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Publications de Yvette Hulin (83)

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TIRES-TOI DE LA QUE J' M'Y METTE...

 

J’observe les hérissons qui squattent ma baignoire depuis la fin de l’automne… Ils font un bruit d’enfer. Le plus sympathique des deux essaie vainement de faire avancer son congénère qui pousse des grognements sensés lui enlever toute envie de continuer…

Il faut dire qu’il lui bloque le passage le plus direct menant à sa pitance : croquettes pour chat, pomme et raisin en petits morceaux, une cuiller à soupe d’émincé de poulet en sauce et le petit bout de madeleine quotidien… Mes petits copains d’une saison sont de fins gourmets.

Rebroussant chemin, il a la sagesse de ne pas continuer l’affrontement… Le bruit cesse et il finit tout de même par accéder à la gamelle dépourvue maintenant de la douceur tant convoitée.

L’être humain devrait observer plus souvent le comportement animal. Il en tirerait des leçons de vie qui donneraient à la terre l’envie de tourner dans le bon sens. Non pas qu’il faille s’écraser sous le joug, mais lorsque ce n’est pas vital, accepter de prendre un autre chemin qui agrée tout le monde, ne pas « jeter de l’huile sur le feu », hausser les épaules et se dire qu’après tout, ça n’en vaut pas la peine…

Les petites boules de piquants, une fois repues, sont reparties au dodo… Elles se sont adaptées à la vie diurne de la maison mais somnolent pratiquement toute la journée. Je ne les relâcherai dans la nature qu’une fois sûre qu’il n’y aura plus de gelées nocturnes… Ils ne s’en remettraient pas. D’autant plus que le plus caractériel des deux (en est-ce la cause ?) traîne sa propre « boule de chagrin » : un amas de crasse récolté durant sa toute petite vie en liberté. Il n’a pas ma chance. Le vétérinaire refuse l’opération parce qu’il risque d’y perdre la patte et donc, d’être condamné. Mais quelle sera sa vie en liberté ? Je suis assez pessimiste en ce qui le concerne. C’est pourquoi j’ai pris la décision de rester « hors-la-loi » et de continuer à veiller sur eux.

Je leur aménage un petit « studio » dans ma remise. Ils pourront ainsi vivre en semi-liberté jusqu’à l’hiver prochain. Nous nous partagerons alors encore l’utilisation de ma baignoire.

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LES YEUX D'YVETTE

« Dieu nous a créé avec 2 yeux, il suffit de fermer celui qui voit ce qui ne va pas et alors la Vie est bien plus facile et belle. » (Olivier Lamboray)

Jusqu’à aujourd’hui, j’ai pratiqué ce qu’on m’a toujours enseigné : ouvrir l’œil et le bon…

Il y a bien longtemps, j’avais longuement réfléchi à cette expression et j’en étais arrivée à la conclusion que, pour atteindre une cible, on fermait un œil. C’était pareil pour les proportions en dessin, ainsi que pour tous les métiers qui nécessitaient une grande précision.

A force d’ouvrir l’œil, il a vu… Tellement de choses : les bonnes comme les mauvaises… Il savait faire le tri… Il n’était pas stupide… Il était d’ailleurs plutôt optimiste… Avait confiance… faisait confiance… se faisait confiance.

Et puis, un jour, subitement… Comme ça, sans crier gare… Sans doute parce que le bon œil avait trop de larmes, était fatigué, un peu gonflé… L’autre œil s’est ouvert.

Il était las qu’il n’y en ait jamais eu que pour l’autre… Il voulait, lui aussi, avoir sa part de vision des choses de la vie. Mais il avait peu d’expérience et, à force d’être fermé, ne voyait plus que ce qu’il voulait bien voir… Et devenait de plus en plus l’œil des « oui mais »…

Le bon œil, remis de ses émotions, lui disait : « regardes, comme le monde peut être beau… » Alors, il lui répondait : « oui, mais, vois combien il y a de boue… »

C’était devenu invivable mais que fallait-il faire ?  J’avais très souvent envie de m’arracher les yeux… Cela aurait été plus simple d’être aveugle… J’aurais alors pu pleurer sur moi-même et trouver ainsi des âmes compatissantes. Mais je refuse la compassion.

Me mettre le doigt dans l’œil ? Non, cela fait trop mal… On finit toujours un jour par y voir clair et on s’en veut d’avoir été trop naïf…

Je marchais à l’aveuglette… Cette situation me sortait par les yeux, au point que, je ne pouvais en fermer aucun de la nuit. J’aurais tant aimé que quelqu’un me fasse de l’œil… Tellement de jolies choses peuvent se passer entre quat’z yeux. Mais là encore, je devais avoir le mauvais œil. Ou bien, j’avais eu les yeux plus gros que le ventre : ces yeux là ne me voyaient pas. Et puis, il ne fallait pas avoir froid aux yeux pour oser faire les yeux doux…

Alors, une solution évidente me sauta aux yeux : bien que ça me coûte les yeux de la tête, je leur ai offert une paire de lunettes à verres progressifs. De près comme de loin, ils auraient une meilleure vision des choses. Ils m’étaient utiles tous les deux. Je ne pouvais avoir les yeux en poche. Parfois, certaines choses ne sont que poudre aux yeux. Il faut avoir l’œil… D’autres fois, il faut les regarder d’un bon œil…

A propos, savez-vous qu’ils ont la couleur de la Mer du nord ? Gris quand le ciel est maussade et bleus quand il fait soleil…

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FINALEMENT, RIEN QUE LUI...

Je pense être asociale…

Si je n’ai aucune difficulté de m’intégrer dans un groupe quel qu’il soit (dans le cadre de mon boulot, du syndicat ou de mes cours), c’est tout à fait différent dans ma vie de tous les jours.

Je ne m’arrête en rue que si quelqu’un m’interpelle, pendant les courses que si on vient à moi… Et que dire de ma sortie au « Vieux Moulin » où j’ai préféré rester à l’intérieur plutôt que de consommer en terrasse, dans un cadre magnifique et ensoleillé ?

Les murs me rassurent… J’ai choisi une place un peu en retrait, face à l’entrée. Je pouvais y observer le va-et-vient. Peu à peu, je me suis fondue dans l’espace, je suis devenue invisible. Personne ne s’intéressait à moi… Même le serveur m’avait oubliée.

Les structures, elles, me font sortir de ma coquille… Après une courte période d’observation des protagonistes, je m’investis totalement. Je participe aux activités, aux échanges. Je peux aisément gérer des groupes, faire les pires pitreries ou même mener des combats si je le juge utile.

J’ai toujours aimé l’école. J’aurais souhaité ne jamais en sortir… C’est sans doute pour cela que j’adore tout ce qui est formation. L’éducation perpétuelle est, pour moi, des plus gratifiantes. Non seulement elle nourrit mon intellect mais je m’y sens à l’aise entre personnes sensées avoir des objectifs semblables.

La solitude me pèse… Je pense que l’être humain est un animal qui ne peut vivre qu’en compagnie. Nous avons tous besoin les uns des autres, du plus humble au plus précieux. Nous avons reçu le don de la parole, des mots à ne savoir qu’en faire et beaucoup d’entre nous ne savent ou n’osent s’exprimer. J’en suis.

Je sais aussi que jamais je ne pourrai faire confiance à quelqu’un qui ne fera pas partie de ma bulle. Tant pis pour moi, sans doute.                                                                                                 J’avais d’ailleurs tellement espéré… mais je ne suis probablement pas la bonne personne, celle qui ferait battre son coeur. Je ne me fais plus d’illusion. Je me contente d’être moi-même en taisant mes sentiments.

 

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MON BOUT DU MONDE

"Le bout du monde et le fond du jardin
contiennent la même quantité de merveilles."

C Bobin

 

Beaucoup s’en étonnent, certains pensent que j’ai oublié de vivre.

J’ai pourtant été grande voyageuse. Mais vu que nous avions peu de moyens et des animaux, nous n’avons pas souvent quitté le pays.

Dans cette société de profit, de clinquant et de poudre aux yeux, il est de bon ton de parler de lointaines contrées et de s’approprier l’autochtone comme si on était encore en période coloniale.

Il fallait entendre, lors de nos pauses, à la rentrée, les conversations sur les effets de la cuisine thaïe expérimentée sur place, les cloques aux pieds sur les sentiers de montagne, les estomacs ulcérés à cause de mets mexicains, les coups de soleil attrapés au bord de la piscine en Egypte, les comparaisons entre tous les clubs Med du monde entier… Pas grand-chose sur les conditions de vie des habitants de l’endroit, sur la beauté d’un visage, sur une rencontre extraordinaire…Finalement, j’en apprenais plus en regardant un reportage de Nicolas Hulot.

Peu de monde me demandait, connaissant ma situation pécuniaire, si j’avais passé d’agréables vacances… Et pourtant, je n’avais pas arrêté de voyager… J’étais partie en croisière sur le Canal du Centre, pris l’ascenseur à bateaux de Strépy, visité toutes les grottes, dégusté sur place toutes les bières d’abbayes, la plupart des châteaux, quelques brasseries typiques, des musées, des villages antiques reconstitués, les plus belles contrées de notre beau pays. Nous ne partions pas en conquérants mais allions à la rencontre des gens du cru qui avaient toujours quelque belle histoire à raconter. Nous écoutions parler les sources, les arbres, les plantes… Immanquablement un petit animal curieux nous rendait visite… Le bonheur à portée de main. Et nous rentrions dormir dans notre lit.

Je ne voyage plus, je n’en éprouve pas le besoin… Les paysages sont restés intacts dans mon esprit. Avec mon espace en double : la place de mon compagnon de vie et la mienne accolées pour s’imprégner de la même vision, des mêmes sensations… Seule, j’ai dû me réapproprier cet espace… J’ai revu peu de choses depuis son décès, elles n’avaient plus la même saveur, le même aspect… ne me rassuraient plus. Alors, j’ai limité mes sorties et j’ai commencé à voyager en rêve… Me suis inventée une forêt où me réfugier quand il faisait sombre dans ma vie. Sa magie m’a permis de tenir debout… Une période transitoire dans une vie sans amour.

Il me faut maintenant découvrir les merveilles du monde qui m’entoure, celles qui me permettront de faire un pas en avant. D’oser prendre une autre main et faire un bout de chemin…

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PAS DE QUOI DEPLUMER UN ANGE...

Il y n’y a plus de colère en moi depuis bien longtemps. Je suis incapable d’en vouloir à qui ce soit, pas même au Bon Dieu. Mais de là à tout accepter… Entre Lui et moi, les relations sont parfois quelque peu tendues. J’ai travaillé pour Lui pendant des années. Je suis une rebelle, on s’engueule parfois. Je négocie, je revendique et puis, les choses finissent par s’arranger d’elles-mêmes.

Si l’on admet que je suis l’œuvre du Bon Dieu, plus que celle de mes parents… Cela m’agrée mieux ainsi… Eh bien, je me trouve pas mal réussie. Depuis peu de temps, je l’avoue. Mais je ne me plongerai plus dans les Saintes Écritures pour trouver des réponses à mes questions.

Si j’avais vécu à l’époque de Jeanne D’Arc, j’aurais été brûlée sur le bûcher par les bigotes de ma paroisse. Je n’ai jamais entendu des voix mais quelque chose en moi me dit que vivre sa foi, c’est tout simplement faire au mieux chaque jour et être tolérante en acceptant toutes les différences, y compris la mienne.

Si j’avais eu une armure, je n’aurais pas autant souffert de la méchanceté ou de l’indifférence. Et je n’ai que l’amour pour seule arme. J’ai encore la faiblesse de croire que toute violence engendre la violence mais que l’amour déstabilise. Il faut tout de même relativiser… Je ne m’aventurerai pas à tenir angéliquement de tels propos face à certaine faune qui hante les rues une fois le soir tombé. Disons que je ne déteste personne.

Si les miracles sont de jolis contes, ma manière à moi de marcher sur l’eau consiste à réaliser des choses qui me semblent hors de portée. Un pas à la fois… Et si je plonge, je sais nager. J’aime, mais je n’ose l’avouer. Alors, je rame…

Pêcheur d’hommes… La barque aux mille poissons… Que ferais-je de tous ces hommes alors qu’il suffirait qu’un seul, tout proche, fasse le premier pas.

« Je suis la servante du Seigneur », « Qu’il en soit fait selon ta volonté »… Je n’ai jamais été humble, j’ai toujours traité d’égale à égal… Et puisque ma religion me permet une grande liberté et me dit que Dieu nous laisse libres, pourquoi choisirait-Il celui qui me comblerait ? Je suis une grande fille, je sais ce que je veux et tant pis si je me trompe…

Si j’ai mal en ne rencontrant que l’indifférence de l’élu de mon coeur. Alors, j’invente un Paradis qui souffre, des anges démembrés, martyrisés…Mon impossible quête d’amour, l’angoisse de ne pas avoir assez de temps à le vivre, la peur de faire souffrir si je donnais toute la tendresse que j’engrange en moi…

Alors, je reste tantôt avec mes illusions… tantôt avec mes désillusions… Et je martyrise des anges imaginaires pour éviter d’avoir mal puisque je n’ose…

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29 FEVRIER...

Que faire de tout ce jour en plus ?

2012… année bissextile… jour cadeau du temps… comme cela… pour le plaisir…

Certains diront que le temps, c’est de l’argent… Un peu plus à déposer dans l’escarcelle…

Imaginons un joli paquet oublié sous le sapin… Tout un jour à utiliser au mieux… à perdre… ou à gaspiller… au choix de chacun…

Qu’en ferais-tu, toi lecteur ?

Et toi, le centenaire du 29 février aux vingt-cinq printemps ? Irais-tu compter fleurette ou te remémorerais-tu les guerres et les luttes, les petits et les grands bonheurs tout en levant ton verre de jus de pommes ?

29 février, frileux perturbateur… Que ferais-je de toi, maintenant que chacun de mes jours n’est que ce que je veux bien en faire ? Vais-je devoir te vivre en attendant le mois suivant ou bien vais-je te regretter ?

Je ne peux t’ignorer… Je refuse de te subir…

Un cadeau qu’il est impossible de refuser… Mais je n’ai rien demandé au temps… Pourquoi se fait-il soudain bienfaiteur de l’humanité ?

Et pourtant, tout bien pesé… Un jour en plus pour me permettre d’être un jour plus jeune plus longtemps… Notre anniversaire retardé d’un jour… 29 février : fontaine de Jouvence ???

J’en redemande chaque année !!!

 

 

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Une journée

En trois lignes, c'est tout notre quotidien qui défile. Le bruit doux de la pluie m'a réveillé. Une nouvelle journée s'ouvre, "on traverse le temps, une date, une journée et puis elle est traversée », cesse. Ni grand bonheur particulier à en attendre, et on l'espère ni grande peine. Une journée. 

(Marguerite Duras)

Depuis le début de mon séjour à la clinique dans cette aile qui ne devrait pas être la mienne, j’ai essayé de vivre chaque journée comme si elle était unique…Heureusement, pour cela, j’ai eu l’aide des infirmières trop contentes d’échapper pendant quelques instants à des patients incontinents, revendicatifs ou agonisants…

J’aurais sans doute pu finalement avoir une autre chambre en chirurgie, plus adaptée à mon cas, mais je m’en étais arrangée, me disant qu’une journée passée était une journée de gagnée et que ça n’en valait vraiment pas la peine.

On décrie l’impatience et la fougue de la jeunesse… Mais qui vit encore 24h sur 24 en immersion dans le monde de la vieillesse ? Je l’avais déjà fait… Ce qui m’avait privé de jeunesse… Pourtant, quand je suis née, ces ‘vieux’ là avaient mon âge actuel… Mais ils avaient connu les deux guerres et leurs privations, ils s’octroyaient donc le droit d’être égocentriques, méchants, revanchards… Et on le leur laissait, parce que c’était ainsi… parce qu’on n’imaginait pas qu’il puisse en être autrement. On leur devait bien ça.

Les années ont passé… Ils se sont bien vengés des guerres… Ceux qui restent n’ont pas changé… Ceux qui sont venu s’ajouter sont pareils…

Ah ! L’impatience et la méchanceté de la vieillesse… J’y suis en pleine immersion… M’excusant presque de n’être que crucifiée sur mon lit alors que leur leitmotiv est leur douleur chronique (qui disparait bizarrement quand ils pensent qu’on ne les voit pas), leur droit d’aînesse et leur transit qu’ils surveillent la montre en main…

Une nouvelle nuit à passer en compagnie d’une adepte du Lexotan… pris dès huit heures… Ronflements assurés… Peu m’importe, je décale ma nuit puisqu’il m’est impossible de lire ou de regarder la télévision… Sous peine de ne pas échapper à la litanie des malheurs de Marguerite à devenir vieille… Sous-entendu que, moi, la jeune, je ferais bien d’en tenir compte.

Je l’ai fait… Elle a alors trouvé d’autres prétextes, d’autres moyens d’être encore plus désagréable… Mais tellement attendrissante pour des oreilles complaisantes.

Me rendant compte que j’étais tout de même ici pour aller mieux et que la vitesse de mon rétablissement était directement proportionnel avec mon mental, il fallait que je trouve rapidement une solution…

J’avais fait des concessions, cela n’allait pas à sens unique…

Je n’ai jamais pratiqué le judo mais je sais que la technique est d’utiliser la propre force de l’adversaire contre lui-même…

Une conversation animée eut alors lieu… Ne lui laissant pas le temps de jouer à ce qu’elle faisait le mieux… Une fois acculée, elle faisait celle qui perdait tous ses moyens (« quelle affaire de devenir vieux, n’est-ce pas, j’oublie tout, je perds la tête »)… A d’autres, ma vieille, à force de vivre avec toi, j’ai pu voir que tu n’étais qu’une vraie peau de vache…

Face à face… mes yeux lui reflétaient ce qu’elle était vraiment… J’étais moi aussi capable de faire des coups en douce… d’exiger parce que je payais pour ça… et de lui rendre la vie plus impossible encore qu’elle ne pouvait l’imaginer…

Je l’ai entendue dire à une amie venue lui rendre visite que j’étais méchante… J’avais gagné, elle avait peur de moi. Je ne lui ferai rien de méchant, ce n’est pas dans ma nature et je continue de « pratiquer » le couvre-feu à l’heure des poules, mais elle me respecte enfin.

Elle est en train de ronfler à l’heure on ne peut plus matinale où j’écris ces lignes… Une nouvelle journée commencera bientôt… A la cadence des changements de couches, des petits déjeuners boudés parce que ce n’est plus une heure… Hier, il était servi avec une vingtaine de minutes de retard… des toilettes interminables… des transits observés et décrits avec minutie… De préférence alors que vous vous délectez de votre première biscotte trempée dans du bouillon,  votre seul repas permis depuis dix jours…

Elle part dans deux jours… Rétablie d’une gastro due à un aliment périmé qu’elle aurait ingurgité… Son baluchon encombre la chambre trop petite pour deux lits… Je n’arrive pas à manœuvrer correctement le pied à perfusion qui me permet un peu de liberté… Cela ne la dérange que quand j’utilise ses propres arguments : « quelle affaire de subir une telle opération… Et dire qu’avant, j’aurais pu porter ça sans problème mais maintenant, il faut bien que je me débrouille comme je peux »

Le sac est alors déplacé en grommelant… dans un endroit tout aussi improbable. Le fossé des générations n’est pas prêt à se combler…

Deviendrais-je, moi, une délicieuse petite vieille ? Mes petits-enfants m’imaginent déjà en sorcière…C’est donc raté pour moi…

Les premiers oiseaux diurnes commencent à chanter… je vais profiter de ce que la salle d’eau soit libre… Avant que Marguerite ne s’éveille et ne décide de mettre son transit à la bonne heure…

Une nouvelle journée commence qui me rapproche lentement mais sûrement de l’heure de la libération.

 

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Quel est le pourcentage de chances pour que trois événements tout à fait improbables s’entrecroisent et se déroulent sous mes yeux ?

Sans doute autant de chances qu’a un joueur du Lotto de gagner le gros lot… Et ce, sa vie durant.

Ce qui me donne à penser qu’il existe bien une vie après la vie… Que celui qui « tire les ficelles » a beaucoup d’humour…

Telle une actrice jouant contre son gré dans une pièce de la commedia dell’arte, je me suis retrouvée durant ces deux jours une nouvelle fois en dehors de ma vie… En dehors de mes pas…

Or donc, ma tante m’avait téléphoné le jour d’avant pour me présenter ses vœux… Une première… Jamais, dans la famille, on n’aurait pu imaginer qu’une aînée présente ses vœux en premier…

Les autres années, nous nous rencontrions chez mes parents le premier jour de l’an…

Moi qui ai tellement souffert d’un manque d’amour… De reconnaissance… Je l’entends me dire que j’avais toujours été différente et que c’est ça qu’elle aimait chez moi…

J’étais sur mon petit nuage… Même si cela ne venait pas de mes parents, au moins quelqu’un dans la famille m’acceptait pour ce que j’étais…

Maman m’avait invitée à aller manger le lendemain… Ce qui m’arrangeait bien : j’évitais ainsi de mettre mon fils mal à l’aise et moi d’avoir mal au cœur puisque, je savais que la smala se déplacerait pour les vœux chez mes parents… Ils ne devraient ainsi pas subir ma présence.

Ce que j’ignorais, c’est que mon oncle et ma tante feraient pareil…   

Quand je l’ai vu, je sus qu’il était devenu obsolète d’encore lui en vouloir… Il avait perdu de sa superbe… J’avais en face de moi un petit vieux qui essayait à chacun de ses pas de ne pas perdre l’équilibre… La petite fille qui essayait de l’éviter, lui et ses caresses malsaines, était devenue une dame élégante et pétillante… sûre d’elle.

Nous étions donc tous en train de siroter notre verre… Papa, lui, comme à son habitude s’agrippait à ses bouteilles… Rhum et coca… Un cocktail détonnant et décapant… La famille a maintenant l’habitude d’ignorer ses méchancetés et il finit toujours par se recroqueviller sur lui-même… Nous égrainions tous nos souvenirs… Vraiment un excellent moment…

Tout à coup, papa sort de sa torpeur et me regarde comme s’il me voyait pour la première fois…

Il me parle de ma nouvelle coiffure… Il me voyait ainsi depuis septembre, mais bon, il aimait ça… Et puis se retourne fièrement vers mon oncle en lui parlant de moi… Je ne me souviens plus de ses paroles exactes…

Mon oncle voyant ma réaction lui demande de répéter parce qu’il n’avait pas bien compris… Papa répète mot pour mot ce qu’il venait de dire…

J’ai sans doute été très expressive… Mon oncle a prétexté d’aller fumer dehors se doutant bien que j’allais le suivre… Ce que je n’aurais jamais osé faire avant…

Il m’a confirmé que j’avais bien entendu : papa aimait mon nouveau moi… Tout comme il avait toujours aimé ce qui faisait ma différence !!!

Et c’était après tout ce temps qu’il le disait ! J’avais failli rater cela… Et il aurait sans doute oublié une fois dessoulé mais je n’en demandais pas plus…

Le troisième événement est arrivé après leur départ… Comme un enchaînement dans le déroulement de la pièce…

Mon fils est arrivé seul ne s’attendant pas à me voir…

On s’est embrassé… Il ne m’a pas parlé… Moi non plus… Je n’ai pas ressenti d’animosité… Mais il est encore long le chemin…

 

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BONNE ET HEUREUSE ANNEE...

Une nouvelle année commence avec son cortège de faux-culs et de résolutions burlesques…

Moi, j’ai éliminé les uns et les autres…

Les premiers, de la manière ‘laissez vos coordonnées, on vous écrira’

Et les autres, pourquoi en prendre puisqu’on sait pertinemment bien qu’on ne les tiendra pas…

Tout de même, et ce n’est pas la première fois que j’entends ça, un vœu qui me revient souvent… Et même de la part de certains de ma bulle… Est celui du bonheur…

C’est super, on me souhaite d’être heureuse… J’apprécie…

Toutefois un peu moins ce qui suit, parfois… Et, je me répète, ce n’est pas la première fois que j’entends ça…

De toute manière, si tu n’en n’as plus après, tu l’as déjà eu… Tu sais ce que c’est, toi au moins… Tu peux très bien en vivre de son souvenir…

Je ne dis rien… L’enfer est pavé de bonnes intentions…

Je n’aurais tout de même pas été contre de pouvoir encore en profiter… Fût-ce qu’un jour en plus… Et j’espère bien ne pas en rester là…

Mais me dire que, parce que j’ai goûté un jour au vrai cuberdon de notre enfance, je suis obligée de me contenter d’un ersatz ou de plus rien du tout…

Non, messieurs, dames, le bonheur, le Graal de chacun d’entre nous, s’il est à notre portée, qu’on en ait déjà profité ou pas, faut pas penser qu’on peut en vivre de son souvenir…

Ca se prend à pleines mains, se hume, se goûte toujours et encore… Et je ne suis pas la dernière à vouloir en profiter !!!

 

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"Tout cela est triste et obsolète. Te souviendras-tu encore de moi? Parfois même moi, je ne me souviens plus de moi. Je me regarde dans la glace et c'est un étranger que je vois

Antonio Lobo Antunes

 

Certes (j’ai toujours rêvé d’écrire ce mot… Un petit plaisir personnel… Voilà qui est fait), tout ceci est bien triste…

Mais grâce à la technique qui me vient de Merlin, je n’ai plus ce poids sur l’estomac…

Quelque chose me reste toutefois au travers de la gorge…

 

Ce sentiment d’injustice et d’incompréhension : qu’ai-je bien pu faire pour mériter cela ???

Ce « châtiment » me semble bien inutile parce que je ne changerai pas, sachant que, si je faisais marche arrière, tout recommencerais et je ne m’en sentirai pas mieux pour autant…

 

« Faire avec » selon une expression très actuelle… Composer avec cette insatisfaction et ce manque tout en restant moi-même et en avançant au mieux…

 

Je me raccroche à ces belles paroles : « Père, pardonnes leur, ils ne savent pas ce qu’ils font »…

Je pense qu’ils croient qu’Il n’a rien à leur pardonner puisque c’est moi la mauvaise… Je n’ai pas à intervenir dans cette affaire entre Dieu et eux…

J’ai déjà tellement à faire avec mon ego… Puisque j’en suis encore à me dire que je n’ai pas mérité cela… Je continue de manquer de cette humilité qui me fait penser que je mérite quelque chose

 

La petite fille qui était en moi n’a sans doute pas mérité cela… Elle a déjà tellement lutté… Elle aurait enfin droit au repos…

 

Si elle sait maintenant qu’elle ne sera jamais cygne blanc, le rose lui convient parfaitement…

Cela n’empêchera toutefois pas qu’un jour, elle puisse danser le lac des cygnes…

 

En y travaillant… Il n’y rien qui ne soit insurmontable dixit Merlin.

 

Il est pourtant vrai que si les autres ne me reconnaissent pas, il m’arrive bien souvent de me dire : « est-ce bien moi qui dit ou fait cela ? »…

S’il m’a fallu quelques jours avant de reconnaître mon image physique à chaque fois que je passais devant un miroir, je ne me suis pas encore habituée à mon nouveau moi…

Tant que passera encore, fût-ce que l’ombre d’un doute dans mon ciel, mes chaussons de danse me feront mal…

 

Et pourtant le doute est constructif… Merlin, toujours lui, dit qu’il vaut mieux boiter sur le bon chemin qu’avancer d’un bon pas sur le mauvais…

Cependant, ce n’est pas en boitant qu’on devient danseuse étoile…

 

Quand je me regarde dans le miroir, j’y vois une palette de couleurs… Très vives… Assez jolies… Qui me conviennent en tout cas…

Et, à la place du cœur, un grand trou… noir.

Les fameux 15%, Merlin…

Comment y remédier ?

Alors que, c’est le seul endroit que je ne puisse gérer…

L’amour, l’amitié ne peuvent jamais aller à sens unique…

Mais comment peut-on m’aimer si, même la chair de ma chair, émet des doutes en ce qui me concerne ???

 

Devant mon miroir, je ne vois plus que ce trou noir… Et, j’ai peur qu’un jour, il m’aspire toute entière…

 

 

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LE JARDIN DU SAGITTAIRE

                                                               

Merlin ayant retrouvé sa baguette magique reçut un jour un appel désespéré de Phoenix…

Elle était tombée dans un bosquet rempli de ronces et avait fait un énorme trou dans le pull que l’enchanteur lui avait offert…

Elle était griffée de partout… La douleur était immense…

Le mouton dont la laine aurait pu raccommoder le chandail folâtrait à Brocéliande…

Merlin était fort occupé mais il prit le temps de redescendre des étoiles dont il faisait provision de poussières… Quelques-unes scintillaient encore sur son visage  quand il frappa à la porte de Phoenix…

Ils parlèrent longtemps… Enfin surtout lui… Contrairement à son habitude, Phoenix ne parvenait pas à s’exprimer…

Il la prit enfin par la main et lui fit découvrir un chemin de la forêt magique qu’elle ne connaissait pas… Celui entre ciel et terre… Qui menait au jardin du Sagittaire, le seul centaure qui avait l’intelligence du cœur…

Un chemin purificateur et lumineux… D’une indescriptible beauté… Et qui sentait bon les aromates : thym, lavande, citron et cannelle… Jasmin et eucalyptus…

Chemin faisant, il lui expliquait le bienfait de tisanes confectionnées avec ces plantes si on y ajoutait un peu de miel…

Tout ce qui manquait à la petite magicienne en ce moment…

Ils n’arrivèrent pas au jardin mais elle en connaissait maintenant le chemin…

Merlin dût hélas repartir vers les étoiles…

Tellement de choses allaient de plus en plus mal depuis son départ qu’il serait trop accaparé par le travail… Il fallait qu’il récolte un maximum de poussière d’étoile…

On ne peut retenir un enchanteur… Et si la douleur est toujours bien ancrée en elle, Merlin lui a laissé la formule pour raccommoder son pull sans pour cela devoir détricoter un mouton imaginaire…

 

 

 

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NOSTALGIE... Extrait de "Des illusions"

Depuis que des sommités telles que le roi de Prusse et l’impératrice de Chine, sont venues s’installer dans la rue de Phoenix, plus rien n’est comme avant…

Sans se hanter, les voisins avaient un code de la convivialité et de l’entraide… Chacun savait quelle place ou quel rôle il avait à tenir auprès des autres…

Quand vous rentriez tard, il y avait toujours bien un morceau de parking pour vous garer… Et si, malencontreusement, il arrivait que l’un ou l’autre empêche une voiture de manœuvrer, on trouvait normal de demander gentiment de bien vouloir déplacer le véhicule encombrant…

Tout cela se faisait en toute simplicité, avant… Avant leur arrivée… Un jour comme cela, sans crier gare … Des cris ! En effet, on en a entendu… beaucoup… pour tout et pour rien… Des disputes aussi… Jusqu’à ce que certains en soient venus aux mains…

Phoenix était bien contente de ne pas avoir de voiture… Cela lui permettait d’être au-dessus de la mêlée et de pouvoir encore s’entendre avec tout le monde… Et comme elle ne prenait parti ni pour les uns ni pour les autres, tous l’aimaient bien.

Pourtant, il lui semblait que les choses se dégradaient lentement mais sûrement… La police était souvent appelée à la rescousse… Comme ce matin, par exemple… Il ne faudrait plus longtemps pour mettre le feu aux poudres… Elle en avait bien peur… Elle avait quelques voisins « sanguins » et l’irréparable allait bientôt se commettre.

Des armes… Elle n’ignorait pas qu’à la campagne, beaucoup en possèdent encore… Malgré l’interdiction légale et l’obligation de déclarer les armes de chasse… Qui sortirait la sienne en premier ???

 

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GALETANUS LE MAGICIEN

 

 

Dans le monde moderne, le temps fait de sérieux ravages…

Phoenix n’y échappe pas : si elle n’a pas encore besoin de lifting, de nombreux fils d’argent parsèment sa longue chevelure sans couleur…

Elle manque d’entrain… On dirait que toute la magie, la pétulance qui émanaient d’elle s’éteignent peu à peu…

Nymphea, ayant échappé à la vigilance des espions de Melodia, en est désolée pour son amie…

Jamais à court de ressources, elle lui présente, un magicien qu’elle a connu dans une autre vie à Brocéliande : Galetanus, grand prêtre du bon goût et de la beauté…

Il avait quitté la forêt magique suite à un coup de cœur pour une belle mortelle qui, depuis l’avait laissé tomber… Cruelle déception, mais il n’en était pas mort… Au contraire, son charme et son flegme faisaient de lui  la coqueluche de toutes celles qu’il rencontrait…

Leurs époux n’y voyaient que du feu puisqu’il les rendait plus attrayantes, plus désirables…

Il en restait néanmoins très énigmatique… Et c’était bien ainsi… Son cœur ne battait pour aucune d’entre elles…

Il gardait son petit jardin secret qui lui permettait de souffler un peu à chaque fois qu’il quittait le lieu où il officiait.

Que dire du Temple de la beauté ? Entre hall de gare et salon de thé… Le Grimoire des Secrets transposé dans la réalité… Chacun, chacune y déposait ce qu’il voulait bien… Le bon comme le mauvais… Galetanus veillait à ce que tout se passe au mieux pour tous…

Il était secondé par quelques lucioles, amies de Lucille, qui avaient préféré le suivre hors de Brocéliande… Lui-même avait bien connu Maurice au temps où ce dernier poussait encore le bouchon trop loin… Ils étaient d’ailleurs restés en contact mais Galetanus recevait peu de nouvelles depuis que Melodia avait mis son dictat sur la forêt magique.

La première entrevue entre le magicien et Phoenix se déroula on ne peut mieux… Mise immédiatement en confiance, elle accepta qu’il la transforme… Il était très doué et la petite magicienne plutôt docile…

Elle n’était plus celle que Merlin avait connue… Puisqu’elle n’avait pas su le retenir, il faudrait qu’elle se débrouille sans le pouvoir de l’amour pour rester éternellement jeune…

Elle n’ignorait toutefois pas que les pouvoirs de Galetanus étaient limités… Elle était à l’automne de sa vie… L’hiver venait vite dans le monde réel… Mais elle comptait bien en profiter et ne rien laisser au hasard.

 

Quelques coups de ciseaux magiques… Un peu de poussière d’étoile… Une palette permettant des mélanges de couleurs illimités… Deux ou trois incantations… Et Galetanus, le magicien aux doigts de fée redonna un nouveau printemps à notre petite magicienne !

Elle venait le voir à chaque fois qu’elle manquait d’un peu de peps… Il lui redonnait de la couleur… En prenant beaucoup de plaisir à discuter de choses intéressantes…. Elle appréciait tout particulièrement l’humour avec lequel il traitait ses clientes… Il ne leur envoyait pas dire… Le paquet emballé dans un joli papier doré… Toujours avec le sourire… Mais c’était dit quand même !

 

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LE DEFI (extrait de "Des illusions"

Phoenix aimait relever les défis.

C’était l’histoire de toute sa vie : sa naissance malgré qu’on ne voulait pas d’elle… Sa survie alors, qu’à cette époque la médecine lui prédisait un avenir plus que précaire et, à tout le moins, peu confortable… Dépasser les limites territoriales permises en s’asseyant tout simplement derrière les piquets repères… Se marier pour être enfin libre… Parvenir à faire cohabiter l’eau et le feu et ne faire plus qu’un avec son être d’exception…

Même les nombreux animaux improbables qui avaient partagé son  existence s’étaient merveilleusement entendus : Jimmy, le hérisson qui prenait le « taxi Youcky », le groenendael en s’agrippant à sa queue… Malika, le furet qui faisait des bisous aux cobayes… Na Nouh, la pékinoise qui a toujours ignoré qu’elle n’était pas un chat… Blub, la moule qu’elle avait sauvé du carnage… D’innombrables grenouilles et lézards… Une tourterelle… Des dizaines d’oiseaux qu’elle aurait préféré voir voler dans la nature…

Elle avait toujours eu un don avec les animaux… Ils lui rendaient bien l’amour qu’elle leur donnait…

Ce n’était pas toujours le cas des humains…

Elle n’avait pourtant jamais baissé les bras et dépensé toute son énergie pour être aimée d’eux… En vain pour certains.

On lui avait appris à se battre… Avec tout ce qui pouvait se mouvoir : pieds, poings, genoux… Même avec ses forces chancelantes, elle devrait encore être capable d’étaler un adversaire animé de mauvaises intentions…

Mais jamais à aimer… Elle était pourtant sa pire ennemie : à chaque fois qu’un possible amoureux s’approchait d’elle, elle commençait à devenir agressive… Ou trop hautaine, voire glaciale… Ca en avait déjà refroidi plus d’un…

Elle n’avait pas eu à se battre pour conquérir son être d’exception… Il s’était donné à elle corps et âme… Mais il fallait qu’elle continue de se battre pour reconquérir l’amour de Merlin…

S’il n’était pas en danger avec Mélodia, elle lui aurait souhaité tout le bonheur du monde…

Si elle ignorait encore que la fée était la complice de Viviane, elle sentait que, rien chez elle n’était naturel… Il fallait donc qu’elle ouvre les yeux de Merlin. Mais très adroitement, sinon, il se braquerait en pensant que tout cela n’était que pure jalousie…

Elle devait impérativement amener Melodia à commettre une erreur qui lui mettrait la puce à l’oreille. Mais ce n’était pas gagné d’avance : un homme amoureux est souvent aveugle…

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VIVANCE

 

Revoici le brouillard de novembre

Avec son long cortège de douleurs

Mais, je ne veux plus être membre

Du club des défaitistes amateurs

 

Ils sont là-bas, ceux des cimetières

Et moi, ici, debout et enfin vivante

Gardez pour eux toutes vos prières

Et votre compassion dégoulinante

 

Bienvenue à vous dans mon monde

Acceptez que je ne sois plus l’autre

Et mon excentricité et ma faconde

Mes rêves très éloignés des vôtres        

 

Voici ma main : nous pouvons faire

Ensemble un petit bout du chemin

Je ne veux pourtant  vous déplaire

 Aussi j’arrête ici cet éternel refrain

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NON MERCI...

 

Je n’en veux pas de votre automne

Ne compte-t-on l’âge en printemps ?

Je refuse d’être gentille bobonne

De vivre enfin il est plus que temps

 

Et puisque je suis née en automne

J’exigerai mon premier printemps

Et ses émois même si je grisonne

J’ai jusqu’ici assez perdu de temps

 

Et si je ne connais plus d’autre été

J’aurai vécu une belle vie à l’envers

Conjuguée au présent sans le rêver

Ni avoir peur du trop lointain hiver

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Phoenix se traîne… Elle est au jardin, lieu propice à la réflexion.

Elle n’arrête pas de penser à celui pour lequel son cœur bat…

Elle n’a plus reçu ni bisous ni nouvelles de lui depuis belle lurette.

L’a-t-il oubliée ? A-t-il trouvé mieux à Brocéliande ? Préfère-t-il garder ses distances ? N’était-elle pour lui qu’une passade ?

Elle sait qu’elle n’est pas de celles qui attirent immédiatement l’attention… Merlin, lui, n’a que l’embarras du choix… Elles ne demandent toutes qu’à lui tomber dans les bras…

Un enchanteur enchante, n’est-ce pas ???

Et puis, il a un de ses sourires à vous faire fondre immédiatement… Un sens de l’humour qui est du meilleur ton, attentionné, galant… Comment ne pas tomber amoureuse de lui ?

Mais cette Mélodia ne lui dit rien qui vaille… Un homme, tout magique qu’il soit, n’en reste pas moins un homme… Et elle a tous les atouts pour faire tomber le plus fidèle d’entre eux…

La nuit est tombée depuis longtemps… Mais il fait si bon… Et puis toutes ces étoiles… Elle songe aux poupées magiques et à tout le travail qu’elles ont… Rallumer toutes les étoiles de ceux qui n’ont plus d’espoir… En cette période morose, elles ne doivent pas chômer…

Soudain, à ses pieds, se pose doucement une petite étoile toute frêle… Mais si lumineuse que  la nuit  paraît être jour… Pas de ceux illuminés par le soleil… Non, d’une autre clarté, plus colorée, plus enchantée… Magique !!!

Elle n’ose la toucher, de peur de l’éteindre… Elle ne veut perdre aucun instant de ce tableau qu’elle ne reverra pas de sitôt…

Lentement, elle se sent envahie d’une douceur et d’une chaleur bienfaisante… L’étoile irradie au fond de ses tripes… Après un long moment, le petit astre s’adresse à elle… Pas de vive voix, non, cela se passe à l’intérieur d’elle…

« Bonjour ! Je suis une de tes bonnes étoiles… Envoyée par les poupées magiques… Très inquiètes… Tu sais que rien ne leur échappe… Elles savent que, pour toi, ce n’est pas la grande forme. »

« En effet, je ne cesse de me débattre. Merlin me manque tant. Avec lui, je me sentais forte, vivante et libre… Dans ce monde, je n’ai personne… Je vis en recluse et mes jours se sont transformés en nuit profonde »

 « La nuit noire et profonde n’existe pas…

Il y a toujours dans le ciel, même s’ils sont cachés par les nuages, une étoile, une comète, un astre lumineux auxquels s’accrocher…

C’est une superbe idée qui permet de rester debout et de continuer d’avancer quand on a tout perdu…

N’empêche que ça ne reste que la nuit… Un jour, il faut se réveiller et vivre en pleine lumière…

Le soleil a cela de plus beau que la lune, qu’il réchauffe, fait grandir et évoluer… »

« En effet, tu as raison… Je ne pense vraiment qu’à moi et je me complais dans la mélancolie… Il est temps pour moi de voir le jour…

Belle leçon de la nature quand j’ouvre la porte… Ce n’est plus la nuit et pas encore le jour…

Les oiseaux de la nuit laissent tout doucement la place à ceux du jour… Bien plus colorés, au chant plus mélodieux… Une mélodie pour moi seule qui respire à pleins poumons cet air que les « vivants » dormant encore n’auront pas l’occasion de respirer…

Cette odeur de nuit qui s’endort… Mêlée à celle de l’herbe couverte de rosée à laquelle la lumière du jour donne une brillance sublime… Il n’y a qu’à ces moments-là que j’ai l’impression de tenir tous les trésors du monde entre mes mains, que j’ai cette sensation que rien ne pourra m’arriver…

Ce n’est pas possible, devant tant de beauté… Je suis vivante !!!

C’est à mon tour maintenant… Nul ne sait ce que sera le jour mais je suis ici et maintenant dans cet instant bien précis…

C’est un peu comme, après les fêtes, quand on remet en place la décoration, une nouvelle année débute… Il est temps de décrocher les étoiles… Une nouvelle vie commence…

Arrêtons de nous chercher des excuses ou des causes de… Ben oui, on ne nous a pas appris à être humains… On aurait voulu que nous soyons des dieux… Ou des statues de pierre…

Oser le bonheur… En adulte… Se réjouir de chaque instant qui n’a pas été mal…  D’un sourire… D’un moment de complicité… Tout ça est au fond de nous… Le plus con est qu’on le sait… On dit « oui, oui », et pourtant…

Tant pis si je n’entre dans aucun moule, si parfois je sombre, si je déteste le vert, si j’ai peur du noir, si je suis fragile… Personne ne me demande d’être autrement après tout… Sinon moi-même…

Et à quoi cela servirait-il ???

Bon ben, la lumière m’attend… »

Ce faisant, elle esquisse un pas de danse tout en agitant la main pour saluer la petite étoile qui regagne lentement le ciel.

Phoenix se sent ravigotée… Merlin ne voulait plus d’elle… Soit, elle n’en ferait pas une maladie… Un jour peut-être, il lui reviendrait… Peut-être pas, on ne peut forcer le destin… Mais il lui avait donné la force de se battre et d’avancer quoi qu’il lui en coûte.

C’était maintenant que tout commençait pour elle.

Même le ciel était attentif à sa petite personne… Les poupées magiques et Nymphea continuaient de veiller sur elle… Rien ne pouvait lui arriver…

 

 

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UN PEU DE PUB...

Ca y est!!! La maintenance est enfin terminée...
Alors, si vous aimez lire, si vous avez envie de faire plaisir...

"S'il-te-plaît, dessine-moi un mouton" est la transposition imaginaire d'une réalité parfois douloureuse...

"Le Septième Paradis", pur produit de l'imagination en partant d'une expression courante "le septième ciel". Pour y arriver, il faudrait donc auparavant passer par les six autres... La suite des aventures de Merlin et de la petite vieille qui était venue frapper à sa porte en lui demandant de lui dessiner un mouton...

"La petite fille qui aimait trop... (les st honorés)" est biographique et ne paraîtra jamais en Belgique pour des raisons personnelles.

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