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Publications de Pascale Landriq (35)

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Piscine

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Photo Brooke Shaden

Au coeur de la piscine,

abritée d'une tempête,

qui dehors met en rage

 

 dans un cocon liquide

 je suis la ligne de fond,

 et tranquillement je nage.

 

 Brasse après brasse

 doucement, je dépose

des pensées chlorées

que je laisse filer

quand j'en suis à l'aller.

 

Du regard je les veille

quand j'entame le retour,

sans me faire reconnaître.

 

De temps en temps elles croisent

d'autres pensées qui flottent

au gré de leurs nageurs

comme des feux follets

 

ou certaines qui gisent,

sur le carreau bleuté,

semblant abandonnées.

 

Quand on aura vidé,

et bien nettoyé,

le bassin réceptacle,

où iront s'accrocher

les pensées délogées ?

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Délicatesse

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     Si on me demandait quel mot je préfère, j'hésiterais sans doute entre quelques-uns, mais celui-ci figurerait en bonne place dans mon palmarès :

 
Délicatesse...

Désuet, il a un parfum discret, il sent l'effacement choisi, le subtil, le sensible, le léger, l'inutile aussi, sans autre utilité que la recherche du bien-faire, du soin apporté aux petites choses.

Il évoque la grâce des gestes pleins de retenue, la justesse et la pudeur des silences, les pensées tenues pour soi, loin du tapage, loin de l'image.

Ce mot me fait penser à l'héroïne de " L'odeur de la papaye verte ". 
    Il me rappelle aussi les sentiments enfouis au plus profond, dans le secret de l'intimité de notre âme.
     Il nous renvoie aux choses minuscules qui constituent la plus belle partie de nous, de notre humanité, et que nous n'osons montrer alors que nous n'hésitons pas à exhiber nos seins et nos fesses.

 Parce que ces choses menues ne font pas d'audience dans le mauvais calcul de notre audimat personnel. Parce que le nombre a devancé la qualité, la rendant dérisoire.

 

La délicatesse est belle parce qu'elle se moque bien de l'effet produit !

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Poésie libre

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Poésie sans contrainte

 

Vers qui se tortille,

Vers qui va

Vers qui vient,

Vers solitaire

Vers téméraire,

Solidaire et demi-vers,

 

Ta musique a ses lois.

 

Diérèse, synérèse,

Rime et contre-rime

Masculine, féminine,

E muet pour le mime,

Rejet, contre-rejet,

Tercet, quatrain, sizain,

 

Et puis, enjambement.

 

Allitération quand tu es fatiguée

Et commence à bégayer

Assonance si tu es contrariée.

Pairs ou impairs

Comme au spectacle,

 

Il faudra les compter.

 

Prétentieuses, léonines,

Riches, pauvres ou suffisantes,

Simples sans complexe,

 On aime les embrassées

Qui viennent par brassées

 Caresser nos tympans

 En toute liberté.

 

En lieu d' alexandrin, j’invente le pascalin

 

Et je dis : poésie !

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La ronde des saveurs

12273074073?profile=original                                            Photo Patrick Guibert

Dans la ronde des jours

et tourbillon des nuits 

 nos filets relevés

patiemment ramandés

 nous destinent parfois

d'étonnantes surprises.

Les mêmes fruits

nous semblent

tantôt  plus doux qu'amers 

selon que nous mordions

de différents côtés.

Selon que nous goûtions

 celui-ci, celui-là

de leurs jolis minois 

diversement mûris

leurs mille et une saveurs

font osciller en thème

notre humeur vagabonde 

au gré de leurs parfums

nous révélant souvent

 une part de nous-même.

                                                                                                   

 

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Affreux-ismes

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Tourisme, curisme

charisme, culturisme, 

tout rime avec cynisme

le dire est presque truisme 

 

Théisme avec soufisme,

lyrisme, mélodisme, 

j'aimerais laïcisme

avec oecuménisme.

 

Mais, purisme et barbarisme 

voilà antinomisme.

Et que dire de lettrisme 

allié à atticisme ?

 

Isthme avec séisme

peut être dangereux

comme puritanisme

couplé à triolisme.

 

Au tintement des ismes

je ne demande rien

que le son de la lune

pour écrire symbolisme.

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La troisième meilleure idée

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Une maison de pêcheurs,

un à pic sur la mer, 
posé sur l' île douce,
en méditerranée.
 
Une terrasse, la treille,
et partout alentour
le parfum des citrons,
qu'on sent comme on respire. 
 
Les jours qui s'écoulent
à la lumière des heures, 
et doucement s' égrènent,
comme  grenade mûre.
 
La vie comme on la tisse, 
dans la langueur du soir,
lumière qui décline,
peu à peu, page à page. 
 
Le goût suave du vin
bu comme le paysage,
à la bouche l'un de l'autre,
avec les mots des yeux.
 
Au son d'un vieux tango,
des amants qui soupirent
écrivant à deux mains
le livre de leur vie. 
                                                                                                            
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B.a-ba de l'Être

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                                    Photo David Galstyan

Être ...

Être, décalés, en marge, en dehors. Se trouver à l'étroit dans leur Soi. Préférer douceur de soie, parfum des roses. 

Choisir les chemins de traverse, les trouver meilleurs quand ils ne mènent nulle part. 

Être, sans but, sans raison.

Être, simplement, dans la vie.

Sans chercher, savoir vouloir autre, intensément, depuis toujours.

Autre, Beau, autre, Amour, autre, Bon, autre, Absolu. 

B.a. - ba,  absolument. 

Autre, qu'on ne trouve pas en rayon des hypers, fussent-ils bio et verts.  

Être, vivants, absurdes, ridicules, mais debout et VRAIS...

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Silencieux

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Je voudrais pour nous le silence.

Pour nous seuls lovés en bulle d'éternité.

Nichés ventre contre ventre

    sous la tiédeur de la grotte igloo

dans l' idéale solitude.

Seuls, comme au début du monde,

yeux abîmés dans les yeux, écoutant

 l' absence des mots qui ne servent plus. 

Entendant la musique du fond du regard

qui fouille l'âme, corps et coeurs disparus. 

 Nous, suspendus, immobiles, hagards,

 flottant au monde, comme à l'origine,

rencontre muette, indéfinie, illimitée, sans contours.

-  Absolue.

L'impossible rendu au possible, 

comme l'impensable mourir pour renaître

drapés de nudité silencieuse.

-  Taisons-nous, je t'en prie. 

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Madeleines marocaines

   

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     Un oncle et une tante venus de France nous rendaient visite pour Pâques.  Nous allions " faire le sud ". Dans la voiture à l'arrière, trois gamins en compagnie d' une boîte de chocolats pyrénéens offerts en plus des oeufs, comme le veut la tradition. Je négligeais les petites douceurs colorées abandonnées à mon frère et à ma soeur pour plonger la main dans un délice complètement fondu par la chaleur, pendant que nous traversions la vallée du Drâa, associée pour toujours à la chaîne pyrénéenne...

Je n'oublierai jamais, soudain,  au milieu du plus assoiffé des paysages, l'apparition de l'oasis minuscule dans laquelle nous allions faire une courte halte  et de sa beauté poignante.

Après l'aridité, j'avais été saisie par l'extrême douceur de ce paradis, soigné par des femmes voilées qui cultivaient un jardin sous les palmes. La fraîcheur de la source qui chantait doucement, le vert tendre des jeunes pousses, tout y était enchantement. Tout respirait, sous le ciel d'un azur intense comme j'en ai rarement revu,  une plénitude  tranquille et émouvante.

J'ai quitté cet endroit à regrets. Je n'ai plus éprouvé en aucun lieu une telle sensation de sérénité, d'harmonie retrouvée, de paix exultante. J'avais découvert un éden que je conserve comme un trésor, au fond de la mémoire.

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Mots comme des bonbons au miel


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                                       Photo Luis Beltran



Certains mots me font mal aux gencives.

Ils sont abrupts, tranchants, rocailleux.

D'autres, bonbons au miel, se savourent  peu à peu,

 on en remplit sa bouche, ils fondent au palais,

portent mille promesses : ce sont les mots d'amour.

Ces mots-là nous écoeurent mais on en veut encore.

 

Je dis globe, chéri, ami, amant, amiant

Je dis vagues, envie, ils disparaissent

sac et ressac comme une mer se retire.

Flux et reflux, balance, pendule, cadence

Je dis âme, persil, jeudi

Je dis rien.

 

Je t'aime serait énorme !

Les mots nous rendent petits avant que cela n'enfle.

Parfois ils veulent grandir

Si on les laisse faire

les mots en expansion, avec l'univers

et soi dilaté, vont tout embrasser.

 

Il y a des mots qui dansent

qui chantent virevoltent

 tournent comme manège,

légers et nous chavirent.

Et puis les mots qui comptent,

les mots d'apothicaires.

 

 Il y a les mots matins chagrins

Les mots du midi qui rient

Les mots du soir en habits.

Les mots rivière qui coule

les mots musique pour violoncelle

 et suite en Solo.

 

Et puis il y a tes mots

qui parfois m'ont flinguée.

Et puis notre silence

sous lequel je me tiens

étendue bien au chaud,

comme sous une bonne vieille couette.

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Ecrire comme on respire

 

 

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                                 Photo David Galstyan

Ecrire à perte de vue

écrire dans le silence

écrire comme on danse 

une gigue en cadence.

 

Ecrire comme on soupire

pour l'âme qui chavire

écrire comme on respire

pour ne pas se mentir.

 

Ecrire à perdre haleine

pour alléger sa peine

écrire à tout casser

pour mieux se relever.

 

Ecrire à la régalade

écrire par bravade

choisir le mot qui va

comme on sonne le glas.

 

Ecrire pour exister

écrire pour dénoncer

écrire  pour libérer

et pour participer.

 

Ecrire pour raconter

écrire pour alléger

écrire comme on chante

dans le matin nouveau.

 

Ecrire pour partager

écrire pour exprimer

décrire  l'émotion

en faire une oraison.

 

Ecrire comme un livre

écrire pour survivre

parler du temps qu'il fait

et louer ses bienfaits.

 

Ecrire la vérité

et puis la renier

écrire à la folie

écrire dans son lit.

 

Ecrire pour partager

en ciselant les mots

dans sa brute beauté 

 l'humanité du monde. 

 

                                                                    Ecrire pour Rien.

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Prête-moi tes racines

 

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Prête-moi tes racines

que j'y puise la force

de continuer ma route

sans tomber à genoux

 

Prête-moi tes racines 

que j'y trempe mes lèvres

pour réveiller l'espoir

en buvant à la source

 

Prête-moi tes racines

pour que je crois encore

que je relève la tête

que je cherche toujours

 

Prête-moi tes racines

pour que je m'ancre mieux

dans l' ici maintenant

de cette vie terrestre

 

Prête-moi tes racines

pour m'attacher un peu

avant que je m'envole

vers le monde inconnu

 

Prête-moi tes racines

mon amour, mon frère

pour qu'enfin je renaisse

ailleurs que dans mes rêves.

 

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J'ai osé

12273068675?profile=original                          Photo David Galstyan

J’ai osé…

 

Il s’appelle Erwin.

Barbu, cheveux en bataille, une bonne gueule de bûcheron alsacien avec des yeux bleus perçants, intelligents qui te scrutent sans détour.

Il créche entre deux poubelles, rue des chasseurs à Montpellier, devant la gendarmerie.

Je l’avais repéré en passant et compris que c’était là son domicile fixe. 

Souvent occupé à des mots croisés, en pleine lecture ou en conversation avec quelque passant, il semblait tenir salon.

J’ai osé l’aborder un peu gênée :

«  Bonjour Monsieur, je vous vois faire des mots croisés… »

Il m’a gratifié d’un sourire engageant, je lui avais apporté des mots croisés et une petite radio…

Nous avons parlé du temps, il faisait froid ce jour là.

Un temps idéal, m’a-t-il dit avec emphase dans un sourire radieux, juste un froid sec comme je les aime. 

 Accroupie à côté de sa couette, je regardais le campement de fortune qui s'étalait derrière lui : butagaz, provisions de conserves, une casserole. Sa « cuisine » n’était pas vraiment nickel mais il m’a fait remarquer qu’il avait l’essentiel. Pas loin j’ai même cru apercevoir le coin bibliothèque plastifié.

Le lendemain, il pleuvait fort et je suis allé m’enquérir de son état avec ma voisine. 

 Il semblait que pour lui, c’était aussi une bonne journée. 

Il nous a confié qu’il était prof de cuisine dans une autre vie et qu’il donnait des conseils à un jeune en formation qui venait le voir de temps en temps. 

 

 

Il nous a aussi dit qu’il avait bon espoir de trouver rapidement un hébergement...

 

Cet homme est un miracle.

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Je n'ai pas osé

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Photo David Galstyan

J'avais tant à te dire

mais je n'ai pas osé.

Au nom de la prudence,

au nom de la raison.

 

J'avais des choses à dire

mais je n'ai pas osé.

Toi, seul sur ton banc,

moi derrière mes rideaux.

 

J'avais beaucoup à dire

mais je n'ai pas osé,

au nom de la réserve

par peur d'embarrasser.

 

J'avais tout à te dire,

mais je n'ai pas osé.

Muette et désolée

j'ai regardé camper,

 

Sous ma fenêtre même,

sur un banc isolé,

sans oser lui parler,

un homme qui souffrait.

 

Je sais, vous me direz :

" Tu n'aurais rien changé ".

C'est vrai, mais j'aurais pu,

rien qu'un peu, partager.

 

Je suis juste plus pauvre

de n'avoir rien donné

et certainement bien veule

de n'avoir pas osé.

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Posologie pour une prise de conscience

12273067884?profile=originalDépression :

C’est le mot vulgaire qu’ont trouvé nos contemporains pour encadrer un sentiment humain qui procède parfois  de la  simple prise de conscience, je dis parfois, parce que la dépression peut être une véritable maladie dont je ne souhaiterais pas parler avec légèreté.  

Là n'est donc pas mon propos.

Je parle de cette tristesse qui peut nous envahir et que nous nous efforçons de balayer pour ne plus l'entendre zonzonner comme un insecte gênant (bourdon ?),  à renfort de pilules et autres expédients

Comment en effet pourrions-nous survivre à la pleine conscience, entre autres, de notre finitude, si nous y pensions trop souvent ?

 Heureusement, nous avons inventé le loisir, l’ étourdissement des sens, l’engourdissement et l’ abrutissement collectif.

A " dépression ", je préfère l'ancien terme désuet de mélancolie, qui en était la version originale.

En faisant entrer la mélancolie dans le domaine de la pathologie, on stigmatise un sentiment humain qui semblerait plutôt normal au vu de ce que nous réserve l’avenir : dans le meilleur et le pire des cas et sans échappatoire, la mort. 

Nous sommes des morts en sursis et pire encore, nous nous savons condamnés.

En faisant de la mélancolie une maladie, nommée " dépression", on va s’employer  à la soigner pour empêcher qu’elle ne s’exprime. On va contribuer à son évitement, exactement  comme on cache la mort dans nos sociétés occidentales, à de rares exceptions près.

 (Exception napolitaine, par exemple, où la mort est copieusement mise en scène au moyen de manifestes exposés sur les murs et  de chevaux harnachés tirant le corbillard /carrosse aux dorures baroques.)

 

 Les grandes questions existentielles,  regroupées sous l’appellation de métaphysique, justement parce qu’elles se situent au-delà des préoccupations physiques et matérielles, n’ont plus droit de cité dans nos sociétés " évoluées ". 

On vous regarde même avec une certaine pitié teintée de condescendance quand vous tentez de les aborder. Un peu comme si vous n’aviez guère dépassé l’âge pubère où elles sont à l’honneur, en compagnie des fleurs du mal  et de votre premier flirt…

Faites-vous soigner !

Effectivement, quelle importance accorder à la métaphysique dans nos vie remplies de ce que j’appellerai des bricoles - question de point de vue ?

Vous croyez vraiment que vous passerez à la postérité parce que vous amenez bravement votre famille en croisière, nous réservant en guise de carte de vœux  la preuve, en format numérique, de votre grand bonheur ?

(Ces envois en pièces jointes, autant vous le dire, n’ont même plus besoin de moi pour prendre le chemin qui les mène à s’immoler.)

 

Si les symptômes persistent, consultez votre médecin.

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