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Publications de Josette Gobert (307)

Trier par

les pauvres gens Victor Hugo

Il est nuit. La cabane est pauvre, mais bien close.
Le logis est plein d'ombre et l'on sent quelque chose
Qui rayonne à travers ce crépuscule obscur.
Des filets de pêcheur sont accrochés au mur.
Au fond, dans l'encoignure où quelque humble vaisselle
Aux planches d'un bahut vaguement étincelle,
On distingue un grand lit aux longs rideaux tombants.
Tout près, un matelas s'étend sur de vieux bancs,
Et cinq petits enfants, nid d'âmes, y sommeillent
La haute cheminée où quelques flammes veillent
Rougit le plafond sombre, et, le front sur le lit,
Une femme à genoux prie, et songe, et pâlit.
C'est la mère. Elle est seule. Et dehors, blanc d'écume,
Au ciel, aux vents, aux rocs, à la nuit, à la brume,
Le sinistre océan jette son noir sanglot.

II

L'homme est en mer. Depuis l'enfance matelot,
Il livre au hasard sombre une rude bataille.
Pluie ou bourrasque, il faut qu'il sorte, il faut qu'il aille,
Car les petits enfants ont faim. Il part le soir
Quand l'eau profonde monte aux marches du musoir.
Il gouverne à lui seul sa barque à quatre voiles.
La femme est au logis, cousant les vieilles toiles,
Remmaillant les filets, préparant l'hameçon,
Surveillant l'âtre où bout la soupe de poisson,
Puis priant Dieu sitôt que les cinq enfants dorment.
Lui, seul, battu des flots qui toujours se reforment,
l s'en va dans l'abîme et s'en va dans la nuit.
Dur labeur ! tout est noir, tout est froid ; rien ne luit.
Dans les brisants, parmi les lames en démence,
L'endroit bon à la pêche, et, sur la mer immense,
Le lieu mobile, obscur, capricieux, changeant,
Où se plaît le poisson aux nageoires d'argent,
Ce n'est qu'un point ; c'est grand deux fois comme la chambre.
Or, la nuit, dans l'ondée et la brume, en décembre,
Pour rencontrer ce point sur le désert mouvant,
Comme il faut calculer la marée et le vent !
Comme il faut combiner sûrement les manoeuvres !
Les flots le long du bord glissent, vertes couleuvres ;
Le gouffre roule et tord ses plis démesurés,
Et fait râler d'horreur les agrès effarés.
Lui, songe à sa Jeannie au sein des mers glacées,
Et Jeannie en pleurant l'appelle ; et leurs pensées
Se croisent dans la nuit, divins oiseaux du coeur.

III

Elle prie, et la mauve au cri rauque et moqueur
L'importune, et, parmi les écueils en décombres,
L'océan l'épouvante, et toutes sortes d'ombres
Passent dans son esprit : la mer, les matelots
Emportés à travers la colère des flots ;
Et dans sa gaine, ainsi que le sang dans l'artère,
La froide horloge bat, jetant dans le mystère,
Goutte à goutte, le temps, saisons, printemps, hivers ;
Et chaque battement, dans l'énorme univers,
Ouvre aux âmes, essaims d'autours et de colombes,
D'un côté les berceaux et de l'autre les tombes.

Elle songe, elle rêve. - Et tant de pauvreté !
Ses petits vont pieds nus l'hiver comme l'été.
Pas de pain de froment. On mange du pain d'orge.
- Ô Dieu ! le vent rugit comme un soufflet de forge,
La côte fait le bruit d'une enclume, on croit voir
Les constellations fuir dans l'ouragan noir
Comme les tourbillons d'étincelles de l'âtre.
C'est l'heure où, gai danseur, minuit rit et folâtre
Sous le loup de satin qu'illuminent ses yeux,
Et c'est l'heure où minuit, brigand mystérieux,
Voilé d'ombre et de pluie et le front dans la bise,
Prend un pauvre marin frissonnant, et le brise
Aux rochers monstrueux apparus brusquement.
Horreur ! l'homme, dont l'onde éteint le hurlement,
Sent fondre et s'enfoncer le bâtiment qui plonge ;
Il sent s'ouvrir sous lui l'ombre et l'abîme, et songe
Au vieil anneau de fer du quai plein de soleil !

Ces mornes visions troublent son coeur, pareil
A la nuit. Elle tremble et pleure.

IV
Ô pauvres femmes
De pêcheurs ! c'est affreux de se dire : - Mes âmes,
Père, amant, frère, fils, tout ce que j'ai de cher,
C'est là, dans ce chaos ! mon coeur, mon sang, ma chair ! -
Ciel ! être en proie aux flots, c'est être en proie aux bêtes.
Oh ! songer que l'eau joue avec toutes ces têtes,
Depuis le mousse enfant jusqu'au mari patron,
Et que le vent hagard, soufflant dans son clairon,
Dénoue au-dessus d'eux sa longue et folle tresse,
Et que peut-être ils sont à cette heure en détresse,
Et qu'on ne sait jamais au juste ce qu'ils font,
Et que, pour tenir tête à cette mer sans fond,
A tous ces gouffres d'ombre où ne luit nulle étoile,
Es n'ont qu'un bout de planche avec un bout de toile !
Souci lugubre ! on court à travers les galets,
Le flot monte, on lui parle, on crie : Oh ! rends-nous-les !
Mais, hélas ! que veut-on que dise à la pensée
Toujours sombre, la mer toujours bouleversée !

Jeannie est bien plus triste encor. Son homme est seul !
Seul dans cette âpre nuit ! seul sous ce noir linceul !
Pas d'aide. Ses enfants sont trop petits. - Ô mère !
Tu dis : "S'ils étaient grands ! - leur père est seul !" Chimère !
Plus tard, quand ils seront près du père et partis,
Tu diras en pleurant : "Oh! s'ils étaient petits !"

V

Elle prend sa lanterne et sa cape. - C'est l'heure
D'aller voir s'il revient, si la mer est meilleure,
S'il fait jour, si la flamme est au mât du signal.
Allons ! - Et la voilà qui part. L'air matinal
Ne souffle pas encor. Rien. Pas de ligne blanche
Dans l'espace où le flot des ténèbres s'épanche.
Il pleut. Rien n'est plus noir que la pluie au matin ;
On dirait que le jour tremble et doute, incertain,
Et qu'ainsi que l'enfant, l'aube pleure de naître.
Elle va. L'on ne voit luire aucune fenêtre.

Tout à coup, a ses yeux qui cherchent le chemin,
Avec je ne sais quoi de lugubre et d'humain
Une sombre masure apparaît, décrépite ;
Ni lumière, ni feu ; la porte au vent palpite ;
Sur les murs vermoulus branle un toit hasardeux ;
La bise sur ce toit tord des chaumes hideux,
Jaunes, sales, pareils aux grosses eaux d'un fleuve.

"Tiens ! je ne pensais plus à cette pauvre veuve,
Dit-elle ; mon mari, l'autre jour, la trouva
Malade et seule ; il faut voit comment elle va."

Elle frappe à la porte, elle écoute ; personne
Ne répond. Et Jeannie au vent de mer frissonne.
"Malade ! Et ses enfants ! comme c'est mal nourri !
Elle n'en a que deux, mais elle est sans mari."
Puis, elle frappe encore. "Hé ! voisine !" Elle appelle.
Et la maison se tait toujours. "Ah ! Dieu ! dit-elle,
Comme elle dort, qu'il faut l'appeler si longtemps!"
La porte, cette fois, comme si, par instants,
Les objets étaient pris d'une pitié suprême,
Morne, tourna dans l'ombre et s'ouvrit d'elle-même.

VI

Elle entra. Sa lanterne éclaira le dedans
Du noir logis muet au bord des flots grondants.
L'eau tombait du plafond comme des trous d'un crible.

Au fond était couchée une forme terrible ;
Une femme immobile et renversée, ayant
Les pieds nus, le regard obscur, l'air effrayant ;
Un cadavre ; - autrefois, mère joyeuse et forte ; -
Le spectre échevelé de la misère morte ;
Ce qui reste du pauvre après un long combat.
Elle laissait, parmi la paille du grabat,
Son bras livide et froid et sa main déjà verte
Pendre, et l'horreur sortait de cette bouche ouverte
D'où l'âme en s'enfuyant, sinistre, avait jeté
Ce grand cri de la mort qu'entend l'éternité !

Près du lit où gisait la mère de famille,
Deux tout petits enfants, le garçon et la fille,
Dans le même berceau souriaient endormis.

La mère, se sentant mourir, leur avait mis
Sa mante sur les pieds et sur le corps sa robe,
Afin que, dans cette ombre où la mort nous dérobe,
Ils ne sentissent pas la tiédeur qui décroît,
Et pour qu'ils eussent chaud pendant qu'elle aurait froid.

VII

Comme ils dorment tous deux dans le berceau qui tremble !
Leur haleine est paisible et leur front calme. Il semble
Que rien n'éveillerait ces orphelins dormant,
Pas même le clairon du dernier jugement ;
Car, étant innocents, ils n'ont pas peur du juge.

Et la pluie au dehors gronde comme un déluge.
Du vieux toit crevassé, d'où la rafale sort,
Une goutte parfois tombe sur ce front mort,
Glisse sur cette joue et devient une larme.
La vague sonne ainsi qu'une cloche d'alarme.
La morte écoute l'ombre avec stupidité.
Car le corps, quand l'esprit radieux l'a quitté,
A l'air de chercher l'âme et de rappeler l'ange ;
Il semble qu'on entend ce dialogue étrange
Entre la bouche pâle et l'oeil triste et hagard :
- Qu'as-tu fait de ton souffle ? - Et toi, de ton regard ?

Hélas! aimez, vivez, cueillez les primevères,
Dansez, riez, brûlez vos coeurs, videz vos verres.
Comme au sombre océan arrive tout ruisseau,
Le sort donne pour but au festin, au berceau,
Aux mères adorant l'enfance épanouie,
Aux baisers de la chair dont l'âme est éblouie,
Aux chansons, au sourire, à l'amour frais et beau,
Le refroidissement lugubre du tombeau !

VIII

Qu'est-ce donc que Jeannie a fait chez cette morte ?
Sous sa cape aux longs plis qu'est-ce donc qu'elle emporte ?
Qu'est-ce donc que Jeannie emporte en s'en allant ?
Pourquoi son coeur bat-il ? Pourquoi son pas tremblant
Se hâte-t-il ainsi ? D'où vient qu'en la ruelle
Elle court, sans oser regarder derrière elle ?
Qu'est-ce donc qu'elle cache avec un air troublé
Dans l'ombre, sur son lit ? Qu'a-t-elle donc volé ?

IX

Quand elle fut rentrée au logis, la falaise
Blanchissait; près du lit elle prit une chaise
Et s'assit toute pâle ; on eût dit qu'elle avait
Un remords, et son front tomba sur le chevet,
Et, par instants, à mots entrecoupés, sa bouche
Parlait pendant qu'au loin grondait la mer farouche.

"Mon pauvre homme ! ah ! mon Dieu ! que va-t-il dire ? Il a
Déjà tant de souci ! Qu'est-ce que j'ai fait là ?
Cinq enfants sur les bras ! ce père qui travaille !
Il n'avait pas assez de peine ; il faut que j'aille
Lui donner celle-là de plus. - C'est lui ? - Non. Rien.
- J'ai mal fait. - S'il me bat, je dirai : Tu fais bien.
- Est-ce lui ? - Non. - Tant mieux. - La porte bouge comme
Si l'on entrait. - Mais non. - Voilà-t-il pas, pauvre homme,
Que j'ai peur de le voir rentrer, moi, maintenant !"
Puis elle demeura pensive et frissonnant,
S'enfonçant par degrés dans son angoisse intime,
Perdue en son souci comme dans un abîme,
N'entendant même plus les bruits extérieurs,
Les cormorans qui vont comme de noirs crieurs,
Et l'onde et la marée et le vent en colère.

La porte tout à coup s'ouvrit, bruyante et claire,
Et fit dans la cabane entrer un rayon blanc ;
Et le pêcheur, traînant son filet ruisselant,
Joyeux, parut au seuil, et dit : C'est la marine !

X

"C'est toi !" cria Jeannie, et, contre sa poitrine,
Elle prit son mari comme on prend un amant,
Et lui baisa sa veste avec emportement
Tandis que le marin disait : "Me voici, femme !"
Et montrait sur son front qu'éclairait l'âtre en flamme
Son coeur bon et content que Jeannie éclairait,
"Je suis volé, dit-il ; la mer c'est la forêt.
- Quel temps a-t-il fait ? - Dur. - Et la pêche ? - Mauvaise.
Mais, vois-tu, je t 1 embrasse, et me voilà bien aise.
Je n'ai rien pris du tout. J'ai troué mon filet.
Le diable était caché dans le vent qui soufflait.
Quelle nuit ! Un moment, dans tout ce tintamarre,
J'ai cru que le bateau se couchait, et l'amarre
A cassé. Qu'as-tu fait, toi, pendant ce temps-là ?"
Jeannie eut un frisson dans l'ombre et se troubla.
"Moi ? dit-elle. Ah ! mon Dieu ! rien, comme à l'ordinaire,
J'ai cousu. J'écoutais la mer comme un tonnerre,
J'avais peur. - Oui, l'hiver est dur, mais c'est égal."
Alors, tremblante ainsi que ceux qui font le mal,
Elle dit : "A propos, notre voisine est morte.
C'est hier qu'elle a dû mourir, enfin, n'importe,
Dans la soirée, après que vous fûtes partis.
Elle laisse ses deux enfants, qui sont petits.
L'un s'appelle Guillaume et l'autre Madeleine ;
L'un qui ne marche pas, l'autre qui parle à peine.
La pauvre bonne femme était dans le besoin."

L'homme prit un air grave, et, jetant dans un coin
Son bonnet de forçat mouillé par la tempête :
"Diable ! diable ! dit-il, en se grattant la tête,
Nous avions cinq enfants, cela va faire sept.
Déjà, dans la saison mauvaise, on se passait
De souper quelquefois. Comment allons-nous faire ?
Bah ! tant pis ! ce n'est pas ma faute, C'est l'affaire
Du bon Dieu. Ce sont là des accidents profonds.
Pourquoi donc a-t-il pris leur mère à ces chiffons ?
C'est gros comme le poing. Ces choses-là sont rudes.
Il faut pour les comprendre avoir fait ses études.
Si petits ! on ne peut leur dire : Travaillez.
Femme, va les chercher. S'ils se sont réveillés,
Ils doivent avoir peur tout seuls avec la morte.
C'est la mère, vois-tu, qui frappe à notre porte ;
Ouvrons aux deux enfants. Nous les mêlerons tous,
Cela nous grimpera le soir sur les genoux.
Ils vivront, ils seront frère et soeur des cinq autres.
Quand il verra qu'il faut nourrir avec les nôtres
Cette petite fille et ce petit garçon,
Le bon Dieu nous fera prendre plus de poisson.
Moi, je boirai de l'eau, je ferai double tâche,
C'est dit. Va les chercher. Mais qu'as-tu ? Ça te fâche ?
D'ordinaire, tu cours plus vite que cela.

- Tiens, dit-elle en ouvrant les rideaux, lès voilà!"

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Mimi la Bohème

On m'appelle Mimi, mais mon nom est Lucie.
Mon histoire est courte, sur toile et sur soie, je brode.
Tranquille et heureuse, je trouve ma joie à représenter des lys et des roses.
J'aime surtout les choses qui possédent ce pouvoir magique et doux d'évoquer l'amour, le printemps,
d'évoquer les rêves et les chimères, ces choses qui ont nom poésie.
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la Bohème Puccini

Attendez, que je vous dise en deux mots,

Qui je suis, ce que je fais.

Et comment je vis. vous voulez bien?

Qui je suis ? Je suis un poète.

Ce que je fais ? J'écris.

Et comment je vis ?  Je Vis.

Dans mon heureuse pauvreté,

je prodigue en grand seigneur

les rimes et les chants d'amour.

Grâce aux rêves et aux chimères,

et aux châteaux bâtis en l'air,

j'ai l'âme d'un millionnaire.

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Le crapaud Victor Hugo magnifiquement tragique

Que savons-nous ? qui donc connaît le fond des choses ?
Le couchant rayonnait dans les nuages roses ;
C'était la fin d'un jour d'orage, et l'occident
Changeait l'ondée en flamme en son brasier ardent ;
Près d'une ornière, au bord d'une flaque de pluie,
Un crapaud regardait le ciel, bête éblouie ;
Grave, il songeait ; l'horreur contemplait la splendeur.
(Oh ! pourquoi la souffrance et pourquoi la laideur ?
Hélas ! le bas-empire est couvert d'Augustules,
Les Césars de forfaits, les crapauds de pustules,
Comme le pré de fleurs et le ciel de soleils !)
Les feuilles s'empourpraient dans les arbres vermeils ;
L'eau miroitait, mêlée à l'herbe, dans l'ornière ;
Le soir se déployait ainsi qu'une bannière ;
L'oiseau baissait la voix dans le jour affaibli ;
Tout s'apaisait, dans l'air, sur l'onde ; et, plein d'oubli,
Le crapaud, sans effroi, sans honte, sans colère,
Doux, regardait la grande auréole solaire ;
Peut-être le maudit se sentait-il béni,
Pas de bête qui n'ait un reflet d'infini ;
Pas de prunelle abjecte et vile que ne touche
L'éclair d'en haut, parfois tendre et parfois farouche ;
Pas de monstre chétif, louche, impur, chassieux,
Qui n'ait l'immensité des astres dans les yeux.
Un homme qui passait vit la hideuse bête,
Et, frémissant, lui mit son talon sur la tête ;
C'était un prêtre ayant un livre qu'il lisait ;
Puis une femme, avec une fleur au corset,
Vint et lui creva l'œil du bout de son ombrelle ;
Et le prêtre était vieux, et la femme était belle.
Vinrent quatre écoliers, sereins comme le ciel.
– J'étais enfant, j'étais petit, j'étais cruel ; –
Tout homme sur la terre, où l'âme erre asservie,
Peut commencer ainsi le récit de sa vie.
On a le jeu, l'ivresse et l'aube dans les yeux,
On a sa mère, on est des écoliers joyeux,
De petits hommes gais, respirant l'atmosphère
À pleins poumons, aimés, libres, contents ; que faire
Sinon de torturer quelque être malheureux ?
Le crapaud se traînait au fond du chemin creux.
C'était l'heure où des champs les profondeurs s'azurent ;
Fauve, il cherchait la nuit ; les enfants l'aperçurent
Et crièrent : « Tuons ce vilain animal,
Et, puisqu'il est si laid, faisons-lui bien du mal ! »
Et chacun d'eux, riant, – l'enfant rit quand il tue, –
Se mit à le piquer d'une branche pointue,
Élargissant le trou de l'œil crevé, blessant
Les blessures, ravis, applaudis du passant ;
Car les passants riaient ; et l'ombre sépulcrale
Couvrait ce noir martyr qui n'a pas même un râle,
Et le sang, sang affreux, de toutes parts coulait
Sur ce pauvre être ayant pour crime d'être laid ;
Il fuyait ; il avait une patte arrachée ;
Un enfant le frappait d'une pelle ébréchée ;
Et chaque coup faisait écumer ce proscrit
Qui, même quand le jour sur sa tête sourit,
Même sous le grand ciel, rampe au fond d'une cave ;
Et les enfants disaient : « Est-il méchant ! il bave ! »
Son front saignait ; son œil pendait ; dans le genêt
Et la ronce, effroyable à voir, il cheminait ;
On eût dit qu'il sortait de quelque affreuse serre ;
Oh ! la sombre action, empirer la misère !
Ajouter de l'horreur à la difformité !
Disloqué, de cailloux en cailloux cahoté,
Il respirait toujours ; sans abri, sans asile,
Il rampait ; on eût dit que la mort, difficile,
Le trouvait si hideux qu'elle le refusait ;
Les enfants le voulaient saisir dans un lacet,
Mais il leur échappa, glissant le long des haies ;
L'ornière était béante, il y traîna ses plaies
Et s'y plongea, sanglant, brisé, le crâne ouvert,
Sentant quelque fraîcheur dans ce cloaque vert,
Lavant la cruauté de l'homme en cette boue ;
Et les enfants, avec le printemps sur la joue,
Blonds, charmants, ne s'étaient jamais tant divertis ;
Tous parlaient à la fois et les grands aux petits
Criaient : «Viens voir! dis donc, Adolphe, dis donc, Pierre,
Allons pour l'achever prendre une grosse pierre ! »
Tous ensemble, sur l'être au hasard exécré,
Ils fixaient leurs regards, et le désespéré
Regardait s'incliner sur lui ces fronts horribles.
– Hélas ! ayons des buts, mais n'ayons pas de cibles ;
Quand nous visons un point de l'horizon humain,
Ayons la vie, et non la mort, dans notre main. –
Tous les yeux poursuivaient le crapaud dans la vase ;
C'était de la fureur et c'était de l'extase ;
Un des enfants revint, apportant un pavé,
Pesant, mais pour le mal aisément soulevé,
Et dit : « Nous allons voir comment cela va faire. »
Or, en ce même instant, juste à ce point de terre,
Le hasard amenait un chariot très lourd
Traîné par un vieux âne éclopé, maigre et sourd ;
Cet âne harassé, boiteux et lamentable,
Après un jour de marche approchait de l'étable ;
Il roulait la charrette et portait un panier ;
Chaque pas qu'il faisait semblait l'avant-dernier ;
Cette bête marchait, battue, exténuée ;
Les coups l'enveloppaient ainsi qu'une nuée ;
Il avait dans ses yeux voilés d'une vapeur
Cette stupidité qui peut-être est stupeur ;
Et l'ornière était creuse, et si pleine de boue
Et d'un versant si dur que chaque tour de roue
Était comme un lugubre et rauque arrachement ;
Et l'âne allait geignant et l'ânier blasphémant ;
La route descendait et poussait la bourrique ;
L'âne songeait, passif, sous le fouet, sous la trique,
Dans une profondeur où l'homme ne va pas.

Les enfants entendant cette roue et ce pas,
Se tournèrent bruyants et virent la charrette :
« Ne mets pas le pavé sur le crapaud. Arrête ! »
Crièrent-ils. « Vois-tu, la voiture descend
Et va passer dessus, c'est bien plus amusant. »

Tous regardaient. Soudain, avançant dans l'ornière
Où le monstre attendait sa torture dernière,
L'âne vit le crapaud, et, triste, – hélas ! penché
Sur un plus triste, – lourd, rompu, morne, écorché,
Il sembla le flairer avec sa tête basse ;
Ce forçat, ce damné, ce patient, fit grâce ;
Il rassembla sa force éteinte, et, roidissant
Sa chaîne et son licou sur ses muscles en sang,
Résistant à l'ânier qui lui criait : Avance !
Maîtrisant du fardeau l'affreuse connivence,
Avec sa lassitude acceptant le combat,
Tirant le chariot et soulevant le bât,
Hagard, il détourna la roue inexorable,
Laissant derrière lui vivre ce misérable ;
Puis, sous un coup de fouet, il reprit son chemin.

Alors, lâchant la pierre échappée à sa main,
Un des enfants – celui qui conte cette histoire, –
Sous la voûte infinie à la fois bleue et noire,
Entendit une voix qui lui disait : Sois bon !

Bonté de l'idiot ! diamant du charbon !
Sainte énigme ! lumière auguste des ténèbres !
Les célestes n'ont rien de plus que les funèbres
Si les funèbres, groupe aveugle et châtié,
Songent, et, n'ayant pas la joie, ont la pitié.
Ô spectacle sacré ! l'ombre secourant l'ombre,
L'âme obscure venant en aide à l'âme sombre,
Le stupide, attendri, sur l'affreux se penchant,
Le damné bon faisant rêver l'élu méchant !
L'animal avançant lorsque l'homme recule !
Dans la sérénité du pâle crépuscule,
La brute par moments pense et sent qu'elle est sœur
De la mystérieuse et profonde douceur ;
Il suffit qu'un éclair de grâce brille en elle
Pour qu'elle soit égale à l'étoile éternelle ;
Le baudet qui, rentrant le soir, surchargé, las,
Mourant, sentant saigner ses pauvres sabots plats,
Fait quelques pas de plus, s'écarte et se dérange
Pour ne pas écraser un crapaud dans la fange,
Cet âne abject, souillé, meurtri sous le bâton,
Est plus saint que Socrate et plus grand que Platon.
Tu cherches, philosophe ? Ô penseur, tu médites ?
Veux-tu trouver le vrai sous nos brumes maudites ?
Crois, pleure, abîme-toi dans l'insondable amour !
Quiconque est bon voit clair dans l'obscur carrefour ;
Quiconque est bon habite un coin du ciel. Ô sage,
La bonté, qui du monde éclaire le visage,
La bonté, ce regard du matin ingénu,
La bonté, pur rayon qui chauffe l'inconnu,
Instinct qui, dans la nuit et dans la souffrance, aime,
Est le trait d'union ineffable et suprême
Qui joint, dans l'ombre, hélas ! si lugubre souvent,
Le grand innocent, l'âne, à Dieu le grand savant.

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Les petits bonheurs.

Chaque jour, la vie nous fait cadeau de petits bonheurs simples.  Il arrive que nous les laissions passer sans nous en apercevoir, nous les considérons comme des choses d’acquises, comme un droit qui nous revient. Nous fourrons tous ces petits gestes, ces petits mots dans notre poche, l’indifférence par-dessus.  

Hier, quand j’ai ouvert ma boite aux lettres, le facteur y avait déposé une carte d’anniversaire, elle m’était adressée et arrivée avec qq jours de retard. Elle m’a fait un bien fou, une bouffée d’amitié dont j’ai tant besoin. Un ami n’avait pas oublié.

Dans ma boite mail, un petit mot de l’employée de l’agence de voyage pour me souhaiter un bon séjour et de bonnes vacances. Elles seront excellentes. Chaque jour, j’ai le sourire d’un jeune garçon de café qui me voit passer devant son établissement et à qq pas de là, le bonjour du marchand de fleurs au bout de la rue.

 Le «  tu n’es pas trop fatiguée maman » fait partie du hit-parade de ma vie et le «  fait attention à toi » me fait craquer.

De petits choses mais tellement agréables si nous voulons bien en tenir compte dans une journée de travail stressante, harassante. Ce sont les petits rayons de soleil de la journée. Et j’en savoure goulument chaque instant.

Bonne journée

Josette

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Pluie de projets pour Lili Rose

L’existence de Lili Rose se dessine avec une pluie de projets à l’horizon.

Son couple, mélange d’instants parfois intenses et de moments tristes comme un carré  d’herbes folles, tient la route. Avec toujours cette drôle de sensation que son mari ne s’investit pas complétement, ce qui rend Lili insatisfaite.

Enfants, maison, vacances, tous ces mots d’avenir sont neufs pour elle. Lili Rose a toujours désiré des enfants. Un, deux peut-être. De nouveaux buts dans l’impatience de sa jeunesse. Tout se bouscule dans sa tête. La chambre d’enfant  sera remise en état. Le berceau familial sera repeint. Les décorations refaites dans la tendance du jour, des tons pastels et délicats comme elle a vu dans les catalogues.

Durant les visites qu’elle fait en ville, Lili Rose a repéré des achats qui lui seront utiles pour accueillir bébé, fille ou garçon !  Lili Rose se projette dans l’avenir. Cet enfant sera un véritable départ et une nouvelle attache. Son mari sera plus proche d’elle avec ce bébé.  Lili le voit comme dans un rêve, blond avec un petit minois souriant et déjà un regard pétillant.

Il ou elle ira à l’université, aura une belle profession, fera un beau mariage. Lili Rose rêve de nouveau comme une adolescente. Et pourquoi pas ? Elle fera tout pour qu’il en soit ainsi.

Quand bébé sera là, Lili  sera maman à son tour. Elle sait déjà que sa propre maman sera heureuse. Celle-ci est de plus en plus malade avec peu d’espoir de guérison. Lili Rose en est très peinée et fait de son mieux pour apporter un peu de réconfort à sa maman. Celle-ci ne se plaint jamais et même si sa vie n’est pas tous les jours agréables, elle reste accueillante et à l’écoute de sa fille.

L’adolescence de Lili Rose a été chaotique, comme beaucoup d’enfant à son âge. Une coupure nécessaire dans la vie d’une fille d’une femme, une douleur partagée, une déchirure cruelle. Prendre sa liberté vis-à-vis de ses parents. Un travail à temps plein quand on a besoin de grandir.

Pour Lili, c’est le passé. Importe maintenant les bons rapports qu’elle entretient avec sa famille et son mari. Celui-ci n’est pas contre un bébé et elle se dit qu’enfin ses réactions sont comme elle le veut. Il a l’air de vouloir enfin s’installer dans sa vie de couple. Malgré elle, ses pensées s’envolent régulièrement loin d’ici, vers d’autres cieux où brille un soleil ardent.

Le travail tient une place importante dans son couple et les occupe énormément chaque jour.

Les premières questions se posent au sujet de bébé. Après les moments d’euphorie viennent les questions essentielles. La garde de bébé. Où va-t-il aller ? Qui va s’en occuper pendant leurs absences ? Le projet d’acheter une maison est déjà d’actualité et il n’est pas pensable que Lili arrête de travailler. La voilà déjà contrariée à l’idée de donner son nouveau-né à une autre personne ou de le mettre en crèche. Elle a l’impression qu’elle va l’abandonner. Lili en a les larmes aux yeux.

Ce bébé attendu et déjà si aimé arrivera bientôt. Ce sera une fille comme elle espérait. Lili Rose la désirait  peut-être pour ressembler à sa mère. Elle en est remplie de bonheur. Et cette fois, elle l’attend avec une impatience contenue mais bien réelle. Lili décompte les jours.

Bébé est arrivé tout en bonheur, Lili rentre chez elle confiante et certaine que cette fois, la vie à 3 sera plus agréable.
Le travail supplémentaire ne lui fait pas peur. Bébé occupe tout son temps et se porte comme un charme. Bébé a les yeux bleus et une frimousse à croquer. Ses pleurs viennent agrémenter ses jours et ses nuits et ses moments de solitude...
 
L'arrivée de bébé n'a pas eu l'effet escompté. Cette fois, Lili se retrouve souvent seule. Impossible d'emmener bébé le soir ou certains weekends consacrés au sport.
Qu'importe, elle sera forte et ne laissera pas voir son désenchantement. 
Tout ira mieux quand bébé sera plus grand et la patience doit s'apprendre petit à petit.
Bébé fait son bonheur.
 
La maman de Lili ne va pas bien, elle part doucement laissant sa fille dans un grand désarroi.
La tristesse se lit dans ses yeux et c'est main dans la main que Lili accompagne sa maman pour son dernier départ. Lili Rose est donc maintenant maman et celle qui lui a enseigné l'amour et la tendresse n'est plus là.

La vie reprend son cours, bébé a trouvé une nounou qui plait à Lili et à son mari. Celui-ci fait des efforts, il s'applique à aider Lili, il s'occupe de bébé avec tendresse.
Si Lili n'avait pas toujours cette impression étrange que qq chose ne va pas. Ce sentiment de n'être pas en phase avec cet homme qui ne la comprend jamais. Qui fuit ses demandes, qui se fluidifie à chaque essai d'explication maintenant et qui arrive toujours à se faufiler et à couler à travers tout comme de l'eau ou du sable.
 
Lili se réfugie de plus en plus dans son jardin intérieur pour y puiser une quiétude qui lui manque tant. Lili se sent si seule et s'envole loin de ce monde. Elle part souvent rejoindre son rêve qu’elle a laissé partir.

 

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Victor Hugo Heureux l'homme occupé

Heureux l'homme, occupé de l'éternel destin,
Qui, tel qu'un voyageur qui part de grand matin,
Se réveille, l'esprit rempli de rêverie,
Et, dès l'aube du jour, se met à lire et prie !
À mesure qu'il lit, le jour vient lentement
Et se fait dans son âme ainsi qu'au firmament.
Il voit distinctement, à cette clarté blême,
Des choses dans sa chambre et d'autres en lui-même ;
Tout dort dans la maison ; il est seul, il le croit ;
Et, cependant, fermant leur bouche de leur doigt,
Derrière lui, tandis que l'extase l'enivre,
Les anges souriants se penchent sur son livre.

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Promenade dans les sous-bois.

A peine est-on arrivé à l’orée du bois que le mystère s’installe.  Couleurs et  odeurs nous envahissent. Dans notre mémoire reviennent les histoires de nos grands-parents. L’impression de ne pas respecter la consigne resurgit. Un léger frisson court sur notre épiderme. Il n’était pas permis d’entrer dans le bois.

Des évènements extraordinaires s’y mêlent. Des contes, des récits peuplés d’êtres étranges ont bercé notre jeunesse et nos songes. Les lutins veillent, les sorcières épient, les gnomes maléfiques guettent parfois.

Le petit chemin ombragé s’ouvre vers l’intérieur du sous-bois, couvert de feuilles mortes retenant les bruits écrasés de nos pas. De chaque côté du sentier, des fougères géantes se dressent gracieuses et attentives au moindre mouvement. Une clairière renferme des chênes majestueux et leurs fruits sauvages. Ceux-ci attirent les écureuils qui dansent de branche en branche et disparaissent au moindre bruit.

Au détour du sentier, un hêtre centenaire isolé dans un coin de lumière, lui aussi donnera ses fruits comestibles, des faines triangulaires et délicieuses. Des réserves appréciées par los animaux quand l’hiver sera revenu.

Des frênes fiers et élancés se disputent le titre de roi de la forêt. Ces arbres ne sont pas seuls au milieu de ce bois plus que centenaire. D’autres essences moins connues dans la nature peuplent cet endroit. Ici et là, les marronniers, les châtaigniers attirent l’attention. Ces arbres donnent volontiers le meilleur d’eux-mêmes. Marrons et châtaignes sont ramassés et transformés par nos chers bambins. L’odeur des châtaignes grillées parfume toujours notre âme d’enfant. 

Prêtant l’oreille, entre les craquements et le brisement des feuilles, le chant délicat d’une petite source se fait entendre. Elle jaillit entre deux blocs de roche millénaire. Elle descend avec frénésie les qq mètres qui la séparent de son lit. Les roseaux en ont fait un berceau abritant des petits pensionnaires.

Le soleil de là-haut s’infiltre, se mire et scintille dans cette eau pure. Il  envoie ses rayons de mille feux sur la végétation environnante. Dans cet écrin de beauté, les animaux du coin viennent s’abreuver en toute sécurité.

Un peu plus loin, un étang recueille cette eau limpide et permet à de jolis batraciens de vivre en paix. Les grenouilles croassent et se repaissent d’insectes sautant d’un endroit à l’autre. Les nénuphars se baladent balancés par un léger courant et accueillent les petites bestioles qui cherchent un peu de repos.

Tout est harmonie, charme dans ce sous-bois, du plus grand au plus petit, ce monde s’accorde en finesse et vit des moments d’intenses affinités et de parfaites tranquillités.  C’est une symphonie, une splendeur dans l’équilibre de la nature.

L’homme n’y est pas convié. L’interdiction vient du plus profond des âges.

 

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W.A Auden.

Arrêtez les pendules, coupez le téléphone,
Donnez un os au chien, qu'il cesse d'aboyer ;
Faites taire les pianos ; au son sourd du tambour,
Faites sortir le cercueil, faites venir le cortège.

Que tournent dans le ciel des avions en pleurs ;
Qu'ils y griffonnent les mots IL EST MORT.
Qu'on mette des nuds de crêpe au cou blanc des pigeons ;
Des gants de coton noir aux agents de police.

Il était mon nord, mon sud, mon est et mon ouest,
Ma semaine, mon travail, mon dimanche, mon repos,
Mon midi, mon minuit, mon dire, mon chant ;
Je croyais que l'amour était pour toujours : j'avais tort.

A quoi bon les étoiles à présent ? Eteignez-les toutes !
La lune, qu'on la remballe ! Qu'on décroche le soleil !
Videz-moi l'océan ! Déblayez-moi ces arbres !
Car rien de bon jamais ne peut plus arriver.           

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Goutte d'eau

Après une nuit difficile, je me permets de revenir sur le manque de communications concernant les photos « goutte d’eau ». Tout d’abord, pour moi, il est évident que ces photos sont des petits chef-d’ œuvres comme une peinture, comme une aquarelle faite par les artistes talentueux de ce site.

En les publiant, je ne me suis pas imagée que l’on ne verrait pas qu’elles sont hors normes et qu’elles avaient besoin d’être décomposées.

En ce sens, je m’explique. Quand vous écoutez un aria comme « Thaïs » de Massenet, il ne vient à personne l’idée de demander combien il y a de violon, alto, violoncelle, contrebasse, clarinette à bec ou traversière. Et personne ne veut savoir le nom du premier violon. La musique s’écoute, c’est beau et ça plaît ou pas.

Il est donc évident que ces photos ne sont pas à la portée de tous, même avec un appareil des plus perfectionnés. Ces photos sortent d’un studio avec des spots, des filtres de lumière, glaces réfléchissantes et des jeux d’ombre et de lumière. Les appareils utilisés sont des plus sophistiqués, posés avec un calcul d’angles précis et  pour avoir une « goutte », des dizaines de photos sont prises avec plus ou moins de réussite.  

Celles que vous voyez sont donc des œuvres réussies à regarder et à aimer.

J’espère avoir répondu à vos questions et je vous présente mon amicale bonjour.

Josette

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Lili Rose.s'installe ...

Lili Rose est installée dans son petit nid d’amour depuis qq mois et commence enfin sa nouvelle vie d’adulte. Un appartement renseigné dans un journal local et situé dans un quartier moderne a fait l’affaire. Son logement est agréable et ensoleillé à souhait. Une grande terrasse longe tout l’étage et permet de se détendre agréablement en prenant le frais. Cet endroit se situe au 4éme étage d’une tour résidentielle toute neuve. Les fenêtres donnent sur la ville. Le soir, au loin, scintillent toutes les lumières de la cité indiquant ainsi les endroits les plus animés.

Lili Rose a toujours vécu à la campagne, avec un grand jardin et des espaces libres tout autour de la maisonnette qu’elle laisse derrière elle. Elle y abonne aussi son petit chat tout doux et si gentil. Impossible de le prendre, le règlement d’ordre intérieur de l’immeuble interdit les animaux.

Lili Rose travaille depuis qq mois et son emploi du temps est devenu plus serré. Les petites choses de la vie sont maintenant à sa charge, fini les petits repas fait par maman, les courses, les lessives, le repassage. Maman avait l’habitude de l’aider et mettait un point d’honneur à faire beaucoup pour Lili.

La maman de Lili Rose n’avait pas eu beaucoup de chance, elle était malade depuis fort longtemps et malgré cela, elle avait œuvré par que sa fille ne manque de rien.

Dans son logement tout neuf, Lili Rose rêve à sa nouvelle vie, au bonheur tout neuf, aux enfants qu’elle aura, à son mari parfois absent et distant. Elle l’attend  toujours avec impatience.

Tous les nouveaux achats sont disposés à son goût, les nouveaux bibelots, le salon. Le meuble de maman a pris sa place directement sur le plus grand mur. Lili Rose en est très fière. Un meuble en bois de palissandre qui lui plait beaucoup.

Lili Rose fait connaissance avec ses voisins, un couple de personnes âgées qui vient d’aménager comme elle. La dame est plus âgée que le mari.  C’est elle qui a voulu venir habiter en appartement pour soulager son époux des travaux extérieurs de leur habitation.  Le mari n’est pas trop heureux de cette nouvelle situation trouvant la vie monotone dans cette tour. Il regrette ses habitudes du dehors, son jardin, ses plantations et il finit par s’y faire doucement. Lili Rose est un peu comme lui, un peu nostalgique de son ancienne vie. Elle a un tout petit sentiment dans le fond de son cœur qui lui dit que qq chose ne va pas.

Sentiment qu’elle refoule bien vite pour passer à autre chose, vite penser à autre chose, vite s’occuper pour oublier ce petit malaise intérieur.

Son travail l’occupe beaucoup. Elle aime partir le matin et parcourir les qq kms qui la séparent de son bureau. Elle en profite pour se distraire un peu. A son retour, elle se démène pour que tout soit parfait au retour de son mari qui n’est pas toujours content. Lili Rose met ce changement d’humeur sur la fatigue, lui aussi travaille beaucoup.

Lili Rose se rend compte fort vite que quoiqu’elle fasse, son mari est toujours négatif envers elle.

Lili Rose apprend la déception et l’incompréhension. Elle, qui a toujours été le centre du monde pour sa famille, a le sentiment de ne plus exister. Ses yeux se remplissent souvent de larmes et elle ne dit rien autour d’elle pour ne pas inquiéter les siens. Elle continue à ne pas comprendre le comportement bizarre de son époux.

La vie s’installe avec des hauts et des bas. Les explications demandées et données sont parfois satisfaisantes, du moins sont-elles suffisantes pour continuer sa nouvelle vie. Un drôle de sentiment l’envahit maintenant de plus en plus souvent et lui brise parfois le cœur.

A-t-elle été honnête avec ses sentiments à elle ? Par moment, le doute l’envahit aussi. Et si elle s’était menti. Est-ce donc cela qu’elle ressent maintenant ?  Son mari a-t-il  un secret ?  A-t-elle oublié trop vite les sentiments d’amour qu’elle a rejetés qq années plutôt ?  A-t-elle fait le bon choix ?

Pour l’instant, Lili est certaine d’avoir choisi le mari idéal pour sa famille, ses parents, son entourage mais pour elle, Lili Rose doute.  Son mari est la personne que tout le monde voudrait comme époux, comme père, comme frère, comme ami. Une seule ombre, il n’est pas gentil avec elle. Voilà bien un mystère sur les rapports humains.

Lili Rose, très occupée, se dit que le temps arrangera tout cela et qu’elle verra plus tard. L’important est de vivre actuellement dans le moule comme tout le monde le veut. Et les faits confirmeront ou infirmeront ses doutes actuels.

Lili Rose en profite pour s’investir plus encore dans son travail et s’étourdit par moment de rêves.

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Lili Rose se marie.

Lili rose a décidé de se marier. A son âge, pense-t-elle, il est temps de se poser qq part et de fonder une famille. Pleine d’espoir, elle attend donc avec impatience le fameux jour qui va changer sa vie. Tout est prêt, avec un soin tout personnel, Lili a tout préparé dans les moindres détails. Le temps lui semble long depuis le jour où elle a décidé de se marier.

La robe est arrivée il y a qq jours, toute blanche, une robe en dentelle comme elle a toujours aimé. Des petites fleurs bleues vont agrémenter ses cheveux et qq unes seront fixées dans le bouquet. Lili Rose  a choisi un modèle avec une longue traîne comme dans les livres de son enfance. Une vraie princesse de conte de fée.

Le soleil est présent, une douce chaleur s’est posée sur toute la maisonnette et les fleurs se font un plaisir d’être plus jolies les unes que les autres.

Tout est prêt enfin…Les invités arrivent, chacun à leur tour, les bras chargés de fleurs et de cadeaux. C’est la tradition. De jolis rubans blancs sont posés sur les voitures et qq personnes ont du riz dans leurs poches.

Maman est émue et triste de voir sa fille partir pour une autre vie.

Le bouquet arrive accompagné du marié intimidé, un joli bouquet d’orchidées blanches parsemées de petites fleurs bleues.

Enfin le départ, direction la ville la plus proche, une file de mariés attend dans la cour.  Lili Rose n’est pas la seule à se marier ce samedi matin.

La salle des mariages est ancienne, garnie de blasons  et de peintures, elle inspire le respect et le silence. Certains regardent le plafond faisant mine de s’y intéresser.

Après cette cérémonie obligatoire vient le passage obligé à l’église. La place du village est couverte de monde, les parents attendent et les curieux sont venus voir la mariée. Un joli tintamarre se fait entendre.

Sur le seuil, la musique retentit donnant à cet instant un côté solennel. Tous entrent silencieux et se dirigent vers la nef. Les vœux se prononcent et s’échangent sous le regard bienveillant du prêtre.

A la sortie, le riz tombe et envahit tout. Signe de bonheur dit-on !

Le soleil ne quitte pas les participants à ce mariage.  Voici Lili Rose partie pour une autre vie. Elle laisse sa maison d’enfance pour de bon et abandonne ses petits animaux qui ne peuvent la suivre.

Le cortège se dirige maintenant vers le restaurant où les invités vont pouvoir se restaurer. Sous cette chaleur, certains ont besoin de boire pour s’hydrater.

Photos, toasts, champagne, tout se déroule comme prévu.

Lili Rose est resplendissante dans sa robe blanche. Son bouquet a disparu, pris par une candidate au mariage.

 Le champagne coule et la musique se répand doucement. Les mariés ouvrent le bal. Une valse lente, Un, deux, trois. Un deux trois..

Tout se passe comme dans un rêve et Lili est contente et heureuse de commencer sa nouvelle vie. Elle se dit qu’elle va déposer ses valises dans un autre univers où tout sera plus facile et plus agréable.  Comme les rêves sont beaux à cet âge.  Lili s’y est préparée et elle a besoin d’y croire.

Son nouvel appartement l’attend. Enfin, elle sera chez elle, tranquille et sereine.

La jolie robe est un peu déchirée. Lili Rose se promet de la recoudre et a acheté une belle boite en carton pour l’y ranger avec ses jolies fleurs bleues.

Ses parents sont partis, maman est triste à pleurer. Malgré ses sourires, son cœur est en peine et ses yeux font des efforts pour ne pas répandre les larmes qu’elle tient en elle depuis des jours.

Lili Rose le sait aussi et pour ne pas pleurer, elle s’enivre de pas de danse jusqu’au petit matin.

Commence alors une autre vie.

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Evasion

A cette heure, un besoin irrésistible d’écrire.  J’ai appris à m’évader dans un jardin calme et accueillant au milieu de nulle part, un endroit hors du temps pour me ressourcer en douceur. Les mots, les rêves rendent la vie agréable... La réalité est tout autre. Soyons gais comme cela doit être.

Sous le soleil enfin revenu, le besoin de sortir dans cette chaleur naissante me rappelle des images enfouies dans ma mémoire. Elle se mêle aux herbes folles, aux buissons en friches et court sur toute la nature. Tout s’entremêle dans ce joli capharnaüm coloré.

Dans quelques mois, plantes et fleurs se balanceront dans le souffle d’un vent chaud bienfaisant. Dans cette mêlée de végétaux, un carré de gazon vert attend.  Un vieux fauteuil abimé tend ses bras pour accueillir un moment de repos bien mérité. Un peu à l’écart, une clôture sépare le jardin d’un grand pré où les animaux se repaissent en paix couchés dans l’herbe fraiche.

Une cour fermée carrelée possède une jolie table et une balancelle usagée, offrant tout le long d’un mur, de multiples pots de fleurs prêts à fleurir. Géraniums, bégonias, roses miniatures s’abritent du soleil. Un immense rosier orange coure sur le mur de la bâtisse et sur les arceaux tendus d’un coté à l’autre. L’ombre escomptée donnera un peu de fraicheur le jour de grosse chaleur.

Une haie sépare la cour du jardin où commencent à pousser de tendres aromates. Dans ce potager à l’ancienne, tout est libre d’aller où il veut, un petit paradis ouvert au vent et aux sens. A qq mètres à peine, un vieux puits et de vieux seaux tout rouillés attendent de reprendre du service. Pour y accéder, des carreaux noirs, posés sommairement dans un faux ordre, recouvrent le sentier.

La maison, avec ses volets et ses châssis d’un autre temps a une porte à battant, laissant  apparaître une cuisine avenante et sobre. Un grand espace où tout se bouscule néanmoins.  Une table rustique, une armoire, un fauteuil, des étagères couvertes de pots de confiture, de fleurs séchées. Des bouquets de thym et de laurier parfument l’endroit.  L’évier sous la fenêtre donne sur le jardin. La décoration est ancienne, une photo du grand-père, des enfants à l’école et sur une petite commode, un abat-jour en dentelle sur un napperon fait main. La pièce respire la sérénité du présent avec toujours cette douce lumière qui pénètre par la porte et la fenêtre.

Près de l’entrée, un peu à l’écart, un panier en osier avec un couvercle serti de fer forgé, imposant, et dans lequel chaque visiteur dépose ses paquets.

 - Mon ami, ouvre-le, mets-y tes sacs et tes chagrins. Viens t’assoir près de moi.

De cet endroit où la lumière rayonne, trois marches mènent à l’étage.

Deux immenses pièces, une bibliothèque où s’entassent les livres de toute une vie et une chambre aux couleurs vieux rose.  Un ancien lit en bois de palissandre qui retient toujours les trésors d’une vie où les secrets parlent à qui veulent les entendre. Ces pièces s’ouvrent sur le dehors par de grandes fenêtres et l’on distingue le jardin entremêlé d’herbes hautes et de fleurs multicolores.

De là-haut, on voit aussi un petit banc de bois. Il est couvert de lierre et encastré dans la végétation, il se laisse enfin découvrir aux regards, gardant avec lui, le souvenir d’ombres disparues.  

Dans les heures chaudes de la journée s’envolent les délicieux parfums qui embaument l’air et nous rappellent notre enfance. Dans le passé, le terrain de jeux paraissait démesuré, les allées et les sentiers étaient des routes où nous rêvions nos vies, où nos désirs étaient à réaliser. A l’ombre des heures moins chaudes, restent les souvenirs parfois amers de nos échecs, de nos songes envolés à tout jamais.

Un endroit nostalgique, magique où la tendresse était au rendez-vous et la douceur de vivre nous rendait heureux.

 

 

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La Mer du Nord !

La Mer du Nord, c’est marée basse avec ses immenses plages de sable fin à perte de vue, les coquillages qui font mal aux pieds, le vent qui vous fouette le visage, c’est marée haute avec les vagues agressives et sauvages qui se brisent sur les jetées.

C’est tôt le matin, les pêcheurs de crevettes avec leurs chevaux tirant de grands filets, des bateaux au loin. C’est aussi des petits enfants qui ont le jeu et l’aube dans le regard,  des cerfs-volants qui se battent dans le ciel.

Ce sont les vacances si longtemps désirées et enfin arrivées.

 

Dans les petits villages côtiers, les maisons font l’objet de location, ainsi que toutes les annexes, garages, caves, tout est transformé en studio pour accueillir les vacanciers.

Les rues sont animées, décorées de grandes vasques de fleurs multicolores, la vie est gaie, les gens se promènent, les enfants jouent à vélo, au ballon, d’autres sont assis aux terrasses des cafés et se reposent.

 

Une petite famille s’est installée pour un mois de vacances, ce n’est pas le luxe, c’est correct. Le père amène la mère et les enfants et repart chez lui jusqu’au prochain week-end.

Avec eux, un garçonnet de 9 ans accompagne sa tante, confié à celle-ci par sa mère pour profiter de la mer et du bon air. Dans la petite location, la famille est néanmoins à l’étroit.

 

Commence l’histoire d’un petit garçon blond qui n’a rien compris, qui n’a pas saisi que les adultes ne sont pas tous gentils, qu’ils sont parfois investis de sentiments que la moral réprouve et de gestes pressants et dissimulés qui deviennent vite insupportable.

 

Comment un enfant innocent s’est fait piégé par une personne en qui il avait placé toute sa confiance, un parent, un être vil, où un moment d’innocence a basculé dans l’horreur.

 

Les jeux et les sorties à la plage font parties des joies des vacances et pourtant le drame se déroule à l’insu de tous. La semaine se passe dans l’angoisse et le week-end arrivant, l’enfant frémit.

 

Le monde s’écroule, devient laid pour l’enfant blond, l’incompréhension, des questions sans cesse répétées, des « pourquoi », des « comment », la honte.

 

Et l’engrenage…Que tout le monde dit connaître…

 

Vie d’enfants difficiles. Instabilité à l’école, perte de confiance en soi, incompréhension des parents, révolte. Une adolescence perturbée, un père absent, une mère dépassée. Une jeunesse laissée à l’abandon avec parfois la lueur d’une étoile qui brille dans cette nuit.

 

Pourquoi ce garçonnet a souffert et porté « cette faute » sur ses petites épaules envers et contre tous.

Pourquoi personne n’a rien vu de la tragédie qui s’est déroulée. Pour le chérubin, ce moment reste très vivace dans sa mémoire, il n’a jamais dévoilé ou du moins très peu abordé cette histoire au cours de sa vie d’adulte.

 

Poursuivi par ce mal rongeur et impossible à effacer, même si aujourd’hui, l’adulte devenu a pardonné à l’enfant en souffrance comprenant qu’il n’y était pour rien. Qui donc connaît le fond des choses ?

Pardon obtenu après bien des tourments et qui n’est pas un oubli, qui reste une blessure.

 

Que de conséquences pour un geste adulte irresponsable, un malade  en puissance, qui pour s’assouvir à provoquer  un déchirement sanglant chez un enfant.  Que de larmes arrachées pour survivre.

 

Le silence !

Ce silence qui est le moyen de garder  « l’horrible secret » alors qu’il aurait dû se débattre, hurler, crier, fuir…dénoncer. Accuser et punir.

 

A neuf ans…. Que savons-nous ?

 

Le silence qui rend coupable, complice de cette infamie.

Le silence qui efface aux yeux de l’enfant l’instant par un déni qui s’installe et qui suit toute la vie.

Le silence que les adultes n’entendent pas, ne voient pas.

Le silence qui est plus profond que le vide dans lequel se retrouve un enfant sali, profané…

Le silence qui reste à jamais écrit en lettres de sang.

Le silence qui s’arrache jour après jour pour une reconnaissance de soi et pour en sortir.

Le silence qui demandait juste un petit geste de compréhension des parents, de quelqu’un, un regard, juste un baiser qui aurait apaisé cette souffrance..

 

Parents qui ne comprennent pas le changement, l’échec et qui ne cherchent pas à savoir. Parents qui n’ont pas protégé ce garçonnet, ce désespéré.

Comment pouvaient-ils savoir ?

 

A l’heure actuelle, des professionnels sont parfois là pour trouver ce qui ne va pas, comprendre le mal de vivre d’un enfant. C’est une mission qui doit être prise au sérieux.

Parents qui se sont écartés de plus en plus de l’enfant qui ne partage pas sa souffrance, sa salissure et qui vit replié sur lui-même.

 

Un cercle infernal qui détruit tout sur son passage, et un travail de titan, de géant  pour reconquérir une paix qu’un geste assassin a arraché. 

 

Le monde est plein de prédateurs qui, sous le couvert du silence, de la honte, sévissent actuellement. Etre à l’écoute et dénoncer, encore et toujours, c’est la seule solution à adopter pour que ces choses cessent de détruire la vie d’enfants.

 

Au sein d’une famille respectable, au bord de la mer, une petite vie a basculé et  ce petit garçon a eu beaucoup de mal à se reconstruire.

On dira – «  C’est la vie. ». Non, ce n’est pas la vie…


Le retour à la maison s’est passé dans un silence confondu et avec l’obligation de fréquenter l’infâme avec cette fois, une attention toute nouvelle de défense. Un refus complet et un rejet total de cette personne que les membres de la famille n’ont pas compris.

L’enfant a été taxé de bizarre, d’enfant ayant mauvais caractère pour en arriver à une coupure dans les relations familiales avec les deux sœurs.

 

Jamais personne ne sut. On peut toujours croire que le père du garçonnet s’en soit rendu compte, ce n’est pas certain.

L’enfant n’aurait pas supporté de raconter qu’il s’était fait prendre à un jeu d’adulte. Qui dit que l’on ne l’aurait pas accusé.

 

Voilà un épisode peu glorieux de la race humaine ou la fable du plus fort s’applique avec une petite variante que la Fontaine peut défendre.

De cette leçon de vie, il reste que l’on ne doit plus « faire le silence autour de ces dérives », que l’on doit les dénoncer quoi qu’il arrive. Que la victime n’est pas coupable et ne doit pas se sentir salie…Que c’est bien l’agresseur qui doit payer…

 

Qu’un pardon n’est jamais un oubli et que ces faits sont de tous les jours.

Que peu importe le temps passé, la blessure est toujours là et saigne chaque jour.

On en a pour preuve les victimes que l’on voit à la télévision qui 30, 40 ans ou 50 ans  après sont toujours dans le vécu de leur histoire.

 

Que la majorité des personnes qui abusent un enfant sont des proches, amis, voisins. Et que le silence est toujours le plus fidèle compagnon de la victime et du bourreau.

 

Le vrai coupable est le « Silence » que la justice ne peut punir faute d’oreilles….

 

Le petit garçon s’en est bien sorti, c’est ce que l’on dit aussi.

Le temps a fini par remettre en ordre ce tas de nœuds de sa vie. Point d’oubli…Ce serait trop facile.

La révolte s’est estompée et à quel prix, la rancune a fini par disparaître.

 

Ce mignon petit garçon a empli son cœur d’amour pour oublier qu’il n’avait jamais eu d’aide de personne. Maintenant c’est un homme avec une blessure à l’âme, comme d’autres ont une blessure au cœur.

 

Parfois,  en souvenir de cet «  horrible silence » qui l’envahit toujours, il hurle comme les loups ou les chiens sa douleur d’enfant trahi, sali et abandonné.

Ces rêves n’ont plus jamais été d’une profonde douceur. Ce sentiment de culpabilité revient toujours, le jour, la nuit.

La honte revient aussi lui dire bonjour même si elle fait place à une certaine acceptation. Non, il n’est pas coupable.

 

Et le « Silence » veille toujours à ce que personne ne sache….

 

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Boîte d'antan

Jolie boîte d’antan, vieille valise en carton ou boîte en fer, vous êtes l’endroit où je pose mes souvenirs, mes rêves passés, joyeux et tristes,  pour ne pas les oublier.

Liens avec le temps, avec ceux qui sont partis, dans cet espace protégé d’amour, vous représentez la vie d’une famille, les photos bonheur en noir et blanc, les photos de baptême, de communion, de mariage.

Petits souvenirs, petits papiers griffonnés à la hâte, mots d’amitié ou d’amour,  vous vous mêlez dans un joli capharnaüm.

Parler du passé est parfois doux, toujours à portée de main, au bord de l’âme ou dans le plus profond de son cœur.  D’un clin d’œil,  vous arrivez, heureux d’être appelés et prêts à être dépoussiérés et racontés.

« Souvenirs, souvenirs.. »      Quelle bousculade.

Moi, moi, raconte-moi…

Toutes les oreilles ne sont pas propices à entendre les confidences du passé. L’homme d’aujourd’hui n’a pas le temps de s’intéresser à vous, il est pressé, fatigué et agité par une vie qui ne laisse plus de temps.

Quand j’ouvre ma boîte à souvenirs, couverte de papier jauni, je m’y plonge et m’y enfonce pour vous rejoindre, oublier, pleurer et laver mon chagrin.

Jolie boîte d’antan, vous êtes toujours là quand la tristesse m’envahit…

 

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Grand-père

Je n’ai pas eu la chance de connaître mon grand-père.  L’espace d’un instant, je le réinvente à ma manière. Je l’imagine comme j’aurai voulu qu’il soit, rien qu’à moi avec ses énormes moustaches et son cœur d’homme plein de tendresse.

Je ne vous ai pas dit le bien ou le mal de sa vie, cela n’a pas d’importance. Son existence a été difficile.

Je vous dis simplement que c’était un homme respectable. Travailleur dans ces fosses immondes, aimant sa famille. La maladie l’a fauché beaucoup trop jeune.

Il aurait été mon ami, mon confident, ma consolation.

Grand-père, quel doux nom à prononcer quand il a tant manqué. Orphelin de grand-père, cela ne se dit pas.  Pourtant c’est une réalité qui passe inaperçue pour beaucoup d’entre nous.

Amputée d’une partie de la tendresse et de l’amour de cet homme. Dans un cœur livré à tout vent, grand-père, que j’aurai aimé te connaître. Tu me manques tant.

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Que Bella..

S'y perdre, déambuler librement, observer les gens. C'est ainsi que je me souviens de Rome, Capitale, ville d'art et d'histoire.

Visiter, très tôt pour profiter d'une ville déserte. A cette heure, la quiétude et la solitude semblent être momentanément dans les rues piétonnes où la circulation est interdite.

Voir le Forum, le Colisée et les sites les plus grandioses, la Chapelle Sixtine, les musées du Vatican.

Voir les romains sur leurs vespas traverser les places et les rues à toute vitesse. La bouche de la Vérité est mon premier souvenir de Rome.

Rome, donne l'impression d'être un musée à ciel ouvert, avec ses ruelles pavées aux murs ocre que le temps délave, vous tend les bras.

Quand la chaleur se fait trop étourdissante, savourer la fraîcheur des parcs et des jardins aux arbres centenaires ou visiter la Galeria Borghese ou la Villa d' Este. Arriver sur la terrasse panoramique des musées du capitole, admirer un coucher de soleil sur le plus célèbre monument dédié à Vittorio Emanuele II, la piazza di Spagna, les dômes qui ponctuent la ligne d'horizon. C'est la ville éternelle.

C'est vrai qu'à Rome, tout donne l'impression de vivre dans une perpétuelle agitation.

La piazza del Popolo, l'obélisque ramené d'Egypte, les églises jumelées de Santa Maria, le Vatican, le Place St Pierre, les galeries sacrées ou amateurs d'art et mécénes, se succédent depuis des siècles. Ils embellissent et enrichissent le site du Vatican pour en faire le plus grand musée du monde. Le superbe escalier hélicoïdal pour srotir du Saint-Siège.

L'intérieur de la Basilique Saint-Pierre, les fresques exécutées par Michel-Ange, les peintures de Raphaël, de Léonard de Vinci et bien d'autres. Tout est émerveillement, beauté, grandeur, création, miracle, souffle de vie et combat.

Baroque, médiéval, antique, le génie de ces créateurs a contribué à la splendeur de ces lieux.

La Rome antique et ses édifices ont inspiré des films à grand spectacle.

Des prouesses architecturales faites avec le Panthéon, unique en son genre. Les 5 forums impériaux avec la colonne de marbre de Carrare.  Le Forum romain, lieu de vie politique, sociale et culturelle.  Le Colisée, férus de jeux et de combats sanglants, les romains se trouvérent une scéne grandiose.

Les cirques romains pouvaient emplir l'équivalent de 3 stades de France.

Un endroit singulier qui accueillit le tournage d'un grand opéra "la Tosca" dans le château Saint-Ange, transformé en forteresse et aujourd'hui, en musée.

La Villa Médicis, les rues, le Guetto, façade ocre ou béton, Rome s'habille de tons chauds et froids.

L'âme bohème du quartier branché et populaire à la fois, Trastevere, façades décrépités, n'a pas oublié ses origines populaires, animé jusque tard dans la nuit.

La Villa d'Este, le jardin des merveilles à qq kms de Rome s'épanouit dans la quintessence du jardin à l'italienne, le parc de la Villa d'Este a servi de modéle dans tout le pays et en Europe.

Un joli voyage redécouverte, agréable, rempli de nostalgie et de souvenirs

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Ma poèsie

Après avoir essayé en vain d’être très sérieuse, je replonge la tête la première dans mes rêveries et dans ces textes poétiques qui me ravissent.

Ces mots qui me font rêver, qui illuminent ma vie, me donnent du courage quand ça ne va pas, j’en ai besoin au point que j’en deviens morose comme le temps quand je ne vais pas m’y ressourcer.

 

Ces jolis mots, poèmes, écrits par ces personnes qui en ont fait leurs professions avec un immense talent.

La vie est bien faite pour ceux qui aiment et qui n’ont qu’à choisir et lire avec délice…Plus tourmentée pour ceux qui écrivent, cherchent des idées et les couchent sur du papier.

Et parfois aussi être à la merci de critiques pas toujours gentilles, déblatérées par des gens qui n’ont parfois pas un grain de talent. Quelle déception pour les poètes..

 

Heureusement, à mon niveau, lire et rêver sont dans mes cordes et je m’y laisse transporter avec plaisir.

Partager aussi ces textes fait partie du jeu. Les lectures, qui se font dans une petite salle intimiste, rendent à ces poèmes une résonnance extraordinaire.

 

Je pars alors dans un ailleurs peuplé de rêves, de souvenirs, de bonheur.. Je crois que c’est pour cela que l’on tient tant à partager ce que l’on ressent. Amour, tendresse, rêves sont à portée de main. On pourrait les toucher.

 

Il y a des moulins à paroles, une expression bien de chez nous. Il y a aussi des moulins à écrire, qui envahissent leurs amis et qui les noient.

 

La réalité du monde est tout autre et c’est pour cette raison que je t’emmène avec moi où personne ne pourra rien te faire et où tu pourras déposer tes peines et tes chagrins qq instants à côté des miens.

Je t’envoie des jolis mots pleins de tendresse, des mots bleus et illuminés de mon amitié.

 

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Mon père par Max Elskamp

Mon Père
Louis, Jean, François,

Avec vos prénoms de navires,

Mon Père mien, mon Père à moi,

Et dont les yeux couleur de myrrhe,



Disaient une âme vraie et sûre,

En sa douceur et sa bonté,

Où s'avérait noble droiture,

Et qui luisait comme un été,



Mon Père avec qui j'ai vécu

Et dans une ferveur amie,

Depuis l'enfance où j'étais nu,

Jusqu'en la vieillesse où je suis.



*



Mon Père, amour m'était en vous,

Que j'ai gardé toute ma vie,

Ainsi qu'une lumière luie

En moi, et qui vous disait tout ;



Mon père qui étiez ma foi

Toute de clarté souriante,

Dont la parole m'était loi

Consentie par mon âme aimante,



Mon Père doux à mes erreurs,

Et qui me pardonniez mes fautes,

Aux jours où trop souvent mon coeur

De sagesse n'était plus l'hôte,



Mon Père ainsi je vous ai su
Dans les heures comme elles viennent

Du ciel ou d'enfer descendues,

Apportant la joie ou la peine.



*



Or paix et qui était en vous

En l'amour du monde et des choses,

Alors que mon coeur un peu fou

Les voyait eux, parfois moins roses,



C'était vous lors qui m'apportiez

Foi en eux qui n'était en moi,

Lorsque si doux vous souriiez

À mes craintes ou mon émoi,



Et vous étiez alors mon Dieu,

Et qui me donniez en silence,

Et rien que par votre présence

Espoir en le bonheur qu'on veut.



Pour mieux accepter en l'attente
L'instant qui est, le jour qui vient,

Et sans que doute les démente

Croire aux joies dans les lendemains.



*



Ô mon Père, vous qui m'aimiez

Autant que je vous ai aimé,

Mon Père vous et qui saviez

Ce que je pensais ou rêvais,



Un jour où j'avais cru trouver

Celle qui eut orné ma vie,

À qui je m'étais tout donné,

Mais qui las ! ne m'a pas suivi,



Alors et comme je pleurais,

C'est vous si doux qui m'avez dit

Rien n'est perdu et tout renaît

Il est plus haut des paradis,



Et c'est épreuve pour ta chair

Sans plus mais d'âme un autre jour,

Tu trouveras le vrai amour

Eternel comme est la lumière,



Et pars et va sur les navires

Pour oublier ici ta peine,

que c'est ce que tu désires,

Et bien que ce soit chose vaine,



Va, mon fils, je suis avec toi

Tu ne seras seul sous les voiles,

Va, pars et surtout garde foi,

Dans la vie et dans ton étoile.



*



Or des jours alors ont passé

De nuit, de brume ou d'or vêtus,

Et puis des mois et des années

Qu'ensemble nous avons vécus



Mon Père et moi d'heures sincères,

Où nous était de tous les jours

La vie ou douce, ou bien amère,

Ainsi qu'elle est et tour à tour,



Et puis en un matin d'avril

Les anges noirs eux, sont venus,

Et comme il tombait du grésil

Sur les arbres encore nus,



C'est vous mon Père bien aimé,

Qui m'avez dit adieu tout bas,

Vos yeux dans les miens comme entrés

Qui êtes mort entre mes bras

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A mon ami,

 

Ce soir, assise au coin du feu,  j’ai envie de te parler d’un ami exceptionnel, celui que j’ai depuis toujours au fond du cœur, à qui j’ai confié tous mes plus beaux souvenirs, mes secrets les plus tendres, mes amours, mes joies depuis des années et qui  me les rend avec tant de gentillesse.

Cet ami est un trésor, un ange peut-être.

 

Ce trésor possède une clef qui lui confère la sagesse d’emmagasiner toutes les plus belles choses de ma vie. Il en possède une deuxième qui a le pouvoir de me les rendre intactes. Les mots les plus doux et les moments les plus affectueux reviennent embellir ma vie quand je le souhaite.

 

Ce trésor n’est pas seul, je lui ai aussi demandé de laisser un peu de place à ma famille, mes filles, mes amis, mon ami de toujours là-bas dans son pays aux cieux ensoleillés pleins de vie, d’enfants, de soleil, de fleurs.

 

Ce trésor me dit que l’essentiel est de trouver de l’énergie dans ce que j’aime, ce que je fais toujours

Supporter le fardeau de l’existence sans pour cela renoncer à la vie, je le fais aussi. Ne prendre que ce qui est positif, rejeter les choses mauvaises…

J’ai reçu beaucoup d’amour de personnes qui me sont chères, j’ai des souvenirs formidables pleins de tendresse, de joies ineffaçables et de bonheurs merveilleusement merveilleux.

 

J’ai reçu des mots d’amour que j’ai gardés comme le cadeau le plus précieux de ma vie. 

Je n’en ai jamais voulu d’autres. Je les ai confiés à ce trésor pour qu’il les garde à  jamais, qu’il les enferme dans un écrin d’or.

 

Et c’est pour cela que je m’envole très souvent dans le ciel de mon cœur rejoindre les gens que j’aime, revivre avec eux quelques instants d’une vie insouciante où le centre du monde se résumait à moi.

Partir jouer dans les champs de blé et de coquelicots, dans les prairies couvertes de fleurs, se rouler dans l’herbe verte et respirer l’odeur de la vie.

 

Hélas, ce trésor n’est pas transmissible et disparaîtra quand je partirai vers l’autre monde. Entre nous, je n’ai plus peur d’y aller, je connais qq un qui m’y retrouvera.

Combien de trésors comme le mien sont restés inutilisés, abandonnés, délaissés par leurs propriétaires…

Le mien est plein à craquer et je voudrai t’en offrir un fragment, une parcelle pour que ta vie soit plus belle, plus joyeuse, plus heureuse.

 

Ce trésor est la vie.

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