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Publications de Palmina DI MEO (51)

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Le 31 mars, le Millenium Film Festival qui fêtait entre autres les 75 ans de la Déclaration universelle des droits de l'homme, invitait Stella, épouse de Julian Assange, à venir présenter ITHAKA. Ben Lawrence, le réalisateur, suit les espoirs et la détresse des proches de Assange, son épouse, ses enfants, la douleur et la dignité de son père devenu un pilier de cette famille dévastée. Au delà des anecdotes familiales et des inquiétudes sur l'état de santé de Assange, des échéances juridiques qui pèsent sur l'issue de l'affaire (Assange est privé de liberté depuis 2010), il s'agit d'un scénario digne de figurer au BIFFF. Comment des états qui ne possèdent pas les arguments nécessaires pour excuser les exactions qu'ils commettent recourent à des montages kafkaïens allant jusqu'à prononcer des peines de prison de 175 ans et des menaces d'isolement dans des prisons de haute sécurité à l'encontre de lanceurs d'alerte qui prennent le risque de faire connaître le dessous des cartes des enjeux internationaux. Le propos ici n'est pas de retracer le procès de WikiLeaks, ni de s'intéresser à la personnalité de Assange ou à son statut de héros ou de bouc émissaire, on peut trouver des informations jusqu'à saturation sur le net. Mais en tant que citoyen, il faut bien se la poser cette question : à quelle information pouvons-nous, devons-nous prétendre ? Avons-nous encore les moyens de contrer la désinformation? Quelle société voulons-nous léguer à nos enfants, une société manipulée par quelques-uns? Pourquoi ne sommes-nous pas en mesure de protéger ceux qui dénoncent alors qu'ils ne révèlent rien d'autre qu'une vérité prouvée. Devrons-nous nous contenter des constatations sur le temps qu'il fait ou de la gaufre de Liège à redécouvrir au journal de 20h ? Il est vrai que nous avons nos héros médiatiques, quelques téméraires bronzés qui n'hésitent à plonger dans une piscine remplie d'araignées ou à avaler des insectes crus sous les beuglements de fans hurlants. Si l'objectif est de museler toute tentative de révéler des bavures au nom de la "sécurité d'état", de museler la presse par des exemples de représailles musclées (les organismes de presse qui ont relayé les documents de WikiLeaks ont été menacé de poursuites), alors il y a bien de quoi bien devenir phobique à toute forme de pouvoir.

Si vous estimez qu'il est de votre droit de bénéficier d'une information libre et indépendante, soutenez la  campagne lancée par la mère d'Assange, découpez des banderoles dans du papier ou du tissu jaune (voir photo) et épinglez-les aux arbres en signe de protestation.

Palmina Di Meo

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Millenium Festival GIRL GANG (festivalmillenium.org)

Nominé meilleur documentaire au Prix du cinéma suisse 2023, "Girl gang", est la troisième réalisation de la cinéaste suisse Susanne Regina Meures (Raving Iran (2016), prix "Visions du réel" du film le plus innovant et Saudi Runaway (2020).

Pendant 4 ans, le film suit Léonie alias "Leoobalys", une célèbre influenceuse allemande.

Tout commence comme dans un conte de fée: « Il était une fois une jeune fille à qui ses parents avaient offert un miroir noir. Et quand elle regardait à l’intérieur, toutes les autres filles de ce monde pouvaient la voir et l’entendre. Venez et suivez-moi ! dit la fille. »
Et des milliers de filles vont bientôt la suivre, toutes les ados insatisfaites de leurs vies, en prie à la solitude, à la recherche d'un modèle seront très vite "accros" aux posts de cette "copine virtuelle" soit Léonie. Quatorze ans, Léonie vit dans la banlieue berlinoise, elle reçoit l'amour inconditionnel de ses parents, elle est studieuse et joue avec son cocker et son chat à trois pattes. Mais peu à peu sa notoriété est telle que la famille se voit offrir les services d'un média manager et les marques d'articles pour jeunes vont les combler de cadeaux et de chèques pour valoriser leurs produits.
Une course s'installe pour atteindre le million de followers, ouverture vers la célébrité.

La famille toute entière se retrouve bientôt embrigadée dans ce tourbillon de publications boostées par les sponsors qui en demandent toujours plus et finissent par régenter leur quotidien. Les parents ont même abandonné leur emploi pour se consacrer corps et âme à l'ascension sociale de leur fille, et tout cela, bien sûr, pour lui assurer un avenir doré.
Pourtant Léonie n'a aucun talent particulier, long cheveux roux, sourire toujours aux lèvres (du moins au début), son seul talent est de savoir maîtriser encore mieux et plus vite les réseaux sociaux. Maquillage et retouches photos n'ont pas de secrets pour elle. Il y a même quelque chose de pathétique dans l'énergie que déploie cette famille pour se mettre constamment en scène dans des situations souvent ridicules. Pourtant cela fonctionne, alors personne ne souhaite arrêter sauf peut-être Léonie devenue esclave des diktats commerciaux et très peu mûre pour supporter cette pression constante sur le long terme. Mais qui peut résister à une foule en délire qui vous crie son adoration? Alors Léonie retrouve son sourire et embrasse ses fans avec enthousiasme. Le «gang», ce sont elles, ces milliers de fillettes qui se bousculent dans les grands centres commerciaux pour approcher leur idole, menaçant de rompre les barrières de sécurité. Parmi elles, Susanne Regina Meures suit Mélanie, une fillette de 13 ans, admiratrice inconditionnelle, créatrice d'un fan-club Leoobalys, autorisée par sa mère à utiliser les réseaux sociaux et qui n'hésite pas à y consacrer 12h par jour voire 19h sacrifiant ses heures de sommeil.

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Susanne Regina Meures livre des chiffres effrayants: 80% des ados rêvent de devenir des influenceurs et 50% des adolescentes se sentent plus proches d'une influenceuse que d'une amie. Mais ces candidats sont-ils tous aussi bien encadrés que Léonie. Les marques n'hésitent pas à exiger des images plus érotiques et sexy. Un métier qui semble facile mais dont on ne mesure pas les implications: une soumission jusqu'à l'angoisse aux exigences des marques, un timing de plus en plus serré, un sacrifice de sa vie affective car on se rend compte que Léonie n'a pas d'amis et paradoxalement presque pas de relations sociales. Un constat terrible que sa mère n'hésite pas à partager dans le film: «La seule chose à laquelle Léonie a dû renoncer pour mener sa carrière d’influenceuse, c’est sa vie sociale.» Et elle ajoute : "Je n'ai pas de rêve à moi". Elle et son mari ont choisi de vivre le rêve de leur fille.
Mais au fil du temps, ce rêve ressemble de plus en plus à un cauchemar: Léonie est souvent de mauvaise humeur, elle rechigne au travail, revendique le droit de ne rien faire.
Alors que Mélanie échappe au monde superficiel des réseaux en nouant de vraies amitiés, Léonie n'a plus vraiment de prise sur sa propre vie, elle est devenue elle-même un produit. Le tout est de savoir combien de temps une telle alinéation peut durer.

A voir pour découvrir l'envers du décor des influenceurs, un film qui ne porte aucun jugement mais autorise chacun à se faire une opinion sur un phénomène qui fait briller les yeux des jeunes et moins jeunes.

Palmina Di Meo

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Titre français: "La femme qui murmurait à l'oreille des éléphants"

Tout commence par la rencontre entre une petite paysanne et un éléphant pris au piège dans la jungle thaïlandaise pour être voué à l'industrie du tourisme. Lek Chailert lui fait le serment de consacrer sa vie à aider les éléphants. En dépit de la promesse faite à sa mère de trouver un job dans l'administration, ce qui lui vaudrait des soins de santé gratuits, Lek suit sa vocation et consacre sa vie à sauver des éléphants maltraités et dressés pour assouvir les demandes extravagantes du public des cirques et autres parcs d'attraction où des éléphants sont élevés à coups de fouet ou de pique pour faire "le beau", saluer ou même rouler à vélo.

Avec la bénédiction de sa mère, Lek prend le risque de braver la mafia pour créer une réserve naturelle où ses "pensionnaires" récupérés, même en fin de vie, puisse goûter à la liberté et mourir dans la dignité et le bien-être. Maintes fois menacée, au risque de sa vie, elle mène son combat dans un environnement sourd à la souffrance où l'argent fait foi et loi.
Autrefois animal sacré, l'éléphant est aujourd'hui une marchandise essentielle du développement touristique de la Thaïlande qui a enregistré durant la dernière décennie des records en terme de bénéfices. La plupart des 3 000 éléphants d’Asie restants en Thaïlande vivent aujourd'hui en captivité dans des conditions précaires. La crise du COVID a amené son lot de ravages. La plupart des mahouts (dresseurs et soigneurs d'éléphants) sont rentrés chez eux face à la pandémie abandonnant les animaux à leur sort et à la famine (l'interruption de l'affût des touristes ayant engendré une crise économique sans précédent du secteur). Mais serait-ce aussi le début d'une prise de conscience sur le chemin de la rédemption ?

Le film, remarquable par la qualité des images, suit Lek dans ses batailles pour le sauvetage de chaque individu et nous plonge au coeur d'une histoire d'amour entre les hommes et cet animal dont l'intelligence et le sens de la solidarité au groupe ne sont plus à prouver.

Ce film porte le thème dominant de cette 15ème édition du festival : placer l'humain et l'humanité au centre des débats et ce qui ne gâte rien il dresse le portrait d'une battante dans une société où la femme marche derrière l'homme et a vocation à se taire.

Après un premier film réussi sur les ravages de la drogue et de l'alcool sur la jeune génération d'une petite bourgade dans le Yorkshire (Meilleur premier LM britannique au East Film festival 2010), Jez Lewis continue à produire des documentaires (dont Ghosts sur l'immigration clandestine chinoise au Royaume-Uni) et s'apprête à sortir avec sa partenaire Rachel Wexler et leur société de production Bungalow Town Productions, un nouveau portrait de femme, celui d'une jeune sumo japonaise, une combattante dans une société toujours trop machisme.

Lek Chailert sera présente lors de la projection du film le 26 mars.

Palmina Di Meo

Retrouvez le programmation complète du festival via le lien:
http://www.festivalmillenium.org/fr/page-daccueil/

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12273416682?profile=originalDominique (Thierry Helin) et Gilles (Vincent Minne), deux flics se retrouvent matins et soirs au vestiaire, lieu de confidences au moment d'endosser ou retirer les attributs du pouvoir: uniforme, gilet pare-balles, matraque. c'est aussi l'endroit de la césure entre la sphère professionnelle et privée. Ils sont co-équipiers et très différents l'un de l'autre. Dominique est un sanguin. Gilles est plutôt sans histoire. Le foot est son principal centre d'intérêt. Il est aussi l'oreille bienveillante de Dominique sans toutefois s'impliquer plus que nécessaire. Quand Dominique lui fait part de ses soupçons quant à l'infidélité de sa femme, Gilles le taquine. Mais pour Dominique qui a besoin d'un environnement rassurant après une journée de stress et de violences, la coupe est pleine. Il est persuadé que sa femme le trompe et comble de l'ironie, avec un noir. Peut-être un talentueux joueur de foot? Il confie à Gilles qu'il est prêt à la "buter" quitte à se tuer lui-même.

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Servir et protéger, ce sont les missions qui doivent les guider en tant que forces de l'ordre... On les retrouve le soir. Gilles remonte les bretelles à Dominique: "T'es sorti des clous. On s'est mis à trois pour t'écarter" car oui, Gilles a passé ses nerfs sur un jeune noir sous prétexte de "rébellion". Mais Gilles ne va pas au-delà de la mise en garde. Dans la police on se serre les coudes. Sauf que Dominique dispose d'une arme...

"Deux flics au vestiaire" fait partie d'une trilogie écrite par Rémi De Vos (éditée chez Actes Sud) à la demande du Poche avec pour objectif de faire rire à propos des bavures policières. Sauf qu'on ne rit pas vraiment. Même si le sujet est traité sur le mode de la blague (Allons, si on dit qu'on va tuer sa femme, c'est qu'on ne le fera pas, sinon on se tairait), la gravité du propos et sans doute son actualité, nous assène le texte comme un coup de poing. Racisme, féminicide, indifférence, passivité face aux actes de violence, nous sommes tous concernés.

Le Poche a suscité le débat il y a quelques jours en invitant Valentin Gendrot, journaliste infiltré dans la police parisienne dont les révélations avaient déclenché en France une vaste enquête.

12273417681?profile=originalSi la violence n'est pas montrée dans la pièce, on se souvient de l'affaire Michel Zecler, un producteur de rap martiniquais tabassé par plusieurs policiers à son domicile et dont l'agression avait été filmé par des caméras de surveillance par un heureux hasard avec des images particulièrement choquantes.

Thierry Helin et Vincent Minne sont parfaitement complémentaires lorsqu'ils enfilent les caractères de ces personnages hors cadre: un homme violent et à cran et un passif un brin évaporé coincé dans la trouille et le démenti, tous deux représentants de la force et de l'ordre publics.
Un affrontement qui interpelle et suscite la réflexion sans réellement l'alimenter. Le débat est à chercher ailleurs.


A voir au Poche jusqu'au 25 mars.

Palmina Di Meo

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"Le cours de la vie", dernier film de Frédéric Sojcher, est un petit manuel de scénario en soi. On connait la volonté de transmettre de ce réalisateur, professeur et écrivain, auteur de plus de trente ouvrages sur le cinéma parmi lesquels "La kermesse héroïque du cinéma belge", "Main basse sur le film", "Le manifeste du cinéma", "Je veux faire du cinéma" pour n'en citer que quelques-uns. Passionné par les rapports entre réalité et fiction, ce film illustre plus que tout autre cet engouement pour la fusion entre le cinéma et la vie.

12273426280?profile=originalAdapté de l’ouvrage “Atelier d’écriture- 50 conseils pour réussir son scénario sans rater sa vie” d’Alain Layrrac, l'histoire décortique finement au fil d'un cours sur l'art d'écrire, la relation amoureuse abruptement avortée trente ans auparavant entre Vincent, directeur de l'école supérieure de l'audiovisuel de Toulouse et Noémie, scénariste de réputation internationale, invitée par ce dernier à donner une masterclass. Leur histoire née d'un amour commun pour le cinéma va-t'elle renaître de ses cendres lors des échanges parfois houleux entre Noémie et les étudiants qu'elle exhorte à pénétrer les personnages au plus profond de leur être ? La connaissance de soi ne passe-t'elle pas par une introspection dérangeante que l'on tente souvent de contourner ? L'art d'écrire finalement n'est-il rien d'autre que l'humilité de la vérité et cette vérité n'est-elle pas plus passionnante que les artifices que nous utilisons pour la masquer à nos propres yeux ? La leçon de scénario rejoint la connaissance de soi.

12273426886?profile=original"J’ai la fascination pour de grands cinéastes aussi différents que Bergman, Eustache et Fassbinder, qui font un “cinéma de la parole”, c’est-à-dire qui rendent cinématographique leur manière de filmer des scènes avec beaucoup de dialogues (ou de monologues)". Ces propos de Frédéric Sojcher sont l'écho de sa recherche esthétique fondée sur la charge émotionnelle des mots. Il confie quelques secrets des ressorts dramatiques du film : "Avec le chef opérateur Lubomir Bakchev, nous avons décidé qu’aucun plan ne serait pareil dans le film. La caméra se veut “actrice”, comme si le point de vue donné par l’image participait à la narration." Et cette narration est provoquée par une question fondamentale à toute création : Et si ? Fenêtre sur tous les possibles, ouverture vers toutes les options refoulées, censurées. Vincent et Noémie ont construit leur vie, chacun de leur côté mais sur base de fantômes qui continuent à les hanter. Péché d'orgueil, précipitation de la jeunesse, c'est par les mots de la maturité que leur vie reprendra un cours plus serein.

12273427453?profile=originalLe film est interprété avec la pudeur et la subtilité de jeu tout en nuances calculées de Agnès Jaoui (Magritte d'Honneur 2023) et Jonathan Zaccaï.

Je ne peux que recommander ce film réalisé par un amoureux du cinéma et qui sait si bien nous en faire découvrir les richesses.

Palmina Di Meo

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Premier long métrage pour Giacomo Abbruzzese, connu pour des courts primés (Archipel, Fireworks, Stella Mari) et un documentaire nominé aux César : America, sur l'émigration américaine de sa famille.

12273425256?profile=originalDisco Boy accompagne Aleksei, un Biélorusse qui, avec son ami Mihhael, tente de fuir son pays pour rejoindre Paris via la Pologne. Dans le car d'un club de foot biélorusse, ils passent la frontière polonaise de l’Union européenne. Mais alors qu'ils tentent de franchir une rivière à bord d'un canoë gonglable, Mikhael est abattu par un patrouilleur. Aleksei, quant à lui, parvient à arriver en France. Jeune gaillard robuse et sans attaches familiales, on lui propose d'intégrer la légion étrangère qui lui permettrait d'obtenir un permis de séjour de cinq ans et au bout la nationalité française. « Êtes-vous prêt à prendre des risques ?». « Celui qui a peur reste à la maison » bravache Aleksei. Il est enrôlé.
«Avocat ou sans abri, je me fiche de qui vous étiez» clame l'instructeur de la Légion devant les nouvelles recrues, «ici, tout le monde a une nouvelle chance si vous avez l'intention de devenir Français avec tout votre cœur et vos muscles». "La légion est votre famille". A l'issue de son entraînement et de son endoctrinement, Aleksei est envoyé dans le Delta du Niger.

12273425468?profile=originalChangement de point de vue: nous faisons la connaissance de Jomo, un chef rebelle, qui depuis son village dans la jungle dirige le MEND (Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger) contre les compagnies pétrolières qui dévastent l'écosystème et réduisent l'espérance de vie des habitants. Udoka, la soeur de Yomo, pense que la lutte est vaine et rêve de s'expatrier. Alors qu'il plaisante avec un ami, Jomo exprime un rêve : «Que ferais-tu si tu étais né blanc dans une ville avec de l'argent et une bonne éducation ?». « Je ne sais pas, peut-être que j'aimerais être danseur, un disco boy».

C'est lors de la prise en otage des dirigeants d'une compagnie pétrolière, qu'Aleksei se trouvera face à Yomo surgissant brusquement devant lui lors d'un repérage alors qu'il traversait un marais. Le combat nocturne est hallucinant filmé à l'aide d'une caméra thermique. Aleksei tue Yomo dans un tourbillon de lumières rouge orangées et blanches rappelant un jeu vidéo. Aleksei ramène Yomo à terre. Les yeux grands ouverts de Jomo émeuvent Aleksei au point qu'il enterre son adversaire en lui creusant une tombe à mains nues alors que l'hélicoptère de la brigade tournoie dans le ciel.

Hanté par ce premier crime, Aleksei sombre dans un mélancolie irréversible. Lors d'une marche, il refuse de chanter le chanson de Piaf "Non, je ne regrette rien". Humilié, déshabillé, exhorté à la raison "Tu auras la nationalité française, tu pourras épouser une fille d'ici et envoyer tes enfants dans une bonne école, Aleksei finira par mettre le feu à son permis de séjour dans son casier.

Dans une boîte de nuit, il épousera les rythmes d'une danse tribale, celle de Udoka et Yomo et comme dans un rêve Udoka rejoindra la scène pour se joindre à lui.

Film anti-guerre au rythme narratif troublant où rêve introspectif et réalité crue se chevauchent créant un suspens étrange jusqu'à son dénouement symbolique, Disco Boy parvient à toucher le spectateur avec très peu de mots mais des images fortes et une esthétique nouvelle dans les films de ce registre. Giacomo Abbruzzese a expliqué sa démarche dans une note pour la Berlinale : «Nous sommes habitués à ce que la guerre soit racontée d'un seul point de vue. L'autre, l'ennemi, existe rarement en tant qu'entité complexe.» Il poursuit: «Je voulais montrer l'horreur de la guerre en donnant aux deux camps la même dignité émotionnelle. Je voulais m'éloigner des stéréotypes de masculinité et de violence qui caractérisent de nombreux films de guerre.»
Le projet remonterait à 2013, quand Abbruzzese rencontre dans une discothèque française un danseur classique ancien soldat, deux activités qui demandent effort extrême discipline physiques. “J’aime vraiment y penser comme à une peinture et pas seulement comme à un drame psychologique d’êtres humains traumatisés, parce qu’ils le sont” dit le réalisateur à propos de ses choix visuels. “Par exemple, je ne voulais pas filmer le combat entre Aleksei et Jomo comme dans un Rambo. Cela aurait été ridicule". L'idée du film a ensuite été développée lors d'une résidence d’artistes Cinéfondation dans le cadre du Festival de Cannes.

Casting prestigieux puisque c'est l'acteur allemand primé Franz Rogowski (Freaks Out) qui a été choisi pour le rôle d'Aleksei et pour Jomo, c'est l’acteur Gambien Morr N’Diaye (Tumaranké) qui relève le défi. Quant à Udoka, le rôle revient à Laetitia Ky, mannequin militante ivoirienne. Dans la distribution, on retrouve encore le Croate Leon Lučev, l’Italien Matteo Olivetti, le Polonais Robert Więckiewicz et le Belge Mutamba Kalonji.

Né à Tarente dans les Pouilles en 1983, Abbruzzese a étudié à Bologne et à l'école nationale de cinéma Le Fresnoy en France. Abbruzzese a travaillé dans plusieurs pays dominés par les guerres et les troubles civils en tant que photographe au Moyen-Orient et directeur artistique de la chaîne de télévision palestinienne AQTV. Il a aussi enseigné l'écriture de scénarios et le montage de films au Dar Al- Kalima College de Bethléem en Cisjordanie.

Disco Boy est une coproduction française, belge, polonaise et italienne.


Palmina Di Meo

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SHIRLEY VALENTINE au PUBLIC jusqu'au 25 février.

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Shirley Bradshaw, femme au foyer, a vu ses enfants prendre leur envol. Elle passe désormais ses journées seule avec pour simple distraction la préparation des repas de son mari dans un timing rigoureusement précis, s'appliquant à servir dès que Monsieur franchit le pas de la porte à son retour du travail.
Mariés jeune, le couple n'échange plus grand-chose et Shirley a pris l'habitude de parler au mur de sa cuisine. Dans ce dialogue avec elle-même, elle prend pleinement conscience de la vacuité de sa vie passant en revue son éducation et le manque d'audace dont elle a souffert toute sa vie.
12273416300?profile=originalMais voilà qu'une occasion inattendue se présente, son amie, devenue féministe après que son mari l'eût quittée pour le facteur, a gagné un voyage à Corfou pour deux et lui propose de l'accompagner. Dire oui serait une révolution pour Shirley. Quitter Liverpool et "abandonner" quinze jours Joe à lui-même lui semble aussi incroyable que partir sur la Lune. Cependant, la tentation est trop forte et à l'occasion d'un incident domestique, un écart ridicule dans la routine quotidienne qui met en lumière l'égoïsme de son conjoint et sa propre soumission, elle décide de franchir le pas et accepte de partir... en catimini sans avoir le courage d'affronter Joe, en lui laissant simplement un mot et un frigo rempli de plats préparés et étiquetés pour la durée de son séjour.

Ce voyage dont elle va savourer chaque instant va permettre à Shirley Bradshaw de renaître en Shirley Valentine et de tirer un trait définitif sur une vie qui ne lui correspond plus. En prenant sa vie en main et en s'ouvrant aux autres, elle découvrira au delà de l'indépendance, sa sexualité et la joie de goûter chaque instant qui passe en dehors de toute contrainte.

12273417068?profile=originalEcrite par Willy Russell en 1989, transposée au cinéma par Lewis Gilbert (réalisateur de trois James Bond), la pièce est un défi pour toute comédienne. Seule en scène d'une durée de 1h55, il s'agit d'un véritable marathon scénique qui suppose une maîtrise hors pair du jeu tant verbal que physique car Shirley (Marie-Hélène Remacle) incarne tous les personnages de sa vie avec une intensité et une véracité telle que le temps file à toute allure.
D'une écriture incisive, pleine d'humour et d'humanité et surtout d'une immense tendresse, la pièce ravit, dépayse, nous file un joyeux coup de punch. La voix chaude et le tempérament de feu de Marie-Hélène Remacle nous font découvrir la transformation possible de toute femme prise dans un carcan de contraintes à l'écoute de soi-même sans pour autant se lancer dans un combat revendicatif à caractère politique.

Un très beau moment de théâtre.

Palmina Di Meo

SHIRLEY VALENTINE (theatrelepublic.be)

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4 X 2 PLACES POUR UN CONCERT AUX CHANDELLES ! Concert piano solo de Petra Somlai, le vendredi 17/2 à 22h45
https://festivita.be/

ATTENTION - PREMIER ARRIVE - PREMIER SERVI
Réservez à l'adresse: christiane@festivita.be (mentionner Radio Panik)
Les places sont à retirer à l'accueil le soir du concert. 

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FESTIVITA ! Brussels Early Music Festival.
FESTIVAL DE MUSIQUE ANCIENNE

"Du 16 au 19 février 2023, le Cercle Royal Gaulois à Bruxelles accueillera la deuxième édition du FestiVita! Brussels Early Music Festival.  Le festival propose une affiche très variée et de nombreuses déclinaisons intéressantes pour faire découvrir la musique ancienne aux néophytes et curieux!  L'occasion également pour le public de découvrir le Cercle Gaulois de l'intérieur. 

Durant quatre jours, le festival propose un voyage musical (et gastronomique !) avec des concerts surprenants et des concepts originaux, tels que le concert gastronomique "Banquet-qu'on-sert" (pendant lequel un menu cinq services s’alterne avec des intermèdes musicaux du XVIIIe siècle), un concert aux chandelles, une seconde édition du Bal Renaissance ou encore le spectacle de théâtre musical La Belle au Bois Dormant du Duo L'Air du Temps pour les plus petits.

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FestiVita!, c'est :

4 jours de concerts pour tous, accessibles et ouverts vers la découverte autant que vers les grands chefs-d’œuvre. Des artistes pour la plupart de chez nous - ce qui n’exclut pas quelques formations venues d’ailleurs - confirmés ou en devenir. A cette programmation musicale s’ajoute un bal qui vous emmènera en pleine Renaissance !

- Une présentation des concerts riche et variée autant visuellement qu’acoustiquement. De plus, une attention toute particulière sera portée à notre jeune public, avec un spectacle « famille » et un spectacle « parents admis », le dimanche matin et après-midi.

12273421857?profile=original- Le banquet-qu’on-sert : repas italien du XVIIIe en textes et en musique. Le menu : Gli antipasti – aperitivo / Il primo : Orecchiette al cavolfiore, aglio ed acciughe / Il secondo & contorni : pollo arrosto, aglio e limone – patate al forno – insalata calabrese / Il dolce : Torta al limone con meringa / Il caffè : caffè napoletano & digestivo. Apéritif (Prosecco) compris dans le prix d’entrée. Vins au bar : La Torre, Chardonnay Bianco Salento IGP (27 €) et Vigna Frederico II, Primitivo de Manduria DOP (30 €).

- Une ambiance sympa et détendue, une exposition de luthiers, un accueil chaleureux par une équipe de bénévoles attentifs à vos besoins, des possibilités de petite restauration à toute heure, la rencontre avec les artistes, ..."

Programmation complète : https://festivita.be/programmation-2023/

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Jennifer Rogiers, 23 ans, participe au concours Reine Elizabeth. Le règlement veut que les 12 finalistes soient logés pendant une semaine sans aucun contact avec l'extérieur dans la "chapelle", une villa isolée à Waterloo, afin de se concentrer et s'entraîner au mieux pour leur prestation qui comprend un morceau imposé et un morceau au choix. La mère de Jennifer (Ruth Becquart) a une forte emprise sur sa fille et a toujours tout sacrifié pour favoriser sa carrière allant jusqu'à déménager à New York pour lui permettre de fréquenter une école prestigieuse. Elle qui ne quitte pas sa fille d'une semelle, se voit mise à l'écart de la préparation au concours. Et pour la première fois, Jennifer se retrouve seule face à elle-même...
12273420694?profile=originalUn huis clos forcé exacerbé par les tensions entre les finalistes, les tentatives de déstabilisation, la compétition qui s'invite dans les démonstrations de virtuosité qui forment le fond sonore des couloirs de la chapelle et la résurgence inattendue de souvenirs d'une enfance douloureuse refoulés jusque-là.

Le film a fait l'ouverture de la 15ème édition du festival d'Ostende. Dominique Deruddere, après 15 ans passés au Etats-Unis (il avait été sélectionné pour l’Oscar du Meilleur film étranger en 2001 avec "Everybody’s Famous!"- avec cette fois une fille dénuée talent mais qui en voulait à tout prix), est revenu en Belgique pour tourner "La Chapelle", qu'il qualifie comme son film le plus personnel. Deruddere raconte que c'est le romancier Erik Orsenna lors d'une collaboration sur un scénario qui aurait lancé alors qu'ils regardaient ensemble une finale du concours: "C’est quand même étrange que les cinéastes belges ne se soient jamais emparés du concours Reine Elisabeth, c’est un vrai sujet de film !". L'idée était restée dans sa tête mais lorsque Louis, son plus jeune fils, s'est mis à la musique classique à l'âge de 14 ans, rivé à son piano six, sept heures par jour à la recherche de la perfection, c'est devenu une évidence. De plus, le film a été tourné avec une équipe de proches, ce qui le ramène à ses débuts de réalisateur et lui plait énormément. C'est d'ailleurs son fils qui a monté le film. Après une formation musicale à Los Angeles, ce dernier a abandonné le piano suite à un problème à une main pour se tourner vers sa deuxième passion: le cinéma. Sa formation musicale lui a permis de montrer son savoir-faire à l'occasion du montage du documentaire sur Arno réalisé par son père et aujourd'hui sur ce film.

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Taeke Nicolaï, une jeune comédienne anversoise, a été choisie  pour incarner cette virtuose tourmentée à la suite d'un casting réunissant presque toutes les comédiennes entre 20 et 30 ans. Sans être musicienne, elle a travaillé durant quatre mois avec deux coachs pour intégrer naturellement les mouvements corporels des pianistes et pouvoir ainsi restituer librement l'énigme intérieure qui la ronge. Car c'est un thriller psychologique que propose Deruddere. Dans quelle mesure les drames familiaux peuvent - ils être à la source du talent ou le détruire et l'entraver ?

Taeke Nicolaï est surprenante de vérité dans le rôle de cette fille froide, pas forcément sympathique, ne communiquant quasiment pas. Elle parvient à se fondre totalement dans ce Concerto n°2 de Rachmaninov qu'elle est censée maîtriser depuis l'enfance. Elle entretient aussi à merveille le mystère de cette jeune artiste, handicapée affectivement, qui finira par s'ouvrir à l'amitié qui s'offre à elle à travers le personnage d'Alexandra, une autre finaliste (Abigail Abraham), une issue salvatrice de la folie ?

12273420881?profile=original12273421281?profile=originalLe scénario se nourrit de recherches sur le monde de la musique. Deruddere avoue avoir emprunter certaines répliques à des biographies de musiciens célèbres. Ainsi le personnage de Nazarenko (Zachary Shadrin) est directement inspiré d'un finaliste (probablement Andrei Nikolsky, premier prix en 1987) qui n’a adressé pas même un mot à personne et est parti vainqueur laissant derrière lui un climat angoissant. Question suspense, le film n'a pas été tourné à la chapelle mais au Palais des Beaux-Arts avec son architecture gothique et austère appropriée.

Palmina Di Meo

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C'est au cours des confinements que Christophe Sermet et ses complices de la Compagnie du Vendredi décident de monter un drame intime en y intégrant de la musique rock. Le choix de Sermet, toujours inspiré par l'adaptation de grands classiques, se porte sur Ibsen et l'une de ses dernières pièces "John Gabriel Borkman", qui repose sur un confinement volontaire emportant une famille dans la discorde et la séparation. Écrite en 1896, la pièce trouve un écho manifeste dans notre époque marquée de scandales financiers.

12273427498?profile=originalAncien banquier, John Gabriel Borkman a purgé une peine de cinq ans de prison pour abus de confiance. À sa sortie, il s'isole volontairement du monde en restant cloîtré pendant huit ans au premier étage de la maison de Ella Rentheim, un amour de jeunesse, attendant une réhabilitation qui ne viendra pas tandis que son épouse vit au rez-de-chaussée de la même habitation sans qu'il y ait le moindre contact entre eux. Car Borkman se voit toujours comme un visionnaire génial même s'il a ruiné des centaines de familles. Les deux femmes de leur côté se disputent l'amour de Erhart, le fils de John Gabriel alors que ce dernier se réfugie dans la musique et le piano.
Ce récit est presque autobiographique pour Ibsen dont l'enfance est marquée par la faillite des affaires familiales, les spéculations et l'alcoolisme de son père, avec pour corollaire l'éclatement de la famille.

Sermet avoue les références aux scandales contemporaines d'ascensions rapides suivies de chutes tout aussi spectaculaires (DSK, Weinstein, Madof...). La pièce d'Ibsen lui ouvre un champ infini d'exploration de sentiments exacerbés par la frustration et le ressentiment. Les rôles sont ici revisités et taillés sur mesure pour les acteurs et actrices de la compagnie dont certains conservent même leur prénom sur scène. Insufflant une vitalité nouvelle à l'écriture d'Ibsen, Christophe Sermet prend des libertés par rapport au texte original pour une modernité légitime, soutenue par des parties jouées et chantées en live. En travaillant en étroite collaboration avec ses comédiens sans respect des critères d'âge, Sermet compose un tableau familial des plus écorchés où l'amour, la folie, l'espoir se confrontent à la honte, la ruine et le repli sur soi.

12273427887?profile=originalCôté mise en scène: un plateau encombré de guitares électriques et de matériel sonore dans un sorte de hangar. C'est l'antre de Erhart (Adrien Drummel), génie du rock, censé racheté l'honneur de la famille par sa réussite artistique. Son père (Yannick Renier) vit au sous-sol dans un abri anti-atomique. Musicien lui-même, il n'est pas autorisé à entraver le succès de son fils. Gravitent autour du noyau familial, Vilhem, auteur dramatique en crise, ami de John Gabriel et Frida, sa fille, professeur de guitare qui forme un duo artistique et amoureux avec Erhart, Gwendoline la belle-soeur de Borkman (Gwendoline Gauthier) et son premier amour sacrifié pour sa soeur jumelle Sarah (Sarah Lefèvre), devenue l'épouse légitime suite à un chantage d'argent et Vany Compagnucci (Vanessa Campagnucci), une riche voisine sensible au destin de Erhart. Au-delà du naufrage financier, nous assistons à un désastre sentimental, un déballage impudique de passions sacrifiées au profit d'une soif de pouvoir qui risque de se répercuter sur les générations suivantes.

12273427900?profile=originalAmour, gloire et beauté, des valeurs qui s'entrechoquent et émeuvent toujours autant. Ici le jeu des comédiens est central. Un travail indéniable sur les prestations rock, un jeu expressionniste révélant les dégâts sur le long terme de manigances financières et mise au ban de la société. Sarah Lefèvre calfeutrée dans son manteau de fourrure comme dans une armure est l'incarnation même de la respectabilité trompée. Elle crache son venin sans retenue. Yannick Renier reste coincé dans son illusion de sauveur de l'humanité et Gwendoline Campagnucci joue la carte des désirs inassouvis sans retenue.

Un portrait de société sans âge avec une question: une rédemption est-elle possible ?

Palmina Di Meo

Les Borkman — Les Tanneurs

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Chiens de faïence - actuellement au Rideau

Un couloir backstage soit deux files de gradins où le public donne corps à une sortie de scène comme autant de fans en attente de l'apparition de leur idole.
Le concert de Death Metal a lieu derrière la porte gardée par Mo, agent de sécurité, dont la fonction est de refouler toute personne qui tenterait de faire irruption dans la salle de concert tout comme de protéger la sortie des artistes.
Des toilettes à l'autre extrémité du couloir. Le décor est planté.
Déboulent Anton (Yuri Dirkx), le père d'Alice (Sarah Grin), la chanteuse, venu féliciter sa fille pour sa prestation. Il est accompagné de sa seconde épouse Lisa (Jessica Fanhan), belle-mère d'Alice. La tension monte rapidement alors qu'Alice ne se montre pas à la fin du concert. Impatient, le père tente d'intimider le gardien (Mehdi Zekhnini) qui n'a aucune autorité pour le faire entrer. Mo reçoit des instructions via un micro inséré dans son oreille et exécute simplement les instructions. Le ton s'envenime alors que le père tente de soudoyer le gardien faisant valoir son statut social et ravalant Mo au rang de simple exécutant. Avec l'arrogance des gens se prétendant dans leur bon droit et la hargne d'un roquet à qui on tente de retirer son os, il finira par insulter personnellement le gardien qui lui répondra par la violence physique. Momentanément désarçonné, Anton se réfugie dans les toilettes où son épouse tentera de l'apaiser après s'être excusée auprès du gardien et l'avoir assuré que cette situation n'est pas exceptionnelle car son caractériel de mari s'attire souvent ce genre d'ennui. Mais tout cela ne va pas décourager Anton qui revient rapidement à la charge.
"Chiens de faïence" est la quatrième pièce de Vincent Lecuyer qui explore la violence du monde, souvent confrontée à des figures autoritaires systémiques. "Ce qui m’intéressait dans cette situation, c’est cette porte fermée, cette séparation entre le père et la fille, avec cet homme au milieu qui fait juste son travail. Le père est plutôt un anti-héros qui va revendiquer ses droits. Il y a cette idée d’une figure paternelle et patriarcale qui représente le masculin à l’ancienne, le masculin "grande gueule", le masculin de la domination."
Qu'il s'agisse de classe, de race, de politique, de croyances, l'objectif de Vincent Lecuyer est de nous mettre face à nous-mêmes, à nos démons intérieurs quand nous sommes persuadés de détenir la vérité, sans toutefois livrer de solutions toutes faites. 
La mise en scène confiée à Héloïse Jadoul, répond parfaitement à cette volonté de susciter des réactions physiques chez les spectateurs impuissants de cette confrontation qui tourne à l'absurde. Le dispositif scénique réserve quelques surprises et Héloïse Jadoul n'hésite à porter sur scène une réponse radicale (sous la forme d'une parenthèse fantasmée) à la violence par la violence.
Une pièce qui suscite nombre de questions chez les "voyeurs" de cette escalade d'agressivité gratuite et portée par des comédiens au plus vrai de la situation.
Palmina Di Meo
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EN SALLES - LES HARKIS DE PHILIPPE FAUCON

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Le film retrace le drame des harkis, ces soldats souvent recrutés de force par l'armée française pour combattre le Front de libération nationale algérien en les envoyant aux premières lignes de combat. Pour parler de ce sujet complexe, le film de Faucon se focalise sur une petite unité de l'armée française dirigée par le lieutenant Pascal, avec les drames personnels et familiaux de ces soldats de fortune, ne parlant pas français pour la plupart et à peine capable de tenir une arme. 

12273425890?profile=originalNous sommes fin des années 50, les hommes valides sont encouragés à rejoindre l'armée et à trahir les résistants à la France parfois sous la torture. Ils sont enrôlés dans l'armée française à coups de promesses de victoire trompeuses et d'une vie meilleure dans le giron français.  Basés sur des faits réels et des témoignages documentés, le film évolue sur plusieurs années jusqu'à la déclaration d'indépendance de l'Algérie en 1962 et le retrait des troupes françaises. La situation devient alors critique pour ces soldats dont la France ne veut pas en Métropole les livrant à la vindicte populaire. Les célibataires sont invités à rejoindre l'armée, les autres sont renvoyés dans leur village.

12273426267?profile=originalLe film est porté par le lieutenant Pascal sensible au sort des soldats avec lesquels il a partagé tant de souffrances. Il tient tête à sa hiérarchie lorsqu'il s'agit d'abandonner ces soldats à qui la France avait promis protection et soutien financier. Par un subterfuge, l'armée française récupère les armes qui leur avait été distribuées et le lieutenant Pascal reçoit pour instruction de convaincre ces hommes à rester en Algérie sous une vague assurance de protection par les autorités françaises.
Le lieutenant Pascal décide alors de s'investir personnellement dans le sauvetage d'une poignée d'hommes à ses risques et périls, lui-même largué par sa hiérarchie dans cette initiative.

Coproduit par les Films du Fleuve et présenté à la Quinzaine des cinéastes en 2022 où il a été salué par une longue ovation, le sujet tient particulièrement à coeur de Philippe Faucon: "Je suis né pendant la guerre. Comme beaucoup d’autres de ma génération, nés de parents qui l’ont vécue et en ont été profondément marqués, nous avons hérité de quelque chose qui s’est transmis sans toujours avoir été exprimé". Cinéaste des causes occultées, Faucon réalise ici un film rigoureux quant au déroulement historique, sans pathos, épuré de détails superflus mais qui montre de manière claire les enjeux opportunistes de ce conflit aux multiples visages.

Palmina Di Meo

Harkis / Les Harkis (2022) - Trailer (English Subs) - YouTube

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Liebestod
"L'odeur du sang ne me quitte pas des yeux Juan Belmonte".
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Sous-titre tiré des "Conversations avec Francis Bacon" : "On ne sait pourquoi certaines choses vous touchent. C'est vrai, j'adore les rouges, les bleus, les jaunes, les gras. Quand je vais chez le boucher, je trouve toujours surprenant de ne pas être là, à la place des morceaux de viande. Et puis il y a un vers d'Eschyle qui hante mon esprit : L'odeur du sang humain ne me quitte pas des yeux.» 
Inspiré par "Liebestod" (Mort d'amour), l'air final de Isolde dans "Tristan et Isolde" de Wagner, et par la vie de Juan Belmonte, un matador sévillan, considéré comme le créateur de la corrida moderne qu'il voit comme un rite spirituel, Liebestod est une descente au coeur même de la pulsion de mort génératrice de création artistique. Alors que Belmonte se suicide, frustré de ne pas avoir trouvé la mort dans l'arène comme Joselito, son modèle, Angélica ira au bout de ses démons dans une confession lyrique et érotique, une recherche de beauté absolue d'où émergerait le visage de Dieu.
12273424284?profile=originalUne des maximes de Belmonte était "Vous toréez comme vous êtes, vous toréez comme vous aimez", maxime à laquelle Angélica Liddell s'identifie dans cette performance qui est le sacrifice d'une femme amoureuse ("Vous aimez comme vous êtes") car Angélica Liddell aime le théâtre religieusement, animée par un désir de vie qui est aussi un désir de mort tout comme la consommation de l'amour se fait dans la mort dans l'opéra de Wagner. "Je fais du théâtre comme on torée. J’ai totalement identifié le toreo et ma façon d’être sur scène. Cette recherche incessante de la beauté tragique dans l’expression ne veut pas dire risquer sa vie, mais se donner, toréer avec la mort comme une envie. J’ai compris que je cherchais la même chose que Juan Belmonte, je cherche l’instant sublime, la transfiguration, l’enthousiasme débordant, l’éclat et la lumière, ce transport lyrique qui a lieu quand on aime."
Atteindre la catharsis et le sacré nécessite selon elle de passer par la violence, par la terreur et par la compassion qui sont liés aux trois éléments fondamentaux de la vie que sont le sexe, la naissance et la mort, dans une offrande au public. Pour atteindre le sublime, il faut atteindre la transe, un état religieux où l'amour, la beauté et la mort se rencontrent.
Une succession de levés de rideau sur des tableaux vivants (dont un malabar promeneur d'une nuée de chats en laisse) avant d'atérrir sur un plateau nu avec une piste d'arène en arrière-fond. Une chaise et une petite table, une bouteille de vin, du pain, des serviettes et un rasoir. Angélica au bout du rouleau crie son désespoir de femme amoureuse abandonnée au-delà de toute pudeur. Sur le thème de "Asingara" de Las Grecas, elle va s'immoler devant le public en s'auto-mutilant pour essuyer ensuite le sang qui coule le long de ses jambes avec un morceau de paix qu'elle dévore, se nourrissant de sa propre douleur. Au-delà de la performance, Angélica raconte ici "l'histoire de ses racines et de ses abîmes". Dans une mise à nu radicale, elle se présente comme une artiste et non pas comme une actrice (elle précise bien qu'elle hait les acteurs) qui met en doute l'utilité de son art dans un système théâtral toujours plus encadré, instrumentalisé. Dans ce contexte, sa vie apparaît vaine, elle qui a consacré sa vie à l'amour du théâtre et du public, elle n'a rien construit à côté et se retrouve seule dans un environnement théâtral qui a perdu la foi. En furie, elle injurie ce public qui l'a acclamée nourrissant son narcissisme et regrette sa folle quête de reconnaissance, elle qui a échoué à se hisser au niveau des grands qu'elle admire, Rimbaud, Cioran, Pasolini, Artaud...
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Liebestod a été créé dans le cadre de la série "Histoire(s) du Théâtre" où le NTGent pose chaque année à un artiste la même question : « en tant que créateur, quelle est votre histoire ? » Après Milo Rau et ses réflexions sur la représentation de la violence sur scène, Faustin Linyekula et le postcolonialisme, Angélica Liddell relève le défi de plonger dans son histoire intime et écorche de sa voix rauque et cassée à force de vociférer la société bien-pensante qui a sacrifié l'art sur l'autel du consensus et de l'engagement social. 
12273424891?profile=originalFille d'un militaire franquiste, Angélica Liddell est une artiste saluée dans le monde entier, notamment récompensée par un Lion d'argent à la Biennale de Venise et nommée Chevalier de l'ordre des arts et des lettres par la Ministère de la culture français. Crée à Avignon, tout comme son spectacle "Que ferai-je, moi, de cette épée? (Approche de la Loi et du problème de la Beauté)" qui évoque les attentats du 13 novembre 2015 à Paris et qu'elle relie au cannibalisme d'Issei Sagawa, Liebestod a recueilli les suffrages inconditionnels du public. Il faut dire que Liddell n'hésite pas à frôler les limites de la représentation théâtrale avec des images choc et une introspection borderline emportant le public au-delà de ses tabous dans une sphère passionnelle rarement atteinte.
Palmina Di Meo
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« Les hommes ont trop joué et le monde a explosé ». Le décor est planté. Un couloir plongé dans la pénombre, une sorte de bunker où se retrouvent deux rescapées et un homme semi-conscient, un revenant du "désert à guerre". Elle tentent de se dire bonjour mais apparemment tout est à réapprendre, à commencer par le langage car A et B ont perdu la mémoire de leur civilisation. « On sait plus rien : ça on sait. », c'est le constat affligeant qui émerge de leurs efforts pour trouver des repères communs.
« Innocentes, insolentes, tendres et heureuses, sans rancœur /amertume, sans malice, sans intelligence, sans bêtise, sans références, sans mémoire », voilà la seule didascalie que livre Duras au début de la pièce pour identifier ces deux survivantes qui vont accepter leur sort avec l'ingénuité de la découverte.
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Dans le désert qu'est devenu le monde, où la radioactivité est désormais le véritable danger, ces deux femmes vont se servir de la seule chose qui leur reste, la mémoire de mots hybrides désolidarisés de leur contexte dans une tentative hasardeuse de communication. Une situation qui rend absurde l'utilisation de slogans ou de références idéologiques qui surgissent à brûle-pourpoint comme des bulles d'air à la surface d'une mare de boue. Elles vont dire par exemple "Black is beautiful" pour désigner un jeu de lumière. Car A et B sentent qu'elles ont la lourde tâche d'assurer la survie dans un monde apocalyptique où rien ne leur sera accordé. 
Ne subsistent du passé que deux catégories "les stupides" et "les moins stupides". Se pose pour elles la question de savoir ce qu'elles vont faire de l'homme, un soldat désarticulé qui a perdu son statut. Sans son chef, il est incapable d'initiative. S'il parvient à se redresser sous l'effet de quelque décharge d'adrénaline, c'est pour lancer un appel hallucinatoire à la guerre. Les mots "honneur" et "patrie" qu'il arbore sur son corps sont des étendards ridicules devenus incompréhensibles. Peut-il servir à la reproduction ? se demande B. A raconte à B sa version de la Genèse, celle des premiers êtres humains tombés malades pour avoir mangé "le serpent qui a tout gâché".
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Mélange de français et d'anglais, la langue qu'elles recréent sous forme d'onomatopées "Ohlala" et d'expressions toutes faites détournées (Bonjour Bonsoir) se présente au spectateur comme autant de rébus à déchiffrer. Un humour caustique nait de la répétition notamment de ces "Yes" et "peut-être" qui ponctuent toute la pièce.
Écrite en 1968 et présentée en même temps que "Le Shaga", le texte se revendique de l'héritage de Beckett et du nouveau roman. Véritable spéculation sur le langage, la trame nait de la déformation de la langue et non de son agencement, une activité ludique qui plaisait à Duras et lui permet d'engager une réflexion critique sur la construction des idéologies et sur l'importance de la mémoire pour la survie de l'espèce. Une forme d'écriture qu'elle appelait "la voie du gai désespoir".
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Mise en scène par Michael Delaunoy dans le plus grand dépouillement, présentée dans une forme contemporaine dénuée de tout artifice scénique ridicule, le spectacle rend au manuscrit sa force et sa densité créatrice. Parfaitement intégré et restitué avec la fraîcheur qu'il requière par ses trois interprètes Chloé Struvay, Jeanne Kacenelenbogen et Baptiste Blampain, le texte ne rate aucune de ses flèches. Sobre, quasi claustrophobe, l'esthétique est aérée par une orchestration des corps conçue par Johanne Saunier, chorégraphe, et ce, pour un impact poétique saisissant dans cet univers militarisé.
Une fable futuriste qui ne cesse d'étonner et d'interpeller.
Palmina Di Meo
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Sorti en Corse une semaine avant la sortie officielle, le film est déjà un succès public. Il faut dire que la pièce avait déjà attiré plus de 100000 spectateurs dans toute la France.

Fred (chef de clan féru de Descartes), Achille, Max et Belette forment une catastrophique équipe de bras cassés. Après le lamentable fiasco de leur dernier casse, ils tentent un nouveau coup, histoire de se refaire. En lisant le magazine "Voici", ils ont l'idée géniale de kidnapper une star en vue de demander une rançon substantielle. Après plusieurs hésitations, leur choix se porte sur Sophie Marceau, prestigieuse invitée du festival de Cannes. Mais lorsqu'ils retirent le sac que Francis la Belette (Éric Fraticelli), le "cerveau de Méduse" du gang, a jeté sur la tête de leur victime pour ne pas être reconnu, ils se retrouvent face à une parfaite inconnue dont l'identité se révèle bien embarrassante.

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Révélé dans "L’Enquête corse", aux côtés de Jean Réno et Christian Clavier, un an après son premier succès cinématographique "Permis de construire", Éric Fraticelli revient avec l'adaptation de son texte "Le Clan, le fiasco du siècle", écrit à l'origine par la télévision et dont il tirera finalement une pièce à succès en compagnie de ses complices de la série "Mafiosa": Jean-François Perrone, Denis Braccini et Philippe Corti. Joséphine de Meaux incarne la surprenante et intrépide Jocelyne Bompart, celle qui a été prise pour Sophie Marceau. Cette dernière a d'ailleurs une scène dans le film, scène que Fraticelli a écrite in extremis à sa demande.

12273415860?profile=originalFilm de réparties, de "gueules", de gags et de surprises (la fin est différente de la pièce de théâtre), écrit dans un esprit sacré de franche camaraderie, avec des moments de tendresse aux savoureux accents corses, cette farce ne manquera pas de plaire à tous les amateurs de rire facile.

Produit par Richard Caillat avec un budget inférieur à 2 millions d'euros, le film promet de belles recettes à cet12273416101?profile=original amoureux de théâtre, directeur de quatre salles dont le théâtre de la Michodière et le théâtre de Paris, une passion accessoire pour ce spécialiste en marketing.

Teasers:
https://www.youtube.com/watch?v=3amHJn369b8
https://www.youtube.com/watch?v=YjCpWQ4ivV4

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Une revue sous le signe de (des) Molière.

La Revue des Galeries 2022 – TRG

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Touche d'originalité pour la version 2022 de la revue des Galeries: le french cancan n'est plus le clou du spectacle mais la culture et le féminisme lui volent la vedette pour une version qui se veut moins potache et plus engagée.

12273417289?profile=original« Face à la bêtise, la culture est le rempart, le meilleur », une culture bien mise à mal et qui passe au second plan face à toutes les crises qui sapent le moral des citoyens et plongent les politiciens dans un nuage de perplexité improductive. Pour preuve, notre Premier Alexander de Croo, qui plus que jamais joue avec les "rrrr" pour meubler ses nébuleuses interviews et masquer la stérilité des discours "réformateurs" qui tournent à vide.
Alors, histoire d'inverser les rôles, pourquoi pas une remise d'Oscar par portefeuille politique. Jean-Baptiste Poquelin, en VIP de l'événement, n'a d'ailleurs aucune hésitation à replacer nos stars du gouvernement dans ses pièces.

Et qui mieux que l'auteur de "L'école des femmes", dont on fête les 400 ans, pour superviser une revue placée sous le signe de l'émancipation et de "Balance ton porc". Depuis 2018 à la tête de la revue, Alexis Goslain, qui a fait ses armes dans le genre avec "Sois belge et tais-toi", entend bien continuer à renouveler le genre et pour l'occasion il a confié l'écriture de la revue à un trio de femmes. Angélique Leleux, Bénédicte Philippon, et Marie-Sylvie Hubot relèvent le défi de placer cette édition sous un angle revendicateur en rendant hommage aux grandes dames qui ont marqué l'histoire sans oublier d'évoquer la 33ème cérémonie de remise des Molières et la polémique autour du discours Metoo.

Dans la rubrique consacrée aux artistes disparus en 2022, impossible de faire l'impasse sur Arno et Olivia Newton-John.

12273418457?profile=originalLa revue des Galeries, la plus ancienne en Belgique, héritière du music-hall et du cabaret, a toujours la cote auprès du public. C'est une tradition bien belge de finir ou de commencer l'année en allant se détendre au Théâtre des Galeries qui brille de mille feux pour l'occasion. Unique en son genre, elle reste l'événement satirique que l'on attend dans un esprit bien belge avec son folklore local, un show qui mêle joyeusement tous les arts de la scène.

Bernard Lefrancq, inépuisable dans sa rétrospective des pistes cyclables les plus farfelues, fait mine d'annuler le sketch pour mieux revenir. Vous n'oserez peut-être plus vous engager "à vélot" dans le square Montgomery après la dissection des pièges qui vous y attendent. Vous voilà pris en otage pour 1 km de rigolades.

Palmina Di Meo

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Chez Charlotte et Dany on réveillonne en famille avec petits fours, chapon farci, champagne et alcool que l'on tient plus ou moins bien.
Comme dans toutes les familles, il y a ceux qui ont "réussi" et les loosers. Et comme dans presque toutes les familles, il y a le grand ado qui ne descend de sa chambre que pour le dessert qu'il mange en regardant son écran.
Chez Charlotte (Odile Mathieu) et Dany (Pierre Lafleur), un agent de footballeur pas plus honnête qu'il n'en faut, ce soir de réveillon est un peu particulier. On vient d'enterrer le grand-père, Papy Edouard, qui ne laisse derrière lui que quelques bricoles et pas trop de regrets. Pas question d'annuler le réveillon!
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C'est Charlotte qui a eu l'idée de glisser sous le sapin des cadeaux anonymes à piocher, cadeaux à 5 euros max. "Une idée débile dans une barraque à 3 millions" dixit Jefferson (Thibault Packeu), le fils que Dany a eu avec Anna sa première femme ("la plus belle femme de Bruxelles"), toujours présente dans les conversations familiales au désespoir de Charlotte qui en devient hystérique.
Pour l'occasion, Will (Thibaut Nève), vieil ami de Dany et ex d'Anna, vient de débarquer de Londres avec sa nouvelle compagne Ariane (Bwanga Pilipili), une époustouflante vénus d'ébène, cadre supérieur dans une banque suisse.
L'ex beau-frère de Dany et oncle de Jeff, Stéphane (Fred Nyssen), rocker dans la cinquantaine, artiste méconnu et sans le sou, a retrouvé parmi les legs de Papy Edouard quelques photos et BD qu'il compte glisser sous le sapin en même temps que de vieux CD de ses mémorables concerts dans l'un ou l'autre café de la capitale.
12273414888?profile=originalTout se passe cahin-caha jusqu'au moment où Will se rend compte que parmi les cadeaux figure "Tintin au Congo" d'Hergé que Stéphane a spécialement réservé à Jeff. Will, juriste international bien-pensant et bien pédant, explose la soirée. Montant sur ses grands chevaux, il en fait une affaire d'état et la soirée devient une tribune où le passé colonial de la Belgique ainsi que les affinités politiques douteuses des ascendants familiaux refont surface sous les regards indifférents de Jeff et Ariane qui apparemment à mieux à faire qu'entrer dans la mêlée.
Albert Maizel, co-directeur du TTO, signe ici un véritable vaudeville avec des personnages croqués sur des gabarits de BD. C'est de son expérience personnelle du racisme en société que le spectacle tire son souffle. "Ca vous tombe dessus quand vous avez vraiment mais vraiment autre chose à faire ou que les circonstances ne s'y prêtent absolument pas"..." Loin de vouloir refaire un énième procès du colonialisme, l'objectif est ici de revendiquer le droit à l'indifférence en tant qu'Africain quand LE "sujet" vous tombe dessus au moment le plus mal choisi. Le personnage d'Ariane, central dans le dilemme qui déchire la tablée (fallait t'il offrir ce cadeau dont personne ne se souvient du contenu) ou le brûler, va donner à l'intrigue une tournure inattendue comme un bol d'air frais après une soirée orageuse.
Nathalie Uffner offre au spectacle une mise en scène soignée assistée par Charly Kleinermann pour un décor qui dynamise la pièce. Tout se passe dans la cuisine cossue des hôtes, une manière d'éviter une discussion assise qui aurait alourdi les propos. Ici les portes claquent, les confidences se libèrent et le frigo en prend un coup!
12273415072?profile=originalOn ne peut que recommander ce spectacle qui n'a pas la prétention de faire débat mais reste un moment de franche détente grâce à l'interprétation impeccable et typée de tous les comédiens. 
Palmina Di Meo
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Eric Lartigau, le réalisateur de "La famille Bélier" revient en ce début d'année avec un nouveau film: « Cet été-là », chronique familiale librement adaptée du roman graphique en noir et blanc des cousines canadiennes Jillian (écriture) et Mariko (dessins) Tamaki. Après "Je suis là", Eric Lartigau souhaitait faire un film sur la famille dans lequel il pourrrait parler des peurs et des questionnements sa propre pré-adolescence et du rapport complexe aux adultes à cet âge de la vie.

Co-écrit avec Delphine Gleize, une amie de longue date, le récit est transposé dans les Landes, une région que tous les deux connaissent bien et où Eric Lartigau passait ses vacances quand il était enfant.

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C'est ainsi que nait l'histoire de Dune, 11 ans, qui passe ses étés dans la maison que ses parents (Marina Foïs et Gaël Garcia Bernal) possèdent en région landaise "avec tout ce qu’il peut y avoir de tragique dans ces paysages de forêts de pin à perte de vue" selon Delphine Gleize. Elle y retrouve Mathilde (Juliette Havelange), 9 ans, son amie d'enfance. L'année dernière, la famille n'est pas venue à Seignosse et Mathilde a hâte de revoir sa complice des 4OO coups et de partager de nouveaux secrets avec elle.
«Ce sera le plus bel été de notre vie !» assure le père durant le voyage. Mais la tension est palpable dans le couple et d'emblée on sent que cet été sera révélateur. Une joie feinte qui déteint sur le moral de la jeune Dune et l'ombre de non-dits qui risquent de gâcher les vacances.

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Alors Dune filme. A l'aide d'une petite caméra qui ne la quitte jamais, elle garde la trace de tout ce qui lui arrive sous forme d'un journal intime imagé pour en fixer le souvenir car dit-elle, elle ne sera pas toujours là... Une envie de fuir peut être due à la conscience de n'être plus le centre du monde de ses parents. Dune se retrouve cet été-là partagée entre le repli sur soi de sa mère, la mélancolie hispanique de son père, les élucubrations sur le sexe de Mathilde et son propre rapport au monde alors qu'une partie d'elle-même a déjà quitté l'enfance pour l'adolescence et le désir de se faire reconnaître en tant qu'adulte.
12273413856?profile=originalSa mère n'arrive pas à surmonter ses problèmes intimes et professionnels. Au chômage à cause d'une perte d'odorat, elle ne semble plus en phase avec le monde qui l'entoure. Son couple bat de l'aile, son amitié avec la mère de Mathilde (Chiara Mastroianni) est mise à mal. Dune cherche à comprendre les réactions des adultes et n'hésite pas à se mêler de ce qui ne la regarde pas, à donner des conseils que personne ne lui demande, quitte à se fourrer dans des situations délicates et en dépit des reproches qui lui sont faits à cet égard.
Inlassablement sa caméra garde trace de l'évolution de sa vie et ce sont ces souvenirs filmés qui vont peut-être lui révéler le secret qu'elle pressent mais dont elle est maintenue à l'écart...

Rose Pou-Pellicer, pour la première fois à l'écran et castée parmi 4000 candidates, confère à Dune une gravité et une maturité empreinte d'espièglerie sauvageonne et un entêtement comique qui la conduiront à vivre des aventures périlleuses comme la charge d'un sanglier lors d'une expédition nocturne. C'est d'ailleurs une anecdote tout droit sortie de l'enfance de Lartigau qui fut pris en chasse avec un groupe d'amis alors qu'ils étaient allés fumer en cachette dans un bois.

De beaux portraits de femmes sur trois générations (avec Angela Molina dans le rôle de la grand-mère) que signent Eric Lartigau et Delphine Gleize, film empreint de sensations et d'émotions plus que d'explications. Il est dédié à Nadine, la soeur de Eric et sa collaboratrice, décédée durant le tournage. "Le film est Nadine, il est moi qui regarde Nadine et mes émotions".

A VOIR DES LE 4 JANVIER AU CINEMA.

Palmina Di Meo

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TOÂ- Sacha Guitry égal à lui-même

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Vaudeville explosif pour le spectacle de fin d'année de la Comédie de Bruxelles avec Toâ, une des pièces les plus introspectives de Monsieur Guitry. On connait bien sûr l'art de Guitry de parler de lui-même et de ses expériences conjugales au théâtre mais ici la mise en abyme vie privée/vie publique est particulièrement fusionnelle.

Le rideau s'ouvre sur une fracassante crise de nerf d'Ecaterina, la maîtresse de Michel Desnoyers (Daniel Hanssens), un homme de théâtre à succès. Après avoir brisé en coulisses une partie du mobilier, Ecaterina (Christel Pedrinelli) rompt avec son compagnon sans donner d'explication. Michel, resté impassible face à la fureur dévastatrice de sa slave amoureuse, décide d'en faire le sujet de son prochain spectacle. Ce sera sa soeur, la belle Françoise de Calas (Stéphanie Van Vyve), femme de son ami Fernand, qui se glissera dans la peau d'Ecaterina tandis qu'il tiendra son propre rôle... dans son propre bureau reproduit à l'identique sur scène avec ses propres domestiques dans leur propre rôle et particulièrement la fidèle Maria (Marie-Hélène Remacle), comédienne innée pratiquant tous les jours l'art de la dissimulation. Bref de quoi créer une illusion parfaite et on s'attend à découvrir l'épilogue de l'histoire. Seulement voilà, Guitry n'est pas seulement le maître de la répartie mais aussi un virtuose de la surprise. Et la pièce de Michel Desnoyers va prendre une tournure inattendue quand Ecaterina s'introduit dans la salle pour vérifier ce qu'il aura le culot de dire d'elle...

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Ecrite en 1949, Toâ est une réplique à un quolibet dont l'affublaient ses critiques: Monsieur Moâ. "Pauvres sots qui me reprochez ma façon de dire moi. Si vous étiez de mes intimes, vous sauriez comment je dis toi..." Guitry se plait à se glisser ici dans la peau d'un double pour une auto-critique et une fabuleuse leçon sur les ressorts de la comédie. La pièce rompt déliberemment le quatrième mur et opte pour une modernité qui nous rend Guitry proche et vulnérable. Un tour de prestidigitateur virtuose et rusé.

Mise en scène soignée, décor grandiose tout droit sorti des caves des Galeries, costumes de rêve, tout a été minutieusement préparé pour un succès. Mais ce qui fait la réussite incontestée du spectacle, c'est le talent des comédiens, tous si naturels et exubérants à la fois. Ils rendent à Guitry son panache et prouvent que son théâtre n'a rien de désuet mais que la fougue et la passion traversent les siècles sans prendre un pli.

Un spectacle idéal pour une soirée de détente et de rires.

Palmina Di Meo

Toâ – Comédie de Bruxelles (comediedebruxelles.be)

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EDMOND - Triomphale comédie de vie !

EDMOND (theatrelepublic.be)

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Fin XIXème dans le Paris des grands boulevards où Feydeau règne en maître, Edmond Rostand, jeune auteur et père de deux enfants, a enchaîné quelques bides. Sa situation financière est au plus mal. Il doit absolument trouver l'idée géniale qui lui permettra de regagner la confiance de son épouse, la poétesse Rosemonde Gérard. Son amie Sarah Bernhardt pour laquelle il a écrit "La princesse lointaine", une pièce qui vante la beauté légendaire de Mélissinde, princesse de Tripoli, lui présente Constant Coquelin, acteur fétiche aux multiples démêlés avec la Comédie-Française, qui voit en Rostand un idéaliste talentueux. Il accepte de promouvoir Rostand à condition que ce soit dans une comédie ! En panne d'inspiration, Rostand promet pour les fêtes de fin d'année un chef d'oeuvre en vers qu'il doit écrire en un temps record et dont il n'a que le titre : "Cyrano de Bergerac"... et une caractéristique physique : un nez énorme ! inspiré des écrits de Théophile Gauthier à propos du nez de Savinien de Cyrano de Bergerac, libre penseur et polémiste que Rostand admirait beaucoup et peut-être, qui sait ?, du nez retroussé de Coquelin qui s'était vu refusé le rôle de Néron au Théâtre de la Renaissance par Sarah Bernhardt en raison du "comique de son nez ouvert à tous les vents, humant la joie de vivre".

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Théâtre dans le théâtre, "Edmond" nous immerge dans la création d'une oeuvre mythique du théâtre français, véritable miracle d'improvisation d'un auteur sous pression qui s'inspire de son entourage et de ses propres émotions pour créer un personnage poétique et tourmenté élevé au rang d'archétype. Michalik, considéré comme le génie du théâtre français contemporain, l'abonné aux Molières, s'empare du contexte de l'époque pour recréer la genèse et l'ahurissement de la première au Théâtre de la Porte-Saint-Martin le 28 décembre 1897 face à un public en délire qui plébiscite l'oeuvre par de multiples rappels pour une durée d'ovations de plus d'une heure alors que personne ne croyait à cette oeuvre, à commencer par Rostand lui-même. Michalik, pour autant, ne se rêvait pas metteur en scène mais réalisateur. C'est l'absence d'intérêt des producteurs pour faire d'"Edmond" un film qui le pousse à se tourner vers la scène. S'inspirant du "Shakespeare in Love" de John Madden, compilant tout ce qu'il trouve sur Rostand et Cyrano, fignolant par des touches personnelles, empruntant à tous les genres - cinéma, séries, feuilletons, romans d'aventures-, la pièce est présentée au tout-Paris par le Théâtre du Palais Royal le 15 septembre 2016. C'est un triomphe. Michalik a très bien compris les attentes des spectateurs du XXIème siècle: du rythme, des rebondissements, des gags, des changements de décors aussi rapides que les plans au cinéma... Bref, du divertissement populaire comme seul le XIXème siècle pouvait en offrir. Alors, l'esprit de troupe est poussé à son point culminant, une poignée de comédiens se démultiplient en une foule, pas de vedettes mais des rôles interchangeables, des changements de costumes en direct, des acteurs qui montent et démontent le décor pour un total de 80 tableaux différents. C'est tellement rapide que l'on s'y perd. Couronné de 5 Molières, le succès qui semble intarissable permet à Michalik de tourner le film 3 ans plus tard et il reçoit deux nominations aux Oscars. Une belle histoire faite pour durer...

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Le Public choisit la pièce pour fêter les 25 ans du théâtre en septembre 2019 dans une distribution belge qui n'a rien à envier à la version française. Et c'est un accueil tout aussi enthousiaste qui récompense les prestations des 12 comédiens qui s'affairent en scène pendant que le public s'installe, ressuscitant l'ambiance des cabarets et des théâtres de la Belle Epoque. Et puis le spectacle démarre au son des 3 coups. On roule le tapis. Monsieur Honoré, le tenancier de taverne qui fait office de transition, nous emmène dans les coulisses du théâtre de la Renaissance, chez la maniérée Sarah Bernhardt (Sandrine Laroche) qui rentre d'une tournée américaine pour créer "La princesse lointaine". En dépit de la cadence effrenée, la mise en scène de Michel Kacenelenbogen ne lésine pas sur les exigences de décoration et l'ameublement d'époque.

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Côté distribution, Tristan Schotte est un Edmond rongé par le doute, acharné à l'écriture au milieu des travaux domestiques. Il est encouragé par son ami Christian (David Dumont) qu'il va aider à séduire Jeanne alias Elsa Tarlton (alias Roxane). Perrine Delers incarne une Maria Legault capricieuse, brutalement évincée du rôle de Roxane en dernière minute. Itsik Elbaz s'impose dans la double veste de Coquelin/Cyrano et nous enchante avec la fameuse tirade du nez, moment magique entre tous. A la fin de la représentation en 1897, Coquelin ne s'était'il pas tourné vers Rostand : « Ça c’est un rôle ! Je lance le vers dans la salle et je le reçois en écho sur le nez ».

Entre réalité et fiction, nous voilà plongé pendant deux bonnes heures dans le monde bigarré et saltimbanque des "artistes" du XIXème et dans le désastre des répétitions de la pièce aux disputes et aux chamailleries incessantes. On se régale des évocations de personnages illustres comme Méliès, Feydeau, Labiche, Courteline, Ravel, Tchékov et des détails de mise en scène de l'époque héroïque de Rostand.

Un excellent moment à vivre surtout en pleine connaissance du contexte.

Palmina Di Meo

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