La fête des couleurs enflamme la cité.
Les murs reprennent vie. Les façades s’enchantent.
Au grand dam de l’hiver, tout de noir habité,
Éclate la gaité que la lumière enfante.
Des arches de lampions enjambent Rhône et Soane.
Fourvière illuminée annonce un paradis,
Un parnasse céleste où valsent fées et faunes.
La foule a envahi les rues et les parvis.
Voici les boutiquiers, comme au grand moyen âge,
Devant la cathédrale à la proue de Saint Jean.
Revêtue de cent feux, comme un gros coquillage,
La place des Terreaux voit s’amasser les gens.
La fête des couleurs enflamme la cité
Du point de confluence aux pentes de Croix Rousse.
Mais l’âme du grimaud, souffrant de cécité,
Se complaît à l’écart en ouvrant son Larousse.
Vivre la fin d’un bain, le dimanche matin
Quand l’eau tiède nous berce au lambeau de nos rêves.
Immergé, ramolli, le corps tel un pantin
Dont les fils ont lâché pour une brève trêve.
Tandis que le miroir s’embue tel un esprit
Qui vagabonde en vain aux fruits de la mémoire.
Laisser filer le temps. La paix n’a pas de prix.
Lové comme un bambin au fond de sa baignoire.
Vive la fin du bain du dimanche matin !
Allongé lourdement sur les terres salées
Caressé par le vent de Méditerranée.
Fermer les yeux pesants sur les conflits sanglants
La paupière du monde ouverte à l’océan.
Sous l’azur doux d’un rêve allégé de nuage
La brûlure des cieux a l’âme pour bagage.
Ecouter le sabot des chevaux blancs d’ici
Qui coursent le taureau, symbole des ennuis.
A l’ombre de la croix, protégé des lagunes
Prier Sainte Sara, les Maries de la dune.
Vibrer au chant de l’eau des fontaines de Nîmes.
Attendre, nonchalant, que la rue se ranime.
Riche de ma paresse et le corps au repos
Laisser filer le temps qui me dore la peau.
Couleurs vives du cœur des filles qui me vendent,
Le soleil tournesol et l’écume lavande.
Dormir au paradis que le travail ne nargue,
Diamant de la Provence et delta de Camargue.
Va. Marche de l’avant. Clapote dans le monde.
Conjugue noir et blanc. Grise-toi à la ronde.
Ouvre tout grand tes bras. Donne de tout ton cœur.
N’épargne aucun effort à semer le bonheur.
Où que tu sois, apaise les peurs qui t’entourent.
Dispense la tendresse et la foi qui secourent.
Et quoique tu fasses, habille ton métier
Du parfum de ton âme, arrose l’amitié.
Ne crains rien. Va plus loin. Bouscule l’habitude.
Ignore les habits pétris de solitude.
Bien loin du protocole et de l’éducation,
Prends la main qu’on te tend, souris en ovation.
Aime. Aime encore. Aime même le temps qui fuit,
L’angoisse de vieillir. Seul le présent construit.
Et dans le brouhaha des tâches quotidiennes,
Où tu ne seras plus à force de donner,
Tu percevras le chant de musiques anciennes
Et le Sens Eternel de l’Amour couronné.
Ballon bleu
Dans les cieux.
Ballon jaune
Au milieu
Et qui trône
Impérieux.
Ballon noir
Sans espoir.
Ballon d’or
Quand je dors.
Ballon vert
Découvert
Au printemps
Des enfants.
Ballon gris
De la pluie.
Ballon rose
Que l’on pose
Quand on ose
Une pause.
Ballon rouge
Et je bouge.
Et pour toi ce ballon des toutes les couleurs
Pour te dire l’amour qui demeure en mon cœur.
Souffle de vent salé sur une peau hâlée,
Quand le soleil couchant caresse l’océan.
Incarna de douceur à l’infini béant
Puis le regard se perd sur la vaste vallée.
En vacances l’esprit ! On oublie les contraintes,
Goûte la liberté qui goutte de splendeurs.
O tic-tac du réveil, à toi, à moi, sans peur.
Que le temps retrouvé abolit toutes craintes !
Adieu, spadassin au bouclier de ronces.
La terreur d’une bombe en revendication
Qu’on découvre le soir à la télévision.
Talitha koum*, ivre d’amour, bouge-toi, fonce !
Fi des soucis d’argent et de toutes ces chaînes.
Esclave d’un trésor laissé hors du tombeau.
Ni fourmi, ni cigale, encore moins corbeau,
Emprunte au rossignol la parole prochaine.
En chemin intérieur progresser à sa guise.
Méditer sur la vie, les pouvoirs de l’ego,
Quand les ailes de l’âme aux élans inégaux,
Nous libèrent du corps aux glaciales banquises.
Le lion dit à l’autruche.
- As-tu vu ce dindon ?
Délicieuse baudruche
Dindonneau gras et rond.
L’autruche répondit.
- Quoi, quoi, vous, Mon Altesse,
Vous croquez les petits.
C’est bien peu de noblesse !
- En effet, dit le lion,
Je croque volatiles,
Même buffle et bison,
Mais guère les reptiles.
- Très bien, lui fit l’autruche,
Moi qui gobe un réveil,
Je vous donne un conseil.
Évitez les peluches
Et portez des lunettes !
C’est une forte tête.
Un têtu entêté
Qui tempête à tue-tête,
Ne fait que rouspéter.
Une tête de lard,
Un râleur, un soudard,
Un rustre qui s’exclame
Au nez des belles dames.
Un homme sans façons
Qui lève les jupons
Oui Monsieur ! Bien tranquille,
Au milieu de la ville.
C’est un goujat perdu
Qui n’a pas de famille,
Pas un parent connu,
Un coureur de guenilles.
Un être au regard louche,
A l’habit farfelu,
Qui porte des babouches.
Il va si mal vêtu.
Qui plus est, c’est un sot.
Un voleur de gros mots,
Une auguste fripouille,
Qui sur les murs, gribouille.
Moi-même je l’ai vu.
Enfin, presque aperçu.
Pensez que je l’évite,
Pourtant certains l’invitent.
Si, si, je vous le dis !
Grand bien vous en confonde.
Il parait... Dans le monde...
On le dit érudit.
Au bras d’une marquise,
Et semble-t-il exquise,
Il fait ses mercredis
Au bal des sans-abris.
C’est que les temps sont fous,
Si maintenant chez nous,
L’on convie à la fête,
Un Poète !
Et la porte était close
Et closes mes amours
Et la porte était nue
Si ténus ses discours
Restait le vent du nord
Au nord de mes espoirs
Restait le vent du soir
Quand le soir bat la mort
Puis restait un encore
Quand en corps vit la plaie
Un désir un remords
Que la porte appelait
Mais la porte était close
Et closes mes amours
Mais la porte était nue
Nu l’appel au secours
O vêtez-vous les anges !
S’approcher surement de la fin d’un chemin.
Compter chaque matin, chaque jour qui se lève.
Nourrir l’angoisse au cœur de chaque lendemain,
Car il va bien falloir que ce présent s’achève.
Comment rester serein pour aller de l’avant
Quand tout est incertain, quand foisonne le vide.
Une ancre nous retient. Les souvenirs d’avant
Font à notre horizon comme une pyramide.
Bien sûr, le temps suivra son cours. Vers quels destins ?
Il reste, au demeurant, qu’il faut tourner la page.
Ouvrir un autre livre, y graver d’autres faims.
Toujours avec ardeur s’y donner davantage.
Il neige des regrets tout autour de la ville
La nuit s’est emparée des frimas de l’hiver
Continus et discrets, les regrets vont graciles
Jouer dans le halo d’un sombre réverbère
Minuit vient à sonner au cœur de la cité
Tombez, tombez regrets, moquez vous de l’aède
Il goûte les remords, quelle perversité
Et ce décor nival est pour lui un remède
Les arbres sont chargés des dépits de son âme
Autant de bras dressés, autant de reposoirs
Autant de fleurs du mal, mystérieuses flammes
Qui figés dans le noir marquent son désespoir
Il neige des regrets qui gèlent souvenirs
Amour qu’on n’a pas pris, amourette incomprise
Ces valses de chagrin aux éclats de désir
Illuminent la nuit d’amertumes exquises
Il neige des regrets................................
Scintille le brouillard, premiers pas de décembre.
Ce ciel candélabre fait du monde une chambre.
Un ciel chargé d’espoirs pour le temps de l’avent
Dans le chant des enfants que transporte le vent.
O derniers jours d’automne ! O roux jetés à terre !
O branches qui frissonnent quand croît le mystère !
Qu’il est lointain l’été quand ondulent les blés.
Leurs ors sur le sapin, leurs épis blonds tressés.
Dès les premiers frimas se serre la famille .
Dans les bras de papa son petit brin de fille.
Les cœurs et demeures se vêtent de douceur,
De longs câlins sans fin dans la pâle lueur.
Premiers pas de décembre à travers la fenêtre.
A la couleur de l’ambre, on atteint un peut-être,
Un peu d’être un peu plus, et peut-être de naître
A un peu plus d’amour en décor aux fenêtres.
J'ai mis le cendrier
Dessus ta place vide
Et le bloc de papier
Qui soudain m'intimide.
Je rapatrie mes mots
Qui battent la campagne
Je cherche des émaux
Qui racontent l'Espagne.
Mais l'esprit qui se tend
Et tant de fois chavire
N'accroche que le temps
Cet absurde navire.
C'est une tentative
Lorsque tu n'es plus là
De vivre sur ta rive
De saisir ton éclat.
Elles travaillent
Elles travaillent
Et je baille
Ma paresse
est sans faiblesse
Elles travaillent
Elles travaillent
Rien qui aille
Et je suis couché là
Au moelleux du matelas
Elles travaillent
Elles travaillent
Tic tac fait le réveil
Pour hachurer mon sommeil
Sa bêtise
Est ma hantise
Tic tac
Tic tac
Fait le réveil
Mais mon sommeil
Est sans pareil !
Sous son ombrelle
Au bord d’un ru
Elle apparut
Fragile et frêle
Dieu qu’elle est belle!
Et j’ai couru
Comme un bourru
Sous son ombrelle
Dans la dentelle
Fragile et frêle
Elle a souri
Puis sans querelle
A fait la belle
Mon paradis.
Ecris moi des mots chauds
Comme des libellules
Des ailes dans le dos
Et des rires crapules.
Ecris moi, toi le grand
Des chants comme des bulles
Des loups à grandes dents
Qui font peur et bousculent.
Ecris moi des poèmes
Qui sentent le bonbon
Assez simples quand même
Une fête aux marrons.
Ecris rien que pour moi
Des choses rigolotes
Pour que l’hiver, le froid,
Ne donnent la tremblote.
Ecris moi que j’ai peur
Des contes de sorcières
Qui se noient dans les fleurs
Et la mousse des bières.
Ecris moi des princesses
Et des princes charmants
Que l’amour tient en laisse
Et donne des enfants.
Ecris moi ça Papa
Et fait briller la lune
Dans le creux de tes bras
La plus belle fortune !
Si tu n’as rien à dire
Tu pourras bien écrire
Des vers et des couplets
Savants et versifiés
Chargés de rimes riches
Et de tes mots fétiches
La versification
D’ancienne tradition
Ne pourras rien pour toi
Poète en désarroi
Si tu n’as rien à dire
Tout cela sera vain
De l’encre pour le pire
Comme un pain sans levain.
Car l’âme du poète
Va puiser dans ses mots
Le sentiment que prête
La puissance du beau.
Il se rit de la forme
Au-delà de la norme
Va chercher dans son âme
Et dans ses illusions
Le fil fin d’une lame
Qui coupe la raison
Qui affranchit du temps
Libre comme le vent.
Dire est sa seule quête
Au poète
Se dire au plus profond
Vrai Poète
C’est une forte tête.
Un têtu entêté
Qui tempête à tue-tête,
Ne fait que rouspéter.
Une tête de lard,
Un râleur, un soudard,
Un rustre qui s’exclame
Au nez des jolies dames.
Un homme sans façon
Qui lève les jupons
Oui Monsieur ! Bien tranquille,
Au milieu de la ville.
C’est un goujat perdu
Qui n’a pas de famille,
Pas de parents connus,
Un coureur de guenilles.
Un être au regard louche,
A l’habit farfelu,
Qui porte des babouches,
Parle seul dans la rue.
Qui plus est, c’est un sot.
Un voleur de gros mots,
Une sacrée fripouille,
Qui sur les murs gribouille.
Moi même je l’ai vu.
Enfin, presque aperçu.
Pensez que je l’évite,
Pourtant certains l’invitent.
Si, si, je vous le dis !
Grand bien vous en confonde.
Il parait... Dans le monde...
On le dit érudit.
Au bras d’une marquise,
Et semble-t-il exquise,
Il était mercredi
Au bal de la mairie.
C’est que les temps sont fous,
Si maintenant chez nous,
L’on convie à la fête,
Un Poète
Gratter le souvenir de l’ongle de l’esprit.
Chercher dans un parfum la douceur d’un visage,
La trace d’un amour, la trace d’un message.
Que reste-t-il de moi quand j’ai tout désappris ?