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administrateur théâtres


Hector Berlioz : Episodes de la vie d’un artiste

Symphonie fantastique, opus 14 – Lélio ou « Le retour à la vie », opus 14b

Un concert sublime au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles L Le dimanche 5 décembre 2010

L’immense plateau de la salle Henry Le Bœuf est noire de musiciens et de choristes. Du jamais vu. Le piano est relégué aux confins à gauche, au pied de deux magnifiques harpes. Aux quatre coins, des ensembles de percussion préparent leurs fulgurances. Lumières très tamisées, on va rêver avec l’artiste qui est venu s’assoir dans un large fauteuil au bord de la scène où il s’est endormi, un livre à la main.

C’est l’histoire d’un jeune musicien qui suite à un amour malheureux s’est empoisonné à l’opium. Pas tout-à-fait mort, ses visions de plus en plus terrifiantes se traduisent en images musicales. La femme aimée est une sorte d’idée fixe qu’il entend partout.

L’œuvre est divisée en cinq actes, comme une tragédie : rêveries, passions, un bal, scène aux champs, marche au supplice , songe d’une nuit du Sabbat. Elle s’ouvre en douceur, comme une caresse de Morphée. Alternances de vagues fracassantes et d’accalmies. Le ton est dramatique. Le personnage semble sortir du rêve pendant les rythmes de valse du bal. Une danse soyeuse des heures! Suivent de mystérieux frottements de cordes, puis les violons mélodiques s’élancent, ponctués de pincements vifs et nets. Certes tous les esprits des champs et des bois ont été convoqués et sautillent derrière les yeux fermés de l’artiste. La marche au supplice engage cuivres et percussions. Une énergie folle en ressort pour se terminer en apothéose fracassante. On est en plein fantastique, comment oublier une telle après-midi musicale? Ce n’est pas fini. Méphisto, le chef d’orchestre emporté par une fringante énergie se démène pour régler les facéties de la danse de Sabbat. Le son d’une cloche moqueuse rature les bonds de la liberté de la danse. Euphorie! Puis cette musique prend des accents de lourdes prémonitions, le crescendo des cuivres a repris le dessus, bruits de feuilles mortes craquantes dans les bois et le dernier paroxysme.

Sous le choc, la salle respire avant d’applaudir. Mais voici la deuxième partie qui s’enchaîne aussitôt. Multiples jeux de lumières. Lélio s’étonne : « Et l’inexorable mélodie retentissant à mon oreille jusque dans ce léthargique sommeil, pour me rappeler son image effacée et raviver ma souffrance endormie… » Amour sublimé.

Il revient à la vie grâce à la musique et à la littérature. « Vivons donc, et que l’art sublime auquel je dois les rares éclairs de bonheur qui ont brillé sur ma sombre existence, me console et me guide dans le triste désert qui me reste à parcourir! Ô musique! Maîtresse fidèle et pure, respectée autant qu’adorée, ton ami, ton amant t’appelle à son secours! Viens, viens, déploie tous tes charmes, enivre-moi, environne-moi de tous tes prestiges, sois touchante, fière, simple, parée, riche, belle! Viens, viens, je m’abandonne à toi. »

Il veut réhabiliter Shakespeare qu’il considère comme le plus grand. « Ô Shakespeare! Shakespeare! Toi dont les premières années passèrent inaperçues, dont l’histoire est presque aussi incertaine que celle d’Ossian et d’Homère, quelles traces éblouissantes a laissées ton génie! Et pourtant que tu es peu compris! De grands peuples t’adorent, il est vrai; mais tant d’autres te blasphèment! Sans te connaître, sur la foi d’écrivains sans âme, qui ont pillé tes trésors en te dénigrant, on osait naguère encore dans la moitié de l’Europe t’accuser de barbarie!... »

Textes chantés et chœur vont se partager la ballade de Goethe, le chœur d’ombres, la chanson des brigands, l’hymne du bonheur, la harpe éolienne et la fantaisie « The tempest » de Shakespeare. Le récitant ponctue la musique de ses méditations poétiques. Déçu par l’absence de femme à ses côtés : « Oh! que ne puis-je la trouver, cette Juliette, cette Ophélie, que mon cœur appelle! » l'artiste s’est réfugié dans la création de ‘The tempest’.

Lélio est épuisé mais a retrouvé la vie après tous ses tourments. Il est heureux et prêt à recommencer. Il s’est adressé au chœur, galvanisé par l’envie de créer : « (au chœur) Les chanteurs ne doivent pas tenir leur cahier de musique devant leur visage; ne voyez-vous pas que la transmission de la voix est ainsi plus ou moins interceptée?... N’exagérez pas les nuances, ne confondez pas le mezzo-forte avec le fortissimo! Pour le style mélodique et l’expression, je n’ai rien à vous dire; mes avis seraient inutiles à ceux qui en ont le sentiment, plus inutiles encore à ceux qui ne l’ont pas... Encore un mot: Vous, Messieurs, qui occupez les derniers gradins de l’estrade, tenez-vous en garde contre votre tendance à retarder! Votre éloignement du chef rend cette tendance encore plus dangereuse. Les quatre premiers violons et les quatre seconds violons soli ont des sourdines?... Bien, tout est en ordre... Commencez! »

Du jamais vu aux Beaux-Arts.

Et une distribution éblouissante :
Daniel Mesguisch (le récitant), Julien Behr (ténor), Stephen Salters (baryton)
Le chœur régional Nord-Pas-de-Calais, L’orchestre national de Lille, Jean-Claude Casadesus (direction)

http://www.bozar.be/activity.php?id=9756&selectiondate=2010-12-5

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Commentaires

  • administrateur théâtres
    Je vous souhaite à toutes et tous d'assister à l'expression de la beauté et à l'humilité de ces
    artistes, il y a la valeur artistique mais aussi les valeurs de coeur.. qui se dégagent de ces groupes
    unis pour nous faire vivre une vraie fête. Y goûter, c'est ce que je vous souhaite
    Jean-Luc Lutynski
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