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Publications de Vandenkerkove Martine (24)

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Recul

 

Meuniers de Ploegsteert rubaniers de Comines

pêcheurs de crevettes lourds brasseurs de houblon

métalos liégeois débardeurs des Ardennes

ketjes bruxellois carolos de quatorze

 

et les jazzmen de blues joueurs de cornemuse

les suçeurs d'érable nos trois cents congolais

moins que rien au grand coeur les goumiers marocains

les chasseurs soudanais les zouaves à chéchia

 

dans nos prés de Flandre où Saint Victor fait pousser

les ailes des anges dans leurs gueules cassées

militairement morts encore mis au pas

fleurissent en bouquets de pierres toutes blanches

 

pions à baïonnettes mais frères dans le sang

alliés par contrainte ennemis allemands

dans de mêmes boyaux mais sous d'autres drapeaux

s'ils se tiraient dessus s'embrassaient à Noël

 

 

Mais comment éprouver leurs corps torches volant

leurs poumons exfoliés leur honte du miroir

la gangrène montant à bord de leurs vingt ans

avant que l'hypérite ait viré à l'orange

 

 

La guerre qui mina mon père dès quarante

me sort des oreilles tant il me fit bouffer

à chaque plat du jour dans un même verjus

du Schleu du Bougnoule du Jap et du Rital

 

moi j'aime la choucroute autant que le couscous

les pâtes all'dente les nems et la moambe

l'or du Rhin de Wagner la Tosca de Verdi

et le théâtre Nô et l'esprit d'Avicenne

 

 

Aujourd'hui le sarin l'anthrax la dioxine

et tout ce qu'on nous cache en Syrie ou ailleurs

Toujours la même histoire en constantes redites

Ypres Nagazaki racines d'amnésie

 

S'enfumer la mémoire et retourner vaquer

choisissant avec soin où déposer les yeux

tant qu'il en est certains qui poussent haut nos cris

pareils à des ballons à mourir dans l'espace

 

Le fou de pouvoir est fossoyeur d'hirondelles

Je ne cultive pas le goût des cimetières

Mais comme grand'père put le faire en dix huit

sans en rien effacer voudrais tourner la page 

 

 

le 11 avril 2014

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Don Quichotte

 

An nom du désamour,

Des cœurs à empaler sur les autels phalliques !

                                  

                                   Donquichottesquement vôtre, je contre !

 

Au nom des sans logis,

Hommes ravalés au niveau de l’hyène,

Qui grattent les reliefs des frigidaires

Dans ce remugle exhalé des poubelles !

 

                                   Donquichottesquement vôtre, je contre !

 

Au nom des gars d’ailleurs

Qui hurlent sans un cri sous nos langues acides,

En s’accrochant, en vain, aux marchepieds des trams

Avec leurs doigts de pied couronnés de légendes

Et sur lesquels on crache !

 

                                   Donquichottesquement vôtre, je contre !

 

 

Au nom des réfugiés,

De leurs bébés « mouchus » fouillant le sable vide,

Et dont les bouches sucent l’eau fétide

Qui les sabre et les déleste au vent !

 

                                   Donquichottesquement vôtre, je contre !

 

Au nom des gosses pré pubères,

Aux regards cillés d’ailes de papillons,

Aux rires pleins d’étoiles de Noël

Que l’on jette en perles aux pourceaux !

 

                                   Donquichottesquement vôtre, je contre !

 

Et pour la  Palestine,

Dont l’unique figuier perd ses feuilles de sang

Dans un jardin fort de ses pigeons d’argile !

 

                                   Donquichottesquement vôtre, je contre !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Et moi, Sancho Panza je dis : tais-toi !

Au nom du confort quasi « démocratique » !

Du saumon surgelé, des asperges en tubes,

Et  de la couardise en nos petits train-train.

 

                        Tais-toi !

 

Alors je chanterai

 

Le pain au saindoux sur la nappe fleurie,

L’eau du cristal au pays de l’Or noir,

L’accès aux droits, du haut jusqu’en bas,

L’excès des fruits porté aux pertes sèches,

La chaleur d’un lit, sous un toit, quand il gèle,

Les espoirs surgis dans les rêves d’enfants !

 

                        Tais-toi !

 

Alors je pleurerai avec ceux  qui implorent

Le  nom du Père !

 

                        Tais-toi !

 

Celui du Fils !

 

                        Tais-toi !

 

Celui du Saint Esprit!

 

                       TAIS-TOI!

 

Et il en fut ainsi...

 

 

 

1982

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l'abandonnée

Au premier croissant de lune,

Sous les étoiles filantes,

Le baptême pour les uns

L’onction  extrême  pour les autres.

 

Nue mais dressée au cœur de nulle part,

Les yeux tendus comme des cordes

Fixent l'envol de mes enfants.

 

À L’usure du bonheur

en mâts ils ont forci.

Un tourbillon de feuilles mortes

Peut chavirer ma coque vide.

 

Ivres et jouissifs ils écument l’été…

Ignorants de l’automne,

Ils  moissonnent ma vie…

 

Ravaler le désir de leur retour.

Faire son plein de solitude

Et subir l’hiver qui leur est prédit…

 

Le chagrin de Narcisse a brisé son miroir

Et mes pensées se torturent en vain

Pour encore sourire…

 

Le 18-19-20 août 2012

 

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Offrande à Notre Dame

Offrande à Notre Dame

 

 

Ta main dépose des cerceaux sur soie d’épaule :

Longs faisceaux palpitants, saccadés, frémissants

Qui ruissèlent luisants sur les nerfs que tu frôles

Et s’en vont incendier au creux des reins, l’instant.

 

Le frisson se faufile au fil de tes caresses

De la tempe à l’oreille en accords irisés.

Ton regard a coulé sur ma bouche l’ivresse

Et tes lèvres ont bu la source d’un brasier.

 

Ah ! Si je l’avais pu ! Pour toi j’aurais vêtu

Mon corps d’un sari pourpre à gouttes d’eau de perle,

J’aurais courbé la nuque au plaisir qui déferle,

Rivé des chaînes d’or à nos tétons têtus…

 

Ah ! Si je l’avais pu j’aurais… marché pieds nus

Des neiges de Norvège aux plaines du lotus !

Je serais devenue…docilement impure

Gracile nénuphar sur tranche de nuit dure.

 

T’aurais-je mieux aimée travestie en poupée

Que je t’aime aujourd’hui avec ces yeux en pleurs ?

…Aimons-nous, je t’en prie ! Offrons nous du bonheur !

Oublions tout de nous ! Epousons la marée !

 

Allumons la verrière au ciel des cathédrales,

Faisons enfin l’amour sur leurs autels glacés !

Offrons à Notre Dam’ cet amour qui cavale

Suintant la chair, la mer et l’homme et le fumier !

 

Ne rougis pas, Marie du fleuve qui transporte

Des rythmes de tam-tam et vient mouiller ta porte !

Ne rougis pas, Marie, de nos corps éclatés

Sans Ave de curé ni honte ni pitié.

 

Nous nous aimons, Marie ! Déflagrés du dedans.

C’est un hymne, Marie, une rose de sang

Offerte à ton sein rond qu’ils ont drapé de voiles

Pour éteindre, Marie, le chemin des étoiles …

 

 

 

Prix de poésie œcuménique Pierre Courcelles 1983

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La "tâcheronne"

 

 

Je suis la «  tâcheronne » des herbes potagères

Mille ans de servitude m’ont collé les talons

 

Et je tonds les chardons de mes petits ciseaux.

 

Pays de solitude et d’amour flamboyant

Me ceinturent d’orage, de lames de couteaux

 

Et je tonds les chardons de mes petits ciseaux.

 

Harcelé par l’ortie, l’espoir plus ne se porte

Sur le noir taureau fou vêtu de lune ardente

 

Et je tonds les chardons de mes petits ciseaux.

 

Un jour la mort viendra, chevauchant des soleils,

Planter un clou d’argent, là, juste entre mes yeux …

 

Lors je tonds les chardons de mes petits ciseaux.

 

 

 

 

Term. Le 1 12 2009 15 5 2012

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Ce Cri de Münch

 

Certains achètent de l'Art

comme d'autres faisaient grimper

aux heures lentes des disettes,

au prix de l'or, celui du blé.

 

En quelque palais forteresse

aux murs armés, vitres blindées,

sous des soleils artificiels,

 

le Cri de Münch s'est encastré

bâillonné d'ouate, anesthésié.

 

Le sable assèche le Niger.

La pluie déserte le manioc.

Le béton rogne la planète.

 

Qu'importe l'alarme stridente

qu'une oeuvre livre libre aux siècles

pourvu que nulle préemption

ne torde leur cou,aux Affaires

 

qui gagnent à faire tourner

carré, le bon sens qu'il nous reste!

 

Ce 4 mai 2012

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Des pans de Cornouailles...

Des pans de Cornouailles s'effondrent...

il n'était pas Tristan,

je ne suis pas...Yseult.

 

Nous étions deux manants

bardés de réglisse et de cuir.

 

Entre ce large sans phare

et ses 'abords de herses violentes;

 

dans cette gabare sans voile,

les mains mortes à la barre,

 

la mer monte...

 

Ce qu'il faut de courage

pour mourir!

 

Ce qu'il en faut pour rompre

ses peurs et vivre!

 

Goût noir, salé ,sans balise;

dents d'écueils aplanies...

 

Quand la mer monte,

je vogue...

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Tu sais

 

Tu sais, j'ai peur du jour où nous serons ensembles,

désoeuvrés, sans enfant, dépouillés d'illusions.

 

J'ai peur du jour qui vient, des paroles trop rares,

des amis clairsemés,de la famille absente...

Etrange solitude que l'on affronte seul

que nous soyons à deux, qu'importe, c'est l'attente.

 

J'ai peur de cet ennui autour de chaque geste,

j'ai peur de mes désirs et des tiens et des nôtres

mais saurons-nous encore la chaleur d'une envie

quand la Mort à l'arrêt happera nos regards?

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Printemps syrien

 

 

Révolutions, guerres civiles

malpropres sont impropres

à la consommation...

 

des savonnettes d'Alep,

des draps d'hammam d'Hama,

des damas,brocarts de soie...

 

Sur leur échiquier, les Nations

jouent au monopoly

avec la vie des hommes

 

ce pourquoi, au Ruanda,

nul,ne leva jamais

à temps, le petit doigt.

 

Mais alors que nous comptons

au pas des blindés en marche

les coups de kalachnikovs,

 

sur les deux rives de l'Orontes,

là où s'abreuvent les norias,

le coton pousse teint de rouge!

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Soyez ma licorne

 

Soyez ma licorne blanche au jardin de Marie,

mes rêves brodés d'or des prés de haute lisse,

 

mon heure buissonnière enjointe de prières,

mon oreille du soir qu'éteindraient vos baisers,

 

mon beffroi de lumière, mes matines brugeoises,

ma fontaine sacrée, mon flûtiste sorcier,

 

mon aria, mon cantique, ma musique de chambre,

mon Pavaroti fou et ma messe des morts,

 

berceuse douloureuse que pour vous j'ensommeille

en vous poussant plus haut que le ciel de mes yeux!

 

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Vénitien du grand Nord où la mer souffle encore

Des embruns de révolte et des éperons d'or.

Mon lissier de ciel vert où sifflent des cerises

Dans le rêve en soutane d'un poète flamand.

Mon jongleur de fuseaux sur coussin de papier.

Mon Van Eyck de grisaille et de bleu délavé.

Mon guide à la main d'or sur les herbes mariales

Mon jongleur de palet sur damier d'aquarelle.

Mon rire de bille d'un gamin dans les cours.

 

En bout de fil d'Ariane, emmène-moi le coeur

Au choeur de pierre vieille où du silence luit!

 

 

Martine Sansnom  extrait des Roulettes Russes

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Je n'irai à Séville

 

 

Je n'irai à Séville, j'en reviendrais déçue.

La foule rocailleuse m'empierrerait les yeux

Et les sueurs des corps gâteraient mes papilles.

 

Je n'irai à Séville tant ses beautés se paient

En petites coupures sans cesse additionnées

Pour ne se laisser prendre qu'entre deux rangs de corde.

 

Je n'irai à Séville. Les brusques bousculades

Des processions baroques me colleraient au mur

Parmi des ex-voto que je ne pourrais lire.

 

Je la rêve si verte sous les pins parasols

Aux longs sabots vernis de vipérines bleues

Quand tournent ronds, fous de soleil, les tournesols.

 

Je la rêve qui plante ses vignes au compas

Et dans un tablier relevé par les coins

Qui recueille avec soin les fruits du cotonnier.

 

Je m'y rêve croquant la caroube et l'amande,

Prisant le poivre doux des pivoines, des roses,

Du fort buisson de myrte et de l'ail que l'on pile.

 

Je ne veux la Séville des guides touristiques,

Je l'aime cognant dur au coeur, sous sa mantille

Dans mon désir puissant et terrible d'agave.

 

Extrait des Voyages de Papier

 

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Premier mouvement

 

Il est des voix enroulées d'océan,

vagues abyssales,et de l'écume jusqu'au pont

où l'oiseau de Noé tombe et se déchire.

Houle insondable, howaiches englouties...

 

Démentiellement investie,

être cet infini en quête d'impossible

à l'assaut de

l'infranchissable.

 

Suffocation d'émotions.

Déchirement sous l'emprise des vents.

Tout tangue et roule et tout me brise!

 

 

 

Deuxième mouvement 

 

Berceuse d'une étoile, surgie...

 

Ecoper la cale et en rire!

Déliés d'alizés et tout l'obscur s'enlise.

 

Terre en vue ou mirage?

Nul ne cueille les mouettes!

Patiente avancée de l'étrave,

la coque glisse au calme qui

de tout délivre...

 

 

 

Troisième mouvement

 

 Joies fruitées,

parfum de cannelle dans les venelles.

 

Concertos d'ocres et de bleus.

 

Le vin tiré se boit d'un trait.

 

Tout s'accélère qui pétille

et l'ivresse

de se prendre la tête entre les mains!

 

La nuit chausse des espadrilles.

Eclairs d'orage en bout de laisse.

Dégaines chaloupées de la vinasse!

 

Trombes de soleil, le temps se précipite.

Sirènes triomphales!

Tous les Tristan vont à la mer

qui happe leur hier.

 

Envoûtement magistral

du futur 

que sifflent les marins à danser!

 

Les mains vides saisissent leur présent

et libres sous le vent,

voguent, s'envolent leurs élans

vers d'autres lendemains

de paix et de tourments...

 

extrait inédit des Petites Partitions de Nuit.

 

 

 

 

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L'eau court à la mer

 

 

Ecoute frémir la mort,

frileuse vigne vierge...

 

Au seuil des maisons

l'ombre glace la pierre.

 

Où sont les roses rouges

fanées à la fenêtre?

 

Vie sourde, ma solitaire!

Le jour charrue la peine...

 

Ne plus vouloir d'hier

lors demain est absent!

 

(extrait des Roulettes Russes)

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écriture

I

Assouplir la rigueur du vers par trop classique.

Abandonner la rime.

Découdre sa ficelle au soupir des césures.

 

2

 

J'aimais la chansonnett(e) qui me berçait jadis

Aux heures ensablé(es) de mes paupières closes

Quand un ange en sourdin(e) m'ensorcelait le coeur.

 

Martine Sansnom

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Mikhaël Glinka

 

Embrasement des coeurs

Poussant leurs semelles.

 Ventres éblouis.

 

Saillantes nudités

En robes de soie.

 

Flamboiement du sang

Brûlant la main qui prend

La femme qui se tend

Aux tourbillons de feu.

 

Brisures de miroirs

Sur les parquets cirés.

Saint-Petersburg s'est tu!

 

(Extrait des Petites Partitions de Nuit)

Martine Sansnom

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pédophilie 2

 

 

Je n'avais pas menti, maman

Quand mon coeur d'enfant

Tombé droit des étoiles

Tremblait sous l'aile de l'oiseau...

 

Je n'avais pas menti, maman

Et tu coupas ma langue

Avec ton infatigable couteau

A trancher le cou des poules...

 

 

 

Martine Sansnom le 23 décembre 2010

Extrait d'Irelande

 

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