J’écris peut être depuis le premier amour du monde
Quand je ne peux l’écrire, sans savoir vraiment pourquoi
Je ne vais qu’à la larme des yeux au papier buvard
A force de rester là, au bout de ma cigarette
Je ne comprends pas l’échec qui rend triste et se répète
Comme si c’était impossible une marche à contre temps
Etre fort de ses amours c’est peut être trop demander
Ils ont toujours deux côtés, et bonheur et peur d’un crime
Pourtant toi tu dors et rêves, tu es telle une nuit de lune
Je me dis cette chance de te savoir mon soldat
Par les armes de tes bras, ma citadelle à mes jours
Mes poumons en Amazone, et qui font que je respire
J’écris peut être depuis le premier amour du monde
Quand je ne peux l’écrire, la cause est question des soirs
Dans les plis du silence, toujours d’émotion en trop
Ca coûte ce qu’on dispute au nombre des cigarettes
Je me dois de faire avec un semblant de solitude
De l’homme qui s’inquiète d’un jour passé et qui n’est plus
Ah le temps et l’obsession, et qui ne peut des amants
Définitivement heureux, même d’un déjeuner sur l’herbe
Pourtant toi tu dors, je t’aime, au dessus tes épaules
Nues, et repos aux baisers que je t’ai abandonnés
Comme à la plage d’été, à l’instance du frisson
Du désir de recommencer jusqu’à tes lèvres premières
J’écris peut être depuis le premier amour du monde
Quand je ne peux l’écrire, quand je mélange aux beaux jours
Les dépressions en arrière, et des jardins en hiver
Au doute et à l’antichambre, au dégoût des cigarettes
Je ne peux que faire avec l’incertitude intérieure
A trois pas des Joconde, des dames aux camélias,
Des marchandes de saisons, des Juliette de romans
De mes belles passantes, de mes énigmes troublantes
Pourtant toi tu dors, je t’aime, au nom de toutes ces femmes
De tes cheveux aux chevilles, de l’ombre à ton soleil
Du matin à ton sommeil, au loin et en traits distincts
Toi qui peux les rassembler mais qui est pourtant unique
J’écris peut être depuis le premier amour du monde
Quand je ne peux l’écrire, pour me réclamer du temps
Pour promettre d’être fort puisqu’on ne peut échapper
Aux amours qu’on consume, aux cendres des cigarettes
Je ne peux que faire avec ce qui occupe tant de place
Aimer, c’est rien d’autre à vivre, et c’est rien d’autre à mourir
D’un sourire à l’eau de pluie, et de la rue à son lit
D’un cœur d’enfant sur un mur, à la flèche qui demeure
Pourtant toi tu dors, je t’aime, à te faire de l’enfance
Au-dessus de tes yeux clos, à t’imaginer la couleur
Bleue des choses de douceur, et dans la couche d’un ciel
A tout faire pour qu’il tourne ton rêve comme un manège
J’écris peut être depuis le premier amour du monde
Quand je ne peux l’écrire, quand je suis parti ailleurs
A vouloir jouer du temps, comme d’un engin fait exprès
Pour repasser dans les ronds des fumées de cigarettes
Je me voudrais faire avec du papier et de l’encre
Le nouveau calligramme de l’exposition des fleurs
La trame à la dentelle des robes qui vont au bal
La fête à l’inspiration par les amours et leurs lettres
Pourtant toi tu dors, je t’aime, toi qui n’es nulle demande
Sans des réponses simples, comme un et un qui font deux
Un clin d’œil à la photo, un lac pour se regarder
N’importe quand pour parler, n’importe où des journées pleines
J’écris peut être depuis le premier amour du monde
Quand je ne peux l’écrire, quand désormais je comprends
Qu’il était trop beau sans mots, en l’écrivant, il perdrait
Bien des clés des mystères où s’éteint ma cigarette
Il me faudra faire avec ce que l’écrivain trouve en route
L’essentiel de tout génie, ce n’est qu’autour d’un soleil
Des êtres, des planètes d’amour à vivre et mourir
Comme on ne peut écrire mais qu’on voudrait bien rejoindre
Avec toi qui dors, que j’aime, toi mon talent, ma richesse
Ma nouvelle matinale et ma fronde en mots chéris
Mes yeux comme bel homme, mon appétit de demain,
Mon secret n’est rien d’autre que de l’amour qui me dure
J’écris peut être depuis le premier amour du monde
Quand je ne peux l’écrire, mais sais-tu finalement
Les deux premiers amants m’éloignent de tout regret
Elle et Lui ne savaient pas qu’ils inventaient la merveille
Pendant que tu dors, je t’aime, encore plus, d’impatience
De venir à ton réveil, pour me rassurer de ça
Elle et Lui ces inventeurs qui nous font portraits pareils
Comme c’est permis depuis le premier amour du monde
© Gil DEF. 02.08.2009
- La Douce Accordance -