Papa,
« Petit Willy », le flamand,
C'était l'homme qui sifflotait dans sa camionnette,
Quand il valsait,
Qui jouait de la trompette,
Qui improvisait à l'oreille.
Qui donnait des bonbons aux enfants.
Le papa qui disait " ça va fille ?"
Qui aimait ses enfants,
Avec qui je gobais des œufs,
Avec qui je mangeais de la cervelle,
Avec qui j'allais au marché,
Celui qui m'expliquait,
Qui m'inculquait le savoir être et le savoir faire,
Avec qui je parlais.
Je le consolais,
Il me consolait.
Le vendeur de glaces en triporteur,
Créatif, courageux et humble
Devenu un homme, un mari, un père, un grand-père
Qui a su investir, grandir, donner.
Je me souviens de sa joie d’offrir,
De notre complicité dans le don,
Il aimait l'amitié,
Boire un verre,
Parfois trop,
Je lui disais.
Un jour, il n'y a pas si longtemps quelqu'un m'a dit :
"Willy, il ne voyait pas plus loin que le bout de son nez"
Je lui ai répondu " C'était bien mon papa"
Ce que je sais surtout c'est qu'il essayait d’accepter, je lui ressemble,
On m'a dit aussi "Il lui arrivait de se retirer dans son coin avec sa trompette, il ne faisait pas l'unanimité"
J'ai dit " oui, c'est bien mon papa"
Il voyait, il savait, il pansait ses plaies dans son coin.
Il est parti trop tôt,
Seul et incompris.
Et moi trop jeune.
Je l'ai laissé partir.
Aurai-je pu le retenir ?
Je n'aurai jamais la réponse.
Ce que je sais c'est que je l'ai beaucoup aimé,
Que mon auto-discipline, je lui dois
Que ma sensibilité, je lui dois
Que ma créativité, je lui dois
Que mon honnêteté, je lui dois
Que ses faiblesses sont devenues mes forces.
Que mon physique se rapproche de plus en plus du sien,
Et qu'aujourd'hui, je suis plus âgée que lui.
J'avais 27 ans quand il est parti,
Pas un jour ne se passe, sans que je ne pense à lui.
Pourquoi écrire tout ça ?
Parce que j'ai envie,
Parce que comme lui, je dis ce que je pense,
Parce que comme lui, je suis authentique.
Parce que j'ai envie de le faire vivre,
« Ly » de Valy c’est toi papa.
Merci de m'avoir tenu la main.
© Zoé Valy 2017