LE PROJET DES DOCUMENTS EN LANGUES INCONNUES RETROUVES AU FOND D'ANCIENS TOMBEAUX.
Pour ceux que ça intéresserait, je propose à qui le désire de traduire un des textes qui suivent. Je les ai rédigés dans une langue qui n'existe pas. Moi même je ne sais pas ce qu'ils pourraient vouloir dire. Je demande de les traduire imaginativement, pour voir le résultat. Et peut-être les publier ensuite. Ce sont donc des textes retrouvés au fond d'anciennes tombes.
Voici les textes :
http://www.danofsky.be/2017/12/18/le-projet-de-traduction-de-textes-anciens/
LES ODES AU JARDINET ( une introduction à l'univers mental du commandant danofsky ) sont en VENTE. Envoi gratuit. Commande par message privé. 12 euros/pièce.
La lueur viendra.
Sur le banc sont gravés des mots d'amour.
Des noms inconnus, des chérubins aux ailes naïves
Déployées dans les nervures rugueuses du bois mourant
Des coeurs saignants, des baisers dans le demi-jour.
A force de croire en sa bonne étoile,
On perd des instants précieux.
Consignés à la garde de la loi divine,
On se retrouve les poches vides,
Trempé de la tête aux pieds,
Voyageur dans une gare, la valise à la main.
Daniel Plasschaert, La Gloire amoureuse, éd. Chloé des Lys; Le Monde opaque, éd. Chloé des Lys, 2009,
poèmes
D’emblée, dans la Gloire amoureuse, le lecteur est prévenu: le bonheur, la gloire sont hors de notre portée, ou, du moins, d’un accès difficile:
Le visage de Dieu m’est caché
La beauté m’est voilée
Alors, pourquoi voudriez-vous que je sois
heureux aujourd’hui
Il y a, en ce recueil, des passages très familiers, comme on en trouve chez Toulet, mais en même temps très réalistes, et qui nous portent à voir les choses en noir. Mais aussi, des formules scintillantes, éblouissantes, qui tranchent sur l’universelle grisaille. J’ai été ainsi séduit par ce dialogue avec le facteur:
Bonsoir facteur, vous avez bien meilleure mine que la nuit précédente./Et le courrier bien rangé dans votre sacoche,/votre serment de n’en plus lire une ligne./Posez vos livres et buvons à notre gloire./Un éclat de givre scintille entre vos doigts./Le cuir de vos gants noirs est usé./Sous la surface, l’air est saturé de mauvais rêves./ Dans ce quartier coronaire où nous demeurons pour l’éternité, le va et vient des passants condamne nos pensées au recul volontaire des saisons./ Facteur, vous et moi sommes ailleurs./Nous sommeillons.,/dans ces singuliers lendemains/d’où ne naît aucune aube.
et, plus loin, p.27: Nous sommes le hasard, /la moisson d’un jeu divisé, un frôlement jeté pêle-mêle/dans la bouche ivre d’un joueur épuisé.
Ici sont posées les questions essentielles, et la réponse est souvent triste et désabusée: p.30, l’art du géographe tient dans une poignée de terre. Les images de la peur sont dominantes, et la protection qu’une femme peut apporter contre cet environnement sauvage et meurtrier. Ainsi, p.41:
il ne faut pas que je sorte/il faut que toute cette peur s’en aille pour de bon, ou encore, p.42: Je retourne avec fracas vers le socle où repose la soif d’aller.
Mais il y a chez les femmes de Daniel Plasschaert un peu de cette étrangeté à la fois familière et inquiétante qui meut celles de Paul Delvaux.
On retrouvera, dans Le Monde opaque, une sorte de peur devant l’amour, peur de sa disparition, de sa précarité.
…il partira. Elle partira./Emportant le grand signe/Du vivant dans leur mouvement/Roues d’où le pouvoir de l’invisible/Racontera la chute/De ceux qui sont vaincus/Par tous leurs jours de noces/Et les passants à la porte/Feront des signes/Et les parterres délaissés de leurs fleurs/Et les statues pâles/Comme des taches de clarté futile/ Elèveront leurs corps jusqu’à leurs bouches/ (…)
La femme se confond avec le monde, le monde tout entier devient elle. Il y a une force singulière en ces regrets pleins de vigueur:
Dans le désordre des armoires/Une lampe s’allume au détour des ruelles/Un journal froissé et ta photo/Que je glisse dans ma poche/Presque machinalement/Comme un voleur fatigué/Comme si j’allais un jour /Sortir de l’ombre portée de l’astre nocturne/L’idole lumineuse et magique/Qui rouvrirait le monde effacé/De ce que nous avons écrit/Et renié par mégarde…(p.51)
Une œuvre à la fois délicate et forte dans sa densité, et qui évoque à merveille, en prise avec les photos en grisaille prises par l’auteur, cette sorte d’étrange absence/présence amère et douce qui nous gouverne
Joseph Bodson
Commandant Danofsky – Daniel Plasschaert, Les Odes au jardinet, nouvelles, Chloé des Lys, version juillet 2009.
Ne vous étonnez pas si je vous entretiens, pour une fois, d’un livre qui date un peu. Pour moi, c’est une découverte, que je tiens à vous faire partager. Etrange personnage que ce commandant Danofsky. Il lui arrive, mais oui, de partir en guerre, et, ce qui est un comble, contre ses lecteurs. C’est qu’il tient à ses habitudes, et n’aime pas qu’on le dérange. Et qu’est-ce que ces intrus qui se mêlent de lire ce qu’il a écrit? Je ne sais s’il le fait exprès, mais il semble aussi s’être brouillé avec l’orthographe. Une vieille querelle, sans doute.
Mais qu’y trouve-t-on, dans ce jardinet, si je peux le divulguer? Des salades étrangement raisonnables. Des limaces philosophes, dans le jardin du commandant. Transfuge de quel règne, de quel rêve? Minéral, animal, ou végétal? Mais qui empêchera jamais Alice de passer de l’autre côté du miroir? Des histoires pour les enfants? Oui, peut-être, mais pour des enfants déjà un peu âgés, tristes et graves, un peu revenus de tout, mais souriant quand même.
Un certain décalage par rapport à la réalité, très léger, parfois imperceptible, comme une horloge qui marquerait l’heure avec une justesse excessive, mais où la grande aiguille et la petite auraient été interverties. Un monde à la fois enfantin et barbare, où la seule règle ou presque – mais elle n’a rien de contraignant ni d’astreignant – c’est d’aller à l’encontre des idées, des clichés généralement admis.
La joie du jardinet: étrange scène d’amour très physique entre les plantes et le jardinier. Si vous me cherchez…Cela fait un peu songer à Saki, ou à Arcimboldo, ce peintre italien qui faisait des portraits très composites. Goûtez-y donc, si vous en avez l’occasion: vous m’en direz des nouvelles.
Joseph Bodson
Il marche sous la pluie de Novembre, le parapluie inclné en direction de la bourrasque, c'est signe de détermination poétique, courber son parapluie. Les autres passants, plus terre à terre sans doute, ne marchent plus et se sont abrités sous les porches, dans les abris que leurs offrent les quelques arbres qui restent encore debout dans cette avenue large, si large qu'elle fait penser à l'Escaut du temps jadis, de ce temps ou les peintre y plantaient leurs chevalets et ou les poêtes s'y pendaient sous les ponts, mettant fin à leurs jours.
Il y avait aussi, quelques dessinateurs venus du haut de la ville pour immortaliser le vent, les gouttes d'eau, le vide de la nuit.
Monsieur Paul, défiant les automobiles et les fiacres, les vélomoteurs et les cylindres des géantes cylindrées, n'avait de cesse de saluer ceux que le maire de la ville appellait ses enfants. Pour nous, artisans qui rêvions de devenir artistes, la gloire n'était rien à moins d'être bénie et paraphée par le sourire ou l'apostrophe de Monsieur Robert Paul.
L'art d'aimer l'art, une fameuse cuisine qui demande mieux que de bonnes épices. Le voici qui nous construit une maison sur la gauche de l'aube, une auberge à l'orée d'un escalier interdit ou encore, un boudoir rigolo pour nos soirs de misère. Vous l'avez déja vu sourire, amusé de nos cabrioles colorées ? Avez-vous déja saisi une émotion inconnue dans ses yeux de maître d'oeuvre ?
Glissez-vous sous son parapluie, sous ce royaume secret se cache le reflet de la ville, de nos pas, de l'infinie attention de l'homme pour ses petits cabotins. Mais il sait si bien pardonner lorsque le vert déborde et que les voyelles s'emballent. Il est l'heure. On se boit un café, à l'abri, chez lui, chez vous, chez nous. Have a good evening dear Mister Paul.