Ces mélopées chantant Paris me déchirent
Rendent mélancolique et éperdue mon âme
Qui vibre à sa vie, son souvenir,
L’évoque en maints tableaux, soupire.
Ne sais pas comment me suis extraite de mon Panam
Comment j'ai fait pour brusquement partir.
Inconcevable quand vous savez
Qu’à son Paris,
Le titi parisien a le cœur vrillé
Et qui loin de lui
Dans une autre vie
Ne peut s'imaginer.
C’est évident pour lui :
Paris c’est le nombril du monde !
Il ne veut s’exiler
Dans la France profonde.
Rien n’est mieux
Mais ennui
Et banlieue
Partout à la ronde.
Loin de lui,
Sa peine est profonde.
Et partout ailleurs,
Il se languit,
Se meurt.
Mais il y eut ce chantage sans appel,
Quand je voulus reprendre activité,
D'abandonner Paris
Sans délai !
Et de quitter toute ma vie,
Mes parents, mes amis,
Ma capitale si belle.
Alors je voulus à tout prix
Protéger et donner à ma fille,
Lui sauver notre drôle de fantôme et flottante famille
Après tout ce qu’elle avait déjà enduré sur terre pour venir.
Elle, qui dès le départ avait failli mourir.
Veiller à ne plus la léser ni la faire encore souffrir
Avec son paternel qui ne faisait qu’aller et venir,
Ne voulant lui-même décrocher de son Occitanie, sa terre
Et ne pouvait "couper le cordon" d’avec sa mère
Ne faisant qu’à moitié se donner, venir et puis partir.
Après tous ceux refusés par l'Exigeant,
Et de toutes les directions émergeant,
Quand vint du Destin l'Appel
De la petite école de Neuchâtel
J’y sentis le signe lumineux du Ciel.
Et eus l'intuition de laisser reposer la nuit
En questionnant mon Ange pour guider mon salut
Au lieu de me bloquer dans la peur, le refus.
Était-ce le signe qu’il fallait à mon passé mourir ?
Ne plus m’y accrocher mais au futur m’ouvrir ?
Or, la nuit présenta l’ouverture d’une grande clarté
Qui me poussait pour aller vers ma destinée.
Et lorsque j’arrivais au-dessus du lac de Neuchâtel,
Je pus voir rayonner cette immense clarté.
Sa luminosité à l’infini tout l’horizon ouvrait,
Sa lumière chantait comme promesse dans le ciel.
Une seule fois, en ce premier 1993 été
Puis plus jamais, avec regret
Sur mon passé me suis retournée :
A presque 1 500 mètres sur le sommet,
Près du Louverain, tout-en-haut, j’étais arrivée
Et voyais s’étendre à l'infini la paisible contrée,
Tout en bas de mon Geneveys-sur, petit Village
Qui à 900 mètres en dessous se tenait.
C’était beau ! Mais immense, illimité !
Un tel choc inconnu ce nouveau paysage.
Je fus soudain complètement dépaysée.
La peur panique me prit.
Où était toute ma vie,
Mes amis, mon Paris ?
Le bord de ma Seine, mon doux rivage
Et la Tour Eiffel
Qui au loin se détachait dans mon ciel ?
Non ici, c’était la chaîne des Alpes immaculée
Un magnifique décor de rêve qui en face s’offrait.
Même si j’étais la plupart du temps
Avec ma petite enfant de 5 à 8 ans,
Esseulée.
Et tout autant
Que les deux-trois précédentes années,
J’étais si heureuse d’avoir ma place retrouvée
Et avec les petits enfants de vivre et œuvrer.
C'est là, depuis Neuchâtel
Que se sont épanouis et développés
Tous les potentiels de ma créativité,
Un flot de dons du ciel.
Non seulement, l'école je portais,
Ses réunions et ses fêtes très gaies,
Mais dans l'enthousiasme, je remplissais
De belles et riches doubles journées.
Avec passion, durant des jours entiers
Des décors de fêtes féériques je créais
Qui les petits et grands émerveillaient.
Jamais autant que dans ce rude hiver premier,
Dans la solitude des soirs, inspirée,
Concentrée, j’ai si bien créé et écrit :
Toutes les "rondes de saison gestuelles" en poésie
Qu'avec les enfants nous avons pu vivre et danser
Avec bonheur et joie tout au long de l'année.
Puis soudain tout a basculé,
L'équilibre s'est fragilisé
De notre mini pédagogique communauté
Son existence fut menacée
durant de rudes années
Jusqu'à devoir clore, fermer.
La confiance fut trahie, abusée.
Tout devint chaotique et désespéré,
Se déchaînèrent folie et méchanceté.
Alors ne pouvant plus vivre, respirer
Je voulus à tout prix partir
A l'autre bout du monde fuir,
Échapper aux forces destructrices, sorcières.
Dans les pires épreuves me soutint la lumière.
Douloureux au possible mais nourrie de sublime clarté,
Je rêvais que j’étais contrainte, attachée par le pied
- Et de ma destinée-sacrifice ne pouvais déroger -
Je servais un "celtique" initié dans la clairière,
Sans le voir, mais toute environnée,
Soutenue de sa grande lumière.
En haut, dans la montagne là tout prés,
Où dans son creux notre village se blottissait.
Il devait certes notre petite école protéger.
Qui sait, en être l'âme, l'inspirateur sacré.
A Neuchâtel, si tant et trop, j’ai souffert
La force j’ai développée pour un édifice fonder.
Et ce riche apport poétique pour les enfants offert
Tous les jours m’apporte encore joie et lumière.
Alors Paris,
Si tu m’appelles encore dans tes bras,
Si émue, je t'aime et te revois
Et craque encore si fort pour toi ...
Sache que je ne te reviendrai pas.
J’aime trop la vie que j’ai créée là
Et mon cœur ici
Revit et s’épanouit.