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Publications de Gladys Carrillo Garcia (3)

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La Fleur de la paix

 

Dans un village, situé dans un pays lointain, vivait une jeune fille du nom de Kimberly.  Cette dernière vivait avec sa grand-mère. Un jour, sa grand-mère se sentit très malade, à tel point qu’elle pensa rendre l’âme incessamment. Profitant du peu de force qui lui restait, elle donna à sa petite-fille une petite pierre blanche en la suppliant de ne jamais s'en séparer.

 

Sentant son heure venir, la grande mère de Kimberly lui dit avant de mourir : « Je veux que tu me promettes de chercher la Fleur de la Paix. »

 

« La Fleur de La Paix? Mais, comment et où, grand-mère? », s'exclama Kimberly.

 

« Tu n'as qu'à me promettre que tu la chercheras! Si tu te laisses guider par tes sentiments, tu y parviendras facilement » lui répondit sa grand-mère.

 

Kimberly lui promit qu'elle le ferait. Quelques jours après la mort de sa grand-mère, étant toujours triste et accablée par cette perte, elle se donna pour mission d'accomplir la promesse qu'elle avait faite à celle-ci. De mille manières, elle imaginait à quoi pouvait bien ressembler cette fleur. « Est-ce que la Fleur de la Paix est une fleur immense et blanche? » se questionna Kimberly.  Continuant sa réflexion, elle se dit : « Peut-être que je pourrai sauter et monter sur ses tiges jusqu'à atteindre ses pétales doux et parfumés.  Ou alors, serait-ce une montagne magique où naît la fleur de l'arc-en-ciel? Bon, je dois me mettre en route en laissant le Dieu des cieux me guider dans ma quête. »

 

Pendant sa première journée de recherche, elle avait déjà parcouru quelques kilomètres par champs et bois lorsque, tout à coup, elle se dit : « J'ai tellement soif! Il doit probablement y avoir une fontaine ou une rivière près d'ici. » Elle marcha encore longtemps, s’éloignant toujours plus de son village tant aimé. Elle s’engagea sur un chemin dont la pente prononcée l’épuisa complètement. Soudain, en arrière d'un bouquet d'arbres, elle trouva une petite rivière cristalline dans laquelle elle trempa son mouchoir pour rafraîchir sa tête. Quand elle se pencha pour boire, une fée surgit du fond de l’eau et lui fit cette question : « Cherches-tu la Fleur de la Paix? »

 

La petite fille, avec ses yeux agrandis et le coeur palpitant, s'exclama : « Mais qui es-tu? Se pourrait-il que tu sois la Fleur de la Paix? »

 

Elle reçut pour réponse : « Non! Je suis la fée qui contrôle le flot de cette rivière afin qu’elle ne tarisse jamais.  Je veille aussi sur la forêt environnante qui la protège. Les racines des arbres empêchent la dégradation des berges. Par ailleurs, pour répondre à ta question, tu es près du but! Continue à chercher et tu trouveras. »

 

La jeune fille lui dit au revoir et poursuivit son chemin. À la fin de l’après-midi, elle s'assit sous un arbre pour se reposer. Comme elle s'apprêtait à manger quelques fruits qu'elle avait ramassés en chemin, elle entendit de faibles gémissements qui provenaient des buissons environnants. Elle courut dans cette direction, et là, elle vit une vieille femme affaiblie, mourant de faim et proche de l’agonie. Sans y penser une seconde de plus, elle lui offrit les aliments qu'elle avait avec elle.

 

Continuant sa route, elle se sentait remplie de satisfaction d’avoir rendu ce service, arrachant ainsi la vieille femme à une mort certaine. C'était une valeur que sa grand-mère lui avait transmise : « Fais toujours le bien sans regarder à qui tu le fais. Si tu respectes cela, tu seras toujours protégée par les anges du ciel et tu vivras dans la paix. »

 

Sur le chemin, elle rencontra beaucoup de papillons avec de si belles couleurs qu'elle se mit à les compter en dansant et en chantant. Elle s'imaginait qu’elle-même était le plus grand des papillons et que les plus petits qui l'entouraient étaient ses filles.

 

Le soir venant, sous les derniers rayons de soleil, elle grimpa sur un arbre de néfliers et mangea quelques fruits. Du haut de l'arbre, elle parvint à apercevoir le royaume qui était de l'autre côté de la montagne. Ce royaume était connu sous le vocable de « Inde ». On le nommait ainsi parce que ses anciens habitants étaient d'origine indienne.

 

À l'aube, Kimberly poursuivit son voyage vers ce royaume inconnu, voyage qui dura tout le jour. Quand elle y arriva, il faisait déjà noir.

 

« Mais qu’est-ce qui a bien pu se passer dans ce royaume? », se demanda-t-elle. Kimberly remarqua que tous ses habitants étaient des adultes et semblaient très tristes. « Quel est le motif de cette tristesse? », se demanda encore Kimberly. Pour le savoir, elle parla avec quelques personnes. Un vieillard la prit par le bras et l'amena dans un beau salon du palais en présence d’un jeune prince à la peau foncée. Ce dernier était habillé d’un magnifique habit bleu avec des broderies faites de jolis fils d'or. Ses yeux noirs brillaient comme les étoiles dans la nuit. C'était le Prince César, fils du roi Anderson.

 

« S'il vous plaît, jeune fille, ne posez plus de questions, vous nous rappelez notre malheur! », lui disait le prince d’une voix imposante.

 

« S'il vous plaît, euh!... Pardonnez-moi, jeune prince. Je souhaite seulement savoir en quoi je peux vous aider. », répondit Kimberly.

 

« Personne ne peut nous aider! », fit le prince sur un ton de désespoir. Il enchaîna : « Mon père est le roi de ce royaume et une malédiction appelée – mille odeurs et mille pestes – s’est attachée à lui. C'est un sortilège que Néron lui a jeté. Tous les enfants de notre royaume doivent être enfermés parce qu'autrement ils subiraient eux aussi cette malédiction. »

 

Kimberly s'exclama de surprise : « Que vous voulez dire? »

 

Le prince précisa : « Le roi est enfermé dans son château parce que ceux qui l'approchent ne peuvent supporter son odeur fétide, pas plus d’ailleurs que l’aspect horrible de son visage, de ses bras et de sa peau en état de putréfaction. Et cela va en empirant, chaque jour qui passe. »

 

« Et pour quelle raison Néron aurait-il jeté ce sort à votre père? », demanda Kimberly.

 

Le prince lui expliqua alors les circonstances de ce malheur : « Néron s'est servi d'un vieux sorcier pour jeter ce sortilège à mon père afin de prendre le contrôle de notre royaume. Pourtant, Néron était auparavant un des meilleurs amis du roi. Mais un jour, l’épouse de Néron s'enfuit avec un autre homme et amena ses enfants avec elle. Ces enfants étaient la raison d'être de Néron. De surcroît, Néron fut affecté par une tragédie : la mort de tous les membres de sa proche famille.  Ne pouvant se consoler de tous ces malheurs, la douleur et la peine laissèrent place à un sentiment amer. Se sentant trahi par la vie, il s'est transformé en l’homme le plus cruel de la Terre et en scélérat. Son ombre prit le dessus sur lui et c’est ainsi qu’il en est arrivé là, à jeter ce vilain sort sur le roi. Or, s'il parvient un jour à devenir notre roi, il imposera les travaux les plus durs aux femmes. Aux enfants, il leur interdira l’accès à l'éducation pour mieux les asservir quand ils seront adultes. Aujourd’hui, Néron attend avec impatience la mort de mon père pour réaliser son cruel dessein. »

 

Kimberly voulut en savoir plus : « Quel genre d’homme est le roi? »

 

« Le plus honnête et le plus noble des rois qui puisse exister! », s’exclama le prince.  Pour appuyer ses dires, il ajouta : « La loi la plus importante que mon père a adoptée peut se formuler comme suit : Les femmes et les enfants ont le droit de mener une vie sûre et libre de toute menace, que ce soit la guerre, les mauvais traitements, l'exploitation ou, enfin, la discrimination basée sur la race, le sexe ou la croyance religieuse. En respectant les droits des enfants et des femmes, nous étions ainsi un royaume qui prônait l'égalité et la justice sociale. De ce fait, nous vivions dans une paix durable.

 

« Ne perdez jamais la foi! Beau prince, la beauté spirituelle doit toujours être vraie et elle se doit de se révéler toujours plus précieuse que le matériel. La méchanceté ne pourra jamais vaincre le bien! », lui dit affectueusement Kimberly.

 

« Notre royaume donnera toute sa richesse à celui qui parviendra à délivrer notre roi », promit le prince.

 

Kimberly se hâta de demander : « Y aurait-il une manière de l’arracher à l’emprise du sortilège? »

 

« Oui! », répondit le prince César. Il précisa : « Seul, celui qui pourra regarder le roi sans ressentir de la nausée et qui pourra embrasser les plaies de son visage et de ses bras pourra le délivrer. »

 

« Peux-tu me guider jusqu'à ton roi? », supplia Kimberly.

 

D’un air abattu, le prince César lui répondit : « Non! C'est inutile. Plusieurs ont tenté de conjurer ce mauvais sort. Mais tous ressortent du palais en courant et en vomissant. », dit le prince.

 

Avec abnégation, Kimberly dit : « Ayez confiance en moi! Je veux voir votre roi et père, et ce ne sera pas pour la récompense promise, mais uniquement pour le voir guérir. »

 

Demeurant perplexe, le prince César guida tout de même Kimberly vers le palais de Sa Majesté, le roi Anderson.  Pour s’y rendre, ils parcoururent une assez longue distance en traversant nombre de passages et de couloirs formés par la végétation. Enfin, ils aperçurent un beau et imposant château. Une rivière abondante avec des crocodiles féroces les empêchait toutefois d'accéder au château.

 

Kimberly rompit le silence, en disant : « Pourquoi y a-t-il des crocodiles dans la rivière? »  Et le prince répondit : « Pour que les ennemis ne puissent pas arriver au palais. »

 

Les soldats de la garde royale, en reconnaissant le prince, firent sonner leurs trompettes en son honneur. Ils abaissèrent ensuite le pont-levis qui donnait accès à la porte principale. Les gardes royaux suivirent les ordres que le prince leur donna sur un ton de voix plus qu’impératif : « Mademoiselle Kimberly est notre hôte d'honneur. Elle vient d'un village éloigné et inconnu. »

 

Kimberly se sentit flattée de cette présentation, elle qui n'avait jamais pensé être digne d'un si grand hommage. Elle redressa sa taille et marcha en imitant le pas du prince César. Ensemble, ils passèrent par des jardins, des salons somptueux et des couloirs pour enfin parvenir aux chambres élégantes du palais.

 

Une fois arrivé à l'une des plus grandes pièces, le prince pointa du doigt la porte de la chambre et lui dit avant de s'éloigner : « Il est là! Si tu en as le pouvoir, sauve notre roi bien aimé »!

 

Kimberly s'approcha et frappa à la porte. Elle perçut aussitôt la terrible odeur qui émanait de l’autre côté. Puis, elle entendit une voix qui lui disait en se lamentant : « Pitié pour mon royaume! Si seulement ma mort pouvait empêcher les habitants de tomber dans les griffes du méchant Néron... Mais ma mort ne servirait à rien! Même de mon vivant, dans l’état où je suis, je ne peux rien faire pour l’empêcher. J’ai bien peur pour ce royaume et je crains pour son avenir.» Des sanglots s’ajoutèrent à ces lamentations.

 

Alors, la jeune fille ouvrit la porte. Surmontant son dégoût, elle avança à pas silencieux pour ne pas être entendue dans la chambre du roi. Ce dernier était là, plongé dans une obscurité presque complète. Kimberly marcha jusqu'à se retrouver en face du noble roi allongé sur son lit et tiraillé par la douleur.

 

En présentant sa révérence, Kimberly dit au roi : « Pardonnez-moi, Votre Majesté. Dans mon cœur, il n'y a ni geste ni pensée qui puissent vous offenser. »

 

Surpris, le roi Anderson l’examina et lui demanda : « Jeune fille, qui es tu donc? »

 

Kimberly répondit tout simplement : « Je ne vais pas m’enfuir comme les autres à la vue de Votre Majesté. Qui plus est, donnez-moi vos mains ».

 

Le roi lui tendit ses mains sans dire un mot. Et c'est avec un grand respect et une profonde tendresse qu'elle les prit et les embrassa, ainsi que son front et ses joues. Après cela, elle tira de son sac à dos d'agave, ce petit morceau de roche blanche que sa grand-mère lui avait offert avant de mourir.

 

Tout à coup, au contact de la roche magique, le roi retrouva la vie. Si bien que son corps laissa émaner une lumière assez forte pour éclairer complètement la chambre qui, jusque-là, était obscure.

 

Le roi Anderson observa ses bras et, quittant son lit, il commença à sauter et à crier : « Je suis guéri! Tu as sauvé mon royaume! Toi, jeune fille, tu es la Fleur de la Paix que j'attendais si fébrilement. »

 

C'est seulement à cet instant que Kimberly comprit que la Fleur de la Paix était, en fait, une métaphore. « La paix est en chacun d'entre nous et, comme une fleur, il faut la laisser fleurir dans son cœur. », se disait-elle. Et elle conclut : « Ma grand-mère voulait que je l'apprenne et que je le comprenne par l’expérience, et ce, par un parcours initiatique ».

 

Réintégrant ses tâches de souverain, le roi nomma Kimberly « Ambassadrice de la Paix » et aussi « Conseillère du prince César ». Depuis, le royaume et ses habitants vécurent une nouvelle ère de paix et de justice. Les femmes et les enfants retrouvèrent à nouveau leurs droits humains les plus fondamentaux. Toutes les mesures nécessaires pour restaurer leur dignité furent prises. Un peu plus tard, le prince César et Kimberly, la « Fleur de la Paix », unirent leurs vies pour toujours, et tous dans ce royaume furent heureux.

 

 

Auteure: Gladys Carrillo Garcia

 

Ce conte est une propriété intellectuelle et matérielle de l’auteure Gladys Carrillo Garcia Interdit sa reproduction totale ou partielle. Es déjà  enregistre dans le registre de droits d'auteure.

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L’indienne Catalina

L’indienne Catalina

La cordillère des Andes présente un panorama majestueux avec cette chaîne de montagnes qui vient mourir sur les rives de la majestueuse mer des Caraïbes. Au sommet de la cordillère des Andes, il y avait un petit village perché où vivait une jolie petite Indienne rebelle nommée Catalina. Ses parents qui étaient les chefs de la tribu se faisaient du mauvais sang pour elle, car elle était tellement différente de leurs autres filles.

Catalina, elle, se sentait très fière de ses racines autochtones. Elle vivait heureuse sur les terres de sa tribu qu’elle se plaisait à chevaucher librement. Elle allait à la pêche et contrariait ainsi la volonté des chefs du village et des caciques. Elle chassait toujours accompagnée de deux hommes de la tribu.  Elle aimait aussi voyager sur un radeau fait de troncs d’arbre unis par des lianes qui descendaient des arbres. Elle parcourait ainsi le grand fleuve au courant fort et agité formé par les eaux des rivières qui s’infiltraient dans les détroits profonds et sombres des hautes montagnes de la cordillère.

Catalina visitait ainsi les tribus voisines qui demeuraient le long du grand fleuve et elle échangeait des articles de cuir, de glaise, d’or et de laine que sa tribu avait manufacturée contre des objets de bois et de pierre. Elle obtenait aussi des fruits, des graines et du sel qui n’étaient produits que par les habitants du bord de la mer. Catalina profitait beaucoup de ces échanges et elle partageait les connaissances et les techniques du travail de l’or et des teintures des reliefs de la poterie. Chacun de ces voyages lui apportait l’expérience de nouvelles cultures et des innovations dans les méthodes de travail. Elle savait tirer profit de la sagesse des hommes et des femmes des tribus qu’elle visitait.  Elle s’appliquait à transmettre à sa tribu toutes ces découvertes afin de contribuer au progrès de son peuple. Malheureusement, cette conduite unique lui value d’être considérée comme une Indienne rebelle, insoumise et têtue. C’est qu’elle refusait de suivre les traditions sévères et rétrogrades de son peuple.

En réalité, dans son environnement et dans les circonstances, le comportement de Catalina était comparable au comportement d’une fille du XXIe siècle. Elle avait même refusé d’épouser le riche cacique du nom de Lune Nouvelle.  Ce dernier était un des plus beaux et des plus vaillants hommes de sa tribu.  Il était l’héritier en ligne directe pour devenir le chef de sa tribu, selon les lois ancestrales.

Catalina et Lune Nouvelle avaient grandis ensemble et ils étaient devenus inséparables.  La tribu a vu grandir les deux enfants, devenir de grands adolescents mais elle a aussi remarqué l'immensité de l'amour qu'ils éprouvaient l’un pour l’autre.  Tous espéraient qu'enfin un  jour les jeunes les  surprendraient en leur annonçant la grande nouvelle, que le jour de leur mariage arrivait enfin bien qu’ils savaient qu’avec Catalina les choses ne sont pas très faciles.  

Catalina et Lune Nouvelle avaient l’habitude de sortir  chevaucher ensemble tous les après-midi.  L’un de ces après-midi, Lune Nouvelle lui dit : « J’aimerais que tu abandonnes toutes ces folies qui perturbent ton esprit. Tu ne pourras jamais tenir tête à toute ta tribu en voulant changer ainsi les coutumes de nos ancêtres, eux qui nous ont transmis cette culture de génération en génération! »

Catalina lui répondit : « Je veux qu’on respecte les femmes et qu’on apprenne à nous apprécier à notre juste valeur. Qu’on nous donne la chance et la liberté de prendre des décisions. Aussi, qu’on nous laisse prendre part aux réunions que les chefs organisent pour prendre des décisions d’intérêt pour tous. De plus, j’aimerais qu’on nous permette de voyager, de faire du commerce avec les autres tribus, ce qui pourrait enrichir notre savoir.  Il en serait bénéfique pour le bien-être de notre peuple et de nos foyers. Oui, tout comme les hommes, je veux aller à la chasse et connaître d’autres façons de se nourrir. »

Lune Nouvelle argumenta en disant : « Je suis assez fortuné et mes biens nous permettraient de vivre confortablement. Tu n’aurais pas à travailler comme tu le fais en ce moment. »

Catalina lui rétorqua : « Nous, les femmes de la tribu, sommes en mesure d’être des membres à part entière dans notre communauté. Nous pouvons participer à la direction des affaires. Ne vois-tu pas que la discrimination ôte aux filles et aux femmes le pouvoir de prendre des décisions, de vivre libres et d’avoir une éducation de meilleure qualité? Si on nous donnait la possibilité d’éduquer les filles et les femmes de notre tribu, nous aurions alors une vie plus productive et nous pourrions mieux aider nos familles et contribuer aux progrès de notre peuple. »

Après l’avoir écouté attentivement, Lune Nouvelle lui dit enfin : « Je t’en prie, Catalina, ne mélange pas ta tête avec toutes ces idées. Notre tribu a toujours été dirigée uniquement par des hommes. »

Catalina en convint, mais elle rétorqua : « Tu as raison. Mais les guerres internes ont fait que les autres tribus ont assassiné beaucoup d’enfants. Des guerres tribales ont fait en sorte que des filles ont été enlevées. On a commis des abus terribles envers les femmes et les a exploités. C’est sans compter toutes celles qui ont été emprisonnées. Nos lois doivent être changées de façon drastique pour que ceci ne se reproduise plus jamais. Oui, nous devons le faire afin de faire respecter les droits fondamentaux de chaque être humain. Toutes les tribus devront se plier à cela »

Lune Nouvelle lui répondit doucement : « Ma petite fleur, au-delà de tout ce que tu avances, oublierais-tu que, grâce à la protection de nos dieux et à l’effort des hommes de la tribu, nous avons donné la priorité à la préservation et à la garde du milieu environnant? Notre peuple peut ainsi jouir d’un environnement sain, équilibré et favorable au développement humain. Les activités sont productives et satisfaisantes et suffisent à nos besoins et à celui des générations à venir. »

Catalina lui expliqua ceci : « Je reconnais les mérites de nos hommes dans cette œuvre, mais n’oublie pas que pour avoir une vie meilleure et un développement social qui nous permette de vivre dignement, il faudrait aussi garantir la protection des droits fondamentaux des enfants et des femmes. On n’arrivera à cela qu’à travers le respect et droit à la vie.  Enfin, en prônant l’éducation pour tous, on favorise l’harmonie entre les tribus. Notre moi intérieur ne peut que s’enrichir. »

Lune Nouvelle l’interrompit à nouveau : « Jamais personne auparavant n’avait protesté.  C’est toi maintenant qui le fais?»

Catalina lui répondit : “Un chef ou un cacique ont-ils un seul jour pris la peine de demander l’opinion des femmes de la tribu? Leur ont-ils seulement demandé combien elles se sentent discriminées? Non, j’en suis certaine!»

Totalement désarçonné par la réponse qu’il venait de recevoir, Lune Nouvelle s’écria : « Pardonne-moi, Catalina, mais jamais je ne ferais quoi que ce soit qui ennuierait nos chefs.  Il m’est impossible d’appuyer ce que tu avances en ce moment! Pardon, mais je ne peux pas être d’accord!»

Déçue, Catalina lui déclara de retour au village : « Je ne t’épouserai pas, Lune Nouvelle! Tu manques de courage face à la vie et je refuse d’abandonner mes idéaux qui, je l’admets, représentent un défi! C’est tout un honneur que de les défendre. J’entends m’en servir pour de grandes causes et rendre ma vie et celle des autres femmes plus valables et précieuses.»

Elle ajouta : « À tes côtés, je ne pourrais que vivre dans l’abandon de mes rêves. Sans cela, je ne pourrais pas connaître le bonheur. Je ne comprends pas comment tu peux affirmer que tu m’aimes tout en me demandant de renoncer à mes rêves. Sans idéal, la vie ne porterait aucun fruit, elle serait stérile et ce serait comme d’être une morte-vivante!»

Puis, saisie d’une grande tristesse, Catalina s’éloigna avec son cheval. Elle demeura silencieuse et ses pensées les plus tristes envahirent son esprit.

Catalina se dit : « Si seulement tu savais combien je t’aime, mon bien-aimé Lune Nouvelle! J’aimerais tant passer mes journées à tes côtés, main dans la main, dans cette prairie verte et abondante. Je voudrais plonger dans les eaux de cristal de la grande rivière avec toi, et puis, fatiguée de la nage, je voudrais tomber dans tes bras forts pour que tu m’embrasses. Je ne veux jamais me séparer de toi, mon bien-aimé Lune Nouvelle. Mais ton rejet me blesse tellement. Si seulement tu pouvais me comprendre! Si seulement je pouvais compter sur ton appui en tant qu’homme afin que nous, les femmes, puissions bénéficier des mêmes chances dans la tribu. »

Les chefs de la tribu eurent tôt fait d’apprendre les exigences que Catalina avait formulées à Lune Nouvelle. Pour toute réponse, ils commandèrent qu’on ne lui adresse plus la parole. Seules les femmes de la tribu continuèrent d’exprimer leur solidarité en lui offrant un sourire complice au passage. Si elle persistait trop longtemps encore, elle risquait de se faire bannir de la tribu. 

Un jour qu’elle dormait, vaincue par la fatigue des labeurs de la journée, Catalina rêva à un homme blanc, très fort, qui arrivait blessé dans son village. Bien qu’on ait pansé et soigné ses blessures, elle voyait comment cet homme agissait avec ingratitude. Il volait toutes les richesses de son peuple et faisait des esclaves les membres de sa tribu. Elle se réveilla en grand

sursaut. Angoissée, elle raconta son rêve aux gens de son village, mais personne ne la prenait au sérieux.

Ayant entendu parler de ce rêve, Lune Nouvelle alla voir Catalina et demanda des précisions : « Est-ce vrai que tu as rêvé qu’une telle tragédie allait arriver?»

Oui, lui dit-elle : « Je crois que nos dieux nous annoncent dans nos rêves qu’une telle tragédie viendra s’abattre sur nous. Promets-moi que tu veilleras à ce qu’il n’arrive rien à notre tribu, et que, si tu avais à te battre, tu n’hésiterais pas à risquer ta vie pour protéger les nôtres. »

« Je te l’affirme », lui dit Lune Nouvelle. « Je te promets de veiller sur notre peuple comme le plus brave des guerriers. Je suis prêt à vous défendre et mettre ma vie en péril s’il le faut!»

Dans les coutumes de la tribu, seuls les hommes avaient le droit d’être des guerriers. Ils étaient les seuls autorisés à utiliser des arcs et des flèches. C’était encore eux qui pouvaient exercer le troc et les échanges et faire du commerce avec les autres tribus. C’était encore eux qui fabriquaient de leurs mains des objets et des figurines inspirées des Dieux. Ces œuvres d’art étaient taillées de façon rustique dans la pierre et modelées dans l’or.

Le Conseil des grands de la tribu était formé des hommes les plus renommés dans la hiérarchie. C’est sur eux que reposaient la confiance et l’admiration de la communauté indigène. Ils pouvaient émettre leur opinion et décider de l’avenir de la tribu. Les femmes indigènes ne pouvaient que respecter et appliquer ces décisions, quand bien même elles ne seraient pas d’accord. Les femmes, elles, se limitaient à cuisiner et à filer.  Elles étaient là avant tout pour se marier et avoir beaucoup d’enfants pour ainsi assurer la pérennité de la tribu.

Bien des lunes plus tard, rien d’étrange ne s’était passé.  Les appréhensions de Catalina ne semblaient pas fondées.

Les sœurs de Catalina avaient épousé d’autres caciques. Toutefois, Catalina, elle, refusait toujours de se marier.

Le jour arriva où, sans plus attendre, les chefs bannirent Catalina de leur village, cette dernière refusant toujours de se plier à l’ordre social dicté par les chefs.

Avant de partir, Catalina prit son sac avec quelques provisions, soit une peau de bison, son arc et ses flèches. Elle monta sur son cheval blanc et elle s’écria : « Tant que vous vivrez dans cette complaisance, vous empêcherez le progrès de la tribu! Mon désir d’être respectée et de progresser n’est pas un acte de rébellion. Je vous aime tellement. Vous êtes ma grande famille.  Alors, je vous pardonne de ce que vous me faites aujourd’hui. Je vous conseille seulement de garder vos idéaux, de vous battre pour ces derniers, car c’est ainsi qu’ils se réaliseront! »

Lune Nouvelle arriva à cet instant à cheval.  S’approchant brusquement, il barra le passage à Catalina pour lui faire ses adieux. Il lui lança un long regard d’amour et il l’enlaça. Il lui offrit ensuite une pochette remplie de pépites d’or qu’elle refusa au début.  Devant son insistance, elle finit par accepter. Enfin, Lune Nouvelle lui souhaita de commencer une nouvelle vie ailleurs.

Très émue, Catalina lui dit : « Je te remercie de ce noble geste. Je ne m’attendais pas à ce que ce soit précisément toi, celui que j’ai le plus offensé et rejeté, qui partage ses richesses avec moi. »

Lune Nouvelle lui répondit d’une voix profondément triste : « Jamais je ne me marierai. Je t’attendrai. Mon amour t’appartient et te suivra comme la lune suit la nuit, tel que le ciel cherche à rejoindre la mer. »

Sur ces mots, Catalina fouetta son cheval pour s’éloigner au grand galop de son village. Elle voulait cacher ses larmes, surtout devant son bien-aimé, Lune Nouvelle. Aussitôt que Catalina fut partie, la joie sembla avoir quitté la tribu. Tous ressentaient le grand vide que son départ avait laissé. Elle avait inspiré le respect et le courage et, petit à petit, ils finirent tous par réfléchir aux dernières paroles prononcées par Catalina. Tous commencèrent à penser que ses idées n’étaient pas trop mauvaises et qu’elle avait raison dans presque tout ce qu’elle avait dit.

Sur l’insistance de Lune Nouvelle et des femmes, les caciques convoquèrent un conseil extraordinaire.  Ces derniers se sentaient coupables de ne pas avoir soutenu cette femme à prendre part aux décisions de la tribu, telle

qu’elle l’avait souhaité. La majorité des femmes réunies avait à choisir la femme qui serait leur représentante au Conseil, et ce, afin de faire valoir leurs droits comme femmes indigènes de cette tribu. Après maintes considérations, elles décidèrent à l’unanimité que Catalina serait leur voix et leur pensée. Les chefs et les caciques acceptèrent la décision des femmes et ordonnèrent à une délégation d’aller chercher au petit jour Catalina, la rebelle, la rêveuse. Ils étaient tous très loin de s’imaginer que précisément cette nuit-là, le présage funeste de Catalina prendrait forme et se réaliserait.

En effet, tard cette nuit-là, un homme blanc, blessé, et à l’air mauvais, entra dans le site de la tribu pour s’y cacher. Il fuyait une autre tribu où il avait tué des indigènes. Il avait volé leurs biens et leurs richesses. Saisi par les gens de la tribu de Catalina, il prétendit avoir été attaqué par un loup. On le soigna en croyant naïvement à ses propos.

Le lendemain matin, cet homme blanc tua les hommes qui devaient partir à la recherche de Catalina. Il saisit et ligota les chefs et les caciques. Il obligea les hommes et les femmes de la tribu à amasser tout l’or qu’ils possédaient. Il avait la ferme intention de tuer tous les villageois une fois qu’on lui aurait remis l’or. 

Lune Nouvelle, qui voyait bien les sinistres intentions de l’homme blanc, parvint à se détacher des cordes qui le retenaient.  Avec beaucoup d’habileté et d’astuce, il courut chercher son arc et ses flèches avant que l’homme blanc n’eût fini de mettre l’or dans ses poches de cuir. Mais, voici qu’au moment où il se préparait à envoyer sa première flèche, une balle de fusil l’atteint, et il tomba, grièvement blessé. La fuite de Lune Nouvelle n’avait pas échappé à l’attention de l’homme blanc et ce dernier savait très bien se servir d’une arme à feu. Cela lui donna un avantage décisif sur les membres de la tribu, qui, eux, ne possédaient pas ce type d’arme.

Tandis que l’homme blanc s’employait fiévreusement à reprendre son chemin avec son butin, il se prépara à tuer les membres de la tribu, maintenant qu’il les avait dépouillés de leurs richesses. C’est alors qu’une flèche empoisonnée se cloua dans le cœur de l’homme blanc! La rebelle Catalina était revenue au village, alertée dans un autre rêve de ce qu’il se passait dans son village. 

Catalina eut vite fait de détacher et libérer les prisonniers et, avec l’aide de quelques indigènes, elle fit transporter Lune Nouvelle dans la hutte du vieux

shaman. Celui-ci observa la blessure avec attention, puis il dit : « Je ne sais pas s’il pourra survivre à cette blessure. Il a déjà perdu beaucoup de sang et la lésion est trop près du cœur. » Catalina l’interrompit brusquement et lui souffla ces mots : « Tu dois pouvoir faire quelque chose. Tu ne peux pas le laisser mourir sans rien faire! Je t’en prie, sauve-le! »

Le vieux guérisseur couvrit alors la blessure avec un mélange d’herbes, chantant des cantiques et invoquant les bons esprits de leurs ancêtres. Il les conjurait à unir leurs pouvoirs à celui des dieux de la pluie, de la lune et du soleil. Selon leurs traditions ancestrales et leurs croyances, ces Dieux régissaient le destin de la nature et des êtres humains. S’ils favorisaient le guérisseur, ils lui donneraient le pouvoir et la science de bien sélectionner les plantes médicinales et les remèdes qui ramèneraient Lune Nouvelle à la vie. Une fois que tous les fruits sauvages et les plantes demandées furent apportés, le shaman demanda à plusieurs femmes de préparer des jus et des potions afin de les faire boire à Lune Nouvelle.

Voici déjà trois jours et deux nuits que le shaman était au pied de Lune Nouvelle à lui faire boire les potions médicinales. Mais il n’y avait aucun progrès notable.

Son état de santé était précaire et on craignait pour sa vie. Tous les efforts déployés étaient inutiles et on informa tout le monde qu’il faudrait un miracle pour sauver la vie du jeune cacique. Le shaman ordonna donc que la danse du soleil, rituelle indigène, se fasse en toute rigueur la nuit prochaine. Cette danse se fait dans des circonstances et des conditions très spéciales et consiste à remettre des offrandes aux dieux pour demander leur faveur. Il n’y a que des vierges qui peuvent l’effectuer sur la demande du plus ancien de la tribu.  Plus précisément, cette danse doit être initiée par la jeune femme qui est amoureuse et décidée à s’offrir en mariage à l’élu de son cœur.

Ce soir-là, avec de belles plumes d’oiseau de la forêt et de peintures tirées de plantes, d’insectes et de coquillages rares, le grand chef traça des signes de rituel sur les corps à demi nus des jeunes gens de la tribu, ces derniers étant vêtus d’un simple pagne de feuilles d’arbres en signe d’humilité. Certains apportèrent des instruments de musique en bois et en cuir qu’ils jouèrent tandis qu’ils s’agenouillaient en formant un cercle sur la rive de la grande rivière. Les femmes avancèrent vers le centre du cercle, leurs corps à demi nus peints et recouverts de rubans multicolores et d’un court vêtement ceint aux hanches. Leurs cous et leurs chevilles étaient ornés de colliers de plumes

et de paillettes brillantes et, dans leurs mains, elles tenaient des poteries incrustées d’or et de pierres précieuses.

La cérémonie commença donc au son harmonieux et doux des instruments de musique. Les femmes s’agenouillèrent et inclinèrent la tête, laissant tomber leurs cheveux épais et déliés sur leurs visages, pour donner le temps à celle qui aurait décidé de se marier de se manifester en toute liberté.

À la grande surprise de toute la tribu, Catalina avança, le corps couvert de poussière d’or, le front ceint d’une fine couronne en or gravée de représentations du soleil, décrivant l’union et l’amour. De son cou pendaient de minces colliers, et ses mains et chevilles étaient ornées d’or et de plumes. De sa taille descendait un fin paréo duquel tombaient en pluie des fils d’or, de minces cordons multicolores finement tissés et entrelacés de pierres précieuses et de paillettes reluisantes.

Elle entra au milieu du cercle et déclara d’une voix claire et ferme : « J’aime de tout mon cœur et de toute mon âme le cacique Lune Nouvelle et je désire être sa femme. » Puis elle commença la danse, et toutes les jeunes filles la suivirent au rythme de la musique et, doucement, elles se glissèrent et prirent place dans le cercle des jeunes hommes, laissant Catalina seule au milieu. Elle dansa sous les rayons de la lune qui rehaussait les formes de sa beauté naturelle. Elle entra dans la grande rivière et y versa toutes les offrandes aux dieux en échange de la vie de Lune Nouvelle.

Elle ressortit de l’eau brillante et elle continua la danse jusqu’à très tard dans la nuit. Quand la lune se perdit à l’horizon, laissant place au soleil qui surgit à l’est, donnant naissance ainsi à un nouveau jour, la cérémonie prit fin. Ce fut à ce moment précis, entre la nuit et le jour, qu’un changement survint dans la santé de Lune Nouvelle. Il commença à récupérer ses forces, et son teint pâle et livide comme la mort, reprit de sa couleur vitale. Catalina, épuisée par la longue danse rituelle, s’était effondrée à ses côtés et plongea dans un sommeil profond. Le vieux shaman s’aperçut que Lune Nouvelle avait ouvert les yeux et regardait, émerveillé, sa bien-aimée Catalina, assoupie près de lui. Doucement, il passait sa main sur la longue chevelure noire de la jeune femme qui s’éveilla pour l’embrasser, transportée de joie et de bonheur!

Tandis que des larmes coulaient le long de ses joues bronzées, Lune Nouvelle lui demanda : « Mais, voyons, Catalina, pourquoi pleures-tu? »

Émue, elle lui répondit : « Oh! J’ai tellement eu peur de te perdre! Je t’aime tellement! Sans toi, tu le sais bien, je ne saurais vivre! »

« Mais, quand tu m’as dit cette fois-là que tu ne m’épouserais pas, j’ai pensé que tu ne m’aimais pas », lui répondit Lune Nouvelle.

« Je t’aime, oui je t’aime vraiment! Tu es la lune qui éclaire ma vie, cacique Lune Nouvelle! » s’écria Catalina.

« Alors, veux-tu m’épouser, Catalina? », lui demanda Lune Nouvelle, avec un grand sourire éclatant.

La réponse de Catalina fut sans équivoque : « Oui, oui, mon cacique Lune Nouvelle! Je t’ai toujours aimé et j’accepte de t’épouser! »

Le vieux shaman les interrompit aussitôt, disant qu’ils avaient tous eu assez d’émotions pour la journée et qu’ils devaient attendre que le cacique soit complètement remis de sa blessure. Catalina promit alors de veiller sur son bien-aimé et d’en prendre soin. Après sept jours, l’événement tant attendu arriva où ils devaient unir enfin leur destinée. Catalina, l’Indienne rebelle, épousa le beau cacique Lune Nouvelle. Les festivités qui suivirent la cérémonie du mariage durèrent trois jours. Et peu de temps après, Catalina et Lune Nouvelle devinrent tous deux caciques et chefs de leur tribu. Ensemble, ils effacèrent toute discrimination de leur village, et ils bâtirent une communauté où ils firent régner la paix, le progrès et la justice pour tous. Ils vécurent longtemps dans leur village et ils furent très heureux.

Fin

 

 

L'histoire de la India Catalina est une propriété matérielle et intellectuelle de l'écrivain Gladys Carrillo Garcia,  droit d'auteur dûment enregistré.

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Le grand sage

 

Sur la cime d’une immense montagne vivait un sage qui avait le don de parler avec les animaux. Un jour, soucieux de savoir ce qui se passait avec les gens sur la Terre, il convoqua quelques animaux sous un énorme chêne. L’aigle fut invité, de même que le perroquet, le hibou, le paon, le quetzal, la mouette, le lapin et, enfin, la souris.

 

« Mes amis, … », leur dit-il : «  … je vous ai fait venir au sommet de cette montagne, qui est aussi la vôtre, pour m’aider à réfléchir et à trouver une solution aux maux dont souffrent les humains de nos jours. Descendez donc sur les terres basses et essayez de vivre trente-trois jours parmi eux. Choisissez différentes personnes. Vivez avec elles, car c’est la seule façon de réellement connaître leurs problèmes et leurs motivations. »

 

Le ver à soie et la fourmi n’avaient pas été convoqués spécialement, mais, se trouvant tous deux par hasard sous le grand chêne, ils voulurent faire partie du projet. Ce qui fut accepté. Ils se mirent donc tous d’accord pour accomplir ce travail et retourner au bout des trente-trois jours pour faire un rapport de leurs expériences et des faits observés.

 

Au bout du temps prévu, tous se réunirent à nouveau sous le grand chêne.

 

Le premier à parler fut l’aigle : « Les humains sont très impatients et leur musique est si bruyante que la première fois que j’ai entendu ce vacarme, je me suis envolé, tellement j’ai eu peur. Vous ne pouvez pas vous imaginer ce que j’ai vécu. »

 

Le ver à soie s’écria aussitôt : « Ce sont des monstres! Ils ne savent pas ce qu’est l’amour. »

 

Pour sa part, la fourmi raconta ceci : « Ils vivent à un rythme beaucoup trop rapide. Par ailleurs, j’ai remarqué que les enfants sont souvent plus intelligents que les adultes. C’est un monde bizarre où il y a beaucoup de difficultés. »

 

Le quetzal enchérit : « J’ai observé un grand manque de foi et de patriotisme. »

 

La souris ajouta : « Moi, j’ai découvert un horrible monstre nommé télévision. Ce dernier ne parle que de meurtres, de guerres, d’armes nucléaires, d’enfants volés et du choléra qui s’étend partout! Et ce monstre ne se tait jamais! »

 

Son tour venu, le lapin dit ceci : « J’ai vu que les grands-parents sont seuls et tristes. Ils ont besoin de tant d’amour! Ils aimeraient finir leurs jours avec leurs êtres chers, répandant tout l’amour dont ils sont capables. Mais, par manque de tolérance et d’amour, leurs familles les laissent dans des asiles. Très souvent, ils les abandonnent là, sans même les visiter. Leur famille ne se souvient plus d’eux. Il y a même des grands-parents qui meurent dans la froideur d’une chambre solitaire, ajouta-t-il. »

 

La mouette, elle, était bien placée pour rapporter ce qu’elle avait vu du haut du ciel : « J’ai vu comment les grandes mers deviennent des rivières et comment les fleuves ont disparu à cause de l’irresponsabilité des hommes. Ces derniers ont coupé les arbres des forêts, cédant ainsi la place à l’érosion, provoquant la disparition de maintes espèces végétales et animales. Les conséquences sont tragiques! Cela a amené un manque d’eau potable, de la sécheresse et un manque de ressources alimentaires. La pollution, toujours plus présente, ne cesse de faire des ravages. De fait, la vie sur la planète Terre pourrait bien disparaître si rien n’est fait pour arrêter cette hécatombe. »

 

Le paon vint se plaindre : « Regardez comment ils m’ont laissé : ils ont arraché toutes mes superbes plumes, jusqu’à la dernière. Et, si je ne m’étais pas enfui, j’aurais fini comme nourriture dans leur assiette. »

 

Au perroquet de s’agiter et de demander le droit de parole.  Ce dernier semblait euphorique et s’empressa à raconter son expérience : « Eh bien, voyez-vous, pour moi, ce fut une expérience sensationnelle! Les gens sont “super cool” ! »

 

Tout ce petit monde fut bien surpris d’entendre un tel rapport venant du perroquet. Tous le supplièrent de préciser ses propos. Celui-ci se mit alors à chanter et à se tortiller en dansant : « Guantanamera, Guajira Guantanamera, Gauntameeera, Guajira Guantameraaaaaaa! Azúcar, azúcar! Las caleças son como las flores. Salsa!  Salsa qué ritmo, qué ritmo! »

 

Le Hibou, lui, avança ceci : « Je n’ai vue que des gens qui dorment toujours. Et, quand le jour se levait, j’étais tellement fatigué que je ne pouvais pas attendre davantage pour aller moi-même dormir. Je n’ai donc jamais vu les humains durant le jour. Je me demande si ces derniers ne passent leur temps qu’à dormir. »

 

Le sage se mit à pleurer après avoir écouté tous les rapports et il leur dit ceci : « Hormis les critiques, qu’avez-vous fait pour les humains? Leur avez-vous donné un tout petit peu d’amour? Leur avez-vous enseigné quelque chose? » À ces questions, tous sont demeurés muets, la honte les empêchant de souffler le moindre mot.

 

« Mes petits amis si nobles! Voyez-vous, il n’est pas important de voir les défauts d’autrui, ni de les condamner. Vous auriez voulu aider les hommes, j’en suis persuadé. Cependant, vous avez manqué de sagesse. », leur dit le sage 

 

Il conclut ainsi : « N’oubliez jamais d’écouter et d’aider sans condition, de parler avec sincérité, de corriger sans offenser, de partager avec honnêteté et d’enseigner avec humilité. C’est ainsi que l’on se rapprochera un peu plus de Dieu et que l’on pourra apporter un peu de paix dans le monde. Le bonheur sera alors une réalité sur Terre. »

fin

 Auteure  - Gladys Carrillo- droits d,auteur enregistre.

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