En refermant le livre de Jean-Jacques Nanot « Comment, je suis devenu le fils d’Henri Nanot », je n’avais qu’une idée en tête, celle de hurler sur la place publique que rien ne peut justifier que l’on refuse d’entendre les appels du fils d’Henri Nanot.
Si j’en crois les écris de Jean-Jacques Nanot (et rien ne m’autorise à remettre ces derniers en question) il est temps de débattre si oui ou non Henry Nanot mérite la réhabilitation.
Le silence en réponse aux appels, sollicitations et pétitions ne fait qu’accentuer l’impression d’injustice. Pourquoi personne ne réplique aux cris désespérés de Jean-Jacques Nanot ainsi que de tous les poètes, écrivains, sympathisants qui l’entourent ? S’agit-il d’indifférence ou d’une malsaine volonté d’étouffer l’histoire par peur, peut-être, que des mains que l’on croyait si blanches se dévoilent couvertes par la honte des éclaboussures indélébiles?
Il n’est certainement pas de mon ressort ni de ma volonté de remettre en cause le système judiciaire Français. Je n’ai pas non plus l’habitude de passer sous silence ce qui ressemble à l’une des plus grandes injustices mises en œuvre par un pays qui porte dans sa constitution trois mots très simples par la prononciation, mais qui résonnent grâce aux valeurs de la démocratie. S’il fallait les prononcer pour mémoire je vous les offrirais avec honneur ; liberté, égalité, fraternité.
Écrivons le sans faux semblant, je n’ai pas en ma possession toutes les pièces du puzzle ni l’intelligence rhétorique de ce que l’état pourrait mettre en exergue comme étant un secret indispensable à son bon fonctionnement. Je ne puis me targuer du titre de juriste ni même de spécialiste en droit ou en investigation. Je ne suis rien et ce rien, justement, frissonne devant ce qui ressemble à l’arrogance d’un homme assoiffé de pouvoir qui abusera de son vivant de son privilège et sa fonction pour éliminer un poète à la plume trop acerbe.
L’étendard de la manipulation porte atteinte à l’état lorsqu’il a pour toute motivation le mirage de l’ambition. Non, il m’est impossible de me taire, le faire serait ce que les anciens nommaient, la résignation, une forme de collaboration à la destruction d’un monde, d’une civilisation pour laquelle je ne puis que me battre par les seules armes en ma possession ; la plume et l’encre de mes espoirs.
Si j’osais paraphraser Zola j’écrirais : « J’accuse ». Mais peut-on accuser sans preuve ? Des preuves il en existe, du moins des éléments suffisamment troublants qui engrainent la suspicion là ou la justice devrait apporter sérénité.
Pourquoi ? Pourquoi ce silence assourdissant devant les suppliques d’une famille à qui l'on a volé l’honneur ? Pourquoi ne pas apporter l’ombre d’une réponse malgré les années écoulées ? La honte n’est jamais d’écouter, de remettre en question son jugement à la lumière d’éléments nouveaux non, la honte est de refuser la réhabilitation d’un paysan poète qui s’est battu pour la liberté. Pourquoi ? Parce que le verbe lui était nécessaire au même titre que « la vérité ».
Henri Nanot s’est retrouvé damné par ceux qui n’avaient rien compris à ce que le mot égalité signifie en son entier. Si j’en crois les documents que l’on m’a montrés, Henri Nanot sera sacrifié pour que fleurissent la félonie, l’ambition sans limites, l’orgueil machiavélique d’un homme qui n’a pu supporter le verbe d’un poète engagé.
Dreyfus s’est vu brisé par le comportement de quelques-uns et malheureusement, Nanot prendra sa suite, emprisonné, bafoué, humilié jusqu’à périr par la main de ses bourreaux.
Torturé il l’a été, lui l’ancien résistant, battu comme un chien puis, enfermé, caché aux yeux du monde pour arriver à prouver que la folie est sa compagne et qu’il faut pour cette raison l’abrutir jusqu’à l’aboutissement : la mort sous la torture.
Ses accusateurs ont prétendu qu’il aurait posé une bombe et ce motif ne trouvera de preuve, au contraire, les témoignages sont contradictoires et les rapports semblent apporter plus de suspicions sur la neutralité des enquêteurs en lieu et place de sérénité. Trop de zones d’ombres, trop de contradictions pour ne pas s’interroger sur les prétextes de son arrestation. Coupable ou innocent ? Seule la justice a le pouvoir de répondre légalement à cette question, mais, pour ce faire, elle se doit de rouvrir un dossier qui agonise sous la poussière des doutes.
Justice, je crie ton nom, je le crie parce qu’il est nécessaire à la survie de la démocratie. Certes, nous ne sommes que des humains et par cette faiblesse, sujet à l’erreur. N’y a-t-il plus crédible que d’oser se remettre en question sous la lumière de l’Histoire ? Faut-il que Nanot devienne un martyre pour que l’on écoute enfin la voix de son fils ? Alors il est temps, car martyr, Henry Nanot l’est déjà aux yeux d’un nombre de plus en plus croissant. Faudra-t-il attendre la fureur d’un fleuve qui s’emporte sous l’effet d’une crue ? Si le but est de faire oublier Henri Nanot par lassitude, je crains que l’on se trompe, la vérité attend son heure, la vérité s’appelle patience.
Justice, je crie ton nom, je le crie parce que crois encore à la beauté de nos démocraties. Justice j’ai foi en toi et pour cette raison, l’humanité a besoin que tu t’éveilles. Justice, ne vois-tu pas ces visages qui te regardent ? Ne vois tu pas qu’ils attendent non pas de l’humanité, ce n’est pas ton rôle, mais d’offrir la possibilité de réhabiliter un homme à la lumière des éléments que porte son fils, Jean-Jacques Nanot, et qui n’apporte pour toute réponse que des interrogations. L’honneur mérite que l’on s’arrête. L’honneur qui touche les puissants ou le plus insignifiant des êtres ne peut être méprisé même si l’on ne parle ni d’homme de pouvoir ni d’homme possédant fortune, car s’il en était autrement qui pourrait prétendre au bien-fondé de nos institutions ?
La requête de Jean-Jacques Nanot me semble fondée. Il ne demande pas grand-chose en comparaison des années volées à son père, que l’on réhabilite la victime au vue des éléments qui sont en sa possession. Que l’on rouvre le dossier pour qu’enfin la lumière soit faite sans qu’aucune ombre ne vienne fausser les jugements et qu’enfin une âme retrouve sa liberté apaisée par la reconnaissance des hommes et le pardon légitime de sa nation.
Commentaires
..." la vérité attend son heure," ... " L’honneur mérite que l’on s’arrête" ...
Reconnaître le "merry go rounds" me semble incontournable ... sinon l'histoire de l'expérience humaine ne fait que se répéter avec quelques variances certes!?! ... Une Âme libérée de la conscience de masse récolte simplement naturellement les perles de sagesse de toutes expériences ... au-delà les jugements humains limités/anesthésiés/voire pervertis.
En ce sens, je rends honneur à Henri & Jean-Jacques Nanot.
un livre magnifique et le combat d'un fils pour réhabiliter la mémoire de son père.
J'espère qu'un jour le dossier sera ré ouvert et que la vérité soit faite.
Bravo Monsieur Nanot et Philippe de Riemaecker pour cette plaidoirie digne d'un grand avocat