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Publications de Thierry FRANCKART (5)

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La police était médusée, elle émit l’hypothèse que pour une raison qu’on ne pouvait imaginer, les malfrats avaient dû reporter l’opération, et on en resta là. L’inspecteur Goffin n’avait pas complètement abandonné l’idée d’une possible complicité intra-muros, et il profita de sa présence sur les lieux pour aller encore une fois parcourir la propriété. Il refit le tour des bâtiments, s’attardant dans les soubassements. Non, décidément, on avait tout sondé. Comme la pluie tombait maintenant moins abondamment, il refit le tour du parc, et soudain, laissa échapper un abominable juron. Là, sur la pelouse détrempée gisait la charogne du chat, à côté d’un monticule de terre. Les salauds ! On était arrivé à quelques centimètres des lingots, mais la morbidité de la découverte nous avait obnubilés. Il fallait se mettre immédiatement en chasse de la camionnette, les lingots étant à bord. L’inspecteur rameuta tout le monde et ils se précipitèrent à l’endroit où elle était encore garée une heure auparavant ; - c’est bien ce que je pensais « avait-il dit » - on s’est fait avoir comme des bleus ! On retrouva la camionnette abandonnée dans un bois. Le grand trou pratiqué au milieu de son plancher permettait d’ouvrir discrètement une taque d’égout au dessus de laquelle on stationnait. Par temps de forte pluie, on pouvait même opérer au nez et à la barbe de la police…Mignolet, sa compagne et ses chiens avaient disparu, emportant un minimum de choses. Restait le complice à la propriété. Germaine avait dû partir et fut, comme tous les locataires des « Trois Tilleuls », surveillée. Durant deux ans, aucune augmentation sensible de leur niveau de vie ne put être observée. On supposa que Mignolet avait simplement doublé son complice, celui qui avait déterré les lingots et les avait introduits dans le regard d’égout, trop étroit pour y livrer passage d’homme.   

Dire que s’il n’y avait pas eu les deux chiens, Hubert Goffin eut compris la nature exacte de la manœuvre ! C’est pourtant eux qui permirent l’arrestation de Mignolet. Un journaliste en mal de copie avait écrit quelques lignes sur un petit drame campagnard. Dans un hameau au fin fond du pays, une pétition circulait contre le propriétaire de deux molosses noirs qui brisaient l’échine de tous les chats du voisinage. Maurice Grignard, alias Maurice Mignolet, du nom de ses parents adoptifs, avait perdu de vue sa grande sœur, Germaine Grignard depuis l’enfance. Le père Grignard avait abandonné son épouse dans la misère, et Maurice avait été placé à l’assistance avant d’être recueillit par la famille Mignolet. Les bavardages incessants de Germaine firent que Maurice reconnut sa sœur, et ils fondirent dans les bras l’un de l’autre. La suite fut moins heureuse. On ne sut jamais à quel niveau Germaine aida son petit frère à dérober l’or du grippe-sou, qu’elle haïssait depuis trente ans. Maurice soutint jusqu’au bout qu’elle se limita à laisser « traîner » une copie de clef, et à déterrer le métal jaune sous la pluie battante. Hubert Goffin « s’arrangea » pour qu’on mentionne la compagne de Maurice comme étant une fille « très simple ». Elle ne fut pas inquiétée, ne fallait-il pas éviter la fourrière aux deux chiens ?

FIN

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L’inspecteur Goffin dû s’accroupir derrière un arbrisseau et se résoudre à prolonger sa congélation. Les deux bêtes se rapprochaient sensiblement et il appréhendait le moment proche où ils allaient croiser le parcours qu’il venait d’emprunter. Immanquablement, la piste toute fraîche conduirait les deux molosses jusqu’à lui. Que faire ; piquer un sprint ?   Dans le noir et avec tout ce qui encombrait le sol, c’était pour se casser la figure, et de toute façon, les chiens seraient plus rapides à la course. Il est vrai qu’ils ont quatre pattes, eux. Hubert Goffin scrutait alentour parmi les débris de toutes sortes, afin de trouver un objet contondant pour pouvoir tenir les bêtes en respect tout en reculant, lorsqu’un cri retenti… Cela semblait venir de la porte de la ferme. Les molosses se redressèrent, oreilles pointées. Ils se mirent à courir à toute vitesse vers les bâtiments et l’inspecteur en profita, sans demander son reste. Il s’installa dans sa voiture, et la déplaça de manière à apercevoir la lumière émanant de l’atelier. Son plan, maintenant que les chiens avaient disparu, était d’attendre que Mignolet aille se coucher, pour aller jeter un coup d’œil discret sur son bricolage. Malheureusement, les chiens revinrent au bout de vingt minutes rôder dans les parages. Il était clair qu’on les avait seulement appelés pour leur pâtée, et qu’ils étaient laissés en liberté toute la nuit. Il n’y aurait plus rien à tenter, et l’inspecteur rentra chez lui, méditer sur ce qu’il avait vu.

Le plan était clair. Encore une fois Hubert Goffin avait eu le nez creux. Mignolet pratiquait une cache indécelable dans cette camionnette probablement démobilisée. Les sigles de la compagnie d’électricité allaient être repeints, le gardien serait bluffé et laisserait passer le véhicule. Tout se tenait, on avait mal fouillé. L’or était toujours dans l’enceinte des « Trois Tilleuls », mais ç’allait être un jeu d’enfant d’intercepter cette vielle camionnette une fois chargée du butin. Instructions furent données au concierge afin qu’il ne fasse pas obstruction. Trois semaines se passèrent… Enfin le véhicule attendu fit son apparition, astiqué soigneusement, et avec ses sigles sur les portières… comme une vraie. Les deux policiers qui planquaient à ce moment là, avertirent prestement les renforts prévus de ce que l’heure « H » était arrivée. Enfin cela bougeait !  Ceux-ci arrivèrent illico. Mais voilà que contre toute attente, la camionnette ne se présenta pas à la grille d’entrée, mais alla stationner quelques rues plus loin, dans une impasse. Il était trois heures de l’après-midi, la pluie n’avait cessé de tomber à verse depuis le jour précédent, et semblait constamment redoubler. Ces cordes qui tombaient du ciel empêchaient qu’on puisse distinguer la personne se trouvant au volant. Dix-huit heures, personne n’était sorti de la camionnette. L’anxiété envahissait les estomacs. L’inspecteur Goffin, dépêché sur place se demandait ce qui pouvait bien clocher. Si le ou les malfrats avaient repéré la police, ils auraient décampé au plus vite, alors, qu’attendaient-ils ? Pourquoi stationnaient-ils à deux rues de distance, à quatre cent mètres de la propriété, qui n’était même pas visible de cet endroit ? Soudain, une volute de fumée bleutée sortit de l’échappement, les phares s’allumèrent et le faux véhicule de la compagnie d’électricité s’ébranla.

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La police avait utilisé sans succès un détecteur de métaux pour tenter de retrouver les lingots. Hubert Goffin se rappela qu’il existait des petits appareils portatifs permettant de repérer les conduites et divers câbles électriques dans les murs, afin d’éviter ainsi de percer au travers. Le soir même, sur discrète instruction, la fouille des camionnettes permit d’en repérer deux. Les plombiers et les électriciens en possédant un chacun, la surveillance autour d’eux s’accrut d’avantage. Maurice Mignolet, un des électriciens, à cause de son passé un peu tumultueux était un peu plus dans le collimateur. Ce soir là, l’inspecteur Goffin avait décidé de le suivre. A ses collègues, il avait déclaré que ses lombes d’oreilles le chatouillaient lorsqu’il apercevait Mignolet, et qu’à plusieurs reprises dans sa carrière, il avait pu vérifier que c’était en présence d’un malfrat. On le tirait un peu en bouteille, mais pas trop cependant, car ses états de service étaient brillants, et il avait bouclé pas mal d’affaires qui semblaient bien définitivement en panne. La filature, si on peut dire, car l’adresse de l’électricien était connue et ce dernier rentra directement chez lui, amenant le policier en banlieue. Le crépuscule rendait encore plus lugubre l’espèce de terrain vague parsemé d’épaves entourant la maison de Mignolet. Après avoir emprunté des petites routes de campagne de plus en plus étroites, un chemin de terre menait à une ancienne ferme, entourée de plusieurs dépendances, le tout fort délabré. Il n’était pas question d’approcher par le devant sans être vu, et la propriété était adossée à une rivière. De plus, un gros chien était enchaîné dans cour, ce qui ne laissait qu’une seule possibilité à l’inspecteur pour approcher les bâtiments ; contre le vent.

Après avoir caché son véhicule à l’écart, derrière un boqueteau, l’inspecteur s’approcha de la ferme en décrivant un large détour, se cachant sporadiquement, tantôt derrière un tronc d’arbre, tantôt derrière une vielle machine rouillée ou toutes sortes de ferrailles jonchant le sol, à rendre jaloux un démolisseur. La nuit était maintenant tombée, et les quelques luminions éclairant l’endroit étendaient des ombres menaçantes alentour. Hubert Goffin était parvenu derrière le groupe de bâtiments vétustes sans alarmer le chien. Comme il se demandait ce qu’il était bien venu faire là, inspectant les murs qui n’offraient de ce côté aucune fenêtre au regard, une lumière fusa par un petit vasistas en haut du mur d’une grange, à plus ou moins quatre mètres du sol. L’inspecteur fouilla l’étroite bande de terrain qui séparait le bâtiment des eaux noires coulant à quelques mètres et finit par trouver parmi les détritus un vieux sommier, qui appuyée au mur, lui permit de se hisser et discerner une partie de l’intérieur de la grange. Au milieu d’un bric-à-brac indescriptible n’ayant rien à envier à l’extérieur, se trouvait une vieille camionnette aux couleurs de la société distributrice d’électricité dont les sigles avaient été retirés. L’intérieur du véhicule était seul fortement éclairé, laissant la grange dans la pénombre, où on pouvait distinguer quantité d’outils. Mignolet, en salopette de mécanicien, émergea d’un coin sombre et entra dans la partie arrière de la camionnette, où il se mit à ferrailler. Pendant près d’une heure, l’inspecteur n’eu droit qu’au spectacle des gerbes d’étincelles d’une disqueuse, alternant avec les éclairs violacés d’un poste de soudure à l’arc. De temps à autre, Mignolet apparaissait furtivement pour prendre un outil ou une pièce de métal. La position des plus inconfortables força l’inspecteur à descendre de son perchoir. Des crampes harcelaient ses mollets et le froid aidé par l’humidité qui montait de la rivière, le portait à la limite de l’éternuement. Il fallait qu’il se réchauffe. Comme il regagnait son auto, il se retourna et se statufia sur place. Non seulement le chien, un énorme dogue noir de jais avait été lâché, mais il y avait aussi son frère jumeau.  A suivre ...

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La police avait mis pas moins de quatre heures avant de découvrir le panneau coulissant, parfaitement refermé. Où étaient passés les lingots ? Depuis le débit des travaux, les camionnettes des différents artisans étaient systématiquement contrôlées par le gardien, maintenant, tous les véhicules étaient sur ordre de police passés à la fouille. Le magot était donc toujours dans la propriété.

Des trois inspecteurs qui fouillaient tout de fond en comble, c’est Marc Chenonceau qui fit la découverte. Il y avait dans un coin du parc, un rectangle de pelouse qui avait été soigneusement découpé et replacé. On se mit fiévreusement à la recherche d’une bêche, et à creuser à cet endroit. L’excavation ne prit qu’une minute, car c’est à peine à quinze centimètres de profondeur qu’on atteignit la charogne d’un chat…

L’enquête s’annonçait fastidieuse, dû au nombre d’ouvriers circulant librement dans les six étages du bâtiment. Il s’avéra qu’aucun d’eux n’ignorait avant le drame la présence d’un trésor en métal jaune. Germaine y était allée fort en bavardages. Était-ce à dessein ? Le fait est que cela augmentait considérablement la quantité de coupables potentiels. Nombre de colocataires avaient choisi, soit de séjourner dans une résidence secondaire, soit partir en vacances pour la durée des travaux. L’effet positif de cet exode était néanmoins anéanti.
Au faible nombre des locataires suspects, on trouvait Albert Grégoire, dont l’appartement jouxtait celui de la victime. Celui-ci, marchand de voitures d’occasion peu scrupuleux, n’avait rien en propre, tout ce dont il jouissait était au nom de sa compagne. Il avait accumulé les faillites et traînait également quelques procès pour avoir vendu des autos accidentées dangereusement « bidouillées », ainsi que pour des compteurs kilométriques ayant subit une cure de jouvence. Criblé de dette, il était toujours à l’affût de la bonne affaire à réaliser en un minimum de temps et un maximum de profit. Ayant analysé son profil, les psychologues de la police judiciaire le jugèrent « limite » capable de passer à l’homicide, tout étant éternellement une question de prix.

Le jour du meurtre, il était resté seul la journée entière et n’avait prétendument pas levé le nez de sa comptabilité. Un autre copropriétaire, Gilles Demaret en était, à plusieurs fois par le passé, venu aux mains avec Legris, pour une question de place de parking dans le sous sol. Tous deux se vouaient mutuellement une haine farouche, mais en supposant que Demaret eut poussé Legris dans la cage d’ascenseur vide, cela n’avait aucun rapport avec le vol. La fouille minutieuse de tout l’immeuble ne donna aucun résultat.

On vint alors avec un détecteur de métaux afin de sonder les surfaces fraîchement carrelées ou cimentées, mais sans plus de succès. Les enquêteurs se perdaient en conjectures, l’or s’était littéralement envolé. Il fallait avouer que le produit du larcin avait été astucieusement caché, et ils se demandaient s’il n’allait pas falloir se résoudre à surveiller discrètement la propriété jusqu’au moment où l’auteur du larcin essaierait de l’en faire sortir. Cette perspective n’enchantait guère les enquêteurs qui continuèrent leurs investigations. La constatation la plus troublante, était la vitesse avec laquelle le malfaiteur avait découvert la cachette des lingots.

Quatre inspecteurs étaient en planque à l’extérieur de la propriété, de manière à ce qu’ils puissent à deux embrasser du regard la totalité du mur d’enceinte. Ils planquaient douze heures d’affilées, en deux équipes. Cela mobilisait beaucoup de personnes, car l’enquête continuait d’autre part, mais, le chantier devant se terminer bientôt, la police supposait que si le larcin avait été opéré par un des artisans, ce dernier ne disposait plus que de quelques jours pour récupérer son butin. Plus l’échéance approchait, plus le ou les malfaiteurs auraient à prendre de risques. La fouille approfondie des véhicules n’avait pas faibli, elle était maintenant drastique. C’est l’inspecteur Goffin, qui imagina comment le malfaiteur avait bien pu découvrir si vite la planque aux lingots.  A suivre ...  

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Ascenseur pour un caveau (TF)

On avait enfin fini par trouver la planque du magot. Il n’y avait désormais plus de doute quand à savoir s’il s’agissait d’un crime ou d’un accident, car la cachette était vide.

Legris avait entraîné dans sa chute le garde-fou provisoire masquant l’entrée béante de la cage de l’ascenseur démonté, si bien qu’il y avait eu un doute sur la fiabilité de celui-ci. La société responsable du remplacement de l’appareil vieillot avait crié « au sabotage », invoquant pour preuve la parfaite robustesse des rambardes provisoires installées aux autres étages.

L’immeuble à appartements de haut standing était en complète rénovation, ce qui y faisait régner une animation inhabituelle. Ceinturée d’un grand parc arboré, lui-même circonscrit par un mur d’enceinte, on ne pouvait y rencontrer d’indésirables, ceux-ci étant arrêtés au corps de garde de l’unique entrée de la « Résidence des Trois Tilleuls ».

Albert Legris était un pingre notoire. Il était entouré de voleurs et malgré cela, l’idée de placer de l’argent dans une banque le rebutait. Le grigou de la pire espèce, celui qui entasse des valeurs dont personne ne profitera jamais. Personne ? Voir ! Car son petit trésor venait bel et bien de changer de mains …

Restait à savoir dans les mains de qui ? Germaine, femme de ménage du mort depuis plus de trente ans et bavarde comme une pie, ne passait guère un jour sans parler à tout le monde, mais surtout à n’importe qui, du magot du vieux. Legris l’avait embauchée alors qu’elle sortait de prison, pour avoir… volé l’argenterie chez son employeur. La robuste paysanne normande était alors sans toit ni revenu, et depuis, elle avait peut être gardé une certaine reconnaissance, se méprenant sur le fond. Il la payait une vraie misère, et avait simplement joué son petit « Thénardier ».

A l’heure estimée du drame, Germaine était au supermarché, mais il ne fût pas possible de recouper ces dire par le témoignage d’une ou l’autre caissière. Fait étrange, elle avait perdu le ticket de caisse, base sur laquelle, son tout juste défunt patron lui remboursait, au centime près les dépenses du ménage. Quand on sait que la date et l’heure était imprimée sur les souches de cet établissement, la perte était fâcheuse.

L’accident n’avait pas été compris immédiatement. On avait d’abord cru à une simple disparition de Legris, avant finalement, le lendemain matin, de le trouver étendu derrière une voiture dans le sous sol où il était « tombé » du deuxième étage. Selon le médecin légiste, la victime n’était pas morte sur le coup, et avait pu ramper dans le noir jusqu’à l’endroit où on l’avait découverte. L’inspecteur chargé de l’enquête, Cédric Lemaire, pensait plutôt que le moribond avait été traîné là, où il serait moins en vue.

Quoi qu’il en fut, le criminel avait agit dans un créneau de plus ou moins deux heures, et ce aux environs de l’heure à laquelle les différents corps de métier opérant dans le bâtiment terminent leur journée de travail.

Au moins trente-deux lingots d’or d’un kilo chacun auraient dû être retrouvés dans le double fond astucieusement aménagé de la garde-robe, comme l’attestaient les bordereaux d’achats négligés par le voleur. Qui, à part la bonne, c'est-à-dire la seule personne circulant librement dans l’appartement,  pouvait être au courant de la cachette ?   A suivre …

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