En 1916, à Calcutta, le lieutenant Peake sauve la vie de Ben et Sheere, deux orphelins de père et de mère. Il les confie à Aryami Bosé leur grand-mère maternelle qui ne trouvera rien d'autre, pour qu'ils échappent à la vengeance d'un mystérieux et inquiétant Jawahal, de les séparer. Elle gardera Sheere auprès d'elle et confiera Ben à son ami, Mr Carter, le directeur de l'orphelinat St Patrick's. Il s'y fera six amis, avec lesquels il fonde la Chowdar Society, une sorte de fraternité secrète qui se réunit la nuit dans un palais abandonné. Ce clan des sept s'est juré aide, soutien et protection. Ils vont en avoir besoin quand, à leur sortie de l'institution, le jour de leur seize ans, réapparaîtra le sinistre Jawahal, plus que jamais décidé à se venger.
Ce roman d'aventures très teinté d'étrange et de fantastique fut d'abord publié dans une collection destinée aux ados alors que Zafon, comme il le précise dans sa préface, l'avait écrit en pensant le destiner à tous les âges. Et c'est bien l'impression que donne ce texte. En effet, le fantastique est souvent teinté d'horrible voire de gore plus supportable par des adultes. L'intrigue solide et bien construite est rondement menée avec son lot de suspens et de rebondissements. Le style fluide, vivant et agréable ajoute encore au plaisir de la lecture d'un ouvrage si réussi qu'il est impossible de le lâcher avant la fin.
4,5/5
A Paris, à la fin du règne de François Ier, Gerfaut de Croixmart, prévôt des hautes et basses oeuvres, est lancé dans une chasse aux sorcières impitoyable. Sa fille Marie est amoureuse d'un certain Renaud qui n'est autre que le fils d'une magicienne et sorcière de renom. Il deviendra plus tard célèbre sous le nom de Nostradamus. Le Comte de Saint André et le baron de Roncherolles servent d'intermédiaires pour les fils du roi qui s'intéressent de très près à la jolie Marie et veulent en faire leur maîtresse. La mère de Renaud annonce à Marie que son père doit impérativement rester chez lui car s'il paraît en public, il finira tragiquement. Croyant bien faire, la jeune fille prévient Gerfaut qui réagit en faisant arrêter et brûler la magicienne et en enclenchant une longue série de catastrophes : assassinats, arrestation de Marie, accouchement en prison, enfant récupéré par un spadassin chargé de le tuer qui y renonce au dernier moment. Vingt ans plus tard, devenu adulte, il réapparait bien décidé à assouvir sa vengeance...
On l'aura compris « Nostradamus » relève de ces romans d'aventures historiques rocambolesques qui eurent un immense succès au début de l'autre siècle quand ils paraissaient en feuilletons dans tous les grands quotidiens. De nos jours, c'est encore un plaisir de lire ce genre d'histoire basée sur une vraie trame historique avec un mélange de personnages ayant réellement existé comme Catherine de Médicis, François Ier ou Henri II et de personnages inventés comme le quatuor de spadassins truculents entourant le héros, Royal de Beaurevers, avatar du chevalier sans peur ni reproche, bâtard flamboyant, capable d'en remontrer en noblesse, courage et probité à tous les princes et nobliaux qui croisent sa route. Les rebondissements, les coups de théâtre, les traitrises, les escarmouches et les batailles à un contre dix ne manquent pas. Le suspens est si intelligemment entretenu que le lecteur a de la peine à lâcher ce livre écrit par un maître du genre « cape et épée », célèbre pour sa série des Pardaillan et autre Capitan, digne héritier du grand Alexandre Dumas et accessoirement de sensibilité anarchiste ce qui explique le tableau très sombre qu'il donne du règne d'Henri II et de la Régence de Catherine de Médicis. A noter quelques entorses avec la « vérité » historique : mort de François de France par empoisonnement alors que les historiens penchent pour une pleurésie et tour de passe passe au moment de la fameuse joute dans laquelle le roi reçut le coup de lance dans l'oeil qui lui fut fatal. Mais c'est la loi du genre et il n'y aurait pas de roman historique sans un peu d'invention et de romanesque. Un livre passionnant. A lire ou relire...
4,5/5
Trois jeunes anglais, Harris, Georges et l'auteur, décident de partir en balade sans leurs épouses. Pour être sûrs qu'elles ne viendront pas, ils choisissent un moyen de transport plutôt sportif, le vélo et quelques lointaines régions montagneuses de l'Allemagne. Les préparatifs de l'expédition ne manquent pas de sel. Puis c'est le départ en train puis la traversée de la Manche en bateau et le début d'un long périple qui les emmènera à Hambourg, Berlin, Dresde, Budapest, Stuttgart puis en Forêt Noire et dans les Vosges. Ils se déplaceront plus souvent en train ou en autobus qu'à bicyclette et iront à la découverte d'un pays qui leur semblera quasi exotique, l'Allemagne et de gens bien différents d'eux, les Allemands.
Ce récit de voyage qui fait pendant au célèbre « Trois hommes dans un bateau » en reprend la trame et l'esprit mais avec un peu moins de réussite. Privilégiant un peu trop le côté didactique, l'auteur s'attache surtout à développer ses découvertes de voyage en terre allemande. Il s'attarde longuement sur le caractère germanique à la fois si épris d'ordre et de respectabilité qu'il en arrive à placer le sergent de ville sur un véritable piédestal et si viscéralement militariste que ses étudiants font des concours de blessures et de cicatrices dans les ridicules parodies de duel du Mensur. Le plus agréable reste évidemment les passages humoristiques et absurdes (comme le démontage du vélo ou les démêlés avec la police allemande). Jérôme K. Jérôme, humoriste pessimiste, ne se faisait pas d'illusion sur la nature humaine ou sur la société de son temps et en cela il est resté très moderne. Par son humour, il essayait de pointer les travers de son époque. Publié en 1900, cet ouvrage, encore agréable à lire aujourd'hui, permet de mieux comprendre l'enchainement dramatique et quasi inéluctable des guerres qui ont suivi. Intéressant mais nettement moins drôle que « Trois hommes dans un bateau ».
3,5/5
Sept femmes politiques célèbres, Martine Aubry, Ségolène Royal, Rachida Dati, Marine Le Pen, Rama Yade, Christine Lagarde et Eva Joly se retrouvent dans ce livre analysées surtout sous l'angle de leur caractère par Jean-Pierre Frydman, docteur en psychologie, psychanalyste et psychothérapeute. Autant dire que leurs personnalités sont passées aux rayons X ! Le lecteur y fera certaines découvertes ou confirmera certaines de ses intuitions. « Martine Aubry avait besoin de l'approbation que son père lui refusait ; Ségolène Royal voulait se venger d'un père brutal en affirmant sa supériorité ; Rachida Dati savourait d'être admiré du sien « bien qu'elle ne soit qu'un femme » ; Christine Lagarde, qui n'en a certainement pas très envie, veut seulement réussir pour être digne du sien et Rama Yade, probablement pas plus motivée, afin de lui prouver qu'elle n'a pas besoin de lui. Marine Le Pen veut remplacer le fils dont « le Chef », homme traditionnel par excellence, aurait rêvé pour lui succéder. » Rapport au père. Divorce. Prépondérance de la mère...
Un livre passionnant pour qui s'intéresse à ces « monstres » aux egos sur-dimensionnés que sont nos femmes politiques qui, pour arriver à réussir, cultivent leur côté masculin au point de sembler parfois plus viriles que les mâles (cf Eva Joly). Ces études de caractères, présentées avec finesse, perspicacité, humour et intelligence, ne sont presque jamais méchantes (excepté pour Rachida Dati, mais il faut dire que le personnage s'y prête particulièrement). L'auteur a su éviter les ragots et autres potins type presse people pour en rester à l'essentiel, la motivation profonde qui pousse ces femmes à s'embarquer dans un milieu où ne réussissent que les plus tenaces, les plus autoritaires et les plus retors. Et là, les explications limite « psychanalytique » ne manquent pas. (cf Marine Le Pen, trainant son diable de père comme un boulet...) Très facile et très agréable à lire. A recommander à ceux qui aiment la psychologie et la politique. A noter une conclusion assez surprenante sur l'avenir du féminisme et sur le matriarcat en politique qui serait le nouvel avatar du patriarcat. Et cette ultime phrase : « Quel imbécile a parlé de sexe faible ? »
4,5/5