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« Belluaires et porchers » est un recueil de critiques littéraires de Léon Bloy (1846-1917), publiées à Paris dans divers journaux et revues (le Figaro, la Plume, Gil Blas, le Chat noir, etc.) entre 1884 et 1894, et en volume chez Stock en 1905.

 

Le génie propre de Léon Bloy était celui de la polémique; s'il a abordé les genres littéraires les plus variés, il n'est pas exagéré de soutenir qu'en tous il a fait passer son tempérament de polémiste violent et drôle. C'est spécialement vrai de la critique littéraire à laquelle il s'est consacré entre 1880 et 1895. L'essentiel de ses critiques a été réuni en deux volumes, les Propos d'un entrepreneur de démolitions (1883) et Belluaires et Porchers.

 

Les belluaires, rappelle l'Introduction, sont "faits pour dompter les monstres", les porchers "pour pâturer les bestiaux". Il ne s'agit donc plus ici, en principe, d'une pure et simple "entreprise de démolitions"; il y a des artistes courageux à sauver. Mais force est de reconnaître que dans la majorité des cas il s'agit d'éreintements féroces.

Le recueil comporte vingt-quatre chapitres, une Introduction et un Épilogue. Au centre ou presque, le chapitre 11, de beaucoup le plus long, reprend une plaquette publiée en 1889, Un brelan d'excommuniés, consacrée à trois admirations de Bloy: Barbey d'Aurevilly, Ernest Hello et Verlaine. La plupart des autres textes attaquent, non sans drôlerie, les gloires littéraires contemporaines: Goncourt, Paul Bourget, Barrès ou le critique Francisque Sarcey.

 

Y a-t-il une méthode critique de Léon Bloy? Il serait exagéré de l'avancer: lui-même d'ailleurs se défendait de vouloir être un critique. Son objet, beaucoup plus que les livres, est l'universelle médiocrité des hommes de lettres: leurs petites ambitions, leurs petites recettes. Toute la littérature contemporaine, à très peu d'exceptions près, lui paraît traduire une démission face aux exigences de l'écriture, et même à celles de la dignité humaine. Le reproche et la colère de Bloy sont donc beaucoup plus métaphysiques qu'esthétiques.

 

Ainsi s'explique la violence de cette "critique", le comique extraordinaire, les élans de haine incontrôlée contre d'anciens amis, comme Paul Bourget ("l'eunuque") et Joséphin Péladan ("Éloi ou le Fils des anges"), ou envers de grands artistes poursuivis d'invraisemblables sarcasmes: Flaubert, dont la Tentation de saint Antoine se nourrit de "la cavalerie danubienne des dictionnaires" ou Edmond de Goncourt, le malheureux vieux Goncourt, inlassablement insulté, "le vieux dindon", "l'idole des mouches"... Car tous réduisent la littérature à de belles phrases harmonieuses, et oublient le mystère dont les mots sont la manifestation.

 

A négliger cette dimension de la critique bloyenne, à n'y chercher que la verve et les couleurs d'un style toujours inventif, on serait choqué par bien de ses aspects aujourd'hui intolérables (mais répandus dans la presse de la fin du siècle): attaques ad hominem impitoyables, insinuations et ragots sur la vie privée... Tout cela est conforme aux journaux qui publiaient ces articles (Gil Blas ou le Chat noir), conforme aussi au génie douloureux de Bloy: là se trouve la source de quelques beaux articles lautadeurs sur son ami Ernest Hello ou du premier texte jamais consacré à Lautréamont, texte ébloui, enthousiaste, soigneusement placé en tête du volume.

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