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Publications de Daniel Moline (11)

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J’ai commencé à peindre "sérieusement" en 1973. Depuis lors, pendant une quarantaine d’années, j’ai eu la chance de rencontrer et de travailler 6 fois avec des escrocs et des voleurs. Grâce à eux, j’ai bien sûr perdu beaucoup d’argent et une trentaine de tableaux dont j’ignore toujours ce qu’ils sont devenus. Le dernier de ces escrocs ayant fait ses études dans le même collège que moi, il n’a eu aucune difficulté à me convaincre de sa bonne foi. C’était pour la parution prochaine du dictionnaire Piron. De tout cela, il ressort pour moi que la seule attitude responsable est la vigilance: l’art de l’escroquerie s’améliorant avec notre bêtise et nos techniques, il faut sans cesse réexaminer ce qu’on nous propose, éventuellement balayer devant notre porte, réexaminer et balayer à nouveau. Plus les artistes seront informés et plus ils seront prudents devant les nombreuses propositions mirobolantes qui leur sont avancées par le biais d'Internet ou par toute autre voie. C’est dans cet esprit de vigilance que je vous invite à lire ci-dessous le courrier et le communiqué de presse que je viens de recevoir.

Daniel Moline

 

Courrier envoyé aux six cents artistes répertoriés dans le défunt Nobel.be

 

Chers Collègues,

Comme la plupart d’entre vous le savent mais que certains ignorent encore, la SPRL ARTEDIS  a déposé son bilan (négatif de 169.357 €) et la faillite a été déclarée le 1er octobre. Son curateur est Maître de la Vallée Poussin, avenue Louise, 349/17, 1050 Ixelles.

Un collectif d’artistes engagés a déposé plainte auprès des tribunaux et l’affaire est actuellement à l’instruction sous la direction du juge Van Espen.

Un communiqué de presse a été envoyé aux principaux médias du pays et certains journaux et radios en ont déjà fait état dans leurs colonnes et sur les ondes: L’Avenir, la DH, la Gazet van Antwerpen, la Nieuwe Gazet, la RTBF « La Première », radio Vivacité dans l’émission « On n’est pas des pigeons ». D’autres médias se préparent à y donner suite.

Vous trouverez ci-dessous le contenu de ce communiqué de presse.

Celles et ceux parmi vous qui le jugent utile peuvent faire passer l’information dans les presses locales ou auprès de connaissances qui travaillent dans le monde des  médias, car beaucoup d’artistes ne sont pas encore au courant du développement des événements et certains persistent à espérer la parution prochaine du dictionnaire Piron.

D’autre part, celles et ceux qui accepteraient de se solidariser financièrement, peuvent encore le faire en prenant contact avec notre avocat, Maître Pintiaux du barreau de Bruxelles. Voir ses références ci-dessous.

Le but premier de cette démarche est de faire enfin cesser une succession d’escroqueries que des faillites frauduleuses répétées ne sont pas encore parvenues à éradiquer et peut-être aussi, rêvons un instant, de faire prendre conscience aux escrocs que pour vivre heureux, il n’y a pas que les voies balisées par le vol et le mépris, mais qu’il en existe d’autres inspirées par l’estime et le respect de ses semblables.

Bien cordialement et esthétiquement.

 

Communiqué de presse

Dictionnaire Piron, des centaines d’artistes escroqués.

Rédigé par un collectif d’artistes victimes de l’escroquerie.

Le dictionnaire PIRON, du nom de son premier rédacteur Paul Piron, est un ouvrage bien connu des artistes plasticiens, des galeries et des amateurs d’art. Il recense les noms, biographies et illustrations de milliers d’artistes belges résidant en Belgique et à l’étranger, d’incontournables célébrités y côtoient des talents moins connus mais dont beaucoup méritent le détour. Sa première parution en néerlandais remonte à 1999, une version en français avait suivi en 2003. Elle avait été éditée par ART IN BELGIUM, une société qui a fait faillite en septembre 2009.

Le projet de publier une version actualisée de cet ouvrage avait été annoncé pour le printemps 2010. L’édition devait être assumée par la SPRL ARTEDIS, créée deux mois après la faillite d’ART IN BELGIUM. Parmi les responsables de cette société, on retrouvait étrangement l’ex-directeur d’ART IN BELGIUM, mais cette fois dans un rôle plus discret, celui de « conseiller bénévole ».

En 2009 et 2010, des centaines d’artistes ont reçu la visite de représentants d’ARTEDIS. Il leur était proposé d’acheter une page dans le Piron pour la somme de 756,00 EUR. En bonus, ils figureraient sur le site Nobel.be, l’équivalent virtuel du dictionnaire.

Des centaines d’artistes se sont inscrits, achetant une page du dictionnaire, d’autres ont plus modestement opté pour une simple parution dans le site Internet pour la somme de 95 ou 125 €. Mais hélas le temps passait et aucune publication ne se profilait. Seul le site Internet NOBEL.BE avait été mis en ligne en ligne.

Pour justifier ce retard, de nombreux messages rassurants étaient envoyés aux artistes par les responsables, mettant en cause le nombre inattendu d’inscriptions, la négligence de certains artistes tardant à fournir une reproduction de leur œuvre, etc. Progressivement il est apparu que les excuses invoquées s’avéraient contradictoires et nettement mensongères, ce qui a soulevé des craintes parmi les artistes.

Ces doutes ont été confirmés lorsqu’il est apparu que les comptes de la société n’avaient pas été publiés conformément à la loi. Les responsables ne répondaient plus au téléphone ni aux courriels des artistes inquiets, ils s’étaient fait domicilier aux Emirats Arabes-Unis, les bureaux où siégeait la société avaient été désertés…

Il est également apparu que des sociétés non-européennes ont envoyé des factures à certains artistes sans avoir de lien contractuel avec eux, laissant supposer des détournements de fonds. D’autres informations ont filtré jusqu’à ce qu’il apparaisse de façon évidente que le dictionnaire ne paraîtrait jamais et que les centaines de milliers d’euros investis par les artistes s’étaient évaporés. Ceci est d’autant plus évident que la société ARTEDIS vient d’être déclarée en faillite, l’avis au Moniteur belge vient d’être publié ce 1er octobre 2012.

L’intervention inexpliquée de ces sociétés étrangères et la domiciliation des dirigeants hors de l’Europe ont poussé les artistes à déposer plainte et à se constituer parties civiles auprès d’un juge d’instruction. Affaire à suivre donc. Et vigilance en cas de propositions mirobolantes, mais sans références sérieuses et complètes clairement mentionnées !

Un collectif d’artistes du nord et du sud de la Belgique, représentés par Me Alexandre PINTIAUX.

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Dans les chambres du Roi

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12272808078?profile=originalDaniel Moline – Dans les chambres du Roi
Huile sur toile – 145 x 300 cm - 1985
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"Après avoir relu les Chants et murmuré tout bas des mots ardents, étant dans le droit de celui qui aime, Guershom emmena Ponko en cris et en joie dans les chambres du Roi. La belle défit sa ceinture et quitta sa chemise. Puis ils s’allongèrent ensemble au fond de l'ermitage. Mettant toute crainte en arrière et pressé par sa soeur, Guershom usa pour elle toutes ses forces de tendresse. Tel le chérubin chanteur qui fit mauvaise rencontre juste avant l'unique instant du seul chant qu'il avait à chanter devant le Trône de Dieu, il ne lui fallait pas arriver trop tard pour exécuter le seul acte d’amour par lequel il devait achever sa mission sur la terre." ( le Conte du pays de Nan, p. 216)

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Hier, dans la forum sur la modernité, je vous parlais de "la volupté du trouble de voir derrière l’écran du monde" comme ce qui "définit la joie du peintre". "Entreprise toujours compliquée, labyrinthique, nocturne et solitaire. C’est comme le fait de vivre dans l’étrangeté de l’étranger." Je faisais ici référence à ma propre "expérience d’exote du temps et de l’espace" dont j’ai écrit l’essentiel dans le Conte du pays de Nan. Monsieur Dagneau (ABBEF asbl) vient de m’en envoyer une recension parue dans LE BIBLIOTHECAIRE de juin ( cf. Bib 2012 2b.pdf, p.61 et 62). En voici la copie:

LE CONTE DU PAYS DE NAN / Daniel MOLINE.-

Paris : Éditions Thélès, 2010.- 232 p. ; 21 cm.- Roman.- ISBN : 978-2-303-00306-3.- 22.00

L’auteur :
Né à Carlsbourg en 1948, philosophe de formation et artiste peintre, Daniel Moline a vécu une partie importante de sa vie au Japon (jusqu’en 1990) où il exerçait le métier de peintre tout en étant chargé de cours à l’université de Kobe. Depuis son arrivée au Japon en 1973, il n'a cessé de peindre et d'écrire. "Le Conte du Pays de Nan" est son premier texte publié. L'oeuvre de Spinoza et le film de Nagisa Oshima "l'Empire des sens" sorti en 1976 semblent avoir joué un rôle déterminant dans sa réflexion sur le rapport complexe entre désir et connaissance, et sa recherche de l'unité affect-concept qui fait la force ultime du langage. L'impact de ces deux chefs-d'oeuvre que sont "L'Ethique" et "L'Empire des sens" traverse ce Conte qu'il acheva d'écrire - pour l'essentiel - en 1986, avec la conscience aiguë de n'avoir pu résoudre le conflit. "L'Empire des sens" rapidement censuré pour la crudité de ses scènes liant sexe et spectacle mais que l’auteur avait pu voir dès sa sortie à Tokyo fut donc le point de départ d’une longue réflexion sur les sens du mot sens lui-même et d’un travail qui a abouti au roman "le Conte du Pays de Nan" publié en 2010. A cela il faudrait ajouter "Les Cinq Rouleaux" d'Henri Meschonnic, publié en 1970 aux Editions Gallimard, que l'auteur emporta avec lui au Japon. Cette présentation originale de cinq textes bibliques abondamment cités dans le Conte l'a manifestement séduit et inspiré jusque dans le mot de la fin.

Le livre :
23 juin 1975, 135 degrés de longitude est, 35 degrés de latitude nord. Au grand plaisir de ses yeux, un homme entre dans l'espace clos de Nishiwaki. Cette ville au centre du monde est pour lui un véritable locus voluptatis. Il y multiplie les rencontres avec des femmes. Il s'y perd. Le conte s'enfonce dans l'ombre et s'opacifie à mesure que se détaille l'épiphanie de ses délices et de ses douleurs. Fuite délibérée de ce à quoi on ne peut donner de nom et dont on ne peut faire un objet de connaissance ? L'homme suit de loin, ou bien retarde, ou bien dénie le moment où le plaisir va sonner la mort du sens. Il joue indéfiniment à cache-cache avec le grand amour. Il se donne l'illusion de cet amour alors qu'il ne cesse de s'en retirer et de s'en éloigner par une distance que renforce chaque nouvelle rencontre qu'il fait.

23 juin 1975, N35 E135, les 5 rouleaux d’Henri Meschonnic… On ne pouvait être plus précis. Mais au coeur même de ces localisations chiffrées qui distinguent l’objectif du subjectif, s’introduit l’inquiétante insécurité des folies du réel lui-même. En faisant jouer l’un sur l’autre le réel et la fiction - ( ce pays de Nan, cette ville, ce bruit, ces ombres, ces femmes, est-ce une illusion ou quelque chose de réel ? ) – le narrateur trouble inlassablement l’opposition sur laquelle s’appuie l’affirmation positiviste de la réalité. Comme dans la peinture du même nom qui sert de couverture à l’ouvrage, l’espace du roman est totalement clos sur lui-même. Narrativités affolantes, discursivités de plaisirs, ivresse de créer une multitude de possibles dans un cosmos incertain de ses postulats, c’est aussi une sorte d’espace scénique où des inconnus cachés derrière les décors ne cessent de prendre des photos (p.112) et où le renvoi à un public de voyeurs est constant (p.194). Il est donc impossible au héros et à ses amantes d’échapper au contrôle des autres. Ce contexte social répressif est présenté dans toute sa violence par l’image d’un contrôle militaire s’installant sur la ville de Nishiwaki avec l’arrivée de l’hiver (p.68), mais le héros isolé ne semble pas réaliser ce qui se passe. Et s’il le réalise, il n’y accorde pas trop d’importance. L’histoire démontre finalement l’impossibilité d’une telle séparation entre le rêve mystique de l’amour et la réalité de sa répression, puisqu’elle finit dans un amalgame ambigu de plaisir et de mort où l’acte d’amour révèle toute sa pureté et sa dangerosité. Même si la béatitude du Paradis par-delà la mort est anticipée par des éclairs de conscience dont le héros peut jouir sans aucun remords d’avoir concédé à la nature ce qui lui était dicté par son désir et son appétit (p.216).

Faisant allusion à sa propre expérience d’exote du temps et de l’espace dans cette fable écrite entièrement au Japon, l’auteur a ainsi tenté de montrer la possibilité d’un itinéraire tourné vers l’autre, et qui irait si loin qu’il finirait par enlever toute altérité et toute pensée faisant obstacle à l’absolu de l’amour. Un itinéraire proche de la dérive mystique au bord d’un gouffre, tel que le héros peut enfin «prendre congé des vertus après avoir été pendant longtemps sous leur servitude», et atteindre un état de conscience qui ne dépendrait plus des conditions de vie normales. Y aurait-il là un refus du réel incompréhensible à la raison ? Une sorte de prémisse au libertinage immoral absolu ? Un saut dans la folie de l’amour tel que le sexe lui-même en devient familier ? Avec comme conséquence inévitable une descente mortelle aux enfers ? Plus que jamais la courbure de la terre reste bien ici « la seule limite qui nous empêchera toujours de voir réellement au-delà ». Et ce n’est pas ici seulement une question d’idées ou de mots. C’est tout un versant de l’expérience humaine lié au corps et laissé dans l’ombre par nos discours rationalistes qui est patiemment exploré. Penser n’y suffit pas. Il y faut tout un entraînement à voir et à entendre tout ce qu’on ne sait pas qu’on voit et qu’on entend. Ce n’est pas non plus une expérience exceptionnelle. Au contraire, c’est plutôt l’expérience même de l’existence indéfiniment accessible à chacun. L’expérience, au-dessous de toute raison, de la capacité des autres à nous émouvoir à travers le temps. Une expérience commune donc, restée sans nom jusqu’à maintenant, à l’opposé de l’absurde et du destin, qui peut être faite à tout instant et qu’il est vain de vouloir expliquer. Tout au plus peut-on en suggérer quelque chose, de loin ou après, en la mettant en scène et en image, ou en la racontant pour elle-même dans un conte qui va de soi tambour battant au bout de ses outrances, qui n’a rien à décrire ni à défendre que le seul bonheur de survivre, comme un rêve à double fond où tout se tient si bien qu’il contient à la fois son objet et son sujet.

La couverture est de Daniel Moline. Reproduction de Ukifune no maki, 1984, huile sur toile, 146x292 cm.

12272808095?profile=originalwww.theles.fr

LE BIBLIOTHÉCAIRE 2 / 2012 pages 61 et 62 Bib 2012 2b. pdf

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Voilà un an déjà...

Voilà un an déjà qu’est sorti mon livre « le Conte du Pays de Nan ». Un deuxième manuscrit vient d’être envoyé pour lecture à un éditeur bruxellois, et j’espère pouvoir le finaliser l’an prochain. J’ai repris ici quelques commentaires publiés depuis octobre 2010 sur mon premier essai (écrit au Japon de 1984 à 1986). Ils m’ont encouragé à reprendre et poursuivre mon travail d’écriture. D’autres critiques m’ont été promises. Si donc vous aussi avez lu mon texte, n’hésitez pas à m’envoyer vos impressions, questions ou critiques à mon adresse courriel (daniel.moline@ skynet.be). Elles seront toujours les bienvenues.

Daniel Moline

 

12272763882?profile=originalLe Conte du Pays de Nan
Editions Thélès, 3 septembre 2010, 233 p.- ISBN : 9782303003063

 

Présentation de livre par l’éditeur :
Un jeune homme, Guershom, est envoyé de Belgique jusqu’au centre du monde. Il se retrouve là-bas à attendre seul. Il y fait la rencontre de Ponko, une jeune femme qui se perd dans son image. Il assiste à la mort d’un chien. Cet événement le marque et le rend très tendu. Il arrive en enfer. Il possède un nouveau corps et se voit dépossédé des artifices de la civilisation, ce qui lui permettra de vivre l’aventure de l’amour, le va-et-vient du bien. Il ne sait comment trouver Dieu maintenant, enivré par toutes les filles qui l’entourent. Doté de sang-froid dans son ancienne vie, c’est désormais du sang-chaud qui coule dans ses veines. Le paradis, l’enfer, le purgatoire ne sont jamais loin… Un roman étrange et pénétrant, où chaque lieu exprime différents niveaux d’humanité. Sur les pas de Dante, ce roman propose, dans un foisonnement d’idées et de mots, une plongée créative à travers différents espaces. Mais derrière les symptômes se cache une cohérence plus tragique et sérieuse, une réflexion sur l’animalité et la lucidité. Daniel Moline vit en Belgique. Il a vécu au Japon de nombreuses années, pendant lesquelles il a été peintre et chargé de cours à l’université de Kobe.

Présentation de l’auteur sur Amazon.fr :
Depuis son arrivée au Japon en 1973, Daniel Moline n'a cessé de peindre et d'écrire. "Le Conte du Pays de Nan" est son premier texte publié. L'œuvre de Spinoza et le film de Nagisa Oshima "l'Empire des sens" sorti en 1976 semblent avoir joué un rôle déterminant dans sa réflexion sur le rapport complexe entre désir et connaissance, et sa recherche de l'unité affect-concept qui fait la force ultime du langage. L'impact de ces deux chefs-d'œuvre que sont "L'Ethique" et "L'Empire des sens" traverse ce Conte qu'il acheva d'écrire - pour l'essentiel - en 1986, avec la conscience aiguë de n'avoir pu résoudre le conflit. A cela il faudrait ajouter "Les Cinq Rouleaux" d'Henri Meschonnic, publié en 1970 aux Editions Gallimard, que l'auteur emporta avec lui au Japon. Cette présentation originale de cinq textes bibliques abondamment cités dans le Conte l'a manifestement séduit et inspiré jusque dans le mot de la fin.

 

Publié dans Critiques libres
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Critique rédigée par France Guerre (34 ans)

 

12272764283?profile=originalUn paradis soustrait


Ce livre n’est pas facile à lire, mais bon Dieu, quel livre ! Il est étrange, dans tous les sens du mot : inclassable, indéfinissable, inquiétant, déroutant, voire incompréhensible. Un vrai livre pour ceux qui aiment perdre leurs pères et leurs repères. Ne cherchant manifestement ni à plaire ni à déplaire au lecteur éventuel, l’auteur semble d’abord avoir écrit pour lui. A chaque page, ce livre résiste à qui essaie de le penser. Il n’y a pas d’entrée. Les chemins ne vont nulle part. Ça n’a pas de sens. Impossible de savoir où l’on est, à qui on a affaire, quel est ce paradis soustrait. Un homme rencontre trois femmes. Le texte se contente d’évoquer ces rencontres, procède par allusions sans faire mention de choses précises, fait croire qu’il cache du sens pour mieux nous égarer. Il offre une multitude d’itinéraires possibles dont les tracés, comme en un labyrinthe, formeraient des histoires jusqu’au point qui pose un sens interdit. S’organise-t-il ainsi de manière à provoquer et à décevoir chacune de nos trajectoires interprétatives ? Et pourtant il n’est pas insensé. Il a en lui une force. Il pose une question de vie ou de mort. Il est à la fois politique, éthique, mystique et poétique. Et si l’œil s’y perd avec la raison, comme dans le jardin des délices de Jérôme Bosch, l’oreille pourrait peut-être bien s’y retrouver dans l’enchaînement serré des mots. C’est peut-être un livre à lire et goûter à voix basse, à relire plusieurs fois avant d’y entrer pour le goûter vraiment ?

 

Critique rédigée par Laozi (40 ans)

 

12272764701?profile=originalErrances narratives et perte de sens au fond d’un véritable locus voluptatis


Voici un conte dont les chaines sonores et le pointillé coloré sont si déroutants qu’il semble appartenir à une autre épistémè que la nôtre. 23 juin 1975, 135 degrés de longitude est, 35 degrés de latitude nord, les Cinq rouleaux d’Henri Meschonnic… On ne peut être plus précis. Mais au cœur même de ces localisations chiffrées qui distinguent l’objectif du subjectif, il introduit l’inquiétante insécurité des folies du réel lui-même. En faisant jouer l’un sur l’autre le réel et la fiction - (ce pays de Nan, cette ville, ce bruit, ces ombres, cette femme, est-ce une illusion ou quelque chose de réel ?) - il trouble inlassablement l’opposition sur laquelle s’appuie l’affirmation positiviste de la réalité. Ce n’est pas tout. Sa lisibilité est radicalement mise en cause par la mouvance indéfinie des singularités naissantes de son lexique sous la détermination des idées. Se gardant de trop construire comme nous y porte notre syntaxe, l’auteur a donné un côté résolument parataxique à son récit, au point qu’il est difficile d’y distinguer le principal de l’accessoire. Au lieu de déterminer progressivement un objet de récit, il s’est mis volontairement à divaguer, cette divagation étant à entendre de façon rigoureuse comme débordant du lot de sens imparti aux divers mots. Comme on poursuit des yeux des oiseaux en vol, il s’est contenté de pointer avec ses mots vers ce par quoi tient le monde et qui fait la vie inépuisable dans la moindre procès des choses. N’ayant ni objet à décrire ni vérité à défendre, délivré de la pression du sens, il a voulu laisser les existants du récit aller d’eux-mêmes jusqu’au bout de leurs possibilités et ne pouvait que faire signe de loin, d’une rencontre à l’autre. Ce qui devait finir par rendre la parole énigmatique à force de dire son propre essor sans circonscrire. Voilà donc un roman qui se perd par excès de précision, où tous les sujets sont laissés non identifiés, où le héros lui-même erre comme un animal patûre une prairie. Ses sentiments sont sans motif apparent. Des repères lui ménagent des possibilités d’avancer, mais ils sont tous, comme en un rêve, déliés de signification assurée, et toute indication un peu précise est aussitôt estompée par ce qui la prolonge. Narrativités interminables, discursivités de plaisirs, ivresse de créer une multitude de possibles dans un cosmos incertain de ses postulats. Cela laisse-t-il quelque valeur à ce qui se dit ainsi au gré ? Je n’en sais rien. Mais j’ai le sentiment que cet auteur a commencé ici l’exploration d’une ressource de la parole que nous avons perdue dans nos discours déterminants.

 

Publié sur Amazon. fr et Critique Livre
Critique rédigée par Robert Scherelle, 23 septembre 2011
Critique lue : 510 fois

 

12272765077?profile=original135 degrés de longitude est, 35 degrés de latitude nord


23 juin 1975, 135 degrés de longitude est, 35 degrés de latitude nord. Au grand plaisir de ses yeux, un homme entre dans l'espace clos de Nishiwaki. Cette ville au centre du monde (N35 E135) est pour lui un véritable locus voluptatis. Il y multiplie les rencontres avec des femmes. Il s'y perd. Le conte s'enfonce dans l'ombre et s'opacifie à mesure que se détaille l'épiphanie de ses délices et de ses douleurs. Fuite délibérée de ce à quoi on ne peut donner de nom et dont on ne peut faire un objet de connaissance ? L'homme suit de loin, ou bien retarde, ou bien dénie le moment où le plaisir va sonner la mort du sens. Il joue indéfiniment à cache-cache avec le grand amour. Il se donne l'illusion de cet amour alors qu'il ne cesse de s'en retirer et de s'en éloigner par une distance que renforce chaque nouvelle rencontre qu'il fait. Est-ce trop ou pas assez pour faire une histoire ? Frôlant le grippage, le récit promet un secret à la place d'un autre. Il fait croire qu'il pourrait donner à voir autre chose que ce qu'il donne à entendre. Mais son mensonge ne donne rien à voir. Il est plutôt de tenir, préservé du sens, le seul plaisir d'entendre. Pour nous faire marcher en silence. Il ne dit rien d'autre que le rapport secret qu'entretient cette écriture avec des plaisirs soustraits aux significations. Circulez, chers passants promis à la lointe mort! Et allez-y d'un pas hardi! car s'il n'y a, en ce non-lieu, plus rien à dire, il vous reste le plaisir infini de vous y perdre !

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Le peintre doit avancer avec ses couleurs

comme l'étranger avec ses armes

complètement perdu

ne sachant où il va...

 

12272740653?profile=originalBones of a japanese girl

peinture à l’huile sur toile – 2001

 

« Dès que j'ai cinq minutes, je peins. Le blanc, le noir, le rouge, le vert, le bleu, le jaune, une droite, une courbe, un espace, un rond, des vides, des pleins, des ombres, des lumières, des chiffres, des lettres, un trou, des yeux, une tête, un nom, des mains, un corps, du sang, des os, des outils, des fils, des tables, des écrans, des boutons, des portes, ça va, ça vient, ça se met en place, ça s'emboite, ça se creuse, ça se déchire, ça pourrit, ça s'efface, ça se mélange, ça dure des heures, ça n'a pas de fin... Chaque semaine, j'enlève autant de peinture que je n'en mets. Je gratte, je ponce jusqu'à ce qu'il ne reste plus que quelques traces. Travail de la lumière, du temps, de la mort. Toujours cette obsession des traces, ces traces qui donnent à la peinture quelque chose à la fois de réel et d'immatériel. On dirait des mouvements d'ombres au fond d'une eau claire et profonde. Comme si les déesses dansaient au fond du lac ».(journal de l'atelier, 13 février 1999)
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Intriguée par ma technique de travail à l'ambre sur toile, Eve Pèlerins m'a demandé de lui communiquer les informations de base sur ce médium utilisé dans mon école de peinture à Spa. Vous trouverez ci-dessous le document reprenant les éléments importants de la technique et ses avantages. Le seul inconvénient de ce médium est qu'il coûte très cher.

Bonne lecture.

Daniel Moline, école Blockx de Spa

 

 

12272737301?profile=original

ambre%20blockx.pdf

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à vin nouveau outres neuves

Après avoir essayé d’envisager la modernité de manière critique pour en dégager des concepts et des outils qui nous aideront à la penser, j’aimerais, dans les prochains mois et avec l’aide de vos questions, poursuivre ce travail par une lecture également critique de l’histoire et du travail de ceux qui furent – souvent malgré eux - les grands acteurs de cette modernité après Courbet, Manet et Baudelaire … jusqu’à aujourd’hui ! Cela ne concerne donc pas seulement les peintres mais également les «littéraires», poètes et/ou penseurs, qui furent souvent méconnus de leur «grand public» contemporain. J’ignore si ce projet est possible, mais cela ne vaut-il pas la peine de l’envisager ne fut-ce que pour «tester» la pertinence de mes hypothèses. J’ai donc d’abord résumé dans «À vin nouveau outres neuves !» (le document pdf ci-dessous) l’essentiel de ce que j’ai pu «creuser» depuis janvier grâce à vos questions et réactions, en espérant que vous y percevrez assez de cohérence pour que cela ait du sens et puisse éclairer la «valeur» de nos travaux d’artiste. Je vous invite donc à le lire et le relire avant de me communiquer vos impressions, vos remarques ou vos questions. Merci.

 

Daniel Moline

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Portrait 2229 L  (2010)

vin%20nouveau%20outres%20neuves.pdf

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Mon travail d’audio-psycho-phonologue m’a appris à toujours repartir du corps pour réfléchir aux questions fondamentales que je me pose. Non seulement sur ma propre vie et celle des gens que je rencontre, mais aussi sur ce bouleversement de l’espace humain et de ses représentations que l’on appelle généralement la "modernité". Par souci de clarté, j'ai repris toutes mes interventions de 2010 et janvier 2011 sur les forums d'Arts et Lettres pour en faire un texte suivi où, je l'espère, la cohérence de ma pensée sera plus perceptible. Et j'ai mis ce texte en format pdf (ci-dessous) pour en faciliter la lecture.

 

reflexions%20sur%20la%20modernite.pdf

 

Au plaisir de vous lire,   Daniel Moline

 

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2011...à l'écoute de l'univers

12272707681?profile=original
Le silence, l'absence, le froid, le noir, le dur
ont permis le son, la présence, le chaud, le clair, le mou.
Ces contrastes fondamentaux sont la structure animée de toute vie,
cette danse rythmée de la vie est inscrite partout.
et nous la dansons plus ou moins bien.

Si nous étions à l'écoute de la vie,
nous n'aurions pas à chercher l'équilibre, il nous est donné par nature.
Les efforts que nous faisons, les souffrances que nous nous imposons
témoignent précisément de notre incapacité à nous aligner sur les lois de l'univers.

A chacun de sortir jour après jour de sa toute puissance infantile
pour être partie prenante  et intelligente de tout ce qui l'entoure
et passer de ce monde de pure nécessité
à un monde conciliant la nécessité, l'intelligence et  la liberté.

Que la nouvelle année soit riche de tous vos projets
et que tous vos voeux y deviennent patiemment réalité !


Daniel Moline

 

www.astula.info

www.daniel-moline.odexpo.com

www.flb.be/Daniel-Moline-Auteur 

www.viadeo.com/fr/profile/daniel.moline1  

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Caute !

Trois de mes peintures – le Conte du Pays de Nan, Oracle I, Sphinx et le baiser (kuchizuke) – ont été l’objet de commentaires et de questions au cours du mois de novembre. Il m’a semblé opportun de présenter aujourd’hui le contexte particulier dans lequel ces trois tableaux ont été conçus et réalisés il y a plus de 20 ans déjà. Je viens de publier à Paris en septembre un roman (achevé le 5 octobre 1986) quasi contemporain de ces peintures et qui fait allusion à des événements qui se sont passés dix ans plus tôt au Japon. 1976 : c’est l’année de la sortie du film « la corrida de l’amour » de Nagisa Oshima, qui fut rapidement censuré vu la crudité des scènes liant sexe et spectacle. Ce film que j’ai pu voir à Tokyo il y a plus de trente ans m’est apparu tout de suite bien plus qu’un simple divertissement osé. C’était pour moi un véritable chef d’œuvre interrogeant la relation entre affect et concept, raison et passion, - peu de films peuvent se vanter d’avoir montré la sexualité avec autant d’audace et d’intelligence - et qui pouvait être vu comme une célébration ultime de la vie. Ce fut aussi pour moi le point de départ d’une réflexion sur les sens du mot sens lui-même et d’un travail qui a abouti à la peinture « le Conte du Pays de Nan » et au roman du même nom. Ce n’est pas sans risque que je me suis décidé à publier ce texte cette année. Je l’ai donc introduit par une note (reproduite ci-dessous) d’avertissement au lecteur (p.7):

« Le conte du pays de Nan n’est pas pour les enfants.

Son auteur s’est donné le droit de ne pas être sage. »

« …Ce qui lui importe n’est pas de rester dans les limites et les règles du savoir, c’est d’aller au bout de ses pensées. Là, au bout, s’ouvre peut-être ce qu’il cherche, le lieu libéré dont l’ordre neuf donnerait sens et vie à tout ce qui était perdu… »

« Si son héros ne peut en rien être un modèle,

c’est qu’il « va par les chemins qu’il peut, en hâte. Il prend son bien où il le trouve. Il oublie des choses très importantes. Il méconnaît ce que tout le monde est censé savoir. Il n’a pas lu les livres, ou mal, ou pas ceux qu’on juge raisonnablement obligatoires ; de ce qu’il a lu, il a retenu selon son humeur ou son appétit. Le contresens ne lui fait pas peur, s’il peut servir à ce qu’il veut dire. S’il cite, c’est de mémoire, pour ce qui l’intéresse, un peu comme on en use dans la conversation, et certes pas en savant homme.»

(La théorie du fou, p.10, Maurice Bellet, Desclée de Brouwer, 1977)


Caute ! Au vu des nombreuses critiques que j’ai reçues, je crains que cet avertissement ne suffise pas. Le roman narratif classique tente de faire oublier son état de création. La fluidité du récit est utilisée afin qu’il y ait absorption diégétique du lecteur, l’issue idéale de ce type d'écriture étant d’être perçu comme une réalité. J’ai voulu laisser entendre au lecteur l’état de création du roman et afficher son artifice pour lui permettre d’éviter ce piège de l’absorption diégétique. Comme dans la peinture du même nom, l’espace du roman est clos sur lui-même. C’est une sorte d’espace scénique où des inconnus cachés derrière les décors ne cessent de prendre des photos (p.112) et où le renvoi à un public de voyeurs est constant (p.194). Il est donc impossible au héros et à ses amantes d’échapper au contrôle des autres. Ce contexte social répressif est présenté dans toute sa violence par l’image d’un contrôle militaire s’installant sur la ville de Nishiwaki avec l’arrivée de l’hiver (p.68), mais le héros isolé ne semble pas réaliser ce qui se passe. Et s’il le réalise, il n’y accorde pas trop d’importance. L’histoire démontre finalement l’impossibilité d’une telle séparation entre le rêve mystique de l’amour et la réalité de sa répression, puisqu’elle finit dans un amalgame ambigu de plaisir et de mort où l’acte d’amour révèle toute sa pureté et sa dangerosité. Même si la béatitude du Paradis par delà la mort est anticipée par des éclairs de conscience dont le héros peut jouir sans aucun remords d’avoir concédé à la nature ce qui lui était dicté par son désir et son appétit (p.216).


J’ai ainsi tenté de montrer la possibilité d’un itinéraire tourné vers l’autre, et qui irait si loin qu’il finirait par enlever tout altérité et toute pensée faisant obstacle à l’absolu de l’amour. Un itinéraire proche de la dérive mystique au bord d’un gouffre, tel que le héros peut enfin « prendre congé des vertus après avoir été pendant longtemps sous leur servitude », et atteindre un état de conscience qui ne dépendrait plus des conditions de vie normales. Y aurait-il là un refus du réel incompréhensible à la raison ? Une sorte de prémisse au libertinisme immoral absolu ? Un saut dans la folie de l’amour tel que le sexe lui-même en devient familier ? Avec comme conséquence inévitable une descente mortelle aux enfers ? Plus que jamais la courbure de la terre reste bien ici « la seule limite qui nous empêchera toujours de voir réellement au delà ».

Daniel Moline

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le Conte du Pays de Nan

Comme je l'ai déjà annoncé à quelques amis, mes projets d'écriture font leur petit bonhomme de chemin. Mon premier roman (écrit au Japon en 1985 sous le titre Nishiwaki Monogatari) vient d'être imprimé. La procédure de dépôt légal de mon ouvrage suit son cours auprès de laBibliothèque Nationale de France et sera effective dans un mois. Pourtout achat en ligne, vous pouvez utiliser le site de vente des éditionsThélès (www.theles.fr) où le livre va être référencé. Vous pouvez également m'envoyer lebon de souscription qui se trouve sur mon propre site (www.astula.info)après avoir lu l'avertissement. Je me ferai un plaisir de vous envoyer un exemplaire dédicacé à votre nom.
Je vous souhaite déjà bon voyage et bonnes découvertes au Pays de Nan !

Daniel Moline




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Gutta & Astula

les ans passent et ne se ressemblent pas
avec patience, je peins, j'écris, je construis mes projets en atelier

écrire au gré l'essor du quotidien

laisser aller cette écriture au gré

au fur et à mesure de son avancée dans l'indicible

la laisser s'arrêter chaque fois d'elle-même

naturellement

selon son lot propre

puis la laisser poursuivre son cours et aller au-delà

pour se déployer un peu plus loin en raison de ce qui constitue le moment même de
son déploiement

se répandant chaque fois jusqu'au bout de

ce qui fait son possible

comme l'eau qui s'écoule sur le sol se reconfigure continûment

en fonction du terrain

s'étendant chaque fois autant qu'elle y est portée

par sa nature

peinture aussi toujours en cours

donc

peinture en transformation

ne cessant de s'improviser

en se conformant aux limites naturelles de l'invisible

par un épanchement continu et léger


puis vient le jour d'ouvrir les portes de cet atelier
que n'importe qui puisse entrer, lire et voir maintenant
ça a commencé il y a 37 ans
ça s'appelle Gutta & Astula
et c'est sur www.astula.info, essais d'art de l'image et de l'écriture

Daniel Moline

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