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Publications de Josette Gobert (307)

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La pluie JGobert

La pluie est au rendez-vous. Droite, froide, elle tombe délicatement et éclabousse le sol.

Rien de comparable à cette averse violente, qui d’un seul coup changea le sens de sa vie et la sépara de son compagnon. Emporté dans un tourbillon barbare, il lâcha sa main dans un cri de désespoir et disparu.  Accrochée à une branche, elle resta là des heures la mort à ses côtés.

Chaque pluie lui rappelle ce passage terrible de sa vie. Ce souvenir la hante et la côtoie. Elle redoute ce ciel déversant des litres d’eau.

La voiture emportée commença à tanguer et à se déporter comme une vieille barque sans fond. D’un geste fort, il ouvrit la portière et sortit. Elle fit de même, s’accrochant au capot. Il réussit à lui prendre la main un instant, la serrant pour la rassurer et lui dire qu’elle n’avait rien à craindre.  Son visage apeuré criait des mots forts et puissants. Et malgré cette eau qui se déversait sur eux, il lui sourit.

Ensuite, la voiture a disparu, enchevêtrée dans des arbres arrachés. Des flots d’une eau trouble s’installèrent et des tourbillons assassins les emportèrent.

De ce moment terrible, lui reste le goût terreux de cette eau sale dans la bouche. Quand l’angoisse revient la visiter, un besoin irraisonné de se rincer la bouche l’obsède.

Quand le ciel eut fini de déverser, de répandre cette eau tueuse et qu’au loin, elle vit arriver des secours, seule, détrempée, éperdue de douleur, elle hurla sa peur, déchirante, affolante.

D’un geste assuré, une autre main la souleva de cet endroit boueux et la colla contre lui.  Sur ses joues se dessinèrent des sillons de chagrin, de tourment qu’elle n’arrive pas à effacer.

Terrible souvenir d’un jour de pluie d’un été trop chaud.

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Jadis JGobert

Jadis, un petit être m’est apparu. Sorti d’un conte de fée, il gambadait sur le rebord de ma fenêtre ouverte. Oh, je sais. Difficile à admettre, à accepter pour les esprits blasés, fatigués d’autres réalités, à la recherche constante du palpable, du matériel et qui n’acceptent plus les songes éveillés, les chimères émerveillées.

Il était là, devant moi, nullement effrayé, le regard vif et un petit sourire aux lèvres. Je compris vite que cette rencontre imprévue n’allait pas s’arrêter là. Il sauta sur le rebord intérieur de la fenêtre et je fis un pas en arrière. Sourire narquois, il me dévisagea et je sentis dans ce regard une pointe de bonté inconnue, une douceur cachée que je n’avais jamais ressentie auparavant.

Il descendit vite de ce rebord et fit le tour du propriétaire. Rien ne lui échappait et avec délicatesse, il se posa sur un livre ouvert. Il tourna les pages d’un ouvrage beaucoup trop grand pour lui. Il s’arrêta sur la photo d’un enfant et me dévisagea pour me faire comprendre quelque chose. Il continua à tourner les pages s’émerveillant sur certaines gravures. Merveilles, légendes de fées, chants de fleurs, vents des plaines, il passa en revue ce livre avec délice.

D’un autre bond, il vient jusqu’à moi, son regard noir plongé dans le mien. Un courant délicieux, un fluide intemporel me parcourut. L’impression de ne faire qu’un avec lui et il finit par partir dans un saut digne d’acrobates.

Ma journée était ainsi illuminée, radieuse d’un je ne sais quoi d’irréel, de fabuleux, de mythique.  Je ne tenais plus en place. Quand mes proches sont arrivés, excitée, mon récit ne fut pas accueilli avec plaisir. Trop de désapprobations dans les regards me forcèrent à me taire.  Tant pis, ce sera mon secret à moi seule.

Le livre entrouvert est toujours là, posé au même endroit et par beau temps, la fenêtre est entrebâillée, et je reste là parfois des heures à attendre celui qui ne vient pas.

Maman, ferme la fenêtre… Je t’en prie, tu vas prendre froid. Je m’exécute pour ne pas créer de tension. Mais dès que ma fille chérie a le dos tourné, j’ouvre vite cette fenêtre avec l’espoir furtif de l’improbable retour de l’hôte d’un autre monde que j’affectionne tant. Venant de l’univers parallèle où je me plonge les jours tristes de disette affective, de pénurie de tendresse. Un monde où je cherche le souvenir de ses beaux yeux noirs.

Un soir d’été, alors que doucement la lumière du jour s’éteint et qu’un petit vent frais se lève, j’entends un bruit, un son familier. Mon cœur s’arrête de battre.

Et si c’était lui. Et s’il était revenu. Je deviens subitement incontrôlable et je m’élance vers ce que j’ai entendu, perçu.

Le livre, depuis toutes ces années, est toujours à sa place et assis sur une page, mon doux songe est là. Dans un grand fracas, je prends mon pied dans le tapis, trébuche et maudissant cet endroit, je m’écrase par terre. Après avoir repris mes esprits, assisse par terre, mes larmes coulant de dépit, de colère, mais surtout de déception, de tristesse.

Comme dans un mauvais rêve, je faillis revoir ce petit être que mon imagination, ma fantaisie a enfanté des années auparavant.  Mais il avait disparu.

 

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Le temps. JGobert.

Le temps guérit bien des choses. Tout ce qui représentait l’important à ses yeux a disparu peu à peu. Elle ne voulait y croire au fond d’elle-même, comme pour contrecarrer les diseurs de bonne aventure qui se transforment en prêcheur de mauvaises nouvelles.  Non, elle était certaine que jamais elle n’oublierait l’ombre passant par le jardin et qui, à pas feutrés, venait lui faire un baiser dans le cou. Tous ces jours abandonnés au plaisir, au bonheur ont été soufflés comme des braises que l’on veut éteindre.

Longtemps elle a vécu dans une semi conscience mêlant le passé au présent et incapable de se situer dans l’avenir. Le souvenir de l’image aimée flottant toujours entre elle et sa nouvelle existence.

Le temps prend son temps pour amener l’être aimant à oublier et il y arrive peu à peu malgré les réticences, les refus, les sentiments de trahison envers celui qui n’est plus.

Un rayon de soleil dans ce même jardin, qui comprimait cruellement le cœur, est maintenant plus doux. Accepté par la passion déchirée, il repend un moment de paix. Et le temps s’évertue à effacer délicatement les plus beaux souvenirs et les plus douloureux.

Les bruits familiers ont évolué. Là où s’amassait un trop plein de chagrin, le silence s’est installé pour panser la plaie géante de l’absence. Rien n’a bougé mais tout a changé. Le temps a pris en main cette souffrance pour la consoler et l’obliger à partir afin de laisser place à autre chose. Abandonner enfin ce mal.

La voici, au bord d’un nouveau chemin, qui s’ouvre vers un nouvel avenir. Le temps lui tient la main et discrètement la presse d’agir. Il est temps de partir. Rien ne sera plus comme avant. L’important est de vivre.  

 

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Extrait Aux encres des amours Damien Saez

Quand elle m'a crié la sentence
je crois que j'ai pas bien compris
mes pulsations en longs silences
nos respirations en sursis
ecrites aux encres des amours
y a des rasoirs sur les velours
qui sous le pli de la tendresse
nous rappellent à ceux qui nous laissent
aux encres des amours
mais nos amours ont jeté l'ancre
on croit qu'on s'aimera toujours
mais toujours en condoléances
s'écriront les derniers voyages
de ceux qui s'y sont vus trop grands
de ce navire gonflant la liste
des disparus des océans

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Voyages JGobert

Un lever de soleil éblouissant, éclatant et la journée commence dans la joie. Petite, assisse sur le muret de chez grand-mère, je m’installais et concevais le monde à ma manière. J’imaginais ce qu’allait être demain. Ce futur plus ou moins proche qui me donnerait l’aisance, la désinvolture de mes découvertes, de mes envies. J’étais libre dans cet univers nouveau qu’un rayon de soleil rendait si agréable. J’allais, chaque jour, parcourir le monde.

Grand-mère, lors d’un de ses voyages, m’avait ramené un planisphère déjà usagé mais convenable. Il me plaisait et était devenu mon ami. Pour mieux en profiter secrètement, rangé sous une armoire du grenier, j’allais le consulter régulièrement et mon esprit s’en imprégnait. J’emmagasinais les noms les plus fous et visitais en pensée chaque endroit de ce planisphère extraordinaire.

Il est resté longtemps cet unique objet, ce trésor caché que j’épluchais avec tant de ravissement.

Mon imagination partait dans tous les sens, Amérique, Asie, Inde, Afrique. J’étais ravie de pouvoir songer à ces contrées et aux aventures que j’imaginais et qui s’offraient à moi.

Avec le temps, j’avais étoffé mes recherches et grand-mère y participait. Elle ramenait à chaque occasion de nouveaux livres qui me comblaient. A cette époque, ce n’était pas de la littérature mais bien des livres de voyages, savamment illustrés de photos magnifiques.

J’avoue qu’à cet instant, l’Afrique était une destination étrange, inconnue même et offrait le cadre parfait à des aventures et à des rencontres ahurissantes pour une enfant curieuse et singulière. Je vivais des heures palpitantes avec ces photographies inattendues, ces gravures étonnantes, voir surprenantes.

Grand-mère me ramena ma première bande dessinée d’un certain Hergé. Et là, tombant de plaisir, raffolant de ces dessins, je m’imprégnais également de ce monde dessiné avec tant de beauté, de poésie. Que d’aventures j’ai vécues et rêvées. J’en garde encore le plaisir.

Le temps est passé et tous ces souvenirs sont restés gravés dans ma mémoire bonheur. J’ai traversé l’adolescence avec un esprit déjà bien émoussé, rempli de péripéties, de rêves écrits que je lisais sans fin.

Grand-mère m’a quittée un jour de pluie. Elle me laisse les plus beaux souvenirs de ma jeunesse, des pensées inouïes parsemées de tendresse et cet amour inconditionnel pour l’inconnu, pour la vie.

Heureux temps de l’enfance.

 

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Admettre JGobert.

Admettre une fois pour tout que cette rencontre n’est pas anodine et qu’elle a donné naissance à des sentiments magnifiques et transcendé par une jeunesse innocente, joyeuse où les codes des adultes étaient encore ignorés voir incompris.

Des sentiments sincères, d’une pureté insolente, où tout était permis dans une clarté infantile, irréfléchie et inconnue. Des sentiments amoureux qui assaillent l’esprit, le cœur et s’attaquent à l’ignorance de la vie. Ceux-là même qui jettent loin la fragile raison d’un adolescent et effacent les lois devenues désuètes d’une éducation parfois puritaine.

Cette rencontre qui, subitement, se révèle être si importante voir cruelle et si mystérieuse. D’un coup de baguette magique, elle transforme l’univers, le monde, la vie. Cette émotion nouvelle qui pousse à posséder, détenir ce qui est interdit et à le protéger comme un véritable trésor.

Ce bonheur qui jaillit de l’intérieur de soi et se répand avec enchantement dans nos veines. Une merveilleuse sensation et une adorable aventure pour un être qui s’ouvre à la vie.  Un amour d’adolescent bouleversant, émouvant, qui verse des larmes sur un oreiller accueillant. Des souvenirs jamais effacés, toujours tendres, à jamais regrettés.  Une expérience délicieuse mais combien blessante qui met fin à une adolescence tumultueuse.

Et cette autre rencontre, simple et belle. Un moment extraordinaire, sublime entre deux êtres qui laisse une surprenante perception. Un monde couleur de miel et de noir minéral, obscure et pétillant, plus vaste que l’horizon, qu’une éternité n’est pas assez grande pour aimer.

Etrangement histoire qu’est cette fable moderne qui se reproduit sans cesse, et qui cherche inlassablement une raison de vivre. Une chronique romancée d’une coïncidence éphémère entre deux mondes, deux êtres, deux vies et qui donne parfois une existence à une histoire qui n’a pas commencé et qui n’a pas de fin.

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Extrait " Les enfants Paradis " Damien Saez

Ils étaient des sourires, ils étaient des sanglots
Ils étaient de ces rires que font les chants d’oiseaux
Ils étaient des matins quand on va bord de mer
Ils étaient cœur chagrin, ils étaient cœur lumière
Ils étaient des poèmes, Ils étaient des oiseaux
Ils étaient des je t’aime qu’on dit bord du ruisseau
Ils étaient du café, ils étaient du bistrot
Ils étaient étrangers, ils étaient sans drapeau

Ils étaient de Paris, ils étaient de province
Ils étaient cœurs de pluie qui font cœurs qui grincent
Ils étaient pleins de vie, avaient l’œil du printemps
Ils étaient cœurs qui rient quand le ciel est pleurant
Ils étaient des promesses, ils étaient devenir
Ils étaient bien trop jeunes oui pour devoir partir
Ils étaient fils d’Orient ou fils de l’Occident
Enfants du paradis, enfants du Bataclan


En savoir plus sur https://www.lacoccinelle.net/1191317-saez-les-enfants-paradis.html#7m2vbYOVVvhmXMhp.99
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Soleil froid JGobert

Un soleil froid berce mon cœur depuis ton départ.  Dans mes souvenirs, j’erre pour te retrouver. Chaque jour, je cherche ton visage dans ces portraits d’inconnus que je croise. J’aime me souvenir de toi parlant, souriant dans cet autre monde où je n’ai pas de place. Te voir rire, chanter même avec cette voix chaude qui m’émerveillait.

Je marche, des heures, inconsolable sur ces trottoirs trop étroits pour y déposer ma peine. Un lourd fardeau qui ne s’estompe pas dans les rues de cette ville maudite. Un rappel douloureux de ce temps fatal où tout a basculé.

Toi, ton souvenir, sans ces évènements difficiles, m’est toujours agréable. Ma vie avec toi reste importante, présente à chaque instant. Même si par dépit, les jours pénibles, j’ai effacé les traces de ton passage dans cet appartement.  Jeter pour reconstruire. Gommer pour oublier.

Faire le ménage dans une tête, dans un cœur, est toujours utopique, voir chimérique.  Néanmoins le vide immense de l’absence se comble peu à peu. J’arrive à sourire pour calmer cette tête, ce cœur à la dérive depuis si longtemps.

Ce soleil m’oblige à sortir, à respirer et à faire partie de la vie. Je n’ai plus de crainte. Je te sais là.

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Rejet JGobert

Dans le monde actuel, avec les mouvements de foule dus aux guerres, à l’insécurité, au racisme, une préoccupation taraude de nombreuses personnes et fait ressortir d’innombrables blessures. Une  fracture pire qu’une douleur physique parfois qui se colle à la peau : le rejet, le rejet de l’autre.

De tout temps, l’exil fut une punition ancestrale qui marque par sa cruauté bien des esprits. Etre séparé de son cocon familial, de son travail, de ses relations amicales, de sa région, de son pays est un châtiment terrible. Expatrié, déplacé, banni est une répression.

Ne pas pouvoir retourner, rentrer chez soi, reprendre sa vie où elle est, laisse des plaies, des cassures ouvertes. Que penser de cet homme errant sur les routes de nos provinces, esseulé, pauvre parmi les pauvres et rejeté de tous ?

Quel qu’il soit, ce nom est rejet. Il fait peur et rejoint vite cette autre perception qu’est l’abandon. Vieux souvenir de notre enfance où le départ de nos proches nous mettait dans la peine et dans des sensations indescriptibles de peur. Certains ont vécu de vrais abandons, de vrais rejets qu’irrémédiablement, ont blessé le plus profond de leur être, cassant à tout jamais l’estime qu’ils avaient d’eux et les fragilisant dans ce monde sans pitié.

Enormément d’hommes anticipent ce rejet, phénomène conscient, ou inconscient. Les plus fragiles se cachent dans de périlleuses faiblesses pour mieux exister et connaissent de sombres circonstances.

D’autres au contraire se battent, combattent pour reprendre le pouvoir sur la vie. Récupérer, recouvrer le sens de celle-ci. Etre assez fort pour se reconnaître et gérer enfin ce nouvel état.  Reconstruire autour d’eux ce qui avait de la valeur malgré le regard désapprobateur de l’ambiant rejet.

Triste époque instable où l’homme doit chercher une terre à nouveau pour y poser sa vie et lui rendre sa richesse, sa dignité.

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Etincelle JGobert

Bonjour, c’est moi. Je t’observe depuis longtemps du haut de ma fenêtre, tapie dans l’ombre pour que tu ne me voies pas. Je t’entends aller et venir, courir, galoper après ce temps qui t’est cher sans te satisfaire.

Ma vie est plus sereine, tranquille. Chercher un peu de nourriture, dormir, fouiner sans cesse dans les coins et recoins. Visiter avec délice des endroits emplis de mystère, de secrets, de souvenirs. Me couvrir de poussière et emmener avec moi ce doux sentiment du passé.

Depuis peu, je te sens moins réactif comme quelqu’un qui a perdu son âme, ou est-ce ton cœur qui ne bat plus la chamade manque d’amour. Un besoin irraisonné d’aimer comme les grands romantiques de tes lectures, de tes chansons.  Le temps semble interminable dans la solitude du cœur.

Je me permets de te parler d’un monde blessé, infirme où chacun a néanmoins une place même infime. Un monde souvent injuste devant lequel s’agenouiller devient difficile et incompréhensif. Où même aimer est devenu compliqué tant il faut de contrainte pour entrer dans la norme. Un monde qui nous isole de plus en plus pour mieux nous décourager. Un monde d’indifférence qui se répand de jour en jour et rend la vie malaisée, difficile.

Malgré cette torpeur, une étincelle a éclairé ma vie. Une rencontre lointaine et toujours présente, un discours simple, touchant et sincère. Un amour si profond, ancré dans le cœur qui n’attend qu’un geste pour se répandre et déverser des flots de tendresse. Un moment de lucidité pour le découvrir, l’apprécier.

Je crains malheureusement que ma petite voix ne soit pas assez puissante pour éveiller cet essor et ne te laisse consolé, réconforté.

L’amour aussi a besoin d’efforts pour exister, de raison pour vivre.

 

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Ecrire dit Jeanne JGobert

Drôle d’idée de coucher sur le papier ce qu’elle pense ! se dit Jeanne. Elle perçoit depuis peu un manque, un vide, un peu de solitude ou le besoin d’écrire. Elle a décidé de se mettre devant une feuille blanche, familière et amicale. Elle veut se rapproprier toutes les idées, tous les mots qui trottent dans sa tête. Ses pensées abondent, cheminent dans tous les sens. Elles sont trop nombreuses.

Décrire la nature toujours engourdie, le printemps qui s’annonce. Montrer la végétation qui passe le bout de son nez et qui s’éveille lentement. Parler de l’hiver glacial, des jours tristes.

Rêver de vacances au bout du monde. Choisir un prochain départ vers l’inconnu. Jeanne a énormément d’idées pour ce nouveau voyage. Visiter des sites de civilisations disparues.

Jeanne s’enflamme. Ses idées se bousculent et font un véritable tollé dans sa tête.

Son regard se pose dehors. Des travaux se rappellent à elle. Pourquoi ne pas refaire sa jolie terrasse qui, les soirs d’été, l’accueille et l’enveloppe de douceur, et lui font vivre des couchers de soleil merveilleux. Un endroit qui a toujours eu sa préférence. Un lieu sobre mais joliment arboré et semé de souvenirs indélébiles. Tout un monde qui la tient en pensée et bien vivante.

Sa vie s’est déroulée comme beaucoup d’autres, sans trop d’événements négatifs. Jeanne peut tirer un fil sur toutes ses années sans qu’il n’y ait d’achoppement, d’obstacle. Une vie simple que le destin a marquée de douceur et parfois de tristesse.

De nouveau, son esprit s’emballe et repart vers ce temps béni de la jeunesse où les souvenirs demeurent tendres, inachevés. Où les « si » changent le cours de l'existence. Jeanne se remémore ce passé et joue comme une artiste sur scène.  Certaine d’avoir fait les bons choix et les bonnes répliques, elle réinterprète sa vie avec bonheur, malgré quelques trouées qu’elle a enjolivées et qui se dépeignent toujours à son avantage.  

Jeanne aime ainsi retrouver, rejouer avec sa mémoire ses moments exceptionnels et rares. Un plaisir toujours renouvelé qu’elle veut étendre sur le papier.

La feuille blanche, amie de toujours, se noircit enfin. Coucher les mots de cet homme disparu, d’une grande sagesse. Noter cette tendresse gratuite, cet amour inconditionnel la bouleverse. Comme elle aimerait écrire de grands poèmes et lui rendre hommage. Transmettre son message par des mots simples et profonds.

Son esprit de nouveau part vers d’autres horizons et brode, brode un avenir enchanteur. Jeanne se remet à rêver et les mots coulent comme la rivière de son enfance, main dans la main, avec ce grand-père fabuleux et tellement aimé. Un doux sentiment que les années n’ont pas effacé.

Jeanne est heureuse au milieu de ce monde qu’elle a créé depuis tant d’années. Les personnages sont là, qui l’entourent. Le plaisir de les savoir avec elle la remplit de gaieté.

Un plaisir simple qui fait sa vie.

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RIP Mr L'Abbé Champenois

  1. Maintenant que je suis parti, laissez-moi aller
    Même s’il me restait encore des choses à voir et à faire.
    Ma route ne s’arrête pas ici.
    Ne vous attachez pas à m...oi à travers vos larmes.
    Soyez heureux de toutes les années passées ensemble.
    Je vous ai donné mon amour,
    Et vous pouvez seulement deviner combien de bonheur vous m’avez apporté.
    Je vous remercie pour l’amour que vous m’avez témoigné
    Mais il est temps maintenant que je poursuite ma route.
    Pleurez-moi quelques temps, si pleurer il vous faut.
    Et ensuite, laissez votre peine se transformer en joie Car c’est pour un moment seulement que nous nous séparons
    Bénissez donc les souvenirs qui sont dans votre cœur.
    Je ne serai pas très loin, car la vie se poursuit
    Si vous avez besoin de moi, appelez-moi, je viendrai
    Même si vous ne pouvez me voir ou me toucher.Je serai près de vous.
    Et si vous écoutez avec votre cœur,
    Vous percevrez tout mon amour autour de vous dans sa douceur et sa clarté.
    Et puis, quand vous viendrez à votre tour par ici,
    Je vous accueillerai avec le sourire
    Et je vous dirai: « bienvenue chez nous».
    RIP Mr L 'abbé Champenois
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Mado JGobert

Le conte de Noël, que Mado devait écrire cette année, a pris un retard considérable et n’est plus d’actualité. Elle a fini par en oublier le thème et les personnages. Mado a d’autres préoccupations, d’autres inquiétudes.

Le monde en changement la choque, la blesse. Tout évolue de façon incohérente, irrationnelle avec des peurs nouvelles qui bouleversent, agitent son esprit, sa compréhension.

De vieux fantômes réapparaissent, subtils, bien réels. Des images de mauvais films la tétanisent, lui font peur et réveillent en elle un sentiment d’insécurité, de crainte.

Les rôles changent. Les pensées se dévoilent. Les discours sont tueurs. Ceux-ci sont à l’opposé, à l’inverse de ses convictions, de ses croyances et ils l’obligent à réfléchir sur ce pourquoi de telles mutations, de tels raisonnements.

La peur de l’autre est dans l’antichambre du temps présent, dans la société actuelle. Elle est attisée de toutes parts par des tribuns, des orateurs mal intentionnés qui finissent par faire douter le monde pour mieux régner. La contrariété d’entendre à longueur de temps ces mots la glace. L’intolérance, le fanatisme, la haine de l’autre sont devenus des sujets qui ne passeront pas par elle.

C’est une promesse que Mado a fait, il a longtemps, à son grand-père.

Son prochain écrit sera une histoire d’amour entre les peuples où les opprimés, les délaissés, les déplacés sont respectés et non jetés en pâture à la misère, sur les routes indigentes tels des spectres d’un autre temps. Une chronique digne venue de la nuit des temps où la terre appartient à tout le monde, où l’argent n’a pas encore fait son œuvre de destruction, de dévastation.

Un conte utopique, chimérique, un rêve imaginaire d’une répartition équitable des richesses pour une dignité égalitaire de chacun. Un monde où les gens de bonne volonté ont le pouvoir de rendre l’espoir, le bonheur, d’enseigner à tous. Qu’enfin l’humanité vive une honnêteté, une droiture digne de ce nom et non le spectacle lamentable, déplorable qu’elle subit actuellement. 

 

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Pluie froide JGobert.

Je marche, je chemine, je déambule sous cette pluie froide, sur les chemins familiers de cette ville endormie. Trottoirs empruntés si souvent ensembles, collés l’un à l’autre, main dans la main vers un avenir choisi. Fière d’être à tes côtés et heureuse de cette vie simple mais essentielle que nous construisions chaque jour un peu plus.

Ces promenades quotidiennes me sont maintenant douloureuses, pénibles mais elles m’obligent à émerger, sortir de ce vieux fauteuil, craquelé, fendillé et toujours collé à cette fenêtre détestable.

La ville me semble triste, blessée, meurtrie et j’en fais partie. Elle panse ses plaies noirâtres à grand coup de plâtre et de lumière artificielle. Je reste là à parler à mon silence. Muette sans exigence, parfois sans besoin.

Indifférente, ma mémoire revient et me joue des tours. Je revis ainsi parfois des instants, des bavardages, des papotages qui me faisaient rire et que tu aimais me dire. Précieux cadeaux d’une douleur accomplie.

Cette triste fenêtre qui s’embue encore si souvent m’accable. Des peurs insensées me transpercent le cœur. Le sentiment de rester là avec une vie cassée, obsolète que tu as emporté avec toi, mon plus grand déchirement.

L’avenir de cette histoire se vide, je n’arrive pas toujours à l’admettre. Il me glace et me tient à l’écart de moi-même. Vivre seule cette vie à deux me fait mourir de renoncement.

Ce mal infini répandu sur la terre a atteint mon être, mon âme. Le temps est pénible. Passent les saisons emportant peu à peu mes souvenirs. Combien de printemps, d’été, d’automne pour oublier cet hiver meurtrier.

 Malgré ce tourment, je veux croire à un futur meilleur, un monde sans haine, un monde d’amour, de joie.  

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Cassure JGobert

Du plus loin qu’il se souvient, il a toujours vécu les trahisons comme des coups d’épées. Sa compréhension n’a jamais voulu admettre ces mots, ces mensonges, ces actes. Les blessures engendrées sont restées à tout jamais gravées, tracées à l’encre rouge sur son âme. Pour avancer, il a fallu composer, pactiser, céder mais ne jamais oublier. Au fil des années, certaines douleurs se sont effacées, le temps les a gommés et en a allégé son cœur blessé.

Vulnérable malgré lui, il s’est forgé une carapace imprenable et ne l’a laissé percer que par des êtres dignes de confiance. Sa quête d’humanité a duré longtemps, très longtemps et parfois, son choix n’a pas toujours été à la hauteur de ses espérances.  Il a de nouveau ressenti cette inconstance comme une déloyauté, comme une infidélité à son égard.

L’amitié a été un passage plus doux dans le tumulte de sa vie. De beaux moments, intenses, qui lui ont fait oublier un instant la solitude et le silence.  L’amour aussi, pensait-il, est apparu. Il a voulu s’y jeter sincèrement. L’amour s’est terminé trop vite pour ne garder que des ruines, des larmes, des regrets.

Toujours debout, il suit sa route, solitaire, le cœur apaisé. Il a compris que l’homme est le plus complexe des êtres, qu’il faut beaucoup de patience pour le côtoyer, le comprendre et une grande âme pour l’aimer, que lui-même n’est pas aisé à vivre, toujours envahi du fantôme du passé. Les infidélités sont toujours aussi violentes, les déceptions inévitables mais il en assure le sens, l’intensité.

Le passé est à lui, les blessures aussi. Il s’en est accommodé et a fini par les admettre sans les accepter. Vivre cassé a été difficile. Et c’est pourquoi il veille au silence. Ce silence terrible que personne n’entend ou ne veut entendre.

 

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Joyeux Noël JGobert

Heureux temps de Noël, qui nous plonge dans de fugaces souvenirs, de joies savoureuses et tendres.  Évocations qui étincellent, raisonnent dans notre cœur d’enfant. Souvenirs indivisibles chargés d'émotions, de troubles, de larmes. Infini bonheur.

Nouvel amour, tout en joie, qui a pris sa place dans une âme et en possède à jamais les clefs.

Souvenirs noirs interpellant.  Rien n'est éternel. Le temps est inlassablement compté.  Mise à notre disposition, l’existence doit être employée avec intelligence et non dilapidée, gaspillée. Départs, arrivées sont, font la continuité de la vie. Tourbillons, papillons de papier qui dissipent, apaisent l'angoisse.

Souvenirs d'absence aux lointaines frontières marquent le vide d'un temps disparu. Attentes d’espérances déçues que les actualités, les barbaries accablent. Vœux de vivre sans haine, sans peur pour l’Amour d’une humanité blessée, écorchée, meurtrie. Exprimer à ces âmes déplacées dans le désarroi, le dénuement, l'adversité, nos pensées et nos paroles de réconfort pour un monde de paix.

Joyeux Noël

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Illusion JGobert

L’histoire étrange d'une illusion, d‘une chimère tentaculaire qui a subitement disparu, trépassé. Tirant derrière elle, depuis des années, un petit personnage insolite, un Petit Prince des temps modernes quelque peu désarticulé, désenchanté, soudoyé, corrompu par les mots, les paroles d’un être de conte, sournois et maléfique.  

Perdu dans la tourmente, ce Petit Prince a cru et accepté une nouvelle histoire d’amitié impérissable mais mensongère.

Pauvre petit, pauvre Petit Prince, isolé loin de chez lui, seul et triste à nouveau. Toujours naïf à écouter les paroles des faiseurs de mots, des forgeurs de mensonges et d’y avoir prêté cette fois encore tant d’intérêts que sa vie a capoté blessant tristement son âme et son cœur.

Toujours coupable Petit Prince d’avoir abandonné ton amie la Rose et de l'avoir laissé piétinée par des incrédules. Toujours coupable d’avoir offert ce petit mouton, qui ne demandait qu'à être aimé et qui finit, égorgé sur l’autel de l’intolérance.

Les choix sont difficiles même dans les histoires de Petit Prince. Désemparé à jamais d'avoir perdu une belle amitié pourtant si sincère, si proche, si belle.

Mais il le fallait. Il le fallait. 

L'amitié devient triste et ne résiste pas au temps, à l'absence, à l'attente.

Et cette vilaine chimère, subitement écrasante, envahissante et qui n'a eu de cesse de te pourrir la vie, transformant les mots en coup de poignard, en goutte à goutte empoisonné. Elle a fini par gommer la beauté des sentiments. 

Depuis le départ de cette illusion, le poids imaginaire de cette belle amitié a disparu et s’est transformé en un trou béant sans réconfort, sans apaisement, sans consolation. Des lambeaux de vie le remplissent d’histoires sans saveur, de contes sans fées, de Noël sans magie, et de forêts sans lutins.

Rêve trop douloureux à porter mais tant aimé et irremplaçable malgré le temps.

 

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Le temps d’un instant. JGobert.

Un soleil d'automne verse ses derniers rayons de lumière. Il inonde la terre de magie, d’enchantement.

L’hiver s'installe.

La végétation se sent mourir insensiblement mais résiste encore. Dans cet espace de beauté, mêlé de couleurs flamboyantes, éclatantes, aux tons or et ocre, scintille un lac où les oiseaux se posent une dernière fois avant un long voyage.  

Non loin de là, à l’orée d’un bois, une petite demeure abandonnée.

Désertée par les propriétaires, elle n'intéresse plus personne.

La porte est entrouverte et laisse entrer le vent. Les fenêtres ont des carreaux brisés. La toiture, en mauvais état, redoute le prochain hiver. Le bois craque, souffre.

Malgré cette désaffection, la bâtisse respire encore l’odeur du passé, l’odeur du bonheur.

Aux seuils de l'hiver, les esprits de la forêt en prennent possession. 

Ils s'installent, vont et viennent, animent cet endroit à leur façon comme chaque année. La maison solitaire est douce, tendre et recèle des vieux trésors oubliés.

Un étrange génie y habite.

Il se confond à la maison et y réside depuis toujours.

Les esprits de la forêt font bon ménage avec lui. 

Il est la bonté même.

Les anciens locataires ont déménagé pour vivre en ville, dans la facilité, le confort. La vie dans la forêt est trop laborieuse, trop pénible. Ils ont échangé une liberté, une douceur de vivre, une sérénité d'être soi avec une nature généreuse pour un bien-être plus matériel.

Les esprits s’en amusent. Ils savent que la nature malgré sa rudesse donne beaucoup.  Que les hommes sont sots de partir et d'abandonner cette existence.

Ils ont oublié l'essentiel : la magie de l'endroit.

L'hiver est arrivé maintenant avec son lot d'intempéries. La petite maison est malmenée, brimée et souffre. Le froid ne l'épargne pas. La neige, le gel la transpercent, l’envahissent. Elle est triste d'être ainsi isolée. 

Les esprits de la forêt la réconfortent et l'entourent d'amour, mais elle n'y arrive plus. C'est trop pénible cette année. Elle sent sa vieille charpente trop lourde pour elle.

Pourquoi ne pas appeler le génie et enfin le réveiller ?

Les esprits savent que ce n'est pas leur rôle. Ils n’ont pas le pouvoir de s’adresser au génie, mais c'est pour une bonne cause. Il faut aider la petite maison.

Celui-ci s’étire et enfin se réveille.

La solitude rend vulnérable. Un secret bien gardé pour certains.

La petite maison souffre de solitude, d’isolement, de ce bonheur perdu dans les méandres du temps, de la routine journalière qui a fini par tout effacer et qui a laissé partir au loin ce qui lui était si précieux. Des actes perdus, des mots égarés  que le sens du temps a fait chavirer et tomber dans l’oubli.

Le génie, sorti de son sommeil, a toujours des solutions. Il sait qu’il est difficile de reconquérir une foi, une confiance que l’on a laissé partir sans se battre, que l'on croyait acquise à tout jamais.

Au bord du chemin, un jeune couple que rien n'a épargné cherche un endroit pour dormir, se reposer. Il  arrive à pas lents sous la pluie. Ils sont démunis, au bord d'un gouffre que l'on nomme désespoir, misère.

La vie et les hommes ne leur ont pas facilité l'existence. De promesses en mensonges, ils ont tout perdu. Ils marchent depuis des heures sous le froid et se demandent ce qui va leur arriver.

Les esprits de la forêt les ont repérés.

Ils font en sorte de les attirer vers ce chemin abandonné. Le génie a déjà tout prévu et la petite maison, d’un coup, se relève, se réveille, scintille.

C’est un cadeau du ciel que chacun prend avec joie.

Le couple ne sait pas encore que dans quelques minutes, une maison va ouvrir son cœur pour les accueillir, les protéger, les aimer. Celle-ci va revivre enfin et accompagner ces gens dans une existence nouvelle, riche et pleine de beauté.

Mais le jeune couple ne cherche pas à s’installer ici, dans cet endroit isolé. Il préfère passer son chemin.

La petite maison, le génie et les esprits sont stupéfaits de ce refus.

La tourmente a cessé.

Une autre route se dessine au loin. Des lumières s’allument.

Une auberge chauffée attend les voyageurs sans bagages. Il reste une chambre libre. Ils seront bien pour une nuit dans les bras de Morphée. Demain est un autre jour avec les rêves d’un monde nouveau.

La petite maison, désespérée, se console et s’apaise.

Seule au bord de la forêt, elle songe à ce qu’a été sa vie, ses bonheurs, ses jours heureux, enchantés.

Le génie s’est rendormi.

Les esprits de la forêt s’activent. Ils préparent une grande fête aux couleurs du temps avec au centre leur amie.

Ce temps qui n’appartient plus aux hommes.

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Sous un soleil d'automne JGobert

Un soleil d'automne verse ses derniers rayons de lumière et inonde la terre de magie,  d’enchantement. Un hiver s'installe sur une nature où la végétation se sent mourir insensiblement et résiste encore. Un ciel pur dans un espace de beauté mêlé de couleurs flamboyantes, éclatantes, aux tons or et ocre. Un lac scintillant où les oiseaux se posent avant un long voyage.  

Non loin de là, à l’orée d’un bois, une petite demeure désertée, laissée à l'abandon par les propriétaires et qui n'intéresse plus personne. La porte est entrouverte et laisse entrer le vent. Les fenêtres ont des carreaux brisés, cassés. La toiture, en mauvais état, redoute le prochain hiver. Le bois craque, souffre et malgré cette désaffection, cette bâtisse respire encore l’odeur du passé, l’odeur du plaisir d'antan, l’odeur du bonheur.

Aux seuils de l'hiver, les esprits de la forêt en prennent possession. Ils s'installent, vont et viennent, animent cet endroit à leur façon. Cette maison solitaire est douce, tendre et recèle des trésors oubliés, effacés..

Un étrange génie y habite et se confond à la maison. Il y réside depuis toujours et a connu les derniers habitants partis. Les esprits de la forêt font bon ménage avec lui.  Il est la bonté même.

Les anciens locataires ont déménagé pour vivre en ville, dans la facilité, le confort. La vie dans la forêt était trop laborieuse, pénible pour eux. Ils ont échangé une liberté, une douceur de vivre, une sérénité d'être soi avec une nature généreuse pour un bien-être plus matériel.

Les esprits savent que la nature est rude, difficile, cruelle et que les hommes sont sots de partir et d'abandonner cette existence. Ils ont oublié l'essentiel : la magie de l'endroit.

L'hiver est arrivé rapidement avec son lot d'intempéries. La petite maison est malmenée, brimée  et souffre dans ce vent et cette pluie glaciale. Le froid ne l'épargne pas. La neige, le gel la transpercent, l’envahissent. Elle est triste d'être ainsi isolée. Les esprits de la forêt la réconfortent et l'entourent d'amour, mais la petite maison n'y parvient plus. C'est trop pénible cette année. Elle sent sa vieille charpente trop lourde pour elle.

Pourquoi ne pas appeler le génie et enfin le réveiller ?

Les esprits savent que ce n'est pas leur rôle et qu’ils n’ont pas le pouvoir de s’adresser au génie, mais c'est pour une bonne cause. Il faut aider la petite maison.

Celui-ci s’étire et enfin se réveille. Il se confond à l’environnement et en prend possession sans le moindre souffle.

La solitude rend vulnérable, précaire. Un secret bien gardé pour ne pas susciter la pitié de ceux qui clament haut et fort leur bonheur. La petite maison de la forêt souffre de solitude, d’isolement, de ce bonheur perdu dans les méandres du temps. De la routine qui a fini par tout effacer et qui a laissé partir au loin ce qui lui était si précieux. Des actes, des mots que le sens du temps a fait chavirer et tomber dans l’oubli.

Le génie, sorti de son repos, a des solutions mais il est difficile de reconquérir une foi, une confiance que l’on a laissé partir sans se battre, que l'on croyait acquise à tout jamais.

Au bord du chemin, un jeune couple que rien n'a épargné et qui cherche un endroit pour dormir, se reposer, arrive à pas lents sous la pluie. Ils sont seuls, démunis et au bord d'un gouffre que l'on nomme désespoir, misère. La vie et les hommes ne leur ont pas facilité l'existence. De promesses en mensonges, ils marchent depuis des heures sous le froid et se demandent ce qui va leur arriver.

Les esprits de la forêt les ont repérés et font en sorte de les attirer vers ce chemin abandonné. Le génie a déjà tout prévu et la petite maison, d’un coup, se relève, se réveille, scintille. C’est un cadeau du ciel que chacun prend avec joie. Le couple ne sait pas encore que dans quelques minutes, une maison va ouvrir son cœur pour les accueillir, les protéger, les aimer. Celle-ci va revivre enfin et accompagner ces gens dans une existence nouvelle, riche et pleine de beauté du cœur.

Mais le jeune couple ne cherche pas à s’installer ici, dans une vie rude. Il préfère passer son chemin. La petite maison, le génie et les esprits de la forêt sont stupéfaits de ce refus.

La tourmente a cessé. Une autre route se dessine au loin et des lumières s’allument. Une auberge chauffée attend les voyageurs sans bagages. Il reste une chambre libre. Ils seront bien le temps d’une nuit dans les bras des fées. Demain sera un autre jour avec les rêves d’un monde nouveau.

La petite maison, désespérée, se console et s’apaise. Seule au bord de la forêt, elle songe à ce qu’a été sa vie, ses bonheurs, ses jours heureux, enchantés. Le génie s’est rendormi et les esprits de la forêt s’activent. Ils préparent une grande fête aux couleurs du temps avec au centre la petite maison de la forêt.

Ce temps qui n’appartient plus aux hommes.

 

 

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Les villes de la gloire JGobert

Un crépuscule où la ville se dessine en ombre chinoise sur un ciel levant, rougi à l’horizon. Des villes dans des écrins de verdure d’une beauté incroyable, des rues jonchées de sacs poubelles et d’animaux cherchant leur nourriture. Des nuées d’enfant se déplaçant dans les rues pour faire un maigre commerce.

Assis par terre et portant fièrement le turban rouge ou jaune ou multicolore, l’indien nous sourit. Une bonne humeur se lit sur son visage.  Nous sommes émerveillés de tant de couleurs, de beauté, d’expressions agréables. Les femmes, parées de multiples bijoux, se sont faites belles pour sortir. Elles portent des saris multicolores. Un tableau bariolé, enchanteur, ponctué de chemises blanches sous un soleil radieux.

Un voyage aux couleurs de l’Inde, aux senteurs étrangères, aux merveilles centenaires et historiques, aux tonalités savoureuses que nos oreilles découvrent, redécouvrent. Un tintamarre bruant et à la fois harmonieux de klaxons de vélo, d’auto, de pousse-pousse, de bus, de camion et de cris d’humain. Le tout roulant à gauche. Les trottoirs couverts d’échoppes, de broderies multicolores, de fruits secs, d’épices, d’étals en plein air offrant des amuse-gueule épicés, des odeurs étranges, des colliers de fleurs. Un monde exotique  hors du temps et exceptionnellement vivant.

Dans les hôtels, le personnel est stylé. Nos moindres désirs sont satisfaits. Les indiens savent que les européens sont assez délicats vis-à-vis des nourritures pimentées, aromatisées, piquantes. Nos repas ne sont donc composés que d’aliments fades et insipides, poulet, riz, lentilles, quelques légumes cuits vapeur. Rien qui ne soit cuit et bien cuit. Les crudités sont interdites ainsi que l’eau courante. Quelques délicieux desserts au lait. Heureusement, notre guide, très attentionné, nous amène des bouteilles de rhum de son pays qui détend l’atmosphère, le soir, après les heures de route.

Delhi, capitale de l’Inde, est une ville ancienne et imprégnée d’histoire. En réalité, il y a deux villes, Delhi et New Delhi. De multiples bâtiments montrent l’évolution de cette région où ont combattu des princes de sang pour la possession de cet endroit. L’histoire est longue et pour un néophyte, il est impossible de la raconter tant elle fut dense et parsemée de batailles. Le pouvoir de certains rois, maharajas n’est plus à décrire que sous la forme de forts, bâtiments, richesses extraordinaires.

Notre première visite : Agra et le Taj Mahal. Un joyau d’une beauté exceptionnelle dressé le long d’un fleuve.  Marbre blanc d’une pureté incroyable, il se dresse fier, entouré de bassins d’eau où son reflet se transforme en or. Un endroit hors du temps. Une esplanade qui nous emmène loin du XXIème siècle et qui nous rend humble devant tant de beauté. De chaque côté, une mosquée et un hôtel qui ponctuent le site indien. Sanctuaire respecté de tous, chacun dans sa religion célèbre et honore cet endroit qui n’est pas un lieu de culte mais une sépulture.

A partir de cet instant, s’enchaînent  les villes du Rajasthan,  et les kilomètres dans une région incroyable, touristique, accueillante. Quelques noms de ce périple comme Jaipur, Phuskar, Udaipur, Kerjarla, Jodhpur, Mirvana,  Jaisalmer, Bikaner, Mandawa et tous les joyaux architecturaux compris dans ces villes. Toutes ces villes étaient des petits royaumes gouvernés par un maharadja, puissant et riche.

L’Inde ne se raconte pas, elle se vit. Sans oublier l’imposante, l’omniprésente vache indienne qui déambule partout dans l’Inde (avec néanmoins un interdit dans les très grandes villes). Cette vache sacrée est, à elle seule, un monument incontournable.  Elle est là où l’homme est. Dans les rues, sur les routes, elle est couchée sur l’autoroute, dans les ruelles étroites d’une Inde déjà malodorante  et tristement sale.

Raconter l’Inde et sa population, les castes, la richesse, la pauvreté, l’inégalité entre les hommes. Parler des intouchables qui ne récoltent que les pires boulots, les pires tâches et qui, malgré tout, vous gratifient d’un large sourire à chaque rencontre. Un univers d’un autre temps où tout le monde a son Gsm, sa tablette, sa moto. Dans ce périple, ce sont les gens les plus pauvres que nous avons eu la chance de rencontrer. Les riches, plus riches encore n’ont pour nous que la complaisance de savoir que nous remplissons leurs hôtels. Et que nous faisons vivre le tourisme qui est entre leurs mains.

Mais il faut admettre que la grandeur passée de l’Inde n’est pas morte. Au contraire, l’Inde s’éveille et a déjà beaucoup changé d’après le guide. C’est un pays immense qui doit être visité.  Reste l’absolue cassure entre les personnes, les castes qui entretiennent ainsi une main d’œuvre gratuite qui sert à enrichir les riches.

Lors de notre passage dans un village indien, notre guide Rakesh, Singh de naissance, deuxième caste après les seigneurs, nous a permis de visiter une école populaire, primaire où chaque enfant a son petit uniforme. Assis par terre et muni d’une ardoise et d’une craie, l’enfant apprend les bases de l’éducation, lire, écrire, calculer. Tous issus de castes pauvres, ils sont ici, pris en charge par le gouvernement qui, pour les attirer, leur donne un repas à midi.  Ces enfants sont éduqués jusqu’au certificat d’étude et pourront continuer dans des écoles supérieures. De nombreux instituteurs sont là à notre écoute. Ils regrettent que l’enseignement ne soit pas obligatoire. La pauvreté fait que les enfants aident les parents dans les taches de la vie courante et ne vont pas à l’école.

L’inde et ses invraisemblances comme les hôpitaux pour les vaches. Ce qui pour nous, est un peu aléatoire quand on voit la misère de ce peuple dans certaines contrées. L’Inde et ses paradoxes, richesse, pauvreté, beauté, laideur, religion.

Les crémations au bord du Gange, à Bénarès, sont « … ». Pour nous, chrétiens, voir des corps brûler ainsi n‘est pas dans nos coutumes et le commerce autour reste, comme partout, un moyen de s’enrichir.  Je n’ai vu qu’une crémation.

Notre guide Rakesh est natif de Bénarès. Sa famille, propriétaire terrien, cultive de grands espaces. Son père est ingénieur et ses fils dont Rakesh ont choisi le tourisme comme profession. Sa femme a été choisie par sa famille et il a un petit garçon de 4 ans.

Que dire de ce pays si attachant si ce n’est la cassure entretenue délibérément par les hommes. Dès l’arrivée à Bombay, les bidons villes sont autour de l’aéroport, entassés les uns sur les autres. Des amas de tôles, de bois, amassés et où vivent les employés les moins riches de l’aéroport. C’est foudroyant comme impression.

La visite du désert du Thar, une grande excursion dans un site semi-aride autour de Jaisalmer. Une ballade à dos de chameau. Un grand classique indien qui permet de voir le coucher de soleil dans les dunes du Thar. Monter sur le chameau ou dromadaire n’a pas été de tout repos. Les déplacements à dos d’éléphant se sont déroulés plus calmement.

Raconter les visites de tous ces petits royaumes où les maharajas ont bâti leurs forts, leurs chateaux, où la première dynastie islamique a construit une tour des cinq étages avec un minaret en grés rouge et rose, ornés de motifs géométriques et de versets du Coran. Un site exceptionnel à Delhi.

La Jama Masjid est la plus grande et la plus belle mosquée de l’Inde.  La visite d’un temple Jaïns en dit long sur l’érudition des tailleurs de pierre. Et de kilomètre en kilomètre, le Fort rouge. Aujourd’hui encore, c’est du haut de ces remparts que le premier Ministre actuel  préside au lever de drapeau le jour de l’Indépendance de l’Inde. C’est un endroit magnifique.

Le Fort Khejarla avec sa ville bleue sous un soleil de plomb. 40 à 45° par endroit. Phuskar, très connu, son temple, sa foire aux chameaux. Très célèbre dans le monde par ce commerce tous les ans en d’octobre.

L’imposant Fort d’Amber et sa montée à dos d’éléphant. Un endroit qui domine toute la vallée et qui renferme de grandes richesses.  Fort qui contient des multitudes de pièces, décorées d’or et d’argent, ventilées par des systèmes ancestraux. Elles sont des labyrinthes, un dédale extraordinaire. Le guide ne veut pas parler de sérails qui condamnaient les femmes à rester à l’intérieur. Celles-ci occupaient les nombreuses pièces de ce beau bâtiment.

 India Gate, qui ressemble à l’Arc de Triomphe à Paris, commémore les soldats morts pendant la 1ère guerre mondiale. Delhi et les bâtiments des ministères, des parades de chameaux et d’éléphants, couvert d’or. Quelle classe. Le très beau temple Bahai sous la forme d’un lotus sur le point d’éclore. Les temples hindous, les Sikks, le mausolée de Mahatma Gandhi, père de la nation et le fameux site Jantar Mantar, un observatoire astronomique construit en 1724 par Sawai Jai Singh2 de Jaipur.

L’atmosphère de ce pays entre modernité et tradition nous enveloppe et nous suit à chaque instant. Tout est envahi de sons, d’odeurs, de chaleur, de lumière, de beauté.

Mon plus grand souhait est d’y retourner.

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