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Publications de Palmina DI MEO (51)

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12273213675?profile=original"Après nous, les mouches"

C’est un spectacle plein de tendresse,

un voyage à travers les souvenirs,

un hymne à l’enfance,

un cri d’amour,

une ode à la vie...

 

C‘est un spectacle écrit par Stéphane Bissot, une actrice solaire, généreuse, qui tourne les pages d’un album souvenir intérieur, se cherche et se perd dans les méandres de la vie, le cœur mélancolique, la bouche rieuse...

 

C’est une invite au partage, un rendez-vous intimiste, une confidence à mi-voix, un appel et un chant d’amour, c’est une histoire personnelle, universelle, humaine, c’est un chemin chaotique, semé d’embûches, peuplé de résonances, de trop pleins et de vides...

 

Ce sont des sons, des voix, des récits aux accents inoubliables, des bribes de conversations, ces sont des images, précises ou floues, des ombres qui s’attardent, que l’on épouse corps à corps, ce sont des gestes quotidiens, un rien sacré, de ceux qui rassurent...

 

« Après nous les mouches », c’est un hommage touchant, un remerciement à ceux qui ont forgé le destin d’une femme restée au fond d’elle-même une petite fille émerveillée, avec un appétit de vivre et un sens de l’humour communicatif.

 

À voir ! Un travail en finesse illustré par un montage vidéo où les photos souvenirs prennent vie, intègrent le spectacle en un ballet évocateur, illustrant la phrase d’ouverture : « Le passé en devant nous, l’avenir est derrière ».

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https://www.youtube.com/watch?v=zhw3Z5WEkPQ

Palmina Di Meo

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12273174883?profile=originalCinéaste multiprimé, habitué des grands festivals, Emanuele Crialese était membre du jury du 14ème Festival du film européen de Bruxelles.

Formé aux États Unis, il réalise en Italie des films de facture européenne universellement appréciés depuis la révélation à Cannes de Respiro, comédie dramatique sur le repli identitaire d’une île. Depuis lors, Ivan Corbisier l’a régulièrement invité à faire partie du jury de son festival. Pour la première fois, cette année, Crialese découvre le festival bruxellois et nous livre ses impressions et son enthousiasme à la découverte d’une programmation originale, qui se distingue des catalogues souvent itératifs des autres festivals.

C’est la première fois que vous êtes membre du jury du Brussels film festival. Quelles ont été vos impressions ? Pensez-vous que la programmation reflète le cinéma européen actuel ?

La sélection des films – c’est ce qui importe - est très intéressante et cohérente. J’aime les festivals mineurs ou qui sont considérés comme tels par rapport à d’autres, non pas parce qu’ils sont moins bien mais parce qu’ils présentent des œuvres que l’on ne verra nulle part ailleurs. Et souvent, ces films sans budget sont très enrichissants. Personnellement, j’y trouve une source d’inspiration.  Il est important d’encourager ce cinéma-là et de permettre de découvrir des films qui ne sont pas mainstream. Dans des festivals comme celui-ci, on  trouve de véritables perles.

En fait il ne répond pas à la question et il dit un contresens : il y a un leitmotiv, mais ses films sont très différents. Quel est le leitmotiv ?

Parmi les 4 films que vous avez réalisés, il y en a un, Respiro, qui ne parle pas d’émigration. Respiro c’est surtout un portrait de femme…

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Oui. Il s’agit d’une femme qui va être chassée de l’île (la Sicile) parce que ses habitants ne la considèrent pas assez « normale » pour être acceptée dans l’île. Le thème ne change pas. Il y a toujours une aliénation. Une communauté décide arbitrairement d’exclure une femme que l’on ne peut pas juger parce qu’elle ne fait rien de mal, mais comme elle est assez libre, anti-conventionnelle, la petite communauté estime qu’elle doit se faire soigner et qu’elle doit le faire hors de l’île, qu’elle doit se cacher. C’est presque une tentative de confinement, d’exil. L’exil est nécessaire pour pouvoir revenir après l’intégration des règles. Dans Nuovomondo, c’est le contraire. Là, c’est une famille entière qui décide d’évoluer et d’aller vers l’Amérique. Pourquoi je dis « évoluer » ? On utilise beaucoup le mot « immigration » tout en faisant un lien instantané avec notre actualité. Mais l’immigration, c’est quoi ? Depuis la nuit des temps, depuis que l’homme se tient sur ses deux jambes, il émigre et il découvre ! Pour moi, « immigration » signifie mouvement. Et le mouvement, c’est l’évolution… C’est aussi pour cela que j’aime le cinéma, parce que c’est cinétique. Tout comme il y a un cinétisme que l’homme doit suivre pour devenir plus moderne.  L’immigration, je la vois comme un grand mouvement qui ne s’est jamais arrêté dans l’histoire de l’homme mais qui a reçu des appellations différentes au gré de nos convenances : « phénomène sociologique, anthropologique, politique… ». Moi je dis que c’est un phénomène humain. C’est le courage d’un homme, d’une femme, d’un enfant, de dire : « Je pars et je vais découvrir. » La planète Terre nous appartient à tous. Je suis un peu obsédé par ces questions. Personnellement, je sens que si je n’avais été aux États Unis - j’ai choisi les Etats Unis mais je pouvais choisir la France ou je ne sais pas, l’Angleterre - mon évolution ne pouvais pas être complète. J’ai découvert une nouvelle culture, je l’ai comparée avec la mienne, j’ai appris de cette culture-là et j’ai évolué. Alors, on parle de l’Afrique, on dit tellement de choses sur les Africains, on se vante d’envoyer des aides, de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour développer les régions, le pays… Mais, on ne peut pas interdire à des pays, à des continents, de connaître le monde. Bien sûr, aujourd’hui il y a la télévision. Mais on ne peut pas connaître le monde à travers la télévision. Il faut bouger. Tout comme il faut bouger quand une relation ne fonctionne pas. Il faut aller vers autre chose, il faut grandir. Et l’émigration pour moi c’est cela, c’est un effort éprouvant pour l’homme, qui risque sa vie pour y arriver. Cela fait partie des droits de l’homme. Émigrer, partir, connaître se développer… cela ne se discute pas…12273175285?profile=original

Parlons de la programmation du festival européen de Bruxelles. Avez–vous remarqué des préoccupations communes dans les films présentés ?

J’ai vu une solitude, une solitude abyssale. Des personnages seuls, sans aide face à des choix et qui en arrivent à commettre des actes inhumains. Notre monde est individualiste, nous avons perdu le sens de l’appartenance. Je suis moi-même, bien sûr, mais je suis aussi une partie de la communauté. L’homme aujourd’hui est derrière son écran, occupé à inventer sa propre identité. Et à la perdre en même temps parce qu’il n’y plus de confrontation ouverte, il n’y a plus de face à face, les yeux dans les yeux, comme dans les années 80 – on se réunit et on part ensemble et on communique. Non ! Maintenant tout est virtuel, ‘j’ai peur de toi et je ne te regarde pas dans les yeux car tu peux être une menace pour moi’. Notre civilisation va dans ce sens. Ce n’est pas évolutif. Et c’est dans les milieux les plus aisés que je constate les plus grandes frustrations, les plus grandes solitudes : l’homme et la femme, seuls, face à face avec les questions d’argent, de compétition, et une fenêtre constamment ouverte sur le monde dans la solitude de leur appartement.  Mais cette fenêtre ne s’ouvre pas sur un paysage réel, elle s’ouvre sur un horizon virtuel, créé de toutes pièces, pas même imaginaire. On nous présente une réalité manipulée. Si vous ne possédez pas les instruments critiques pour comprendre ce qu’est une nouvelle journalistique, médiatique, honnête, vous êtes foutu.

Mais j’ai aussi trouvé dans les films que j’ai vus beaucoup de construction de personnages intéressants, des antihéros. C’est une caractéristique européenne. Car si l’Américain se ment à lui-même, nous, Européens, nous n’y arrivons pas.

La différence systématique faite entre le cinéma européen et le cinéma américain est-elle pleinement justifiée selon vous ?

Aux Etats Unis, le dénominateur est la conquête de l’Amérique. Ils se sentent similaires et ils le sont. Ils défendent la patrie. La possibilité de détenir un pistolet découle de cela, du statut de pionnier. En Europe, nous avons chacun notre identité propre et nous essayons de la définir de jour en jour.

Il y a aussi des exceptions en Amérique aujourd’hui. Le cinéma d’auteur commence à émerger. Je pense à Alejandro González Iñárritu qui est Mexicain, ce n’est pas une coïncidence. Bien sûr, on subit l’invasion des blockbusters. Mais comment pourrait-on le contrôler ? Pour filmer le débarquement en Normandie, ils ont des moyens que nous n’avons pas. Et pourquoi cela ? Parce qu’en Amérique, il n’y a pas d’argent public. Pour faire un film de 100 millions, il faut de l’argent venant des investisseurs et bien sûr, ils veulent récupérer leur mise. Nous avons donc plus de liberté pour promouvoir la culture. Et ce qui est malheureux, c’est de voir des cinéastes en Europe tenter de réaliser des films sur le modèle américain, sans succès évidemment.

Le contexte économique est-il meilleur aujourd’hui pour le cinéma italien ?

La grande nouveauté pour les auteurs en Italie, c’est la coproduction, la possibilité de sortir de la botte. Parce que l’argent va surtout aux distributeurs, aux producteurs. Mais le distributeur n’a aucun intérêt à promouvoir le film puisqu’ il est déjà gagnant avant même de faire son travail. Par les codistributions internationales, on la chance d’être remarqués ailleurs et c’était le cas pour Respiro. Je suis devenu réalisateur grâce à Cannes. Personne n’avait vu Respiro en Italie. Il est sorti en France en tant que petit film indépendant avec des sous-titrages et il a cartonné. Mais sans la France, le film serait resté à l’affiche trois jours au plus dans les salles italiennes.

Votre prochain film parlera-t-il aussi d’émigration ou d’immigration ?

Non, basta. On dit qu’un auteur réalise toujours le même film. Je crois que je vais toujours explorer le thème de l’aliénation, de la solitude, de la nécessité de comprendre le monde et de se faire comprendre. Il y a en moi cette recherche de l’équilibre à trouver entre l’identité d’un individu et celle du monde qui nous entoure, entre l’ambition personnelle et l’idéal de la société dans laquelle nous vivons - tout comme dans la famille où il faut trouver la goutte commune. J’ai écrit deux nouveaux scénarios sur le thème du déracinement. Vous connaissez l’histoire de l’être humain, non ? Il était une fois un petit poisson (au début nous étions tous poissons, sans poumons)… La lutte pour la survie était devenue tellement dure, que le petit poisson a sauté hors de l’eau sur la pierre. Il était là sur le point de mourir. Un autre l’a suivi, l’un est peut-être mort mais l’autre a ouvert la bouche et a inspiré un grand coup, et il est devenu un dinosaure. Aujourd’hui il n’est pas question de corps. On doit se métamorphoser dans nos consciences, en revenir à des rêves d’enfant. Que fait-t-on pour nos enfants, pour le futur ? Où vont nos arbres, notre planète ? Si on ne réussit pas ce petit pas évolutif, on risque peut-être de disparaître. J’attends ce moment dans l’histoire - maintenant ou dans mille ans. L’évolution m’intéresse mais je crains que ce ne soit pas pour bientôt. Je crois que nous sommes dans le Moyen Âge de la modernité…

Interview réalisée par Palmina Di Meo

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12273144658?profile=originalWELCOME HOME est un film lumineux. Sur le motif du désir de tout larguer pour parcourir le monde, Philippe de Pierpont réussit le portrait juste et contrasté d’une jeunesse en mal de référents.

 

Lucas et Bert sont deux jeunes adultes en rupture. Leur environnement n’offre rien de motivant et ils ont la sensation de ne pas cadrer avec la route que l’on trace pour eux. Personne n’est là pour consolider une estime de soi défaillante.

L’énergie du désespoir et l’amitié qui les lie vont attiser une impulsion folle, celle de tout quitter pour faire face au monde, à la liberté.

Mais leur fugue se transforme rapidement en cavale, les événements s’enchaînant avec leur lot de dérapages.

Un apprentissage de la vie en mode accéléré avec des moments d’extase et des revers, un chemin au bout duquel de haltes en étapes, s’ébauche leur véritable naissance.

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Arthur Buyssens (Bert) et Martin Nyssen (Lucas) sont les révélations de ce tandem maladroit. Leur jeu instinctif nous les livre, démunis mais cabrés, tels deux funambules en équilibre instable entre les vicissitudes de la vie. Au plus près d’une caméra qui n’hésite pas à traquer leur moindre frémissement, ils fascinent et attendrissent.

 

Nous avons rencontré Philippe de Pierpont lors de la présentation de son film au BE.Film festival.

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Philippe de Pierpont : Ce n’est pas un film sur l’adolescence. C’est un film sur l’audace. L’audace du choix de la liberté !  …qui est toujours un choix difficile. Il y a des adultes qui n’ont pas d’audace. Il faut du cran pour cela et la liberté se paie toujours très cher. Mais c’est parce qu’ils ont fait ce choix, qu’ils ont pu vivre ce qu’ils ont vécu et prendre conscience de qui ils sont réellement.

 

C’est aussi un film où l’amitié, la solidarité compte autant que l’audace…

 

Philippe de Pierpont : Je les ai voulus un peu comme le petit et le grand frère. Bert à 18 ans, il est en apprentissage et Lucas a 16 ans et est lycéen. On croit à un moment que le plus jeune sauvera l’aîné alors que pas du tout. Les rapports s’inversent constamment. Le film bascule comme un thriller. Il y a un parcours initiatique. Ce qui est intéressant, c’est qu’ils ne font pas ce à quoi on s’attend. Mais c’est parce qu’ils ont choisi la liberté, qu’ils peuvent s’en sortir. Et on constate à la fin qu’ils font des choix très différents.

 

Le fait d’enseigner et d’être en contact des jeunes, est-ce une source d’inspiration ? Le même thème pourrait être traité avec des adultes.

 

Philippe de Pierpont : Bien sûr, il y a des adultes qui n’ont pas d’audace. Et d’autres cinéastes l’ont très bien mis en scène.

Moi-même, j’essaie d’avoir un peu d’audace tous les jours. C’est certain que les jeunes m’inspirent. Quand mes étudiants ont vu le film, ils m’ont dit: « Cela parle de nous. Ce ne sont pas des ados de cinéma, c’est vraiment nous… » J’ai su que je ne m’étais pas trompé.

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Les deux comédiens ont-ils reçu une formation ? Avez-vous eu l’impression de les diriger ?

 

Philippe de Pierpont : Non, pas du tout. Mais ce sont de vrais comédiens. Ils ne sont pas du tout comme ça dans la vie.

Le plus important dans un film, c’est le casting.  Si on se trompe au casting, alors oui, on doit diriger mais sinon pas. Je pense même qu’ils sont les plus professionnels des acteurs de leur génération.

 

Vous venez du genre documentaire… Quel est l’apport du documentaire ?

 

Philippe de Pierpont : Le documentaire a été mon école. Cela m’a donné une aisance à saisir l’instant présent et ce qu’il peut apporter, mais aussi une sensibilité pour capter la lumière.

 

Avez-vous encore des projets de films documentaires ?

 

Philippe de Pierpont : Je travaille sur un documentaire que je tourne au Burundi depuis 25 ans. Nous avons commencé quand les protagonistes avaient 6 ans et depuis, on les suit. Mais eux, ce sont des parias de la société, donc on ne peut pas les sauver…

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Le film est monté comme un thriller. C’est un peu un jeu de pistes où tout peut basculer à tout moment. Quelle a été l’importance du montage ?

 

Philippe de Pierpont : Le film représente trois ans d’écriture et est passé par 17 versions de scénarios. Mais il est vraiment apparu au montage. C’est là qu’on a fait des choix décisifs.

Chez moi, instinctivement, la fin est généralement très sombre mais alors l’audace n’aurait pas été payante… On a beaucoup hésité…

 

Pourquoi ce film à ce moment-ci de votre vie ?

 

Philippe de Pierpont : Avec ce film, j’ai touché à quelque chose d’important pour moi et dont je ne suis qu’au début… J’ai la certitude d’être devant une porte qui s’ouvre. D’ailleurs, le prochain film sera un film sur l’audace.

Mais cela se passera en Afrique et ce sera un thriller…

 
Propos recueillis par Palmina Di Meo

 http://www.dailymotion.com/video/x38tp37

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12273097882?profile=originalIvan Corbisier, vous avez repris la direction du festival en 2010, vous pourriez faire un bilan des cinq dernières années. Le festival est-il devenu de plus en plus européen ?
Il est européen depuis 13 ans. Au début, il y avait des sections européennes mais il y avait aussi des films américains ou autres. Mais depuis treize ans, le festival est consacré au cinéma européen sauf que me prédécesseurs privilégiaient les premiers et les deuxièmes films donc les films de jeunes auteurs. Depuis 5 ans, on a ouvert le festival à tous les auteurs, connus ou pas. Ce qui permet deux choses. Primo, de suivre des auteurs que l’on a découverts il y a quelques années et ensuite, d’inviter des réalisateurs ou des acteurs plus connus comme Jacques Doillon, Jérémy Régnier, Vincent Lannoo… La politique éditoriale a changé elle aussi avec des conséquences sur les invités, l’intérêt des médias pour le festival.12273098485?profile=original
La ligne éditoriale, elle est décidée en amont ou bien se dessine-t-elle en cours de sélection ?
La ligne éditoriale est décidée avant. On recherche des films d’auteurs, des gens qui ont quelque chose à dire et une manière de le dire. Soit ce sont des sujets originaux traités de manière géniale, soit ce sont des réalisateurs qui arrivent à créer un film de qualité esthétique mais on privilégie les auteurs, les cinéastes qui ont un regard. Au-delà de cela, ils peuvent venir de toute l’Europe géographique et quel que soit leur genre, que ce soit du drame, de la comédie, du thriller ou autre… C’est tout l’intérêt de la recherche en cinéma. Donc la ligne éditoriale, c’est une base. Mais, selon les années, tout peut changer. Cette année, par exemple, on a plus de films du Nord de l’Europe que du Sud, simplement parce que le cinéma nous semblait plus intéressant et plus riche au Nord qu’au Sud ! Et c’est vrai que cela fait deux ou trois ans que c’est le cas. Je pense que tout cela est lié à la crise. Le cinéma en Espagne et en Italie ne se porte pas super bien, donc on trouve moins de films que par le passé dans ces régions; en revanche, le cinéma scandinave est plus riche. Ce qui se dégage aussi, c’est la tendance des cinéastes à traiter des sujets universels, des sujets d’actualité, sociaux, économiques liés bien sûr à la crise. Mais cela devient clair à posteriori, et non pas d’emblée, car nous allons bien sûr à des festivals comme celui de Berlin, de Cannes ou d’autres mais nous recevons aussi des films de tous les vendeurs, de tous les producteurs européens. Et on cherche à en voir un maximum. Ici, on en a vu 800.
Ne trouvez-vous pas paradoxal que les pays du Sud, qui sont les plus marqués par les mesures d’austérité n’aient pas développé un cinéma créatif en ce sens ?
Je pense que le problème de l’Espagne, de l’Italie et d’autres pays, c’est que leur cinéma, peut-être à cause de la crise, mais c’était déjà le cas avant, sauf que cela s’accentue… En fait, y a deux sortes de cinéma: il y a le cinéma qui est fait pour la télé et pour l’instant, c’est vraiment le propre du cinéma du Sud parce que c’est le seul financement qu’ils trouvent - vu que les pouvoirs publics n’ont plus d’argent ou le mette ailleurs que dans la culture ou le cinéma - il y a donc ce cinéma de télé, de divertissement, qui n’est pas toujours de très bonne qualité, mais, ma foi, le dimanche soir devant la télé, cela passe; sauf que c’est un cinéma qui n’a pas un niveau suffisant pour concourir dans un festival international car à côté, il y a un cinéma d’auteur avec des gens qui parviennent à trouver des financements et c’est le cas du cinéma du Nord de l’Europe.
Pensez-vous qu’il y a une identité dans le cinéma européen ou qu’il y a un lien entre les différentes identités européennes ?
Le propre du cinéma européen c’est d’être un cinéma qui entre guillemets a la caractéristique d’être un cinéma artisanal. C’est un cinéma d’auteurs, d’artistes qui ont envie de dire des choses et ce ne sont pas des « entertainers » comme on dit aux États-Unis. Aux États-Unis, il y a aussi des gens qui disent des choses, il ne faut pas non plus caricaturer le cinéma américain, ce n’est pas le propos ; mais c’est une industrie du divertissement. Et donc, le cinéma américain est le plus fort avec 80 à 85% de fréquentation en Belgique, puisque c’est du divertissement pur… en tous cas, celui qui arrive en Belgique. En Europe, on est plus dans une réflexion quand on fait du cinéma… mais, il y a aussi des films de divertissement... Malgré tout, ils sont moins nombreux et je dirais que même dans les films divertissants, il y a souvent un fond solide… « Intouchables » qui a raflé tous les records de fréquentation parle aussi de choses graves comme le handicap. Le cinéma européen réfléchit plus sur notre monde.
La ligne éditoriale choisie, le contexte de la crise, a–t-elle mobilisé le public ? Constatez-vous une affluence plus importante cette année, par rapport aux autres années?
Le fait d’ouvrir le festival au-delà du premier et du deuxième a attiré le public. Jusqu’au premier, au deuxième film, nous sommes dans une ligne l’art et d’essai, de cinéphiles purs et durs. Ici, tout le monde peut trouver son bonheur, il y a des avant-premières, des réalisateurs plus connus et plus accessibles qui interpellent les médias, en général peu intéressés par des réalisateurs inconnus en Belgique…
Quels ont les critères de sélection d’un film pour qu’il aille en compétition ?
Nous somme une petite dizaine à visionner les films. On travaille en comité et avant de placer les films dans telle ou telle section, plusieurs personnes les ont vus. Chacun a donné son avis. Pour la compétition, on essaye de retenir les films les plus récents : c’est donc déjà un aspect technique qui n’est pas lié à la qualité du film. On essaye de sélectionner des films qui n’ont pas fait le tour des festivals, pour avoir une primeur. Il arrive cependant que certains films aient déjà été montrés dans plusieurs festivals d’Europe et même remportés des prix. Certains pays européens produisent peu de films et il peut arriver que l’on fasse concourir des films qui ont déjà une carrière internationale. Au-delà de tout ceci, on choisit les films qui nous paraissent les plus novateurs… là où on trouve un regard sur la manière de faire un film… ceux qui illustrent la richesse du cinéma européen. C’est ainsi que s’élabore la sélection pour la section «Compétition». La section « Panorama » présente des films de moindre qualité innovatrice. En tant que vitrine du cinéma européen, on cherche à proposer des films qui ont déjà été vus dans les festivals mais pas encore en Belgique et qui ne seront sans doute jamais un créneau. Nous avons aussi créé des sous-sections pour aider les gens à s’y retrouver. On a les "Masters" avec des réalisateurs déjà connus. Cette année, par exemple, nous avons retenu Cristina Comencini, une réalisatrice italienne très connue. Son film est très bien mais on ne l’a pas trouvé suffisamment original que pour le mettre en compétition.
Pour la compétition européenne, est-il important d’avoir une répartition géographique équilibrée ?
Non, ma politique est de représenter un maximum de pays européens. Mais si une année, il n’y a pas de bons films en Espagne… ou en Allemagne, ou peu importe où... on n’en montre pas. Je trouve que c’est desservir une cinématographie que de s’imposer de représenter tous les pays et de montrer le film qui n’a pas convaincu, histoire d’être représentatif ! Je trouve cela contreproductif. Il y a beaucoup de festivals qui le font; moi, j’ai toujours refusé. Nous, on choisit des films, pas des pays. Bien sûr, on évitera de proposer dix films islandais, mais ce n’est pas notre but de sélectionner suivant la nationalité.

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Les films belges sont bien représentés dans les projections en plein air mais il n’y en a pas en compétition…
C’est vrai que l’on a beaucoup de films belges cette année, surtout en extérieur avec deux avant-premières. On a aussi eu la grande avant –première de « Je suis mort mais j’ai des amis » qui a attiré beaucoup de monde, que nous trouvions très drôle, très divertissant mais qui, malgré toutes ses qualités, n’avait pas sa place en compétition. Mais on espère avoir un film belge en compétition l’une ou l’autre année, bien sûr.12273099071?profile=original
Est-il vrai que vous êtes propriétaire du festival, que vous l’avez acheté ? Qu’est-ce que cela implique ?
Des dettes ! (rires). Comme pour les autres festivals, c’est une asbl qui gère le festival, je ne suis pas propriétaire personnellement. C’est l’asbl qui est propriétaire d’un nom, d’une identité. On parle de 13 éditions mais le festival en compte en réalité 47 sauf qu’il s’est arrêté, puis qu’il a repris, puis s‘est encore arrêté et a encore repris. Ce festival est un héritage de longue date. Il y avait un autre directeur qui a désiré ne plus s’en occuper. Je lui avais proposé de prendre sa suite. Il a mis trois ans pour se décider, puis finalement, c'est lui-même qui l'a proposé.


Le choix de X+Y en clôture, c’est un coup de cœur ?
C’est un coup de cœur et aussi un choix de montrer la diversité. Puisqu’on a ouvert avec "La loi du marché", un film que je trouvais très fort et que l’on avait choisi bien avant les résultats de Cannes – et qui est un film dur, je voulais terminer sur une note plus positive. X + Y est un film émotionnel, sensible, touchant et qui est un film good movie. Je n’avais pas envie de terminer sur un drame mais sur une note d’espoir…

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Propos recueillis par Palmina Di Meo

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BEfilm festival, dix ans de cinéma belge

12273069286?profile=originalLe BeFilm festival, c’est par tradition un rendez-vous de cinéma festif. Pour cette édition anniversaire, Celine Masset et Pascal Hologne ont invité les stars et les réalisateurs à s’improviser  Dj’s et c’est Fabrizio Rongione, le parrain du festival qui animait l’ « anniversary party » du 27 décembre.

Toutes les infos sur http://befilmfestival.be

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Le Bozar et la Cinémathèque sont les fidèles partenaires de l’association « Un soir, un grain » qui organise cette rétrospective annuelle du cinéma des deux communautés culturelles avec ses rencontres d’artistes au bar du festival ou ses Q&A après les projections. Un festival pour le plaisir, faut-il le rappeler, sans esprit de compétition.

 

En avant-première, le public12273069299?profile=original, venu nombreux à la soirée d’ouverture, a pu découvrir Melody, le second film de Bernard Bellefroid (Prix du public et prix Cinevox au FIFF). Un film qui sonde le désir d’enfanter, la solitude, le besoin d’amour dans la rencontre et le regard croisé d’une mère porteuse et d’une mère sociale. Le scénario s’éloigne par endroits de son sujet au profit d’un suspens admirablement servi par les deux actrices Lucie Debay et Rachael Blake, prix d’interprétation féminine ex æquo au festival International des Films du Monde de Montréal. La sortie du film est prévue en Belgique en mars 2015. Dans la même vague, Post Partum, le premier film de Delphine Noëls plonge dans l’introspection d’une dépression qui vire à la démence. L’idée du scénario émane de bribes de confidences familiales, étoffées par des recherches personnelles et des conseils de spécialistes. Le résultat donne un film qui s’autonourrit d’angoisse, d’une détresse ravalée, cravachée par le montage à rebours d’Erwin Ryckaert. Ce film sans concessions est porté par Mélanie Doutey dont c’est également le premier grand rôle. Le film est en lice pour le Magritte du premier film.

Interview de Delphine Noëls sur http://www.cinergie.be/webzine/post_partum_de_delphine_noels

 

Dans la catégorie des courts, Une brume, un matin, première réalisation de Nicolas Buysse et Joachim Weissmann, a ouvert le festival. De belles images associant états d’âme et déchaînements naturels, nostalgie et réalité sur fond de romantisme noir.

Parmi les douze courts métrages sélectionnés pour les Magrittes et projetés dans la journée de samedi, on a pu voir ou revoir des travaux de fin d’études comme celui de Sarah Hirtt En attendant le dégel (présenté à Cannes). Dans la catégorie film d’animation, sont retenus : Le labyrinthe de Mathieu Labaye, composition sur l’enfermement ; Deep space de Bruni Tondeur, sur les traces d’un astronaute à la recherche d’une espèce intelligente (La Cambre) ; Les Pécheresses où Adam finit par sauver Ève, de Gerlando Infuso (Prix du jury au FIFF) ; ou le tendre et désopilant rêve de Stéphane Aubier et Vincent Patar: La bûche de Noël (Grand Prix du court métrage du New York Int'l Children's Film Festival, Cartoon d’or, Prix Sabam).

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Sont également sélectionnés et déjà récompensés : Solo Rex de François Berry, un film d’une fraîcheur et d’un humour sans tâche sur les maladresses d’un premier flirt (Prix du meilleur court métrage international) ; La part de l’ombre entre documentaire et surréalisme d’Olivier Smolders (Prix du meilleur court métrage au FIFF) ; le grinçant Millionnaires ou comment perdre 5 millions à la loterie de Stéphane Bergmans (Prix CineLab, Prix, Meilleure fiction au festival Interfilm de Berlin) ; Elena de Marie Le floc’h et Gabriel Pinto Monteiro (Prix Arte), lui aussi sur le thème de l’interruption de grossesse ; L’être venu d’ailleurs, documentaire portrait drôle et insolite de Dédée, prostituée en vitrine de Guy Bordin et Renaud de Putter (Meilleur CM international en Acadie, Prix du public Doc en courts ; Osez la Macédoine sur l’exclusion sociale de Guérin Van de Vorst (Grand Prix du Court qui en dit Long) ; et Les corps étrangers sur la différence et le regard des autres de Laura Wandel (Sélection officielle Cannes 2014). Si vous les avez manqués, suivez la programmation du Brussels Short film Festival (23 avril au 3 mai 2015) et ses rétrospectives.

Infos sur http://bsff.be/

 

Sur les 24 longs métrages et parmi les plus médiatisés, nous revenons sur une découverte esthétique : Lucifer de Gust Van den Berghe (Grand Prix au Festival International du Film Black Nights à Tallinn, sélection festival de Rome), un film déroutant qui forme une trilogie avec Little Baby Jesus et Blue Bird (Mention spéciale Festival de Gand 2011). Le film est le reflet d’un miracle, celui du rêve d’un monde nouveau. L’idée découle d’un désir d’expédition à la recherche d’un volcan observé sur Internet pour aboutir à la découverte du village où sera tourné l’entièreté du film, avec les habitants locaux pour seuls acteurs sauf les deux rôles de Lucifer (un prétendu « ange » qui débarque un beau matin et séduit la naïve Maria (aucune jeune fille ne voulant interpréter le rôle d’une fille enceinte). L’originalité de l’œuvre réside dans son format en « Tondoscope », une technique nouvelle qui présente la particularité d’empêcher les plans larges. L’image est confinée dans le cercle à 360° figurant à la fois l’œil de Dieu, de la caméra, le cratère d’un volcan, les contours étouffants et infinis d’un coin du monde sans issue. On tourne autour de l’œil, en processions, on grouille autour du trou, légèrement hébétés. Il n’est pas interdit de rire : c’est la recommandation du cinéaste. D’ailleurs les habitants du village ont tous beaucoup ri lors de la projection du film au Mexique. Gust van den Berg avoue être séduit par les images et la philosophie de la Renaissance. De son aveu, son processus créatif part d’une idée pas très claire de prime abord, issue de ses lectures, d’une envie de voyage. Un scénario sommaire s’approprie ensuite peu à peu sa propre vie. De ses choix progressifs, nait une réalité préexistante.

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La trilogie complète de Gusto Van den Berghe sera projetée au cinéma des Galeries le 19 février.

 

« Un soir, un grain » clôturera 2014 par sa traditionnelle party de la Saint Sylvestre au Comic’Art.

 

Palmina Di Meo

 

 

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12272998672?profile=originalJusqu’au 3 août, le Palais des Beaux-Arts offre au grand public une introspection dans l’imaginaire de l’artiste belge contemporain Michaël Borremans. La puissance évocatrice de ses œuvres le place au premier rang des plasticiens de sa génération. Une initiative majeure dans le paysage culturel européen.

Diplômé du Collège des Arts et des Sciences de Saint Luc à Gand, Michaël Borremans commence une carrière d’enseignant, de graveur et de photographe avant de se lancer bien plus tard dans la peinture. Ses premières expositions révèlent d’emblée un talent affirmé, une maturité artistique qui au-delà de l’esthétisme, renvoie au discours social, politique et culturel. Héritier de Velasquez, de Goya ou de Manet, influencé par la littérature, la photographie, le cinéma, la culture pop, l’œuvre de Michaël Borremans est la fois contemporain et intemporel. Sa peinture, qu’il qualifie lui-même de suggestive, ouvre l’espace imaginaire à la manière d’autres maîtres belges comme René Magritte ou Paul Delvaux. Mais que l’on parle de surréalisme, de réalisme magique ou de symbolisme pour qualifier ses compositions mystérieuses, sa signature inscrit la cassure, le rêve avorté.

12272999079?profile=originalSous le pinceau de Michaël Borremans, le monde familier, réel, tourne autour de lui-même pour dévoiler son aliénation et ses plaies. Comme dans une représentation théâtrale, la réalité se colore d’une dimension absurde. Les jeux de symétries, l’alternance entre représentations sérielles et détails intimistes pénètrent les zones frontières entre ce qui est exposé et ce qui est occulté. Il en résulte une impression de réalité figée, fragile, coulée dans une mélancolie et une tristesse diffuse. Son sens de l’espace et de la lumière font que toutes ses toiles gardent, en dépit d’un pessimisme et d’une déchirure évidents, une beauté fascinante et presque effrayante. Les sujets surgissent comme des natures mortes, stéréotypes d’hommes et de femmes, symboles fantomatiques d’un siècle où la désillusion l’emp12272998858?profile=originalorte sur l’idée de bien-être. L’iconographie de Borremans s’approprie les cadrages et les plans cinématographiques au profit d’un langage pictural dans lequel les contrastes ne se focalisent pas sur les couleurs (« les couleurs fortes ont leur langage propre et cela ne m’intéresse pas, dit-il) mais sur les superpositions d’échelles de plans, sur les signifiants. Par le choix des angles, la fragmentation et la recomposition des images, il brise la quiétude des représentations et suscite un étonnement que l’on qualifie d’hallucinatoire. La mise en perspective des diverses facettes de son travail témoigne d’une construction déstabilisante où l’esthétique joue sur la pâleur des sujets en accord avec le climat brumeux de la Belgique, source d’inspiration pour l’artiste.

C’est en 2002 qu’il s’attèle à une série de travaux dont chacun est l’amorce d’une série d’images interconnectées et constamment revisitées sous forme de dessins, de toiles ou de films comme « The House of Opportunity » qui compte déjà 18 travaux autour d’une réflexion sur l’architecture vue comme la transposition du rêve et de la métaphysique du monde. Une démarche similaire sous-tend les projets « The Journey » ou « The Automat  ».

Michaël Borremans a commen12272999260?profile=originalcé à travailler sur base de photos découpées dans les magazines ou prises sur Internet pour évoluer ensuite vers des modèles vivants qu’il dirige selon ses propres scénarios. Au fil du temps, il a développé une activité de cinéaste absente de narration, où le film fonctionne comme un tableau (v. The Storm – 2006), où les angles de prises de vue et les variations de la lumière sont les véritables protagonistes. Travailleur acharné, il aime s’imposer des rituels comme ceux d’inaugurer un costume neuf chaque fois qu’il entame une nouvelle recherche et d’éviter les contacts sociaux jusqu’à la touche finale. http://www.rectoversomagazine.com/l...

L’exposition « As sweet as it gets » est organisée en deux pôles : des tableaux à grande échelle et des toiles plus réduites et intimistes. Une centaine de travaux (peintures, dessins et maquettes provenant de collections privées et publiques) et 5 films explorent leurs relations mut12272998871?profile=originaluelles.

La Cinémathèque a offert à Michaël Borremans une carte blanche de quinze films. On y découvre parmi d’autres titres : L’obsédé de William Wyler, Inland empire de David Lynch, Frenzy de Hitchcock, Bellflower de Evan Glodell , Images de la vie de Douglas Sirk et… Le fils des frères Dardenne (à découvrir du 1er mars au 30 avril).

L’exposition quittera Bruxelles cet été pour s’installer d’abord à Tel Aviv, à Dallas ensuite.

Palmina Di Meo

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12272991077?profile=original350 ans après sa mort, la Belgique rend hommage à l’un des principaux peintres baroque de l’âge d’or espagnol. Avec 50 tableaux majeurs provenant de musées internationaux et de collections privées, il s’agit d’une première dans la tentative de reconstituer l’œuvre intégrale de celui qui fut considéré comme "Le Caravage espagnol ».

Organisé en collaboration avec la Fondation Ferrrara Arte, l’évènement récupère et prolonge l’exposition qui vient de fermer ses portes en Italie au « Palazzo dei diamanti », un édifice d’architecture Renaissance au cœur du centre historique de Ferrare. Pour Bruxelles, la sélection proposée par le Musée des Beaux-Arts de Séville et le Musée national du Prado de Madrid a tenu compte de l’architecture Horta du Palais dans l’organisation de la chronologique du langage pictural de Zurbarán. Depuis ses œuvres de jeunesse inscrites dans le mouvement des grands courants picturaux du XVIIème jusqu’à ses dernières productions plus personnelles et poétiques (après la grande peste noire et la nécessité de trouver une clientèle durant la période de famine qui suivit), la peinture de Zurbarán est traversée par la fulgurance de la lumière, compositions contrastées d’un effet cinématographique saisissant. Peintre à succès de son vivant, il fut très apprécié à partir du XVIIIème siècle jusqu’à la seconde moitié du XIXème et a inspiré les Romantiques jusqu’à Manet et même Morandi, Dali et Picasso. Cees Nottebaum, auteur néerlandais, a contribué à restaurer la popularité de ce maître de la peinture mystique.

On a souvent reproché au Bozar de passer à côté des œuvres majeures des artistes exposés. Ce n’est certes pas le cas ici. Ne possédant aucune collection propre, le Bozar n’a rien à offrir en échange de prêts par les grands musées internationaux. Cependant, la qualité de ses manifestations et leur fréquentation par un public international ont gagné la confiance des grandes institutions. La rétrospective offre ainsi l’opportunité rare d’admirer pour la première fois quatre œuvres récemment découvertes et restaurées : L’apparition de la Vierge à Saint Pierre Nolasque , Le mariage mystique de sainte Catherine d’Alexandrie , Saint Nicolas de Bari , L’Archange Gabriel et Saint François . Fidèle à sa vocation, le Bozar inscrit l’événement dans une aventure sensible pluridisciplinaire à laquelle s’associent Bozar Cinema et Bozar Musique. Bozar Cinema propose de voyager dans l’œuvre d’Albert Sera, un artiste mystique choisi pour son rendu des paysages, son goût pour les contrastes et la réduction des dialogues.

12272991479?profile=originalCôté musique, le Bozar s’est livré à un travail de recherche en collaboration avec Paul Van Novel pour dénicher des musiques anonymes inconnues. Un CD sera mondialement distribué sous le label Cypres et le Huelgas Ensemble. En point d’orgue, des concerts nocturnes durant toute la période de l’exposition sous le titre L’Intime et le sacré avec notamment des œuvres de Byrd et Haëndel. Un spécial live est prévu le 26 mai lors de la clôture de l’exposition. Trois pauses musiques offrent un décor sonore au parcours pictural avec un Agnus Dei de Diego de Pontac (1603-1654) (en réponse à l’agneau aux pattes entravées de Zurbarán provenant du Musée de San Diego), un Miserere mei Deus (psaume) de Andrés Barea (1610-16870) et Dos estrellas le seguen , une romance de Manuel Machado (1590-1646), compositeur d’origine portugaise. Les artistes contemporains traditionnellement associés sont Craigie Horsfield pour ses peintures s’inscrivant dans le contexte de la renaissance de la tapisserie flamande et Cristina Iglesias, sculptrice espagnole, pour ses inscriptions d’oeuvres monumentales dans l’environnement.

«  L’art a été fait pour la religion et la religion pour l’art  », ce serait une formule de Zurbarán dont la plupart des œuvres étaient destinées à des ordres religieux dominicains ou franciscains. Grand mystique lui-même, il passe maître dans l’art d’interpréter et saisir l’extase religieuse au quotidien. Sa modernité s’exprime dans le naturel et la simplicité des scènes dépourvues de toute transcendance où les sujets et les saints se côtoient d’égal à égal. Dans le contexte de la Contre-Reforme, l’objectif de la représentation est de toucher le spectateur (Dieu est dans vos casseroles) et de l’inciter à l’imitation et à la dévotion. Dans ce cadre, il développe un style personnel qui inclut le miracle et la spiritualité dans la vie de tous les jours. Il trouve une source d’inspiration personnelle dans ses visions de la vierge enfant. Fils d’un marchand de tissus, sa minutie dans la reproduction des textures et des tissus est exploitée en tant que ressource théâtrale pour détourner la perspective dans la mise en espace ou en tant que simple support de mise en scène comme dans la toile représentant le voile de Véronique.

Peintre de son temps, il ne peut échapper aux commandes de la Cour et est appelé à participer à la décoration du Salon des Royaumes au Palais du Buen Retiro à Madrid. L’exposition a pu en récupérer des fragments avec Hercule affrontant le lion de Némée et La Mort d’Hercule . La mythologie herculéenne, on s’en doute, était associée à la famille royale.

L’influence du Nouveau Monde draine un regain d’intérêt pour la matérialité des choses. Une clientèle marchande demandeuse d’effets décoratifs lance la mode du bodegón ou natures mortes à la mode des Vanitas des Pays-Bas. La nature morte espagnole se distingue par une mise en espace dans un éclat lumineux sur toile sombre. Zurbarán produira quelques toiles où les pots et cruches à anses ont une allure étrangement altière. La tradition sera perpétuée par son fils Juan de Zurbarán dans un style beaucoup plus baroque. Les alignements étudiés de Francisco rappellent les arrangements de Morandi vus il y a peu dans ces mêmes salles.

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Palmina Di Meo

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Le Be Film attire chaque année un public plus nombreux. L’édition 2013 a innové par rapport aux années précédentes avec des événements en live et une programmation diversifiée qui a contribué au succès de l’événement.

Parmi les nombreuses avant-premières, Camille Meynard est venu présenter son premier long métrage, Tokyo Anyway, une tranche de vie de quatre jeunes adultes à Bruxelles. Tourné avec des moyens minimalistes, le film témoigne de l’instabilité d’une génération dans une ville cosmopolite où tout change trop vite. Les dialogues ont été improvisés par les comédiens eux-mêmes sur un scénario-canevas. Le tout donne un film ambivalent avec une spontanéité dans les traits d’humour. Une recherche d’équilibre sur un ton mitigé dans laquelle le spectateur se perd un peu. https://www.youtube.com/watch?v=E0wbUu5vBTk

Puppy Love , le premier film de Delphine Lehericey est un joyau sur les difficultés liées à la sortie de l'enfance. Deux toutes jeunes filles vivent chacune à leur rythme les premiers émois amoureux. Le scénario, rigoureux et soigné, ne laissera indifférents ni les ados ni les parents. Solène Rigot et Audrey Bastien excellent dans les rôles principaux.  Soutenus par le Centre du cinéma de la Fédération Wallonie-Bruxelles, ce sera sans nul doute un des événements cinéma de 2014.
http://www.dailymotion.com/video/x16dfyf_puppy-love-delphine-lehericey_shortfilms

82 days in april parle du deuil et de la cicatrisation des blessures causées par une séparation inattendue. Bart Van den Bempt revient après 13 ans d'absence avec ce film hommage. Un road movie qui reconstitue le dernier voyage en Turquie du fils d’Herman et Marie, un vieux couple qui ne sait pas trop ce qu'il est venu chercher sinon récupérer le bagage égaré de leur fils. Découverte d’un pays sauvage et accueillant à la clef.

I'm the same, I'm an other de Caroline Strubbe est de ces films qui suggèrent plus qu'ils ne racontent. La réalisatrice esquisse la relation entre un homme et une gamine en cavale après un drame lors d’un naufrage. Un scénario en demi-teinte, un doigté féminin, une recherche esthétique caractérisent cette tentative de cerner les mécanismes de survie en situation extrême. Un film qui tente de pénétrer les profondeurs de l’âme, dans le prolongement de son œuvre précédente Lost persons area.
Pour la projection au Be Film, le compositeur de la bande son, Albert Markos, a proposé une nouvelle improvisation, qu’il a interprétée au violoncelle accompagné par John Butcher au saxophone et Sophie Angel au piano.

Los Flamencos de Daniel Lambo est une comédie satirique sur un gang peu commun. Riche en gags et servi par de merveilleux acteurs, le film n’est pas encore sous-titré et a été tourné en dialecte flamand.
https://www.youtube.com/watch?v=e3ZZgb7WcnY

Vijay and I,
http://www.cinergie.be/webzine/sam_garbarski__vijay_and_i,
un divertissement de Sam Garbarski écrit en collaboration avec Philippe Blasband réunit Patricia Arquette et Moritz Bleibtreu. Ils y forment un couple de choix à la mode d’Harold Pinter.
http://www.cinenews.be/fr/films/vijay-and-i/videos/bandes-annonces/49313/


Toujours parmi les avant-premières, un documentaire sur une profession atypique, celle de Christel, esthéticienne sociale et conseillère en perruques. L'importance des cheveux dans la féminité est-elle surestimée ? Que l'on soit top model, enseignante ou veuve quinquagénaire, la chute des cheveux peut causer une perte de confiance en soi irréparable et un repli social. Accepter d'en parler, c'est accepter de livrer une part de son intimité.  Christophe Hermans signe avec Les perruques de Christel un documentaire touchant qui concerne toutes les femmes, et pourquoi pas, bon nombre d'hommes aussi.

Documentaire remarqué, L’âge de raison, le cinéma des frères Dardenne, où Luc Jabon et Alain Marcoen revisitent l’œuvre des frères Dardenne pour une interprétation toute personnelle de l’œuvre des réalisateurs culte. Leur but est de permettre de mieux comprendre l’œuvre des cinéastes sous un regard neuf en prenant appui sur les témoignages et les réflexions de leurs  proches et de leurs collaborateurs directs.

Kid de Fien Troch est un film troublant sur l’absence et la relation à la mère. L’atmosphère quasi surnaturelle y est quelque peu déstabilisante. Un film au débit lent, empreint de mélancolie sous une rudesse apparente. Une recherche esthétique et mystique à la fois qui attirera les amateurs de films d’art. Le film est retenu pour les Magritte.
https://www.youtube.com/watch?v=0Fbg_nsBTeI


Parmi les courts, deux avant-premières :

Osez la Macédoine de Guérin Van de Vorst qui retrouve pour l’occasion son actrice préférée Ingrid Heiderscheidt avec laquelle il a co-écrit le film. Film tourné en noir et blanc, soulignons-le, pour jouer sur les sentiments contrastés dans une comédie noire sur la rencontre entre deux paumés en situation de survie.

Une surprise, la projection en avant-première de Millionnaires ou comment encaisser la perte de 5 millions d’euros par inadvertance. Un court de Stéphane Bergmans, savoureux et grinçant à la fois.

Parmi la sélection pour les Magritte et toujours dans la catégorie « courts », nous retiendrons le portrait d’Alphonsine, personnage haut en couleurs, reléguée dans un home pour personnes âgée. Au plus haut des cieux est une réalisation de Quentin Piron et quatre autres étudiants des ateliers INRACI. Le film a pour cadre la cité Appolo, un complexe de logements sociaux aujourd’hui à l’abandon. Pour l’anecdote, le projet a démarré par une engueulade du réalisateur alors qu’il s’occupait du nettoyage dans le cadre d’un job étudiant.

A revoir également, Partouze, une farce de Matthieu Donck avec Catherine Salée, Anne-Pascale Clairembourg, Ingrid Heiderscheidt, Jean-Benoît Ugeux, Yoann Blanc et Erico Salamone

Palmina Di Meo

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Le cinéma des Tax Shelter

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(Photo du concert d'Ozark Henry - book photo du BE Film Festival)

Sous l’égide des autorités fédérales dont la volonté est de mettre à l’honneur des films ayant bénéficié de l’aide des Tax Shelter, le Be Film Festival, fidèle à son principe, présente les réalisations des deux communautés culturelles.

"Het Vonnis" (Le verdict) de Jan Verheyen est un film dur, efficace, de ceux qui vous plaquent au pied du mur. https://www.youtube.com/watch?v=vByi... Inspiré de faits réels qui se sont produits en 2009 à Gand, il retrace le calvaire d’un homme abandonné par la justice. Jan Verheyen est à la fois producteur, acteur, animateur, distributeur, réalisateur. Il a écrit lui-même le scénario du film qu’il qualifie de cri d’indignation. L’histoire est celle de Luc Segers dont l’épouse a été sauvagement agressée dans la superette d’une station-service alors qu’il l’attendait dans la voiture. Sa petite fille de 8 ans décède également dans la tragédie. Il reconnaît l’assassin avant d’être lui-même roué de coups mais celui-ci est relâché sur base d’une faute de procédure, le procureur ayant oublié de signer la demande d’enquête judiciaire. Segers ne peut supporter l’injustice. Il prémédite sa vengeance et tue le voyou. Le procès avait enflammé d’opinion publique et Jan Verheyen a pu bénéficier de nombreux témoignages. Il précise que le film est une fiction très bien documentée qui confronte les dilemmes moraux suscités par la violence des faits. Le cas Segers bouscule l’ensemble du système judiciaire et les règles de la démocratie. Présent avec quelques-uns de ses collaborateurs parmi lesquels l’acteur Jappe Claes qui incarne à la perfection le procureur général Jacques Vanderbiest, Verheyen affirme qu’en dépit des démentis, son film est toujours d’actualité. Un nombre élevé de criminels sont toujours relâchés pour vice de procédure. Chris Lomme était aussi au rendez-vous. Avec son mari, lui aussi comédien, elle tente de soutenir Jan Segers aujourd’hui au bout du rouleau. Un thriller rapide, une accusation couronnée par un chapelet de questions, un scénario idéal pour un témoignage poignant, Het vonnis est un film a côté duquel on ne peut pas passer.

La partie francophone était représentée par le non moins réussi "Tango Libre" de Frédéric Fonteyne, parrain du festival. https://www.youtube.com/watch?v=HXqt...

"Le monde nous appartient" est le second long métrage de Stephan Streker. Huit ans après "Michael Blanco", il revient avec un casting qui l’enchante. Toujours amoureux de ses comédiens, il est ravi d’avoir pu convaincre Dinara Droukarova, actrice russe qu’il avait admirée à Cannes alors qu’il était jeune journaliste et qu’elle débutait dans "Bouge pas, meurs, ressuscite". Même coup de foudre pour Reda Kateb dans "Qu’un seul tienne et les autres suivront". Stephan Streker annonce un nouveau projet pour 2014, une ambiance de fin de noces pour lequel il cherche encore les financements. "Le monde nous appartient" suit l’évolution de deux jeunes dont les destins se croisent de manière tragique. Des comédiens charismatiques, une photographie soignée, quelques trouvailles scénaristiques, le film se présente comme une succession de tableaux en manque de liens logiques, ce qui laisse passablement froid. La bande sonore signée Ozark Henry est la vraie réussite du film. Grâce à de nouveaux projets avec la Cinémathèque, le BE Film Festival peut désormais allier musique et cinéma. Ozark Henry (Piet Goddaer de son vrai nom) était l’invité du festival pour un mini-concert qui a, on s’en doute, fait salle comble. http://vimeo.com/48448369 En parallèle, Joël Franka est venu présenter "Une chanson pour ma mère", un succès autour du chanteur Dave entouré d’une palette choisie de comédiens belges. https://www.youtube.com/watch?v=S1WE...

Dans le cadre du cinéma des familles, il fallait choisir entre "Nono, het Zig Zag Kind" de Vincent Bal, élu meilleur film européen pour la jeunesse, https://www.youtube.com/watch?v=5ILH... et "Ernest et Célestine" de Vincent Patar, Stéphane Aubier et Benjamin Renner, https://www.youtube.com/watch?v=bowy...

Avec les voix de Lambert Wilson et Pauline Brunner, "Ernest et Célestine" est un film magique qui réunit toutes les qualités pour faire briller les yeux des petits et des grands. Réalisé à la palette graphique avant d’être travaillé à l’ordinateur (12 dessins par seconde de film), le story-board est le résultat du scénario de Daniel Pennac d’après la série de livres pour la jeunesse de Gabrielle Vincent. Le résultat est un pur régal, une histoire d’amitié durement conquise au-delà des différences.

Palmina Di Meo

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"Les âmes de papier", la dernière réalisation très attendue de Vincent Lannoo, a ouvert hier la neuvième édition du BE Film Festival. Accompagné entre autres par Jonathan Zaccaï, la vedette belge du film, le réalisateur s’est déclaré heureux de se retrouver devant un public bruxellois venu en nombre et qu’il considère un peu comme sa famille.

VOIR EN LIGNE :
Texte

Salle Henry Le Bœuf, le BE Film Festival s’est officiellement ouvert ce 26 décembre par la remise des prix du Nikon Film Festival, le nouveau partenaire de BE Film.

Le Nikon, festival de très courts métrages, a été créé pour soutenir la video, secteur prioritaire du fabricant. Valérie Pierre, manager Nikon et membre du jury professionnel, a remis les trois prix d’une valeur totale de 16000 euros. Le prix du public, résultat du choix des internautes, a récompensé "Conquete spatiale", la proposition de Baptiste Grandin, déjà présélectionnée par le jury. Il y met en espace une rencontre/coup de foudre gauche et attendrissante à résoudre en 200 secondes. (http://www.nikonfilmfestival.be/fr/...)

Le prix des écoles, dont c’est ici la première édition, a été décerné à une réalisation de Joachim Kamoen de l’Académie de Gand : "Arcturus", un film d’animation inspiré par un poème de Queneau. (http://www.nikonfilmfestival.be/nl/...)

Quant au prix du jury, composé notamment par Frédéric Fonteyne, Gust Van den Berghe et Céline Masset, il a été attribué pour une valeur de 8000 euros à une captation de Steven Geukens "Op zoek naar Heil", variation sur la résonance de la lumière et de la voix off. (http://www.nikonfilmfestival.be/fr/...)

Place ensuite à la sélection Be Film !

http://www.premiere.fr/Bandes-annon... Sur le podium, Vincent Lannoo, François Uzan (son scénariste), le petit Jules Rotenberg très intimidé pour la circonstance, Jonathan Zaccaï et Patrick Quinet, le producteur, viennent saluer un public excité et curieux avant la projection en avant-première des "Âmes de papier". Déçus par l’absence de Pierre Richard, parti se reposer au Brésil, ses innombrables fans ne se font pas prier pour lui envoyer une ovation par l’intermédiaire du GSM de Vincent Lannoo. Très à l’aise et visiblement heureux, ce dernier en a profité pour saluer et remercier ses collaborateurs présents dans la salle comme Véronique Sacrez, la réalisatrice des décors du film.

Les amateurs d’étiquettes ont eu quelques peines à trouver une formule toute faite pour qualifier cette production atypique de Vincent Lannoo : "comédie romantique", "conte de Noël", "tragi-comédie", "réalisme magique", "comédie poétique"... Elles conviennent toutes pour parler d’un film léger comme une bulle avec des scènes cocasses et peu banales... une mélancolie douce-amère en surimpression. Histoires de deuils, de fantômes et de réconciliations, on prend plaisir à s’étonner des tuiles et des retournements de situations qui pleuvent sur des personnages, ma foi tous très attachants. Un scénario enlevé, des gags placés à bon escient, un casting réussi, une ambiance féérique, une connivence visible entre les acteurs, tous les ingrédients sont là pour susciter le rêve et la mayonnaise prend.

Certains diront qu’ils préfèrent le Lannoo de l’outrance et du fantastique, celui dont ils ont l’habitude. Avec ce film, le réalisateur prouve qu’il est capable de faire autre chose et il est évident que cela le satisfait tout autant. Mais sous la cendre ... De quoi entretenir le suspens jusqu’à sa prochaine réalisation...

L’organisation du festival n’a pas lésiné pour soigner une ouverture bien arrosée. La foule était au rendez-vous pour le verre de l’amitié. Rencontres et retrouvailles, la fête du cinéma belge ne fait que commencer.

Palmina Di Meo

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BE FILM FESTIVAL, fête annuelle du cinéma belge

Du 26 au 30 décembre, le Be film festival s’installe au Bozar et à la cinémathèque pour un rendez-vous annuel 100% cinéma belge. Depuis 1998, cet événement permet de découvrir en avant-première les films qui ont été tournés dans les deux communautés culturelles du pays mais aussi de revoir, en présence des réalisateurs et des vedettes, ceux qui ont fait le tour des festivals. Pas de gagnants ni de perdants, le Be film ne récompense personne. Mais c’est LA vitrine du cinéma belge et avec son bar festif, c’est aussi un lieu d’échange et de partage.

Le coup d’envoi de la 9ème édition du Be film sera donné le 26 décembre à 19h30 par Les âmes de papier , le dernier film de Vincent Lannoo, un conte de Noël qui sortira au moment de la projection. Cette soirée d’ouverture dévoilera aussi les lauréats du 4ème Nikon film festival. Ils se partageront 16000 euros entre prix du jury, du public et des écoles. Conçu dans le cadre du Short film festival, le Nikon récompense des films de quelques secondes réalisés par des professionnels aussi bien que des amateurs.

Cette année, le festival fait peau neuve. Des prestations en direct, des volets inédits annoncent une ambiance chaleureuse et détendue.

Première innovation de l’édition Be.film 2013 : le festival se dote d’un parrain. Lors de la conférence de presse organisée à la Cinémathèque vendredi dernier, Frédéric Fonteyne s’est déclaré ravi de ce rôle qu’il a commenté avec humour. Le parrain, c’est bien celui qui reprend l’ensemble à son compte en cas de malheur ? Alors c’est parti ! Le projet l’emballe. Rappelons que le Be film est une initiative de l’asbl Un Soir… Un Grain dirigée par Céline Masset et Pascal Hologne.

Deuxième cadeau : inauguration de la première Be film Master class. Elle est confiée à Jeremi Szaniawski, ancien étudiant d’Elicit (ULB), diplômé de Yale et co-directeur du Directory of World Cinema : Belgium (2014). Intitulée Le cinéma entre chien et loup , sa Master class nous fera voyager entre le passé, le présent et le futur du cinéma belge. C’est pour le 29 décembre à 17h30 !

Venons-en à la programmation. Enrichies de performances live, les avant-premières sont prometteuses :

Le monde nous appartient de Stephan Streker sera précédé d’un mini concert du chanteur Ozark Henry (Piet Goddaer).

Tokyo anyway de Camille Meynard et aussi le film de Caroline Strubbe, I’m the same, I’m an other avec un concert live par un trio composé de saxophone, piano et violoncelle.

Dreamcatchers de Xavier Seron et Cédric Bourgeois le dimanche 29.12 suivi par une performance de catch live et précédé du court métrage 3 Vueltas de Méryl Fortunat-Rossi.

Ce même dimanche 29 décembre, il vous faudra choisir entre Traumland de Daniel Lambo précédé par le court métrage de Patar et Aubier Panique au village ou Les perruques de Christel de Christophe Hermans précédé du court de Guérin Van De Vorst Osez la Macédoine .

Puppy Love de Delphine Lehericey et 82 dagen in april de Bart Van den Bempt clôtureront cette galerie d’avant-premières, toutes en présence des réalisateurs et de leurs acteurs.

Autre surprise, le festival s’ouvre cette année au documentaire. Luc Jabon et Alain Marcoen seront de la partie pour L’âge de raison, le cinéma des frères Dardenne le samedi 28.12 à 19h30 avec la participation de Fabrizio Rongione.

Des retrospectives pour les séances des familles de 14h : Nono het Zig Zag Kind de Vincent Bal avec Isabella Rossellini et Ernest et Celestine de Vincent Pater, Stéphane Aubier et Benjamin Renver dans la catégorie cinéma d’animation.

Et aussi Tango libre de Frédéric Fonteyne qui sera accompagné par son actrice Anne Paulicevich, Het Vonnis de Jan Verheyen ou comment se faire justice à soi-même, Une chanson pour ma mère de Joël Franka avec Fabrizio Rongione et Sam Louwyck, Brasserie Romantiek de Joël Vanhoebrouck, et puis Hors les murs de David Lambert, Los Flamencos de Daniel Lambo, Kid de Fien troch et A pelada une comédie de Damien Chemin.

Depuis 3 ans, Be film collabore avec la Cinémathèque. Pour son 75ème anniversaire, celle-ci a offert une carte blanche à 125 réalisateurs belges. Le volet national de cette initiative démarrera le 29 décembre avec Mort à Vignole d’ Olivier Smolders, film choisi par Thomas de Thier (l’auteur "Des plumes dans la tête") et L’imitation du cinéma de Marcel Mariën proposé par le cinéaste d’essai Boris Lehman.

Last but not least, le Be film c’est encore l’occasion de revoir des courts métrages sélectionnés dans le coffret des Magritte comme Le Conseiller de Elisabet Llàdo, Electric Indigo de Jean-Julien Collette, Welkom de Pablo Nunoz Gomez, Zinneke de Rémi Allier, Délivre-moi d’Antoine Duquesne, Partouze de Matthieu Donck.

Pour clôturer en fête, la night party de la Saint Sylvestre vous fera glisser vers un 2014 que l’on souhaite déjà "cinéphilement" riche et prospère.

Palmina Di Meo

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