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Clérembard et les rugissants de lubricité

12272718058?profile=original« Clérembard » est une comédie en quatre actes et en prose de Marcel Aymé (1902-1967), créée à Paris à la Comédie des Champs-Élysées en 1950, et publiée à Paris chez Grasset la même année.

 

"Assiégé par les créanciers", le comte de Clérambard voue sa famille aux travaux forcés, en l'occurrence confectionner des "pulovères" et manger du chat, pour sauvegarder son hôtel particulier,ultime bastion de la grandeur passée. Le curé vient offrir le secours d'un mariage intéressant pour le vicomte Octave: Évelyne, la fille aînée de Me Galuchon. Mais il faudrait accepter "d'avoir un oncle quincaillier". On semble s'y résigner, quand saint François d'Assise apparaît au comte, lui laissant méditer le récit de sa vie (Acte I). Impressionné et repentant, celui-ci renonce à tuer la moindre bête, même une araignée, et décide de lier son fils à la Langouste, prostituée notoire. Aux Galuchon venus présenter Évelyne et convenir de la dot, il annonce qu'il a "visé plus haut" (Acte II). La pauvre chambre de la Ruelle-aux Brebis voit le comte s'extasier face aux vertus de celle qu'il veut pour "fille" en résistant de peu à la tentation; Octave, croiser Me Galuchon, tous deux "rugissant de lubricité"; enfin le comte, révéler, à l'incrédulité générale, ses projets d'avenir comme le miracle qui en est cause (Acte III). Au seuil d'une vie de mendicité, devant la roulotte achetée par Clérambard, les illusions se dissipent: point de miracle pour le comte; Octave suborne la dernière des Galuchon; la Langouste, amère, réclame son dû. Mais l'apparition du Poverello en majesté les jette tous, même le médecin aliéniste mandé par la comtesse, dans la roulotte qui "s'ébranle". Seul reste le curé qui, sans ses lunettes, n'a rien vu (Acte IV).

 

Sous le couvert d'une comédie fantaisiste, où les saints jouent aux passe-murailles et les nobles aux mendiants, se laisse percevoir une satire fort caustique des moeurs de la société bien-pensante, élargissant celle que composait Lucienne et le Boucher, chaque personnage incarnant un type de perversion sociale. Ainsi du curé, entremetteur des hommes, mais surtout pas homme de Dieu; de la comtesse, apôtre des apparences, et persuadée qu'une "compensation solide" peut susciter l'amour; du vicomte, raté pourvu des plus bas instincts; des Galuchon, bourgeois en mal de noblesse, tentant de satisfaire leur libido comme leurs devoirs; de Clérambard enfin, despote tonitruant, dangereux car excessif en tout. Le seul personnage en état de grâce malgré ses défauts semble être la Langouste, toujours lucide sur elle-même et sur les autres, qui parle le langage du bon sens avec humour, prouvant qu'il "y a encore du monde qui sait vivre" dans une société où "les manières raglan, ça devient rare" (I, 7).

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