Statistiques google analytics du réseau arts et lettres: 8 403 746 pages vues depuis Le 10 octobre 2009

Publications de Sylviane Kaena (4)

Trier par

La série des lettres...la deuxième

Chère Madame,

 

 

J'emploie le mot "Chère" car vous saisirez au fur et à mesure de votre lecture, combien vous êtes chère à mon coeur.

 

Mais d'ailleurs l'affection se mesure t-elle ? L'affection a t-elle un prix ? C'est ce que je vous propose de décider avec moi, après que je vous ai exposé ces quelques lignes :

 

Mardi dernier, à l'heure où le soleil rougoie, la poussière du chemin poudroie et le feuillage ploie sous la chaleur de midi - pardonnez cet élan lyrique, c'est vous qui me l'inspirez -, j'ai été diverti de mes rêveries de promeneur solitaire par des beuglements assortis de suppliques rauques.

J'ai immédiatement écarté l'idée d'une vache folle, qui eut pu beugler certes, mais non supplier comme c'était le cas...et je me suis caché derrière un buisson pour mieux observer la scène.

 

Quelle ne fut pas ma surprise, vous l'imaginez, lorsque j'ai reconnu vos douces mains blanches aggrippées au manche d'un marteau, votre frêle et gracieuse silhouette penchée sur le corps de Monsieur Hazebrouk, votre chignon défait et vos mèches folles encadrant votre regard courroucé. Bientôt le corps de Monsieur Hazebrouk cessa tout à fait de bouger et le pépiement des oiseaux reprit de plus belle...

 

Vous comprendrez, Madame la Marquise, que je ne veux nullement me mêler de votre vie privée et encore moins vous donner des leçons de morale : j'ai bien trop de tendresse pour vous..que dis-je...d'estime, d'admiration !

Non...je suis votre ami..

Et en tant que tel, je sais que vous serez sensible à mes difficultés :je dois restaurer le toit de tuiles de la maison, j'ai bien besoin d'un long congé au soleil et mon véhicule doit être changé.

Grâce à votre participation, d'un montant de 400 000 euros, calculé précisément par mes soins, votre ami retrouvera sa joie de vivre, et, moins stressé, il perdra toute mémoire de ce souvenir encombrant.

 

En espérant que vous saurez me rendre amnésique, je vous prie de croire, Madame la Marquise, en l'expression de mon amitié la plus sincère.

 

Votre dévoué,

 

 

Hippolyte Gute

 

 

(« Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite. »)

 

Pour le plaisir de la parodie,

 

Sylviane Kaena

 

Lire la suite...

Série des lettres....La première

Ma chère Mère,

 

 

Te souviens-tu des nuits d'été passées ensemble à comptempler la voûte céleste depuis la tour de garde du palais d'Avignon ?

 

Malgré les tisanes et les breuvages odorants que te concoctait la mère Dugard, tu ne pouvais trouver le sommeil. Moi, réveillé par quelque cauchemar ou méchant esprit de la nuit, je me levais en sueur et courais à petits pas sur la pierre froide des couloirs ombres et humides. Mes 5 ans cherchaient ton odeur Mère, et lorsqu'enfin, je t'apercevais penchée rêveusement à la fenêtre, je me jetais dans les plis mousseux de ta robe et tes mains aussitôt passaient sur mes cheveux, tandis que tu commençais, toujours ainsi :

"Allons, mon tout petit, mon coeur, mon pain d'épice...viens dans mes bras, nous allons parler avec Dame Lune ce soir...". Une éternelle et même comptine commençait, semblable à la lithanie du baptême des étoiles. Tu débutais la description : " ici, le petit chariot.../" et je reprenais la suite...aussi enthousiaste qu'au premier jour.

 

Père m'a appris le soleil, la language des hommes et le prix de l'effort. A toi, je dois la douceur de la voie lactée et cette passion pénétrante qui ne m'a jamais quittée.

 

Aujourd'hui je t'écris Mère, pour te narrer un grand évènement et par Dieu Tout Puissant qui veille sur nous, tu dois me croire : quand ce seront écoulées les fêtes de la St jean, une conjonction extraordinaire dessus Avignon apparaîtra : Vénus, Saturne et Mars dans un mariage peu ordinaire crééront grande dissonance dessus la vielle car ce jour, je te le prédis, notre bon pape nous quittera.

Aussi, ma mère, avant ce jour bien triste, profite bien de sa bénédiction et viens-t-en nous rejoindre pour l'été dans la maison de Saint Rémy : le jardin de simples a grand besoin de tes soins et j'irai avec toi sur la tombe de Père.

 

Reçois, ma très chère Mère, la grande tendresse d'un fils.

 

Que Dieu te protège,

 

 

Michel de Nostredame12272713296?profile=original

 

 

Lire la suite...

Eclair nimbé de bleu marine

A quand les orages ?


La terre est assoiffée. Et puis c'est tellement beau les orages...

 

Entendre le clapotis régulier de la pluie contre la vitre, emmitouflé(e), bien au chaud, ou bien sortir et marcher à pas rapides dans le froid, contre le vent, les joues rosies...


Etre impressionné(e) et respectueux(se) devant les déchirements de l'éclair.


Et enfin humer l'odeur de la terre qui embaume après la tempête,12272712300?profile=original et exhale un parfum de matrice sensuelle et herbeuse.

Lire la suite...

Bredi-Breda, elle jeta ses vêtements dans la valise noire ouverte sur son lit.

 

"Quelle navrance !" se dit-elle en contemplant le spectacle de sa lingerie roulée en boule et de ses chemisiers froissés. "Tant pis...pas le temps de les plier" pensa-t-elle, et elle referma précipitamment son bagage.

 

C'était une bachelette de 17 printemps, un peu fafelue et aliciante. Une gamine des faubourgs coquette et coquine, plus tout à fait fille, pas tout à fait femme. Elle ouvrit la vieille fenêtre branlante de la chambre et fut saisie par un vent froidureux qui la fit frissonner. En hâte, elle jeta un châle laineux sur ses épaules, emporta la valise et commença à enjamber coulamment le rebord de fenêtre.

De la corniche elle apercevait la cour, deux étages plus bas et, en arrière fond, la tortouillade multicolore du jardin de Hubert Mantaupan. Elle cracha par terre avec mépris et éructa : "Ce bélitre de Montaupan et sa guenuche de femme, ils vont voir ce qu'ils vont voir...Prépare-toi mon gros maroufle, à mon tour de m'ébaubir !".

Elle se glissa prudemment jusqu'à la gouttière qu'elle enserra entre ses cuisses et retrouva instinctivement des gestes de gymnaste. Sans bourrasquer, elle se retrouva aisément sur le plancher des vaches et courut vers le jardin qui n'était plus maintenant qu'à quelques mètres.

A rémotis, près du saule pleureur, se trouvait la véranda où le couple de bourgeois prenait habituellement son dîner.

Prestement, elle se glissa derrière un massif de rhododendrons pour mieux observer la scène et entendit : "Marie-Louise ! Marie-Louise ! ? Mais où donc est passé cette clampine ? Ah ! Hubert, mais pourquoi donc avoir choisi cette bonne ? Elle n'est jamais là quand on a besoin d'elle !".

L'Hubert en question safrait un boeuf en daube et n'écoutait pas sa moitié, dont il considérait de toutes façons qu'elle ne débitait que des billevesées.

 

"Ah les cochons, non mais regarde moi ce bélître !" songea Marie-Louise en observant l'homme.

C'est le moment que choisit Marie-Louise pour faire une brutale apparition.

De surprise, l'homme en lâcha sa fourchette, tandis que son épouse le regardait en échapade.

"Finis de me jobarder les paltoquets : quand donc recevrais-je mes gages ?!  Voilà 6 mois que j'avale vos salmigondis, mais toujours pas la moindre piécette...".

Hubert s'en étrangla le gosier. Comment voilà cette donzelle, cette moins que rien, en train de causailler devant eux comme si elle était la maîtresse de séant ! Il faillit cette fois mourir tout çà fait étouffé, quand il vit la demoisselle remonter prestement ses jupons, se retourner et leur montrer ses fesses blanches en criant : "Allez les grenus, ça fait longtemps que je ne vous vois plus. Vous avez le bonjour de Marie-Louise !".

 

Et tandis que l'épouse affolée ranimait le coquin, Marie-Louise, à la venvole, s'enfuit prestement vers les fourrés où elle disparut.

On ne le revit jamais, mais sa remembrance resta longtemps dans la maison...

 

 

Sylviane Kaena,

Avec l'aimable concours du dictionnaire des mots disparus de la langue française.

Lire la suite...