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Publications de Arwen Gernak (34)

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La feuille à l'arbre tremble


La feuille à l’arbre tremble


La feuille à l’arbre tremble
Tandis que le vent la caresse.
Je me souviens, il me semble
Que vous n’étiez pas que sagesse.

Je vous revois, me parlant d’amour ;
Et maintenant que vous vous dévoilez,
Pour mon bonheur, je vous aime à mon tour
Et je ne possède plus que des baisers à donner.

Je vous imagine, le jour, quand loin de moi,
Vous marchez au bord du lac, une lettre
Posée tout contre votre cœur en émoi
Pendant que moi, j’espère la pénombre à naître.

La feuille de l’arbre, moulue, soudain tombe
Dans un bruit étouffé par l’herbe roussie.
La pluie me réveille à la tâche qui m’incombe
Et me chuchote que bientôt il sera nuit.

J’attends avec impatience votre venue
J’attends cet instant ou vous deviendrez,
Celui à qui, enfin, je dirai simplement "tu",
Avec l’écarlate d’un cœur d’amour paré.


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2200 P.C.N.



2200 P.C.N.



Le ciel n’a plus de larmes, la terre se dessèche.
Les hommes partent, les enfants meurent,
Les femmes boivent leurs sanglots.
L’or cuisant nourri par nos folies
Ronge le blé des champs.
L’aride craquellement avale
L’humus riche pour les épis de blé.
Et vous que nos semences ont engendrés
Vous ressemblez aux grands caravaniers.
Vous marchez pour de l’eau
Qui ne jaillit plus nulle part.
Nul ne se souvient
Qu’il y eut des monts au chef blanc,
Les pieds engloutis dans un miroir bleu.
Nul ne voit plus la fleur du lilas
Parfumer ce que nous appelions le printemps.
Et la rose de mai, délicate et odorante,
Est sauvage églantine.
Plus que chardons et sur vos têtes des épines.
Le ciel sec plombe un nouveau désert.

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Un peu de mon enfance





Un peu de mon enfance


Tant de mots se bousculent ce soir
A la pointe finement taillée de ma plume ;
Toute la maisonnée dort, se terre dans le noir.
Et pareil à mon cœur, notre jardin s’embrume.

Au travers de la vitre embuée, comme des fantômes,
Je vois les branches du vieux chêne, mues par le vent.
Sur la table, rouge et un peu ratatinée, une pomme
M’offre son dernier relent de parfum et l’âtre m’attend.

Mes pensées s’envolent et puis reviennent
Coucher précieusement sur la feuille de papier
Des souvenirs de l’enfance qui fut mienne
Et que, encore naïve et crédule, j’ai tant aimé.

J’entends à nouveau les éclats de rire cristallins
De mes frères et la voix grave de mon père
Qui nous rappelle qu’il n’y a plus de pain,
Et qu’il faudra sans tarder aider notre mère.

Les yeux humides et fatigués par la fumée âcre
Qui s’échappe invisible de l’antique cheminée,
Cette femme de trente ans, frêle mais opiniâtre,
Pour nous a laissé s’effriter toute sa beauté.

Aussi loin que m’emporte ma pauvre mémoire
Je ne la vois jamais assise, sereine et reposée.
Déjà quelques mèches blanches entre l’éclatant noir
De sa longue chevelure signent les tourments endurés.

Ce soir, je me sens le cœur lourd de cet amour
Simple, gratuit et à l’odeur du bon pain
Qui se pétrit, lève et puis, enfin, cuit au four
Pour nous nourrir jusqu’au lendemain.

L’encre épais de ma plume est comme une fontaine
D’où s’écoule pur et sans prix, votre amour de parents.
Ma gratitude inavouée, au fil des lignes s’égrène
Afin de perpétuer pour mes bambins, cette vie d’antan.


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Heure arrêtée



Heure arrêtée

Lentement, comme les vieux murs
Sous l’assaut du temps, mon cœur atteint
Par les bourrasques, se fissure.
Création douloureuse de nouveaux chemins.
La rouille a encrassé les aiguilles du cadran
L’heure s’est figée au sommet d’un instant.


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J’aime les cieux crépusculaires


J’aime les cieux crépusculaires



J’aime les cieux crépusculaires,
Leur clair-obscur, leur atmosphère,
Émanation d’une portion d’enfer.

Je chéris le jour qui succombe
Posant son manteau sur les tombes
Avec la nuit qui se lève et surplombe.

Je me délecte quand vient minuit
L’heure zéro où la chauve-souris
Sans plus de crainte quitte son nid.

Je suis de ces créatures étranges
Mi-démon peut-être mi-ange
Qui passent et qui dérangent.

Je vous attends en ces heures-là
Où les honnêtes gens dorment déjà
Et où s’unissent les êtres de l’au-delà.

Je vous verrai sans doute du bout des yeux,
Fuir sans vous retourner ces lugubres lieux
Horrifiés par ce rendez-vous amoureux.

Mais si vous choisissez de rester un instant
En ces minutes qui s’écoulent lentement
Je vous promets de vous choisir pour amant.

Alors vous pourrez raconter à l’aurore
Ce que vous a offert mon maigre corps
Et avouer que vous en voulez encore.



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La campagne s’étend morne et grise

La campagne s’étend morne et grise

La campagne s’étend morne et grise
Au pied d’un tumulus abandonné des hommes.
Les arbres ont perdu jusqu’à leur chemise ;
Des nappes brumeuses semblent fantômes
Sur le ruisseau qui ne sait plus murmurer,
Tout enfermé qu’il est sous son manteau de glace.

Sur la berge fangeuse, la terre embourbée
Laisse entrevoir quelques pas, étranges traces.
Qui passa là en ces heures ternes et froides ?
Était-ce un amoureux perdu ou une enfant
Cherchant un oiseau rare pour ses nuits fades ?
L’absence et le silence m’offrent de leur néant
Toutes les images que ma tête peut rêver.

Mais pas une voix humaine ne se fait assez vive
Pour démentir les tableaux tristement élevés
Par mon sombre regard sur une humanité passive.
Comment peut-on ainsi parjurer des racines
Qui pourraient nous porter jusqu’au sublime ?
Comment ose-t-on ainsi ensevelir des origines
Qui portent en elles des bonheurs et des crimes ?

Mais c’est omettre que l’Homme, animal dompté
Par de trop beaux démons, se laisse toujours prendre
Au jeu malin de celui qui vit et l’infante et l’aimé.
Mes yeux seuls ne peuvent racheter les mortes cendres.

Le ciel est lourd et le brouillard, dense. C’est l’hiver
Dans le cœur du village. La terre pourtant palabre :
Elle hurle qu’il y eut des amants qui s’aimèrent
Le long de cette eau muette qui les vit encore glabres.

C’est alors que je vois une pierre, silex noir
Que de tout ton amour pur et limpide et doux
Tu me donnas un jour ou plutôt un soir
Où mon cœur sombrait lui aussi dans de sombres remous.

Ma main le ramasse et d’un geste prompt le lance.
Voilà qu’à nouveau l’eau murmure des notes douces
Et combles d’espoir. Une force soudaine gomme l’offense
A la nature injurieuse, lui rendant ses couleurs folles et rousses

Terre d’hommes, il suffit parfois d’une seule âme
Pour te sauver de morts certaines et de l’infâme.

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Déjà l'été enfante l'automne





Déjà l'été accouche de l'automne.

La nature, comme chaque jour, m'étonne.

Les lolitas enterrent leur fausse naïveté:

Ce sont les papillons qui ont péché

Dénouant les provocants lacets

Dont elles aimaient se parer.

Soudain surgissent

Que dis-je, jaillissent

Des pudeurs charmantes

Des formes captivantes

Où la conscience d'être femme

donne naissance à une toute nouvelle âme.


A.G.




Voilà qu'apparaît la forme de nos corps: nous somme sablier et chaque défunt printemps n'est que temps qui rapproche du grand mystère. Aussi peu que sablon nous coulons indéfectiblement vers l'hiver. Comme j'aimerais avoir les clés de l'énigme de la cinquième saison.




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Boulevard des trop tard



Boulevard des trop tard



Nous avons rendez-vous boulevard des souvenirs.
Toi et moi, seuls, avec nos vieilles histoires
Assis, immobiles et silencieux, un seul regard
Pour mille pleurs, pour mille désirs.
Si nous partions vraiment, là-bas, plus loin
Que l’horizon au crépuscule des amants.
Viens, tu me disais, viens
Et je venais, avec mes valises de chimères.
Je déballais pour toi des tapis de fougères
Où la source attend toujours de surgir.
Et l’oiseau-lyre, l’entends-tu encore
Sur la branche trop haute, chanter
Pour l’anémone qui dort ?
Viens, disais-tu, dessinons les saisons
Et le vent dans les arbres et la pluie sur les champs.
Viens et je venais, je venais pour t’aimer.
Mais de mes malles ne sortait que des songes.
Dans l’ombre, qui voyait les loups ?
A deux, nous oubliions tout, le monde et son temps.
Viens, disais-tu, et je venais du passé
Habiter ton présent, vivre ton avenir.
L’écume de la mer, au loin, grondait,
Si loin de nous, trop loin pour l’entendre.
Sa rage montante, à nos yeux invisible,
Était vorace. Elle rognait les rêves à coups de vagues.
Elle brisait chaque pierre érigée. Elle gagnait,
Famélique, le cours de nos pays imaginés.
Elle était une armée contre nos dagues.
Viens, disais-tu, et elle est arrivée, la gueule baveuse,
Le ventre avide de nos amours fraîches.
Je me souviens encore du grincement des pontons
Croulant sous cette ogresse. Je me souviens,
Ici, au milieu du parc à souvenirs,
D’avoir disparu dans ses gorges profondes,
Sans un cri, sans un bruit.
La fée est morte un soir, avec tes bras pour linceul.
Nous avons rendez-vous, boulevard des trop tard,
Et je suis seule, sans valises, sans songes, sans chimères.
Le banc des amoureux est toujours là ;
Les réverbères se mirent, comme à leur habitude,
Dans les eaux trop grises des étangs glauques.
Je suis seule, sans illusions, et près de moi,
Alors que j'y crois à peine, que je n'y crois pas,
Un nid de jeunes fougères pointe le nez.
Viens, me diras-tu viens, maintenant ?



Arwen Gernak
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A un poète dont peu se souviennent


Ce soir comme tant d'autres, je pense à lui. Je pense à Vony, son épouse de toute éternité. Il est si tard et j'ai mal des oublis humains. Tant de noms de poètes belges sont en ce lieu listés. Je n'ai pas trouvé le sien.
Il s'appelait Gaston, professeur de français le jour, poète le soir. Un jeune écrivain belge, aujourd'hui célèbre, préfaça son dernier recueil, œuvre posthume que sa muse fit éditer avant de le rejoindre. Je l'ai vue pleurer, lors d'un de mes retours de l'étranger. Je ne comprenais pas alors que l'amour pouvait être si fort. Fort au point de marcher sans le savoir vers la mort, ultime porte séparant ceux qui s'aiment. Ce soir, j'ai le cœur bas, plus bas que tous les ciels d'orages. J'ai le cœur au bord des lèvres qui chatouillent mes mains. A toi, Gaston, l'ami de Dieu et des hommes. A toi mon grand-oncle ! Ce n'est pas un poème qui se dessine mais un florilège de ses recueils. Si quelqu'un devait se souvenir, j'aurais le cœur en fleur.


On parle on chuchote,
On pense, prend des notes
Inexorablement,
On brasse du vent.

On lit, on oublie,
On relit, on écrit,
Mais toi,
Où es-tu toi ?

Je sais tes colliers de songes
Tes pays de vertes lune,
Les clairières d'aurores
Les aubes en fleurs
Et les portier de ton âme
Avec tes ailes repliées
Tes amours de juillet,
A force de porter le jour,
Et de recoudre le ciel bas,
L'heure équilibre a sonné pour toi.

Qui sait encore ton nom ?
Ce jeune devenu vieux
A qui tu ouvris tes dons,
Et qui reste silencieux ?

Moi, je me souviens,
Je t'ai même retrouvé,
Bradé sur les marchés
D'une ère d'informaticiens.

Oh oui, je te porte en moi,
Avec Vony, morte de toi,
Et puis Pablo et Miguel et Cynthia,
Et ceux que tu ne connais pas.

Ami de Dieu veux dire notre nom:
Le rire aux yeux, oncle Gaston,
Je te donne des nouvelles:
Marilles est morte sans nous,
Comme Bruxelles crève sans vous.
Quelques fois, je t'avoue,
(Ne m'en veux pas, surtout,)
Je t'ai volé les ailes,
les colliers, les lunes
Mais pas Danielle !
(je n'ai pas fait fortune),

Les aubes et les aurores,
Je me les réservent encore
Pour porter le jour
Avec autant d'amour.

Piètre couturière,
Le ciel est à nouveau bas.
Et les clairières, ah les clairières,
Comment sont-elles dans ton là-bas ?

Les portiers de ton âme
M'ont appris le prix des drames.
Et quand vient juillet,
Je veille et tu renais.

Parfois, les soirs clairs,
Je vois passer,
Dans le bel univers,
toujours pressé,
Ton 'transétoiles'.
Alors nait ma toile:
Je ne la signe pas
Car je refuse ton trépas.



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Ce sera bientôt l’heure




Ce sera bientôt l’heure

Des âmes errantes

Ces heures angoissantes

Où même les chats se terrent

Pour ne pas sursauter de peur

En croisant un passant de misère.


Ce sera bientôt l’heure

De ceux-là qui n’ont plus

Ni terre ni mer ni ciel

Et qui marchent fourbus

En quête d’une ultime demeure

Où attendraient leurs ailes.


Ce sera bientôt l’heure

Où les honnêtes gens

S’enfouissent sous leurs draps

Y cachant de leur vie la froideur.

Doucement les aiguilles au cadran

Approchent l’heure qu’ils n’entendront pas.


Ce sera bientôt l’heure

Celle que j’attends et que j’aime

Où les ombres fuient la lumière.

Cette heure qui rend les chairs blêmes

Et les âmes glacées de terreur.

Voici l’heure des grands mystères.



Arwen Gernak
Le chemin des lunes bleues

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Traversant le matin à l'éveil de la ville



Traversant le matin à l'éveil de la ville,
J’ai vu des hommes œuvrant de leurs mains viles!
A maints coups de burins bruts et assourdissants,
je les ai vus détruire sans égards, cassant
La pierre grise, noble et lissée pas les ans,
La pierre tant révérée par les maîtres d’antan.
Insensibles à ses cris, sans foi, ils brisent,
Le roc qui autrefois fut une dure entreprise.
Pire, éviscèrent impitoyablement,
De leurs ancêtres, le diamant.
J’entends à chaque coup qui lacère,
Le souffle des vieux bâtisseurs de naguère;
Je sens l’odeur de leur sueur, ils sont heureux;
Je vois la passion flambant dans leurs yeux.
N'était-ce point étincelle de sainte folie ?
Les pierres, une à une, ne sont plus que débris,
Écrasant le respect et tout un testament,
Inexorablement.

Dans le regard des nouveaux créateurs,
Aucune joie, pas d’amour, aucune lueur ;
Rien qu’une horloge dans leurs prunelles mortes,
Dont le tic-tac à eux seuls importe.
Minutes marquées dans leur iris pour cadran,
Pendule moderne de la fin du tourment.
Point rompus, point fourbus, guillerets,
-Malheur à eux, s’ils s’étaient au travail usés-
Quand ils pousseront la porte de leur royaume,
Leur vie commencera par un verre de rhum !
Quelques fois, un soir, une femme dans leur lit,
Jamais la même, toujours une plus jolie.
Sur un mur plâtré aux airs faussement lisses,
Un projecteur de mensonges et d’images
Convie à de lubriques et fallacieux voyages;
Un gramophone plus petit qu’un biscuit
Diffuse une obsédante cacophonie.
Et le sourire enfin s’empare
De leur faciès ignare !

Il faut être patient,
Faire avec son temps.
Se dire qu’autre part
Se renouera l’histoire.
Peut-être, sans doute,
Quelques uns croient encore
Qu’arpenter les sentiers d'alors,
Refaire les même routes,
Soit une mission enrichissante.
Mes amis, tout s’invente
À chaque tour de roue !
Nous les hommes sommes sots ou sublimes fous
Et restons toujours pareils,
De magnifiques bêtes aux longues oreilles,
Les yeux écarquillés par émerveillement...
Ou par abrutissement.
Dirons nous : c’est épatant…

Ou « hi-han » ?


Avance, me dis-je, avance,
Parcours la circonférence
Sois l’ultime maille,
et que recommence le travail !


Arwen Gernak
Le vert écrin des songes
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