Statistiques google analytics du réseau arts et lettres: 8 403 746 pages vues depuis Le 10 octobre 2009

Alvéoles - Le voyage de Judith (2)

Nous retrouvons Judith, un peu plus tôt dans le récit. Elle reçoit de la visite au fond de son coma.

 

Valérie considérait toujours Judith d'un air à la fois curieux et amusé.

Son visage se détachait avec netteté sur le ciel d'un bleu parfait.

— À quoi tu penses ? demanda-t-elle à la jeune femme.

— Je pense à mon mari.

— C'est le monsieur qui s'est mis en colère contre maman ?

— Oui. Je n'arrive plus à sentir sa présence. Pendant un bon bout de

temps, je l'ai senti près de moi, mais depuis que je suis ici, j'ai perdu

tout contact.

— C'est normal, dit la jeune fille avec simplicité. Ici, c'est nulle part.

Judith se tut pendant un instant.

— Tu as l'air fâchée, reprit Valérie.

— Non, non... Je réfléchissais. Pourquoi tu dis qu'ici c'est nulle part ?

— Ma maman dit que c'est ici qu'on fait tous les rêves dont on ne se

souvient pas. On ne sait pas comment on y arrive, on ne sait pas

comment on en part, et quand on se réveille, on a tout oublié.

— Moi, je sais comment je suis arrivée ici.

— Oui, mais toi, ce n'est pas pareil, dit Valérie. Toi, tu ne rêves pas.

Judith fut une fois encore frustrée de ne pas pouvoir exprimer sa

surprise.

— Pourquoi je ne rêve pas, Valérie ? Comment le sais-tu ?

— Tu ne bouges pas. Moi je rêve que je fais une grimace, et je fais

vraiment une grimace, regarde !

Valérie se pencha au-dessus de Judith et lui tira une langue

kilométrique, tout en se bridant les yeux avec les index. La jeune

femme voulut sourire, mais rien n'y fit : mis à part Valérie, rien dans

ce monde étrange semblait ne jamais pouvoir quitter cette parfaite

immobilité.

— Tu vois ? J'ai raison : tu ne bouges pas. Tout le monde rit toujours

quand je fais cette grimace.

Mon Dieu. Si ça se trouve, je suis en état de mort cérébrale ?

— Pourtant je te parle, reprit Judith. Et je sais aussi par où je suis

passée pour venir ici.

— Tu es venue à pied ?

— Pas en voiture, ça c'est sûr, dit Judith d'un ton ironique qui pourtant

laissa la jeune fille indifférente. Pendant quelque temps, j'ai entendu et

senti ce qui se passait autour de moi, à l'hôpital. J'entendais

Dominique, les médecins, ta maman, les instruments électroniques

qui m'entouraient. Et en même temps j'étais dans un autre monde, en

train de flotter dans les airs, tu vois ?

— Oui, dit la jeune fille, soudain mal a l'aise.

— Je flottais et parfois je m'accrochais à un rocher, poursuivit la jeune

femme, sans se rendre compte de la gêne de son interlocutrice. J'aime

bien grimper sur les montagnes, je me sens en sécurité quand je

touche de la roche. En fait, je m'accrochais parce qu'en-dessous de

moi...

— Je ne veux pas savoir, dit Valérie d'un ton ferme.

— ...il y avait..., continua Judith.

— Je ne veux pas. S'il te plaît.

— Pardon. Ça ne va pas, Valérie ?

— Non ! Je ne veux pas !

— Tu ne veux pas quoi ?

— Faire un cauchemar ! Je ne veux pas ! J'ai peur !

 

banner_alveoles_atine_600x106.jpg

Envoyez-moi un e-mail lorsque des commentaires sont laissés –

Vous devez être membre de Arts et Lettres pour ajouter des commentaires !

Join Arts et Lettres

Commentaires

  • En effet, Lili! L'extrait était tombé dans une trappe (mots, lettres; tout!)

    :-) mais je l'ai retrouvé intact.

    Il faut dire que peu de choses bougent là-bas...

  • Sourire ... OUF ! ...Sorti du trou noir !

    Merci Eric ...je patiente avec impatience pour la suite ....

     

    Bonne et belle journée .

    Lili.

     

This reply was deleted.

Sujets de blog par étiquettes

  • de (143)

Archives mensuelles