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Publications de colette haddad (9)

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MNEMOSYNE





une des facettes de la mémoire ?


l'oeil cave et la mine terreuse

ressassant inlassablement

c'est l'ancestrale radoteuse

qui régurgite obstinément

en des hoquets nauséabonds

la vie qui nous a fait faux bond


beurkkkkkk


2001



A MNEMOSYNE



derrière le front clos, dans un recoin obscur,

se terre en permanence une forme sans âge aux pouvoirs infinis

elle parcourt l’espace à petits pas furtifs,

glanant de ci de là les mots intempestifs

qu’elle fait mijoter dans son chaudron maudit


ô sournoise mémoire !

qu’as-tu donc concocté pour ce nouveau voyage ?


tu m’as sortie du temps,

transplantée dans l’avant,

fait revivre pour moi des fragments d’autrefois


ce passé révolu qu’on ne refera plus

pourquoi donc t’acharner à le ressusciter ?


ancestrale conteuse,

limonaire barbare ,

hypocrite gardienne !

en hideux jacquemart tu scandes sans répit

l’inutile refrain de ce temps qui n’est plus


bon ou mauvais ? qu’importe !

un souvenir est mort

mais tel un nécrophage

tu suçotes sans fin ses bribes faisandés


rien à faire de toi et de tes bavardages

la route que je prends va d’un autre côté


laisse-moi m’en aller vers un autre voyage

dans ce présent où tu n’as pas droit de cité


2001




LE REVEIL DE MNEMOSYNE



derrière le front clos de sinistre mémoire

le vieil implant dormant s'est soudain réveillé


siffle siffle serpent ranime la mémoire

mnémonique poison jadis entreposé



l'enfant nu hurle en vain


nul ne pourrait entendre

ce fantôme oublié

que le temps dévora

écheveau emmêlé sur lequel il s'acharne


siffle siffle serpent ranime la mémoire

distille les poisons jadis entreposés


ô belles bandelettes

cachant la pourriture

si savamment tressées pour la postérité


l'enfant nu hurle en vain

fantôme dévoré


il n'y a pas d'enfant dans ces ruines moussues

nul serpent n'a crissé
le temps est révolu

de ses yeux révulsés il sonde sa mémoire



par-delà le front clos

tout dépressurisé
le temps coule en sanglots
empuanti d'oubli

et glissent des serpents dans les orbites vides

2001


à chaque tour de terre

un de ses soleils meurt


les doigts

comme les dents

s'écoulent de leurs châsses

les sourires fissurent

puis deviennent grimaces

puis deviennent morsures

et les paupières closes

pèsent de plus en plus


il n'y aura pas d'aube

chaque soleil est autre

et le sien est noyé


c'est entre chien et loup que son coeur s'est joué

dans un gris monotone

brisé d'éclairs sanglants

et plein de la menace

de ces mots dérisoires

qui happaient par lambeaux de grands pans de mémoire

encore évermeillés de ce soleil couchant


et le trésor-soleil enfoui dans le coeur

fera s'évaporer les derniers souvenirs


voilà pourquoi cet être est devenu gaga

.

1973



.

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maintenant...


.
.

.


cette fleur du bout de moi
cet oiseau fait de mes doigts
main que je tendais vers toi
.
je rêvais de longue main
qu'on se prendrait par la main
pour aller là-bas

.
main tenant à toi

maintenant... sans toi

.
j'avais le coeur sur la main
croyant être en bonnes mains
entre tes deux bras

.
tu avais la haute main
sur chacun des lendemains
qui s'offraient à toi

.
main tenant à rien
maintenant... sans rien

.
mais tu as perdu la main
lors j'ai pris à pleines mains
la vie qui s'en va
.
je mets la dernière main
avant de passer la main
pour aller là-bas

.
te tenant à coeur
maintenant sans cœur

.

.

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endormissement


.

.

quand je ferme les yeux
s'apaisent les orages
et c'est une impression sans corps et sans visage
sans contact et sans mots de n'être plus tout seul
.
les angoisses du jour n'ont plus qu'à disparaître
une immense tendresse enveloppe mon être
généreuse et complice

apaisante

et si bleue
.
j’entre alors allégé dans un vide insondable
où je ne pèse rien où rien ne fait obstacle
et glisse dans ma nuit comme un vaisseau éteint
.
mes rêves ont pourtant des relents de débâcle

mais il n'en reste rien quand revient le matin

.

.

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au fil de l'eau

.

roule roule ma rivière

abrase tous ces cailloux

aux arêtes déchirantes

escalade les rochers

en grands bonds éclaboussés

.

tu n'as que faire des crocs

ni des griffes qui t’arrachent

de petites escarbilles

que le vent cueille et emporte

pour les offrir au soleil

.

chante chante ma rivière

et sautille en clapotant

si transparente et si fraîche

.

oh raconte encor pour moi

cette montagne et ton rire

quand libérée du froid noir

tu as tout soudain jailli

du grand glacier ébloui

où tu sommeillais enfant

.

coule coule ma rivière

impatiente suis ta course

va te fondre dans la mer

.

je chemine à tes côtés

où mon ombre s’étirant

à ton rythme vagabonde

.

ah jamais quoi que tu fasses

tu ne pourras revenir

au lit blanc qui t'a vu naître

.

et comme toi je m'écoule

dans ton eau j’ai mis mes pas

et ma chanson dans ta voix

.

.

.

.

.

AU ... REVOIR ?

.

je suis partie à vau l'eau

comme s'en vont les nuages

sans pluie

sans bruit

sans sillage

une ombre flottant sur l'eau

.

à la nuit je suis partie

enroulée dans l'ombre dense

sans cris

sans pleurs

en silence

frôlée de chauves-souris

.

et dans le vide qui guette

depuis si longtemps mes pas

j'ai glissé

à hue

à dia

en boule

sans queue ni tête

et je n'en reviendrai pas

.

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hors-temps

..

.

nébuleuse de la fourmi !

.

.

entrer dans sa douleur

attendre seulement qu'il soit enfin plus tard

.
et tes mots ont dansé charriant des lumières
raccrochant des fils nus aux spirales de l'ombre
.
oui partir loin
très loin
avant l'âge de pierre
avant l'âge de feu
dans le chaos premier où tout reste possible
où le regard est neuf absorbant la beauté

.
avant l'âge des routes
avant l'âge des lois
quand seule l'innocence

nous fait nous reconnaître
courir dans les prairies ou sur les océans
danser dans les étoiles qui touchent à la terre

et sauter d'astre en astre enroulés de comètes

.
magnifique Scorpion mollement étiré
trois étoiles par trois
couché sur l'horizon
et trois par trois aussi
le baudrier d'Orion

et sa tête imprécise

.
ta bouche sur mes yeux...
mon coeur entre tes mains...

.
seulement remonter le temps jusqu'à la mer
redevenir écume inondée de lumière
et flotter près de toi pour quelques millénaires

.

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BOUT A BOUT


_

LE BON BOUT

_

du bout du coeur

du bout des lèvres

j'ai bien dû vivre

_

sans voir le bout

et jusqu'au bout

il fallait suivre

_

à bout de souffle

et de courage

j'ai mis les bouts j'ai pris le large

j'étais à bout

_

j'ai fait naufrage et je m'en fous

de bout en bout

_

1999

_

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MUSOIR

_

après l'âge de pierre et de feu et de fer

viendra l'âge de soie

ourdissez-la pour moi

je voudrais tant palper cette tendresse-là

_

la mer bruit en silence

où m'attendait le soir

sans peur sans impatience

me voici au musoir

où s'arrêtent les pas

_

que j'aimerais entendre

un chant plein de douceur

fluide comme soie tendre

avant qu'il ne soit l'heure

de ces comptes à rendre

_

2001

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QUAND DANSAIENT LES CETOINES

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QUAND DANSAIENT LES CETOINES

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SCARABEES

_


longtemps j'ai arpenté cette lande brûlante
cailloux, chardons gris, ronces argentées
et sous mes pas naissaient en étoiles filantes
les éclats colorées des sauterelles grises

_

j'ai plongé au coeur des chardons blanchis
c'est toujours là qu'ils sont paisiblement blottis

_


ce n'étaient pas des cancrelats
mais de ces cétoines dorées
petits scarabées de lumière
goutte de cuivre
solidifiée
vert métallique
pour la beauté
teinté de miel pour la douceur
_


leurs élytres brillaient
armure dérisoire
ongle fendu en deux
frémissant
si mobiles !

_


je les attachais à un fil
et leurs ailes se déployaient
ils dansaient au soleil absorbant sa lumière
revenaient se poser
et la restituer

_


oh ! leurs pattes griffues dans mes paumes ouvertes !

_


mais je les détachais

attendais avec eux
de les voir savourer la liberté offerte
conservant à jamais leur éclat dans mes yeux

_

_

_

le berceau des cétoines

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ERIKA décembre 1999

-

les hurlements de Neptune

*

POST HOC

-

reçois l'eau de mes yeux pour effacer l'image

qui pleure au fond des tiens

le sable lisse et doux dort encor sous la plage

la vie attend son heure

se défend avec rage

nous le verrons demain

-

oh laisse-moi ce soir arracher ton bagage

dénouer les raideurs qui te tiennent en cage

partager ton chagrin

atténuer en toi le fracas de l'orage

regarder longuement s'apaiser ton visage

blotti entre mes mains

-

colette haddad

-

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L'ARBRE ROUGE

*

L'ARBRE ROUGE

*

je suis l'arbre rouge à la rude écorce

le porte-oiseaux des rires d'enfants

je n'en finis pas de creuser la terre

ma nourrice-mère où j'ai jeté l'ancre

j'essuie les tempêtes
lutte dans le vent
arc-bouté au sol
je fais tresse au temps

je suis l'arbre rouge à jamais vivant

je suis l'arbre rouge au pied libéré
libre de danser au coeur des tempêtes
même foudroyé je reste debout
et de branche en branche
attends les printemps
qui toujours reviennent

je suis l'arbre rouge à jamais vivant

je suis l'arbre rouge irrigué de sang
avec un coeur grand comme une montagne
ma couronne oscille agitée de vent
et mes bras ne sont que mâts de cocagne
baignés de soleil
parés des nuages
qu'iront décrocher des oiseaux sauvages
je suis leur abri
planté dans le vent
je suis l'arbre rouge à jamais vivant

*



*

* *

*

tendre

comme le vert tout neuf

au bout des branches


généreux

comme l'arbre offrant sa floraison

*

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