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Publications de Claude Miseur (166)

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AUX JEUNES POETES

AUX  JEUNES   POETES

Les Jeunes du 21ème s. affrontent une organisation socio-économique plus cynique et plus froide que jamais? Exagération? Après les horreurs archaïques des totalitarismes meurtriers? La technologie et la manipulation permettent d'autres aliénations...

La société du Pétrole,vouée à l'Image (cette îconographie laïque ?) , au superficiel,structure  son discours jusqu'à l'impersonnel, mixte de "bureaucratie" et de Rage Financière qui leur propose un Avenir trop "radieux" pour être...honnête, mais peut-être conforme aux désirs inconscients de certains ?

Ils devinent, ils savent que leur existence même, dans ce qu'elle a de plus intime et de plus aimant, pourrait se trouver, un jour, dénaturée, manipulée, aliénée - sans répartie possible. Les "maîtres du "monde" n'en sont pas les ... créateurs mais agissent dans cette illusion !

Les poètes qui se dressent et se rebellent , qui cherchent leur voie, qui creusent leur plus profonde parole pour l'offrir aux jeunes filles,aux jeunes hommes qui sont leurs contemporains doivent savoir qu'ils ne seront pas forcément guidés,aidés par les "structures" en place,par les erzats d''idéologies dominantes mais ils doivent aussi savoir qu'une belle et solide responsabilité leur échoit : refuser la veule illusion et la terrible trahison de la désignation,par les pouvoirs du temps,de "boucs-émissaires"; affirmer,contre les idées fabriquées,que la parole peut éclairer et inventer l'Avenir sans renier les fantômes du passé,les figures complexes des générations précédentes; décrypter les subtiles "organisations" d'un Système qui mélange habilement idées généreuses affichées et interêts sociaux et personnels bien compris;oser penser sans références et sans garde-fou dans l'horizon même d'une Idéalité débarrassée de ses enracinements pervers, de ses mensonges inconscients; rendre au Poème sa capacité de résistance,  de doute, de partage!

Les adolescents d'aujourd'hui ne resteront pas indifférents à une telle démarche; la jeunesse n'est-elle pas le temps de la découverte ou de la redécouverte de la "différence" sur tous les plans,  sexuel,social, imaginaire?

La démarche poètique aujourd'hui doit correspondre à leur vitalité, à leur attente - souvent détournées, égarées par de fausses promesses, vers des fadaises virtuelles, vers des "paradis" non plus même "artificiels", simplement déshumanisées, seulement mortifères...et fabriqués par une société qu'ils sont supposés fuir...

Le jeune poète aujourd'hui doit rechercher le diapason des aspirations vraies des nouvelles générations.

Non pour l'utiliser ou le détourner mais pour y puiser la sincérité subversive qui est l'arme pacifique de la Poésie.

Le jeune poète aujourd'hui doit retrouver confiance dans le dénuement même de son combat.

Face aux machineries du Social, aux cruautés répétitives de l'Economie, aux manipulations des propagandes, aux risques planétaires de vacillement global vers la violence.

Oui.

Le jeune poète a la possibilité, le devoir de retrouver la parole juste, les mots surgis du coeur et de la pensée - au-delà même de cette "absence de sens" qui ne sera plus limitation vaine et mode éculée mais enjeu d'une repoétisation choisie de l'Avenir.

Une création de soi en toute liberté et dans le respect du mystère natif du monde - et de chaque être vivant.

La Poésie n'est plus un jeu de mots. La Poésie chemine vers la vérité. Au fond de ton coeur.

Alain SUIED
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Festival MaelstrÖm reEvolution

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maelstrÖm reEvolution

En coproduction avec l’Espace Senghor

Et avec le soutien de La Promotion des Lettres de la Fédération Wallonie-Bruxelles, la Commission Communautaire française (COCOF- Culture), Région de Bruxelles-Capitale, WBI-Wallonie-Bruxelles International, Commune d’Etterbeek, Loterie Nationale et les sponsors et partenaires : Radio Nostalgie, Maison de la Poésie d’Amay, et Sep Stigo Films présentent:

maelstrÖm reEvolution fiEstival #6
Mercredi 9 > Dimanche 13 mai 2012

Troubler le Futur

Une Fête, un Festival d’Arts Littéraires, Visuels, Théâtraux, Poétiques et Musicaux
The Gurdjieff Folk Instruments Ensemble (AM), Andrea Allulli (IT), Antonio Bertoli (IT), Carlo Vitale (IT), Mariano Bellopede (IT), David Santori (IT), Pierre Guéry (FR), Sophie de Tillesse (BE), Laurence Vielle (BE), Vincent Tholomé (BE), Abdelhak Tikerouine (MA), Anna Ciborowska (PL), Cezariusz Gadzina (PL) et le Gitan de Bramapan (BP)...

 

 

Si ce n’est maintenant, quand ? Si ce n’est ici, où ? Si ce n’est moi, qui ?

(A. Jodorowsky)

Désoccultez votre poésie, le passé et le futur sont deux voleurs qui dérobent le présent... (Dante Bertoni)

Troubler ce futur déterminé par le passé, pour que seul existe l’infini moment présent. Un art de vivre poétique dans la liberté et la réinvention de tous les A-venirs possibles.

 

Né de la volonté de dédier une fête à la  « performance poétique », à la littérature, à la musique. Né de la volonté de décloisonner les secteurs artistiques. Né de la volonté de réunir annuellement des artistes et poètes internationaux autour d’un projet commun. Né de la volonté d’une rencontre conviviale avec le public. 
maelstrÖm reEvolution, maison d’édition et organisatrice d’événements fête en ce mois de Mai 2012 ses 22 années d’existence ainsi que la 6e édition du fiEstival et vous propose, en collaboration avec l’Espace Senghor :

En Ville : lectures et actes improvisés en journée !
Réévolution poétique! When poetry comes to town ! Dès le 7 mai les artistes du fiEstival réaliseront des lectures improvisées et des actes poétiques dans des cafés, des lavoirs, des coins de rue, des musées. La Libraire nomade sillonnera les places et la ville également.

 

Du 9 au 11 mai  à partir de 18h :

les apéritifs thématiques à la Boutique maelstrÖm 4  1  4

 

Juste à côté de l’Espace Senghor, la boutique-librairie maelstrÖm, vous invite  à rencontrer les auteurs et artistes du fiEstival tout en decouvrant des mets venus d’ailleurs !

 

MERCREDI 9 MAI À 20H

Novecento : a SocioPlay

Théâtre interactif

Spectacle bilingue français-italien

Prix plein : 12€ - préventes et prix réduit : 10€

 

JEUDI 10 MAI À 20H

Au plus blanc de la nuit

Immage à Gaston Compère

Film, musique, lectures - Salle 1900

Prix plein : 12€ - préventes et prix réduit : 10€

 

VENDREDI 11 MAI À 20H

The Gurdjieff Folk Instruments Ensemble

Voyages sonores de Daumal à Gurdjieff

Performances, Conférence, Concert - Salle 1900

Prix plein : 12€ - préventes et prix réduit : 10€

 

SAMEDI 12 MAI À PARTIR DE 16H

Affirming ! Affirmation !

Big FiEsta et Rassemblement !

Prix plein : 12€ - préventes et prix réduit : 10€

 

DIMANCHE 13 MAI À PARTIR DE 14H

Jongleurs d’Histoires & Thé des Écrivains...

Animations et rencontres, Salle Agénor

Prix libre

PROGRAMME COMPLET au format PDF...

<http://fiestival.net/images/stories/pdf/brochurefiestival2012web.pdf>;

 

 

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A propos de quelques poèmes ...

J'ai eu le plaisir de découvrir sur ma page de la Maison de la Poésie de Namur un commentaire à propos de mes textes et rédigé par Dominique Aguessy. Je tiens ici à l'en remercier. Ce commentaire a aussi pour moi le don de m'ouvrir des pistes de réflexion, tant il est vrai que le regard de l'Autre en ce domaine a toute son importance .

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http://www.maisondelapoesie.be/auteurs/commentaires.php?id_auteur=1787

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Transaction secrète

" Un charbon sur la bouche, le Poète ressemble à un discret Isaïe, le prophète sur les lèvres duquel l'Ange du Seigneur posa un tison qui, dès lors, délia les paroles empêchées. La parole retenue du Poète ne se délivre-t-elle que sous l'effet d'une braise essentielle, précieuse résorption du langage, le flot du verbiage se trouvant ainsi filtré par une brûlante exigence, à partir de quoi tout peut être dit avec presque rien ? "

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La poésie doit-elle-elle être absolument moderne ?

 

Peut-être un début de réponse, plutôt un 'LIEU à cerner' pour commencer à se poser la question de manière utile.

 

Ce 'lieu' est ici un texte d’ Henri Meschonnic, polémiste, défenseur de la poésie et des poètes, texte plein de colère contre les exégètes de Mallarmé : «Pour les contemporains, poètes ou pas poètes: c’est toujours le même cliché qu’on se passe en silence, dans une conjonction poétisante, à la pousse-moderne.»

 


Libérez Mallarmé !

Lire Mallarmé, d’époque en époque, est allé de poétisation en hyper-poétisation. Du Mallarmé de Thibaudet et de Valéry au Mallarmé des années soixante. Une académisation, pour le naturaliser français, du temps qu’il fallait convaincre que c’était, malgré les apparences, un poète français, un poète, pas un fou, et français. Puis l’opposé, pour la poésie comme pensée de l’extrême, subversion radicale, l’absent de tous clichés, au moment même où le révolutionnarisme poétisant, le nietzschéisme littéraire répandait son propre cliché, son autoportrait en Mallarmé, un Mallarmé de l’OEuvre impossible, du Coup de dés et rien que du Coup de dés , de la «disparition élocutoire du poète» trop vite assimilée à la fin de l’auteur, à la mort du sujet. L’ère des structures a eu son Mallarmé.

Trente ans après, ce portrait n’a pas pris une ride, pour les contemporains, poètes ou pas poètes : c’est toujours le même cliché qu’on se passe en silence, dans une componction poétisante, à la pousse-moderne.

Par quoi, commémorativement vôtre, cent ans après sa mort plus jeune et plus vivant que tous nos futurs morts, Mallarmé montre qu’il est toujours stratégique, toujours un enjeu. Comme Hugo, mais autrement. Avec ces mots inusables : « Je préfère, devant l’agression, rétorquer que des contemporains ne savent pas lire » .

Car enfin, ces temporaires contemporains ne font rien d’autre que continuer d’opposer la poésie à la prose, comme si la poésie était toute dans les vers, comme s’il n’y avait pas eu Mallarmé, justement. Ou de voir dans l’aventure de la page imprimée du Coup de dés l’acte de naissance d’une poésie-papier, d’une poésie-espace, opposée aux effets de voix d’une poésie oh-râle, comme le son s’oppose à la farine. Ou doctement se demander si la poésie n’est pas une forme morte. Maintenir Mallarmé dans le tout binaire des vers métriques rimés et de la prose - contre les propres propositions de Mallarmé. De toutes les manières, un Mallarmé difficile, poussant même le difficile au sublime.

Ici, l’autosacralisation de la poésie par certains de ses prêtres ne semble pas voir combien son culte est le placage d’une essentialisation venue d’ailleurs. La sublimation de Mallarmé est sourde à la multiplicité des tons chez Mallarmé. Sourde à l’oralité de Mallarmé. A son humour. Sourde à sa simplicité : il suffit de le lire dans la gestuelle de sa pensée.

Mais la componction des dévots de la poésie continue de nous en imposer avec un éponyme de l’amour de la poésie pris pour la poésie. Autre Hölderlin heidegargarisé. Comme disait Eluard, à propos de l’abbé Bremond, dans Premières vues anciennes : « La poésie a presque toujours vaincu les poètes, mais elle n’a jamais réussi à se débarrasser de ses parasites, critiques rapportant tout aux plus petits besoins artistiques et sentimentaux du lecteur. »

Il faudrait, pour ramener non pas à une autre vérité de Mallarmé que celle dont on nous a assourdis, mais à sa multiplicité, plus forte que le faux sublime d’une époque qui n’en finit pas de se survivre, relire, autant que les poèmes, du mineur au majeur, les proses, toutes les proses chez lui, pour réentendre son ironie, sur les « vacants symptômes », le sens chez lui de la farce, dans Etalages par exemple, et son rire, « Sur le chapeau haut de forme », autant que la gravité de la lettre-autobiographie à Verlaine, ou le ton particulier de Conflit - « Fumier ! » - bref, simplement, tout Mallarmé. Y compris sans tronquer les phrases, comme toute une époque a fait, sur « la disparition élocutoire
du poète ».

Car c’était grossièrement confondre l’auteur, la psychologie, dont on ne voulait plus, avec ce que j’appelle le sujet du poème, qui est la subjectivation généralisée du langage dans un système de discours. Et c’est, avec ses mots à lui, ce que nécessairement signifiait Mallarmé, quand il parlait de « l’oeuvre pure », puisqu’elle ne pouvait consister que par la « suggestion ». Suggérer , opposé à nommer , dans la réponse à Jules Huret : « évoquer petit à petit un objet pour montrer un état d’âme, ou, inversement, choisir un objet et en dégager un état d’âme, par une série de déchiffrements ». Et quand il disait, dans Crise de vers : « toute âme est un noeud rythmique », et ailleurs : « toute âme est une mélodie, qu’il s’agit de renouer ; et pour cela, sont la flûte ou la viole de chacun ». Ce qui ne peut pas être autre chose, n’en déplaise aux abstracteurs de sainte essence, que le sujet du poème, du rythme, du « je me fus fidèle ».

Or, c’est à contre-Mallarmé, dans le « narrer » de Crise de vers , le « nommer » de la réponse à Jules Huret qu’un philosophe, Jacques Rancière, dans son Mallarmé , met la poésie. Et il énumère l’un après l’autre trois sens dans un poème. Comme la sémiotique de Greimas y voyait des isotopies. Décidément, la sémiotique continue de ne tenir aucun compte des trois mots de Benveniste posant que les oeuvres d’art sont une sémantique sans sémiotique . Rancière, dans La Chair des mots , met explicitement le poème dans le nommer : « Car ce n’est pas en décrivant que les mots accomplissent leur puissance : c’est en nommant, en appelant, en commandant, en intriguant, en séduisant qu’ils tranchent dans la naturalité des existences, mettent des humains en route, les séparent et les unissent en communautés. » Non seulement le suggérer n’y est plus, « ce qui ne se dit pas du discours » ( O.C. ), mais le poème est pris, pour être moderne, dans la pragmatique à la mode, « commercialement ». Or les truismes ne devraient pas faire oublier qu’Austin a classé la poésie dans les « emplois parasitaires du langage » . Rancière a oublié. Ou n’en a pas de gêne. Pas plus que de « l’incarnation du verbe » qu’il a comme une hostie dans la bouche. Toujours le corps et la lettre. La vieille théologie qui fait les métaphores de la philosophie. Le Signe, ainsi soit-il. C’est de toute cette messe qu’il faut libérer Mallarmé, et la poésie par la même occasion.

Cette philosophie fait l’importante en agitant l’un contre l’autre les mots de poétique et de politique, sans savoir ce que fait la poétique. Elle ne connaît sous ce nom qu’une néo-rhétorique des figures. Et les mots, les noms, de l’histoire, pour elle, sont ceux de Heidegger. Défaut répandu de latéralisation, chez quelques notoires philosophes d’ici : ils se croient à gauche, ils ont la langue à droite. Double essentialisation. Un activisme péremptoire associe politisme et poétisme. Du clinquant et du simili.

Ce n’est pas la même chose, quand Mallarmé dit le poète « en grève devant la société ». Il tient l’un par l’autre le poème et le politique, autant « l’explication orphique de la Terre » que le rapport, qui a si peu changé, entre poésie et société : « Mal informé celui qui se crierait son propre contemporain ».

C’est pour pouvoir lire poétiquement un poème qu’il faut libérer Mallarmé, et la poésie par la même occasion, de toute une philosophie qui n’a aucune pensée du langage, et qui se dépose sur le poème, l’enferme dans l’herméneutique, ne connaissant que des questions de sens, seulement du discontinu, sourde au continu, rythme, prosodie. Libérer la poésie de ce qui faisait dire à Derrida - et je n’ai guère entendu qu’on s’en indigne - que le poème est déjà « un événement herméneutique, son écriture relève de l’ hermeneuein , elle en procède ».

Surdité au poème, surdité à Mallarmé : c’est la même chose. Cette régie des philosophismes sur la poésie est intolérable et inepte. Ce que masquent les complaisances du déconstructionnisme. Mais voyez comme elles sont répandues. Dites déconstruire , vous en avez plein l’époque. Crachez, ensuite.

Mais les poètes se défendent mal. Beaucoup, manifestement, croient tirer un avantage de cette essentialisation. Une simili-mallarméisation en a figé certains dans des inclusions sous-syntaxiques, d’autres dans une poétisation mythologisante. Effets-écriture d’une lecture. D’où un double préchi-précha. Le ludique et le goupillon. Ce n’est pas ceux-là qui vont démythologiser Mallarmé .

Le scolaire suit, avec quelque retard, la classe des poètes. Mallarmé ? Ils ont le même. Prisonnier de sa poétisation. A la différence de ce qui a lieu pour Apollinaire ou Eluard, à qui l’école a mis son auréole, mais que des poètes voient de haut. Sans savoir qu’ils sont situés par leur manière de voir.

Les « littéraires » aussi se défendent mal. Démunis devant la filousophie, ils font confiance à tout, les pauvres petits ont troqué la biographie pour la psychanalyse.

Oui, il faut libérer Mallarmé de l’essentialisation qui fait son assomption, le fait apparaître en gloire au milieu de nuées non seulement comme un poète difficile, mais comme le poète du difficile : « le poème difficile », clausule du Mallarmé de Rancière. Non pas pour trouver, l’obscurité dissipée, un poète facile, mais pour débarrasser Mallarmé, et débarrasser la poésie par la même occasion, de cette sottise installée, le couple du facile et du difficile. Pour pouvoir enfin entendre la clarté de Mallarmé, c’est-à-dire ce qu’il a d’unique, dans ce qu’il dit et fait selon son rythme. Comme chaque poète. Le difficile étant le jugement porté par l’incapacité d’écoute du poème comme poème.

Ce qu’à son tour il est édifiant d’observer.

Yves Bonnefoy : « Comprendre Mallarmé a toujours paru difficile ». C’est en le rattachant aux « grandes structures de la pensée archaïque », que Bonnefoy introduit à Mallarmé . Le rattachant à un médiévalisme aussi vague que sa conception du moderne, une « vieille pensée », là où pourrait, au contraire, se lire l’utopie d’une pensée du rythme et du sujet qui commence à peine, et qu’étouffe Sa Sainteté le Signe. Avec ses académismes sur le «poème-discours» chez Hugo et les romantiques. Rabattus sur des « effusions ». Autre cliché. Faire payer Hugo pour Mallarmé. Vers l’essence, contre « la langue moderne ». La modernité étant, sans gêne, successivement, un « surcroît du sensoriel sur l’intellection », mixte flou de cartésianisme et de sensation-XVIIIe siècle pour brouillonner un vague sujet philosophique, puis le nietzschéisme de la mort de Dieu. Et voilà Mallarmé « le plus radical des modernes ». Le plus mode ici étant cette cacophonie sur la modernité. Que suit un autre cliché : Mallarmé-l’échec, l’échec de la poésie à trouver « une issue vers une authentique présence ». Avec un beau contresens sur le nommer , la « profération » du mot « rose », par quoi, selon Bonnefoy, Mallarmé « suscite, là devant nous, la rose » - quand seul le suggérer peut faire que « musicalement se lève, idée même et suave, l’absente de tous bouquets ». Platonisation étymologisée : l’idée - « l’eidos : ce qui se montre ».

Non, puisqu’on l’entend seulement. Sur quoi, autre cliché, qui mysticise Mallarmé : « il s’était avancé dans la nuit de l’esprit humain ». Puis il va « vers une poétique de la lumière diurne ». Mallarmé en allégorie de la nuit et du jour, cette imagerie spiritualiste du Signe. Non monsieur, ce n’était pas la « notion pure », ni le « renoncement ». Dedans-dehors, l’esprit-le corps, l’être et le néant, du son et des « contenus conceptuels ». Ces représentations où les signes comprennent les signes. Et vous voulez approcher la « poétique de Mallarmé » ? Avec ces notions-là ? Suivez le rythme.

Mallarmé difficile ? C’est la parabole du rapport de la poésie au langage dit ordinaire, puisque la poésie est faite « des mots de tout le monde », mais « récrits par un poète » . Non un écart à ce que « le Bourgeois lit tous les matins », mais le travail du poème. Daniel Leuwers dénonce « une erreur communément répandue » - « croire que Mallarmé a enfermé un message clair dans une forme volontairement obscure » ( ibid .). Demi-dénonciation d’une double erreur : il n’y a ni « message clair » ni « forme volontairement obscure ». Message, forme : signé Signe. Ni clair ni obscur. Et le « volontairement » lui-même ne tient pas, car le sujet du poème partage avec la réflexion sur le poème la même passion, la même vision-audition, celle de la soumission à sa propre écoute, au même inconnu. En même temps, Mallarmé sait ce qu’il fait, quand il parle de syntaxe, d’incidentes et d’inversions. En ce sens, ce n’est pas un message , pas un enseignement, mais la mise au jour d’un universel. Le paradoxe - l’effet du signe : que cet universel continue d’apparaître comme un secret.

Henri Meschonnic

 

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Décès de Simon-Pierre Nothomb

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Simon-Pierre Nothomb est décédé jeudi à l’âge de 78 ans. Il laisse l’image d’un grand voyageur engagé et d’un défenseur de la Francophonie.

Le baron Simon-Pierre Nothomb est décédé le 29 mars dernier à l’âge de 78 ans. Ses obsèques se sont déroulées ce mardi 3 avril, à 11 h, à Habay-la-Neuve.

Né le 4 juillet 1933 à Habay-la-Neuve, Simon-Pierre Nothomb a eu une carrière aux accents largement internationaux, tout en gardant un profond attachement pour son village natal. Il laisse l’image d’un homme passionné par la culture au sens large et d’un grand voyageur animé d’un caractère volontaire et engagé. Il a animé notamment l’association des Européens dans le monde, rassemblant près de 5 millions d’Européens.

À 19 ans, Simon-Pierre Nothomb s’enrôle comme l’un des plus jeunes volontaires de l’armée lors de la guerre de Corée (1953). Une guerre dont il est revenu blessé. Une carrière militaire qu’il poursuivra ensuite, à la fin des années 1950, en devenant officier de contrôle pour les troupes de l’ONU en Palestine.

C’est à son retour qu’il décide d’effectuer des études en sciences politiques à Paris. Titulaire également d’un DEA en Affaires européennes, l’oncle de la romancière Amélie Nothomb poursuit ensuite son parcours auprès des Nations Unies. Il travaillera ainsi à Genève, New York, Paris et Tokyo.

Dans les années 60, Simon-Pierre Nothomb occupe le poste de directeur des relations publiques de l’Université catholique de Louvain au moment du célèbre « Walen buiten », en 1967 et 1968. Une crise pendant laquelle il a défendu, au côté de Mgr Édouard Massaux, les intérêts des Wallons de l’université.

Il est également connu pour être à l’origine du nom de la nouvelle ville universitaire wallonne qui en a découlé. Louvain-la-Neuve renvoie, en effet, au nom de son village natal, Habay-la-Neuve.

Il est ensuite nommé secrétaire général adjoint de l’agence de la Francophonie, à Paris, dans les années 70.

Jusqu’à ses derniers jours, il a gardé une profonde sympathie pour la Corée. Une semaine avant son décès, il discutait d’ailleurs encore avec Herman Van Rompuy, président du Conseil européen, des relations à entretenir avec la Corée du Sud.

L'Avenir

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Christian Rolet expose à la Galerie 2016

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Christian

Rolet

 

Jusqu'au 25 mars (de 13 à 18h; fermé lundi à mercredi)

 

à la Galerie 2016

Rue des Pierres, 16

1000 Bruxelles - Belgique

Téléphone :

02-502.81.16


Peinture récentes de l' artiste,

30 nouvelles œuvres petits et grands formats

           

 

Plasticien, professeur de recherches picturales et tridimensionnelles à l'Académie des Beaux-Arts de Tournai, Hainaut, Belgique.

 

Christian Rolet affectionne les matières. Il ne se contente pas d'apposer de l'huile ou de l'acrylique sur une toile. Il lui faut diluer le produit, le combiner avec de la cire ou du sable, mettre en continuité le lisse et le râpeux, le translucide et l'opaque. Conséquence, sa peinture est à la fois d'évidence et de mystère, limpide et complexe. L'aléatoire se conjugue avec le voulu.

La forme identifiable avec l'évanescence abstraite.

De là sans doute la fascination irradiée par la majorité de cette production.

 

La thématique se rapproche de la pratique picturale. Elle met en présences féminin et masculin, femme et homme.

Tous deux sont, à l'instar de la réalité, opposés et complémentaires, hostiles et aimantés.

 

Le travail de l'artiste consiste par conséquent à traduire les antagonismes et les fusions, respectant les individualités tout en expriment le couple. Ses compositions se nimbent de lumière intérieure, se parent d'épaisseurs affirmées ou rongées. L'uni se voit investi de failles, d'anfractuosités.

 

L'œil s'accroche d'abord à ce qu'il croit reconnaître: un muscle cardiaque, une cellule, un utérus, un pénis, des lèvres, un long gant noir, une cuiller. L'esprit se réfère aux mots de certains titres:

La plaie absente, Le désir et la forme, Le mariage forcé, L'attirance, Le souffle. Voire La fente indéchiffrable.

Ceci n'est qu'un appât avant que le visiteur puisse se livrer au plaisir de l'alchimie picturale qui s'offre à lui.

Il ne lui reste seulement à s'abandonner à ses perceptions. Le rouge, bien sûr, décliné dans ses gammes de bruns et d'orangés; mais aussi des verts, des ocres, des bleus, des gris palpitants de nuances.

Ensuite, il convient d'arpenter la surface des tableaux. Ils sont cadastrés, mettant en rapport des territoires délimités, inscrivant des séparations, assurant des réunions. Ils recèlent des pans opaques derrière lesquels se déroulent des actes cachés ou manqués; ils s'ouvrent sur des baies baignées de clarté éblouissante. Ils accumulent les signes.

 

Ils laissent deviner des passages, traces ténues comme celles des étoiles filantes.

Pour les papiers le support n' est pas n'importe lequel. C'est un papier dont la texture a du corps et dont le format est constant. Ce qui permet de jouer sur la capacité d'absorption du medium. Cela contraint à des agencements précis selon que le peintre désire un travail de modeste grandeur ou une oeuvre imposante: chaque feuille est alors accolée à une ou plusieurs autres, de deux jusqu'à la cinquantaine.

Ces juxtapositions de pages engendrent une impression particulière. Comme si le passé se reliait au présent. En effet, rien de plus ancien que le papier et, par ailleurs, quoi de plus récent en art que les montages vidéo: or, les agglomérats de folios, de par leur identique surface rectangulaire, rappellent la forme des écrans de télé superposés utilisés dans certaines installations.

Et le spectateur est convié à y regarder des images. Elles sont quelquefois décodables immédiatement dès qu'elles affichent une ressemblance avec des éléments connus, par exemple, la célèbre bougie d'Amnesty International. Elles sont, le plus souvent, mystérieuses, cabalistiques, apparentées au domaine de l'occulte ou à celui d' une ethnographie inconnue.

Par moments s'identifient donc des éléments familiers. A d'autres se profilent des signes graphiques réduits à leur signifiant visuel. Quels qu'ils soient, il apparaît en tout cas qu'il est question d'un univers organique. Face à la plupart des figures proposées, comment ne pas songer à des cellules, à des organes, à des virus, à du cartilage.

Végétal, minéral et animal se conjuguent en une fluide concordance.

La perception est à relier avec les techniques utilisées. Huiles, encres, cire se mêlent à des pigments acryliques dont quelques-uns ont l'aspect de l'or ou d'autres métaux, à de la colle et à des vernis, à du sable de verre. Les couches successives de matières absorbent ou reflètent la lumière, la phagocytent ou l' irradient.

Cette alchimie savante, où l'aléatoire se joint à la volonté affirmée d' obtenir des effets diversifiés, mène à un raffinement tourmenté au sein duquel cohabitent des pulsions vitales, des fantasmes récurrents auxquels les titres des travaux donnent une dimension supplémentaire: La musique du désert, La ronde des insensés, Médium guérisseur ou Comme si la vie venait..

Chaque détail se comporte à la manière d' une trace, souvent enfouie, prête à sombrer dans l'oubli ou à émerger au contraire pour imposer sa présence. De même les petits objets s'avèrent insolites, fragments d'une civilisation onirique.

Une certaine quantité d'entre eux s'apparente également à l'organique.

Bien entendu, la matière palpable dans sa réalisation tridimensionnelle accentue nettement le choc émotionnel ressenti par ceux qui regardent. Certes, nous sommes loin des éléments anatomiques exposés dans le musée forain Spitzner, cher à Delvaux, mais il y a sans conteste une accointance avec la férocité affichée par le monde actuel. Des lambeaux de chair, des fragments d'organes impressionnent mais davantage par le côté allusif que par la référence scientifique à l'anatomie.

 

                                           Michel Voiturier

 

 

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( … ) Traduire la Poésie, c’est refuser le borborygme universel, abrutissant, que  les maîtres de l’heure exigent de tous les peuples. Traduire, c’est favoriser la profusion des héritages, profusion sans laquelle l’humanité ne pourrait pas « se convertir et vivre ».

page 59 - Extrait d’un entretien de Jacques Demaude avec Piet Lincken

Traversées N° 64

L’édito de Patrice Breno

Traduire, transcrire, interpréter, c’est faire des choix, restituer dans une autre langue ce que l’auteur a voulu dire, s’il a voulu faire passer ou non un message, s’il a trop ou trop peu tranché dans le vif en étant sûr que le lecteur appréciera cette autre approche, cette autre version de l’œuvre première.

Traduire, c’est aussi savoir déterminer si le sens de tel ou tel mot est bien restitué dans la langue destinataire, c’est adopter et faire adopter une nouvelle création, une certaine forme de plagiat, mais sous le couvert de l’auteur, c’est chercher à conserver les trouvailles de l’auteur, ses constructions de phrases, ses connexions, ses dialogues, ses descriptions, ses réseaux de sens, de mots, d’associations de mots, de jeux de mots, c’est passer d’une langue à l’autre en donnant un nouveau rythme tout en respectant le versant d’humour, de suspense, d’amour, de passion, de lenteur, de morbide… que le créateur a voulu aborder.

Traduire, c’est surtout pour l’interprète veiller à ne pas (trop) mentir et à oublier 
toute part de subjectivité… ou du moins à l’atténuer.

Xavier BORDES, Constantin FROSIN, Claude MOUCHARD et Démosthènes
 DAVVETAS nous apportent leur lumière et leur façon de voir sur l’art de traduire. Des textes grecs de Lia KARAVIA, Maria PISIOTI-IOANNOU, Odysseas ELYTIS, des textes catalans de Antoni CLAPÉS, Joseph Maria SALA-VALLDAURA, Anna MONTERO, Cèllia SANCHEZ-MÚSTICH, Lluís CALVO, Ernest FARRÉS, des textes japonais de Shizue OGAWA , des textes allemands de Else LASKERSCHÜLER, voici un véritable bouillon de culture que nous vous proposons aujourd’hui.

S’ensuivent des textes d’auteurs francophones : Jacques DEMAUDE, Claude
MISEUR, Georges JACQUEMIN, Chem ASSAYAG, Corinne HOEX, Patrick
NAVAÏ, Sylvie DURBEC, Yves NAMUR, Salah BOUDEBBOUZE, Karim
CORNALI et Hafsa IVAN. Excusez du peu !

In fine, les chroniques et recensions que chacune et chacun a le plaisir de retrouver…

Bonne lecture et bonne année 2012 pleine de lectures et de créations !

Au sommaire de ce numéro :

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Livre d'artiste - "Variations et Sortilèges"

Un désir de sang à l’aube

franchit les seuils

enjambe la fenêtre.

La rivière pousse ma porte

les chambres vont s’y baigner,

c’est l’été !

Claude Miseur  - Extrait de "Variations et Sortilèges" à paraître aux Editions Novelas.

Livre d'artiste agrémenté de quatre illustrations au fusain et encre de Chine de Patrick De Meulenaere.

L'auteur se prêtera au jeu des dédicaces dans le cadre de la Foire du Livre à Bruxelles,

le samedi 3 mars 2012 au stand 121, de 13h à 15h, en compagnie de l'illustrateur.

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Penser à quelqu'un ?

Qu'est-ce que ça veut dire,

« penser à quelqu'un » ?


Ça veut dire : l'oublier (sans oubli. pas de vie possible)

et se réveiller souvent de cet oubli.

Beaucoup de choses, par association, te ramènent dans mon discours.

« Penser à toi » ne veut rien dire d'autre que cette métonymie.

Car, en soi, cette pensée est vide : je ne te pense pas :

simplement, je te fais revenir (à proportion même que je t'oublie).

C'est cette forme (ce rythme) que j'appelle « pensée » :

je n'ai rien à te dire, sinon que ce rien, c'est à toi que je le dis :

 

Pourquoi j'ai de nouveau recours à l'écriture ?

Il ne faut pas, chérie, poser de question si nette,

Car, en vérité, je n'ai rien à te dire ;

Tes chères mains toutefois recevront ce billet

(Goethe)

 

In "Fragments d'un discours amoureux"

Roland Barthes

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