Statistiques google analytics du réseau arts et lettres: 8 403 746 pages vues depuis Le 10 octobre 2009

Les villes de la gloire JGobert

Un crépuscule où la ville se dessine en ombre chinoise sur un ciel levant, rougi à l’horizon. Des villes dans des écrins de verdure d’une beauté incroyable, des rues jonchées de sacs poubelles et d’animaux cherchant leur nourriture. Des nuées d’enfant se déplaçant dans les rues pour faire un maigre commerce.

Assis par terre et portant fièrement le turban rouge ou jaune ou multicolore, l’indien nous sourit. Une bonne humeur se lit sur son visage.  Nous sommes émerveillés de tant de couleurs, de beauté, d’expressions agréables. Les femmes, parées de multiples bijoux, se sont faites belles pour sortir. Elles portent des saris multicolores. Un tableau bariolé, enchanteur, ponctué de chemises blanches sous un soleil radieux.

Un voyage aux couleurs de l’Inde, aux senteurs étrangères, aux merveilles centenaires et historiques, aux tonalités savoureuses que nos oreilles découvrent, redécouvrent. Un tintamarre bruant et à la fois harmonieux de klaxons de vélo, d’auto, de pousse-pousse, de bus, de camion et de cris d’humain. Le tout roulant à gauche. Les trottoirs couverts d’échoppes, de broderies multicolores, de fruits secs, d’épices, d’étals en plein air offrant des amuse-gueule épicés, des odeurs étranges, des colliers de fleurs. Un monde exotique  hors du temps et exceptionnellement vivant.

Dans les hôtels, le personnel est stylé. Nos moindres désirs sont satisfaits. Les indiens savent que les européens sont assez délicats vis-à-vis des nourritures pimentées, aromatisées, piquantes. Nos repas ne sont donc composés que d’aliments fades et insipides, poulet, riz, lentilles, quelques légumes cuits vapeur. Rien qui ne soit cuit et bien cuit. Les crudités sont interdites ainsi que l’eau courante. Quelques délicieux desserts au lait. Heureusement, notre guide, très attentionné, nous amène des bouteilles de rhum de son pays qui détend l’atmosphère, le soir, après les heures de route.

Delhi, capitale de l’Inde, est une ville ancienne et imprégnée d’histoire. En réalité, il y a deux villes, Delhi et New Delhi. De multiples bâtiments montrent l’évolution de cette région où ont combattu des princes de sang pour la possession de cet endroit. L’histoire est longue et pour un néophyte, il est impossible de la raconter tant elle fut dense et parsemée de batailles. Le pouvoir de certains rois, maharajas n’est plus à décrire que sous la forme de forts, bâtiments, richesses extraordinaires.

Notre première visite : Agra et le Taj Mahal. Un joyau d’une beauté exceptionnelle dressé le long d’un fleuve.  Marbre blanc d’une pureté incroyable, il se dresse fier, entouré de bassins d’eau où son reflet se transforme en or. Un endroit hors du temps. Une esplanade qui nous emmène loin du XXIème siècle et qui nous rend humble devant tant de beauté. De chaque côté, une mosquée et un hôtel qui ponctuent le site indien. Sanctuaire respecté de tous, chacun dans sa religion célèbre et honore cet endroit qui n’est pas un lieu de culte mais une sépulture.

A partir de cet instant, s’enchaînent  les villes du Rajasthan,  et les kilomètres dans une région incroyable, touristique, accueillante. Quelques noms de ce périple comme Jaipur, Phuskar, Udaipur, Kerjarla, Jodhpur, Mirvana,  Jaisalmer, Bikaner, Mandawa et tous les joyaux architecturaux compris dans ces villes. Toutes ces villes étaient des petits royaumes gouvernés par un maharadja, puissant et riche.

L’Inde ne se raconte pas, elle se vit. Sans oublier l’imposante, l’omniprésente vache indienne qui déambule partout dans l’Inde (avec néanmoins un interdit dans les très grandes villes). Cette vache sacrée est, à elle seule, un monument incontournable.  Elle est là où l’homme est. Dans les rues, sur les routes, elle est couchée sur l’autoroute, dans les ruelles étroites d’une Inde déjà malodorante  et tristement sale.

Raconter l’Inde et sa population, les castes, la richesse, la pauvreté, l’inégalité entre les hommes. Parler des intouchables qui ne récoltent que les pires boulots, les pires tâches et qui, malgré tout, vous gratifient d’un large sourire à chaque rencontre. Un univers d’un autre temps où tout le monde a son Gsm, sa tablette, sa moto. Dans ce périple, ce sont les gens les plus pauvres que nous avons eu la chance de rencontrer. Les riches, plus riches encore n’ont pour nous que la complaisance de savoir que nous remplissons leurs hôtels. Et que nous faisons vivre le tourisme qui est entre leurs mains.

Mais il faut admettre que la grandeur passée de l’Inde n’est pas morte. Au contraire, l’Inde s’éveille et a déjà beaucoup changé d’après le guide. C’est un pays immense qui doit être visité.  Reste l’absolue cassure entre les personnes, les castes qui entretiennent ainsi une main d’œuvre gratuite qui sert à enrichir les riches.

Lors de notre passage dans un village indien, notre guide Rakesh, Singh de naissance, deuxième caste après les seigneurs, nous a permis de visiter une école populaire, primaire où chaque enfant a son petit uniforme. Assis par terre et muni d’une ardoise et d’une craie, l’enfant apprend les bases de l’éducation, lire, écrire, calculer. Tous issus de castes pauvres, ils sont ici, pris en charge par le gouvernement qui, pour les attirer, leur donne un repas à midi.  Ces enfants sont éduqués jusqu’au certificat d’étude et pourront continuer dans des écoles supérieures. De nombreux instituteurs sont là à notre écoute. Ils regrettent que l’enseignement ne soit pas obligatoire. La pauvreté fait que les enfants aident les parents dans les taches de la vie courante et ne vont pas à l’école.

L’inde et ses invraisemblances comme les hôpitaux pour les vaches. Ce qui pour nous, est un peu aléatoire quand on voit la misère de ce peuple dans certaines contrées. L’Inde et ses paradoxes, richesse, pauvreté, beauté, laideur, religion.

Les crémations au bord du Gange, à Bénarès, sont « … ». Pour nous, chrétiens, voir des corps brûler ainsi n‘est pas dans nos coutumes et le commerce autour reste, comme partout, un moyen de s’enrichir.  Je n’ai vu qu’une crémation.

Notre guide Rakesh est natif de Bénarès. Sa famille, propriétaire terrien, cultive de grands espaces. Son père est ingénieur et ses fils dont Rakesh ont choisi le tourisme comme profession. Sa femme a été choisie par sa famille et il a un petit garçon de 4 ans.

Que dire de ce pays si attachant si ce n’est la cassure entretenue délibérément par les hommes. Dès l’arrivée à Bombay, les bidons villes sont autour de l’aéroport, entassés les uns sur les autres. Des amas de tôles, de bois, amassés et où vivent les employés les moins riches de l’aéroport. C’est foudroyant comme impression.

La visite du désert du Thar, une grande excursion dans un site semi-aride autour de Jaisalmer. Une ballade à dos de chameau. Un grand classique indien qui permet de voir le coucher de soleil dans les dunes du Thar. Monter sur le chameau ou dromadaire n’a pas été de tout repos. Les déplacements à dos d’éléphant se sont déroulés plus calmement.

Raconter les visites de tous ces petits royaumes où les maharajas ont bâti leurs forts, leurs chateaux, où la première dynastie islamique a construit une tour des cinq étages avec un minaret en grés rouge et rose, ornés de motifs géométriques et de versets du Coran. Un site exceptionnel à Delhi.

La Jama Masjid est la plus grande et la plus belle mosquée de l’Inde.  La visite d’un temple Jaïns en dit long sur l’érudition des tailleurs de pierre. Et de kilomètre en kilomètre, le Fort rouge. Aujourd’hui encore, c’est du haut de ces remparts que le premier Ministre actuel  préside au lever de drapeau le jour de l’Indépendance de l’Inde. C’est un endroit magnifique.

Le Fort Khejarla avec sa ville bleue sous un soleil de plomb. 40 à 45° par endroit. Phuskar, très connu, son temple, sa foire aux chameaux. Très célèbre dans le monde par ce commerce tous les ans en d’octobre.

L’imposant Fort d’Amber et sa montée à dos d’éléphant. Un endroit qui domine toute la vallée et qui renferme de grandes richesses.  Fort qui contient des multitudes de pièces, décorées d’or et d’argent, ventilées par des systèmes ancestraux. Elles sont des labyrinthes, un dédale extraordinaire. Le guide ne veut pas parler de sérails qui condamnaient les femmes à rester à l’intérieur. Celles-ci occupaient les nombreuses pièces de ce beau bâtiment.

 India Gate, qui ressemble à l’Arc de Triomphe à Paris, commémore les soldats morts pendant la 1ère guerre mondiale. Delhi et les bâtiments des ministères, des parades de chameaux et d’éléphants, couvert d’or. Quelle classe. Le très beau temple Bahai sous la forme d’un lotus sur le point d’éclore. Les temples hindous, les Sikks, le mausolée de Mahatma Gandhi, père de la nation et le fameux site Jantar Mantar, un observatoire astronomique construit en 1724 par Sawai Jai Singh2 de Jaipur.

L’atmosphère de ce pays entre modernité et tradition nous enveloppe et nous suit à chaque instant. Tout est envahi de sons, d’odeurs, de chaleur, de lumière, de beauté.

Mon plus grand souhait est d’y retourner.

Envoyez-moi un e-mail lorsque des commentaires sont laissés –

Vous devez être membre de Arts et Lettres pour ajouter des commentaires !

Join Arts et Lettres

Commentaires

  • Bonjour Gilbert.

    C’est exactement le terme qui colle à la vue de ces habitations de fortune autour de l’aéroport de Munbai. Des tôles, des plastiques, tout ce qui peut servir de séparation. C’est la première vision d’un monde que je ne connais pas, qui m'émeut et sans oublier de dire que les locaux de l’aéroport sont somptueux, grandioses.  En une minute, toute la force de deux mondes face à face et un sentiment d’injustice pour cette société totalement décalée qui vit dehors. Bien que sous d’autres formes, nous avons nos intouchables aussi mais pas dans une telle ampleur.

    C’est un monde qui m’a plu par sa liberté, sa sensibilité, sa beauté. La découverte d’une civilisation qui n’est que pur éclat dans une société de laideur.

    Amitiés

    Josette

  • Bonsoir Josette,
    Merci pour ce spectacle , ce partage d'un vécu  exceptionnel. Très humblement, pour votre courage d'avoir effectué ce périple qui est toujours décrit comme impressionnant, je me permet de retenir : " foudroyant ". Chacun pourra y puiser la profondeur d'un tel sentiment à l'aune d'une découverte à nulle autre pareille, je le présume en tout cas. Amitiés,gilbert. 

  • Un beau voyage aux goûts enivrants qui ne laissent pas indifférents.

    Excellente soirée.

    Amitiés

    Josette

  • Merci Josette pour ce beau voyage en Inde et ses paradoxes en effet.

    Très bel exposé. Bravo!

    Amitiés.

    Adyne

This reply was deleted.

Sujets de blog par étiquettes

  • de (143)

Archives mensuelles