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Publications de Claude Miseur (166)

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LE CERCLE DES ARABES DISPARUS… ET RETROUVÉS


Ici la Voix des Arabes libres. La voix de ceux, celles qui ont décidé de briser la loi du silence, combattre le mensonge, redonner la voix aux sans-voix, faire entendre le cri des suppliciés, rejeter les chaînes de la soumission, dénoncer les grandes et petites lâchetés, mettre à nu les mécanismes de la corruption et du pillage, lever le voile sur les misères matérielles et morales, bref, s'insurger contre la fatalité et libérer le cours de l'espoir.
Nous émettons de quelque part. D'un lieu inconcevable pour l'imagination courte des tyrans. Désert primordial où la parole rebelle fut conçue, où l'arbre de la mémoire surgit, plongea ses racines dans la terre assoiffée de justice, déploya sa frondaison pour accueillir la palabre des chercheurs de vérité aux lèvres gercées d'énigmes.
Ici la Voix des Arabes libres. Hommes et femmes refusant l'uniforme simiesque, le garde-à-vous, l'hymne vengeur, les bruits de bottes, les barbelés de la patrie, la bêtise des consensus, la peste de l'orgueil, la prison de l'unique langue, de la religion unique, le folklore débilitant des signes distinctifs : couvre-chef, fichus, barbes, médaillons, chapelets, amulettes et toute la quincaillerie-bimbeloterie ayant servi depuis belle lurette à berner les peuples innocents. Autant de linceuls prévus pour nous dès le berceau que nous lacérons et jetons à la face hideuse des molochs qui ont voulu nous enterrer vivants.
Car vivants, nous le sommes, et nous aimons la vie au-delà du supportable.
Nous les désirants, les languissants, les brûlés de l'intérieur, les fous d'amour, nous suivons la vie à la trace, à l'odeur, et même à la rumeur. Nous mendions à sa porte sans rien perdre de notre dignité. Ah ! quel festin, les miettes qu'elle daigne nous jeter !
Ici la Voix des Arabes libres. Frères et sœurs siamois de tous les humains libres. Comme eux candidats à l'arrachement et aux exils.
L'intérieur d'abord, quand on répugne à hurler avec les loups, applaudir avec la claque, courber l'échine avec les larbins. Quand l'identité s'arrête à un lieu de naissance, un nom, une croyance. Quand la différence exclut et stigmatise. Quand la marge extrême devient l'unique lieu vivable et vous condamne au carrousel aveugle du malheur.
L'extérieur ensuite. O les chemins minés de l'exil ! Et au terme de l'exode, la terre promise qui se dérobe immédiatement sous vos pieds. La fêlure qui s'installe. Vous ne serez jamais vraiment ici, ni vraiment là-bas. Mais, peu à peu, vous vous faites une raison. Dur réapprentissage. Vous habitez l'abri flottant du provisoire. Et surtout vous découvrez que vous n'êtes pas seuls. Vous faites partie dorénavant d'un peuple mutant, d'une tribu fraternelle exemptée du prix du sang, se riant des frontières, éprise de questions, hantée par l'infini, non celui géographique des horizons, mais l'humain pétri de chair et d'esprit, et que l'on ne peut scruter qu'avec l'œil du cœur.
Ici la Voix des Arabes libres. Nous vous parlons de quelque part, et le temps nous est compté. Car, n'hésitons pas à le dire, nous faisons partie d'une espèce menacée de disparition. L'air se raréfie autour de nous tant la pollution est généralisée, la pire pour nous étant celle du langage. Que d'oiseaux mazoutés peinent à remuer leurs ailes dans nos gorges. Que de roses assiégées par les immondices n'ont plus à cœur de libérer leur parfum. Que de mots nobles et sincères sont traînés dans la boue, prostitués et vendus à la criée sur les panneaux de réclame.
Nous nous insurgeons contre cette aphasie programmée dont le dessein, cousu de fil blanc, est le conditionnement des consciences avant leur mise à mort.
Aussi notre message, s'il doit y en avoir un, se résume-t-il en un seul mot : résistance ! Oui, les périls montent, y compris dans « la maison de l'âme ».
Nous en appelons au sursaut de l'humain en l'homme. Il s'agit de reconquérir, dans le noyau enténébré de l'identité humaine, cette part lumineuse que bien des messagers se sont évertués à nous révéler et dont il est arrivé à nos prédécesseurs les mieux inspirés de faire bon usage, érigeant ainsi de rares Andalousies qui n'attirent plus de nos jours que des cyclopes à la gâchette facile, consommateurs effrénés du fugace et du rien.
Ici la Voix des Arabes libres. Pour des raisons d'éthique, nous émettons de nuit plutôt que de jour. Nous voulons honorer notre serment de veilleurs de la condition humaine. Garder pour cela les yeux ouverts, les facultés aux aguets, cultiver l'insomnie, entretenir le feu sacré, les pâturages du rêve, le don de la vision, sans cesse affûter le tranchant de la parole pour accueillir à l'heure dite ses vagues inspirées, ses tambours de rappel à l'insoumission, ses violons et ses flûtes faisant se dresser les mamelons, ses luths égrenant la trouble chamade des chrysalides au bord de l'élan vital.
Chaque nuit, nous émettrons jusqu'à l'aube. Contrairement aux haut-parleurs du matraquage sonore, nous entrecouperons nos programmes de plages de silence. Car il n'est de parole vraie que celle fécondée par le silence consenti. Espace et temps du retour sur soi, de l'examen, du doute, des petites lumières et de l'illumination, du souffle évanescent de la grâce.
Voici donc. La main de l'aube va bientôt effacer la planche inspirée de la nuit. C'est le moment pour les descendants de Shéhérazade de se retirer sur la pointe des pieds. Et demain, il faudra recommencer. Car le glaive sera de nouveau suspendu sur nos têtes. Jusqu'à quand ?


Abdellatif Laâbi

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Cachez donc les poètes ! ...

Cachez donc les poètes

 

[…] Certes, quand on voit une assemblée de poètes, c’est toujours un 

mauvais moment à passer. On peut évidemment vénérer le miracle, le détour 

par lequel tant de rabougris, de prognathes, d’égoïstes, de barbus, de 

podagres, de rentiers, d’asthmatiques, de pédérastes, de bigles et de 

menteurs sont tout cela et poètes, sans parler de cette sous-classe 

bilieuse, rancuneuse, vert-de-grisée, pingre et médisante où se recrute le 

poète catholique. Et c’est un grand poète. Et le bedonnant nous parle 

d’amour comme personne. Et le mondain jaunâtre, grinçant et monoclé, nous 

parle de la solitude. Et le millionnaire nous parle du dénuement. Et le 

partisan, de la liberté. Et la vieille tante, de la pureté. Et ils 

n’inventent pas, ils sont véridiques, on ne peut pas leur en vouloir. 

Seulement, comme leur vue risque de causer des dommages irréparables à 

l’image qu’on s’est faite de leur personne, comme on n’a pas tous les jours 

un Lorca qui ressemble à ce qu’il écrit, comme on risque à chaque instant 

de tomber sur l’affreuse photo d’Apollinaire en tourlourou 1900, ou 

d’apercevoir dans le métro les bajoues et les mamelles de la grande lyrique 

dont vous rêviez, un remède s’impose: cachez donc les poètes!

 

  Oui, je rêve d’un anonymat complet de la poésie, aussi inavouable que 

l’appartenance aux services secrets, aussi dangereuse, aussi numérotée. 

(«Avez-vous la dernière plaquette du 1173? – Non, il ne donne plus signe de 

vie. Par contre, le 1414 s’affirme comme un de nos meilleurs agents. 

Lisez-le donc. – Et le 7521? – Il est brûlé.») […]

 

 

  Chris Marker

  (Revue Esprit n° 162, décembre 1949)

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Il est bon de temps à autre de lire des auteurs qui remettent un peu les montres à l'heure, par l'humour, la dérision.

J'appellerais cela de l'hygiène. Merci donc à Franz Bartelt de nous donner l'occasion de rire (sourire) de nous-même !

J’ai toujours pensé que le talent est secondaire, qu’il peut même compromettre l’équilibre d’un homme, en l’entraînant sur les pentes périlleuses de la gloire et de la fortune. Le tout, c’est de se croire formidablement doué et de s’estimer trop en avance pour que notre temps sache en profiter. Le mythe de l’artiste maudit contribue énormément au bonheur de créateurs de trente-sixième rang. Il les soutient dans l’épreuve, renouvelle chaque jour leurs espérances et finit par les convaincre qu’ils œuvrent pour la postérité. Donc, qu’ils ont de l’avenir. Et beaucoup plus que si leur célébrité s’usait contre le présent, ce temps vulgaire, instable, qui coule comme du salpêtre sur un mur, alors que le véritable artiste aspire au temps érigé, au temple, au monumental. Les artistes maudits attendent la mort avec confiance, sûrs qu’elle ne pourra être que le commencement de ce qu’ils laissent derrière eux. 
Jean Quartonnier allait plus loin encore. Il vivait comme s’il était mort depuis longtemps déjà et que le monde des amateurs d’art se fût prosterné à ses pieds. Il prenait un acompte sur ce qui se passerait immanquablement plus tard, quand il aurait disparu. Il posait sur les petits enfants un regard affectueux, conscient qu’il travaillait pour ce public qui croissait et multipliait et dont les parents étaient si bêtes. Jamais il ne voyait un bébé sans songer que ce petit bout d’innocence avait de la chance d’être né à l’aube d’une ère qui serait celle de Jean Quartonnier, grand peintre. Les femmes enceintes l’émouvaient particulièrement, car elles contenaient tous ses espoirs d’artiste provisoirement maudit. Il les conduisait devant ses tableaux, leur demandaient de s’en nourrir, de s’en repaître. Ainsi pensait-il influer le cours des ventes futures. Et, devant les ventres arrondis, il soupirait, non sans ivresse.

Franz Bartelt, Les Bottes rouges (Gallimard, p. 72) 

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Unique en Belgique par son caractère collectif, la Résidence invite une dizaine d’écrivains francophones, chaque année au mois d’août. Au-delà d’être une belle opportunité d’écrire en toute quiétude, dans un décor magique et loin des soucis du quotidien, elle sort l’écrivain de son isolement, le met en exergue, lui offre un espace de travail, de représentation et de rencontres.

Favoriser la création littéraire et créer du lien social entre les écrivains, voici les objectifs de la Résidence d’auteurs du Pont d’Oye.

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Ci-dessous le dossier de presse complet

 

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Matinale de mon peuple

 

Matinale de mon peuple ( extrait )

 

 

Que furent la terre qui s'ouvre,

le typhon qui s'abat sur la maison natale,

à côté de vous, Proconsuls des ténèbres !

 

Les enfants meurent de soif au milieu des fontaines.

A la porte des camps, avant de disparaître,

les jeunes hommes injurient leurs bourreaux :

"A quoi servirait de mourir

quand la vie est pour eux !"

Une avalanche de projecteurs, de chiens, de barbelés,

dévore leurs pauvres corps.

 

Vers la ville, nous lançons des phrases.

Qu'une charpente frémisse, la forêt peut renaître.

Pour toute réponse nous parvient

un vol affolé de cigognes.

 

Nous le jurons, sur ton visage, frère,

la dynastie du saccage

n'aura pas de postérité.

 

Jean Sénac

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Le n° 65 de la Revue Traversées est sorti !

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Editorial de Patrice Breno

Pourquoi écrire ?

« J’écris pour la même raison que je respire, parce que si je ne le faisais pas, je mourrais. »   Isaac ASIMOV

Il faut des écrivains pour qu’il y ait des lecteurs, mais aussi des lecteurs pour qu’il y ait des livres édités…

Chacun de nous pense avoir des tas de choses à dire, des événements vécus ou rêvés qu’il pense être le seul à posséder. Soit il les garde pour lui, soit il tente par l’écriture de se confier : encore faut-il que ce qu’il écrit ait une réelle valeur littéraire ! Tout ne sera pas publié, même si l’intention, la volonté de dépasser le cadre intime est là !

L’écrivain retenu, qui a posé son texte et remis son opus à son éditeur, n’a plus qu’à attendre – en croisant les doigts – le retour du lecteur, qui lui, ne se leurre pas et peut se révéler sévère.

Une frustration : il pose des questions, établit un constat à travers son roman, son essai… et n’a pas toujours les retours escomptés. En souhaite-t-il vraiment ? L’écrivain doit sentir son lectorat, savoir ce qu’il peut dire, ce qu’il doit taire, savoir titiller son questionnement, son positionnement. Le lecteur accueille cette nourriture littéraire avec bonheur ou rejet, recherche derrière les mots, les lignes, où l’auteur veut en venir. Il peut rire, pleurer, s’irriter, passer par …

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http://traversees.wordpress.com/2012/07/12/traversees-n65-printemps-2012/

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Le poète est un four à brûler le réel ...

"La poésie n'est ni dans la vie, ni dans les choses.

C'est ce que vous en faites et ce que vous y ajoutez.

La poésie est dans ce qui n'est pas. Dans ce qui nous manque. Dans ce que nous voudrions qui fût.

Elle est en nous à cause de ce que nous ne sommes pas.

C'est le lien entre nous et le réel absent.

C'est l'absence qui fait naître les poèmes.

Le poète est un four à brûler le réel ... "

 

 

Pierre Reverdy

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Coup de cœur - Jeanne-Marie Z

 

Jeanne-Marie ZELE  

« Les expositions de cette artiste d’origine slovène n’ont pas cessé de révéler l’absolue maîtrise, invention et rigueur  qu’elle continue de développer en des techniques très différenciées. La haute poésie a besoin de grands compagnons.  Cette artiste  compte parmi eux. »

(Luc Norin)

 

Jeanne-Marie ZELE, née à Boussu, le 21 août 1950, de parents immigrés slovènes est : céramiste, pastelliste, dessinatrice, illustratrice, graveuse diplômée de l’Académie Constantin Meunier d’Etterbeek.

Nombreuses expositions collectives à Etterbeek, Ixelles, Saint Gilles (Théâtre –Poème),  Evere, Kaprijke (Limbourg) et bien entendu Woluwe Saint Lambert.

Expositions personnelles à Louvain-la-Neuve, à la F.U.N.D.P. de Namur , à la bibliothèque communale de Saint-Josse, à la Galerie « La Girafe ».

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