« Ne mépriser la sensibilité de personne.
La sensibilité de chacun, c'est son génie.
Charles Baudelaire
« Élève les êtres ; nourris-les sans chercher à les asservir ;
œuvre sans rien revendiquer ;
sois un guide et non pas un maître : voilà la Vertu mystérieuse. »
Lao Tseu
Il était une fois Jean-Marie Lardeau...
Il était une fois, un amoureux goûteur de mots émaux de notre patrimoine littéraire, qui, par pur altruisme, œuvre en leur faveur, se faisant un vibrant passeur de consonances et de sens, au pays du "Jardin de la France", berceau de notre cher Honoré, celui de la Comédie humaine...
Il était une fois un lumineux capitaine de vaisseau qui se plait à conduire son équipage pour quelques "Invitations au Voyage" poétiques, dépourvu de la moindre autocratie ou autres dangereuses manifestations de pouvoir absolu dans lesquelles se complaisent certains tyrans de ma connaissance...
Et lorsque pour une fois, la providence se manifeste, que l'on a le privilège de rencontrer l'antinomie du despotisme, l'on se dit, ma foi, que l'exigence ne saurait rimer avec la dite tyrannie mais avec patience et délicatesse, dans le respect de son prochain, à l'instar de cette formule de Roland Barthes que je m’approprie volontiers afin de saluer l'action de vrais mentors spirituels qui contribuent à nous réconcilier avec l'action pédagogique :
"Il est un âge où l’on enseigne ce que l’on sait ; mais il en vient ensuite un autre où l’on enseigne ce que l’on ne sait pas : cela s’appelle chercher. Vient peut-être maintenant l’âge d’une autre expérience : celle de désapprendre, de laisser travailler le remaniement imprévisible que l’oubli impose à la sédimentation des savoirs, des cultures, des croyances que l’on a traversées. Cette expérience a, je crois, un nom illustre et démodé, que j’oserai prendre ici sans complexe, au carrefour même de son étymologie :
Sapienta : nul pouvoir, un peu de sagesse, un peu de savoir et le plus de saveur possible."
[...]
Il ne nous reste plus qu'à mettre en application nos aspirations profondes d'harmonie incluant une longue maturation, saison après saison, adoptant cet adage nietzschéen issu du "Gai Savoir":
"Que dit ta conscience ? Tu dois devenir l'homme que tu es."
Et vienne le temps de l'éclosion succédant à celui des semences, d'une terre en perpétuelle germination, afin que la parole orphique puisse perdurer à fleurir, fructifier, en essaimant la "Bonne Chanson" apollinienne :
« Le langage est une peau: je frotte mon langage contre l’autre. C’est comme si j’avais des mots en guise de doigts, ou des doigts au bout de mes mots. Mon langage tremble de désir. L’émoi vient d’un double contact : d’une part, toute une activité de discours vient relever discrètement, indirectement, un signifié unique, qui est « je te désire », et le libère, l’alimente, le ramifie, le fait exploser (le langage jouit de se toucher lui-même) ; d’autre part, j’enroule l’autre dans mes mots, je le caresse, je le frôle, j’entretiens ce frôlage, je me dépense à faire durer le commentaire duquel je soumets la relation. »*
Avec les vifs remerciements,
d'une Valérianacée
*Fragments d'un discours amoureux de Roland Barthes
Commentaires
« Élève les êtres ; nourris-les sans chercher à les asservir ;
œuvre sans rien revendiquer ;
sois un guide et non pas un maître : voilà la Vertu mystérieuse. »
Lao Tseu
Telle pourrait être la devise du guide que je viens de rencontrer...
Oui, Béatrice, des mots-émaux synonymes d'infusion de sens, d’émotion, nés de créateurs placés
sous le sceau d'Apollon Musagète, participant à nous consoler de bien des maux de notre quotidien,
nous délivrant leur souffle, pour l'éternité, au bénéfice des générations en germination et qu'il nous
faut honorer en nous faisant les passeurs de la parole enchanteresse déclinée au passé, au présent
afin de mieux espérer en un florissant avenir ...
Oui, conjuguons le verbe aimer sous toute ses formes, dans la puissance jubilatoire de la Lyre
d’Orphée divulguée; même au risque parfois de nous perdre dans les effluves voluptueux émanant
de ces pièces orfèvrerie où l'hyperesthésie affleure ...
Une Rosaceae pourvue de quelques défenses,
n'en déplaise à ce libertin d'Octave, celui des Caprices de Marianne...
Mélancolie d'Odilon Redon
Hier, dans le cadre d'un atelier de lectures poétiques à voix haute préparant le "Printemps de Poètes", nous avons eu le privilège de recevoir une pure offrande, fruit de l'altruisme porté à sa quintessence.
Que grâce soit rendue à ce généreux donateur, passeur de la parole orphique !