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Publications de Bruxelles Culture (11)

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ODYSSEA : CONCERT

ODYSSEA : CONCERT

Henri Seroka est un chanteur-compositeur qui a gravé sa voix sur une multitude d’albums, tout en se mettant au service d’autrui. Il a notamment fourni à Jacques Zegers la chanson Avanti la vie qui a représenté la Belgique à L’Eurovision en 1984 et en composant l’hymne belge des Jeux Olympiques de Los Angeles la même année. Si son nom n’a pas les honneurs qu’il mérite chez nous, il est une vedette en Pologne, pays où il a composé depuis plusieurs décennies des musiques de film, notamment pour le réalisateur Jacek Bromski. Autre corde à son arc, il produit des documentaires, dont il assure la réalisation et la bande musicale via son label Apus. Passé aux œuvres symphoniques, il a aligné coup sur coup Credo, une messe moderne en six mouvements, et une cantate intitulée Odyssea. Cette dernière s’inspire naturellement du livre d'Homère qui narre les exploits d'Ulysse et se distingue par un voyage musical à la croisée des genres musicaux, créant une fusion inattendue qui transporte l’auditeur à travers les épreuves et les triomphes du héros grec. Les personnages de l’histoire interviennent naturellement par le biais de morceaux qui leur sont consacrés. En voici quelques exemples. Le Cyclope fait partie des adversaires les plus redoutables d’Ulysse. Avec son unique œil et sa stature imposante, il symbolise le danger brut et sauvage que le héros doit surmonter par sa ruse et son intelligence. Calypso, la déesse enchanteresse, retient Ulysse sur son île magnifique, offrant amour et confort. Cependant, malgré la tentation, le désir d’Ulysse de retrouver sa patrie l'emporte, illustrant la lutte entre le devoir et le désir. Nausicaa, en trouvant Ulysse échoué sur le rivage, incarne l'aide désintéressée et la compassion, aidant le héros à poursuivre son voyage vers Ithaque. Quant aux sirènes, avec leurs chants envoûtants, elles incarnent la séduction et la mort. Leur mélodie irrésistible appelle les marins vers une destruction certaine, mais Ulysse, par sa sagesse, se lie à un mât du navire pour résister à leur charme périlleux. Éole, le puissant dieu des vents, joue un rôle crucial en offrant à Ulysse un sac contenant tous … les vents, espérant ainsi faciliter son retour vers la mère patrie. Ce cadeau symbolise l’espoir et la bonne fortune des navigateurs, tout en soulignant la fragilité de leur destin. Evidemment, aucun personnage important n’est laissé de côté. Spécialiste de l’image, Henri Seroka leur donne vie en amenant l’orchestre à fournir toute sa puissante, laissant des moments d’apaisement aux soins de solistes capables d’émouvoir ou de susciter une tension qui fait comprendre les dangers d’une pareille odyssée. Créée le 6 août 2017 en Pologne à l’Opera na Zamku de Szczecin, cette cantate a été chaleureusement accueillie pour son originalité et la richesse de son écriture, avec un orchestre et un chœur dirigés par le compositeur, défendue par le contre-ténor Dominique Corbiau et dont les arrangements sont le fruit du travail de l’orchestrateur Krzysztof Herdzin bien en phase avec ceux imaginés par Henri Seroka. Evidemment, le public belge désespérait d’écouter cette cantate en live et est heureux d’apprendre qu’elle sera interprétée par le Brussels Philharmonic Orchestra et le Chœur BachWerk au Centre culturel d’Auderghem sous la baguette du compositeur le 19 septembre 2024. Voyez tous les détails pratiques sur le site www.ccauderghem.be ou www.bachwerk.be

Boulevard du Souverain, 183 à 1160 Bruxelles

Daniel Bastié

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HAMSI BOUBEKER EXPOSE Á EVERE

HAMSI BOUBEKER EXPOSE À EVERE

Cette exposition de Hamsi Boubeker, artiste algérien de renommée internationale, propose un voyage captivant à travers l'art contemporain, mêlant modernité et tradition. Né à Tizi-Ouzou, cet artiste a su marier les influences de son héritage kabyle avec une vision contemporaine et universelle de l'art. Ses œuvres, souvent caractérisées par des personnages issus de la vie villageoise et des couleurs vibrantes, explorent des thèmes tels que l'identité, la mémoire et la spiritualité. Ses tableaux s’imprègnent également d'une profondeur symbolique. Utilisant une palette riche et audacieuse, il parvient à créer des compositions dynamiques qui captent immédiatement l'attention du spectateur. Chaque toile raconte une histoire, une quête de sens et de compréhension tant personnelle que collective. Les motifs récurrents dans ses peintures rappellent les traditions de son pays d’origine, tout en intégrant des éléments contemporains qui soulignent la dualité de son parcours artistique. Il est, parmi d’autres réalisations, l’auteur de « Les mains de l’Espoir », panneaux qui décorent la station de pré-métro Lemonnier dans la capitale, bien connus par tous les usagers de la Stib. Sa nouvelle exposition est à découvrir du 19 septembre au 9 octobre 2024 à la Maison communale d’Evere. Voyez les détails pratiques sur le site www.evere.brussels

Square Hoedemaekers, 10 à 1140 Bruxelles

Daniel Bastié

Article paru dans Bruxelles Culture de septembre 2024

https://issuu.com/eag.gallery/docs/bruxelles_culture5_septembre_2024

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JENNIFER LABÉDIE : RENCONTRE

JENNIFER LABÉDIE : RENCONTRE

Jennifer Labédie nous emporte dans un voyage artistique intime, fusionnant l’océan, la culture bretonne et la richesse de son héritage architectural.

 

Qui êtes-vous ?

Je suis profondément attachée au Pays du Trégor en Bretagne, un lieu réputé pour sa côte de granit rose. Bien que ma famille soit bretonne, j'ai grandi à Paris où j'ai effectué des études d'architecture rue Bonaparte, sur le site de l'École des Beaux-Arts. Cet ancrage breton, enrichi par mon parcours parisien, nourrit mon esprit créatif. Passionnée et curieuse, j’aime trouver des solutions artistiques pour tout. Cette alchimie, entre ma terre natale et Paris comme source d'acquisition de connaissances, représente une dualité enrichissante.

 

Quelles sont vos influences ?

Mon esprit est constamment en mouvement, nourri par une multitude d'influences et d'inspirations. Les teintes, les senteurs et les volumes trouvent, via ma sensibilité, le chemin de mes peintures. Mon travail, qui s’alimente aussi bien du contemporain que du classique, vibre aux tensions atmosphériques d’Edward Hopper, du monde illustré d’Henri Rivière et de la générosité de Louis-Marie Faudacq. Ces ressentis puissants interviennent dans ma créativité tout en jouant avec les codes établis. Je suis profondément inspirée par la puissance évocatrice de Sophie Calle et les noirs vibrants de Pierre Soulages. Cependant, c'est avant tout l'océan, avec ses rythmes et ses mystères, qui guide mon travail. Avec son infinie beauté et sa force apaisante, il a été un refuge et une source de guérison durant des périodes difficiles. Cette connexion profonde se trouve au cœur de mon art. L’Académie Anquetin, dont j’ai suivi les enseignements, reste un pilier essentiel de mon parcours artistique. Elle m'a permis de partager et d’échanger sur les techniques et m’a appris à les utiliser comme vecteurs émotionnels. Chaque élément de mon environnement quotidien, chaque interaction humaine et chaque moment de réflexion contribuent à enrichir ma palette et à donner vie à des œuvres qui sont autant de fragments de mon voyage intérieur.

 

 Que signifie D’An Aod, le nom de votre atelier-galerie ?

Cette expression vient du breton et signifie Sur le chemin de la plage, car mon atelier se situe à Trévou-Tréguignec, sur la route qui mène à une plage de sable blanc.

 

Que représentez-vous en peinture ?

Je travaille le plus souvent sur le motif et j'emploie des techniques telles que la peinture à l'huile, la gravure, le pastel et l’encre. Ces médiums me permettent de capter l'essence plurielle des paysages trégorois que j’aime tant. Tournée vers l'horizon, j’adore retranscrire cet environnement merveilleux qui m'est si cher. De retour à l'atelier, j'approfondis et démultiplie l'éphémère de mes promenades iodées par une approche du cœur.

 

Quelle impression cherchez-vous à transmettre ?

À travers mes réalisations, je veille à partager un sentiment océanique, Cette connexion intime avec l’univers que Romain Rolland décrivait si bien et qui transparaît dans chaque toile. Mes pinceaux dansent avec les vagues pour révéler des secrets infinis. L’océan m’a aidée à surmonter des peines profondes et je souhaite transmettre ce pouvoir de résilience et de sérénité à travers mes œuvres. Chaque tableau représente une invitation à ressentir cette force et à se laisser transporter par elle.

 

Qu’allez-vous présenter à Espace Art Gallery ?

Je présenterai des marines, les rochers de la côte de granit rose, des soleils couchants, ainsi que des figures et des coques de voiliers. Une sélection établie en collaboration avec le patron de l’enseigne.


Pourquoi faut-il venir voir vos œuvres ?

Mes toiles ne se contentent pas de représenter des paysages marins. Elles offrent une expérience de vie. Il faut venir les voir pour sentir cette connexion intime avec l’océan et pour expérimenter ce que j'ai ressenti en les créant. Elles sont conçues pour toucher l'âme, pour offrir une pause méditative et réconfortante dans notre quotidien agité. Mes œuvres sont une opportunité de se reconnecter à ses émotions et à son histoire. Chaque toile est unique et répond au besoin de recherche d'authenticité, d'exception et d'ancrage dans son propre parcours personnel. Elles offrent une réponse à la quête de sens dans nos existences souvent éreintantes. Observer mes œuvres permet de ralentir, de se reconnecter à soi-même, au monde et aux émotions.

 

Découvrez les toiles de Jennifer Labédie à Espace Art Gallery du 6 au 29 septembre 2024. Voyez tous les détails pratiques sur le site www.espaceartgallery.eu

Rue de Laeken, 83 à 1000 Bruxelles

Propos recueillis par Daniel Bastié

 

Article paru dans Bruxelles Culture de septembre 2024

 

https://issuu.com/eag.gallery/docs/bruxelles_culture5_septembre_2024

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NORA BALILE : RENCONTRE

NORA BALILE : RENCONTRE

Si vous souhaitez être bouleversés et émerveillés à la fois, ne ratez pas les prestations live de Nora Balile, une artiste complète qui jongle avec la narration, l’univers précieux du conte, la musique, le chant et la poésie.

 

Qui êtes-vous ?

Je suis née à Watermael-Boitsfort, une très belle commune de Bruxelles, où le cadre de verdure offre un décor de doux lendemains Actuellement, je vis dans un quartier du Nord de Bruxelles qui mélange les couleurs à la diversité avec poésie. Je suis une artiste d’origine marocaine, poétesse, chanteuse, et conteuse formée à la pédagogie, l’art thérapie et la scène. J’ai enseigné pendant des années les sciences humaines tout en me consacrant passionnément à mes premières amours : l’art de la parole et ceux de la scène comme la déclamation, la diction, le théâtre, les contes et le chant.  A quarante ans, j’ai été victime un burn-out qui m’a décidé à recentrer mes priorités.

 

Pourquoi avoir arrêté l’enseignement ?

Après dix-huit années face à classes, je connaissais les rouages du métier. J’ai commencé assez jeune, à vingt-deux ans. Je devais gérer six à sept groupes d’une vingtaine d’élèves. Ce n’était pas évident, mais il se créait des liens magnifiques. Néanmoins, avec le temps, le poids du travail administratif s’est mis à peser avec les réformes successives. Je l’ai senti devenir plus en plus envahissant et souvent inutile. A cela, il faut ajouter le manque de reconnaissance et des tâches qui n’incombent pas à l’enseignant, qui doit enfiler la casquette de parent, de psychologue, d’éducateur, … Beaucoup trop pour une grande rêveuse comme moi qui a besoin de dialogue, d’écoute et qui passe l’essentiel de son temps libre à se former ou qui ressent le besoin vital de s’exprimer par le théâtre, la musique et l’écriture. Toujours, j’ai voulu être artiste. Je ne me l’autorisais et ne me l’avouais pas pour mille raisons ! Mais le destin a changé le cours de mon existence, car étant de plus en plus épuisée, les médecins m’ont ordonné d’arrêter. Après une période de transition liée à mes ennuis de santé, je me suis sentie enfin vivre tel que je l’entendais.  Voilà de quelle manière tout a commencé !

 

D’où vous vient le plaisir des mots ?

Pour commencer, je dirais que le goût des belles phrases est venu de mon besoin d’exprimer viscéralement mes ressentis. Ce que je ne pouvais pas dire par la voix, je l’ai écrit par nécessité et par urgence, pour lâcher ce que mon silence ne pouvait pas faire entendre à l’extérieur. Je peux affirmer que l’acte d’écrire a été une thérapie personnelle Puis, j’aime les mots, la littérature, les voyages et l’abandon de l’ordinaire pour vivre par procuration d’autres vies, rester moi tout en enfilant la tenue de personnages que je ne suis pas. L’’écriture offre cette liberté totale ! Oui, j’adore écrire depuis mes vingt ans et j’ai gardé mes textes éparpillés dans des petits cahiers et des feuillets qui voltigent dans mes tiroirs et mes armoires. Mon regard sur ceux-ci est rempli de tendresse, car ils évoquent toujours des souvenirs qui me reflétaient à des temps différents de mon parcours. Ma grande chance est d’avoir été encouragée par certaines personnes qui croyaient en moi.

 

Le Conte est-il important dans votre répertoire ?

Le conte occupe une place particulière dans ma vie, même s’il est venu plus tard. Au début, je croyais qu’il n’était pas pour moi, qu’il enfermait l’originalité et l’histoire de la personne avec une série de codes stricts. Puis, il y a eu un déclic lorsque j’ai suivi une formation, qui m’a permis de me rendre compte que ce mode de narration regorge de richesses et chatoie de mille feux. En fait, le conte nous renvoie à ce qui nous relie tous, nous les êtres humains, à cette soif de nous connaître et de nous rapprocher les uns des autres. Il s’agit d’un art puissant, qui est la parole du monde depuis la nuit des temps, même s’il ép ouse diverses formes en fonction des époques et des cultures. Il possède également une dimension universelle et nous enseigne la connaissance et la sagesse. Il renvoie à notre inconscient collectif, à ces récits porteurs de messages ancestraux. Aujourd’hui, l’art du conte tient une place extrêmement importante dans mon existence. J’en ai fait mon travail de fin d’étude, ainsi que mon mémoire d’Art thérapie. Raconter une histoire en tant qu’artiste de scène me réclame une présence absolue et un travail corporel intense qui sollicite d’aller chercher une énergie énorme en soi. Mais quel bonheur de voir les petits et les grands enfants écouter et s’émerveiller !

 

A quel moment avez-vous choisi de vous produire sur les planches ?

Cela remonte à la fin de mon adolescence. Disons que je devais avoir dix-huit ou vingt ans. Je me souviens de ma première déclamation. Elle s’est déroulée dans une petite église de Berchem-Sainte-Agathe. J’étais timide comme une feuille fragile et mes jambes tremblaient pendant que je lisais mon texte. Néanmoins, j’ai senti que je me trouvais à ma place. Deux autres souvenirs me reviennent. Il s’agissait d’une tragédie, Phèdre de Racine, ainsi qu’une pièce moderne, comique et absurde. Je jouais en duo et j’avais la lourde responsabilité de dénicher une souris comme accessoire pour un des tableaux. J’ai donc eu l’idée brillante de la dessiner sur un carton. Le public a bien ri. Quel délicieux souvenir !

 

En quoi consistent vos prestations scéniques ?

Mes spectacles sont un éventail de plusieurs disciplines artistiques. Outre le conte, je propose des concerts de musique et de chants avec mes propres compositions, accompagnée de musiciens qui varient en fonction du répertoire. Les thèmes que j’aborde sont l’amour et la vie en langage poétique Actuellement, l’affiche « Nour » circule depuis plus d’un an dans différents endroits de la capitale.  Il s’agit d’un voyage qui se décline sur le mode voix-piano.

 

Vous avez publié un recueil de poèmes intitulé « Ventre étoilé ».  Quels thèmes aborde-t- il ?

Ce livre traite de la non-maternité. Surtout du chemin de résilience d’une femme qui n’a pas donné la vie et qui, pourtant, est remplie de vie même si elle a traversé la nuit noire profonde de l’âme pour se réveiller à une autre destinée.  En dehors des préjugés bien ancrés dans des traditions encore bien présentes, le corps de la femme est entravé pour l’empêcher de vivre sa propre singularité.  A mes yeux, il est important de raconter mon histoire pour m’en libérer et pour faire entendre la parole de celles qui manquent de légitimité et de reconnaissance. Ce recueil a été écrit comme un message adressé à toutes les mères ou non-mères dans le but de les aider à revendiquer leur droit d’exister. Par ce livre, j’entends redonner de la noblesse et de la dignité aux invisibles, aux sans-voix, aux sacrifiées, aux déshonorées, aux abîmées, aux hors-propos, aux mises à l’écart, ... Je désire également sensibiliser la jeunesse à cette réalité trop souvent voilée et si peu abordée dans les sujets d’actualité et les débats.  Il me paraît important de les ouvrir à d’autres possibles pour rêver d’une société plus juste J’invite enfin les hommes à entrer dans le cercle sacré des femmes pour mieux comprendre les difficultés de leur vécu par rapport à la maternité Peut-être seront-ils amenés à devenir un soutien précieux pour leur épouse, leurs sœurs ou leurs filles ?

 

De quoi parle « Assise sur un banc », votre second recueil ?

Ce titre évoque pour moi les nombreuses années où je restais seule, assise dans un parc, à contempler le monde et à combler la douleur d'une solitude, d'un isolement social, en cherchant à percer le sens de mon existence. Ce livre parle de liens et nous rappelle que beaucoup sont installés quelque part, occupés à repenser leur histoire et à réinventer celle des autres. Je voulais que le titre soit fédérateur. Quant au banc, il unit nos individualités dans un lieu universel qu’on se partage et, à mes yeux, il représente une métaphore poétique d'un imaginaire collectif. Surtout, ce recueil de poésie revient, au fil des saisons, sur les souvenirs et le temps qui passe comme une matrice à travers les rues, les cafés, les lieux publics et les campagnes. En fait, une balade poétique au gré des humeurs vagabondes et des impressions qui se déposent sur nos vécus et nos paysages intérieurs. !

 

Vous vous revendiquez guerrière ?

Je me définis comme étant une douce guerrière des mots et cela m’amène à sourire. Je suis guerrière dans la mesure où je m’engage dans la création pour élargir les consciences et bousculer les habitudes qui figent les mentalités. Je crois sincèrement qu’il faut élargir le champ des possibles pour avancer main dans la main et obtenir une société plus juste et plus harmonieuse. Je suis guerrière pour faire entendre la parole des femmes qui ne peuvent pas s’exprimer librement et leur donner l’occasion de pouvoir prendre une place légitime dans un système où le patriarcat est encore ancré trop pesamment. Je suis guerrière, car ma propre histoire de femme a été douloureuse et parce que j’estime être une rescapée.

 

Quels rapports entretenez-vous avec Bruxelles ?

J’entretiens un amour avec un gigantesque A et une tendresse infinie avec ma ville. Elle représente mon ADN, mon nid, ma chance, ma terre d’accueil, mon lieu de naissance, ... D’ailleurs, je me définis d’abord comme bruxelloise avant d’être belge. J’aime son atmosphère qui transforme certains de ses quartiers en joyeux bordel. J’aime m’y balader, flâner et chiner dans de nouvelles boutiques. J’aime aussi rester des heures dans des cafés pour écrire ou écouter les conversations de la salle. Puis, Bruxelles bénéficie d’une ambiance à nulle autre pareille. On y rencontre facilement les gens pour entamer des conversations kilométriques. Enfin, elle regorge de lieux culturels qui foisonnent. Parfois, on a même la sensation d’être dépassé dans le tourbillon d’événements qui se succèdent. Mais quelle joie !

 

Quels sont vos projets ?

Des rencontres littéraires, des scènes de poésie, un projet de lecture performé, des dédicaces, des voyages et plein d'autres possibles. Des horizons sans cesse renouvelés !

 

Propos recueillis par Daniel Bastié

Article paru dans Bruxelles Culture du 5 mai 2024

 

https://issuu.com/eag.gallery/docs/bruxelles_culture_5_mai_2024

 

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JOYEAU : RENCONTRE

JOYEAU : RENCONTRE

Joyeau, aquarelliste, se présente comme « philosophe de l’imaginaire », l’art lui a permis de transcender un handicap et de déployer ses ailes. Elle a accepté de répondre à quelques questions. Rencontre.


Comment êtes-vous tombée dans le chaudron de la créativité ?

J’ai la chance d’être née dans une famille d’artistes ! Mon papa a participé à la création d’une école de clowns lorsque j’étais petite. Cela a été une formidable aventure ! En parallèle, il a conçu des marionnettes, écrit de la poésie et s’est adonné à la peinture. Quant à ma maman, elle a réalisé des sculptures en terre glaise grandeur nature. A la maison, l’art a toujours été une manière de se parler, de respirer et de ne jamais flancher.


Qu’est-ce que la pratique de la peinture vous a apporté ?

Elle m’a apporté une proximité avec les miens. Cela m’a également doté d’une force qui ne jamais permis de me replier sur moi-même et m’a offert un tas d’expériences qui m’ont confortées dans l’idée d’aller toujours plus de l’avant. Étant porteuse d’un handicap visible, j’aurais pu mille fois préférer disparaître sous terre et ne pas être vue, mais l’art, la scène, le jeu et les clowns ne m’ont pas laissé cette option. J’ai toujours été placée dans la lumière et j’aime ça ! La peinture, plus spécifiquement, m’a offert le cadeau de me montrer par l’intérieur. Petit à petit, j’ai surtout pu intégrer mon image extérieure à la poésie de mon art et j’ai repris possession de mon reflet dans mes propres yeux.


Qu’est-ce qui fait que l’aquarelle est devenu votre médium privilégié ?

L’aquarelle ne me demande aucun effort physique pour ouvrir des bouchons de tubes. C’est son côté hyper-pratique ! Ensuite, j’en suis tombée amoureuse. L’eau, la transparence, l’intensité des couleurs et la lumière, tout parle de mon âme. L’aquarelle représente mon élément. Une relation quasiment charnelle. Je n’ai jamais aussi bien pu représenter le contenu de mon imaginaire qu’avec l’aquarelle. Quand je peins, je me trouve en extase instantanée et je débarque dans un espace intérieur porteur de paix.

Comment décririez-vous votre univers de philosophe de l’imaginaire, terme que vous avez proposé pour vous représenter ?

Juste à côté de l’art, la philosophie est mon deuxième amour. J’ai effectué une licence à l’Université Libre de Bruxelles. Aujourd’hui, ces deux disciplines vont de pair en moi, car la philosophie a énormément inspiré ma vision du monde. Je suis occupée à élaborer une poétique de la matière basée sur notre double nature d’onde-corpuscule. Evidemment, l’imaginaire y occupe une place centrale. La nature foisonne de formes. L’eau serait un médiateur entre la lumière de l’esprit et le spectre vibratoire qui mène la matière à fleurir. Bref, c’est assez ardu d’en parler en deux mots, mais si cela vous intéresse, n’hésitez pas à visiter de temps en temps mon agenda sur le site de Poème Vivant. Des conférences viendront.

 

Un projet de livre doux et poétique a été concrétisé, puis édité. Pouvez-vous nous en dire davantage sur son origine et son développement ?

« Mélodie », c’est mon premier livre édité. Une petite nouvelle qui peut se lire comme une simple fiction mais, pour celui qui le désire, il y a en filigrane une lecture métaphorique qui traite de certaines découvertes métaphysiques. J’y aborde ma philosophie en lien avec le thème de la musique, tout en y parlant du deuil. Surtout, je l’ai illustré et j’en ai profité pour créer ma propre maison d’édition nommée Poème Vivant. J’adore faire les choses en grand !

 

Où trouvez-vous l’inspiration ?

Dans ma soif de beauté et mon besoin d’émerveillement !


Et aussi : Que représente « Poème Vivant » ?

Poème Vivant, c’est le foisonnement de formes créées par le vivant, les espèces, les éléments et tout ce qui respire d’une manière ou d’une autre. Ces formes terriblement poétiques quand on prend conscience qu’elles sont habitées par la vie, comme celle qui anime chacun de nous, et encore plus poétiques lorsque on découvre que leur forme répond à leur propre intelligence et à leur propre manière d’être en relation avec ce vivant …

 

Que rêveriez-vous d’illustrer à l’avenir ?

Oh, n’importe quoi qui se trouve entre l’infiniment petit et l’infiniment grand … ou plus loin, vers l’intérieur ou vers l’extérieur... ou ailleurs aussi ça me va !


Propos recueillis par Mily

Article paru dans Bruxelles Culture de février 2024

 

https://issuu.com/eag.gallery/docs/bruxelles_culture_5_fevrier_24

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BELGO THAI : RENCONTRE

RENCONTRE : BELGO THAI 

Habitués de Youtube et fans de Thaïlande, vous avez peut-être découvert la chaîne Belgo Thai lors de vos pérégrinations sur le Net ? Une petite nouvelle qui ne se prend pas forcément au sérieux et qui donne envie de voyager, en restant collé au skaï de nos chaises de bureau.  Rencontre.

 

Depuis combien de temps existe Belgo Thaï ? 

La chaîne Belgo Thaï a été créée en avril 2022 sur Youtube. Nous avions posté deux vidéos juste pour un essai. Après quelques jours, comme quasiment personne n’avait visionné ce qui avait été mis en ligne, nous l’avions délaissée, croyant que pareil sujet n’intéressait pas les gens.  En juillet 2022 et par curiosité, lorsque nous avons reconsulté les vidéos partagées, nous avons été surpris de constater que l’une d’elles sur la rivière Chao Phrava avait été visionnée par plus de trois cents personnes, dont nombreux avaient déposé un commentaire positif. Ce résultat complètement inattendu nous a motivés à ajouter du contenu.

 

Qui êtes-vous ?  

Nous sommes père et fille. Je suis Belge et ma fille adoptive est Thaïlandaise.  Nous avons d’ailleurs posté une vidéo qui s’intitule « Qui sommes-nous », question de nous présenter. Ce petit film se conclut par l’affirmation que nous nous ressemblons comme deux gouttes d’eau. Nous ne donnons pas notre adresse, ni ne divulguons notre identité, la meilleure façon de protéger notre vie privée. Surtout de protéger ma fille qui est mineure.


Quel objectif vous fixez-vous ? 

Le but de cette chaîne consiste à présenter des tranches de vie en Thaïlande. Nous voulons exposer le pays tel qu’il est réellement dans sa simplicité, loin des clichés touristiques et du sensationnalisme exploité par certains youtubers.

 

Quel âge à votre fille, qui se charge du montage et de la présentation des clips ? 

Lorsque ma fille a créé la chaîne en 2022, elle avait quatorze ans. Maintenant elle en a presque seize. C’est elle qui se charge de tous les aspects techniques. Cela va de la création au montage des vidéos, en passant par le choix de la musique (en veillant à ce qu’elle soit libre de droits pour respecter les auteurs) et le réglage du son. De mon côté, j’assure la sélection des sujets à développer et les prises de vue.

 

Combien de voyages annuels effectuez-vous en Thaïlande ? 

Nous nous y rendons plusieurs fois chaque année. Cela implique un budget conséquent, notamment pour acquérir les billets d’avion. Toutefois, la vie sur place n’est pas onéreuse, dès qu’on accepte de vivre comme les habitants.

 

Y a-t-il d’autres chaînes qui présentent la Thaïlande ?

Sur Youtube, on peut trouver de nombreuses chaînes francophones qui parlent de ce pays. Chacune essaie de trouver son style, de la plus sérieuse à la plus farfelue. Cela permet des approches différentes.

 

Quel public visez-vous ?  

Nous avons la chance de ne pas avoir de contraintes commerciales. Nous pouvons ainsi faire ce qui nous plaît sans devoir courir derrière les like et les subscribe. Nous visons principalement un public amoureux et respectueux de la Thaïlande. Des gens qui regardent le pays sans préjugés.

 

De quelle manière naissent les idées ? 

Les idées viennent souvent de moments de vie ou de rencontres que nous voulons partager. Il peut s’agir d’une promenade décontractée dans les ruelles de Bangkok, de la visite d’un temple bouddhiste, de la découverte d’une exposition d’art ou d’artisanat, d’un spectacle de danse ou d’une dégustation. Nous essayons souvent de placer quelques touches d’humour, en abordant certains sujets au second degré. Le rire et le sourire sont importants pour éviter d’attraper la grosse tête. Dès le départ, nous veillons à sortir des sentiers battus. L’idée n’est pas de présenter la Thaïlande des magazines touristiques, mais de la montrer dans ce qu’elle est vraiment, en partant du regard des habitants, sans promotion particulière de quoi que ce soit.

 

En tant qu’Européen, qu’est-ce qui vous séduit dans ce pays ? 

La population thaïlandaise est souriante, aimable et très serviable. Si vous avez un problème tel qu’un malaise en rue, vous aurez immédiatement quelqu’un qui viendra spontanément vous aider. Un autre point qui est apprécié, reste la sécurité. La Thaïlande est un pays où il y a peu d’agressions. On se sent beaucoup mieux protégé dans une mégapole comme Bangkok que dans certains quartiers de Bruxelles. Il n’y a quasiment jamais d’incivilités et, lorsqu’il y en a, elles sont généralement le fait d’un touriste. Pour ceux qui aiment le dépaysement culinaire, la cuisine thaïlandaise est délicieuse. Puis, les paysages sont magnifiques autant que variés, avec d’énormes contrastes au sein d’une même ville, là où des immeubles modernes jouxtent des quartiers traditionnels.

 

 

 

Selon vous, quels sont les clichés concernant les Thaïlandais et la Thaïlande à éviter pour rester crédible ? 

La Thaïlande traine plusieurs clichés qui émanent d’un passé révolu. Pourtant, pour faire vendre et avoir un haut niveau de visibilité, certains youtubeurs n’hésitent pas à alimenter ces préjugés. Ce genre de méthode fonctionne sur un public qui n’a jamais mis les pieds en Asie. Voici certains exemples : La Thaïlande est un pays très pauvre et les enfants mendient dans les rues. Cette affirmation est complètement erronée. Cela fait des décennies que les enfants sont à l’école et ne traînent plus dans les rues pour quémander quelques piécettes aux touristes. Les gamins qui mendient… et même les mendiants adultes … restent des exceptions. En fait, on voit davantage ce type de comportement à Bruxelles qu’à Bangkok. Deuxième préjugé. Bangkok fait partie des villes du tiers-monde. Il suffit de se rendre sur place pour constater que la ville est très moderne, servie par un centre qui s’apparente à Manhattan, avec des centaines de gratte-ciel plus hauts les uns que les autres. Elle regorge également de nombreux Shopping Center d’un luxe incroyable, où on vend les marques renommées allant de Louis Vuitton à Rolex. Troisième exemple. La prostitution abonde dans la capitale. Là, encore, c’est faux ! Il y a certes quelques rues chaudes, mais elles ne sont pas représentatives de l’ensemble de la ville, où la quasi-totalité des gens travaillent normalement. Ce serait comme étendre le quartier de la gare du Nord aux dix-neuf communes de l’agglomération bruxelloise ! Etant donné que notre chaîne vise un public qui connait déjà ce coin du monde, qui l’aime et qui sait que les clichés mentionnés ci-dessus sont mensongers, ce serait perdre de notre crédibilité en les alimentant.

 

Vous arrive-t-il d’avoir des retours de vos abonnés ?  

Nous avons quelques abonnés qui déposent des commentaires sous nos vidéos. Evidemment, cela fait un plaisir fou de lire leurs remarques, surtout lorsqu’elles sont positives.

 

Avez-vous quelques anecdotes à partager avec nos lecteurs 

Un jour, dans une rue de Bangkok, nous nous sommes retrouvés face à plusieurs cochons assoupis sur le trottoir. Ils étaient en liberté, sans aucun maître pour les surveiller. Nous avons profité de la circonstance pour faire une vidéo amusante intitulée « Cinq cochons à Bangkok ». Cette dernière a récolté une belle audience et la chaîne Cap Thaïlande l’a mentionnée dans l’un de ses live. Cela nous a fait un énorme plaisir, parce que cette dernière est réputée pour son sérieux et l’exactitude en ce qui concerne les procédures administratives : visa, assurances, etc. 

 

 

Existe-t-il vraiment une Thaïlande divisée par les clivages sociaux ?

Comme dans tous les pays, on se confronte à des différences de classes, avec des riches et des pauvres. En Thaïlande, la différence se marque plus nettement qu’en Belgique, car la richesse des mieux nantis s’exhibe ouvertement, avec une propension au luxe et, parfois, à l’exagération. Quant aux pauvres, ils vivent avec ce qu’ils possèdent. Comme il y a peu d’imposition, la redistribution est rare et les acquis sociaux sont quasiment inexistants.

 

Quels sont les coins du pays privilégiés par les touristes ?  

Lors d’un premier voyage, la tendance est de tout visiter en quinze jours, pour découvrir un maximum le plus rapidement possible. Malheureusement, cela se réalise au pas de charge et se cantonne aux seuls sites touristiques. Ceux qui retournent là-bas une seconde fois, privilégient certains endroits pour différentes raisons qui leur sont personnelles. Bangkok reste la ville à voir, chaotique avec ses embouteillages permanents et ses autoroutes urbaines. Toutefois, c’est aussi celle qui recense les plus beaux temples, les plus grands centres commerciaux, les meilleurs hôtels et les plus riches musées. Plusieurs stations balnéaires séduisent les étrangers, avec des plages paradisiaques telles que Phuket, Hua Hin et Khoh Chang. L’occasion de se dorer le nombril en profitant du sable pur et d’une eau claire. Il y a aussi le Nord-Ouest qui attire les amoureux de nature sauvage, avec des sites montagneux (Chiang Mai et Chiang Rai), où on peut pratiquer des trekkings dans la forêt. La route vers le Nord-Ouest regorge également de sites archéologiques liés aux anciennes capitales Ayutthaya et Sukhothai. Enfin, la possibilité d’un séjour rural à la campagne peut se concrétiser dans une ferme au milieu des rizières et des poules. Dépaysement garanti pour le citadin lambda !

 

Comptez-vous terminer vos jours là-bas ?

Il est de plus en plus probable que j’irai passer ma retraite là-bas. J’adore la Thaïlande. Le climat est chaud toute l’année. La population est polie et montre beaucoup d’empathie. Il n’y a quasiment aucune incivilité et peu d’agressions. Je m’y sens en sécurité. Constat qui n’est malheureusement plus le cas partout en Belgique et ailleurs en Europe !

 

Découvrez Belgo Thaï sur youtube à l’adresse www.youtube.com/@belgothai6460

Propos recueillis par Daniel Bastié

Article publié dans Bruxelles Culture de mars 2024

 

https://issuu.com/eag.gallery/docs/bruxelles_culture_5_mars_2024

 

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Vidéo le buffle : plus de 36.000 vues

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KATE MILIE : RENCONTRE

KATE MILIE : RENCONTRE

Femme vue de dos, le nouveau roman de Kate Milie, emmène lectrices et lecteurs dans « un voyage sans concession » dans l’univers du peintre Toulouse-Lautrec et des femmes l’ayant inspiré. Et dans une dynamique « passé-présent », explore la condition féminine hier et aujourd’hui.

 

Pouvez-vous vous présenter, Kate Milie ?

Je suis une autrice belge. J’ai le bonheur d’avoir une dizaine d’opus à mon actif : des polars (ayant transformé Bruxelles en scène de crime), des romans (le dernier fut consacré à Léon Spilliaert), des guides de balades décalées, des nouvelles et un court récit jeunesse. Je suis également animatrice d’ateliers d’écriture et de Journal créatif®.

 

La couverture de votre livre est ornée d’une magnifique œuvre signée Toulouse-Lautrec…

Cette « femme vue de dos » est abritée au Musée d’Orsay. Elle est dénommée Rousse ou La Toilette. Toulouse-Lautrec l’a réalisée en 1889, date symbolique qui le verra sortir de ses années d’apprentissage. Il a 25 ans.

 

La découverte de cette peinture, fut-elle un déclencheur d’écriture ?

Oui. Certainement. Mais je suis incapable de dire « quand » cette peinture est venue à moi en tant que « porte d’entrée ». Pendant des années, elle a été exposée dans l’espace consacré à Toulouse-Lautrec. Je me souviens qu’à chacune de mes visites, j’allais la contempler sans nullement penser à l’intégrer dans un livre. Actuellement, elle n’est plus accrochée aux cimaises. C’est une grande voyageuse, souvent prêtée aux quatre coins du monde pour des expositions.

 

Elle est plus « qu’intégrée », toute votre histoire tourne autour de cette « femme vue de dos » !

En effet, elle constitue l’énigme, la colonne vertébrale, le motif de déambulations urbaines, la quête, l’enquête, le sens même de toute l’histoire ! Je ne sais pas très bien ce que j’ai écrit, un court roman (167 pages) ou une longue exploration d’une peinture !

 

Vous mettez en scène une narratrice contemporaine. Celle-ci a reçu une commande :  écrire sur la condition féminine à la fin du 19ème siècle et mènera son exploration à partir de cette « femme vue de dos ».

Oui. A travers une cartographie urbaine, beaucoup d’errances et de mises en abyme, elle explorera l’univers « lautrecien » et finira par découvrir qui fut cette Rousse qui a réellement existé, qui a marqué cinq années durant la vie du peintre et qui, paradoxalement, est la plus méconnue de ses modèles.

 

Votre précédent roman « Le mystère Spilliaert », également, à travers une histoire contemporaine, met en scène le grand Léon Spilliaert… L’art, les peintres, les peintures, apparemment vous inspirent de livre en livre ?

Et m’aspirent ! J’ai été envoûtée par l’œuvre de Léon Spilliaert ! (qui ceci dit, fut un grand admirateur de Toulouse-Lautrec). L’histoire de ce livre débute dans un atelier d’écriture. Trois personnes se rassemblent pour écrire sur Spilliaert. Toutes ont un lien secret avec le peintre… Un homme ne parvenant pas à oublier une femme disparue… La descendante d’une gueule cassée de la guerre 14-18 et la narratrice qui va se rendre sur tous les lieux bruxellois et ostendais liés à l’artiste.

 

Vos trois polars sont des invitations à de longues balades dans Bruxelles. Le mystère Spilliaert donne follement envie de pérégriner en bord de mer du Nord. Femme vue de dos, nous emmène à Montmartre, sur les Grands Boulevards parisiens. Cette mise en valeur des lieux, semble faire partie d’une dynamique personnelle ?

Absolument ! De plus, je suis incapable d’écrire chez moi (sauf pour les corrections). J’aime marcher, humer les ambiances, enquêter à ma façon, butiner les mystères, les vies des personnes associées aux lieux. Pour écrire sur Léon Spilliaert, j’ai séjourné un nombre incalculable de fois à Ostende. Ce goût des lieux est au cœur de mes récits.

 

C’est ainsi que vous êtes même devenue l’autrice d’un guide de balades décalées, « Bruxelles Love ».

J’ai un souvenir inoubliable de ce parcours d’écriture. Une vraie course contre la montre. Je devais recenser et décrire une soixantaine d’endroits idéals pour des « rendez-vous décalés » et les dénicher dans les 19 communes bruxelloises. La dimension « Love » n’était qu’un prétexte pour re /découvrir « Espaces verts et bleus, petits musées mystérieux, sculptures, statues, arbres remarquables, cimetières, hôtels légendaires, détails architecturaux, etc. ». Inutile de préciser que je me suis follement amusée !

 

Un dernier mot concernant l’écriture de Femme vue de dos ?

Certaines pages ont été écrites dans la guinguette du musée Montmartre. J’allais longuement m’asseoir sur le sofa rouge de l’atelier de Suzanne Valadon (qui fut une compagne de Lautrec). Puis, j’arpentais le jardin du musée, les sentiers malicieux, les escaliers en pierre menant vers les vignes, par la suite, j’écrivais en dégustant du vin montmartrois.

 

Retrouvez Kate Milie sur https://wordpress.com/home/katemilie.wordpress.com

Propos recueillis par Dominique Larzac  (article publié dans Bruxelles Culture de juin 2024) 

https://issuu.com/eag.gallery/docs/bruxelles_culture_5_juin_2024

 

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JEAN-CHARLES COURCOT : RENCONTRE

JEAN-CHARLES COURCOT : RENCONTRE

Etabli en Thaïlande depuis une quinzaine d’années, Jean-Charles Courcot s’adonne à sa passion d’écrire sur la petite plage de Bangkao à Koh Samui, une île du Sud où il est un farang, un étranger bien intégré. Nous l’avons rencontré sur place pour qu’il nous parle de sa passion et qu’il évoque son parcours d’écrivain. Un parcours qui a embrassé une carrière de créateur de mode, metteur en scène, scénographe, librettiste et romancier. Il vient de faire paraître son 17e roman, Appelez-moi Personne. Rencontre.

 

Comment se fait-il, Charlie, que tu te retrouves sur cette petite plage de Bangkao, sur l'île de Koh Samui en Thaïlande, pour écrire tes récits de voyage ?

J’ai choisi cette petite plage de Bangkao et cette maison de pêcheur en bord de mer parce que le village est resté authentique, pas envahi de touristes, et les Thaïs qui y vivent ont gardé leur fraîcheur, leur naturel accueillant et leur gentillesse. C’est la première raison.  Et puis, ayant vécu longtemps à Paris quand j’étais créateur de mode, puis à Saint-Tropez quand j’ai créé mes magazines, je recherchais le calme, la quiétude, la sérénité que j’avais perdue. J’avais été un homme pressé, je ne voulais plus l’être à Koh Samui. C’est la deuxième raison. Enfin, la troisième et non la moindre : de ma petite maison, je vois Koh Tan où j’ai vécu les huit premières années de mon exil volontaire et vital. C’était un petit paradis de 7,5 km2, peuplé de 23 habitants. J’ai été le 24e et seul « farang », seul étranger à partager leur vie d’insulaires : les naissances, les décès, les fêtes, leurs repas, leurs rires et leurs colères, mais seulement suggérées.

 

On parle ici thaï. Comment se passent tes échanges avec les Thaïs ? T'es-tu mis au thaï, une langue aux cinq tons fort difficile pour nous, Occidentaux ? 

J’ai eu la chance de tomber sur le neveu des premiers propriétaires du bungalow où je résidais, qui était en vacances chez sa tante. Il suivait des cours d’anglais des affaires à l’université de Surat Thani et avait la passion de faire connaître sa langue. Durant ses trois mois de vacances, il m’apprit les mots les plus usuels, l’accent, les nombreuses plantes médicinales de Koh Tan, la flore, la faune… Il m’apprit la pêche au filet, la pêche aux coquillages, les balades en longue-queue pour visiter les îles voisines et surtout Koh Tan où il est né, sa forêt primaire, ses trésors cachés, ses légendes et la raison pour laquelle les chiens ne sont pas les bienvenus. Quand il est retourné à ses études, je me débrouillais en thaï suffisamment pour me faire comprendre et pour comprendre ce que les îliens me disaient.

Or, je me suis vite rendu compte que la médisance n’était pas qu’une coutume européenne. Les Thaïs pratiquent ce jeu parce que pour eux, c’est un jeu ancestral, confirmé par Claude Lévi-Strauss : ils adorent se ficher de la tête de ceux qui viennent de les quitter. Cela m’a complètement bloqué. J’avais en partie fui l’Europe et ses sales habitudes, ce n’était pas pour me retrouver sur un tas de sable de quelques kilomètres carrés et subir ces mêmes usages, tout festifs soient-ils ! Je ne voulais plus rien comprendre. Je n’ai plus prononcé un mot thaï depuis ce jour-là. Je leur parle en français, j’ai appris des mots aux petits Thaïs en français. Je regrette, mais ce blocage est définitif…

 

Combien de récits de voyages as-tu écrits dans ce petit bungalow blanc-bleu et quel est le dernier paru ? Il s'intitule Mon nom est Personne : un clin d'œil au western de Tonino Valerii, avec Terence Hill et Henry Fonda ?

L’écriture pour moi a toujours été une passion, avant le stylisme et la peinture. J’écrivais en « amateur » - mot qui contient l’amour - quand les rencontres m’ont fait me diriger vers la création en matière de mode, un job que j’ai exercé durant vingt-cinq ans. Estimant que j’avais fait le tour de la question et obtenu de grands succès internationaux et de cruelles déceptions, j’ai voulu reprendre à plein temps, en « pro », ma passion : l’écriture de romans, de comédies musicales, de journaux et magazines, de récits et traités. Je dois en avoir exécuté une bonne vingtaine en tout. Le dernier paru s’appelle Appelez-moi Personne, clin d’œil effectivement à Mon nom est Personne, mais contrairement à Terence Hill, mon héros à moi n’est pas sympathique. Je voulais m’exercer dans l’écriture de ce style : écrire 250 pages sur un type qui vous a déçu, qui a trompé son monde, trahi votre confiance, et qui s’avère être un sale type ! J’espère y être arrivé, les échos sont plutôt bons et l’on a même comparé l’intrigue aux films de Lelouch où les destins se croisent et s’entrecroisent…

 

A propos de parution, comment se passe l'écriture de tes romans et où les fais-tu paraître ?

Lorsque j’étais éditeur de mes propres journaux, ma maison d’édition s’appelait « Arts & Îles ». J’ai gardé ce nom qui m’était cher et j’ai édité mes œuvres sous ce label, car après avoir été édité par trois éditeurs différents et les difficultés à rendre des comptes à 11 000 km de distance, j’ai trouvé préférable de passer par l’énorme machine « Amazon » qui imprime vite et bien, et diffuse dans le monde entier. Leur mauvaise réputation en France nuit à la diffusion, mais je n’ai rien trouvé de mieux. Grâce à ton article, les ventes vont s’envoler ! Je l’espère du moins ! Blague à part, éloigné de mes relations médiatiques, il m’est difficile de faire la promotion de mes romans.

 

Étant de la vieille école, c'est-à-dire avant l'Internet, je pensais que l'écriture manuscrite était l'art du romancier. Mais tu es passé à l'ère électronique : tu composes tes récits à l'ordinateur. Raconte-nous tes moments d'écriture et de relecture, voire de partage avec les autres.

Je suis aussi de cette même école et avant l’usage inconditionnel de l’ordinateur, j’ai noirci des kilos de cahiers à spirale Prince de Galles plutôt que Pied de Poule, je trouvais ça plus chic, ou des feuilles volantes tapées à la machine, le chic du chic pour un écrivain, jusqu’à l’apparition au siècle dernier de l’ordi. Quel gain de temps pour l’écriture, les corrections, la mise en page, exactement comme une mise en scène d’une pièce de théâtre ! L’envoi des textes relus et corrigés par le net aux « éditeurs dans le coup » évite d’envoyer des tonnes de papier aux « grandes maisons d’éditions traditionnelles » qui les brûlent au bout du bout de votre impatience à recevoir une réponse.

Avec le temps, l’expérience, mes nombreuses lectures, j’écris de plus en plus vite. Je peux ainsi consacrer plus de temps à la relecture, aux corrections. Je peux choisir quelques amis premiers lecteurs et leur confier mon écrit pour leur demander leur avis. Je peux aussi lire à haute voix sur la terrasse de ma maison Blanc Bleu à quelques auditeurs sélectionnés, et, dans mon « gueuloir » – cher à Flaubert –, vérifier leur état de veille : si leurs yeux restent bien ouverts, c’est bon ; s’ils clignent et se ferment, je dois revoir ma copie, car ils se sont endormis.

 

Jamais de difficulté avec la grammaire ou l'orthographe ? Car il y a des fautes que l'ordinateur ne corrige pas.

Le principal fauteur de fautes de grammaire ou d’orthographe, c’est moi. L’ordi a bon dos. Je suis souvent impatient d’aller au bout de l’idée pour ne pas perdre le fil… au détriment d’une analyse scrupuleuse de la bonne écriture et de l’orthographe. C’est un choix que j’ai fait. Il m’est toujours possible de revenir sur une phrase mal alambiquée, le nombre de relectures permet de corriger au maximum. J’ai une amie, écrivaine elle-même, belge de surcroît, qui a relu avec moi Appelez-moi Personne, c’est le must ! Elle écrit très bien, c’est un personnage digne d’un roman.

 

Dans une vie passée, tu as été grand couturier de mode et aussi journaliste, lit-on sur la quatrième de couverture de tes récits. On se souvient de ton roman Mort tragique d'Ivan Forester. Il a beaucoup de toi, cet Ivan-là ?

Je tiens à préciser que j’écris essentiellement des romans, non des récits, même si je puise dans ma vie passionnée de créateur de mode, de metteur en scène de théâtre, de comédies musicales, d’éditeur, de journaliste, de librettiste, de costumier, de peintre et décorateur, une grande partie de mes « histoires » : cela reste des romans. J’imagine donc une histoire, un scénario, je fais appel à mes souvenirs, j’arrange les uns avec les autres, le vrai au rêvé, je trouve une bonne chute ; je manipule le tout, je secoue. Parfois un personnage m’échappe, il vit sa propre vie et devient un héros à part entière. J’adore quand mes personnages de fiction prennent leur envol. Ils m’étonnent, ils sont vivants. Ils vivent. J’ai mis du temps à écrire Ivan Forester, c’était 25 ans de ma vie aussi. Dont il fallait tirer un roman.  Les récits, sauf exception, m’ennuient. J’aime Chateaubriand, son préromantisme, ses voyages imaginaires aux Amériques entre autres ; j’aime Hemingway, parce qu’il a écrit avec son sang, ses guerres et ses addictions ; j’aime Hugo, parce qu’il écrit merveilleusement bien avec ses innombrables digressions – je suis en train de relire Les Misérables que j’adore ; j’aime Rimbaud et ses poésies qui me font pleurer de sensibilité, voire de sensiblerie, en fait, j’aime pleurer ; j’aime Prévert et ses poèmes lapidaires, Louis I, Louis II… Ivan Forester est le livre qui pourrait s’apparenter le plus à la forme d’un récit : les grands faits sont vrais. Les petits sont arrangés. Trafiqués. Sensualisés. Courcotisés en un mot.

 

J'ai commencé à te lire dans un récit de voyage intitulé L'or c'est l'art. Un épais roman sur la Guyane française préfacé par Claude Lévi-Strauss peu avant sa mort. Pourquoi as-tu écrit cette initiation au « toutisme » et pourquoi ce mot ? 

J’ai fait mon service militaire en Guyane, le plus loin possible de chez moi. Contrairement à mes amis qui se faisaient pistonner pour l’effectuer le plus près de chez eux, et comme ils étaient malheureux chaque fin de week-end quand ils devaient rentrer en caserne ! S’il fallait partir, autant partir pour de bon et découvrir d’autres pays et se frotter à d’autres épidermes… Je me suis fait aider pour partir loin par le président du Sénat, Gaston de Monnerville, ancien député guyanais. J’apprenais aux enfants des gradés du camp du Tigre, près de Cayenne, le français. J’étais libre comme l’air. Dans un paysage en surchauffe ! Chaud, il l’était !

Équatorial, l’enfer vert des forçats des bagnes – Cayenne, Saint Laurent et l’île du Diable −, une forêt primaire, l’une des plus riches de la terre, 97% vierge, avec de l’or et des hommes devenus enragés par l’appât de cet or. Et des Indiens riches de milliers d’années d’histoire, d’une civilisation que les Européens ont tout fait pour détruire, eux et leur civilisation. Alors, oui, pendant deux ans je me suis attaché à ces rescapés. Ils m’ont beaucoup appris. Leur seul dieu, c’est la Madre, la Nature. J’ai voulu être leur voix, les sauver de ces terribles mercenaires prêts à tout pour survivre à leur propre misère, prêts à empoisonner leurs cours d’eau par l’afflux de mercure, à ne pas hésiter à les mitrailler comme du vulgaire gibier.

S’il n’y avait pas ces orpailleurs manipulés par les terribles esclavagistes qui polluent cet Éden, si l’État ne nationalise pas ces mines d’or en préservant ses droits et ceux de tous ses citoyens, cette Guyane pourrait être une France ultra-marine paradisiaque où seuls 3% ont été pollués par l’homme… et où tout est possible pour recommencer à zéro, fort de l’expérience des blancs et de la sagesse incommensurable des Indiens. C’est là que le toutisme est né. Je vais écrire un opuscule sur cette idée, mon dernier écrit, mon testament. Claude Lévi-Strauss y a été sensible. C’est remarquable cette lettre envoyée quelques jours avant sa mort et reçue quelques semaines après.

 

L'ethnographie présente dans tes récits de voyage t'a toujours intéressé ?

J’aime aller au bout des choses. Savoir ce qui s’est passé avant. Le pourquoi d’une situation. C’est dans l’histoire lointaine qu’on explique le mieux notre présent. J’ai toujours été passionné par l’étude des sociétés traditionnelles extra-européennes, dites exotiques, par rapport aux sociétés européennes dites civilisées. J’ai lu et relu les cinq tomes de Jean M. Auel, Le clan de l’ours des cavernes, La vallée des chevaux, Les chasseurs de mammouths, Le grand voyage, Les refuges de pierre, mais je n’ai pas lu le 6e, Le pays des grottes sacrées que je n’ai pas trouvé en français. J’ai adoré, je les relirai. La lecture de notre préhistoire me remplit d’humilité.

J'ai poursuivi la lecture de tes romans avec La malle de Goa qui se passe en Inde, au sud de Bombay. Là encore, tu avais fait escale pour te refaire une santé avant d'arriver ici...

La Malle de Goa a été écrite là-bas à Goa. J’ai attrapé une saloperie de mal qu’on appelle la chondrocalcinose : mon corps produisait trop de calcium qui se greffe aux articulations. C’est une maladie rare. Qui fait horriblement souffrir. Et qu’on ne sait pas guérir. On essaye de la soulager. J’ai essuyé les plâtres de la recherche pour tenter de me soigner. Des médicaments nouveaux ou détournés de leur fonction. J’ai fait un AVC suite à la prise de ces médecines exploratoires. On m’a soulagé à coups de morphine et de cortisone pendant des années, au point d’en devenir addict et de prendre 20 kg. J’ai arrêté cette drogue brutalement, sans précaution, et je fus en manque.  À 4 h du matin, j’ai appelé mon médecin et lui ai dit que s’il ne me trouvait pas rapidement une solution, il aurait ma mort sur la conscience. Le lendemain, j’avais rendez- vous avec un chirurgien de l’hôpital de Giens, spécialisé dans tous les problèmes articulaires, qui voulut bien m’opérer à la condition de lui jurer de changer complètement mon mode alimentaire. Le mal était monté de la cheville gauche à la hanche gauche. J’ai tapé dans sa main, craché par terre et j’ai juré. J’ai déménagé aussitôt l’opération de la hanche terminée et je suis parti en Inde, à Goa où un ami m’attendait pour me présenter sa nouvelle fiancée, une Suédoise canon. J’ai quitté Saint-Tropez et mes activités pour Goa. Changement total de mode alimentaire. Depuis, plus de bobos. La Malle de Goa m’a été inspirée par le superbe roman de Marguerite Yourcenar, Mémoires d’Hadrien et contre l’homophobie indienne et tibétaine et l’hypocrisie britannique. Libres de mœurs, les Indiens vivaient leur sexualité en toute liberté. La reine Victoria, s’étonnant de voir les vigoureux militaires haut gradés s’acoquiner avec des indigènes sans religion, institua une loi, valable pour tous les ressortissants britanniques, qui infligeait la peine de mort pour toute infraction aux bonnes mœurs ! La question de visa pour l’Inde étant devenue difficile, j’ai émigré en Thaïlande entre deux moussons.  J’ai découvert Koh Tan et suis tombé en amour de mon tas de sable.

 

Parlons à présent de ton dernier roman qui va paraître ou qui est paru. Il s'intitule comment ?

Mon nouveau roman, qui est en relecture et correction, s’intitule Le Rigodon final. Carl Laventure s’est retiré de la vie active sur une petite île, Koh Tan, huit ans plus tôt pour s’adonner à sa passion : l’écriture de romans. Il vient de faire éditer son dix-septième roman, Appelez-moi Personne, dont les premiers échos de vente semblent très prometteurs. Il reçoit un mail mystérieux d’une certaine Marie Vermeille qui le félicite. Elle habite le sud de la France. Un nom inconnu, alors que les termes du message sont ceux d’une personne qui paraît en savoir plus long qu’elle ne l’écrit. Après une réponse de remerciement, Carl reçoit un second message de Marie qui lui fait savoir qu’elle passera bientôt sur son île afin qu’il lui dédicace son livre. Flatté et excité de rencontrer cette femme qui n’hésite pas à faire onze mille kilomètres pour une dédicace, il lui répond qu’il a hâte de faire sa connaissance. Rendez-vous est pris « Au Bout du Monde », le meilleur restaurant de Koh Tan. Quand elle arrive, il reconnaît son grand amour de jeunesse, celle qu’il avait baptisée Marieke, en hommage à Brel. Elle a son âge, un an de moins, 66 ans. Elle a gardé sa beauté d’antan, son charme, son sourire. Il a plutôt bien vieilli. Lors du déjeuner, tous les souvenirs ressurgissent. Leur première rencontre à une boum dans une villa de Malo-les-Bains. Les premiers regards. C’était en février, en pleine période de carnaval. Entre chaque souvenir, ils vont se retrouver « Au Bout du Monde » où les restaurateurs les reçoivent, les installent, leur préparent leur déjeuner. Carl raconte leur fol amour. Marieke réagit. L’une et l’autre sont apparemment incapables de se souvenir de la raison de leur rupture…

 

Une dernière question que je ne t'aurais pas posée et à laquelle tu aimerais répondre ?

Ce sont mille autres questions que j’aurais aimé que tu me poses, mais nous allons les garder pour une autre fois, un autre repas sur ma terrasse, car le temps et l’avenir nous appartiennent. Je suis heureux de notre rencontre.

 

Plus d’informations sur www.jeancharlescourcot.com

Propos recueillis en Thaïlande par Michel Lequeux

 

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ALICJA POLECHONSKA : RENCONTRE

ALICJA POLECHONSKA : RENCONTRE

Depuis 2003, Alicja Polechonska a participé à une cinquantaine d’expositions collectives et individuelles un peu partout en Belgique. Cet été, elle sera à Bruxelles, avec toujours un regard personnel pour exprimer ses impressions sur la société.

 

Quel a été votre parcours artistique ?

A l'âge de douze ans, j’ai été récompensée lors d’un concours de dessin organisé dans le cadre du trente-cinquième anni-versaire de la République populaire de Pologne et Année internationale de l’Enfant. Cette distinction a eu un impact décisif sur le choix de l'école d'art où je me suis inscrite pour développer mes compétences artistiques. A savoir, le Lycée des Beaux-Arts Plastiques de Koszalin. Plus tard, j’ai obtenu une licence en langue et littérature slave à l'Université de Poznan, sans jamais abandonner les pinceaux et les crayons. Enfin, en Belgique, j'ai suivi durant trois ans les cours du soir de dessin à l’Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles, ainsi que des cours de peinture à l’Ecole des Arts d’Ixelles pendant deux années.

 

Quand avez-vous quitté la Pologne ?

Après mes études, je suis venue en Belgique. Pays dans lequel j’ai obtenu un titulariat en français langue étrangère à l'Alliance Française, qui m’a destiné à l’enseignement. Depuis, je suis traductrice agréée freelance auprès du Tribunal de première instance de Bruxelles, où je traduis et interprète, oralement autant que par écrit, les échanges entre des particuliers et des représentants de la loi. Je vis dans la capitale depuis trente ans.  Durant tout ce temps, votre pays est devenu ma seconde patrie.

 

Comme peintre, d’où vient votre inspiration ?

Mon inspiration principale naît de mon vécu et de l'observation de mon entourage. L'atmosphère de mes œuvres relève la chaleur des couleurs. L'aspect humain et social joue un rôle très important dans mon travail. Parmi les sujets que je traite, on trouve les thèmes de l'immigration, de la mondialisation, de l'éducation ainsi que du métissage culturel. Je suis très engagée sur tous ces fronts.

 

Quelle technique utilisez-vous ?

Je n’use pas de technique particulière. Je passe aisément du pastel au fusain, de l’aquarelle à l’acrylique. Tout dépend du sujet à fixer sur le support ou de mon humeur. Chaque œuvre est singulière en soi et je m’adapte en fonction de chacune. Je cherche, j’essaie, je rectifie, …

 

Comment définiriez-vous votre style ?

J’exécute des bonds du figuratif à l’abstraction. J’aime retenir la beauté de certaines associations de couleurs aussi bien que la forme d’un objet ou la silhouette d’une personne. Là encore, comme pour mon inspiration, tout dépend de ce que je ressens. Je refuse d’être étiquetée et je suis en recherche permanente. Pour moi, tout peut devenir sujet de peinture, motif de création.

 

Quel est le rôle de l’art ?

Le rôle de l'art consiste à réduire les frontières, à rapprocher les nations et les civilisations pour évoluer dans ce monde et pour relier les gens de différentes cultures, en espérant les aider à vivre dans une société meilleure. La couleur et le dynamisme dans la composition picturale sont essentiels pour l'artiste. A travers la palette, il exprime ses émotions et les profondeurs de son âme, autant que de son intuition. La première impression reste généralement décisive et c'est elle qui permet le dialogue entre le créateur et le public.

 

Qui est votre artiste préféré ?

Il y en a plusieurs ! Stanisław Wyspiański à cause de mes racines polonaises, Vassily Kandyński pour ses vibrations colorées et Marc Chagall pour son univers onirique. Comme vous le constatez, je suis résolument moderne dans mes goûts, même si j’accorde beaucoup d’importance à la peinture classique et aux maîtres qui ont précédé le XXe siècle.


Par quelle formule simple pourriez-vous vous décrire ?

La communication avec les autres ! Je ne peins pas que pour moi, mais pour entrer en relation avec les gens qui viennent à la rencontre de mes toiles et de mes dessins.

 

Avez-vous une citation fétiche ?

En fait, j’en ai deux : « L’équilibre en tout » et « Aimer son prochain comme soi-même ».

 

Vous travaillez par thèmes…

Au fil des années, j’ai développé différentes séries. J’y mets chaque fois beaucoup de sincérité. Il s’agit pour moi de transmettre quelque chose. Ainsi, mes aquarelles représentent généralement des paysages, des compositions florales et des natures mortes d'une façon figurative. La série de tableaux consacrés à la mixité parle des migrants qui ont abandonné leur terre natale ou leur région pour fuir une guerre, une dictature, un génocide ou la misère dans l'espoir d'une existence meilleure. A travers mes œuvres, je parle de ce qu’ils peuvent vivre en me référant à mon propre parcours. Partir représente à la fois un déchirement et une aventure. On abandonne un lieu qu’on aime pour un autre qu’on va normalement aimer. Même si ce n’est pas toujours facile !

 

La religion joue également une place importante dans votre existence …

Je suis catholique pratiquante comme beaucoup de mes compatriotes. J’ai illustré plusieurs thèmes bibliques tirés du Nouveau Testament : la Vierge Marie, Jésus enfant, Nicodème, l’Ange Gabriel, La présentation du Christ au Temple, la résurrection, etc. Des personnages ou des passages profondément positifs et fédérateurs ! Pour moi, la foi libère chacun de ses peurs et apporte un bonheur infini fait de quiétude et d’espoir. Mes toiles basées sur des sujets religieux ont notamment été exposées à l'Eglise des Prêtres du Sacré-Cœur à Ixelles et au Forum Saint-Michel. Un tableau intitulé « Chemin d’Emmaüs » a été récompensé par le « Prix d’Art Chrétien », fondé en 1970 par Réné Pouillard.

 

Propos recueillis par Daniel Bastié

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BARBARA DODZIAN : RENCONTRE

BARBARA DODZIAN : RENCONTRE

Barbara Dodzian est une de ces artistes dont le parcours l’a menée de Varsovie à Bruxelles. Arrivée il y a plus de vingt ans, elle partage avec nous son ressenti et nous invite à découvrir en août ses œuvres dans une galerie bruxelloise bien connue. Récemment, son travail a obtenu le prix « Coup de cœur du public » dans le cadre d’Itinérart 2024.  

 

Pourriez-vous nous parler de votre venue en Belgique et de ce qui vous a amenée à choisir Anderlecht comme lieu de vie ?

Mon arrivée en Belgique remonte à il y a plus de vingt ans. À cette époque, je cherchais de nouvelles opportunités et un changement d’existence. La Belgique m'a attirée par ses perspectives professionnelles. Quant à Anderlecht, c'est un peu un coup de cœur. J'ai été séduite par son ambiance dynamique, sa communauté chaleureuse et son mélange de cultures.

 

Comment vous êtes-vous adaptée à cette nouvelle existence ?

Forcément, au début tout n’a pas été facile. C'est souvent le cas lorsqu'on change radicalement de cadre de vie. La barrière linguistique a été un défi majeur, mais j'ai rapidement appris le français pour m'intégrer. Les premières années ont été marquées par des hauts et des bas, mais chaque étape surmontée m'a rendue plus forte. Parmi les moments marquants, je dirais que l'accueil chaleureux des gens reste gravé dans ma mémoire. Je me sens maintenant ici chez moi. La Belgique est devenue un pays qui me tient autant à cœur que celui qui m’a vue naître.

 

En parlant de communauté, comment décririez-vous l’ambiance sociale et culturelle à Anderlecht ?

Cette commune est une mosaïque. Chose qui en fait un endroit unique et enrichissant pour vivre. La diversité est célébrée ici dans chaque quartier et cela se reflète dans les événements communautaires. Il y a toujours quelque chose à faire et on peut compter sur les autres, quelle que soit leur origine. Cela renforce un sentiment d'appartenance fort.

 

De quelle manière êtes-vous passée à la peinture ?

Après une longue carrière professionnelle, je voulais laisser s’exprimer l’enfant qui a toujours vécu en moi. Les possibilités ne manquent jamais lorsqu’on tripatouille un peu. Sans vouloir devenir peintre, je souhaitais peindre, jouer avec les couleurs et laisser mes émotions s’exprimer librement. Alors, j’ai cherché de quelle manière créer des toiles. N’ayant aucune formation artistique, je suis ce qu’on appelle une autodidacte. J’ai appris sans professeur et sans suivre le moindre cours. Sur internet, j’ai découvert une technique appelée acrylique pouring ou fluid art. J’ai immédiatement su que ce procédé me conviendrait.


De quoi s’agit-il ?

Le terme anglais peut se traduire par coulée d’acrylique, puisque c’est exactement de cela qu’il s’agit et qu’on travaille sans brosse ni pinceau. Cette technique consiste à verser sur le support à peindre de la peinture acrylique. Avant cette étape, on place les couleurs dans différents récipients, auxquels on ajoute de l’eau. Ensuite, on remue lentement pour que la matière devienne crémeuse. Enfin, lorsque la texture est prête, on peut la verser sur la toile. Elle coule alors doucement pour laisser des traînées qu’on retravaille ensuite à sa guise. Les quantités à mélanger dépendent bien sûr du résultat souhaité et des différents types de médiums peintures utilisés. Il est aussi important de préciser qu’on vide les différents gobelets dans un seul avant de tout utiliser pour obtenir diverses couches de pigments. Il faut néanmoins savoir que, lorsqu’on retourne chaque gobelet, les couleurs du haut arrivent les premières et risquent d’être recouvertes partiellement, voire totalement, par celles du fond.

 

Qu’est-ce qui vous plaît dans cette technique ?

Elle possède un vrai côté ludique. On joue vraiment avec les couleurs. Puis, le résultat se découvre lorsque tout est terminé. Je ne sais jamais ce que cela va donner même si, avec l’expérience, j’ai appris les bons gestes. Pour les mélanges de couleurs, j’étale et j’étire aves des mouchoirs humides, des bouts de chiffon ou une éponge. J’utilise également un chalumeau de cuisine pour faire éclater les bulles de peinture, qui explosent littéralement sous la chaleur et se répandent en petites alvéoles ou gouttelettes. Bien sûr, ce genre de toiles se veut totalement abstrait, avec une grande liberté pour l’imagination.

 

Quelles sont les remarques des visiteurs à propos de vos œuvres ?

Elles varient évidemment en fonction du ressenti de chacun. Je suis souvent étonnée d’écouter ce qu’ils découvrent dans ce que j’expose. Souvent, on me parle d’atmosphère cosmique. Encore de mondes marins ou de silhouettes humaines qui apparaissent ici ou là.

 

Et pour vous ?

Je ne cherche aucune narration. Je me contente d’exprimer ma joie intérieure par le mouvement et l’harmonie des couleurs.  Je laisse à chacun la liberté de découvrir ce qu’il a envie de voir dans ce que je propose. D’ailleurs, je ne titre jamais mes tableaux. Au mieux, je les numérote lorsque je n’ai pas d’autre choix en exposition. Je ne pense pas qu’on doive expliquer une œuvre, alors que si je sais qu’une partie du public est en attente d’une histoire pour chaque tableau. Un peu comme s’il devait se rattacher à quelque chose. Mais non, pour moi, je ne vois pas les choses ainsi !

 

Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui veut s’essayer à pareille technique ?

Mon conseil serait de garder l'esprit ouvert et d'être prêt à toujours vouloir apprendre quelque chose pour s’améliorer. Rien n’est définitif ni acquis. L’art n’est pas un métier, mais une manière de s’exprimer ou d’exister. Un artiste a besoin des autres pour être vu. Je crois qu’il doit vraiment s’impliquer dans la communauté locale, apprendre à connaître ses voisins, être ouvert au dialogue et ne pas se prendre la tête en se croyant incontournable. Il est enfin important de rester persévérant face aux défis, car chaque obstacle surmonté nous rapproche un peu plus de notre objectif.

 

Qu’allez-vous exposer en août à Espace Art Gallery ?

Une sélection de mon travail réalisé ces cinq dernières années. J’ai choisi des tableaux qui me plaisent vraiment et qui, je le crois, communiquent parfaitement entre eux. Puis, le vernissage sera l’occasion de faire découvrir cette technique assez peu connue et qu’on n’enseigne pas dans les écoles d’art.

 

Daniel Bastié

 

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