Statistiques google analytics du réseau arts et lettres: 8 403 746 pages vues depuis Le 10 octobre 2009

La colline, mon premier livre ( 7 )

Cette décharge monumentale de déchets divers est presque à la porte. Il faudrait lever les bras pour avertir la machine d’arrêter de pousser devant elle ces tonnes ennemies de liberté. Il va falloir quitter ce petit château d’enfant, les rêves sont finis. Les machines ont gagné. Les oiseaux ne chantent plus. Les fourrés ont disparu. Des tracteurs remuent la terre autour, de plus en plus nombreux, et agacent l’air paisible qu’ils inondent de fumées.Je suis encerclé. La colline je la connais bien, je la gravis tous les jours. Elle est ma première bibliothèque aux livres partiellement brûlés. Je pense qu’ils doivent révéler d’importants secrets et être le seul à pouvoir les toucher éveille ma curiosité. Peut-être vais-je y trouver une explication pour vaincre l’ennemi ! Je vois des dessins de locomotives, de roues, de rails, des plans grandioses, des chiffres, des écritures sur de petits carnets aux feuilles détachables sur lesquelles il est écrit B O N . Je peux lire ce mot qui résonne dans ma tête. C’est le premier mot que je peux lire sans l’avoir appris mais pour l’avoir entendu. Voilà donc comment BON s’écrit ! BON, je sais ce que c’est : c’est comme gentil, synonyme de liberté et ma rancoeur contre l’usine à trains est un peu atténuée. Les BON sont signés avec de grandes et belles signatures, sûrement des gens importants qui délivrent des bontés autour d’eux, feuille par feuille, quotidiennement. Ma mère me dit qu’elle avait connu un temps où l’on donnait ce genre de bons pour avoir du pain. Je me dis que si la bonté est écrite ici c’est qu’il est normal que nous partions et que la machine qui avance est là pour nous le dire. Oui, la machine est forte, grande, on ne pourra pas l’empêcher d’avancer. La colline est mon premier livre. Je saurai plus tard que ces bons étaient des bons de livraisons, d’expéditions de marchandises. Des marchandises comme nous, qui nous baladons au gré des bons. Je les aimais au fond ces papiers, ces signatures grandiloquentes , impressionnantes d’autorité et de vérité.

Envoyez-moi un e-mail lorsque des commentaires sont laissés –

Vous devez être membre de Arts et Lettres pour ajouter des commentaires !

Join Arts et Lettres

Commentaires

  • Merci Gilbert, pour cette suite de l'histoire.

    Bonne fin de journée.

    Amitiés.

    Adyne

This reply was deleted.

Sujets de blog par étiquettes

  • de (143)

Archives mensuelles