Parfois on ne veut pas être dérangé par les émotions, les sentiments ;
on se protège, on cadenasse son cœur tout mou, immense ;
il s’habitue à fonctionner comme ça, incarcéré tout entier, militarisé.
On le supporte si lourd, chaud à l’intérieur, glacé à l’extérieur ;
cœur cogneur, de la forme d’un poing serré, qui se vante même de sa
prétendue invincibilité, de son inflexibilité.
Le crie trop fort !
On ne ment pas, c’est seulement la peur de ne point l’assumer,
la voix trop forte de l’esprit, du conscient, prend le dessus.
La crainte aussi, de trahir celle,
partie il y a trente ans, de lui être infidèle.
Ma mère, oh toi ma reine.
Puis, lorsqu’un rideau noir tombe, notre part d’ombre s’éclaircit,
cœur qui pleure, se déglace et pardonne tout,
s’ouvre, à l’instar d’une fleur bienfaisante.
Il se guérit ainsi, grandit ;
baiser chaud aujourd’hui sur le front de mon père, parti hier ;
silence bleu, dans une pièce blanche,
pas très grande, toute démeublée.
Il y fait terriblement froid.
Ne pas tout comprendre n’a guère d’importance au fond ;
l’essentiel, le plus urgent, est d’écouter battre son cœur tout autrement,
recevoir ce regard invisible et chaud, cet alphabet nouveau.
J’ai retrouvé ce jour là, mes deux parents, égaux à présent dans mon cœur.
Commentaires
Emouvant et splendide.