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Publications de François Speranza (134)

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               ETATS  D’AME…AME  D’ETATS : EMOTIONS CHROMATIQUES

 

Du 17 - 10 au 04 – 11- 12, se tient à l’ESPACE ART GALLERY (Rue Lesbroussart, 35, 1050 Bruxelles), une exposition intitulée ELEMENTS DE VIE, laquelle nous offre une vision chromatique sur les états d’être d’un artiste fort intéressant.

Il y a dans la démarche créatrice de Monsieur MARCUS BOISDENGHIENla trace d’un passage par l’Académie suivie par le besoin irrépressible de la dépasser pour trouver son propre langage.

Lorsqu’on l’interroge sur sa formation, l’artiste indique qu’il a fréquenté les Académies d’Ixelles et de Boitsfort, tout en précisant qu’il ne croit pas dans les écoles. L’Académie lui a été utile dans la mesure où elle lui a permis de se familiariser avec certaines techniques et de se lier d’amitié avec d’autres artistes. 

Les œuvres exposées sont le reflet de ce que MARCUS BOISDENGHIEN qualifie de « périodes ». Ces œuvres répondent à une phase de la vie de l’artiste que nous ne connaissons pas, mais que nous pouvons facilement deviner, qu’il nomme BLACK AND WHITE, recouvrant une période de sa vie dominée par le sceau de la maladie. Liée à un contexte négatif, cette période trouve ici l’écho qui se dessine dans la phase résiliente, intitulée ELEMENTS DE VIE.

L’Art assume ici les traits d’une assise lui permettant de se reconstruire. Bien des œuvres exposées conservent encore la trace d’une souffrance passée, matérialisée par un fond sombre, voire noir.

Mais que l’on ne s’y trompe pas. Loin d’être une « thérapie » au sens clinique du terme, les œuvres de MARCUS BOISDENGHIEN  interpellent l’Art dans ce qui lui permet d’assurer un équilibre, tant dans sa personne que dans sa technique. Car l’Art, dérivant de l’ « Ars » latine, n’est en définitive, qu’une reprise intellectuelle de la « Technè » grècque, alliant discours – pathos - et technique.

A titre d’exemple, LUNE D’OR(74 x 93 cm), l’une des œuvres-clé de l’artiste,

 

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porte en son sein les stigmates de la phase sombre correspondant à la période où l’artiste se battait encore contre la maladie, tout en mettant en exergue la couleur jaune vif,  au centre de la composition, signe d’une renaissance physique et spirituelle annoncée.

Mais que dire alors de SWEDISH FLAG(60 x 60 cm),

 

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cette œuvre où la couleur jaune, parabole du soleil et du bonheur, irradie littéralement la surface de la toile ? Ce titre trouve son origine dans la conception du drapeau suédois, dominé principalement par le jaune, mais aussi par le fait que l’artiste se partage principalement entre Bruxelles et Stockholm. 

L’œuvre présentée à l’ESPACE ART GALLERY est, d’un point de vue graphique, régie par un équilibre entre les formes, les matières et les couleurs dans le but d’atteindre une harmonie. Cette réflexion sur l’harmonie n’est pas sans rappeler les recherches des proportions architecturales apportées à la construction d’un édifice.

Pour y parvenir, MARCUS BOISDENGHIEN exécute des croquis en traçant des lignes sur la toile. Mais là où le procédé diffère de celui de l’architecte, c’est lorsqu’il s’abandonne, en quelque sorte, à l’évolution engendrée par le parcours des couleurs sur la toile. Couleurs vagabondes qui le conduisent au terme d’un chemin, « par accident », selon ses propres termes.

La Suède, comme nous l’avons spécifié plus haut, a beaucoup inspiré l’artiste. ARCHIPELAGO(80 x 40 cm)

 

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est une composition singulière servant, si l’on peut dire, d’indicatif à l’ensemble de son œuvre. Il y a dans celle-ci un rapport de filiation entre la forme et le chromatisme qui n’est pas sans évoquer le jeu vivant de la mosaïque. ARCHIPELAGO est une abstraction symbolisant le chapelet d’iles à proximité de la ville de Stockholm, à laquelle l’artiste est très attaché. Ce chapelet d’iles prend ici la consistance abstraite d’une mosaïque, en ce sens où chaque « tesselle » qui la constitue se marie avec l’autre, créant une composition à la fois fragmentée et géométrique sur fond blanc. Cette œuvre est primordiale à l’équilibre ainsi qu’à l’harmonie constitutive à l’ensemble de son opus.

« Apprendre son métier, c’est avant tout apprendre le métier des autres ». Cette phrase prononcée en 1889 par le compositeur Jules Massenet à ses élèves parmi lesquels figurait Charles Koechlin (c’est par lui que nous la connaissons) illustre, même si l’artiste n’est désormais plus un débutant, le besoin de se référer à un artiste autre que soi pour se situer soi-même par rapport à son œuvre. 

MARCUS BOISDENGHIEN prend comme référant SERGE POLIAKOFF(1900 -1969) pour situer esthétiquement les œuvres exposées. Il est vrai qu’il y a manifestement un rapport spirituel avec le peintre suisse, néanmoins, par ricochet à ce dernier, la personnalité de l’artiste s’affirme trop pour investiguer trop longuement de ce côté-là. L’univers de Poliakoff se retrouve assurément dans la composition des formes mais en ce qui concerne le chromatisme, l’univers multicolore du peintre suisse est définitivement absent et pour cause…puisque la nécessité qui l’a dicté n’était en rien la même !

Le sable, la pâte à modeler, l’acrylique, le pinceau et la spatule constituent le matériau dont se sert MARCUS BOISDENGHIENpour appeler le visiteur à s’arrêter sur chaque toile. Pour que ce dernier s’intéresse aux contrastes perçus  par une vision à l’origine lointaine laquelle, en se rapprochant le plus de l’œuvre exposée, se laisse apprivoiser par celle-ci jusqu’ à l’assouvissement du regard. Ajoutons que ce peintre exprime son âme par des couleurs tendres.    

Les projets de l’artiste sont à la fois simples et considérables : peindre !

C’est tout ce qu’on lui souhaite en attendant, non sans impatience, de nouvelles créations qui nous en diront plus sur ses futurs états d’âme.

 

François L. Speranza.

 

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N.-B.: 

Ce billet est publié à l'initiative exclusive de Robert Paul, fondateur et administrateur général d'Arts et Lettres. Il ne peut être reproduit qu'avec son expresse autorisation, toujours accordée gratuitement.

 

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JUSTINE GUERRIAT : DE LA LUMIERE

Du 26-09 au 14-10-12 se déroule à l’ESPACE ART GALLERY(Rue Lesbroussart, 35, 1050 Bruxelles) une exposition dont l’une des particularités est celle de nous faire découvrir les jeunes talents.

Parmi ceux-ci, une jeune artiste de 22 printemps nous offre son travail de fin d’études. Après avoir passé trois ans à l’Helb-Ilya Prigogine (INRACI), Mademoiselle JUSTINE GUERRIAT   livre son interprétation sur l’idée de la création au sens large du terme. Le sujet de son travail de fin d'études étant libre, elle saisit cette opportunité pour nous livrer sa vision intime de cette problématique. Car c’est, en effet, une « problématique » dans toute l’acception philosophique : un raisonnement aboutissant à l’amorce d’une réflexion.

L’artiste a voulu créer une image où la lumière, associée au sujet, demeure primordiale. Elle s’est centrée sur la notion de l’ « ineffable » et sa définition de ce terme se base sur le rôle de l’image en tant qu’écriture.

JUSTINE GUERRIAT fait donc de l’indicible le support d’un langage.

Sa directrice de projet à l’INRACI, Madame Brigitte De Mees, a supervisé son travail qui lui a valut un 1er Prix.

L’imaginaire est le terrain fertile, par excellence, où se manifeste l’ineffable. Interpellé par les images exposées, il les interprète au gré de sa fantaisie et de sa culture.

Ballons gonflés, en suspension dans l’espace…ventres en gestation d’où émerge une lumière germinale.

 

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Sujets « flottants » à l’intérieur d’un espace variant du noir opaque au translucide, à l’instar de la photo N° 6 où la silhouette apparaissant au regard du visiteur, pose la question de savoir si c’est elle qui est déjà créée ou si c’est le regard qui la construit, au fur et à mesure que le visiteur s’en approche.

L’artiste parle de « portraits » mais en insistant sur le fait qu’il s’agit de portraits de dimension « mentale ». Néanmoins, le « portrait » le plus classique soit-il, n’est-il pas, en définitive, une œuvre de dimension « mentale » ?

La photographie N° 2 montrant un profil féminin est un fin compromis entre peinture classique dans l’alchimie existant dans le clair/obscur et la photographie dans la restitution de celui-ci.

 

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Les œuvres N° 6 (citée plus haut) et N° 8 (60 x 40 cm), traduisent parfaitement la problématique dans laquelle l’artiste s’est engagée. L’œuvre N° 6, est une véritable dissertation sur la lumière basée sur un questionnement : qui engendre quoi ?

 

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Est-ce la lumière qui provoque la silhouette ou est-ce cette dernière qui met la lumière en valeur ? Impossible d’y répondre tant l’un se fond dans l’autre à travers un filtre d’opacité qui participe précisément de cet « ineffable » à la base de son discours. Cette image psychanalytique que l’imaginaire s’en fait : la silhouette, frêle, à peine esquissée, émergeant, imprécise, de son aura de vapeur lumineuse, pensée comme une étendue métaphysique en germination.

 

L’œuvre N° 8, propose, toujours sur le thème de la lumière, un autre discours, à savoir ce qui existe devant et derrière l’objectif (l’ombre savamment cadrée de la lucarne sur la gauche évoque ce qu’il y a derrière la caméra).

 

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Le sujet de cette photographie demeure la lumière. Cette lumière aveuglante qui s’imprime sur la rétine comme un sceau incandescent dans sa pleine matérialité.

 

JUSTINE GUERRIAT, qui se destine à la photo d’art, travaille aussi bien l'argentique que le support numérique. Elle est principalement photographe mais il y a chez elle l’œil et la sensibilité du peintre ainsi que le cadrage du cinéaste.

 

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Les œuvres exposées à l’ESPACE ART GALLERY, primées par le jury qui les a jugées, le prouvent aux yeux de l’Art.

 

François L. Speranza.

 

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Note de Robert Paul:

Nous constatons ici avec plaisir que -via nos écoles belges-  la recherche et la réflexion sont encore et toujours heureusement délivrées à une talentueuse relève qui fait ses preuves et nous sommes heureux d’en signaler leur savoir faire.

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Du 26-09 au 14-10-12 se tient à l’ESPACE ART GALLERY (Rue Lesbroussart, 35, 1050, Bruxelles) une exposition intitulée BERNADETTE REGINSTER, ARTISTE PLURIELLEqui ne manquera nullement de vous séduire.

Plurielle, elle l’est assurément et lorsqu’on lui demande dans quel style elle se sent le plus à l’aise, l’artiste met en avant la caractéristique majeure qui anime, selon ses dires, le signe des Gémeaux : l’empressement, carrément vital, à tout faire vite et bien ! En effet, tout ressort à fleur de peau chez Madame BERNADETTE REGINSTER. Cela est perceptible tant dans ses tableaux basés sur la technique du collage que sur ses œuvres en technique mixte.

Cela se ressent aussi et surtout dans l’émergence qui s’exprime dans la résurgence de cette « image-fantôme » représentée dans la plupart de ses tableaux centrés sur des vues de New-York, à savoir l’ombre des Twin Towers. L’artiste les fait, en quelque sorte, rejaillir de Ground Zero, pour les faire revivre sur la toile.

Le 11 septembre 2001 demeure une date phare dans la vie de l’artiste. Depuis longtemps, elle désirait se rendre à New-York pour voir le World Trade Center, à Manhattan. Malheureusement, Ben Laden s’est interposé entre elle et son rêve…Et depuis lors, BERNADETTE REGINSTER ne cesse de le ressusciter, non pas comme une réalité tangible mais à l’état de silhouettes vaporeuses, existant par leur présence tout en s’effaçant dans un improbable lointain que restitue la toile, terrain fertile de notre mémoire.

L’artiste ne systématise jamais. Tout est dans l’émotion. Ses collages en témoignent le mieux. BOWERY(2010 – 100 x 100 cm – technique mixte)

 

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associe passé et présent dans le même cadre. Le passé est symbolisé par des vieilles torpédos des années ’30 qui rappellent l’atmosphère, à la fois glauque et envoûtante, des films noirs. Le présent, lui, se concrétise par des stries faisant office de déchirures. Pour l’artiste, New-York est une ville déchirée qui garde une plaie béante.

BERNADETTE REGINSTER entretient une dialectique particulière avec les sujets de ses toiles.

Elle ne peut s’empêcher de les déplacer en les permutant de toile en toile. Il arrive aussi qu’elle les reprenne à l’intérieur d’une même œuvre, à l’instar de TIMES SQUARE(2010 – 1OO x 100 cm – technique mixte) dans laquelle l’axe vivant de la ville est repris plusieurs fois dans des angles différents.

 

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Cette volonté de « faire revivre » New-York témoigne également d’un travail d’archéologie sur la mémoire collective. En effet, au cours d’une précédente exposition tenue dans cette ville, l’artiste a soulevé la curiosité de certains newyorkais qui ignoraient jusqu’à l’existence de certaines photographies, tellement celles-ci étaient anciennes – quelques unes remontent à la fin du 19èmesiècle ! L’artiste utilise des documents qui vont de 1890 à 1930. De quoi donner à la mémoire collective matière à réflexion!

Artiste plurielle, BERNADETTE REGISTER l’est également dans la délicatesse du trait. Cela se perçoit dans ses petites encres intitulées OPUS(1998 – 24 x 30 cm), lesquelles mettent en exergue son grand talent de graphiste dans l’extrême finesse du rendu résultant du noir et blanc, ainsi que dans le savant mélange du rouge et du noir, obtenant ainsi un juste balancement chromatique.

 

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L’artiste est aussi sculptrice. A partir de tuyaux d’arrosage elle a conçu des silhouettes filiformes campées en couples enlacés. Et lorsqu’on lui demande si, de près ou de loin, elle a été influencée par ALBERTO GIACOMETTI, l’artiste que la question semble surprendre, confesse qu’elle n’y avait jamais pensé, même si elle adore l’œuvre du sculpteur suisse. Elève à l’Académie de Woluwé St. Pierre, elle poursuit sa formation en sculpture. Le groupe d’œuvres exposées présentent une étude de variations sur le mouvement. Chaque sculpture est « figée » dans une torsion, présentée comme un « moment » définissant l’attitude des personnages. Les titres qui les accompagnent sont extrêmement évocateurs : REGARDS, ENLACEMENT, INTIMITE….ils sont, en quelque sorte, des réminiscences remontant à l’adolescence de l’artiste, lorsque celle-ci étudiait la danse classique.

 

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A partir d’une clé usb, BERNADETTE REGISTER sélectionne des photos (notamment celles qui ont servi pour les TWIN TOWERS, à New-York), et travaille sur grand format. Toujours poussée par son empressement à aboutir à la vitesse de la lumière, elle privilégie l’acrylique car elle sèche très vite au détriment de l’huile, trop lente à se fixer.

Le visiteur le constate aisément dans BRUME(2012 – 80 x 80 cm - acrylique).

 

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Cette œuvre présente essentiellement deux zones (une rouge et une blanche) s’entrechoquant, créant un embrasement chromatique, à l’origine d’une brume incandescente. Technique et rendu coïncident car l’émotion que cette œuvre dégage ne peut se créer que par fusion instantanée.

BERNADETTE REGINSTER, qui a fréquenté les Ateliers Malou, en plus d’avoir entrepris des études artistiques d’Architecture d’intérieur au C.A.D Brussels (Private College for Advertising and Design in Brussels) , lesquelles ont grandement contribué à maîtriser le dessin ainsi que les mises en couleurs, est assurément une grande artiste. Une créatrice qui, au travers de ses œuvres, se cherche constamment au détour d’une émotion, véhiculée par la nécessité de la vitesse.

 

François L. Speranza.

 

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Ce billet est publié à l'initiative exclusive de Robert Paul, fondateur et administrateur général d'Arts et Lettres. Il ne peut être reproduit qu'avec son expresse autorisation, toujours accordée gratuitement.

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ANGELA MAGNATTA : L’IMAGE POUR LE COMBAT

ANGELA MAGNATTA : L’IMAGE POUR LE COMBAT

 

Du 05-09 au 23-09-12 se tient à l’ESPACE ART GALLERY (Rue Lesbroussart, 35, 1050, Bruxelles), une exposition intitulée FEMMES : COMBATS ET REVES.

Madame ANGELA MAGNATTA est une affichiste Italienne très intéressante qui a choisi comme thème de prédilection la Femme, prise à la fois comme sujet humain et réalité politique incontournable.

L’artiste nous a confié qu’elle voulait mettre en exergue l’attitude de « femmes exceptionnelles ». De quelle façon ANGELA MAGNATTA rend-elle ces femmes « exceptionnelles » ?  Elle les singularise en faisant souvent sortir leur visage d’une zone noire pour l’emmener vers une aura lumineuse qui le révèle, l’affirme et lui confère son identité. Pour mieux soutenir l’œuvre dans son interprétation par le visiteur, l’artiste a conçu des textes courts placés en bas des affiches ayant une fonction explicative.

Sa démarche peut se diviser en deux initiatives : une approche strictement politique du fait social et une autre dans laquelle elle s’abandonne à l’imaginaire, conçu en tant que rêve vers une société meilleure.

Ce qui rend l’affiche « politique », c’est le mariage de l’image et du slogan.

Cela est flagrant en ce qui concerne RITA ATRIA (52 x 72,5 cm).

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Emergeant d’une zone noire, symbolisant son vécu dramatique, le regard de la jeune femme est littéralement « barré » par une bande rouge-sang, comme pour souligner sa fin tragique. Rita Atria était la fille d’un mafieux qui, suite à l’assassinat de son frère, décida de rompre avec son passé criminel. A la mort tragique du juge Borsellino, elle se défénestra après avoir laissé une note que l’artiste place en exergue sur le haut de l’affiche : « Avant de combattre la Mafia, tu dois faire un examen de conscience. A la suite de quoi, après avoir vaincu le mal qui est en toi, tu peux affronter la Mafia qui sévit dans le giron de tes amis : la Mafia, c’est nous dans notre manière erronée de nous comporter ».

 

Concernant L’INSOUMISE (52,5 x 72 cm),

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l’artiste confesse : « J’ai imaginé le contenu d’un magazine parlant des femmes d’une autre façon ». Ce rêve d’une société meilleure l’a conduite à expurger l’espace rédactionnel des magazines « people » dans lequel l’image de la Femme est réduite à un simple objet pour s’essayer à concevoir un autre espace dans lequel elle pourrait évoluer dans la dignité.

A cela, une initiative supplémentaire et insoupçonnée est explorée par ANGELA MAGNATTA, celle du cinéma en tant que ciment du discours politique.

SENZA TE (52 x 72 cm)

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s’inspire d’un fait divers s’étant réellement passé dans Italie dans les années ’60, celui d’une artiste qui décida de rompre avec son milieu pour se faire nonne. Fait divers, à première vue sans grande importance, direz-vous. Possible. Néanmoins, le visage qui s’affiche dans le cadre n’est pas anodin puisque c’est celui de l’actrice SILVANA MANGANO. L’artiste profite de cette fabuleuse opportunité pour associer l’image de l’actrice extraite du film ANNA réalisé par le grand metteur en scène néoréaliste, ALBERTO LATTUADA en 1951, lequel propose une histoire similaire.

ANGELA MAGNATTA considère l’affiche comme un manifeste contenant un message de rassemblement. Même si elle adhère à la photo « engagée », elle estime que, somme toute, la photographie est par essence trop « contemplative » par rapport à l’affiche. Ne perdons pas de vue que ce qui caractérise l’affiche c’est son côté « accrocheur », comme pour NINA HAGEN (52 x 72 cm)

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où le visage de la chanteuse est-allemande engagée dans le combat pour la liberté des femmes, apparaît sous une forme « expressionniste », presque diabolique aux yeux de ceux qui s’évertuaient à entraver son action.

L’affiche, le mur, le manifeste…répondent au même discours : donner à voir (à lire) une idée par un ensemble d’éléments didactiques limités dans l’espace, variant entre l’idéogramme et le pictogramme. Bien que de dimensions totalement différentes, les « murales » de DIEGO RIVERA renferment, dans un espace urbain une dialectique et une sémantique semblables à celles de l’affiche. De plus, l’affiche fait corps avec le mur qui la soutient. Elle circule dans l’espace urbain en diffusant son message.

Diplômée de l’Ecole Boulle, à la fois peintre et graphiste de formation, l’artiste soumet chaque dessin à l’impression numérique. Elle tire automatiquement dix tirages pour chaque dessin réalisé.

 

Les affiches d’ANGELA MAGNATTA portent en elles-mêmes la nature des tableaux par une picturalité qui les rend iconiques. Cette puissance évocatrice catalyse avec force l’humanisme de son discours.

 

François L. Speranza.

 

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Note de Robert Paul: Angela Magnatta vit et travaille à Paris.

 

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MANOLO YANES : L’ART PASSEUR DU MYTHE

L’ESPACE ART GALLERY (Rue Lesbroussart, 35, 1050 Bruxelles), amorce sa rentrée avec une exposition qui se tient du 05-09 au 23-09-12, intitulée MYTHOCHROMIE.

Lorsque l’on demande à Monsieur MANOLO YANES de définir de la Mythologie, l’artiste Espagnol nous donne, à coup sûr, la définition la plus objective, à savoir « un système symbolique qui me permet de m’exprimer ».

En effet, l’expression humaine intime ne peut être que « mythologique » car elle replace l’Homme, par le discours dont il est à l’origine, devant ses fins dernières.

L’univers qui illumine l’œuvre de MANOLO YANES est celui de la mythologie classique. Mais, plus que de « mythologie » à proprement parler, il s’agit surtout d’un discours sur l’interprétation mythologique par un plasticien entré dans le 21ème siècle. L’artiste est né à Santa Cruz de Tenerife, en 1957.

La première chose qui saute au regard du visiteur, est cette constante qui structure l’ensemble de l’œuvre exposée par l’artiste, en la présence de zones conçues par des traits en pointillés dans un jeu de droites, courbes et diagonales.

Peintre extrêmement cultivé, MANOLO YANES nous livre, en quelque sorte, l’ « envers du décor », en ce sens qu’il nous dévoile ce qui dans la peinture de la Renaissance était caché au regard du visiteur de l’époque. Le rôle de ces structures géométriques en pointillés était celui de mettre en évidence dans l’espace tous les personnages de la composition, en leur assurant un parfait équilibre, à la fois pictural et moral. A la Renaissance, ces zones en pointillés étaient cachées sous des couches d’enduis, car il fallait laisser le visiteur regardant sous le coup de la magie visuelle. MANOLO YANES, lui, ôte le masque du visage de l’œuvre en révélant les dessous de ses formes.

 

PAYSAGE AVEC VENUS EN FLEUR (30 x 40 cm)

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nous propose sous un juste balancement esquissé par la courbe et rehaussée par des droites, tout en pointillés, la beauté de LA VENUS AU MIROIR de Velasquez (1649-51 – 122,5 x 177 cm – National Gallery, Londres), duquel l’artiste s’inspire. Renforcée par des zones à dominantes vert et brun travaillées au couteau, exprimant la Nature dans ce qu’elle a de plus organique, la déesse de l’amour se trouve plongée dans un univers de sensualité, la déifiant dans l’image olympienne d’un corps amoureux.

 

LE TRIPTYQUE D’ALICE (48 x 91 cm)

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offre également une vision modalisée du discours mythologique. Nous sommes ici en présence de deux mythologies, celle du logicien Lewis Carroll qui veut retrouver une forme d’innocence au sein d’une société travaillée par la révolution industrielle naissante et celle de l’humanisme grec à l’origine de la pensée dialectique. Sur la gauche, l’artiste nous propose l’image d’un « putto » (un enfant), juché sur le socle d’une colonne. Il demeure « classique », en ce sens qu’il évoque la figure de l’ « ange » dans la peinture de la Renaissance. Il souligne son classicisme par l’agencement du pied droit qui se détache du sol dans l’attitude de la marche, ce qui nous renvoie, par-delà la Renaissance, à la Grèce antique et au nu masculin. Le côté gauche du triptyque est dominé par la Licorne, équidé mythique par excellence. Tandis que le centre de la composition nous montre Alice et le Lapin bondissant d’un chapeau, mêlant ainsi hellénisme et conte féerique.

Une série de quatre tableaux de dimensions plus petites (40 x 29’7 cm) mettent en exergue l’immense talent de MANOLO YANES en tant que dessinateur dans des œuvres travaillées en grisaille, desquelles se détachent des personnages transférés de différents mythes vers l’exigence de la réalité contemporaine.

Prenons, à titre d’exemple, SEBASTIANUS.

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Il sort en droite ligne de l’humanisme de Mantegna. Néanmoins, bien que transpercé de flèches, l’agonie est (en apparence) absente. Le héro semble plongé dans un sommeil apaisé. Cela est dû à la position qu’il adopte, lié à sa colonne imaginaire. Dans l’œuvre originale, le héro, martyrisé, se tord contre la colonne, transfigurant ainsi la souffrance vers le sublime. Mais que l’on ne s’y trompe pas ! Au-delà de l’attitude onirique exprimée par la position tout en souplesse des bras, dont un léger tracé esquissé dans une zone chromatique laiteuse, à peine perceptible, en souligne le mouvement, cette œuvre est, en fait, une commande du Festival de San Sebastian, en Espagne, dont le thème central était le SIDA.

SEBASTIANUS est, en réalité, un séropositif qui souffre dans le silence et le mutisme. Le papillon posé sur son torse est de couleur rouge, symbole du sang. Mais cette couleur est aussi, dans l’esprit de l’artiste, celle de la volupté. Douleur  et volupté se mélangent.

Se mélangent aussi les couleurs des papillons posés sur le torse de trois autres personnages

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dans une transcription allégorique des quatre saisons : rouge (l’été), vert  (printemps), jaune (automne), bleu (hiver). Notons que ces quatre allégories se retrouvent dans la même attitude d’abandon.

Les œuvres de MANOLO YANES, réalisées principalement à acrylique sur papier, s’inscrivent dans le cadre du titre de l’exposition : MYTHOCHROMIE. Ce titre renvoie à plusieurs idées, notamment, celle des couleurs du mythe. Idée excellente au demeurant que celle du mythe multicolore (multiculturel) qui embrasse chaque nouvel apport. Et ce, particulièrement en ce qui concerne la mythologie grecque pour laquelle les termes « mythe » et « chromie » sonnent presque comme un pléonasme. Même si les deux termes ne s’opposent nullement dans l’absolu, force est de constater que ce qui continue encore aujourd’hui de nous séparer du classicisme gréco-romain et qui, du coup, brouille les pistes, c’est toujours le 18ème siècle et son romantisme naissant, lequel nous a trop habitués à accepter un art grec expurgé de toute polychromie, en nous restaurant des statues et des temples dans un blanc immaculé, reléguant l’idée du « beau » à un corps épuré, presque diaphane.

MANOLO YANES, qui a fréquenté les Beaux Arts de Tenerife, réinstalle, par sa culture, sa fantaisie et ses rythmes chromatiques, la pensée hellénique sur les feux de l’actualité, en lui lançant de nouveaux défis philosophiques, artistiques et sociétaux. 

 

François L. Speranza.

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PIERRE-EMMANUEL MEURIS: HOMO LUDENS

Du 13-06 au 30-06-12, se tient à l’ESPACE ART GALLERY (Rue Lesbroussart, 35, 1050, Bruxelles), une exposition consacrée aux œuvres de Monsieur PIERRE-EMMANUEL MEURIS, un artiste belge au style délicat qui nous offre un madrigal sur l’image du cube et ses variations possibles.


Le dénominateur commun qui gouverne l’œuvre de Meuris présentée à l’ESPACE ART GALLERY demeure, sans conteste, la forme géométrique représentée essentiellement par le cube. Mais il s’agit ici d’un cube issu d’un « cubisme » qui s’écarte de la définition usuelle que nous donne l’Histoire de l’Art pour rejoindre la géométrie dans toute la force de ses proportions.

Le carré n’existe que comme carré. Le reste est affaire de couleurs, cinétisme et plein-vide savamment dosé.

Issu d’une famille d’artistes (son grand-père était un paysagiste confirmé), Meuris a mis dix ans pour aboutir à l’œuvre dont il nous offre la plénitude du discours.

Grand admirateur de Jo Delahaut, il a voulu le « corriger » comme il le dit lui-même, en miniaturisant ses formes au maximum sans pour cela dériver vers un minimalisme géométrique.

En fait, les œuvres exposées où le trait s’avère être la dominante, dérivent tout droit de sa première période, la « période Folon », principalement dominée par un ciel parsemé de traits, en référence au firmament de Folon scintillant d’étoiles.

Aujourd’hui, le ciel a disparu mais les traits sont restés. Et ce sont essentiellement eux qui confèrent à l’œuvre de Meuris son style. De quelle manière ce style se définit-il ?  Il se définit avant tout par une réflexion chromatique à l’intérieur d’un cube faisant office de cadre, à l’intérieur du cadre total. Conçu en tailles différentes, le cube existe par lui-même en se multipliant à l’intérieur du cadre monochrome. L’œuvre de Meuris exposée est une œuvre tranquille qui, contrairement à l’atmosphère ludique qu’elle dégage de prime abord, ne se limite pas à former un jeu de cubes. Chaque élément interpelle le regard au fur et à mesure que l’on s’y attarde. Les cubes, de petite taille, s’inscrivent dans un cadre d’identiques dimensions (103 x 103 cm).

 

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Pour ne pas céder au style de son grand-père paysagiste qu’il admirait, l’artiste a toujours voulu échapper au paysagisme. Mais y a-t-il réussi totalement ? Force est de constater que depuis l’avènement de l’abstraction, en tant qu’écriture picturale au début du 20ème siècle, la nature même du « paysage » a subi d’immenses métamorphoses. Elle a surtout changé d’identité.

D’élément de la nature, le paysage est devenu l’alter ego psychanalytique du « peignant » face à la toile. Il n’est plus l’expression du peintre romantique allemand du milieu du 19ème siècle créant des paysages volontairement torturés, réfléchissant sa psyché.

Meuris, peintre de notre siècle, accorde la symbolique intime de la couleur comme expression ludique du volume insufflant la vie au cube, vers un questionnement inconscient sur sa propre « capacité »  à exister. Il se défend de vouloir être complexe. Il veut demeurer simple d’approche.

Bien sûr, son œuvre est « simple » mais jamais simpliste ! Car à l’intérieur d’une approche cognitive ludique, une simplicité complexe se dévoile, au fur et à mesure du trajet qu’emprunte le regard.

Pierre-Emmanuel Meuris a fréquenté le Beaux Arts à Liège. Il s’exprime surtout par l’acrylique.

 

François L. Speranza

Attaché critique d'art au Réseau Arts et Lettres


Note de Robert Paul: la page de Pierre-Emmanuel Meuris sur le réseau Arts et Lettres

 

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MICHEL MARINUS: LET THE ALTARS SHINE

Du 13-06 au 30-06-12 l’ESPACE ART GALLERY (Rue Lesbroussart, 35, 1050, Bruxelles), offre deux visions de l’œuvre de Monsieur MICHEL MARINUS.

Cet artiste belge nous invite à percer deux visions de son œuvre reliées par un discours identique, à savoir l’empreinte laissée en nous par le temps qui passe, en laissant un dialogue à l’intérieur de la matière, telle une offrande sacrée, mystique…d’où le titre de son exposition : LET THE ALTARS SHINE (LAISSEZ RESPLENDIR LES AUTELS).

Les « autels » sont ceux de la mémoire, sortis d’un passé, en l’occurrence archéologique, puisque la première série des tableaux exposés ont été créés à partir du souvenir de photos aériennes de sites archéologiques proche-orientaux.

Réalisés à l’acrylique, ces œuvres exposent une vision en plongée fortement stylisée (aérienne), de tumuli, enfermés au centre d’un halo lumineux, lequel met en exergue le mysticisme provenant du passé devenant par l’impact de la représentation plastique, intemporel.

Michel Marinus propose deux idées de tumuli prises d’en haut : dans un premier temps, le tumulus enserré dans une sorte d’enceinte, un kremlin dont le trait ressort pour en souligner le volume (composition n° 2, 52 x 52 cm).

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Ensuite, il nous propose le vestige enveloppé d’une masse de poussière séculaire réalisée au ciment et à l’acrylique, présentant un tout compact, pétrifié, indéfinissable, comme figé par la patine du temps (composition n° 4, 52 x 52 cm).

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L’idée d’intituler son oeuvre LET THE ALTARS SHINE lui est venue en écoutant le titre éponyme du groupe mythique des années ’70 MEAT LOAF.

La seconde série de tableaux peints par Michel Marinus est centrée sur le thème de la photographie ancienne que le temps a voilée. Une série de compositions dont il manque des morceaux. Ces morceaux sont ceux d’un puzzle qui se désagrège sur sa périphérie mais dont le centre est occupé par l’image floue, néanmoins vivante, ne fût-ce que par l’intemporalité de l’amour qui unit le couple portraituré sur le tableau n° 15 (61 x 61 cm), le faisant triompher de la mort et du temps.

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Nous assistons ici à la superposition de la peinture sur la photographie dans le but, peut-être absurde, de retrouver, en quelque sorte, l’origine même de celle-ci, en recréant la patine temporelle propre au daguerréotype ou à la photo d’ « époque » cloitrée dans le vieil album que nous ne sortons jamais de peur de l’abîmer.

L’humain confronté au passé magnifié par la beauté qu’il exhale. C’est essentiellement cela qui teint lieu de ciment aux œuvres créées.

Comment décrire le temps qui passe ? Faut-il laisser flétrir l’ « autel », l’abandonner à sa propre finitude ? Faut-il que l’Art le recouvre d’une poussière toute romantique ? Temps et Art peuvent-ils chanter à l’unisson ? Ils le peuvent, néanmoins, l’un ne sera jamais au diapason avec l’autre, comme les aiguilles de la montre sous le coup de midi. Ils ne peuvent être qu’en décalage car le rôle vital de l’Art est celui de saisir le temps au moment où le pinceau amorce le geste et le restitue sur la toile de l’intemporalité. C’est en cela que le couple, pris dans l’instant de l’amour sur la toile défunte, ressuscite à la vie. 

Michel Marinus est professeur de Morale au Lycée Charles Janssens, à Ixelles. Il a fréquenté les Beaux Arts de Bruxelles.

 

François L. Speranza

Attaché critique d'Art au Réseau Arts et Lettres

Note de Robert Paul: la page de Michel Marinus sur le réseau arts et lettres

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Du 13-06 au 30-06-12, se tient à l’ESPACE ART GALLERY (Rue Lesbroussart, 35, 1050 Bruxelles), une exposition consacrée à Monsieur PATRICK MARIN, peintre français dont la peinture ne cessera pas de vous subjuguer une fois que votre regard l’aura croisée.

Ce qui saute immédiatement aux yeux lorsque l’on s’entretient avec l’artiste autodidacte Patrick Marin, c’est cette interpénétration faite de rationnel et d’irrationnel qui constitue sa personnalité intéressante. Ce qui en ressort, c’est une œuvre aux contours définis et carrés, à l’intérieur de laquelle un monde bouillonnant apparaît.

Lorsqu’on l’interroge sur la genèse des œuvres exposées, l’artiste nous parle de « flashs visuels », d’images imparfaites à l’origine qu’il retravaille pour les matérialiser en un seul jet sur la toile. Patrick Marin avoue sa hantise d’être influencé picturalement. Hantise à laquelle l’on répond que même si son travail reste éminemment personnel, il est impensable qu’il ne soit pas, de près ou de loin, consciemment ou inconsciemment, influencé. Surtout si l’on songe qu’en tant qu’autodidacte, son amour pour la peinture s’est manifesté dès son enfance, en fréquentant les musées. Il y a donc entre la peinture et lui une histoire d’amour de très longue date.

MAGNETIQUE 2 (100 x 100 cm), 009-7 ON OFF (81 x 100 cm), DRAKKARS 9 (81 x 100 cm). Ces titres procèdent également de « flashs visuels ». Et il faut, en ce qui les concerne, saluer le hasard heureux qui s’établit entre la nature des compositions et leurs intitulés.

A la rencontre de MAGNETIQUE 2, le visiteur peut, en toute légitimité, se demander si l’artiste entretient un rapport intime avec la science. Croyez-le ou non, il n’en est rien ! Cette œuvre, laquelle se révèle être un dialogue polychrome à l’intérieur d’un nid d’entrelacs enchevêtrés l’un dans l’autre, esquissés au pinceau tel des fils en apesanteur, rappelle, sans que le cerveau ne fournisse un effort considérable, l’univers des électrons évoluant sur un arrière-plan à dominante bleue et blanche.

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009-7 ON OFF nous montre, si besoin en est, la bipolarité « rationnel – irrationnel » de Patrick Marin. Comme nous l’avons dit plus haut, les contours définis et carrés qui caractérisent son œuvre, structurent également sa personnalité. Des chiffres, des sphères, des carrés se rencontrent sur la toile. Comme pour MAGNETIQUE 2, laissant supposer un rapport inexistant entre l’artiste et la science, les chiffres présents sur 009-7 ON OFF, ne cachent aucune symbolique. Ils ne font que mettre en exergue le jeu mathématique qui sous-tend l’ensemble de son œuvre, réfléchissant les arcanes de sa personnalité fort intéressante.

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DRAKKARS 9 propose une vue sur la technique de l’artiste. Celui-ci utilise très rarement le pinceau. Pour réaliser cette composition, il a utilisé une tige en plastic découpée pour lui donner la forme d’une spatule courbée. Après avoir appliqué la matière sur son bout, il a commencé à l’étaler sur la toile. Pour créer un contraste sur le noir, il a utilisé un chiffon qu’il a étalé sur la couleur pour l’atténuer en l’effaçant partiellement. La main en plâtre qui émerge sur la droite du tableau doit, selon l’artiste, être considérée comme le point final à l’œuvre. Le point de convergence entre la pensée créatrice et l’acte créateur se matérialisant dans l’œuvre.

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Patrick Marin, qui compose essentiellement avec deux ou trois couleurs qu’il applique par projection (technique qui consiste à projeter la peinture à distance sur la surface de la toile, adoptant ou non la forme recherchée, dont le précurseur fut Jackson Pollock), affectionne la peinture à l’huile.

Le définir c’est avant tout le chercher dans son œuvre.


François L. Speranza.

Attaché Critique d'Art au Réseau Arts et Lettres

Note de Robert Paul: la page de Patrick Marin sur le réseau Arts et Lettres

 

 

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LA FEMME EST-ELLE UNE NOTE DE JAZZ ?

 

Du 23-05 au 10-06-12 se tient à l’ESPACE ART GALLERY (Rue Lesbroussart, 35, 1050, Bruxelles) une exposition intitulée LE MOUVEMENT DANS L’ART. Elle met en exergue les œuvres vibrantes d’un amoureux de la Femme et du jazz.

Monsieur CHRISTIAN VEY nous offre une très belle suite de tableaux vivants dont les thèmes principaux sont le jazz et la Femme, conçus comme des feux d’artifices, éclatés en une myriade d’étincelles dont chacune consolide le rythme dans sa couleur musicale.

L’artiste nous pose ici un fascinant problème, à savoir comment évoquer le mouvement en dehors de toute abstraction possible ? A cette question, Christian Vey nous propose deux mythes de l’imaginaire humain : le jazz, ce retour vers l’Homme Elémentaire, dans toute son acception, fait d’un univers tout en syncopes, rythmes et contre-rythmes. Et la Femme, cette terre nourricière qui porte en son sein l’humanité. Si Femme et jazz se fondent dans la même image, c’est précisément dans la note originelle au mouvement, considérée comme Principe de vie. Dans le rite sacrificiel qui faisait de la Femme la nourriture des dieux et qui a conduit Igor Stravinski à célébrer la première nuit du premier printemps par le sang terrible du Sacre.

C’est par la puissance d’un fauvisme rugissant, par les postures cabrées des musiciens dans le naissant de l’effort créatif, campés dans l’empreinte de la douleur extatique que la musique endiablée surgit du silence de notre inconscient.

D’un point de vue technique, les battements du jazz palpitent par la fusion incandescente de l’huile et du couteau que l’artiste utilise constamment dans les œuvres exposées. La mise en scène des couleurs, enchevêtrées dans le trait, confère à l’œuvre l’ivresse à son stade brut, inachevé. Le travail au couteau labourant la pâte souligne la forme en mettant en exergue chacune de ses nervures.

ORNETTE (100 x 80 cm), MILES DAVIS (80 x 110 cm), sont les témoins sonores de ce feu d’artifice tout en variations chromatiques.


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Christian Vey: Ornette



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Christian Vey: Miles Davis


Le mouvement est donc la résultante d’une série de conditions physiques se traduisant à la vue par une dimension festive qui interpelle le regard.


EN ATTENDANT (100 x 100 cm)

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Christian Vey: En attendant


Cette exploration du visage féminin, porte en elle la célébration de la Femme, non pas en tant qu’ « objet » comme il est (hélas !) fréquent de le constater aujourd’hui mais comme « sujet », par lequel l’artiste s’interroge sur la magie de son mystère. L’intensité de son regard, les variations chromatiques qui soulignent son visage, l’esquisse d’un balbutiement sur ses lèvres et surtout l’arc-en-ciel chatoyant de sa chevelure en bataille, lui confèrent une sonorité hautement jazzistique dans la force du « staccato » ponctuant chacun des traits essentiels à la vie.                                              

Son visage est compris entre le blanc immaculé de sa chemise, le feu vivifiant de ses cheveux et le fond rouge vif, formant un véritable « contre-point », indispensable à l’idée du mouvement.

Que ce soit dans l’évocation du jazz ou de celle de la Femme, l’artiste a voulu exprimer l’idée du son syncopé – jazzistique – par l’approche picturale. En cela, il rejoint, par un chemin et un style personnels, Henri Matisse qui vers la fin de sa vie a voué son interrogation finale à la manière de représenter le son spécifique au jazz dans chacun de ses segments – de ses mouvements – sur la toile.

Bien que Christian Vey n’ait jamais fréquenté les Beaux Arts, il s’était orienté dans sa jeunesse vers le dessin industriel. Ayant remarqué ses fortes dispositions, son professeur lui conseilla de se diriger vers le dessin artistique. Son « coup de foudre », comme il le dit lui-même avec la peinture lui vint lorsque, poussant la porte d’une galerie d’art, il fut, au contact des œuvres, submergé par une intense émotion. Ayant ressenti cela comme un appel, il affronta, en autodidacte le chevalet, et face à la toile vierge, il jeta pour la première fois ses taches de couleurs. Il y eut des ratages. Il y eu des réussites. Néanmoins, les formes créées sur la toile lui prouvèrent sa valeur en tant qu’artiste.
Né à Saint-Etienne, dans le Nord de la France, sa première approche avec la couleur s’est dans un premier temps, limitée au noir et au blanc, issus de la grisaille de la région industrielle. Le restant de sa palette, il l’a conquis une fois installé dans l’ambiance chaleureuse d’Uzès, dans le Sud, comme en témoignent les hautes notes rouges, jaunes et vertes qui parsèment ses compositions. Il pense la création dans un rapport agonistique. Cela n’est point étrange, étant donné qu’il a pendant des années pratiqué le Judo en professionnel. Mais qu’on ne s’y trompe pas, Christian Vey n’est pas un samouraï de la peinture. C’est un artiste pleinement accompli qui au travers du mouvement, conçu comme moyen, cherche sa voie qu’il trace au jour le jour.

Christian Vey est depuis 2006 exposé à la Angela King Gallery, à la Nouvelle Orléans, le berceau du Jazz qui eut parmi ses enfants King Oliver et Louis « Satchmo » Armstrong.

La symbiose demeure solide entre Femme, Jazz et mouvement : l’un se fond dans l’autre pour éclater sur la toile dans des accords de joie.

 

François L. Speranza.


Note de Robert Paul

La page de Christian Vey sur Arts et Lettres

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SOUNYA PLANES : ENTRE ERRANCE ET URGENCE

SOUNYA PLANES :  ENTRE ERRANCE ET URGENCE


Du 23-05-au 10-06-12, se déroule à l’ ESPACE ART GALLERY (Rue Lesbroussart, 35, 1050, Bruxelles) une exposition intitulée LE MOUVEMENT DANS L’ART. Cette exposition nous révèle le grand talent d’une artiste Française d’origine coréenne fort intéressante qui pratique simultanément la peinture ainsi que la poésie.

Ce qui caractérise, d’emblée, Madame SOUNYA PLANES, c’est que comme tout véritable créateur, elle œuvre dans l’urgence de l’instant. Et lorsqu’on l’interroge sur sa façon de se définir personnellement, l’artiste n’hésite pas à se qualifier de « matière errante » car l’ « œuvre » n’est en définitive que le couronnement de phases particulières de la vie.

En créant comme si son existence en dépendait, le mouvement devient le véhicule la conduisant vers l’instant aboutit se déployant dans une palette essentiellement constituée de couleurs tendres, opposées à l’omniprésence du trait noir, campé souvent à la verticale, telle une sentinelle surgie de l’intersection entre le geste et la vitesse. Exécuté à l’encre de Chine, le noir dont il est constitué donne le ton à la totalité de la composition. Jeté sur la toile l’espace d’une poignée de secondes, l’artiste se lance alors dans une course folle contre le temps pour que l’encre constituant le trait noir n’envahisse pas ou à peine (s’il s’agit d’une invasion volontaire), les autres plages chromatiques. Le jet naît de la vitesse et le résultat prend la forme d’ « instantanés ». Quelques secondes pour doser la quantité d’eau préparant l’aquarelle et le combat avec l’encre de Chine pour que celui-ci soit circonscrit dans la zone du tableau explorée s’engage.

Les œuvres exposées par Sounya Planes sont accompagnées par des poèmes qu’elle a soit écrits en Français ou traduits directement de la langue coréenne.

L’œuvre intitulée TRACE 96 (45 x 47 cm)

 

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est accompagnée du texte suivant :


L’ombrage verdoyant

le chant des cigales

beaux et chatoyant

de jour en jour

Qui de ce monde

pourra imaginer

l’enchantement

de savourer seule

cette gracieuse chanson ?

SHIN BOUYONGDANG (1732 – 1791  femme de lettré)


« L’ombrage verdoyant…» le vert est, en ce qui concerne le tableau, la couleur dominante, exprimée en variations. Aperception ou réalité, l’esquisse d’une forme familière comme celle d’un visage apparaît au détour d’un semblant d’œil écarquillé, plongé dans une zone sombre où le vert primitif se laisse volontairement envahir par le noir de l’encre de Chine.


POINTS. A LA LIGNE 3 (29 x 40 cm)


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nous offre un discours similaire mais en plus élaboré. Le trait noir, constitutif du style de Sounya Planes, prend sa source en haut de l’image et force est de constater que le tracé est chargé de matière, laquelle, une fois atteint son milieu, se dilue pour atteindre un langage d’une rare élégance, hérité de la calligraphie ancienne. Au fil de sa course, le pinceau se vide au fur et à mesure de sa matière, pour composer une série extrêmement fine de traits, à peine esquissés, tracés à égale distance, comme pour signifier l’évanescence de toute chose. Et cette expression hautement poétique et philosophique de l’existence se réalise, ne l’oublions jamais, dans l’urgence vitale du moment, pris en tenailles entre le geste et la vitesse.

Les textes traduits repris dans la Galerie ont tous été écrits par des femmes. Ils expriment, en filigrane, la situation sociologique de la femme coréenne, caractérisée par l’illettrisme et l’infériorité sociale dans laquelle cette dernière était plongée dans le passé.

Mais le souvenir peut être également le moteur créatif de Sounya Planes :


La chemise rose

en popeline de maman

sentait la houppe à poudre

enfoncée la tête dans sa poitrine

j’y frôlais ma joue

Les petites belles-de-nuit blanches

riaient aux éclats

sur sa chemise rose

en popeline

(Sounya Planes)


Ce texte trouve son origine dans un souvenir d’enfance. De la sensualité du contact entre la peau de sa mère et la sienne. De la douceur qui en a résulté et qui revit dans la chair de la mémoire. Cette douceur et sensualité se retrouvent exprimées dans TRACE 61 (34 x 13 cm).


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Texte et peinture naissent indépendamment l’un de l’autre. L’un étant une création sans aucun rapport avec l’autre, sinon dans l’interprétation personnelle d’un souvenir.

Jamais l’artiste ne se livre à l’ « illustration » d’un texte ou vice versa car peinture et poésie sont, par essence, indépendants et l’une ne saurait en aucune façon servir de « signifié » à l’autre.

Sounya Planes n’a jamais fréquenté les Beaux-Arts. Son père, lui-même peintre, fut son mentor. Ce dernier lui inculqua, entre autre, l’amour pour la tradition picturale cultivée exprimée par l’importance de la calligraphie ancienne de son pays d’origine.

Cela se constate (comme nous l’avons mentionné plus haut) dans l’utilisation qu’elle fait de l’encre de Chine, lequel par l’importance de la trace laissée par le pinceau, confère à la composition l’élégance voulue par le jaillissement d’effets aussi différents que magiques. L’artiste confesse aussi son attirance irrépressible pour l’existence du vide qu’elle considère, à fort juste raison, comme étant plus vital que le plein, car il reste à créer, par conséquent à définir. Cette dialectique entre plein et vide n’est que l’expression picturale du yin et du yang. Et le résultat est que à l’instar de TRACE 92  (45 x 29 cm),


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le visiteur peut, s’il n’y prend pas garde, s’abandonner à la tentation d’y voir une œuvre figurative…Néanmoins, si nous prenons connaissance du texte, nous sommes subjugués par le rapprochement « figuratif » entre la poésie et l’image :


Dans le calme de la nuit

puisant de l’eau limpide

je vois la pleine lune

surgir du puits doré

je reste debout

en silence

l’ombre du feuillage

oscille au vent

KIM SAMEDANG (1769 – 1823  femme de lettré)


En comparant le texte à l’image, nous prenons conscience de la force considérable de l’artiste qui consiste à créer l’illusion d’une aperception chez le visiteur comme lorsque son regard scrute les nuages pour en retirer des formes.

Précisons que ces textes sont extraits du recueil de Sounya Planes intitulé : AINSI CE MONDE DEVIENT CELESTE, édité par l’artiste.

 

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Le mouvement dans l’Art. Voilà un terrain dont il est extrêmement risqué de s’engager ! Car parler du « mouvement », c’est parler de l’Art dans ce qui constitue le noyau de sa dynamique. Le mouvement est dans tout. Même dans le statique car il faut l’amorcer d’abord pour le figer ensuite. Le mouvement est perpétuel. Il ne s’arrête jamais, en ce sens qu’il se poursuit dans l’imaginaire de visiteur. Si la beauté est, comme dit l’axiome, dans l’œil de celui qui la regarde par la perception qu’il en a, le mouvement, lui, s’inscrit dans la nécessité intrinsèque que constitue l’humain à le « dépasser », à le « prolonger » dans une « immortalité » toute humaine, et lui assurer d’infinis possibles.

François L. Speranza. 

 

 

Notes de Robert Paul:

La page de Sounya Planes sur le réseau

Hommage à l'oeuvre de Sounya Planes proposé et réalisé par Robert Paul:

"Sounya Planes - Traces, surfaces et signes"

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Du 02-05 au 20-05-12 se tient à l’ESPACE ART GALLERY (Rue Lesbroussart, 35, 1050, Bruxelles), une exposition à la fois fort intéressante et intrigante, laquelle a pour dénominateur commun (bien que différemment exprimé) la beauté et le mystère de l’entrelacs et de la courbe comme véhicule d’un voyage vers la pensée aboutie.Deux artistes méritent particulièrement notre attention, deux personnalités à la recherche obstinée d’elles-mêmes. Cette recherche passe par les arcanes de ce fil conducteur qui se fraye un chemin parmi les mille et une possibilités qui se dessinent sur la toile de la vie dont le tableau n’est que le modeste compte-rendu.Invisible est le fil d’Ariane qui sous-tend l’œuvre plastique de Madame 
MARIEVA SOL. Ce fil a pour particularité d’être le catalyseur d’un tracé qui ne s’achève que pour en créer un autre. La main qui le trace ignore tout de son futur. Du néant originel, elle lui assure une continuité. De segment en segment, elle porte la ligne directrice à son terme dans la réalisation d’une histoire. Que ce soit en termes plastiques ou littéraires (Marièva Sol est également auteure et poétesse), l’artiste se laisse guider par sa plume-pinceau dans l’instantané propre à l’écriture automatique.Les dessins exposés à l’ESPACE ART GALLERY illustrent un recueil intitulé
 DANSEZ MAINTENANT TOUT L’ÉTÉ DANS LA BISE – édité dans la Collection du Cercle des poètes du 18ème
 Paris, 2012. La poétesse Marièva Sol l’a spécialement conçu pour cette exposition. Quant aux dessins, ils se divisent en deux séries : une polychrome, l’autre monochrome.
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Le dénominateur commun à ces deux univers est le trait évoqué plus haut, lequel, au fil des entrelacs assure courbes et volutes aux personnages qu’il anime et que l’on croirait sortis tout droit d’un cirque imaginaire. Courbes et couleurs se marient pour créer la silhouette dans sa chair. Le couple est le thème central de l’œuvre de Marièva Sol. Néanmoins, aux dires de l’artiste, une stylisation volontaire entraînant une certaine raideur est apportée à la figure masculine. Tandis que les personnages féminins sont essentiellement régis par la courbe, accentuant à la fois leur sensualité (conçue comme condition sine qua non à la viabilité de l’Art par l’artiste) ainsi que leur féminité : maternité et plaisir de la forme, tout est guidé par l’entrelacs, englobant nature et figure humaine dans une ivresse de couleurs chatoyantes.Au contact de l’œuvre de Marièva Sol, le visiteur peut se demander si, en dernière analyse, il ne se trouve pas confronté à deux écritures. D’un côté, une œuvre polychrome portée par l’exubérance (43 x 53 cm pour toute la série), ensuite des pièces monochromes de dimension réduite par rapport à la première (24 x 32 cm) où le personnage, réalisé en bleu se détache sur un fond blanc. Si nous parlons de différence d’ « écriture », c’est parce que nous nous trouvons face à un langage du rythme différent dans son expression plastique.Dans son œuvre polychrome, l’artiste confère à ses personnages une musique rythmique essentiellement assurée par la conjonction entre la couleur et le trait. Tandis que dans ses compositions monochromes, le trait se révèle dans l’acrobatie restituée résultant de la posture. La danse en est le thème principal et des titres tels que 
TWIST,
FRENCH CANCAN,
CLAQUETTES,
HIP HOP ou
 SLOW, sont parfaitement évocateurs de l’idée de la torsion corporelle, essentielle pour mettre le volume en exergue. Mais il s’agit ici d’un volume traduit par la sensualité fine des courbes enlacées comme pour
 SLOW, lequel est un chef -d’œuvre de rythme issu de la posture. L’homme et la femme « empiètent », si l’on peut dire, sur la forme de l’autre tout en étant enlacés. Observez le mouvement du genou de la danseuse « enveloppant » celui du danseur, ainsi que la conception du visage de l’homme qui « occulte » celui de la femme. C’est de cet enlacement que naît le rythme de la danse, l’érotisme de la danse. Le texte qui l’accompagne intitulé 
DANSER AU-DELA DE LA VIE, tiré de son recueil cité plus haut, est un hymne à l’érotisme païen exprimé dans sa forme biblique :   (extrait)

                                        Soubrette

                                        Ou vestale

                                     Je danserai pour toi Seigneur

                                         Comète

                                         Vespérale

                                     Je t’offrirai enfin mon cœur

                                          Archange

                                          Ou démon

                                               (…)

                                          Te séduirai dernier amant

                                           Valseuse

                                            Sur nuage

                                            Dans tes bras divins réfugiée
12272807854?profile=original12272808255?profile=original12272808284?profile=originalLe texte demeure païen mais son objet pourrait se retrouver dans l’esprit du Cantique des Cantiques lorsque l’auteure associe charnellement l’amant à la figure de Dieu.Mais l’artiste a été aussi de tout temps fascinée par la magie de la Bande Dessinée. Et cela se perçoit dans son graphisme. L’humour et souvent la caricature, typiques de la BD, sont aussi de la fête comme il est loisible de le constater dans
 FRENCH CANCAN où le corps filiforme de la danseuse est, en quelque sorte, avalé par la jupe toute en guirlandes. Parmi les auteurs de bandes dessinées préférés de Marièva Sol figurent Franquin. Le personnage de
 GASTON LAGAFFE représente, selon ses dires, le summum de l’ « intelligence de la situation ».Les dessins de Marièva Sol sont l’expression d’une paix retrouvée. Une paix qu’elle avait perdue très jeune suite au décès de sa grand-mère envers qui elle était fort attachée. Cet évènement la plongera dans une grande solitude qui se transformera en souffrance et fera émerger en elle l’éclosion d’un mysticisme qui ne la quittera plus et dont son œuvre tant plastique que littéraire en est l’expression. Adolescente, elle se « disputera » avec Dieu lui reprochant de l’avoir abandonnée, tout en le priant. Ce qui contribuera à former en elle les prémices d’un déisme qui la rendra « chrétienne », avant même toute lecture didactique de la Bible. Tiraillée entre l’envie de devenir comédienne (elle a suivi les cours de René Simon) et celle d’être institutrice, elle optera pour le deuxième choix. Son expérience de l’univers de la pédagogie lui offrira l’opportunité de développer ses dons artistiques au bénéfice des enfants avec qui elle conservera un excellent contact, en leur redonnant confiance tout en les laissant s’exprimer dans une totale liberté. Ce contact optimal engendrera en elle le besoin de distiller le bonheur « au Monde », comme elle le dit.Parmi les critiques  exprimées par les personnes entrées en contact avec son œuvre, il en est une qui va très loin, à savoir que la gaité émanant de ses compositions témoigne d’un lourd passé de souffrance. Et comme l’artiste le dit elle-même, d’un vivre tragique est née une œuvre gaie où le festif et l’humour occupent la première place. Marièva Sol qualifie sa façon de créer comme l’expression d’ « une petite musique avec une idée à l’intérieur ». Si, d’aventure, une rupture de rythme devait se produire, cela ne serait pas si grave car elle se sent libre de s’exprimer comme elle l’entend. Le bonheur n’a nul besoin de règles pour s’épanouir.Il y a quelque chose d’intriguant dans le pseudonyme qu’a pris l’artiste : Marièva Sol.Le prénom, en tant que contraction biblique entre Marie, la mère de Jésus et Eva, la tentatrice…et puis Sol : le soleil ! Hélios ! Mélange terrible ou cocasse ? Peut-être les deux ensemble ! Car Marièva Sol révèle dans la beauté de son œuvre le souvenir de tensions passées.Marièva Sol qui travaille à l’encre n’a jamais fréquenté les Beaux-Arts, néanmoins, elle a fréquenté la Faculté des Arts Plastiques à Paris où elle a passé deux ans de Maîtrise sans présenter de Mémoire. L’artiste fait partie de plusieurs cercles de poésie.





Marièva Sol: Personnages de légendes (Vidéo proposée et réalisée par Robert Paul)

Cette volonté de s’abandonner à l’aventure de la main qui explore le terrain créateur se retrouve, différemment exprimée, chez Madame 
PATRICIA PROUST-LABEYRIE.Les œuvres présentées à l’ESPACE ART GALLERY résultent d’un projet intitulé « Arts et Sciences », lequel rassemble un groupe de plasticiens, de philosophes et de musiciens, à l’écoute des moindres variations dans le passage des émotions.Les œuvres présentées furent toutes réalisées l’été dernier. Elles résultent du résultat d’un mois d’enfermement chez elle où, se tenant à l’écart de la société, l’artiste s’est sentie extrêmement proche du Monde. Et par « Monde » il faut entendre « son monde personnel », l’empire de ses émotions lui ouvrant la voie à l’interprétation des évènements, en total décalage avec le réel.Sa peinture pose une interrogation : qu’est-ce que le réel ? Nous sommes tous dans l’impossibilité d’y répondre rationnellement. L’image, elle, s’en charge car en se déployant à notre regard, elle offre une myriade d’interprétations possibles.Parmi ses toiles exposées, un tableau faisant partie d’un triptyque (82 x 64 cm), interpelle nos sens.12272808660?profile=original
Par ses
 COURBES SPECULAIRES, Patricia Proust-Labeyrie nous offre un graphisme aux reflets démultipliés qui renvoient de manière inversée à la peinture de base. Cette perception phénoménologique du créé s’opère dans l’éventail émotionnel du visiteur comme un réel  miroir incarné par ce dernier, en ce sens qu’il devient, en quelque sorte, le miroir de l’œuvre de l’artiste. Ce qui résulte de cette œuvre à forte connotation intellectuelle est semblable à un message sur le buvard de l’âme apparaissant sous l’effet de l’encre sympathique. Leonardo da Vinci s’était lui-même essayé à cette technique. Et il y a fort à parier que ses résultats devaient s’approcher plus du mystère kabbalistique que de l’ « introspectif »  à proprement parler. Que ce soit en matière littéraire ou picturale, force est de constater qu’il y a un « avant » et un « après » Freud. Jérome Bosch avait beau extérioriser ses délires sur la toile, il n’en demeurait pas moins un produit de son siècle, s’inscrivant sur un substrat culturel gothique, définit par des canons bibliques. Lorsque Salvador Dali atteignit le pinacle de sa production surréaliste il avait parfaitement maîtrisé les principales théories psychanalytiques en vogue à son époque.Patricia Proust-Labeyrie, à la manière de Anselm Kieffer qu’elle révère, estime que le discours intellectualiste permet d’analyser sur le même plan l’Art avec les mutations sociopolitiques.Son travail s’efforce d’investiguer la pensée dans tous ses méandres. Un masque cache un autre masque et sa peinture déclenche l’ultime questionnement : que ce passe-t-il, à un moment déterminé dans la rencontre entre le créateur et son œuvre, en tenant compte du fait que le moment n’est nullement statique et qu’il est le résultat d’une suite d’autres moments, entraînant d’autres émotions ?La peinture de Patricia Proust-Labeyrie (à l’huile et à l’acrylique) participe d’un impressionnisme mental résultant d’une adaptation aux mouvements du lieu en phase avec les mutations du réel dont nous, miroirs sensibles, habitant au cœur de la peinture, incarnons les métamorphoses.L’artiste qui nourrit également une grande admiration pour Joseph Beuys et Malevitch, enseigne dans divers ateliers, de même qu’elle organise des séances « Bien être » d’Histoire de la peinture destinées aux patients du service psychiatrique de l’Hôpital Charles Perrens à Bordeaux.
L’arrêt sur image de la part du visiteur face à une œuvre de Patricia Proust-Labeyrie lui intime l’obligation de laisser promener son regard sur la surface entière du tableau, conçue comme un champ onirique où tout se dédouble et démultiplie pour retourner à la matrice.
Entrelacs et courbes spéculaires tracées par des mains qui se cherchent au fil de l’acte créateur. Un acte vers l’inconnu. Le poser signifie s’aventurer à travers les méandres d’une Terra Incognita. Mais quel que soit la conclusion de ce voyage, il ne peut que faire tomber le dernier masque : celui de notre inconditionnelle nécessité d’exister par la mémoire célébrée de cet acte.
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Vidéo proposée et réalisée par Robert Paul sur des oeuvres de Patricia Proust-Labeyrie


François L. Speranza.


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ITINERAIRE DE LA COULEUR CONSCIENTE

ITINERAIRE DE LA COULEUR CONSCIENTE

 

Le hasard fait-il toujours bien les choses ? Impossible, bien sûr, de l’affirmer. Néanmoins, le hasard a parfaitement travaillé pour harmoniser ce puzzle que constitue souvent l’exhibition des œuvres à l’intérieur d’une galerie d’art.

Les trois artistes exposés du 04-04 au 29-04-12 à l’ESPACE-ART-GALLERY(Rue Lesbroussart, 35,1050 Bruxelles), ont chacun choisi un espace particulier à l’intérieur de celle-ci, en réponse aux besoins qu’exigent les pièces présentées.

Monsieur JEAN LECLERCQZa demandé l’entrée ainsi que le milieu de la galerie parce que ces espaces lui offraient le volume adéquat pour présenter l’ensemble impressionnant des tableaux exposés.

Parsemées ça et là, tout le long de la galerie, les sculptures de Monsieur MARIO MOLINSnous proposent une série de « corps végétaux » vivants, dressés comme des reliques de la nature.

Enfin, l’espace du fond s’avérait propice pour abriter le caractère globalement introspectif contenu dans l’œuvre du peintre, Madame BETTINA MASSA.

Et le hasard dans tout cela ? Eh bien, il a travaillé de main de maître ! Car, en parcourant l’espace artistique, l’on ressent une progression allant du ludique se dégageant des œuvres de Jean Leclercqz au silence méditatif de Bettina Massa, en passant par la célébration joyeuse et mystique de la nature à travers l’Art de Mario Molins.

Tout cela, le plus naturellement et le plus fluidement du monde !
Mais entrons dans le vif (c’est le cas de le dire !) du sujet avec le vivant ludique des œuvres de JEAN LECLERCQZ.

Le point de départ des œuvres de l’artiste exposé trouve son origine dans une précédente exposition de ses œuvres au Musée Royal de l’Armée et d’Histoire militaire situé au Parc du Cinquantenaire, à Bruxelles, en novembre 2010, pour laquelle Jean Leclercqz a présenté, en parallèle avec de véritables engins de guerre (donc de mort !) d’époque, sa vision personnelle de l’avion, comme pour conjurer la dimension létale des premiers.

Mais force est de constater que l’avion conçu par Jean Leclercqz est une sorte de créature hybride, à l’intersection entre la machine et l’oiseau. Cela donne un être volant (piloté par un homme que l’on ne voit jamais) sillonnant un ciel tranquille et toujours bleu. Cela affirme et renforce la dimension ludique de son œuvre, laquelle est presque toujours en rapport avec la ville de Bruxelles et son architecture.

Cette architecture est reprise dans sa réalité pour être légèrement modifiée dans certains de ses aspects, notamment, par l’intermédiaire de la couleur.

A titre d’exemple, le tableau intitulé FLAGEY(103 x 77 cm) nous présente l’ancien INR (Ancien Institut national de Radio) tel qu’il est mais rehaussé de bleu très foncé au niveau des fenêtres comme pour mieux mettre l’extra structure en exergue.

 

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Jean Leclercqz avoue nourrir des velléités d’architecte. Et cela se perçoit dans le traitement qu’il apporte à l’appareil cyclopéen. Dans MUSEE DE TERVUREN(99 x 75 cm), nous retrouvons le même soin apporté à l’architecture, dans la coupole ainsi que dans la toiture du bâtiment, lesquelles sont soulignées par une bordure noire pour en affirmer le volume. Le trait gonfle la pierre de vie.

 

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Dans toutes les œuvres de Jean Leclercqz, l’avion-oiseau occupe la partie centrale de la composition avec, à l’arrière-plan, le support architectural bruxellois qu’il célèbre dans des couleurs de joie. Mais l’architecture n’est pas constamment présente dans son œuvre. En effet, les deux tableaux intitulés LES DANSES AERIENNES(1 m x 1, 20), proposent chacun une danse autour d’un personnage filiforme. Est-ce une danseuse ? Est-ce une tour de contrôle ? Toujours est-il que des êtres volants ayant l’apparence d’oiseaux, voire même de poissons, voltigent autour de cet axe comme pour le butiner. Le tout évoluant au centre d’un paysage floréal presque « fauve », annonçant la communion d’amour entre la Machine et la Nature.

 

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Dans l’œuvre de cet artiste le regard du visiteur n’arrive pas à saisir le simple détail car il se perd, attiré par mille éléments comme, notamment, cette série de chiffres et d’opérations d’une mathématique inconnue, converties en écriture, presque hiéroglyphique, comme pour en désacraliser la complexité. Ses tableaux sont, d’emblée, entourés d’une marge faite de motifs géométriques dont la couleur reprend (ou annonce) celle servant de dominante chromatique à l’œuvre.

A la perception de l’univers de Jean Leclercqz, d’aucuns pourraient s’interroger sur une éventuelle influence littéraire (Verne, Wells…) qu’aurait subi l’artiste.  A cette question, ce dernier répond par la négative. Rien de ce qui serait tributaire de la littérature fantastique (ou encore moins de la bande dessinée) ne l’aurait influencé. Et à y regarder de près, son œuvre échappe à tous les poncifs que pourraient imposer quelque influence littéraire ou graphique. Elle est bien trop personnelle pour obéir à des directives esthétiques.

Jean Leclercqz illustre parfaitement la conception que l’on se fait de l’idée de l’Art, considérée dans son acception grecque (technè). En effet, l’élément technologique intervient directement dans son œuvre, en ce sens qu’il nous offre des sérigraphies modernes dans un tirage de photographies à partir d’un fichier numérique pour des dessins au format A3, scannés en haute définition. Leur coloration se faisant sur ordinateur et leur taille pouvant varier selon les besoins. Les photographies peuvent être retravaillées, tant dans les couleurs que dans le dessin.  

Cet élément technologique n’est en réalité qu’une réminiscence, ou si l’on veut, un avatar de sa vie professionnelle car Jean Leclercqz est graphiste de formation. Il poursuit actuellement son activité via la société de communication graphique qu’il dirige à Bruxelles.

Son rêve, nous a-t-il confié, serait de mettre sur pied une exposition dans un lieu « insolite », telle qu’une usine ou carrément la rue, comme pour désacraliser le côté institutionnel (sinon mort !) du Musée.

 

MARIO MOLINSest un jeune sculpteur espagnol qui entretient un dialogue mystique avec l’une des formes, à la fois les plus matérielles et les plus tactiles de la nature, à savoir le bois. L’artiste considère cette matière comme un « corps » qui porte en lui la mémoire de la nature. Mémoire qu’il exprime par mille contorsions, élancements et sphères, traduites par l’artiste dans un discours humaniste. Non. Ce n’est pas de la « littérature » que de dire que Mario Molins se perd dans un rapport mystique avec la nature. Vie et mort se confondent dans le tronc d’arbre mort que le sculpteur ramasse (ou pour mieux dire, prélève) au sol, considéré comme une tombe destinée au pourrissement. Après l’avoir en quelque sorte « purifié » par le feu, l’artiste lui confère une patine d’un noir luisant, semblable à une introspection dans la matière, pour le « ramener » à la vie. Une vie esthétique pour le plaisir du regard qui interpelle la conscience du visiteur, lui-même frère de l’arbre, faisant partie intégrante de la nature.

Des œuvres telles que ANIMA I (2010) (35 x 40 x 165) réalisée en bois d’olivier ou EVOCACION III  (2011) (139 x 30 x 31), pièce en découpe directe, tirée d’un noyer brûlé dans un incendie que le sculpteur a sauvée en éliminant les parties consommées pour la recréer, font de l’artiste le démiurge distillant à l’argile informe un souffle nouveau.

 

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Dans son dialogue avec la matière, Mario Molins, qui a fréquenté l’Académie des Beaux-Arts de Barcelone n’envisage de sculpter qu’une pièce à la fois. Jamais il ne mélange plusieurs pièces. Car chaque rapport est intime, de même que chaque histoire ayant précédé (et qui engendrera) la matière est intime.

Sa démarche s’inscrit dans la dialectique du «Land Art », discours qui date de la fin des années ’60 et qui considère que l’artiste et la nature fusionnent dans un rapport intime, se réalisant au cœur même de celle-ci. Par la force des choses, leurs créations demeurent à l’extérieur et se présentent comme la négation de l’ « espace clos » tel que la Musée.

Et l’on peut, in fine, se demander après avoir vu les œuvres de Mario Molins qui « imite » qui. Est-ce la nature qui « imite » l’Art, comme le soutenait Oscar Wilde ou est-ce le contraire ?  Quoi qu’il en soit, la question est (volontairement) mal formulée car l’ « imitation » n’intervient jamais lorsqu’il s’agit de création !

La nature des œuvres de Mario Molins nous interroge sur la nature de nos origines dans toute la force et la beauté de leur volume.

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Nous atteignons la profondeur méditative avec l’artiste corse BETTINA MASSA. L’ensemble pictural qu’elle présente à l’ESPACE ART GALLERY est principalement structuré par le rapport au temps ainsi que par le mythe, ou plus exactement, par le riche héritage mythologique méditerranéen.

En vérité, mythologie et rapport au temps sont intimement liés. L’un des plus beaux exemples du rapport au temps se trouve dans le récit homérique. L’amnésie qui frappe Ulysse, prisonnier de Circé, est tout entière basée là-dessus. Il se cherche dans une dimension qui a perdu la conscience du temps. Temps et mythe s’enchevêtrent l’un dans l’autre. Il n’y a que la force du sentiment pour en exprimer la quintessence. L’acte créateur, lui, cherche à figer le temps en une métamorphose d’instantanés exprimant la volonté d’en garder, néanmoins, la trace.

Cette trace c’est l’ « idée », plastiquement exprimée sur la toile. A titre d’exemple, les TETES  (œuvres sans titre – 0,69 x 0, 77 – réalisées entre 2010 et 2012) que Bettina Massa nous offre, existent non pas en tant que telles, comme des trophées, mais bien pour exprimer l’ « idée » du visage, contenues dans des différences de couleurs et de plans.

Ces têtes « humaines » dans l’acception la plus physique du terme, sont en réalité, des sculptures sur toiles où les chairs s’enflamment et explosent sous la tension des couleurs changeantes au gré des positions qu’elles occupent par rapport à la lumière ambiante.

 

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Ces visages, le pinceau de l’artiste semble les avoir taillés au burin, tellement le volume en ressort comme les plis transparaissent du marbre. L’humain montre une face labourée à chacune de ses métamorphoses. Jusqu’à ce tableau (toujours sans titre – 0,64 x 0, 74) peint en 2011, montrant un visage féminin aux yeux bandés symbolisant la vacuité de la présence. Ici, la présence se fait déjà absence par la lumière éphémère que dispense la couleur. La toile utilisée par l’artiste est en fait un papier de couleur noire provenant du Bhoutan. Il s’agit d’un papier au grain extrêmement sensible, agissant comme un buvard, lequel absorbe les pigments avec une telle rapidité que l’on ne peut plus les effacer une fois fixés sur le support.

Bettina Massa est titulaire d’une Maîtrise auprès de la Faculté des Arts Plastiques de la Sorbonne. Elle a notamment travaillé avec des restaurateurs de peintures. Mais on peut dire qu’elle a baigné dans l’Art depuis sa plus tendre enfance, son père travaillant au Musée Fesch d’Ajaccio. C’est là qu’elle est entrée en contact avec, notamment, les Primitifs italiens et les suiveurs du Caravage napolitains.

Cela se traduit par une vision personnelle et moderne qu’elle offre du MARTYR DE SAINT MATTHIEU(1, 52 x 1, 38) réalisé en 2010.

 

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L’œuvre est réduite à l’essentiel. La foule des personnages présents dans la composition originale du Caravage (323 x 343 cm) abritée à la Chapelle Contarelli de l’Eglise St. Louis des Français, à Rome disparaît pour faire place au nœud de la tragédie : le sicaire, sur la gauche. Le jeune homme, sur la droite et Matthieu, en bas vers la droite. La totalité de l’ensemble du Caravage est remplacé par le polyptique (quatre panneaux d’égales dimensions portant chacun la fraction - ou la subdivision - d’un moment (traduit en mouvement) sont assemblés pour ne plus former qu’une entité scénique). L’essentiel : le drame biblique ainsi que l’éclairage dont on ne perçoit jamais la source – typique du style caravagesque – est respecté.

L’artiste n’est d’ailleurs pas étrangère à la conception de l’espace « scénique » car elle eut l’opportunité d’évoluer dans le monde du théâtre en créant des scénographies destinées, notamment,  à des textes de Louis Aragon, Garcia Lorca ou Armand Gatti, sous la direction du metteur en scène Najib Ghallale, à partir du milieu des années ’80.

La peinture de Bettina Massa exposée à l’ESPACE ART GALLERYest une peinture aussi vibrante que complexe, parce que hautement cultivée, pétrie d’un Humanisme renaissant modalisé, comme le fut ce même Humanisme  devant se distancer de la pensée gréco-latine pour pouvoir exister.

Elle clôt cet itinéraire de la couleur consciente qui ne peut se réaliser qu’en exhortant la part (re)créative vivant en chacun d’entre nous.

 

François L. Speranza.

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Du 14-03 au 31-03-12 se tient à l’ESPACE ART GALLERY (Rue Lesbroussart, 35, 1050 Bruxelles), une exposition intitulée « Vision de la terre et esquisse d’architecte en couleur ».

Pourquoi un tel intitulé ? Parce que la ligne directrice de l’exposition est celle de montrer deux chemins à la fois complémentaires, tout en étant différents, sur la façon d’appréhender le Monde et l’existence par l’espace et la matière. Que le futur visiteur ne s’y trompe pas : il s’agit bien de la « terre » que l’on pétrit  et non pas de la « Terre » qui tourne autour de l’Astre dont il est question.


Pour illustrer cette thématique, deux artistes sont mis à l’honneur.


Madame ISABELLE VENET et Monsieur PIERRE- ANDRE MARTIN tous deux venus de France.


L’univers de la matière au service de l’Art est représenté par Mme ISABELLE VENET. Cette artiste lilloise nous offre des œuvres témoignant d’un dialogue intérieur caractérisé par des villes parsemées de silhouettes à l’intérieur d’une toile conçue comme un terrain expérimental sur lequel l’artiste utilise le sable pour fixer les pigments des couleurs.

Cette technique donne à l’œuvre un aspect « travaillé » où la matière (la terre) arpente la toile en la labourant, augmentant ainsi la mise en exergue de certains reflets et tonalités.

Dans PORTRAITS DE FEMMES (60 x 120 cm) Isabelle Venet nous propose une forme de triptyque  vertical conçu à l’intérieur du cadre originel. Il symbolise la Femme dans ses états les plus identitaires : la femme au foulard (dans toute l’acception de la sémantique de l’image) mais aussi la Vierge Marie prise comme symbole de la maternité. Cette dernière image a été également suggérée à l’artiste par sa belle-fille d’origine sud-américaine et sa façon d’être mère.

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PAROLES (80 x 80 cm) est une suite de formes longilignes, semblables à des silhouettes, que l’artiste considère comme des messages, voire des prières adressées à l’objet de sa croyance. Elle croit, en effet, dans la force transcendante de la Bible qu’elle met en pratique dans ses rapports avec l’Humanité qu’elle rencontre, notamment, dans la déchéance sociale des SDF à Lille qu’elle aide à l’intérieur d’une association lilloise qui les prend en charge.  

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Les messages d’Isabelle Venet se déclinent dans une intériorité qui se reçoit dans sa conception de la figure humaine, en apparence à peine « ébauchée », néanmoins « pleine » dans ce qu’elle a d’épiphanique. Les œuvres d’Isabelle Venet exposées à l’ESPACE ART GALLERY sont, en quelque sorte, des apparitions lesquelles, malgré leur proximité charnelle avec le visiteur, ne peuvent se concevoir que dans un lointain métaphysique.

D’un point de vue philosophique, l’artiste se considère comme une épicurienne faisant du met le plus banal un festin.

Ce même aspect philosophique elle le met en exergue dans la façon qu’elle a de se « déconstruire » pour se « reconstruire ». En effet, faisant bloc avec son œuvre, c'est-à-dire, cette part essentielle d’elle-même, il lui arrive d’en détruire une en étant lucide sur le fait qu’en la détruisant, elle commet un acte de pure création, d’abord en la renvoyant à son néant matriciel, ensuite en la remodelant pour en faire autre chose et lui donner une seconde vie.

La spiritualité d’Isabelle Venet est une spiritualité qui n’a besoin d’aucune mise « en pratique » dans une église pour exister. A ce titre, elle qualifie son atelier de « temple-ring ». Il y a dans cette contraction toute la signification de l’Art : le « temple » dans lequel se développe toute la spiritualité de l’essence créatrice et le « ring » où se joue la joute agonistique entre le créateur son œuvre ou pour paraphraser André Malraux rapportant un propos de Michel-Ange : « Mais quand donc en aurai-je fini avec cette matière qui me sépare de mon œuvre ? ».

 


Dès le premier coup d’œil le visiteur est assuré sur le fait devenu évidence visuelle que le peintre PIERRE-ANDRE MARTIN est architecte de formation. Si cette évidence saute aux yeux, c’est parce que, au-delà des couleurs chatoyantes donnant du tonus à la forme, les œuvres du peintre sont tendues par les lignes directrices typiques du dessin urbanistique ou, pour le dire d’une façon concrète, de la synchronisation parfaite de chaque façade constituant l’ensemble schématisé en plan de la ville, devant réaliser un tout urbain. 

Celui qui regarde et s’imprègne d’une toile de Pierre-André Martin doit s’attendre à vivre une architecture de rêve et de soleil. Non. L’image n’est nullement exagérée ! En effet, le soleil est l’élément déclencheur de la démarche du peintre. Il est présent sur toutes les toiles, tel le gardien d’un « ciel » qui n’est autre que le reflet de l’imaginaire de l’artiste.

Ce reflet est le fil conducteur de son œuvre puisque, en quelque sorte, il abolit toute hiérarchie entre le supra et l’infra monde (les parties haute et basse du tableau), l’une étant la continuité logique de l’autre.

Si nous considérons les tableaux intitulés VENISE (60 x 80 cm), BEZIERS (80 x 60 cm) et SETE (80 x 60 cm), nous constatons qu’architecture et réminiscence vivent à l’unisson.

Il est rarissime de concevoir Venise sans son voile crépusculaire. Décidément, Pierre-André Martin s’éloigne de Thomas Mann. Il nous offre une vision personnelle de la Cité des Doges où l’architecture ciselée des colonnes portant les arcs de la Basilique Saint Marc contraste à la fois avec l’eau de la Lagune et ce « ciel » conçu comme monde des idées et des rêves duquel se distingue le portrait de sa jeune fille ainsi que le prénom « Carmen ».  Venise fut le lieu où elle découvrit pour la première fois l’œuvre de Bizet.

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Un discours similaire nous est proposé avec BEZIERS. La ville se réfléchit dans l’eau tandis que le « ciel » offre trois épisodes appartenant à l’univers du peintre : la corrida dans une mise à mort opposant l’homme à l’animal, le rugby par la présence d’un joueur saisissant un ballon ovale et, in fine, la présence d’un visage de femme, celui de la mère du peintre qui mourut dans cette ville.

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Vivant à Carcassonne, Pierre-André Martin est viscéralement un homme du Sud.

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Pierre-André Martin: Sete


Soleil, eau, lignes directrices, souvenirs brillant comme des étoiles. Ce sont là les éléments qui insufflent la sève à l’œuvre de l’artiste. Le ciment catalyseur à tout cela étant l’architecture, ou plus précisément, l’ordre architectural régissant l’ensemble de la composition. Malgré la majesté des couleurs vives mariées dans la folie de l’acte créateur, rien n’est anarchique. Tout est, en quelque sorte, compartimenté et mis à sa juste place, que ce soit pour le « ciel » des idées et des rêves comme pour la ville en tant que symbole de l’espace urbain. L’effet est d’une rare brillance témoignant de l’immense maîtrise ainsi que de la grande générosité de l’artiste. L’huile constitue la technique essentielle de Pierre-André Martin.

 

Parmi les autres artistes invités à exposer, il convient de signaler l’œuvre d’une peintre excellente, s’inscrivant dans un autre discours que celui des artistes précités.

Mademoiselle LAURENCE RAPAILLERIE est une jeune artiste française. Sa peinture exposée à l’ESPACE ART GALLERY est le fruit de voyages témoignant de contacts culturels qu’elle a voulu graver sur la toile. Elle propose deux triptyques provenant d’un voyage aux Etats-Unis : DIRECTION (trois fois 75 x 75 cm) ainsi que L’HOMME BLEU (43 x 90 cm), L’HOMME VERT (90 x 58 cm) et L’HOMME ROUGE (89 x 69 cm).

DIRECTION est un triptyque montrant un panneau directionnel comme il en existe des milliers aux USA.  Néanmoins, le panneau devient une forme déclinée sur trois plans (chacun étant un panneau du triptyque) donnant au visiteur (que l’on pourrait même qualifier de « spectateur », tellement l’expérience visuelle est « cinématographique ») non pas la vision d’un ensemble mais bien celle de différents moments, ou si l’on veut, de « segments » appartenant à cette longue droite imaginaire qu’est une continuité narrative.

Le même discours esthétique est réitéré avec L’HOMME BLEU, L’HOMME VERT, L’HOMME ROUGE lequel montre un autre triptyque représentant un contrôleur à San Francisco se livrant à une gestuelle destinée à cordonner le trafic. On peut parler, concernant cette œuvre d’ « instantanés » au sens photographique du terme. Néanmoins, ces œuvres affirment une différence capitale par rapport à la photographie. Que se soit DIRECTION comme L’HOMME…chaque figure se détache sur un fond monochrome, occultant définitivement la possibilité à un élément étranger de s’intercaler derrière ou à côté du sujet.

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Le fait de « circonscrire » le sujet dans un espace monochrome occulte ce qui dans une photographie serait conçu comme espace environnemental ou « décor », (un espace entourant le sujet, rempli d’éléments et, en quelque sorte, le polluant). Ici, plus rien n’existe que le sujet se découpant sur chaque plan dans une posture à la fois différente et définitive. Ce qui en ressort c’est l’essence des formes dans une esthétique épurée au maximum que ne permet pas la photographie.

Ce qui est stupéfiant dans ces œuvres c’est qu’elles ont été réalisées par une artiste qui suit encore des cours à l’Académie de Molenbeek ainsi que des stages à La Cambre.

Laurence Rapaillerie est très attirée par la peinture de Hopper et de Hockney. Il y a, en effet, du Hopper niché dans l’œuvre qu’elle présente mais dans l’esprit seulement, en ce sens que tous deux présentent des personnages assez figés dans l’action qu’ils entreprennent, ce qui leur confère une dimension iconique. Les personnages de Hopper étant, si l’on veut, baignés d’une tranquillité que leur apporte le traitement de la lumière. Chez Laurence Rapaillerie, la couleur, même « tranquille » comme le bleu contient toujours cette note vive qui empêche, en quelque sorte, le sujet de « macérer » dans le geste accompli. La couleur devient lumière qui le fixe définitivement. 

Laurence Rapaillerie affectionne particulièrement l’acrylique pour la création de ses œuvres.

 

Isabelle Venet, Pierre-André Martin et Laurence Rapaillerie offrent chacun un moment significatif à cette exposition qu’il ne faut rater sous aucun prétexte !

 

François L. Speranza.  

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Arts 
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L’ENFANTEMENT DES POSSIBLES

Du 22-02 au 11-03-12, se tient à l’Espace Art Gallery une exposition intitulée « Les artistes de le Ligue des Insuffisants Rénaux ».

Organisée par M. Philippe Vroye, membre du Conseil d’Administration de la Ligue et lui-même artiste et patient, cette exposition présente une somme d’œuvres principalement réalisées par des créateurs aux talents divers, atteints de pathologies rénales ou ayant un lien avec le milieu médical.


Parmi ceux-ci, il convient de signaler trois personnalités fort intéressantes.


Madame Marianne Modave nous présente un ensemble de quatre tableaux chacun représentant le visage d’un personnage hindou.

L’artiste affirme qu’il n’y a pas de plus belles couleurs qu’en Inde, pays qu’elle connaît bien pour l’avoir sillonné souvent. Elle entretient avec la culture hindoue un rapport particulier.

En effet, l’approche qu’elle en retient résulte d’une émotion particulière, aux antipodes d’un orientalisme « classique ». Chez elle, tout est étude chromatique. Et son chromatisme est déjà particulier dans son traitement, en ce sens qu’il s’agit de quatre études représentant quatre faciès noirs, se détachant sur un fond sombre.

Marianne Modave nous offre les images parlantes d’un dialogue à la fois intérieur et gestuel. Un jeu de mains fort expressif soutient les tableaux n° 11 (50 x 50 cm) et n° 12 (50 x 50 cm)  représentant à la fois une femme et un homme. La femme serre un tissus blanc entre les mains tandis que l’homme, à l’intérieur de l’autre tableau, semble lui répondre en tendant les siennes vers le visiteur. Les visages contiennent une immense expressivité, à la fois dans le factuel comme dans l’intime. Une richesse intérieure les habite. Une richesse que l’on ne peut traduire qu’en interrogeant sa propre humanité. Dans l’œuvre de Marianne Modave l’expression se traduit tant dans l’expression saisissante que dans la pensée méditative. Les tableaux n° 13 (50 x 50 cm) et n° 14 intitulé « THEKKADY ET ALLEPEY » (50 x 70 cm) nous offrent chacun un visage féminin, les yeux clos par le silence de l’introspection. Le personnage de « THEKKADY ET ALLEPEY » est placé devant un miroir. L’effet est saisissant : le personnage et son reflet. Du fait que ce dernier se détache sur un fond sombre, en modifiant la restitution des couleurs (vivantes pour la femme se regardant, ternes, presque mortes en ce qui concerne son reflet) cela confère l’illusion qu’il y a en réalité deux personnages. Mais parler d’ « illusion » est-ce vraiment correct ? Ne serait-il pas plus juste de parler de « maya » (expression hindoue incorrectement traduite dans l’esprit occidental par « illusion »). La femme et son reflet existent tous deux. L’un est consubstantiel de l’autre. L’un porte l’autre dans l’enfantement de l’œuvre.

Marianne Modave qui est infirmière de profession a fréquenté l’Académie des Beaux-Arts de Namur. Sa technique est principalement basée sur l’aquarelle. Elle utilise, dans un premier temps, le pastel sec sur papier aquarelle de 300 grammes pouvant recevoir de l’eau, qu’elle mouille par la suite dans le but de fixer les pigments. Cette alchimie chromatique permet de mettre en exergue des oppositions saisissantes par une belle et intelligente utilisation des contrastes (filets de tissus pendant sur la main de la femme du tableau n° 11, dessins sur le châle du personnage (n° 12) réalisé par une trame en tissus posée à même la toile, créant ainsi un superbe jeu de pointillés, à la fois saillants et discrets.

L’œuvre de Marianne Modave témoigne d’une expérience humaine très forte qui se traduit par le plus beau des vestiges en perpétuel devenir : celui du visage humain. 

Quelques oeuvres de Marianne Modave 

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L’œuvre picturale de Madame Fabienne Christyn se traduit principalement par la représentation, ou plus exactement, par la mise en scène du personnage du Fou.

Le « Fou » nous renvoie à une multitude de souvenirs et concepts. La fable nous revient en mémoire ainsi que l’épopée chevaleresque ou le roman picaresque qui nous montrent le Fou du Roy qui par son ironie brave le pouvoir.

Le Fou c’est aussi celui qui brave la fadeur du temps en faisant fi de la mort.

Le Fou c’est en quelque sorte l’âme du cirque.

Mais le Fou c’est également celui qui par sa témérité imbécilité et dangereuse déclenche une catastrophe nucléaire ou écologique en défiant l’intelligence.

Cette conception du Fou est à la base du discours philosophique de l’artiste.

Mais il s’agit ici d’un Fou sans identité propre (si l’on peut dire) puisque tout en lui se résume à une frêle silhouette de rouge vêtue. Son visage est inexistant et se fond dans le décor. Néanmoins, il existe en tant que conception d’un monde qui traverse le temps dans un labyrinthe absurde qui nous ramène à la condition humaine.

Fabienne Christyn insiste pour que non pas le « visiteur » mais bien le « téléspectateur » entre dans la folie de son monde. Il y a donc une dimension, si l’on veut, « ludique » en ce sens que le Fou en représentation se meut à l’intérieur d’un spectacle qui, en quelque sorte, n’est pas sans rappeler la Commedia dell’Arte dans un univers moderne. Car il y a dans ses compositions un goût bien certain pour la mise en scène. Le Fou jongle avec des quilles (« JONGLE DE QUILLES » - 50 x 60 cm), marche le long d’un damier sur lequel sont posées des sabliers exprimant l’absurdité de l’existence dans le temps passant « LE TEMPS FUIT SANS RETOUR «    (80 x 80 cm).

Le Fou c’est aussi l’univers du cirque. Fabienne Christyn avoue avoir été fascinée dans le passé par la venue du « Cirque Plume », un cirque français qui lui a distillé la magie des jongleurs et des baladins.

L’univers dans lequel évolue le Fou est essentiellement géométrique. La sphère, le cube, le polygone sont les ingrédients de ce théâtre de l’absurde.

L’artiste qui est également sculpteur et céramiste s’exprime par la peinture à l’huile.

Elle a fréquenté l’Académie des Beaux-Arts de Namur.


Quelques oeuvres de Fabienne Christyn

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Le Bleu…le grand Bleu !  Tel est l’univers de  Madame Anny Van Gorp. Nous sommes dans les fonds marins. L’artiste nous offre des variations symphoniques sur la note bleue, rehaussée d’éclairs de lumière comme pour signifier la présence chaleureuse d’un soleil ou pour accentuer l’abîme d’un vertige. Le bleu dans tous ses états. Inutile d’insister sur le fait que c’est sa couleur préférée ! Anny Van Gorp éprouve un grand amour pour l’eau. Elle dépeint l’univers marin tant dans le calme « ANGELUS » (70 x 60 cm) qu’en pleine révolution « OCEAN » ( 50 x 50 cm)  « QUO VADIS « (70 x 70 cm).

Mais est-ce encore l’océan que cet univers azur ? La mise en matière d’un état d’âme prend souvent l’image des éléments transcendés. Ce qui nous donne l’opportunité de nous interroger sur le sens de l’image en ce qu’elle a (ou n’a pas) de « figuratif ». Si par ce terme l’on entend la présence de la « figure humaine », on peut gloser à l’infini car la « figure humaine »  se retrouve dans les méandres les plus inexplorés de l’abstraction. Ce Bleu que Anny Van Gorp décline sur la toile est semblable à une Terra Incognita au centre de laquelle se trame l’Etre créant aux limites de ses forces.

L’artiste avoue sa profonde admiration pour le peintre chinois Zao Wou-Ki. L’œuvre de ce dernier lui a inspiré cet univers chromatique à dominante bleue. Néanmoins, Anny Van Gorp se distingue de Zao Wou-Ki en ce sens que ses compositions exposées à l’Espace Art Gallery sont plus épurées que celles de l’artiste chinois, ces dernières étant globalement plus chargées dans leur graphisme.

A la question perfide : « que voudriez-vous que le visiteur retienne de votre œuvre ? » Anny Van Gorp répond qu’elle aimerait qu’il se sente libre de déployer son imaginaire au fil de cette eau bleue aux humeurs changeantes. 

L’artiste a fréquenté l’Académie de Braine-l’Alleud.


Quelques oeuvres de Anny Van Gorp 


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Le vernissage de cette exposition a eu lieu le mercredi 22-02. L’Espace Art Gallery était bondé.

 Il a fallu se frayer un chemin entre les visiteurs pour essayer d’entrer en contact avec les œuvres et les artistes. Heureusement, l’atmosphère était bercée par les vibrations magiques de la charmante et talentueuse harpiste bretonne Françoise Marquet qui nous a offert un florilège d’airs celtiques et du Moyen-Age tout droit sortis de la forêt de Brocéliande. Sa prestation a largement contribué à la réussite du vernissage dont le but, rappelons-le, est celui d’encourager l’effort créatif des différents artistes appartenant à la Ligue des Insuffisants Rénaux dont la vie n’est pas toujours aisée suite aux séquelles de leurs pathologies. Néanmoins, cette exposition prouve que malgré les épreuves qu’ils traversent, la puissance de la création l’emporte sur tout le reste, leur assurant la voie dans l’enfantement des possibles.

Françoise Marquet
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 François L. Speranza.


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