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"Frêle petite fille, ô rose dans la fange

  Du cirque, piétinée avant que de t'ouvrir !

  Dieu ne t'avait-il pas faite à l'image des anges

  Et pour que le printemps parfumât tes soupirs ?"

 

"Colombine" de Francis Jammes [1]




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                            Combien avez-vous raison de nous remémorer ce truisme : la Fortune est loin de sourire à chaque créature vivante peuplant notre sphère !

                           Or, il est indéniable, que rien, mais absolument rien en ce bas monde, ne saurait être le reflet de l'Équité, dame avaricieuse en diable, jalouse de ses bienfaits, et lorsque la noble Providence nous fait déchoir, laissant place à la Fatalité, Providence ne pouvant plus combattre son irréductible ennemie revêtant les contours impalpables d'Atropos l'inflexible, l'une des trois Moires assignée à trancher le fil de vies que nous chérissons, nous les ravissant de manière prématurée, n'est-il pas ridicule et chimérique de s'escrimer à en pénétrer le motif ?

                           Une mise en abime, inutile torture d'une cruauté inouïe, donc, fille sans nul doute échappée de la légendaire "boite de Pandore"[2] ne faisant qu'accentuer "le mal de vivre" provoqué, renforcer l'insoutenable, destinée brisée, étoile enlevée tandis qu'elle n'en était qu'aux prémices de son rayonnement, nous soulignant ô combien, le non sens de l'existence…

                           Et la pire des condamnations, du calvaire à endurer, c'est qu'il nous faut encore, vaille que vaille, perdurer à vivre, avec en filigrane, le terrible sentiment de culpabilité engendré par le traumatisme de la disparition de l'être aimé sacrifié, au motif que nous devons raison garder, et pour ce faire, renoncer à percer la clé de l'énigme, celle-ci n'étant pas de notre ressort !

 

"Sans le moindre souci du mal comme du bien,

Infatigablement, la Plume a tout écrit

Depuis le premier jour…Nous n'y changeons rien.

Tous nos efforts sont vains, vains nos pleurs et nos cris."[3]

 

                            Constate un vénérable sage prônant l'ataraxie[4]

 

                           Renchérissant sur ce thème, ce vénérable philosophe nous prodigue ce conseil, si malaisé à appliquer au quotidien, sans en trahir l'essence même, nous qui nous ingénions en permanence à consulter les prophéties des Cassandres et autres Sibylles des "temps modernes" :

 

"N'appréhende donc point ce que sera demain,

L'infortune pourrait s'en trouver alertée.

Tu sollicites gens et livres en vain

La clé de ton destin n'est pas à ta portée."[5]

 

                           Et cependant, sans sombrer dans l'idolâtrie, voire l'angélisme, en idéalisant nos chers disparus, demeurant assurément conscients de l'état éphémère lié aux quatre règnes, végétal, animal, minéral et humain, puisqu'il nous faut nous préparer à nous délester de notre enveloppe charnelle, appelée un jour prochain à se dissoudre, puis à se fondre dans l'infini, nous ne pouvons que saluer, perpétuer la mémoire de nos aimés, en leur dédiant d'immortelles pensées, qui elles, ne faneront point, faisons en à l'unisson le serment, si toutefois, nous nous engageons à veiller sur elles, en bon jardinier soucieux de leur entretien, protégeant la fleur de notre souvenance, ce "ne m'obliés mi" arborant les couleurs de la voûte céleste[6], telle une fragile corolle nécessitant des soins constants vigilants !

 

                           Soyez, en l'occurrence, vivement remercié pour avoir su mettre en mots, façonner le verbe de votre élan et vœu fervent venant s'inscrire en guise de moralité de votre tendre "fable", "La Voie sacrée des enfants" : chaine fraternelle censée relier l'humanité en vertu de ceux qui seront la mémoire de demain, enfants dont même le sort à travers le globe terrestre est inégal et auxquels nous nous apprêtons à confier une bien piètre mission : poursuivre le cheminement de notre espèce d'Hominiens, tandis que nous nous livrons plus que jamais à une surenchère d'exactions sur cette terre hospitalière à la source, avant qu'elle devienne chaque jour davantage hostile, allant jusqu'à renier notre Alma mater originelle, Gaïa, en la souillant par des crimes de sang qui ne resteront pas sans châtiments, en la profanant par des actes aux antipodes de tout entendement et de la nécessité vitale de préservation qui devrait nous habiter…

                            Fasse que la déchirure s'estompe, ne serait-ce que d'une once, grâce à un éventail de nobles congénères volant à la rescousse des âmes éprouvées, appui hautement symbolique, certes, mais réconfortant au plus haut point, tentant à prouver que nos civilisations ne sont pas exclusivement percluses de "réprouvés", agissant que selon de sombres et froids calculs, intérêts rongeant nombre d'opportunistes patentés, dissimulés derrière des masques :

                            " Que les couchants sont doux à l'âme douloureuse, et qu'il est bon de s'attendrir avec le jour !

                              Ces heures apaisées sont la patrie heureuse où l'homme oublie la haine et rêve un peu d'amour."

Paul Fort.

 

Avec l'expression de mon admiration,

Valériane d'Alizée-



Illustration : Portrait d'une petite fille ceinte d'une couronne de fleurs champêtres de Sophie Gengembre Anderson

 

 



[1]  : Pièce numéro III du "Troisième Livre des Quatrains" du "Faune habillé de bure" dit aussi, le "Poète rustique" d'Orthez

[2] : Allusion au mythe de l'Antiquité grecque, Pandora signifiant "tous les dons", première femme de la mythologie, également surnommée Anésidora ("celle qui fait sortir les présents des profondeurs" en somme "la Déesse de la terre qui préside à la fécondité ").Boite mystérieuse de Pandore, en fait une coupe, qui vint dans les bagages de l'épousée, qui avait reçu l'interdiction formelle de ne jamais l'ouvrir, Zeus ayant offert la main de Pandore au frère de Prométhée, Épiméthée. Comme on s'en doute, la dite interdiction fut transgressée, et tous les maux de l'humanité  renfermés dans le réceptacle s'échappèrent alors, notamment la Vieillesse, la Maladie, la Guerre, la Famine, la Misère, la Folie, le Vice, la Tromperie, la Passion. Seule l'Espérance, fut contenue…

[3]  :Quatrain d'Omar Khayyam tiré du recueil le Robaïyat

[4] : Doctrine philosophique recommandant d'adopter une attitude de détachement, de profonde quiétude vis-à-vis des épisodes de la vie ponctuée d'aléas, paix, impassibilité d'une âme devenue maîtresse d'elle-même au prix de la sagesse acquise soit par la "culture raisonnée" dans la recherche des plaisirs (dogme de l'Épicurisme), soit par la mesure exacte de la valeur des choses (dogme du Stoïcisme), soit par l'abandon du jugement (Pyrrhonisme et Scepticisme)…

[5]  : autre Quatrain d'Omar Khayyam, dans la même version d'édition, adaptation de Jean Rullier pour "Le Cherche-Midi" éditeur.

[6]  :Allusion  à la fleur du myosotis porteuse d'un florissant langage métaphorique, gage du souvenir, dont la littérature s'est fait un ardent porte-parole, et ce depuis le Moyen-âge...

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Commentaires

  • Les mots-émaux riches de sens pour tenter de nous consoler de nos maux...

    Omar Khayyam et "l'arbre à poèmes" dit le Poémier, Paul Fort l'ont éprouvés dans leur chair, avant de pouvoir faire parler leur plume respective !

    Et c'est moi qui vous remercie d'avoir pris le peine de cette étape, Claudine, car assurément, nous n'existons réellement, que par le regard d'autrui, que dans cette promesse d'échange, n'est-ce pas ?

    Valérianement vôtre

  • La clé de ton destin n'est pas à ta portée : quelle profondeur de réflexion, non seulement sur l'existence incertaine de celui-ci, mais encore si la clé est accessible. " heures apaisées ", ce que beaucoup d'entre nous souhaitent et ne trouvent pas toujours.  Merci pour ce merveilleux texte de Paul FORT et bonne soirée.  Claudine.

  • Et surtout ne soyez pas le moins du monde embarrassé, cher artisan en écriture, que nulle contrainte ne vienne entacher cet échange suscité par "votre seule faute", fruit de votre ressenti et que vous avez si joliment et avec profondeur nommé "La voix sacrée des enfants"...

    Tant qu'au rôle de responsable de maison d'Édition que vous m'attribuez, Gil, il fort flatteur pour mon ego, certes, mais juste légèrement erroné ; il s'agit là d'une confusion avec un autre membre de notre éminent réseau "Arts et Lettres", et comme je ne désire en rien m'approprier le talent et le "bien" d'autrui, je me permets de rectifier sitôt votre interprétation des activités auxquelles je  suis censée me livrer.

    Mieux vaut "rendre à César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui est à Dieu", n'est-ce pas ?

    Au plaisir de "creuser" notre découverte commune...si vous le souhaiter, assurément, car n'y at'il pas pire que de se fabriquer des obligations !!!

  • "Heureux ceux qui peuvent aimer", s'exclame la "bonne dame de Nohant", dame qui, au cours de sa riche existence, ne cultiva pas la tiédeur, encore moins l'économie en matière de sentiments !

    L’amour que j’ai pour toi, Kreyssler, est comme un rêve
    Qu’une nuit accomplit et qu’un matin achève,

    Mais qui se cache au fond du cœur

    Et le fait battre encor lorsque la nuit ramène
    Le désir impuissant et l’espérance vaine

    De goûter un jour de bonheur.

    Ainsi, quand savourant l’illusion rapide,
    Sur sa couche brûlante et de larmes, humide,

    La souffrance un instant s’endort ;

    Le destin la réveille et dit : L’heure est prochaine
    Où pour toi, du repos Dieu rivera la chaîne,

    Mais ce repos-là, c’est la mort.

    Hélas ! mon beau Kreyssler, dans mon âme flétrie,
    Tâche de ramener la chaleur et la vie.

    Mais pourras-tu la ranimer ?

    Il est déjà bien tard, déjà le vent efface
    Les doux sons que ta voix a laissés dans l’espace…


    Heureux ceux qui peuvent aimer !


    KREYSSLER de George SAND

    Nohant, automne de 1832

     

    (Extraits de "Sketches and hints ")

     

    Johannes Kreyssler ou Kreisler, le musicien fou, est un personnage des Contes fantastiques d’Hoffmann, écrivain que George Sand a lu dès 1830.

     

  • Bonjour Valériane d’Alizée

     

    Tant je suis surpris et touché d’une telle publication se reliant à mon dernier texte, tant et plus, je suis dans l’embarras pour y répondre, ou plutôt pour poursuivre ce qui est dit avec ces références à de grands poètes qui font penser qu’il s’agit là d’une richesse de traitement de choses d’importance. Mais ce ne sera pas faute en tout cas de vous remercier pour ce que vous permettez d’échange comme j’en souhaite à chaque texte et dans un esprit d’ouverture comme l’ont les membres de Arts et Lettres que je connais et apprécie. Ayant découvert que vous avez pris la charge d’une maison d’édition, je puis déjà dire que cette maison dispose d’un bel atout pour réussir dans votre personne qui prend le temps de lire et qui a bien plus que du respect pour qui écrit.

    Etant plutôt bavard, et en raison des longueurs possibles pour les commentaires, je laisse seule cette première réponse de préambule. Je reviendrai dès que possible avec quelques-unes de mes réflexions notamment sur ce que je considère être de bonne nature humaine avec ses deux côtés humble et ambitieux avec une grande faille au milieu, sur cette fable de la voie sacrée des enfants et pour ce qui est de dire : vivre, c’est mourir et ne pas mourir. Par ailleurs, je vous avoue volontiers que vous me donnez bien des envies de poursuivre et de développer plus encore certains thèmes de mon travail d’artisan en écriture.        

     

    Bonne journée. Amitiés. Gil

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