Merci de ce commentaire fort détaillé et juste: c'est en effet le même climat de décadence que celui évoqué dans "la valse" de Ravel et qui s'apparente à ce poème que j'ai jadis commis (hé oui! je est un autre autre)
LA DERNIERE FETE
Voici venir les temps de ces amours funèbres
Qui fleurissent les parcs et les sentiers glacés
Où les sourires d'or paraissent déplacés
Parmi les masques noirs riant dans les ténèbres
D'un rire qu'on voudrait lisse et qui est cassé
Désordonnés des couples encor s'imaginent
Dans l'eau des longs bassins reflétés à l'envers
Faire à deux les cent pas sur le seuil des parcs verts
Où entre les taillis des bustes d'androgynes
Suggèrent l'impossible à luisants mots couverts
Et le satin miroite et les lèvres rougissent
Sur un coin de visage éclairé faiblement
Au coeur mort de la brume où chaque chose ment
Et s'étreignent les bras et des nuques fléchissent
Mais les baisers sont lourds aux lèvres des amants
Sans doute faut-il ajouter aux multiples qualités de ce tableau l'image de ce que peut être une décadence : les personnages flottants et froufroutants de l'avant-plan très salons coquins et carnavalesques du 18è s. se muent derrière eux en masques et têtes de morts à la Ensor observés par un portrait de prélat qui assiste à la scène au milieu du fond du tableau. C'est un fond noir qui évoque l'enfer...On peut donc lire dans cette oeuvre une chronologie : le temps passe et conduit inéluctablement vers la mort. Egalement, la question de l'épicurisme est posée de façon morale : la fragilité des personnages leur laisse peu de temps et de force pour jouir de la vie, sans que nous sachions pourquoi. Ils n'ont pas l'air de pouvoir agir ou réagir. Ils ont sorti leurs plus beaux vêtements que le souffle de la mort va mettre une dernière fois en valeur en les déployant. Sans doute savaient-ils ce qui les attendait. Nous avons à faire, dans un raccourci extrême, à une métaphore d'une fin de décadence à bout de souffle, où la mort ne rencontre plus aucune résistance, seulement un simulacre.
Une toile et une époque que j'affectionne, mais je vois un homme aux cheveux rouges, qui me laisse un étrange sentiment, soit il n'est pas d'époque, soit c'est un traitre non?
Bref je dois divaguer encore !
Toile que j'aime beaucoup l'ambiance est étrange, le travail est conséquent !
Merci Claude pour cette interpellation et bonne journée à vous
Commentaires
Merci de ce commentaire fort détaillé et juste: c'est en effet le même climat de décadence que celui évoqué dans "la valse" de Ravel et qui s'apparente à ce poème que j'ai jadis commis (hé oui! je est un autre autre)
LA DERNIERE FETE
Voici venir les temps de ces amours funèbres
Qui fleurissent les parcs et les sentiers glacés
Où les sourires d'or paraissent déplacés
Parmi les masques noirs riant dans les ténèbres
D'un rire qu'on voudrait lisse et qui est cassé
Désordonnés des couples encor s'imaginent
Dans l'eau des longs bassins reflétés à l'envers
Faire à deux les cent pas sur le seuil des parcs verts
Où entre les taillis des bustes d'androgynes
Suggèrent l'impossible à luisants mots couverts
Et le satin miroite et les lèvres rougissent
Sur un coin de visage éclairé faiblement
Au coeur mort de la brume où chaque chose ment
Et s'étreignent les bras et des nuques fléchissent
Mais les baisers sont lourds aux lèvres des amants
("Poussière d'âme", éd. Chloé des Lys)
Sans doute faut-il ajouter aux multiples qualités de ce tableau l'image de ce que peut être une décadence : les personnages flottants et froufroutants de l'avant-plan très salons coquins et carnavalesques du 18è s. se muent derrière eux en masques et têtes de morts à la Ensor observés par un portrait de prélat qui assiste à la scène au milieu du fond du tableau. C'est un fond noir qui évoque l'enfer...On peut donc lire dans cette oeuvre une chronologie : le temps passe et conduit inéluctablement vers la mort. Egalement, la question de l'épicurisme est posée de façon morale : la fragilité des personnages leur laisse peu de temps et de force pour jouir de la vie, sans que nous sachions pourquoi. Ils n'ont pas l'air de pouvoir agir ou réagir. Ils ont sorti leurs plus beaux vêtements que le souffle de la mort va mettre une dernière fois en valeur en les déployant. Sans doute savaient-ils ce qui les attendait. Nous avons à faire, dans un raccourci extrême, à une métaphore d'une fin de décadence à bout de souffle, où la mort ne rencontre plus aucune résistance, seulement un simulacre.
Une toile et une époque que j'affectionne, mais je vois un homme aux cheveux rouges, qui me laisse un étrange sentiment, soit il n'est pas d'époque, soit c'est un traitre non?
Bref je dois divaguer encore !
Toile que j'aime beaucoup l'ambiance est étrange, le travail est conséquent !
Merci Claude pour cette interpellation et bonne journée à vous
Marie-Ange
Les poules caquettent.
On entend leus ailes!!!
Mais c'est un vrai salon de 18ème siècle.