La police avait mis pas moins de quatre heures avant de découvrir le panneau coulissant, parfaitement refermé. Où étaient passés les lingots ? Depuis le débit des travaux, les camionnettes des différents artisans étaient systématiquement contrôlées par le gardien, maintenant, tous les véhicules étaient sur ordre de police passés à la fouille. Le magot était donc toujours dans la propriété.
Des trois inspecteurs qui fouillaient tout de fond en comble, c’est Marc Chenonceau qui fit la découverte. Il y avait dans un coin du parc, un rectangle de pelouse qui avait été soigneusement découpé et replacé. On se mit fiévreusement à la recherche d’une bêche, et à creuser à cet endroit. L’excavation ne prit qu’une minute, car c’est à peine à quinze centimètres de profondeur qu’on atteignit la charogne d’un chat…
L’enquête s’annonçait fastidieuse, dû au nombre d’ouvriers circulant librement dans les six étages du bâtiment. Il s’avéra qu’aucun d’eux n’ignorait avant le drame la présence d’un trésor en métal jaune. Germaine y était allée fort en bavardages. Était-ce à dessein ? Le fait est que cela augmentait considérablement la quantité de coupables potentiels. Nombre de colocataires avaient choisi, soit de séjourner dans une résidence secondaire, soit partir en vacances pour la durée des travaux. L’effet positif de cet exode était néanmoins anéanti.
Au faible nombre des locataires suspects, on trouvait Albert Grégoire, dont l’appartement jouxtait celui de la victime. Celui-ci, marchand de voitures d’occasion peu scrupuleux, n’avait rien en propre, tout ce dont il jouissait était au nom de sa compagne. Il avait accumulé les faillites et traînait également quelques procès pour avoir vendu des autos accidentées dangereusement « bidouillées », ainsi que pour des compteurs kilométriques ayant subit une cure de jouvence. Criblé de dette, il était toujours à l’affût de la bonne affaire à réaliser en un minimum de temps et un maximum de profit. Ayant analysé son profil, les psychologues de la police judiciaire le jugèrent « limite » capable de passer à l’homicide, tout étant éternellement une question de prix.
Le jour du meurtre, il était resté seul la journée entière et n’avait prétendument pas levé le nez de sa comptabilité. Un autre copropriétaire, Gilles Demaret en était, à plusieurs fois par le passé, venu aux mains avec Legris, pour une question de place de parking dans le sous sol. Tous deux se vouaient mutuellement une haine farouche, mais en supposant que Demaret eut poussé Legris dans la cage d’ascenseur vide, cela n’avait aucun rapport avec le vol. La fouille minutieuse de tout l’immeuble ne donna aucun résultat.
On vint alors avec un détecteur de métaux afin de sonder les surfaces fraîchement carrelées ou cimentées, mais sans plus de succès. Les enquêteurs se perdaient en conjectures, l’or s’était littéralement envolé. Il fallait avouer que le produit du larcin avait été astucieusement caché, et ils se demandaient s’il n’allait pas falloir se résoudre à surveiller discrètement la propriété jusqu’au moment où l’auteur du larcin essaierait de l’en faire sortir. Cette perspective n’enchantait guère les enquêteurs qui continuèrent leurs investigations. La constatation la plus troublante, était la vitesse avec laquelle le malfaiteur avait découvert la cachette des lingots.
Quatre inspecteurs étaient en planque à l’extérieur de la propriété, de manière à ce qu’ils puissent à deux embrasser du regard la totalité du mur d’enceinte. Ils planquaient douze heures d’affilées, en deux équipes. Cela mobilisait beaucoup de personnes, car l’enquête continuait d’autre part, mais, le chantier devant se terminer bientôt, la police supposait que si le larcin avait été opéré par un des artisans, ce dernier ne disposait plus que de quelques jours pour récupérer son butin. Plus l’échéance approchait, plus le ou les malfaiteurs auraient à prendre de risques. La fouille approfondie des véhicules n’avait pas faibli, elle était maintenant drastique. C’est l’inspecteur Goffin, qui imagina comment le malfaiteur avait bien pu découvrir si vite la planque aux lingots. A suivre ...
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