J’ai commencé à peindre "sérieusement" en 1973. Depuis lors, pendant une quarantaine d’années, j’ai eu la chance de rencontrer et de travailler 6 fois avec des escrocs et des voleurs. Grâce à eux, j’ai bien sûr perdu beaucoup d’argent et une trentaine de tableaux dont j’ignore toujours ce qu’ils sont devenus. Le dernier de ces escrocs ayant fait ses études dans le même collège que moi, il n’a eu aucune difficulté à me convaincre de sa bonne foi. C’était pour la parution prochaine du dictionnaire Piron. De tout cela, il ressort pour moi que la seule attitude responsable est la vigilance: l’art de l’escroquerie s’améliorant avec notre bêtise et nos techniques, il faut sans cesse réexaminer ce qu’on nous propose, éventuellement balayer devant notre porte, réexaminer et balayer à nouveau. Plus les artistes seront informés et plus ils seront prudents devant les nombreuses propositions mirobolantes qui leur sont avancées par le biais d'Internet ou par toute autre voie. C’est dans cet esprit de vigilance que je vous invite à lire ci-dessous le courrier et le communiqué de presse que je viens de recevoir.
Daniel Moline
Courrier envoyé aux six cents artistes répertoriés dans le défunt Nobel.be
Chers Collègues,
Comme la plupart d’entre vous le savent mais que certains ignorent encore, la SPRL ARTEDIS a déposé son bilan (négatif de 169.357 €) et la faillite a été déclarée le 1er octobre. Son curateur est Maître de la Vallée Poussin, avenue Louise, 349/17, 1050 Ixelles.
Un collectif d’artistes engagés a déposé plainte auprès des tribunaux et l’affaire est actuellement à l’instruction sous la direction du juge Van Espen.
Un communiqué de presse a été envoyé aux principaux médias du pays et certains journaux et radios en ont déjà fait état dans leurs colonnes et sur les ondes: L’Avenir, la DH, la Gazet van Antwerpen, la Nieuwe Gazet, la RTBF « La Première », radio Vivacité dans l’émission « On n’est pas des pigeons ». D’autres médias se préparent à y donner suite.
Vous trouverez ci-dessous le contenu de ce communiqué de presse.
Celles et ceux parmi vous qui le jugent utile peuvent faire passer l’information dans les presses locales ou auprès de connaissances qui travaillent dans le monde des médias, car beaucoup d’artistes ne sont pas encore au courant du développement des événements et certains persistent à espérer la parution prochaine du dictionnaire Piron.
D’autre part, celles et ceux qui accepteraient de se solidariser financièrement, peuvent encore le faire en prenant contact avec notre avocat, Maître Pintiaux du barreau de Bruxelles. Voir ses références ci-dessous.
Le but premier de cette démarche est de faire enfin cesser une succession d’escroqueries que des faillites frauduleuses répétées ne sont pas encore parvenues à éradiquer et peut-être aussi, rêvons un instant, de faire prendre conscience aux escrocs que pour vivre heureux, il n’y a pas que les voies balisées par le vol et le mépris, mais qu’il en existe d’autres inspirées par l’estime et le respect de ses semblables.
Bien cordialement et esthétiquement.
Communiqué de presse
Dictionnaire Piron, des centaines d’artistes escroqués.
Rédigé par un collectif d’artistes victimes de l’escroquerie.
Le dictionnaire PIRON, du nom de son premier rédacteur Paul Piron, est un ouvrage bien connu des artistes plasticiens, des galeries et des amateurs d’art. Il recense les noms, biographies et illustrations de milliers d’artistes belges résidant en Belgique et à l’étranger, d’incontournables célébrités y côtoient des talents moins connus mais dont beaucoup méritent le détour. Sa première parution en néerlandais remonte à 1999, une version en français avait suivi en 2003. Elle avait été éditée par ART IN BELGIUM, une société qui a fait faillite en septembre 2009.
Le projet de publier une version actualisée de cet ouvrage avait été annoncé pour le printemps 2010. L’édition devait être assumée par la SPRL ARTEDIS, créée deux mois après la faillite d’ART IN BELGIUM. Parmi les responsables de cette société, on retrouvait étrangement l’ex-directeur d’ART IN BELGIUM, mais cette fois dans un rôle plus discret, celui de « conseiller bénévole ».
En 2009 et 2010, des centaines d’artistes ont reçu la visite de représentants d’ARTEDIS. Il leur était proposé d’acheter une page dans le Piron pour la somme de 756,00 EUR. En bonus, ils figureraient sur le site Nobel.be, l’équivalent virtuel du dictionnaire.
Des centaines d’artistes se sont inscrits, achetant une page du dictionnaire, d’autres ont plus modestement opté pour une simple parution dans le site Internet pour la somme de 95 ou 125 €. Mais hélas le temps passait et aucune publication ne se profilait. Seul le site Internet NOBEL.BE avait été mis en ligne en ligne.
Pour justifier ce retard, de nombreux messages rassurants étaient envoyés aux artistes par les responsables, mettant en cause le nombre inattendu d’inscriptions, la négligence de certains artistes tardant à fournir une reproduction de leur œuvre, etc. Progressivement il est apparu que les excuses invoquées s’avéraient contradictoires et nettement mensongères, ce qui a soulevé des craintes parmi les artistes.
Ces doutes ont été confirmés lorsqu’il est apparu que les comptes de la société n’avaient pas été publiés conformément à la loi. Les responsables ne répondaient plus au téléphone ni aux courriels des artistes inquiets, ils s’étaient fait domicilier aux Emirats Arabes-Unis, les bureaux où siégeait la société avaient été désertés…
Il est également apparu que des sociétés non-européennes ont envoyé des factures à certains artistes sans avoir de lien contractuel avec eux, laissant supposer des détournements de fonds. D’autres informations ont filtré jusqu’à ce qu’il apparaisse de façon évidente que le dictionnaire ne paraîtrait jamais et que les centaines de milliers d’euros investis par les artistes s’étaient évaporés. Ceci est d’autant plus évident que la société ARTEDIS vient d’être déclarée en faillite, l’avis au Moniteur belge vient d’être publié ce 1er octobre 2012.
L’intervention inexpliquée de ces sociétés étrangères et la domiciliation des dirigeants hors de l’Europe ont poussé les artistes à déposer plainte et à se constituer parties civiles auprès d’un juge d’instruction. Affaire à suivre donc. Et vigilance en cas de propositions mirobolantes, mais sans références sérieuses et complètes clairement mentionnées !
Un collectif d’artistes du nord et du sud de la Belgique, représentés par Me Alexandre PINTIAUX.