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Publications de martine rouhart (225)

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L’amitié, un sentiment aussi fort que l’amour, peut-être en plus léger, plus  désintéressé? Mais peut-il survivre à toutes les déceptions?

Au travers de leurs ouvrages respectifs qui viennent de paraître, et où l’amitié tient le premier rôle, Jacqueline Gilbert et Martine Rouhart proposent un échange amical ...sur l'amitié. Marie Meuse, également auteure, sera la troisième amie qui fera parler les deux autres…...

Martine avec son roman "Proche lointain" ,

Jacqueline avec son roman "Un penny pour vos pensées" et son recueil "Entre deux pluies"

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Je plane....

Martine Rouhart, Proche Lointain.
Publié le 6 octobre 2016 | Par Joseph

Martine ROUHART, Proche lointain, Dricot, 2016, 156p., 14€.

Voilà un bien beau roman sur le thème délicat d’une amitié en souffrance.

Le narrateur marié avec Judith , père d’une grande fille Claire, entretient avec Jean-Louis une amitié, née par le plus grand hasard, vingt-trois ans plus tôt, au coin d’une terrasse.

Les amis ont tout partagé : sport, discussions, sorties. Et puis, un événement révélé au narrateur va tout faire basculer : est-il possible de voir s’effriter une si belle amitié ?

Le grand mérite de l’auteur de « Séparations » est de nous immiscer au sein d’une relation dense, très féconde, entre deux hommes que bien des idées séparent. Oui, ils se sont appréciés et aimés très vite, ont eu l’impression de gagner grâce à l’autre, de grandir.

La révélation ultime de ce court roman qu’on lit avec intérêt et sensibilité, nous interroge sur le devenir de toute relation de qualité : savons-nous tout de l’autre ? faut-il pardonner ? sommes-nous insensibles aux défauts de l’ami ? Le roman, bien charpenté, chronologiquement et thématiquement, tente de répondre à ces questions sans nous les assener.

Les sentiments sont traités avec suffisamment de pudeur et de recul, et la place qu’ils peuvent prendre dans l’âme du narrateur nous étreint fortement. Un ami compte beaucoup, quoi qu’il ait fait. La chute du roman, qui démarre sur un autre récit, ménage bien des surprises, et est bien à l’aune du talent de l’auteur qui a décrit remarquablement les liens si forts, si proches, si lointains entre deux hommes, sans une once d’ambiguïté. Aimer l’autre n’est pas si aisé, et l’écrire, sans tomber dans la mièvrerie, n’est pas un simple exercice de style.

Les qualités de style de la romancière subtile de « Séparations » explosent ici : pas un mot de trop, pas une once de facilité ni de sentimentalisme. Seule la vérité du cœur parle, et la lecture de ce livre peut être un baume pour toutes les amitiés perdues.

Un bien beau livre. Sensible et dur. Comme une amitié qui vit et s’interroge.

Philippe Leuckx

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Joies

Des joies pourraient éclater continuellement, si on savait, si on était plus attentif. Une constellation infinie de petits points lumineux qui s'allument et s'éteignent, un incessant clignotement.
Des instants quelquefois très brefs et toujours radicalement neufs, qui régénèrent comme une bourrasque secoue les feuilles mortes ; des joies minuscules et qu'on n'attendait pas, qui reconstituent le bonheur ébréché par les épreuves, les chagrins ou les désillusions ; une foule de petites choses qui, sans procurer le bonheur, remplacent le manque de bonheur.

"Le mot 'joie': prendre le temps de penser à ce mot. Surpris qu'il me revienne tout à coup" (Ph Jaccottet, Carnets 68-79 )

" Que n’as-tu donc compris que tout bonheur est de rencontre et se présente à toi à chaque instant…Le rêve de demain est une joie, mais la joie de demain en est une autre, et rien heureusement ne ressemble au rêve qu’on s’en était fait, car c’est différemment que vaut chaque chose " (André Gide, Les Nourritures terrestres).

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On entend, de loin en loin "Je suis déçue, elle me déçoit,…": Qu’est ce que cela signifie véritablement ? Il y a des amertumes qu’on se fabrique tout seul, d’autres qui sont des désenchantements vrais.

Oui, on peut être déçu de n’avoir pas atteint un objectif alors qu’on pensait sincèrement avoir tout mis en œuvre, y avoir impliqué toute son énergie et son cœur. Parfois, c'est simplement les occurrences, une sorte de fatalité, mises en travers du chemin. La déception, toute légitime qu’elle soit, porte alors plutôt vers l’action, à réagir pour faire échec à ce qui nous a fait obstacle. Notre persévérance finira par triompher!

Les défaites, de toute manière, proviennent de l’essence de l’humanité. La désillusion n’est parfois que le reflet de notre manque d’humilité, de n’avoir pas voulu reconnaître ce qu’on n’est pas … Il faut accepter que rien ne soit parfait.
Et puis, on dit que les échecs font grandir, et c'est souvent vrai.

En tout cas, je n’appellerais pas déception l’échec d’un projet qui survient tout simplement parce que l' on n’a pas mis en jeu toutes ses potentialités, pas été au bout de l’effort ; qu'en plus, on "n'a pas eu de chance"! Tant pis, alors. Il me semble qu’il y a une certaine mauvaise foi à "se dire déçu" de l’issue. On ne dit pas ce qu’on croit, et on ne croit pas ce qu’on dit. Il arrive naturellement ce à quoi il fallait s’attendre. Plutôt la " chronique d’une déconvenue annoncée"…

En fait, les déceptions les plus douloureuses sont peut-être celles qui nous échappent...Oui, on a le droit d’être déçu si "l’autre", en qui on avait investi une certaine confiance ou affection, agit mal envers nous, un peu gratuitement, et en sachant qu'il fait mal ; par des actes ou des paroles, ou par simple légèreté ou négligence quasi voulues.
Mais attention, l' égocentrisme serait pour une grande part responsable de la déception si on avait placé dans autrui, sans respect pour ses préoccupations et sa nature propres, des attentes disproportionnées ; lorsque la perception de l'autre ne s’accorde pas entièrement avec l’image qu'on en avait modelée.

Il faut bien se garder alors de ne pas réagir de notre côté par dépit, d’une manière qui pourrait vraiment "décevoir", de ne pas faire refluer comme une marée sans cesse grossissante les rancœurs, un cycle sans fin.
Mais sans céder à trop de complaisance ; à trop s’accommoder des manquements, à trop consentir, on finit par assécher la relation. Un équilibre subtil et fragile à atteindre, entre exigence et indulgence …

Quoiqu'il en soit, les vraies déceptions ne rendent sans doute pas meilleur, mais peut-être plus profonds, en nous incitant à nous remettre en cause et quelquefois, à faire le choix de se détourner de l’autre.

Martine Rouhart

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Nouveau roman: Proche lointain

12273185285?profile=originalJ’ai le grand plaisir de vous annoncer la parution de mon nouveau ROMAN, « PROCHE LOINTAIN ».

L’histoire d’un éloignement, de la fin d’une amitié. Des dissensions presque imperceptibles éloignent deux amis, jusqu'à la déception de trop, jusqu’à ce qu'un certain événement consomme la rupture.
Et après...qu’advient-il lorsque tout a été dit ?

Il y est question des petites blessures qu’on laisse passer par indulgence, vraie complaisance ou volonté secrète que rien ne change. Des fissures qui font mal, qu’on comble tant bien que mal mais qui creusent à la longue une brèche irréversible.
Le roman est construit sur trois temps : Le narrateur raconte l’éloignement progressif, ses interrogations et ses regrets, jusqu’à la survenance de l’événement. S’intercalent des passages où il s’adresse à Jean-Louis (monologue dans le vide ou long reproche direct ?), dans un temps déjà postérieur à l’événement en question. Le lecteur n’apprendra la teneur de celui-ci qu’aux deux-tiers du livre. A partir de ce moment, le roman repart sur un troisième temps, un nouveau présent, basé sur les nouvelles donnes…

Une histoire intimiste et en même temps un suspense ; le fil reste tendu tout au long du récit.
Les interrogations sur l’amitié jalonnent tout le livre. Jusqu’où doit-on/ peut-on accepter les déceptions, les manques de l’autre ?12273185092?profile=original

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Une pensée pour mon père

Maintenant, lorsque je pense à mon père, une onde de tristesse nouvelle me traverse. Elle n’est pas seulement le mouvement de cœur qui porte vers le souvenir du parent disparu. Il y a autre chose, dont j'ai pris conscience depuis peu. C'est que j'ai dépassé depuis longtemps déjà l’âge que lui a atteint pour l’éternité.
Sans doute, lui ont été épargnées les souffrances quelquefois bien longues de la vieillesse et toutes les défaillances de l’âge. En partant si tôt, il s’est paré d’une sorte d’immortalité. A jamais je conserverai de lui la même image, faite d’esprit rationnel et de sensibilité enfouie.
Lorsque je pense à lui, je le revois, si proche et en même temps si lointain, assis devant son bureau, enfermé dans son silence, impressionnant de présence. Absorbé dans la correction de copies d'examen, ou dans la recherche du temps perdu...
Il est parti trop tôt et il est désormais trop tard. J’ai définitivement raté le temps où nous aurions pu discuter vraiment d’égal à égal. Où il aurait tenu entre ses mains l'un de mes romans et s'y serait plongé avec le même sérieux et la même attention qu'il lisait et relisait Les nourritures terrestres ou Lucien Leuwen.
L’amour des livres, l’héritage le plus précieux qu’il m’ait transmis.

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Poème ou chanson?

Attention, danger de vie!

Ne fais pas ça laisse tomber
tu sais bien que c’est risqué
Mais on n’a pas l’éternité
moi sur les doutes je veux danser!


J’ai besoin de m’élargir,
de m’étonner, savoir,
penser du matin au soir,
éveiller d’autres désirs.
Je veux aimer et chérir,
sans me retenir tout donner,
me raréfier exister,
offrir et accueillir.
Je rêve de partir
tenter ma vie, ma chance ailleurs,
braver la mort les peurs,
inventer d'autres souvenirs.

Ne fais pas ça laisse tomber
tu sais bien que c’est risqué
Mais on n’a pas l’éternité
moi sur les doutes je veux danser!

Martine Rouhart

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Petit essai sur le pardon

Paru dans la Revue Aura de juin 2016 (périodique du Cercle littéraire Clair de Luth à Mons, Belgique):Petit essai sur le pardonLe pardon est une relation positive (...) avec l'Autre, car il ne ferme pas les yeux (Jankélévitch)Qu'est-ce que c'est, pardonner? Effacer une faute, faire comme si, laisser passer? Oublier, excuser ?Un point commun entre ces attitudes. Dans tous les cas, quelque chose s'est produit qui a causé une blessure, un acte, une parole, une omission, un mensonge, et rien ni personne ne peut faire que cela n'ait pas été puisque le passé est irrévocable. Dans tous les cas, un pan du passé est mis de côté et l'avenir est déblayé ; on continue à avancer, malgré .... La page est tournée, tant bien que mal.L'oubli? Les choses dérangeantes sans importance, mettons-les de côté et oublions-les ! Et pour le reste ? On l'oublie parfois par un simple effilochement de la mémoire, dû à l'âge ou la maladie ; on l'oublie aussi par inattention, légèreté, simple indifférence. Mais si le temps finit par combler certaines fissures, de ce qui a été fait ou non par l'autre, en réalité rien n'est réglé. Comment cela se pourrait-il, d’ailleurs, l’oubli n’est souvent que temporaire et s’étend rarement aux grandes profondeurs… Quoiqu’il en soit, l'oubli n'est pas volontaire, l'oubli n'a aucune dimension morale.Pardonner. Pardonner, c'est décider, en toute conscience, de se défaire des rancœurs, des reproches, des vengeances, c'est relâcher son emprise sur l'autre. C'est aller de l’avant, malgré, parce que.... Sans rien minimiser( pardonner deviendrait d'ailleurs inutile en ce cas!), mais en renonçant à rouvrir le passé et en refusant de se heurter aux souvenirs. C'est passer au-dessus, définitivement et sans rien enfouir ni abolir. Ce qui a blessé est étalé en pleine lumière, regardé sans faux fuyants, puis, en quelque sorte, "purifié". Pardonner, c'est, d'une certaine manière, comprendre, même les actes les plus graves, les plus fautifs ( après tout, l'on ne peut pardonner qu'à ceux qui ont causé du mal).Celui qui pardonne et celui qui est pardonné le savent bien, le pardon, c'est un acte de générosité, un vrai cadeau.Et l'excuse? On excuse par bonté, indulgence ou complaisance (parfois à contrecœur) ce qui est dû à une maladresse, aux faiblesses, à l'incompétence, la négligence ou l'ignorance. Le mot, l'acte ou l'omission qui a fait du tort est laissé tel quel ; simplement, on passe l'éponge parce que, finalement, ce n'est pas si grave que ça... On excuse, et chacun est quitte, par une espèce de compensation ; le malentendu, le désaccord est en somme rafistolé, n'en parlons plus. Si, justement, derrière nous, certaines questions ou déceptions demeurent intactes et reviendront de temps à autre sur la table...Sur le pardon, on ne revient pas. Lui, porte plus sur la personne que sur ses agissements. La chose commise demeure présente mais transparente ; une invisibilité, éclatante pour celui qui pardonne et celui qui est pardonné. Ni l’un ni l’autre n'oubliera jamais.Pardonner, c'est faire preuve d'une grandeur d'âme, lucide, réfléchie ( car il faut tout de même avoir une raison valable, certains actes sont impardonnables!). Demander pardon, c’est reconnaître le tort qu’on a causé, et cela réclame une certaine humilité. En somme, chacun en sort grandi. Enrichi. Pardonner libère des deux côtés de la barrière, renverse l'obstacle. Le cercle vicieux des ressentiments et de l'enlisement est brisé.Ah oui, encore une chose. Se pardonner à soi? C'est peut-être ce qu'il y a de plus difficile. Mais sans être d'abord l'ami de soi-même, comment apprendre à être généreux avec les autres?Martine Rouhart
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Tout passe...

Tout passe...A chaque minute des êtres disparaissent et d’autres naissent, la roue tourne, le temps est circulaire et le monde peut être tranquille, il se régénère sans cesse.Le monde est immuable, oui, mais..."Les lilas une fois de plus se sont ouvertsmais ce n'est plus une assurance pour personne" (Notes pour des poèmes, Jaccottet)Nos bonheurs et nos drames? Ils ne sont rien pour le reste du monde.Et pour nous?En définitive, tout passe..."A tout instant les choses peuvent de nouveau se défaire, c'est à peine si je les tiens, si j'en tiens l'ombre. Je dévore comme nourriture souhaitable ce qui n'est peut-être qu'absence (Carnets 54-67, id.) (...)Toute joie est très loin. Trop loin probablement déjà, comme il se dit qu'il l'a toujours été, même enfant, s'il se rappelle mieux le parfum d'une pivoine humide effleurée alors du genouque le visage de sa jeune mère" (le Mot joie, id.).Tout passe... , et le temps charrie aussi avec lui les peines et les chagrins, leur poids finit par s'alléger, un peu, en dépit de tout, jour après jour. Même si une petite flamme est à jamais éteinte.Et,"Puisque tout passe, faisonsla mélodie passagère ;celle qui nous désaltère,aura de nous raison.Chantons ce qui nous quitteavec amour et art ;soyons plus viteque le rapide départ" (Rilke)
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Lorsque des souvenirs lointains remontent à notre mémoire, c’est le plus souvent éventés, ou au contraire surchargés. Plus essentiels que la souvenance exacte de lieux, les mots dits, ou parfois, le visage de ceux qui ont croisé notre route, c’est l'émotion, la sensation qui a jailli en nous et qui, des années plus tard, revient baigner, ou hanter notre âme. Il arrive même que le souvenir de la sensation soit plus fort que la sensation elle-même.

Ci-dessous, les voix des poètes Philippe Jaccottet, Eric Piette et Roland ladrière...


" Le peu de souvenirs qui me restent de chaque époque de ma vie, et leur vague, me remplit d’étonnement. Ainsi, de cette chambre d’hôtel de la rue d’Odessa – la faible ampoule et le miroir au plafond, le fracas des trains- mais quoi d’autre ? On aura vécu comme en rêve".
"Parfum des fleurs : respirer un iris ou une rose est l’unique geste qui me reporte immédiatement, irrésistiblement, à l’enfance ; et non pas comme si je me rappelais un de ces instants, mais comme si j’y étais, le temps d’un éclair, transporté. Il est étrange que la présence d’un âge déjà lointain se soit attachée à ce qui est le plus frêle, le plus invisible, au souffle d’êtres aussi brefs ".
(Jaccottet, La Semaison, Carnets 1968-1979 et 1954-1967)

"Les plaies de l'enfance
au placard
de l'inachevé

lorsqu'avec toi
sous des draps
nous rejouons la même vie

elle nous saisit entiers
avant que reviennent
les plaies de l'inachevé"
(Eric Piette, L'impossible nudité, Le Taillis Pré, 2014)

"Une lueur inhabituelle,
le souvenir qu'on en garde.

On pense
à des années-lumière
de vide
qui s'éclaireraient toutes entières"
(Roland Ladrière, Inconnaissance éblouie, Editions De Corlevour, 2015)

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Une double vie...

Souvent je m'absente. Je m'évade. J'ai une double vie? Oui!On mène tous une double vie dés qu'on a une vie intérieure.Et dans celle-là, on ferme les yeux, on fait le silence en soi et on l'écoute..."Plus aucun souffle.Comme quand le vent du matina eu raisonde la dernière bougie.Il y a en nous un si profond silencequ'une comèteen route vers la nuit des filles de nos filles,nous l'entendrions.""Songe à ce que serait pour ton ouïe,toi qui es à l'écoute de la nuit,une très lente neigede cristal."(pH Jaccottet, Leçons et À Henri Purcell)
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La poésie, c'est ce qui nous fait tenir debout lorsque la vie est trop pesante,les poèmes...les petites lumières de nos vies lorsque tout s'assombrit.Qui mieux que ce grand poète l'a si bien exprimé?"Les poèmes- telles de petites lanternes où brûle encore le reflet d'une autre lumière"."Le reflet des lampes sur la vitre. Poèmes, comme un reflet qui ne s'éteindrait pas fatalement avec nous".(Ph Jaccottet, La Semaison et Ce peu de bruits...)
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Un événement à ne pas manquer à Mons, à la Maison Losseau (lieu historique et culturel), La "Guinguette littéraire", tous les we de l'été. Et le 21 août, il y aura une rencontre autour de mon roman SEPARATIONS, une lecture à plusieurs voix, accompagnée d'un jeune violoncelliste talentueux qui jouera des morceaux des Suites de Bach :) :)

http://guinguettelitteraire.be/programme/

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12273155876?profile=originalQuelques mots sur mon dernier ROMAN publié, SEPARATIONS (éditions Dricot 2015)

Le thème

"Que serait une vie sans séparations?
Les ruptures nous accompagnent dès le début en nous arrachant du ventre maternel, jusqu'à la fin ultime qui nous arrache à la vie, même si l'on n'est pas conscient de passer la première porte ni parfois la dernière.
Entre les deux, c'est une suite de dislocations et cassures qui façonnent l'existence et lui servent de repères, une ligne brisée avec, forcément, des hauts et des bas. Déjà la vérité et le mensonge, comme d'ailleurs tous les sentiments, rapprochent ou séparent. Le cheminement de la vie, la maladie, les passions et ce qui touche les êtres proches, sans parler du domaine des idées et de l'esprit, sont autant de coupures ouvertes dans la vie affective, sociale, ou au sein même de l’être. Toutes séparent de quelqu'un ou quelque chose, d'un avant et d'un après.Maintes fractures sont invisibles, passent sans que l'on s'en rende compte, opérant tout au fond de nous et presque à notre insu. Comme lorsque nous cessons d'aimer ou chaque fois que nous abandonnons derrière nous une part d'enfance.
Plus ou moins enivrantes ou tragiques, au fond, aucune rupture n’est vraiment neutre. Toutes laissent une trace. Les séparations renversent toujours. Soudain on est devenu autre tout en restant soi-même.
La vie est faite de ruptures ou, ce qui revient au même, de nouveaux départs. Rapprocher et recoller les morceaux, c'est toujours renaître, d'une certaine façon".

Le roman compte douze chapitres qui se suffisent à eux-mêmes, et on pourrait les prendre pour une succession de nouvelles, si elles n’étaient reliées entre elles par les personnages principaux, que l’on retrouve et perd de chapitre en chapitre, pour laisser s’avancer d’autres personnages qui deviendront centraux à leur tour. N’en va-t-il pas de même dans la vie ?

Autre extrait:
"A présent, Gabrielle, devenue plus fragile et vulnérable, sentait se cristalliser des angoisses qu'elle avait jusqu'ici plus ou moins refoulées. Le moment arrivait où la fille, suivant ses traces, rejoignait la mère et la détrône d'une certaine façon. Et ce n'était que le début d'une longue histoire, comme celle qu'avaient connue Gabrielle et sa propre mère et toutes les mères précédentes, une histoire indéfiniment répétée. Petit à petit, les rôles allaient s'inverser. Pourtant, plus tout à fait jeune et pas encore tout à fait vieille, n'est-elle pas, comme on dit, en pleine force de l'âge, au sommet de ses capacités? Oui, arrivée au sommet, justement, avant la descente inéluctable...
Gabrielle, qui avait toujours été sûre d'elle et savait se montrer si autoritaire avec ses employés, ses enfants et même son mari, la voilà qui se perdait dans un nuage de doutes. Elle ne savait plus se décider comme par le passé, tout semblait plus flou, moins définitif. Elle prenait parfois une direction qui lui paraissait la seule, la meilleure, et puis un mot, une réaction quelconque la faisait aller dans la direction inverse avec la même conviction. D'après Simon, il lui arrivait aussi de se répéter et elle s'irritait de devoir fouiller parfois tout au fond de sa cervelle pour trouver le mot juste. Mais bon, rien de bien grave, elle finissait toujours par retomber dessus. Son corps commençait de son côté à émettre de timides signaux ; indiciblement plus lent, capricieux. La machinerie de l'organisme imposait sa présence sans toujours répondre au doigt et à l'œil (....)
Elle avait en fait l'impression vertigineuse de ressembler de plus en plus à sa propre mère. C'était assez effrayant.
Tout passe à si vive allure. Et les enfants grandissent trop vite.
Oui, elle assumait mal l’indépendance naissante de Cécile, comme si sa fille lui jouait un mauvais tour et la prenait en traître. Cécile ne lui demandait plus son avis sur à peu près tout et rechignait à la suivre le samedi après-midi dans les magasins(...). Jusque dans leurs conversations, il arrivait à Gabrielle de se sentir larguée comme une vieille chose obsolète. Elle faisait pourtant des efforts louables pour rester dans le coup et continuait à bombarder sa fille de réflexions et de conseils. Mais il fallait croire qu'elle ne lançait que des inepties ou les questions à ne justement pas poser. Cécile l'écoutait de plus en plus souvent d'un air patient trop manifeste pour ne pas cacher l'ennui ou l'agacement, quand ce n'était pas d'avance un rejet pur et simple.
Gabrielle était toujours compétitive, mais un peu perdue. Elle sentait Cécile s'éloigner et ne reconnaissait pas toujours sa petite fille dans cette jeune femme un peu dure qui lui paraissait parfois lasse avant l'heure. Bientôt, se disait-elle, ma fille n'aura plus besoin de moi et c'est moi qui dépendrai d'elle, je ne servirai plus à rien. Avoir conscience que c'était le cours normal et même souhaitable des choses n'était pas une consolation suffisante."

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La poésie pour Philippe Jaccottet...

Le poète doit parfois délaisser sa plume...

Je souhaitais partager sur Arts et Lettres un passage des Carnets de l'immense poète qu'est Philippe Jaccottet(1968-1979) qui m'a touchée par sa sincérité et son humilité.

Ph.Jaccottet évoque la difficulté pour le poète de saisir le réel. Ile presque pouvoir sentir aucune chose sans vouloir traduire celle-ci dans un poème, ce qui finit par fausser les rapports avec le monde, les rendre moins vrais.
"Il se passe ceci..., que l'attention au monde encouragée par un certain travail poétique aboutirait après quelque temps à altérer, sinon à détruire la capacité d'émotion. On voit une feuille qui tombe d'un sarment de la vigne, et aussitôt il faut qu'on la voit tomber sur la page blanche.On éprouve au matin la fraîcheur unique de l'air en automne...,le brillant de la lumière sur l'herbe et sur les arbres, et on ne peut les goûter tranquillement...sans que le poète se lève dans votre tête comme un greffier et note!Du coup on voudrait ne plus sentir, pour qu'il s'endorme..."
L'issue, pour Jaccottet, est d'accepter le phénomène tel qu'il est et d'essayer de le négliger, de laisser passer le flux des sensations et des pensées en cédant aux impulsions, à un plaisir sans but, d'avancer à l'aveuglette, sans trop s'arrêter aux doutes. "Quand le jour est beau sous les arbres immobiles,quand se risquent les dernières fleurs de l'année,...pourquoi s'interdire d'en être comblé et apaisé un instant?"

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Un beau commentaire d'Isabelle Fable de l'Association Royale des écrivains et artistes de Wallonie sur AGIR ET ACCUEILLIR. Merci!

" Un ouvrage petit par la taille mais riche de contenu. Attrapée au coin de la vie par un cancer sournois, Martine Rouhart ne se laisse pas abattre. Obligée, par la force des choses, de ralentir, de se retrancher de la vie active, de subir de plein fouet la maladie et les traitements, elle rebondit en mettant à profit ce temps de latence et de souffrance pour « penser » et pour noter ce qu’elle ressent, ce qu’elle comprend, ce qu’elle voit changer en elle et autour d’elle pendant ces mois consentis au cancer, ces mois où elle mettra tout en œuvre pour en venir à bout et même faire de cette épreuve une occasion de grandir en force et en sagesse.

On aurait pu mettre le titre à l’envers : Accueillir et agir. Car la première étape était bien d’accepter, et non seulement d’accepter mais d’accueillir le cancer, de l’apprivoiser, d’en tirer profit et de vivre intensément chaque moment, de réapprendre à savourer les choses, le rayon de soleil, le merle au jardin, les mille clins d’œil de la vie… Garder l’espoir et le goût de vivre, sans toutefois se bercer d’illusions. « La vie est partout, brève mais insistante, intense, insouciante. Elle est en moi aussi, pressante. Non, ma vie ne tient pas qu’à un fil. Chaque jour, chaque minute, je tresse consciencieusement un cordage qui doit résister à la volonté de puissance des forces contraires. Dur et rugueux, il est forgé de résolutions, d’acceptation et d’une part de résignation. » Elle semble avoir trouvé le juste dosage, la bonne attitude à prendre face à la maladie, acceptant de son mieux les hauts et les bas, les moments de bonheur à se voir surmonter l’épreuve et les moments de faiblesse, où on lâche prise. L’important étant de se relever après chaque chute, comme dit Confucius. Entre solitude et présence des proches, elle navigue, à la fois fragile et forte, patiemment, « laissant libre cours à sa nature contemplative, pour vivre plus par la pensée que par l’action. »

Elle nous livre ses états d’âme et ses états d’esprit en brèves notices sincères et bien tournées, qu’on peut lire en piochant de gauche à droite, comme un recueil de poèmes ou un psautier où picorer une certaine joie de vivre, une volonté tranquille, le témoignage d’une malade qui guérit. La présente édition est complétée par une ajoute, écrite six ans après, où Martine Rouhart nous dit – et c’est sans doute le mot de la fin : « Si cet « épisode » était le prix d’un commencement de sérénité, ce n’est pas si cher payé. » Elle porte désormais une attention plus vive à la vie et aux autres. Et, cerise sur le gâteau, elle a prolongé le processus d’écriture entamé dans des oeuvres de fiction, que salue Claire Anne Magnès dans la préface qui ouvre le livre.

Bilan positif donc et tout le monde s’en réjouit. Comme le dit si bien Sylvie Godefroid, il y a de belles choses à vivre après un cancer".

Isabelle Fable

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Dans le jardin,de l'aube à la nuit

Des éclaboussures roses. Une lueur de commencement.
Les vies repliées s'étirent,
trilles et chants d'oiseaux
premières sonorités vibrantes,
un nouveau jour se lève
sur le bassin de pierre.
J'écoute le chœur de l'aube
cadeau ordinaire extraordinaire,
comme si c’était le dernier.

Un bleu de cotonnade. La clarté prend le ciel.
De branche en branche
bruissements et jeux de plumes,
des mésanges viennent boire,
les tourterelles s'envolent
dans un battement d’étoffe au vent.
Je les vois monter vers le soleil,
s'alléger dans la lumière
et c'est moi qui m'élève dans les airs.

Les ombres mauves. L’aile du soir se déploie.
Invisible dans le feuillage
un rossignol se met à chanter
l'or rouge du couchant,
la douceur tiède du bain suprême
dans le bassin de pierre.
Je regarde se dissoudre les matières,
mes pensées se détendent,
l'esprit s'apaise.

Sous le cerisier en fleur,
changeante et immuable,
hors du temps du monde
loin des tumultes,
la vasque de mon jardin,
arrosée d'averses blanches.

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