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Publications de Deneyer Viviane (81)

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Ce matin-là, je reçus une lettre d'un genre nouveau.* 

Elle était en étoile, une de celles à cinq branches brillant de mille feux.

Le facteur étonné d’avoir une telle missive au sein de sa sacoche, a sonné à la cloche. Avec un grand sourire, il m’a tendu l’enveloppe. Dans les multiples paillettes qui collaient à sa paume, la lueur de ses yeux se mirait en silence. Il avait l’air tout autre.

« La journée commence fort ! », m’a-t-il dit en partant. Il a ouvert la porte de sa camionnette rouge, a déposé son sac sur le siège passager, s’est assis au volant.

L’étoile dans la main, je l’ai suivi du regard tout en me demandant le sens de ses mots. Que pouvait-il savoir du contenu de cette lettre scellée par sceau de cire ?

Les oreilles baissées, le chien s’est écarté pour me laisser passer au lieu de tournoyer autour de mes jambes en aboyant gaiement.

Était-il bien prudent d’ouvrir cette missive qui semblait détenir le pouvoir de changer l’attitude du facteur et aussi celle du chien ?

Le sceau en cire rouge se trouvait juste au centre pour fermer chaque branche. Il était tellement dur que j’ai pris un couteau pour essayer en vain de l’avoir en entier. Il s’y refusait ferme, ne voulant libérer qu’une branche à la fois en respectant le sens de l’aiguille d’une horloge qui égraine l’air du temps.

Joséphine regrettait de n’avoir pu serrer son cher fils dans ses bras plus longuement que six jours. C’est la tuberculose qui l’avait emportée.

Gustave s’en voulait d’avoir soudain glissé avec sa grosse moto lui qui aurait aimé son rôle de grand-père. Il avait tant rêvé d’emmener à la pêche tous ses petits-enfants, de chanter avec eux des comptines paillardes. 

Mélie veillait sur moi depuis ce Noël-là. Elle tenait sa promesse. Je n’avais rien à craindre.

Quant à ma Josépha, elle me remerciait d’avoir fait dire cette messe pour qu’elle repose en paix. Elle en avait assez de hanter le village. 

Le dernier morceau de sceau refusant de céder, je n’ai pas insisté. J’ai déposé la lettre sur l’appui de fenêtre entre deux orchidées.

Une lettre de l’au-delà… Qui m’avait fait cette blague ?

En début de soirée, je suis allée m’asseoir sur la terrasse faisant face au jardin. Une multitude d’insectes voltigeait autour des fleurs semblant vouloir attendre la pluie d’étoiles filantes promise pour la nuit.

La bise légère et tiède soufflant dans mes cheveux a soudain laissé place à un coup de vent fort. C’est en tourbillonnant qu’il a ouvert la porte juste à côté de moi. Préférant que les moustiques dansent à l’extérieur, j’ai quitté mon fauteuil pour aller la refermer. Frissonnant malgré moi, je me suis dit qu’il était peut-être temps de rentrer.

Et c’est à ce moment que je l’ai vue sortir la lettre d’un genre nouveau. Étincelant la nuit noire, elle s’est envolée avec sa branche fermée. Montant comme une flèche, elle est allée rejoindre l’étoile de mes rêves, celle qui me fait des clins d’yeux quand je parle à papa.

*Première phrase du roman "Une Forme de vie" d'Amélie Nothomb

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Note

Note

 

Ma déception est grande.

Que dis-je ? Elle est immense !

Et je dois la crier

En vue de l’extirper

Du profond de mon moi

Blessé sans foi, ni loi.

 

Depuis quelques années,

Elle m’empêche d’avancer

Pour mieux me protéger

Des humains acérés

Postés sur mon chemin

D’hier et de demain.

 

Par les larmes dégainées,

La peine s’est noyée,

Guérissant les blessures,

Cicatrices de l’armure,

Déguisant la confiance

Avec masque de méfiance.

 

Jalousie et mensonge

Ont un cœur qui se ronge,

Traites et bons parleurs

Une langue qui se meurt.

Ils usent de leur venin

Pour briser l’être sain.

 

Je hurle ma déception,

Mes grandes désillusions.

Les arêtes coincées

Au fond de mon gosier

Viennent d’être expectorées

Sur ce bout de papier.

 

Je suis une battante,

Pas une fille en attente.

Et mon balai nettoie

Le chemin devant moi.

Il enlève l’ivraie

Qui le rendait si laid.

 

Me voici à nouveau

Au cœur du renouveau,

Les deux yeux pétillants,

Les deux mains en avant,

Le visage éclairé

D’un sourire libéré.

 

Deneyer Viviane 

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Pour l'an neuf

Pour l’an neuf

 

Décembre s’éteint.

Nul ne le retient

Lui qui, bon denier,

Termine l’année.

 

Festif à ses heures,

Il ouvre les cœurs,

Relance l’air du temps,

La lumière nous rend.

 

Décembre s’en va,

Glissant sous nos pas.

Nos lumières l’éteignent

Pour que janvier règne.

 

Janvier nous entraine

Là où le vent sème

Des vœux de santé,

D’amour, d’amitié.

 

Que l’année nouvelle

Vous soit douce et belle,

Qu’elle comble vos désirs,

Vous donne le sourire

 

Deneyer Viviane 30/12/2011

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Le feu de bois

Le feu de bois

 

Ce petit crépitement qui chante et craquette en consumant la bûche…

 

Il y avait si longtemps que je n’avais plus allumé de feu de bois à la nuit tombante.

 

Le froid a envahi soudainement le petit salon qui donne vue sur le jardin. Alors, frissonnant, j’ai retrouvé cette vieille habitude : faire une boule avec un vieux journal, le recouvrir d’écorces, de pommes de pin ou de petits bois secs, déposer une bûche par-dessus le tout et craquer une allumette, bien sûr.

 

Bonheur de retrouver cette douce lueur de la flamme qui danse en pourléchant les rondeurs du bois sec.

 

La sournoise fumée plonge la pièce froide dans un épais brouillard. Mais c’est la chaleur du feu naissant qui compte. Le petit cric-crac du bois qui pète avec ferveur, semble n’avoir jamais cessé. Je deviens ma propre flamme, aux yeux lumineux, aux reflets chatoyants dans les cheveux.

 

Ce n’est pas le feu qui se propage à mon corps. Non, le rougissement de la bûche de hêtre coupée deux ans plus tôt dans la forêt voisine donne la douce sensation d’apaisement et de bien-être à mes petits petons engourdis par le froid.

 

Dehors, le vent glacial entraîne les gros flocons aux éclats d’argent sous le clair de lune dans une danse frénétique.

 

Remontent alors les souvenirs d’antan, les chemins parcourus chaussée de grosses bottines, un sac sur le dos, avec la sensation du bout du nez glacé, des lèvres sèches et des deux joues gercées. Des soirs d’hiver où je me calfeutrais, des matinées en partance pour le lac gelé, avec derrière moi maman qui s’affaire aux fourneaux, le bouillon de légumes qui mijote, et papa qui s’inquiète.

 

Le lac gelé ouvre toujours la porte aux hardies pirouettes effectuées du haut de mes patins à glace, sous un soleil timide qui tente de chasser la brume matinale, le pas tout à fait sûr. C’est prévu pour glisser tout doux, tout sage, attentive aux craquements de la glace trop fragile.

 

Dans la douce chaleur de la bûche qui crépite, je savoure l’instant à la cadence des flammes qui évoquent, l’air de rien, mes souvenirs les plus chers.

 

Deneyer Viviane 19/11/2011

 

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L'automne

Je suis un platane solitaire
Aussi nu que le ver de terre.
Je viens de lâcher la dernière
Et le vent du nord en est fier.
 
Résistante à la pluie battante,
Aux bourrasques du vent latentes,
Elle s’accrochait à ma grosse branche
En attendant que vienne dimanche,
 
Jour de promenade des enfants sages
Qui rêvent, chantent et voyagent.
Ils aiment venir se réfugier
Contre mon tronc, juste à mes pieds.
 
Colorée de jaune et de rouge,
Elle virevolte, elle tourne, elle bouge.
Elle vient de prendre son envol
Et rejoint les oiseaux en vol.
 
Un gamin vient de l’attraper,
Sur sa paume, elle s’est posée.
Il la regarde tendrement,
Va la donner à sa maman.
 
Souriante, elle le remercie,
Petit cadeau qu’elle apprécie.
Elle admire ses jolies couleurs
Et la dépose sur son cœur.
 
Je suis un platane solitaire
Aussi nu que le ver de terre.
Je viens de confier la dernière,
Réjouissant un cœur de mère.
 
Deneyer Viviane 10/10/2011

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Emportez-moi

Emportez-moi.

Emportez-moi
Dans votre valise,
Dans votre sillage
Au fil de vos pas.

Dans votre bon cœur,
Dans vos deux yeux doux,
Dans vos beaux sourires,
Dans votre belle passion.

Emportez-moi
Dans votre chemise,
Au creux de vos bras,
Dans vos rêves secrets.

Emportez-moi,
Envolez-moi,
Envoûtez-moi,
Ou oubliez-moi.

Deneyer Viviane 01/10/2011
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S’aiguiser l’esprit

S’aiguiser l’esprit

 

Comme le rémouleur

Aiguise ses couteaux

En affutant la lame,

J’aiguise avec flamme

Mon esprit renouveau

Pour mon plus grand bonheur.

 

Ses outils métalliques

Maniés avec passion

Sur les lames éraflées

Animent sa volonté

De faire restauration

Des couteaux en musique.

 

Les livres que je dévore

Depuis que je sais lire

Nourrissent mon esprit,

Raffinent ce que je vis.

J’ai envie de vous dire

Qu’ils sont mon doux mentor.

 

La lame subit la lime

Qui fait son va-et-vient

En vue de l’affiner

Et de la faire briller

Doucement, l’air de rien,

Pour lui donner bonne mine.

 

Mes yeux déchiffrent les mots.

Mon esprit leur donne sens

Dessinant leur image

Et, dans ce doux sillage,

Ce que mon cœur ressent

C’est l’émotion du lot.

 

Deneyer Viviane 30/08/2011

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Des mots à dire

Des mots à dire

 

J’ai des choses à dire.

Cela fait des années

Que j’avale ces mots

Qui me glacent et me peinent.

 

Je les empêche de naître,

D’étinceler au grand jour

De peur de déplaire

Ou de blesser autrui.

 

Ils en ont assez

D’être toujours refoulés,

Ne souhaitent plus

Être ainsi enfermés.

 

Ils se manifestent

En me brûlant la gorge,

S’attaquent aux parois,

Barreaux de mon gosier.

 

Ils veulent être libres

De danser, de valser

Et d’éclabousser

Tous ceux qui les méritent.

 

Pourquoi ai-je choisi

D’être une fille trop sage

Dans un corps qui souffre

De ces mots, maux à dire ?

 

Les autres ne se privent pas

De parler dans mon dos,

Craignent ce qui m’habite,

Vérités à entendre.

 

Alors ils ont peur,

Inventent des scenarii,

Sèment une zizanie

Qui atteint mes oreilles.

 

Ils discutent entre eux

De ma lave qui bout

Tout en ayant peur

Que mon volcan s’éveille

 

Et ouvre la porte

De ces mots prisonniers

Que je préfère taire

Au point de me blesser.

 

Ma gorge brûlante

Vient de se soulager.

Je sens qu’elle enfante

Une femme libérée.

Deneyer Viviane 14/09/2011

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J'écris

J’écris ci et là, sur un bout de papier, une enveloppe déchirée, une caisse en carton, un morceau de tissu...

J’écris avec la main du cœur quand elle saisit l’outil qui lui convient le mieux parmi les oubliés qui trainent sur la table.

J’écris par tous les temps en empêchant le vent d’emporter mes beaux mots, en évitant les gouttes qui en dilueraient l’encre.

J’écris entre la pluie battante et le soleil radieux, des lettres assemblées sur l’arc-en-ciel naissant.

J’écris sur chaque couleur des petits mots sincères qui coulent de mon cœur et glissent dans ma plume.

J’écris pour mes doux yeux qui aiment regarder toutes ces jolies lettres ainsi se dessiner.

J’écris contre le temps qui passe beaucoup trop vite, en vue de lui ôter son pouvoir de l’oubli.

J’écris sans intention de laisser derrière moi des traces de mon passage sur la planète Terre.

J’écris avec les mots que vous m’avez offerts au fil de tous les âges en agençant les lettres à votre sauce à vous.

J’écris des mots qui sont pièces de mon trésor, celui qui s’enfouira au pied de l’arc-en-ciel, de cette pure merveille qui orne parfois le ciel.

J’écris parfois des notes de mélodie d’amour, musique sur chaque couleur pour égayer le ciel.

J’écris pour le plaisir de dire ce que je sens, je vois ou je ressens.

J’écris pour partager mes doutes, mes questions, mes émerveillements, mes rêves et mes certitudes.

J’écris sur les murs pour libérer les mots qui se sont pris au piège dans la toile d’araignée tissée au fil des âges au sein de mon grenier.

J’écris avec confiance et grande humilité.

J’écris pour pourvoir un jour remercier, rassurer et encourager.

J’écris en vue de partager toutes ces valeurs auxquelles je crois.

J'écris aussi pour toi que je ne connais pas et que je ne vois pas.

J’écris ce mot, rien que pour vous, un mot tout neuf mais inconnu, il est cordial et amical et je vous l’offre « cordiamicalement ».

 

Deneyer Viviane 10/09/2011

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Il

Il marche vite, si vite

Que du haut de ses courtes jambes,

Elle a du mal à le suivre.

 

Ses petits pieds emboîtent son rythme,

Ils trébuchent, se tordent, s’emmêlent,

Folle cadence soutenue face au vent.

 

Par les frottements réguliers du cuir

De ses nouvelles bottes,

Leur peau meurtrie souffre.

 

Son souffle court engloutit ses mots,

Dans sa poitrine, son cœur cogne,

Bat la chamade, s’emballe.

 

Il marche vite, trop vite.

Du haut de ses courtes jambes,

Elle ne saurait plus le suivre.

 

Une course folle entraîne ses pas,

Rien ne semble pouvoir l’arrêter,

Il fonce droit devant lui.

 

La terre frémit sous le tourbillon

De ses chaussures qui décollent

Et se posent, tambour battant.

 

Épuisée, elle s’écroule

Sous un vieux tilleul, un arbre à clous,

Gardant pour lui tous ses secrets.

 

Lui s’évapore dans le flou de l’horizon

Comme une perle de rosée

Au cœur de la feuille d’alchémille.

 

Deneyer Viviane 06/09/2011

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La cueillette

La cueillette

 

Chaussée de bottes en caoutchouc, je me suis aventurée, avec un joli panier, dans le petit bois familier. J’avais dans mon sac à dos, une pomme pour la faim, une bouteille pour la soif et un vêtement pour la pluie.

 

Le temps était favorable pour quelques heures de promenade en espérant rencontrer au bord du petit chemin des ingrédients succulents : quelques cèpes de bordeaux, des pieds de mouton bien cachés ou même de jolies chanterelles. Le festin s’annonçait bon, on allait se régaler en délectant nos papilles de ces goûteux champignons.

 

Arrivée au bout du chemin, aucun champignon cueilli, mon grand panier était vide et ma déception au comble. J’avais promis bonne cueillette pour cuisiner belle omelette, baveuse et succulente, garnie de sauge et de thym.

 

Je ne pouvais rentrer bredouille car ils allaient rire de moi, et tous se souviendraient de cette promesse non tenue. Au loin je l’ai aperçu, le gros cèpe de bordeaux. Caché parmi les douglas, il semblait me dire « Viens !». Sortir des sentiers battus n’était pas mon habitude mais je n’ai pu résister à cet appel gourmet.

 

En cueillant le beau spécimen, j’ai vu qu’il n’était pas seul. Il était un des piliers d’un joli rond de sorcière. « Quelle chance ! », ai-je songé en marchant en zigzagant dans cette forêt profonde.

 

Quand le premier cri de chouette a retenti dans le noir, mes pas n’étaient plus guidés que par ces taches colorées. Où était donc le chemin que j’avais quitté soudain, sans réfléchir imprudente, guidée par l’appel du ventre ?

 

Le festin promis du soir se transformait en cauchemar, perdue parmi les fourrés, je ne savais plus où aller. Pas de téléphone portable, pas de GPS en poche, aucune idée de l’endroit où je me trouvais à l’instant.

 

C’est alors que du panier, un rire s’est fait entendre. Le spécimen déchaîné se moquait ouvertement. Ses amis ont entonné le plus étrange des chants et les bruits de la forêt ont envahi tout l’espace.

 

De grosses larmes de panique ont déferlé sur mes joues. Je me suis roulée en boule, les deux mains sur les oreilles, au pied d’un arbre enchanteur qui semblait tout orchestrer, un gros hêtre tortueux à l’écorce endommagée. C’est au rythme de leurs notes que mon corps grelottait, mes dents claquaient en musique, ajoutant un instrument à l’orchestre des étranges.

 

Paumée dans ce monde hostile, je ne savais comment faire pour attendre sereinement que le jour m’ouvre la voie.

 

Deneyer Viviane 08/08/2011

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La magie de la pluie

Profitez de l’aubaine,

Fermez vos parapluies,

Oubliez toutes vos peines,

Cueillez ces perles de pluie.

 

Ce sont des gouttes d’amour

Qui tombent en abondance

Elles invitent toujours

À entrer dans une danse.

 

Celle qui rend le cœur gai

Et fait naître l’amour

Dans l’être qui est vrai

Et ne joue pas de sales tours.

 

Petites gouttes précieuses

Glissant le long de la peau,

Perles d’eau merveilleuses

Offrant ce qui est beau.

 

La pluie qui tombe du ciel,

Elle est source de vie.

Quand elle est arc-en-ciel,

Elle produit cette magie.

 

Deneyer Viviane 23/07/2011

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Retour à la source

"Me voilà revenu dans l’abri silencieux et pur des montagnes."* Quel bonheur que d’y vivre à nouveau !

 

J’ai beaucoup voyagé espérant le trouver ce trésor dont ils parlent. Car c'est depuis des lustres qu'ils propagent ces dires : "Il serait enfoui là, quelque part, au pied d’un arc-en-ciel." Un trésor fabuleux, prometteur de bienfaits, convoité par l’humain…

 

Mes chaussures usées jusqu’à la corde, je les ai abandonnées, affrontant les chemins de mes pieds dénudés, salis, ensanglantés.

 

Mes deux mains ont creusé, détruisant mes dix ongles, écorchant tous mes doigts.

 

Mes pupilles confrontées aux sept couleurs de l’arc-en-ciel éblouissant, ont perdu leur éclat. Brûlés à petit feu, mes yeux sont fatigués.

 

Je me suis égaré croyant à ces chimères et oubliant, ma foi, que c’est sur ce coin de terre que mon cœur est en liesse et mon âme en paix.

 

Dans le creux de la roche, je savoure l’effluve du vent doux. Il caresse mon visage rougi par tant de méprise. Il me souffle à l’oreille : « Pourquoi chercher ailleurs ce qui te tient à cœur ? »

 

Il m’invite à la source, richesse de mes aïeux. Et c’est du bout des lèvres écorchées par l’épreuve d’un voyage insensé, que je goûte à cette eau si claire et si pure. Elle est source de vie, me purifie le corps.

 

Me voilà fortifié, rassasié, apaisé.

 

Deneyer Viviane 21/07/2011

 

*J.Giono

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La pie

La pie est un oiseau

Qui convoite le beau.

Elle aime garnir son nid,

Pour élever ses petits,

 

De mousse, de brindilles

Et de tout ce qui brille :

Une pièce trouvée,

Une bague volée,

 

Aluminium oublié,

Objets pour se mirer,

Faire de son nid douillet

Un splendide palais.

 

Dans la fourche d’un arbre

Dont les branches se cabrent,

Elle construit sa maison,

Le vent au diapason.

 

Il ressemble à une boule,

Ça doit la rendre saoule

D’être perchée là-haut,

Plantée comme un drapeau.

 

Ces chers petits lotis

Dans ce très joli nid

Sont protégés d’un toit

Et traités comme des rois.

 

Cet oiseau noir et blanc

Fait aussi le printemps.

J’aime bien l’observer

Et l’écouter crier.

 

La pie est une bavarde,

Aujourd’hui, il me tarde

De l’entendre jacasser

Avant de s’envoler.

 

En oiseau justicier,

La pie n’est pas aimée

Car elle détruit les nids

Des passereaux mal construits.

 

Deneyer Viviane 21/07/2011

 

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La bague

Comme elle n’avait pas eu

De bague de fiançailles,

Il s’est dit au fond de lui

Que c’était l’occasion

De lui en offrir une.

 

Ne sachant que choisir,

Il emmena sa belle-sœur

Chez le bijoutier du coin.

Elle a guidé son choix

Vers une bague au grand coût.

 

Il est rentré chez lui

Très fier de cet achat

Fait moins d’un an après

Leur jour de mariage

Dans ce petit village.

 

Il lui offrit l’écrin,

En prononçant des mots

Qu’elle ne comprenait pas.

Il allait s’en aller

Car c’était mieux ainsi.

 

Son discours était flou.

Partir pour aller où

Et que faire là-bas

Sans biens et sans ressources ?

Était-il devenu fou ?

 

Il ne voulait pas d’elle.

Elle était une fille bien

Et devait rester là,

Cette bague en souvenir.

Il ne reviendrait pas.

 

Des perles de diamant

Ont garni tous ses cils.

Les larmes qui débordaient,

Dessinaient des sillons

Sur ses joues empourprées.

 

Elle n’était pas d’accord.

Elle suivrait son époux.

Peu importe son choix,

Elle serait avec lui

Ici ou bien là-bas.

 

Il ne s’attendait pas

À cette réaction.

Elle qui aimait tant

Sa maison, son jardin

Et sa chère profession.

 

Se montrant déprimé

En tout bon comédien,

Il a donc insisté,

Lui tenant chaque jour

Ce discours insensé :

 

Une torture mentale,

Des mots rudes et flous,

Une ritournelle banale.

Elle s’en chagrinait

Derrière de beaux sourires.

 

Et puis un jour matin,

Belle-sœur a débarqué

Avec son cher époux.

Le secret bien gardé,

Elle l’avait dévoilé.

 

Voyant que son amant

Se montrait bien trop lâche,

Elle avait pris les devants,

Avait tout balancé

À la tête de son homme.

 

La raison du départ

Venait de prendre place

Dans le fauteuil couleur

Rouge velours de l’amour

Ou d’une blessure qui saigne.

 

Une bague en or blanc

Parée d’un diamant,

Un bien joli présent

Pour troquer son amant

Avec sa sour naïve.

 

Fière de son coup d’éclat,

La maîtresse jubilait

Dans le beau fauteuil rouge

De la couleur d’amour

Ou d’une blessure qui saigne.

 

L’amant interloqué

N’aimait pas ce visage

Savourant son audace.

Le beau-frère déconfit

Avait les yeux hagards.

 

« Je lui ai tout dit, il sait ! »,

S’est-elle exclamée tout haut.

L’amant devenu blême

A jeté à sa femme

Le regard d’un chien battu.

 

La bague autour du doigt,

Celle-ci venait de comprendre

Le mystère du discours

Agrémenté de déprime.

Tout devenait plus clair.

 

Le diamant brillait

Au sein de cette pagaille.

Il semblait les narguer

Libérant les non-dits

Des amants diaboliques.

 

L’anneau lui faisait mal.

Cette bague la brûlait,

La marquait au fer rouge.

D’une grande plaie béante,

À la douleur atroce.

 

Toutes les larmes retenues

Se sont mises à couler.

Un chagrin silencieux

Sillonnait deux pommettes

Rougies d’être trahies

 

Par une unique sœur,

Jalouse depuis toujours,

Qui s’envoyait en l’air

Avec le jeune époux

Car elle lui volait tout.

 

La tête entre les mains,

Le cocu s’est écrié :

« Et maintenant, que fait-on ? »

Il voulait divorcer,

S’efforcer d’oublier.

 

L’amant interloqué

Affichait grise mine.

« Pourquoi as-tu parlé ? »,

Reprocha-t-il alors

À sa maîtresse complice.

 

De ses yeux furibonds,

Il la dévisageait,

Lui lançait des éclairs.

Le sourire jouissif

D’un seul coup s’effaça

 

Précipitant les choses,

Elle venait de commettre

La pire des erreurs.

On ne chamboule pas les plans

D’un manipulateur.

 

Deneyer Viviane 01/07/2011

 

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Livre ouvert


Cette femme charmante,

Elle s’est mise à nu,

Naïve et confiante

Plus qu’elle n’aurait dû.

 

Elle s’est dénudée

Sans prendre attention.

Elle s’est dévoilée

Sans grande précaution.

 

Au-delà de la chair

Et du cœur des os,

Elle était en clair

Un joli p’tit lot.

 

On lisait en elle

De savoureux vers

Et ça faisait d’elle

Un grand livre ouvert.

 

Telles des sangsues

Qui pompent sans arrêt

Pour être repues

Du sang de l’attrait,

 

Ils lui ont sucé

Tout ce qu’il pouvait

Avant de la jeter

Sur le premier quai

 

Lui laissant seulement

Les coups et la peine

En guise de vêtements

Tissés avec haine.

 

Ses larmes versées

Ont creusé ses joues.

Elles ont débordé

Rendant sa vue floue.

 

Elle a déposé

Dans un nid douillet

Son p‘tit cœur blessé

Gardant en secret

 

L’essence de son moi

Qui fût épargnée.

Grâce à elle, ma foi,

Elle s’est relevée.

 

Son corps tout meurtri

En frissonne encore.

Elle sait aujourd’hui

Voir de l’eau qui dort.

Deneyer Viviane 20/06/2011

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Le poisson rouge

 Le petit poisson rouge

Tourne dans son bocal,

Quelques ronds vers la gauche,

D’autres tours vers la droite…

 

Il remonte parfois

Nager à la surface,

Y happe des petites miettes

Et fait de jolies bulles.

 

Quand la patte du gros chat

Plonge dans l’eau verdoyante,

Ça le rend tellement fou

Qu’il cogne sa tête partout.

 

La menace éloignée,

Le pauvre terrorisé

Pense bien tristement

À ses eaux douces d’antan.

 

Il regrette les siens,

Ses rêves anéantis,

L’eau vive sur ses écailles,

Ses reflets au soleil.

 

Est-ce là une vie

Que de tourner en rond

Sous l’emprise de tiers,

Privé de liberté,

 

Recevant sa pitance

Dans de l’eau écœurante,

Sans espoir de changement,

D’aventure, de passion ?

 

La vie est tellement courte

Qu’il serait vraiment triste

De n’avoir comme refuge

Qu’un trop fade bocal.

 

Cher petit poisson rouge,

Aveuglé par l’attrait,

Prends bien garde à l’appât

Qui t’emprisonnera.

 

Deneyer Viviane 15/06/2011

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Éclipse

Information à la une :

« Phénomène exceptionnel,

Tournez vos yeux vers la lune,

Observation bien réelle ! »

 

On annonçait pour le soir

Une éclipse de lune,

Un réel désespoir

D’un ciel sans clair de lune.

 

Alors, je suis sortie

Pour observer ce ciel.

La lune était partie.

Bon Dieu, où était-elle ?

 

J’ai vu le firmament

Obscurcir ses étoiles,

Un ciel peu scintillant

Couvert d’un épais voile.

 

Déçue par ce spectacle,

Je suis rentrée chez moi.

Était-ce mauvais oracle

Mon cher ciel sans émoi ?

 

Dans ma petite chambre,

J’ai regardé mes livres.

Le grimoire qui se cambre,

Était devenu ivre.

 

J’ai éteint la lumière

D’humeur plutôt maussade,

Puis j’ai vu sur les pierres

Une faible lueur fade.

 

La lune hasardeuse

Cherchait à se faire voir.

Elle me rendait heureuse,

Nourrissait mes espoirs.

 

C’est petit à petit

Qu’elle m’est apparue,

Sa lumière a brandi,

M’en a mis plein la vue.

 

Je pouvais m’endormir.

Tout devenait paisible.

Mes rêves allaient sourire

Prenant l’éclipse pour cible.

 

Deneyer Viviane 16/06/2011

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Toc, toc, toc...

Qui es-tu,

Toi, inconnu

Frappant à ma petite porte

Avec l’envie d’entrer

Dans l’enceinte de mon moi ?

 

Moi, je suis une femme

Qui espère être aimée

Et non servir de mets

Pour assouvir la faim.

 

Qui es-tu,

Toi, personnage

Cherchant avidement

À infiltrer soudain

Ma chère intimité ?

 

Moi, je suis une femme

Qui veut être respectée

Et non une marionnette

Que l’on prend pour jouer.

 

Qui es-tu,

Toi, étranger

Souhaitant habiter

Le moindre de mes pores

Pour mieux me savourer ?

 

Moi, je suis une femme

Qui aime tout partager,

Pas rien que le désir,

Le sexe et le plaisir.

 

Qui es-tu,

Toi, être humain

Espérant assouvir

Tes fantasmes les plus fous

En franchissant ma porte ?

 

Moi, je suis une femme

Qui va trouver son double,

L’âme-sœur qui l’attend

Les deux bras bien ouverts.

 

Je vieux bien t’écouter,

Dialoguer, rigoler,

Mais il y a des mots

Que je ne dirais point

 

Car ils sont réservés

Pour une intimité

De deux corps en fusion

Qui s’aiment à l’unisson

 

Sachant que leur amour

N’est pas sans lendemain,

Qu’ils marchent côte à côte

Sur le même chemin.

 

La main gauche sur la clenche,

Je suis prête à ouvrir

Cette porte fermée

Si tu es cette âme-sœur

Qui fera mon bonheur.

 

Deneyer Viviane 04/06/2011

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Élixir

J’ai goûté en ce jour

Au calice de l’Amour,

Élixir savoureux

Convoité par tous ceux

Qui marchent déterminés

Sur leur chemin tracé.

 

J’y ai trempé les lèvres

Pour siroter cette fièvre

Qui guérit tous les maux

Et rend les gens si beaux,

Un élixir de joie

Rien que pour lui et moi.

 

Mes deux lèvres mouillées

Avaient un goût sucré.

Quelques perles de rosée

Aux reflets argentés

Coulaient le long de mes joues

Nettoyant toute cette boue

 

Que j’avais recueillie,

Cible de leurs envies,

Victime de jalousie

Mais toujours bien en vie

Dans ce monde de fous

Peuplé de méchants loups.

 

J’y ai trempé un doigt

Recueillant l’encre de foi

Pour graver cet instant

De ce moment présent

Qui unit deux âmes-sœurs

Partageant le bonheur

 

De s’être enfin trouvées

En sourires, en pensées.

Leurs graines d’amour semées

Ont grandi, ont poussé.

Elles peuvent enfin y boire

Au fruit de leurs espoirs.

 

Deneyer Viviane 14/05/2011

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