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Camus, la chute, la révolte et la liberté

Camus Albert. La chute. ; 1956.

La Chute est un récit publié en 1956 par Albert Camus. Amsterdam: un port cosmopolite, un bar cosmopolite; Amsterdam et nulle part, un entre-monde. Un homme se raconte, lui seul parle, et son interlocuteur demeure sans voix et sans visage. Cet homme donne un nom, Jean-Baptiste Clamence, mais, mais ce nom, qui n'est même pas le sien, n'a pas d'importance. Qui est-il alors? C'est justement pour répondre à ce : "qui suis-je? -éternelle question sur les lèvres de tout homme possédé par la soif de se connaître -qu'il parle, qu'il décrit sa vie. Il fut un avocat parisien spécialiste des nobles causes, un avocat célèbre, fêté, aimé des femmes, content de soi. Un jour, un long éclat de rire, qui ne lui était peut-être même pas destiné, a commencé à semer le doute dans sa vie bien ordonnée; puis il y eut le cri d'une femme se jetant dans la Seine, une nuit, cri auquel il n'a pas répondu, auquel il était incapable de répondre et que lui a révélé sa duplicité, son existence contaminée par le crime de tous, sa culpabilité. Un temps, il s'est jeté dans la débauche, mais perdre sa réputation et ses forces n'atténuait pas sa faute; alors, homme en procès avec lui-même, mais ne pouvant supporter ce jugement perpétuel, il a disparu, changé de ville, de nom, et le voici devenu "juge-pénitent" dans les bas-fonds d'Amsterdam, c'est-à-dire juge et pénitent de l' ignominie humaine dont il a adopté le visage afin de tendre à tous ce visage.

Le Meursault de "L'Etranger" affrontait l' absurde en toute innocence; Clamence l'affronte en toute conscience. Il est l'homme qui avait cru aux valeurs et qui, ayant découvert leur hypocrisie, a constaté leur faillite. "Chaque homme, dit-il, témoigne du crime de tous les autres, voilà ma foi, et mon espérance." Qu'est-ce à dire? Que la véritable voie de l'homme va de la conscience de sa culpabilité vers une innocence qu'il sait ne devoir jamais lui appartenir, mais pour la conquête de laquelle il doit combattre sans trêve et sans repos, éternellement. Après avoir semblé nous proposer une règle de bonne conscience avec "L'homme révolté", Camus se livre ici à sa propre démystification, pour nous léguer cette leçon qu'il n'existe pas de morale confortable, mais qu'il faut choisir la perpétuelle brûlure, le perpétuel appel de l'insaisissable pour mériter le nom d'homme.

Camus, la révolte et la liberté
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Commentaires

  • Je me souviens d'avoir pleuré en apprenant la mort de Camus ce philosophe humaniste, cet écrivain concis, cet homme de théatre, ce sublime révolté... et aussi cet homme éternellement jeune grâce à sa disparition prématurée! Merci de l'info je vais essayer d'aller au Varia l'écouter...
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