Immonde idéal
Il est parti fier et innocent,
du haut de ses dix-huit ans.
Deux fois il s'est retourné et m'a souri.
Je l'ai regardé s'éloigner, droit comme un i.
J'ai levé la main bien haut, avec mes baisers pour l'accompagner.
Il est parti dans le monde et le bruit,
l'indifférence des gens et l'ennui,
il est parti.
Longtemps sur le quai de cette gare j'ai pleuré.
Il a grandit si vite,
le temps se précipite et nous enlève du ventre, la vie que nous allons donner.
Pour qui? Pourquoi?
Au nom de qui? Au nom de quoi?
Il fait froid, si froid.
Tombe la nuit...
Combien de temps suis-je restée sur le quai de cette gare?
Il n'est plus là, c'est vrai....
Il reviendra, je sais...
Il faut qu'il revienne.
Demain je lui écrirai combien il me manque,
demain je lui dirai, qu'il soit prudent.
Là-bas, il est parti comme tant d'autres déjà,
tels des apôtres,
pour que la paix soit notre...
Mères de tous pays écoutez ma prière,
nos enfants se battent, leur vigueur et leur jeunesse en bandoulière,
pour des idées ou une terre.
Avec courage et certitude ils se battent, à corps et à cris dans la foi
et la couardise de gradés planqués.
Ceux-là demain ne seront pas grands brûlés.
Dans quelques mois, quelques années,
mères de tous pays, nous reviendrons dans cette gare
Nous chercherons le fruit de nos entrailles.
Mais demain ne sera plus qu'une terre, construite
sur un tas de cendres et de morts,
génocide légal pour un immonde idéal.
Vos enfants... Nos enfants que nous pleurons,
mamans au coeur déchiré,
piétiné par l'envie et l'égocentrisme des hommes,
au nom d'un roi, d'un dieu ou d'un idéal...
Désirs primaires d'intellectuels primates,
rêvant d'absolu pouvoir,
ceux-là ne seront pas cul-de-jatte,
mais palabreront sur la patrie et le devoir...
Hélas ! Pour nos ventres,
ils n'auront aucun égard...
Faisant fi de notre désespoir,
toujours et encore
à nous,
ils demanderont de donner la vie à de futurs guerriers.
25/06/2006
Commentaires
Bonsoir merci Pascale de venir lire mes poèmes, je vous souhaite une très bonne soirée et un bon week-end
Bonsoir Marie, très touchée par votre visite sur ce poème que j'ai lancé ici comme un cri, car il est malheureusement encore d'actualité. Encore merci à vous et à très bientôt sur votre page.
Bonne soirée Marie
bonjour Marie-Ange,
Tout d'abord, je vous remercie pour votre accueil si chaleureux au sein de votre confrérie et merci aussi pour votre si beau poème qui ne peut que nous toucher nous, mamans d'enfants que l'on nous enlève si cruellement pour des guerres ou des génocides intolérables et qui, même s'ils reviennent de cet enfer , en garderont à jamais les stigmates. Marie
Bonsoir Eve, je n'aurai jamais voulu écrire ce texte savez-vous, mais la douleur des mères enfle de plus en plus dans le monde, leurs chagrins est si grand, que je n'ai pu m'empêcher de le poster ici même si cela fait quelques temps qu'il est édité. Je te remercie pour ta lecture et ton émotion.
Bonsoir Gil, les mères à venir comme celles qui le sont actuellement et celles qui le furent jadis ont en elles une douleur immense que rien ne pourra jamais réduire. Je suis maman, et je compatis auprès de toutes.
Je vous remercie Gil d'être venue me lire, et vous souhaite une très bonne fin de journée
Amicalement à vous mes deux lecteurs
Bonjour
J'ai relu ce texte comme un de ceux que je ne pourrais jamais écrire ...
Et j'ai repensé aux femmes de ma famille qui ont du céder leurs chagrins quand elles ne voulaient rien d'autre que des fils heureux autour d'elles ...
Nulle guerre n'est légitime ...
Amicalement. Gil