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Publications de Carole (7)

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Spoutnik - Jean-Marie Piemme



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"Une fois que j’aurai disparu, qui peut attester que ceux-là sur la photo sont mes parents ? Personne. Personne qui le sache de première main. Qui regardera cette photo pourra dire ce qu’il voit et pas davantage : une femme, un homme, deux personnes autour de la quarantaine, des inconnus dans un jardin, à qui on peut prêter le destin qu’on veut. Deux êtres vous fixent. Qui sont-ils ? On ne sait pas. Et dans le silence de la photo vous laissez filer votre désir."

2008, la maison d'édition Aden décide de se lancer dans le roman. Grand tournant pour cette maison d'édition de huit ans à peine à vocation politico-sociale qui, jusque là, publiait principalement documents, essais, témoignages etc. Une nouvelle collection, Rivière de cassis, et deux romans: Les entrailles du soleil de Nicolas Florence et Spoutnik de Jean-Marie Piemme.

Spoutnik ne vous emmène pas sur la lune, loin s'en faut. On se contente de rester en Belgique, principalement à Seraing, dans la Wallonie profonde de la deuxième moitié du 20ème siècle. Si vous vous attendiez à une fiction palpitante et rebondissante, vous n'y êtes pas du tout. Jean-Marie nous livre sa vie, tout simplement.

Simplement? Non. Suivre un modèle chronologique n'aurait pas été digne du dramaturge; narrer sa jeunesse, fidèlement, sans incartades, exagérations ou digressions n'aurait pas été suffisamment amusant. C'est pourquoi nous nous retrouvons plongés dans un livre divisé en chapitres aux noms parfois incongrus tels que "Cerises et cochons", "Culottes courtes" ou "Pourquoi marcher lentement?" dans lequel il nous raconte anecdotes et souvenirs marquants de son enfance à sa vie de jeune adulte. Passant d'un événement à un autre, sans crier gare, Piemme use du ton frais et mutin de la jeunesse à l'imagination débordante, contrebalancée d'une sacrée dose de pragmatisme et de cynisme rétrospectif, le tout teinté d'un respect profond envers ses origines.

Ainsi, la lecture de Spoutnik n'est pas une recherche du satellite dans la nuit étoilée.Spoutnik, c'est un regard vers le bas, vers les racines profondes de la Belgique et de ces familles du siècle passé. Des us, des coutumes, de la vie de l'époque... si différente! Déjà tellement désuète dans ce début de siècle nouveau...

Et parce que pour certains c'était la réalité et que pour les autres ce n'est pas si lointain, Spoutnik n'offre pas qu'une histoire, il offre aussi un pan de l'Histoire, notre histoire.

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Un (de) trop

Je vous tirerais bien mon chapeau ou encore ferais-je volontiers une révérence mais je n’ai pas de couvre-chef et ma jupe est bien trop courte.
Autant vous prévenir, vous pouvez utiliser l’expression qui vous sied le mieux : s’en foutre, s’en cogner, n’en avoir cure, s’en balancer, ne pas s’en soucier, s’en branler, s’en moquer, s’en torcher, où que sais-je encore, elle s’applique à moi. Les autres ne m’intéresse guère. Et bien oui, je l’avoue volontiers, je suis blasée, indocile, désagréable, acariâtre, asociale, carrément méchante, jamais contente, sadique, intolérante et je caresse le doux rêve du génocide à critère intellectuel. La foule, le peuple, les esprits dépourvus d’esprit critique… Rien ne m’horripile plus. Comme il semble que cela soit la mode, de nos jours, de ne plus faire preuve de discernement, je préfère m’intéresser à ma petite personne. Cela m’évitera, vous en conviendrez, bon nombre de déceptions et désappointements.
Mais enfin… Que faire, me direz-vous, de la compassion, de la philanthropie, de l’indulgence, de l’altruisme, de la noble charité ? L’humanisme dans toute son essence !
Miséricorde ! Ce serait avec plaisir mais… Non merci. J’ai trop mangé.
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Et balancez mes cendres sur Mickey

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Du 09/03 au 10/03 à la Salle Delvaux de l'ULB

De Rodrigo Garcia 
Mise en scène : Atanasio Cadena
Avec Marc Mitz Ballmer, Bohouo Hippolyte, Franco Emilie, Jacquemin Pierre, Pauchard Coraline, Pieters Céline, Piret Cécile,Pirlea Luminita, Poels Nicolas, Rosdahl Elsa, Stercq Fanny, Toussaint Marguerite et Vesse Adeline.

"Et balancez mes cendres sur Mickey est une pièce qui nous incite à réfléchir sur la condition humaine face à la consommation industrielle et l'avenir de notre société contemporaine. Rodrigo Garcìa propose, dans son texte, une vision du monde en décadence. Un monde malade et névrosé, régi par le déni de sa propre nature : une nature par définition imparfaite, rugueuse et originale."

Parce que les termes en gras et le titre suffisent...  Comment ça, non? Bon!

Encore une fois, le TOB nous offre une pièce grinçante dénonçant, cette fois, les travers de notre société en mettant en exergue son formatage à et par la (sur) consommation. Ce n’est pas grave si ça sonne légèrement redonnant après Rouge Gueule, nous aimons la masturbation intellectuelle sur fond de « pascontent » et le clamons haut et fort !
Un thème cynique, donc, mais surtout une mise en scène qui déménage, un véritable show au burlesque plantureux hautement talonné par une élégante aliénation à l’expressivité décoiffante. Des costumes superbes, des actrices parfaites hôtesses, un rythme élaboré, non vraiment, originalité et fonctionnalité sont présentes à l’appel et vous nous en voyez plus que ravis !
Un seul bémol peut-être… Enfin, non ! Deux. 
Premièrement, ayant hérité d’une place au tout premier rang, je peux témoigner de la difficulté  visuelle occasionnée lorsqu’il y a moult mouvements mais aussi plusieurs déplacements aux diverses extrémités de la scène convenue. Deuxièmement (et c’est partiellement lié), la compréhension du texte passe de temps en temps à la trappe. Plusieurs raisons à cela.  Primo, face à un tel déploiement scénique, l'acoustique ne peut logiquement pas être optimale. Deuxio, nous avons noté de temps à autre un manque d’articulation et de puissance vocale mais surtout quelques problèmes de prononciations qui peuvent quelque peu gâcher le plaisir auditif du spectateur…
Ne restons pas pour autant sur cette touche négative et relevons tout particulièrement la prestation de Marguerite Toussaint, au jeu parfaitement calibré, à la diction exceptionnelle, aux mimiques expressives à souhait mais surtout au sourire lumineux et contagieux !
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Nothing Rien Niks Nada

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Du 11/03 au 02/04/2011 à l'Atelier 210.

Du Panach' Club
Mis en scène: Eric de Staercke
Avec  le Panach' Club

"Rien ce n'est pas n'importe quoi! Rien ce n'est pas un petit peu. Rien, ce n'est pas "pas grand chose". Rien c'est tout, c'est absolu et infini! Rien c'est l'origine de tout et l'aboutissement de tout! Rien, c'est la liberté! Se battre pour un petit rien! Vivre pour rien et faire ça pour rien! Rien, c'est le sens de toute création! A quoi sert la culture, à quoi sert l’art, à quoi servons-nous ? Nous ne servons à rien! Et pourtant, on a besoin de rien ! Enfin de ce rien… pour vivre... Si ça ne vous dit rien, ça vous dit déjà quelque chose! Dans son style comico-déchirant absurdo-romantico-panacho-tango-nihiliste, le Panach’Club présente sa nouvelle création, visuelle, sonore et totale comme une page blanche. « Nothing – Rien – Niks - Nada » pourrait aussi s’appeler « 2011, l’odyssée de l’espace vide », un hommage à Peter Brook et Stanley Kubrick, maladroit et naïf, certes, mais c’est le geste qui compte !"
Parce que j'aime le néant, que le titre me fait penser à la pub de mobistar et par extension à une nouvelle mienne où j'usai de cette référence vaseuse, que l'Atelier 210 m'a, pour le moment, rarement déçu et qu'il y a Delphine Ysaye dont la prestation dans "Boomerang" m'avait énormément plu!

First of all, my mistake: No Delphine Ysaye in that play but whatever! Les autres comédiens du Panach' Club suffisent largement! 
Ensuite... Nous voici plongés dans une pièce pour le moins atypique, plutôt courte mais très expressive. En effet, nous sommes ici les spectateurs d'une incroyable performance (pour les éventuels adeptes du PPP,  ça ne signifie pas qu'on demande au public de parler, loiiiin de là). Sur la scène, ce ne sont plus des comédiens mais des corps en mouvement, ce ne sont plus des êtres humains mais de simples numéros, ce ne sont plus des individus mais des archétypes caractériels... Pour finir, ils ne sont plus rien, happés par  le monde actuel qui veut toujours aller vite, toujours plus vite mais qui, paradoxalement, passe la plupart de son temps à faire attendre ses citoyens.Tout nos opérateurs Mobistar sont occupés, veuillez patienter s'il-vous-plait... 
Rien ne nous est annoncé, rien ne nous est expliqué, ils laissent simplement le soin à notre hémisphère droit de profiter visuellement de la pièce tout en faisant travailler le gauche à la signification, le message qu'ils essaient de nous faire passer. Parce que lerien, absurdité sans nom, est partout,  rôde mais ne doit pas pour autant s'immiscer dans notre cervelet, le Panach' Club nous offre la possibilité d'interpréter à notre guise leurs questionnements sur ce monde sibyllin. 

Pas de points négatifs, donc? Peut-être ce manque d'ancrage dans le réel, le vrai, le vraisemblable, l'expliqué ou l'explicable leur feront perdre en cours de route une partie des spectateurs, trop terre-à-terre et cartésiens et on ne peut les blâmer. Sans indications, nous ne pouvons décemment pas savoir à quoi nous attendre et une partie de nous ne peut s'empêcher de guetter l'explication, l'arrivée du messie, celui qui offrira du sens à ce purgatoire pour le moins singulier. Les pourquoi restent donc sans réponses, occasionnant probablement quelques frustrations immuables et c'est bien dommage... Mais, à leur décharge, il n'est jamais aisé de garder les pieds sur terre lorsque la tête se perd dans les nuages et encore moins d'avoir un globe oculaire extrinsèque quand on est "à fond dedans".

Louons donc cette prouesse théâtrale et recommandons-la aux cartésiens, à l'esprit en constante mutation à la perpétuelle interrogation, qui recherchent vainement le sens de vie perdu!

http://www.atelier210.be/
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Appel au public

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Du 17/09 au 19/06, deux fois par mois à l'Atelier 210. 
Un concept de Pascal Lefebvre, Hugues Hamelynck, Alban Schuiten, Pierre Ronti, Benoît Pauwels, Quentin Bogaerts et Thomas Demarez.
Avec Ronald Alexandre, FX Fiévez, Naïma Ostrowski,Dominique Pattuelli, Victor Scheffer.

"Appel au Public est un spectacle d’improvisation théâtrale totalement inédit basé sur l’interaction entre public et comédiens via téléphone portable.A son entrée, le spectateur a la possibilité de communiquer son numéro de portable afin d’être appelé à tout moment pendant le spectacle. C’est par ce biais que le public interagit sur les improvisations en proposant des thèmes, des personnages, des lieux et en influant sur le cours de l’histoire. Par ailleurs, lors de l’entracte, le public est invité à voter par SMS pour une des improvisations de la 1ère partie qui sera ensuite développée après l’entracte pendant 45 mn."

 Je ne vous apprends rien, l'impro, c'est presque, tout autant voire plus dur que le "vrai" théâtre. Mais aussi une question de goûts et de couleurs. D'aucuns ne mettront jamais les pieds dans une salle présentant une pièce traditionnelle et inversement (proportionnel?). 
Bref. Nous ne sommes pas de ceux-là et les deux nous siéent à merveille. Ainsi, c'est avec beaucoup de plaisir que nous avons assisté à l'une des représentations de ce célèbre concept téléphonique, découvrant un IL à la face cachée mais à la voix plutôt envoutante, un décor minimaliste mais coloré et des acteurs pleins de ressources. Six petites impros sont jouées devant nos yeux, à partir des réponses des appelés aux questions de IL, l'appelant. Des questions précises, pointues comme "quelle est votre phrase préférée?", "que feriez-vous si vous gagniez au lotto?" dont l'avantage est d'être thématiques et le désavantage d'être vastes et psychologiques (ou philosophies) prenant souvent au dépourvu le spectateur au bout du fil qui n'a pas le loisir d'y réfléchir plus longuement que les dix secondes imparties et offre parfois des réponses bizarres, bancales ou... conceptuelles. Bref!  
IL s'en sort pourtant très bien, le mot qu'il faut, la voix égale, très relax et une diction des plus parfaites, il nous éclaire, sans chocolat, nous aiguille et mène le jeu à la baguette ajustant les réponses comme il le faut au futur jeu des acteurs. Les comédiens eux aussi s'en sortent. Même plus que bien. Ils s'adaptent sans broncher et nous offre des sketchs cohérents ainsi qu'une piécette plus longuette qui l'est tout autant. Bon, tout n'est pas parfait, c'est vrai. Certaines incohérences sont notables, des écarts aux règles mises en place sont évidents mais, il faut l'avouer, dans l'ensemble c'est très bien ficelé. Des répliques filantes telles des balles de ping-pong étoilées, du cynisme, de l'humour, des situations cocasses, et des rebondissements croquignolesques, une chose est sûre: vous ne risquez pas de vous ennuyer!
Pour les curieux, citons les défauts du 13 mars: 
- Le deuxième sketch avait comme règle "pas plus de deux joueurs en scène" (si j'ai bien compris), ce qui ne fut plus le cas à la fin en raison d'un très grand nombre d'allées-venues, affaiblissant le jeu en le rendant trop confus. Résultat: je ne me souviens déjà plus du dénouement.
- Le troisième sketch devait rendre une qualité et un défaut à travers deux personnages différents. Les deux étant le même trait de caractère, ils ne furent malheureusement pas bien dissociés, cela ne nous empêchant pas de rire aux éclats, heureusement.
- Le quatrième enfin voit une exploitation bien plus pauvre à la vraisemblance modérée mais surtout à la retombée finale totalement inconsistante.
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Revenez lundi - Catherine Graham

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"Nous sommes dans un Centre Public d'Aide Sociale, à l'heure de table. Epuisée, Gervaise, l'assistante sociale, s'est enfermée dans son bureau. Elle mange son sandwich à la fenêtre, quand elle est interpellée par Johanne, qui vient la remercier pour l'obtention d'un logement social. Derrière ce merci se profile une urgence. Elle a besoin, dans l'instant, d' un formulaire lui permettant d'aller chercher gratuitement des somnifères..."

Un pièce très terre-à-terre sur les difficultés financières d'aujourd'hui. Un dialogue oscillant entre harcèlement, condescendance, complicité, désespoir et solitude entre une assistante et une assistée sociales.
A la lecture, la pièce est rêche et ces deux femmes meutries, voire quelque peu aigries, deviennent au fur et à mesure quelque peu antipathiques. Un concentré de plaintes et de jugements qui finit par ne laisser qu'un goût d'amertume et de précarité au lieu de nous offrir l'espoir à travers l'adversité. Car c'est ce que nous devrions normalement ressentir face à ces femmes rejetées mais qui tentent, comme elles peuvent - tant bien que mal -, de garder la tête haute et de prendre leurs responsabilités.  Devant ces desperate housewives peu glamour, le lecteur perturbé referme le livre partagé entre exaspération et pitié, n'oubliant pas toutefois qu'un texte de théâtre est fait pour être mis en scène et intrigué, dès lors, de voir ce dialogue finement joué.
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En attendant...

Du 04/04 au 05/04 à la Salle Delvaux à l'ULB

Metteurs en scène : Salvatore Di Bennardo, Valérie Marchand

Acteurs : Élise Lardinois, Martin Bolle, Benjamin Peuch, Marie Dossin, Joaquim De Moor, Margaux Lauwaert, Anne-Charlotte Betton.

"Sept personnes viennent de mourir le même jour, à la même heure, à la même minute et à la même seconde mais pas à la même époque. Les voilà qui se retrouvent, hors du temps, dans l’antichambre de la Mort. Ils attendent... entre deux mondes. Ils sont là, acceptant leur sort. Tous, sauf un. Un enfant qui va bousculer les idées reçues sur l’au-delà et le repos éternel. Ils croyaient faire face à la mort mais une épreuve bien plus redoutable les attend : faire face à leur vie."

Un jeu entre la vie et la mort, une révolte et un huis-clos. What else?

Les romanistes sont à nouveau sur les planches (mais ce n'est pas nous, cette fois-ci et un brin de nostalgie nous assaille ainsi que la curieuse sensation d'avoir fait son temps lorsque nous contemplons ces visages inconnus qui s'offrent à nous) dans une pièce mortellement mouvante et au rebondissement final des plus inattendus. Un début mitigé, des légers défauts de prononciation, quelques cafouillages mais, dans l'ensemble, chacun s'ancre dans son  rôle au point que le spectateur ne peut voir ces acteurs autrement que sous les formes des personnages qu'ils incarnent. Seule  l'enfant ne nous offre pas une performance complètement authentique mais, ne la blâmons pas trop, un tel rôle-clef n'est pas des moindres et certainement très difficile à jouer.
Que dire de plus? Rien, il me semble. Nous restons encore sans voix devant ces interprétations terribles, grandioses, au point qu'un terrible noeud se forme dans notre estomac. 
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