printemps jeune et bénévole »(http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/mile_verhaeren/le_printemps_jeune_et_benevole.html), «  Le beau jardin fleuri de flammes » (http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/mile_verhaeren/le_beau_jardin_fleuri_de_flammes.html),  et maintes autres merveilles de veine similaire composées à la gloire de Cupidon…

[30] : Œuvre poétique d’É. Verhaeren

[31] : Jeu de mots duteillien en Evocation du titre de l’album d’Yves Duteil

[32] : Emprunt au surnom du naturaliste Jean-Marie Pelt.

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Commentaires

  • Avertissement à l'adresse de nos Amis d'Arts et Lettres :

    Pour des motifs de splendeur et servitude du "serveur" régissant les paramètres de publication de notre cher réseau, je n'ai pu mettre en ligne l'intégralité de cette "Lettre Ouverte à une Voix Orphique humaniste" dédiée à l'auteur-compositeur interprète, Yves Duteil, que je suis donc contrainte de présenter sous forme de feuilleton... Et pourquoi non ?

    Suite des épisodes ... au prochain numéro, soit, probablement en deux phases.

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