Il semble bien qu’aucun être humain ne soit insensible à la beauté à laquelle il se trouve sans cesse confronté, qu’elle soit grandiose et exaltante ou tout simplement émouvante.
Mais pour la savourer pleinement il faut pourvoir être dispensé, en l’instant, de toute tâche accaparante.
Dans la remarquable préface de son roman Mademoiselle de Maupin, Théophile Gautier a dévoilé que la vue de la beauté lui cause sa plus grande jouissance.
Il reconnaît que ce qui n’est que beau n’est pas indispensable à la vie et pense que le commun des mortels lui préfère l’utilitaire or, pour lui, il n’y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien.
Une telle offrande permet, il est vrai, un émerveillement sans partage
Pour Baudelaire, ce roman de Gautier est une espèce d’hymne à la beauté
.
Constatant l’évolution vertigineuse des moeurs et des goûts, les personnes d’un certain âge, déphasées et nostalgiques, se demandent ce qu’est devenue la conception de la beauté.
De leur temps elle résultait de l’harmonie, de l’élégance qui en naissait, qui se retrouvait dans tous les arts. Elle avait une fonction de transcendance et de correspondance qui comblait l’âme.
L’idée que l’on se fait du beau dépend beaucoup de la culture dans laquelle on a évolué et, le besoin que l’on en a, de l’affectivité de chacun.
Quand tous les gens semblent se ressembler et ne prennent plus la peine d’exercer leur propre jugement pour apprécier une oeuvre artistique ou littéraire, quand ce qui est tenu pour beau ne peut plus ne servir à rien, la beauté a certes perdu ce qu’elle contenait de divin.
11 novembre 2007
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