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Publications de Josette Gobert (307)

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Les questions Antoine-Vincent Arnault

Me demander si du plus froid des cœurs
J'ai cru fléchir la longue indifférence ;
Au seul plaisir si donnant quelques pleurs
J'ai cru jouir du prix de ma constance ;
Si, me berçant d'un penser si flatteur,
Avec la peine un moment j'ai fait trêve ;
Me demander si je crois au bonheur,
C'est me demander si je rêve.

Me demander si j'ai désespéré
De voir finir les chagrins que j'endure ;
Me demander si mon cœur déchiré
À chaque instant sent croître sa blessure ;
Si chaque jour, pour moi plus douloureux,
Ajoute encore aux ennuis de la veille ;
Me demander si je suis malheureux,
C'est me demander si je veille.

Me demander si, fier de mon tourment,
Je viens baiser la main qui me déchire ;
Si je désire autre soulagement
Que de mourir d'un aussi doux martyre ;
Si, moins l'espoir en amour m'est donné,
Plus constamment en amour je persiste ;
Me demander si j'aime encore Daphné,
C'est me demander si j'existe.


Antoine-Vincent Arnault

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La tristesse du vent

Que veux-tu répondre au vent qui soupire,
Au vent qui te dit le chagrin des choses,
Le trépas des lis, des lilas, des roses,
Et des clairs essaims gelés dans la cire ;
Que veux-tu répondre au vent qui soupire ?

Il dit qu'il est triste et las de conduire
Le gémissement de tout ce qui souffre,
De frôler toujours ce qui tombe au gouffre,
De passer partout où la vie expire ;
Que veux-tu répondre au vent qui soupire ?

Lui répondras-tu qu'un cœur peut suffire.
Un seul cœur humain chantant dans la joie,
Pour le consoler de sa longue voie
Sur les champs sans fin que l'hiver déchire ;
Que veux-tu répondre au vent qui soupire ?

Où trouveras-tu ce cœur qui désire
Rester ce qu'il est en sa calme fête,
Le cœur qui n'ait point de douleur secrète,
Pour laquelle il n'est ni baume, ni myrrhe ;
Que veux-tu répondre au vent qui soupire ?

Sera-ce ton cœur, et faut-il te dire
Que le vent prendrait sur tes lèvres closes
Un chagrin plus grand que celui des choses,
Et dans ton regard, un plus haut martyre ;
Que veux-tu répondre au vent qui soupire ?

Alors réponds-lui, de ton cher sourire,
Qu'il ne frôle pas les âmes humaines,
S'il ne veut porter de plus lourdes peines
Que celles qu'il cueille en son vaste empire ;
Que veux-tu répondre au vent qui soupire ?


Auguste Angellier.

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Cet amour Jacques Prévert

Cet amour
Si violent
Si fragile
Si tendre
Si désespéré
Cet amour
Beau comme le jour
Et mauvais comme le temps
Quand le temps est mauvais
Cet amour si vrai
Cet amour si beau
Si heureux
Si joyeux
Et si dérisoire
Tremblant de peur comme un enfant dans le noir
Et si sûr de lui
Comme un homme tranquille au milieu de la nuit
Cet amour qui faisait peur aux autres
Qui les faisait parler
Qui les faisait blêmir
Cet amour guetté
Parce que nous le guettions
Traqué blessé piétiné achevé nié oublié
Parce que nous l’avons traqué blessé piétiné achevé nié oublié
Cet amour tout entier
Si vivant encore
Et tout ensoleillé
C’est le tien
C’est le mien
Celui qui a été
Cette chose toujours nouvelle
Et qui n’a pas changé
Aussi vrai qu’une plante
Aussi tremblante qu’un oiseau
Aussi chaude aussi vivant que l’été
Nous pouvons tous les deux
Aller et revenir
Nous pouvons oublier
Et puis nous rendormir
Nous réveiller souffrir vieillir
Nous endormir encore
Rêver à la mort,
Nous éveiller sourire et rire
Et rajeunir
Notre amour reste là
Têtu comme une bourrique
Vivant comme le désir
Cruel comme la mémoire
Bête comme les regrets
Tendre comme le souvenir
Froid comme le marbre
Beau comme le jour
Fragile comme un enfant
Il nous regarde en souriant
Et il nous parle sans rien dire
Et moi je l’écoute en tremblant
Et je crie
Je crie pour toi
Je crie pour moi
Je te supplie
Pour toi pour moi et pour tous ceux qui s’aiment
Et qui se sont aimés
Oui je lui crie
Pour toi pour moi et pour tous les autres
Que je ne connais pas
Reste là
Lá où tu es
Lá où tu étais autrefois
Reste là
Ne bouge pas
Ne t’en va pas
Nous qui nous sommes aimés
Nous t’avons oublié
Toi ne nous oublie pas
Nous n’avions que toi sur la terre
Ne nous laisse pas devenir froids
Beaucoup plus loin toujours
Et n’importe où
Donne-nous signe de vie
Beaucoup plus tard au coin d’un bois
Dans la forêt de la mémoire
Surgis soudain
Tends-nous la main
Et sauve-nous.


Extrait de Jacques Prévert, Paroles,

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Alfred de Musset

«… mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c'est l'union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux.

On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière et on se dit : j'ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j'ai aimé.

C'est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui.»

Alfred de Musset

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L'enfant Maurice Carême

A quoi jouait-il cet enfant ?

Personne n'en sut jamais rien
On le laissait seul dans un coin
Avec un peu de sable blanc
On remarquait bien, certains jours,
Qu'il arquait les bras tels des ailes
Et qu'il regardait loin, très loin,
Comme du sommet d'une tour.
Mais où s'en allait-il ainsi
Alors qu'on le croyait assis ?
Lui-même le sut-il jamais ?
Dès qu'il refermait les paupières,
Il regagnait le grand palais
D'où il voyait toute la mer.

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Un coin de paradis JGobert

Les jours s’annoncent meilleurs, la température aussi. Le ciel est toujours gris mais il promet de belles éclaircies. Dans quelques heures, le soleil sera là. Les odeurs de la terre embaument ce petit coin de terre, ce joli jardin fermé sur lui-même. Un parfum de fraicheur printanière y plane chaque jour renouvelé. Protégé par des arbustes, le petit jardin est presque secret tant il est bien entouré. Un carré d’herbe tendre, un carré de dalles bleues, des pots multicolores et un petit banc à l’abri des regards. Ce banc a l’âge des occupants de cet endroit. Vieux, cassé, il a perdu de sa superbe. Mais c’est vers lui que le petit univers de ce jardin vient s’assoir, rêver, méditer.

La maison est agréable, délicieusement calme. Peu de bruits s’en échappent et les souvenirs se sont posés sur les meubles. Insensiblement, la douleur de certaines photos a disparu laissant une pensée bienfaisante. Le temps a fait son œuvre malgré les chagrins de la vie.

Un vieux couple vit ici, isolé depuis des années. Il s’est mis à l’abri des tourments de la société, de ces fantasmes, de ces drames, de ces conflits. Ils ne comprennent plus cette violence, ces désordres continuels, cette haine qu’engendrent les hommes contre d’autres hommes.

Au cours d’une de leurs sorties, une pauvre bête les suit, abandonnée, sale, amaigrie. Plusieurs fois, l’homme la chasse ne voulant pas la côtoyer. Pas d’intrus dans cette vie bien rangée. Rien ne doit altérer le calme de cette bâtisse.

Le petit animal ne comprend pas tout de suite et finit par partir laissant le vieux couple continuer sa route. Abandonné, sans force, il poursuit sa marche un moment et regagne un endroit qu’il lui est familier. C’est là qu’il cache sa misère.

Le soleil luit, ses rayons ont envahi le petit paradis. Le couple a pris place sur le petit banc et doucement, savoure cet instant de tendresse. Au bout d’un moment, l’homme se lève. D’un pas décidé, il quitte la maison et refait le chemin de sa promenade. Troublé par un sentiment étrange qu’il le submerge, il cherche en vain ce petit animal qu’il a chassé plusieurs fois.

De retour chez lui, ses recherches vaines le laissent pantois, interdit et triste. D’autres souvenirs lui reviennent. Le temps est passé. Le temps où lui-même marchait sur les routes de l’exil, seul, affamé, et ne cherchant qu’un endroit chaud pour dormir.

Demain, il repartira à la recherche de cette bête blessée et l’installera chez lui dans son petit paradis. Il est peut-être trop tard mais avec un peu de chance, elle sera là.

 

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La bête JGobert

La bête vit toujours. Tapie dans un coin, à l’ombre des murs, pour que personne ne la voit, ne sache, elle se cache. De longues années qu’elle survit malgré les multiples sévices qu’elle subit. Les mots, les mots que l’on lui jette à la figure, les reproches incessants qui lui salissent le dos, les litanies de haine qu’elle entend et qui l’étouffent mais qui la garde en vie.

Fuir cet environnement néfaste, se réfugier dans d’autres lieux, quitter ce monde abjecte. Mais toutes ses tentatives sont restées dérisoires, vaines. Son malheur est ici, son énergie aussi, incrusté dans ses membres, dans sa peau. Et toujours elle revient espérant en avoir fini avec ses mauvais jours.

Quelle est ce pouvoir qui la maintient en vie ? Cette force à chaque fois décuplée pour combattre, essayer de vaincre l’épreuve, recommencer à subir, à entendre les mêmes mots grotesques, avilissants, tueurs.

Poursuivre seule avec des sanglots ce combat qui finira forcément par s’arrêter et qui, un jour, la laissera démunie de toute cette accablante haine.

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Pluie d'hiver JGobert

Au cours de mes longues promenades solitaires qui me conduisent dans les recoins de mon âme, dans les souvenirs lointains d’une vie tourmentée, je marche ainsi espérant soulager ce cœur et ce corps meurtris de tant de chagrin. Ce soir, comme à mon habitude, je pars seul, déterminé vers une destination inconnue qui m’est devenue familière. Ces rues recouvertes d’obscurité, de noirceur qui se déroulent devant moi et qui m’attirent vers cet abîme final.

Certains endroits font rejaillir des souvenirs heureux qui, le temps d’un soupir, dessinent un sourire triste sur ma face figée, glacée. Il pleut et je marche vers cet inconnu qui m’accompagne depuis si longtemps. Ce pont à peine éclairé me rappelle le temps d’un battement de cœur comme la vie a été belle jadis.

Ce soir, la pluie redouble d’intensité et je dégouline. L’eau s’infiltre partout, sous mes vêtements et mes pieds commencent à être noyés dans ces vieilles chaussures détrempées. Un mouvement inattendu, je me retrouve parterre, face contre terre dans cette flaque de boue froide et saumâtre. Cette vase qui se colle à moi, comme une glu nauséabonde que j’essaie de retirer avec des gestes incontrôlés, rapides. Retirer cette salissure vite, vite.

Personne ne s’aperçoit de mon état et en vain, j’essaie de m’extirper de cette flaque qui continue à s’imprégner à moi et à mes vêtements. Je n’ai pas la force de me lever. Assis dans cette eau glacée, ma vie s’est écoulée trop vite. Je n’ai pas eu le temps de dire ces mots, qui dans les murs secrets de mon cœur, sont restés vains et ont fini par se laisser mourir.

Aujourd’hui, c’est moi, qui muré dans cette eau sale, se laisse mourir noyé. J’ai froid et peur de cet avenir qui s’annonce. Et soudain, des images de mon passé viennent me soutenir, des images bucoliques, champêtres, enveloppées d’une chaleur d’été où le vent, délicatement, balaye les herbes folles.

Et c’est là qu’elle m’apparait, légère, aérienne, courant dans ce pré. Ce que j’aimais est là, devant moi, cette âme qui me ravissait, me charmait, me captivait. Enfin, je la retrouve comme dans mes souvenirs et mon cœur se soulève de bonheur.

Monsieur, monsieur, que vous arrive-t-il ? Je vais vous aider à vous mettre debout. Prenez ma main, un petit effort encore. Voilà. Merci.

Le temps a repris son chemin et moi ma route. Sale, mouillé, je rentre la tête pleine de cette vision heureuse qui me soutient encore malgré l’absence. Une sale soirée pourtant.

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Pensionnat JGobert

Le Souvenir est un tissu fragile

Et j'ai cousu depuis sur ses étoiles d'or

Tant de jours et de nuits à rechercher cette île

Où l'enfance m'attend comme un port. 

Le Souvenir a des phrases muettes

Et quelquefois le soir elles se taisent pour moi

Pareils à des mouchoirs palpitent dans ma tête

Les morceaux de rêves d'autrefois. ( N.M)

    

Se rappeler tous les souvenirs de notre passé nous fait un bien fou même si  à l’époque, ils furent moins drôles. Cela prouve qu’ils ont été importants dans notre vie et que, même inconsciemment, nous en avons tiré les leçons.  Tout peut toujours être refait et repensé autrement. Si j’avais su, si j’avais pu. Mais je pense que l’on choisit sa vie avec les mêmes erreurs, les mêmes souffrances que l’on a déjà vécues. Ce que l’on fuit le plus est parfois de nouveau à notre porte et l’on s’en arrange ainsi parce que c’est la vie qui le veut.

Nos désirs ne sont pas toujours réels, ils font parties de nos rêves et hélas, nous ne faisons rien pour les réaliser parce que nous sommes modelés autrement. Nous reproduisons notre enfance à l’infini avec des nuances heureuses ou malheureuses, ce que nous avons vécu est gravé et nous trouvons la réalité parfois plus légère parce que déjà connue.

Mon père disait toujours : elle ne sait pas lire, elle ne sait pas écrire… voilà bien des paroles difficiles à entendre quand on est petit. Je garde donc ces mots comme une croix. Qui peut dire la réalité de ces mots et pourtant, ces qq mots m’ont fait terriblement souffrir et le font encore.

J’aurai pu choisir un métier tourné vers les lettres puisque c’est ce que j’aime. De quoi aurai-je eu l’air en disant à mon père, je fais faire des études de lettre. Alors j’ai pris les chiffres.  Je ne regrette pas ce choix, j’ai beaucoup aimé toutes ces additions et ces soustractions.  La passion n’a jamais été là non plus.  

Toutes ces heures de lecture, dans un coin du pensionnat, m’ont apporté beaucoup plus que si j’étais restée chez mes parents, que les paroles assassines de mon père m’ont été plus salutaires que des mots d’encouragement de sa part. Peut- être avait-il raison ?  Et cette douleur a fait de moi ce que je suis.  Quel chien battu n’aime pas son maître !

Amour ou haine…

Mon domicile n’est-il pas devenu à son tour un coin de pensionnat où je continue à rêver comme au temps de ma jeunesse ?  A l’abri, je m’enferme inconsciemment pour me retrouver dans un monde de mots, de textes, de lecture.. 

Maintenant personne ne m’empêche de faire ce que je veux. En principe, c’est exact  et c’est ce que je crois mais j’ai ce moule collé sur moi et qui m’oblige à agir comme il se doit, comme la norme oblige. En épouse, en mère, en amie mais pas en femme libre. La liberté ne m’a pas été donnée quand j’étais petite, elle ne faisait pas partie de l’éducation.

J’ai donné beaucoup de liberté à mes filles à ma façon, elles ne le comprennent pas encore et elles se cherchent . Je crois que c’est plus difficile pour elles de faire des choix que pour moi d’obéir.  

 

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mon amie Anne JGobert

Aujourd’hui, il ne fait pas très bon, le soleil a disparu et j’ai une nouvelle à t’annoncer. Cela fait un moment que je dois te l’écrire et cette fois, je suis presque au pied du mur. 

Rappelle-toi que je t’ai dit que ma copine Anne avait été en Afrique, il y a peu de temps et qu’elle en était toujours un grand fan. Elle est rentrée avec des étoiles plein les yeux et quelques adresses de nationaux. 

Par son intermédiaire, j’ai fait la connaissance de Nahas Angula, africain et natif de la Namibie, pays pas loin de l’Afrique du Sud, du Botswana, du Zimbabwe et de la Zambie où Anne a des amis. 

Ce monsieur est déjà marié et a 4 femmes et une vingtaine d’enfants. Il habite un village pas trop loin de la Capitale Windhoek et s’occupe d’élevage.

Sa vie est assez sommaire et tout est bio. Nahas m’a demandé d’aller le voir et peut-être de rester là-bas. Ma réponse n’est pas encore donnée parce que je dois teindre mes cheveux en noir ce qui me paraît difficile. 

Après de nombreuses discussions et pour ce qui est des corvées sur place, vu que j’ai des difficultés de marcher, je n’irai pas chercher l’eau au village voisin, je resterai à demeure pour faire la cuisine.

La vie au grand air va me faire un bien fou, moi qui cherchais un peu de liberté, me voici bientôt à tout vent et au soleil.

Anne viendra me rejoindre dans quelques temps, son attrait pour l’Afrique qu’elle m’a communiqué va nous permettre de vivre autre chose.

Je n’en ai pas encore parlé aux enfants, c’est un petit point à voir avec elles. Martin est apparemment d’accord de me laisser partir pour cette aventure  et il m’accompagnera à l’aéroport fin du mois prochain. 

J’ai décidé de ne pas prendre de grosses valises, un sac suffira et un box frigo m’est nécessaire pour mes médocs. Nahas m’affirme que l’on trouve de tout à la Capitale et que cet endroit est très civilisé.

Voilà, c'est dit.

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Ton image en tous lieux peuple ma solitude.
Quand c'est l'hiver, la ville et les labeurs d'esprit,
Elle s'accoude au bout de ma table d'étude,
Muette, et me sourit.

A la campagne, au temps où le blé mûr ondule,
Amis du soir qui tombe et des vastes couchants,
Elle et moi nous rentrons ensemble au crépuscule
Par les chemins des champs.

Elle écoute avec moi sous les pins maritimes
La vague qui s'écroule en traînant des graviers.
Parfois, sur la montagne, ivre du vent des cimes,
Elle dort à mes pieds.

Elle retient sa part des tourments et des joies
Dont mon âme inégale est pleine chaque jour ;
Où que j'aille, elle porte au-devant de mes voies
La lampe de l'amour.

Enfin, comme elle est femme et sait que le poète
Ne voudrait pas sans elle oublier de souffrir,
Lorsqu'elle me voit triste elle étend sur ma tête
Ses mains pour me guérir.

Charles Guérin.

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J'ai dit à mon coeur Musset

J'ai dit à mon cœur, à mon faible cœur :
N'est-ce point assez d'aimer sa maîtresse ?
Et ne vois-tu pas que changer sans cesse,
C'est perdre en désirs le temps du bonheur ?

Il m'a répondu : Ce n'est point assez,
Ce n'est point assez d'aimer sa maîtresse ;
Et ne vois-tu pas que changer sans cesse
Nous rend doux et chers les plaisirs passés ?

J'ai dit à mon cœur, à mon faible cœur :
N'est-ce point assez de tant de tristesse ?
Et ne vois-tu pas que changer sans cesse,
C'est à chaque pas trouver la douleur ?

Il m'a répondu : Ce n'est point assez,
Ce n'est point assez de tant de tristesse ;
Et ne vois-tu pas que changer sans cesse
Nous rend doux et chers les chagrins passés ?
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La petite crèche JGobert

Depuis des nombreuses années, un petit personnage apparait dans ma vie au moment des préparatifs de la période de Noël. Il est discret, agréable et bien présent. Il emplit de bonheur ces jours étranges des fêtes de la nativité. Jours fébriles, agités qu’il transforme de sa présence en tendresse et amour.

Ces journées sorties de mon imaginaire, du fond de mon enfance, font partie d’un bien ancestral encré au cœur de ma famille, de mon être.  Ces aurores inhabituelles que je savoure petite comme un don de vie, un don du ciel.

Une petite crèche faite par un grand-père trop tôt disparu est devenue le point de départ de ces réjouissances magiques. Elle sort de sa boite en carton méticuleusement enveloppée de papier de soie jauni et prend possession de la pièce. Noël n’est pas riche à cette époque, une cougnole, du cacao et le bonheur simple autour d’une table à peine décorée. Du givre sur les carreaux et une douce chaleur bienfaisante fait le reste. La magie est là pour quelques jours.

J’y pense depuis des semaines à ce petit être fabuleux. Je guette par la fenêtre. J’attends des heures entières sa venue. Je l’imagine, vêtu de rouge et gambadant dans le jardin d’hiver. Cette année encore, je l’espère souriant et souhaite qu’il me donne un signe joyeux de sa présence. Je sais qu’il est là quelque part derrière cet écran de feuilles. Caché, dissimulé et attentif,  il observe ce monde qui n’est pas le sien et perçoit étonné le moindre bruit.

Depuis quelques années, les préparatifs de la fête ont pris une toute autre allure. Un magnifique sapin est entré dans la maison amenant avec lui guirlandes et ornements scintillants. Majestueux, il trône en maître et chacun l’admire.

Sous le sapin s’abrite la petite crèche de papy, discrète, dissimulée sous les branches envahissantes du nouvel arrivant. L’ensemble est coloré, joliment assorti et l’odeur du sapin frais ajoute une touche nouvelle à cet intérieure modeste.

Les jours passent et le petit personnage n’est toujours pas apparu. Ma fantaisie s’impatiente.  Lui d’habitude si présent, si important à mon cœur ne vient pas. Mon imaginaire le cherche, le prie et l’implore. Les souvenirs se poussent, se bousculent contre les parois de mon coeur et ne comprennent pas cette absence, cet abandon.

Le petit personnage a-t-il mal compris nos transformations de vie, nos dernières craintes, nos nouvelles défiances ? A-t-il mal saisi le sens d’un cri ? Lui rendre sa liberté imaginaire n’a pas été facile et renouer avec le fil de la réalité non plus.

Le petit personnage fabuleux manque à la fête. Je n’oublie pas tout ce bonheur joyeux donné pendant ses visites intemporelles. La petite crèche tristement l’attend inconsolable. Cette année, la neige tombe plus froide et aucune marque ne s’aperçoit sur ce tapis de douceur. Un vide immense s’installe où tombe la solitude des jours sans fin.

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Heures creuses JGobert

Les jours passent. Les heures creuses, vides, insensiblement, douloureusement, t’effacent de ma mémoire. Les souvenirs s’estompent, disparaissent de mon cœur, de ma vie. C’est affreux, mais ils doivent partir, trop de blessures, de tristesse dans mon existence. A ce jour, j’ai l’impression étrange d’avoir évolué dans un autre monde et de n’avoir pas réellement vécu cette histoire.

Le vieux film en noir et blanc, désuet que je repasse en boucle me rattache toujours  à mon  passé. Ce film qui tourne sans fin finit par me miner, me saper.  Supprimer pour toujours cette souffrance de l’absence, de l’incompréhension, cette impuissance sur le temps qui n’a plus tellement d’importance et qui pourtant me laisse continuellement insatisfaite.

Passer mille fois à d’autres choses, d’autres envies, d’autres plaisirs et m’apercevoir à chaque fois qu' elles n’ont de saveur que le nom. Prendre un nouveau départ d’espoir chaque jour et le voir se perdre dans des songes, dans des rêves impossibles. Oublier ces mots qui me faisaient frémir, ces étonnantes promesses si souvent répétées, cette tendresse infinie, cette protection solennelle.

Réclamer l’oubli. Le laisser enfin envahir le présent, le saturer et raturer le passé.  Délaisser cette lutte singulière que peu de gens comprennent et enfin découvrir un repos digne. Effacer cette blessure de l’âme et stopper cette litanie funeste.

Arrêter d’errer dans l’absence, le manque. Ouvrir la boite à Pandore, libérer ce mal qui m’accable et cette histoire sans fin.

 

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Un coin de terre JGobert

Un coin de terre isolé, un rayon de soleil finissant, une nature endormie et une âme perdue.

Seul avec sa vérité et ses doutes, il erre dans les méandres de la vie.

Souvent blessé par ce que l’on nomme les hommes, il s’accroche malgré une douleur qui ne l’épargne pas.

Fragile, délicat, il craint de tomber et de ne pas pouvoir se relever.

 

Un coin de terre oublié, un rayon de soleil bouleversant, une nature mourante et un cœur désappointé.

 Désavoué, perdu dans l’indifférence de tous.

Il subit un châtiment pour des faits qui ne lui sont pas imputables.

 

Un coin de terre abandonné, une nature dévastée et un homme usé par des jours d’errance.  

Dans la lumière d’une aube originelle, il refuse de mourir.

Il se relève, se dresse dans ce monde meurtri.

 Ses besoins d’espérance sont immenses.

 Il veut vivre.

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Petits papiers JGobert

Au repos forcé, je prends quelques heures pour ranger mes tiroirs. Un travail que je remets toujours à plus tard et que je trouve néanmoins prenant à chaque​ fois. J’aime cet instant magique où je fais des vieilles découvertes, où je redécouvre ce que ma mémoire a gardé et involontairement négligé, effacé. Souvent des petits mots posés là que j'ai griffonnés, noircis, et oubliés là.

Il en est ainsi depuis des années. Un besoin de garder tous ces petits papiers autour de moi, ces mots que j’aime tant. Les mots d’auteur dans un cahier jauni, une citation vu je ne sais plus où, un ver célèbre que je trouve admirable. Au bout d’un moment, je me retrouve assise au milieu de mon salon, de mes tiroirs, de mes trésors. J'ouvre délicatement tous ces petits papiers barbouillés. Passant par des papiers brouillons aux petits cartons chics et allant parfois de surprise en surprise, ou d'un étonnement en éclat de rire.

J'aime relire ces minuscules écrits qui racontent des instants de ma vie et qui en font un long fleuve sensible parfois mystérieux ainsi qu’un grand cirque épisodiquement indéchiffrable. Je m'en amuse.

C’est alors que je tombe sur quelques petits papiers pliés de façon étranges et qui me paraissent inconnus. Je cherche qui a bien pu les poser là. Je m’interroge mais en vain. Ma mémoire serait-elle donc à ce point faillible, incontrôlable, douteuse.

J’ai entre les mains un bout de lettres plié précieusement que j’ose à peine ouvrir. Il me paraît étrange, confidentiel aussi. Une écriture extraordinaire venue d'un autre temps. Une calligraphie exceptionnelle comme j’en ai vu dans le passé. Des lettres arrondies donnant le tournis, le vertige. J'en reste muette et à la fois prise d’un trouble étrange. Avoir ces petits papiers dans ce fourbi me transporte dans une autre vie, une autre vérité. Comment ces étonnants écrits sont-ils arrivés dans mon capharnaüm.  Par quel miracle des mots de cette qualité ont-ils atterri ici.

Curieuse, je continue. J’ouvre enfin ce mystère et commence ma lecture. Des passages tendres et révélateurs d’une amitié hors du commun, quelques choses d’unique que l’on ne peut vivre qu’une fois dans sa vie. Des mots définitifs venant d’un cœur tendre, sincère. Des allégations fortes, des affirmations sans retour, des mots qui calment, détendent, font rire, qui donnent envie d’exister et parfois de vivre autre chose.

J’en suis toute chamboulée d’avoir volontairement, consciemment négligé cette histoire et d’avoir oublié ces phrases si importantes, oublié ces « jamais » et ces « toujours » écrits avec tant de passion. Grand moment de solitude devant cette écriture, devant cette personne, devant ce bonheur qui s’exprime avec tant de chaleur. Son besoin d’être écouté, soutenu, maintenu dans une histoire que je n’ai pas voulu entendre.   

Ce ne sont que des souvenirs venus me faire un petit bonjour. J’en ai le cœur tout retourné. Instant magique, moment charmant, la magie des mots est toujours là et touche un cœur éclopé qui a fait de cette histoire un lointain souvenir  oublié.

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Un jour sur la terre JGobert.

L’histoire débute un soir d’été. Les rues de la ville sont illuminées et les passants bruyants déambulent sur les trottoirs. Aux terrasses festoient des groupes d’amis, des couples, des amoureux. Des parfums agréables se faufilent partout et la gaité est de mise. La nuit est belle, le ciel parsemé d’étoiles et Marie savoure cet instant unique.

Marie vient de la campagne. Elle y est née et sans son inscription dans cet établissement célèbre, elle serait restée loin d’ici. Sa vie est simple. Elle aime sa famille. Dans sa campagne, elle parcourt les sentiers, les jolis bourgs fleuris, et se laisse guider par le petit ruisseau scintillant. Ses jeux sont souvent les mêmes, découvrir, regarder, admirer la beauté de ce qui l’entoure. S’en imprégner et en apprécier la moindre parcelle de couleur, le moindre fragment de vie, la moindre odeur. Toutes ses beautés qu’elle ne peut oublier.

Depuis peu, elle habite un petit meublé, au deuxième étage, dans une rue un peu triste. L’escalier est vieillot et craque sous ses pieds. L’intérieur lui plait. Avec quelques décorations, il est acceptable. Depuis son installation dans cette ville tentaculaire, elle est un peu perdue et cherche de nouveaux repères. Ses nouveaux amis sont gentils, déjà intégrés à cette cité et laissent Marie à ses découvertes, à ses beaux songes. Sur son joli visage se lit la douceur, la candeur d’une jeune fille innocente.

Marie a laissé sa famille là-bas et reste connectée à eux grâce à ce petit Gsm offert par sa mère. Il est bien pratique. Marie s’en sert et relate les détails de sa nouvelle vie, son établissement, ses cours, ses professeurs. Elle en profite pour raconter ses visites aux musées de la Capitale et s’enflamme dans ses récits. Elle voit à chaque sortie des merveilles. Des kilomètres de galerie à explorer, à découvrir, à savourer. Elle se sent l’âme d’une artiste.

A l’entrée d’un musée, son attention est attirée par un artiste de rue. Lui aussi se sent l’âme bohème et pour gagner quelques sous, dessine sur un vieux chevalet des visages au fusain. Ses portraits sont justes, précis et gracieux. Ses rares clients sont en général ravis de ce qu’ils voient. Viendra un temps où il sera célèbre. Marie le regarde chaque jour avec presqu’envie. Transcrire, calligraphier ainsi la vie lui plait.

Ses études sont sérieuses. Elle s’y prépare depuis un moment. Sa réussite à l’examen d’entrée l’a renforcée dans le déroulement de son avenir. Elle est tenace et va y arriver. A la sortie des cours, Marie se hâte et inconsciemment se dirige vers cette entrée de métro qui va la transporter vers ce musée. Aujourd’hui son emploi du temps la laisse libre. Elle y va donc le cœur léger.

Le jeune peintre est là. Il s’active avec un client. Quelques instants encore et il sera libre. Marie l’observe sans se faire remarquer et reprend sa route de découverte vers cette galerie qu’elle affectionne tant, devenue pour elle un lieu de promenade.  Quelques pas feutrés se font entendre et arrivé à son hauteur, le jeune peintre se met à développer la magie des œuvres exposées.

Une belle complicité s’installe, des rires, des sourires et l’après-midi défile. Le peintre s’appelle Thomas et le plus simplement du monde donne rendez-vous à Marie un soir. Ce sera un soir exceptionnel. Le temps est de la partie, les terrasses sont bondées, des touristes un peu partout et l’ambiance est à la fête. C’est son premier rendez-vous avec un inconnu.

Thomas est étudiant aux beaux-arts et se destine à une carrière artistique. Il attend Marie à l’angle d’une rue piétonne. La nuit est tombée. Elle a pris possession des lieux. Elle dissimule les alentours et les rend mystérieux. Un soir d’été sur la ville. Marie est là, silencieuse, depuis quelques secondes. Thomas est ravi et l’emmène vers un petit bar entrouvert sur une terrasse.

Une belle histoire commence. Les deux jeunes gens s’émerveillent, s’étonnent, se découvrent et un petit baiser les lie pour un instant. Le soir d’été a rempli son rôle. Il savoure ce rendez-vous, heureux de percevoir l’amour, le bonheur naissant entre deux jeunes êtres.

Soudain, un bruit inaccoutumé venu d’outre-tombe se fait entendre. Autos, motos, pétarades, déflagrations, détonations, bruits sourds, cris horribles, hurlements déchirants, gémissements, lamentations, silence.

La fin funeste d’un beau soir d’été.  

 

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L'automne JGobert

Le jour se lève. L’aube est grise et emplie d’un léger brouillard glaçant. La végétation est couverte de gouttelettes d’argent. Un froid nouveau s’installe. Quelques rayons de soleil trouent cette couche fiévreuse et se fraient un chemin vers la terre.

Depuis quelques jours, l’automne est revenu et surprend de nouveau les hommes. La végétation s’installe dans un monde immobile, figé, endormi par un frimas envahissant. Petit à petit, la vie végétale aux mille couleurs se meurt lentement et disparaît ne laissant que de pauvres trépas décharnés, tombant mollement sur un sol inconfortable.

Jeanne a le cœur gros de voir ainsi se transformer les beautés de l’été en immenses champs de ruines. Son âme s’alourdit de tristesse. Là où patiemment la terre a enfanté des merveilles, des chefs-d’œuvre, des bouquets de vie, il ne reste que des corps meurtris, blessés. Les fleurs sont lasses de se battre et abandonnent le combat contre cette nature qui n’en veut plus.

Chaque retour de l’automne sonne le temps du souvenir et le temps du doute pour Jeanne. Sa vie a pris un tournant inattendu dans le tumulte de cette saison, bouleversant ainsi son existence et son entourage. L’automne lui ramène en mémoire ses mélancoliques mélodies passées, ses doux chagrins de l’absence, ses vieilles disgrâces d’un monde révolu

La joie simple de Jeanne s’efface chaque année avec les images attachées au triste spectacle maussade de cette nature mourante. Elle n’aime guère cette période de repli qui commence. Rester confinée de longues semaines ne l’enchante pas. Rien ne la réjouit dans les jours à venir.

La nature n’est ni complaisante, ni indulgente. Elle est plutôt inflexible et rien ne lui résiste, ni ne la freine. Elle domine. Jeanne le sait. Elle a pu ressentir à plusieurs reprises le pouvoir terrible qui l’entoure. Il est inutile de se battre contre cette puissance. Elle en est le maître du monde.

Depuis longtemps, Jeanne connaît la faculté de cette dame nature à régenter, à distribuer ou à ôter sans compter, froidement et impassiblement la vie. Elle se souvient des grands poètes qui ont chanté les charmes, les envoûtements de cette nature, d’autres qui ont pleuré les débordements, les dévastations, les morts.

Dame nature est intraitable et reprend toujours le pouvoir sur les hommes et sur la terre. Elle ne partage qu’un instant ses droits, ses besoins. Sa maîtrise est infinie. Les chocs, les cassures, les coups ravageurs, dévastateurs persistent dans la mémoire de Jeanne.

L’automne aux couleurs de sang flamboyant, éclatant s’installe de nouveau et donne le ton pour les semaines à venir. Malgré la beauté éphémère, passagère de certains tableaux, la nature tisse une nouvelle toile asphyxiante et se souvient aisément des égarements, des sottises de notre société. Elle aimera nous les rappeler.

Doucement l’automne endormi s’éveille. Jeanne s’installe dans cette douloureuse saison encore engourdie, annonceuse de jours difficiles.

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Mamy JGobert

Les jours passent. Ton absence s’estompe doucement, insensiblement et les matins retrouvent le goût perdu du miel d’antan. Je voulais vivre un grand, un immense amour comme dans les livres, un de ceux que les poètes décrivent avec tant de passion et tant de bonheur. Je pense l’avoir effleuré des doigts, un temps infime et minime. J’en ai fait une histoire, mon histoire que j’ai brodée chaque jour comme un tableau de maître. J’y ai cru fermement comme on croit à ses rêves d’adolescente, de femme. J’ai voulu le retenir, y croire encore et encore, mais il faut être deux pour une histoire d’amour.

Depuis peu, je dois te dire que je revis, je ne croyais pas cela possible. J’ai fait la rencontre d’un nouvel amour, puissant et intense. Un de ces amours qui grandit avec le temps, jour après jour, semaine après semaine. Je ne réalisais pas son importance au début. Je l’attendais inconsciemment sans le savoir.

Le regard embué de larmes, je l’ai découvert petit, enroulé sur lui-même, une boule d’amour et de vie. J’ai fait sa connaissance un matin d’automne dans les bras de sa mère. Doucement comme un trésor que l’on effeuille et que l’on touche délicatement pour s’en imprégner, il est devenu visible, palpable. C’est ma réalité.

Chaque jour est bonheur. Tout aujourd’hui gravite, tourne autour de cet être d’exception qui donne tout à foison, sans retenue, sans modération. Généreux, bienveillant dans ses sourires, dans ses baisers, ses mots d’enfant sont un bonheur de chaque jour. Sa présence m’est devenue indispensable, essentielle, vitale.

Cet amour a transformé une grande partie de ma vie et efface, remplace avec bonheur ceux qui ont disparu dans les trahisons, les larmes, le chagrin. Comme un trésor inestimable, précieux, je lui ai fait une olie place dans mon existence. J’ai ouvert mon cœur, écarté les murs de ma vie pour y mettre ce bijou, je lui ai offert mon amour, ma sincérité, ma raison, mon temps. J’y consacre les plus belles heures de ma vie et j’en suis comblée.

Depuis ce temps, d’autres êtres sont venus agrandir cet amour irremplaçable et m’emplissent de bonheur. L’amour s’additionne avec tant de plaisir, avec tant d’enchantement.

L’heureux temps d’être mamy.

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Le silence JGobert

Et si, à force de renier les actes du passé, il avait trafiqué son existence et était passé à côté de son essentiel : son bonheur. Ce bonheur simple, élémentaire que beaucoup cherche et trouve. Ce bonheur tendre qu’il n’arrive toujours pas à percevoir, à discerner dans cette forêt de sentiments bafoués. Poussé trop tôt dans des songes, il s’est réfugié dans une histoire qui n’est pas la sienne.

Les personnes qui l’entourent ne saisissent pas toujours sa façon de réagir, de répondre. Ils le regardent vivre sans déchiffrer le sens de ses actes, de ses gestes. Lui seul connait, décode la trame qu’il a conçu lentement et qu’il vit étrangement.

Ses rêves sont sa réalité. Ils remplissent son esprit, son âme et le gardent hors de porter de son passé, d’un hier sali. Il s’est enfermé, retiré dans un silence lourd, sombre, solitaire pour pleurer doucement sur cette plaie immense.

Ces faits qu’il n’accepte pas, trop douloureux, trop blessant, ont bouleversé sa vie d’enfant et en ont fait une victime innocente. Cet instant cruel où il est entré dans ce cauchemar auquel personne ne l’avait préparé, ni gardé. Ces minutes accablantes devenues dégoûtantes comme un crime sur sa peau d’enfant. Instants interminables qui sont restés à jamais sans condamnation, sans châtiment. Un délit malveillant son innocence, son enfance.

Il n’est responsable de rien mais depuis ce jour, ses épaules de petit homme portent ce poids trop lourd, volumineux. Toujours le même sentiment qu’hier et qu’aujourd’hui, humilié, sans défense et abandonné de tous. Il est le petit garçon, délaissé, déçu par ceux qu’il aimait et qui n’ont rien fait pour le protéger, le laver de cette salissure qui lui pèse.

Alors, ce bonheur qu’il ne cherche pas réellement de peur le perdre, d’être désenchanté et qui l’angoisse terriblement reste pour lui hors de portée. Donner une confiance incomplète, une tendresse affectée n’est pas facile, voire impossible. Il sait que son bonheur sera insuffisant avec cette impureté qui a mutilé la transparence de son enfance.

 Et ce silence qu’il a apprivoisé pour en faire un complice, pour que personne ne sache. Ce silence qu’il garde prisonnier en lui comme un asile, comme dans une fable de sa réalité.

Ce bonheur toujours approché, parfois dépassé mais jamais conquis. Le temps fait son œuvre. L’oubli n’existe pas. La colère a fait place à une certaine acceptation. Ce n’est pas sa vie.  Le bonheur en demi-teinte n’est pas acceptable, satisfaisant. Il reste la marque indélébile d’un acte assassin.

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